Histoire d'Arles à l'époque haute-médiévale

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Entre 500 et l'an mil, Arles, l'ancienne petite Rome des Gaules est le témoin des transformations de la partie de l'Empire romain qui deviendra la Provence. La ville passe sous domination mérovingienne puis carolingienne avant d'être intégrée au Royaume d'Arles, d'abord sous le duc Boson puis sous le comte Hugues d'Arles et le roi Conrad. A compter de 972, à la suite à l'intervention de Guillaume Ier dit le Libérateur contre les Sarrasins, elle dépend de la première dynastie des comtes de Provence. Au cours de cette période, troublée à la fois par des évènements politiques et des catastrophes naturelles, Arles se transforme ainsi de préfecture du prétoire des Gaules en capitale féodale du comté de Provence.

Sommaire

[modifier] VIe siècle

[modifier] La fin de la romanité

Les conflits du début du siècle

Passée sous la domination du roi burgonde Gondebaud au plus tard en 499 ou 500[1], la ville repasse en 501 à l'occasion d'un conflit entre Francs et Burgondes sous le contrôle des Wisigoths ; en effet, pour se défendre de son frère Godégisile et de Clovis qui l'assiègent à Avignon, Gondebaud doit s'allier avec le roi Wisigoth Alaric II qui profite de la situation pour récupérer la cité.
Après les Burgondes, les Francs associés et réconciliés avec Gondebaud et poussés par l'Église à intervenir contre les Wisigoths ariens, essayent à leur tour d'accéder à la mer. Ils font alors plusieurs tentatives pour s'emparer de la cité d'Arles :

  • une première fois, par Thierry, fils de Clovis, (qui) après avoir remporté une victoire à Nîmes est battu près d'Arles, puis dans la plaine de Bellegarde probablement au printemps 502 juste avant la mort de l'évêque d'Arles d'origine bourguignonne Eon, qui comme son successeur Cesaire rachète les prisonniers francs et burgondes aux Wisigoths,
  • puis en 507-508, après la bataille de Vouillé et la mort du roi Alaric.

Lors de cette seconde tentative, la cité assiégée est secourue par les Ostrogoths de Théodoric le Grand[2].

Royaume de Théodoric le Grand
Royaume de Théodoric le Grand

Le protectorat ostrogoth

Après la libération de la ville par le duc Ibba[3], le roi Ostrogoth ravitaille les habitants, finance la restauration des remparts et prend la cité sous sa protection[4]. Il nomme également un vicaire des Gaules (vicarius galliarum) dans la cité dès 508.

Les années 510-540 qui suivent correspondent à un période de tranquillité avec deux hommes illustres : Libérius (510-536), le préfet du prétoire des Gaules (præfectus prætorio galliarum) dont la fonction[5] est rétablie en 510 par Théodoric, et l'évêque Césaire d'Arles (503-542), qui bien que suspecté à plusieurs reprises de trahison en raison de ses sympathies burgondes et franques, réussit à se justifier aussi bien devant Alaric à Bordeaux en 505 que devant Théodoric à Ravenne en 513.
Lors de ce voyage en Italie, Césaire reçoit du pape Symmaque le droit de porter le pallium et devient par la suite son représentant en Gaule[6]. À cette époque, l'évêque d'Arles évangélise les campagnes encore fortement imprégnées de cultes païens ou romains en transformant si nécessaire d'anciens lieux cultuels en édifices chrétiens. En 532, il crée ainsi un monastère ou une église en Camargue, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, ce qui confirme la présence probable d'un temple païen plus ancien en ces lieux. À Arles même, après avoir fait une première tentative hors des murs dans les années 506-507, il installe finalement le 26 août 512 le monastère Saint-Jean dans l'angle sud-est du rempart où sous le nom de Saint-Césaire, il est demeuré jusqu'à la Révolution. Les sermons[7] de saint Césaire nous apportent également de nombreuses informations sur la vie quotidienne[8] de la cité et sur ses artisans.

Le rattachement aux Francs

Protégée par le soutien militaire bienveillant de Théodoric, la ville échappe jusqu'aux début des années 530 aux ambitions Burgondes et Franques. Une première fois menacée en 534 par Théodebert[9], la cité est cédée ou plus exactement vendue en 536 avec la Provence par les Ostrogoths qui en conflit en Italie sont dans l'incapacité de défendre cette province[10]. Au cours de l'hiver 536 / 537, Théodebert fils de Thierry et son oncle Childebert viennent prendre possession de leur nouvelle acquisition, président dans la cité des jeux à l'antique et font frapper des monnaies à leur effigie[11]. Arles devient ainsi ville franque sous l'autorité de princes chrétiens et non plus ariens, et pour la première fois, obéit à des maîtres nordiques étrangers aux traditions romaines.

Malgré les conflits entre les descendants de Clovis, des liens particuliers sont alors établis entre la royauté et l'évêché et les relations entre l'archevêque et la royauté chrétienne deviennent très chaleureuses. En 540, par exemple, un acte de donation de Childebert, fils de Clovis donne les pècheries situées au Sud de l'Etang de Caronte probablement l'actuel quartier de Jonquières à Césaire. Il faut également se rappeler que la désignation des évêques par les rois mérovingiens est devenu la règle au milieu du VIe siècle. Ainsi, en 548, le pape Vigile (537 à 555) à la demande du roi Childebert Ier nomme Aurélien, le successeur de Césaire, vicaire du Saint Siège dans les Gaules et lui accorde le pallium. La même année (d'autres sources indiquent 547), Aurélien fonde à Arles un monastère pour hommes sur ordre du roi Childebert. Ce monastère intra-muros, dénommé des Saints-Apôtres, est à l’origine de l’église Sainte-Croix dans le Bourg-Vieux. Toujours à la même époque un concile est tenu à Arles, le 28 juin 554 sous la direction de l'évêque Sapaudus, au cours duquel l'église Notre-Dame est consacrée. C'est à Arles aussi que, vers 567, une épouse[12] de Gontran roi de Bourgogne (561-591), est enfermée chez des moniales arlésiennes au monastère Saint-Jean.

[modifier] Les catastrophes de la seconde moitié du VIe siècle

Migration des Lombards
Migration des Lombards

La seconde moitié du siècle est marquée par des épidémies, des troubles et des catastrophes naturelles.
Dès la fin des années 540, Arles est frappée par la peste, appelée peste de Justinien et évoquée à plusieurs reprises par Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs : il la cite en particulier à Arles en 549 : « cette province est cruellement dépeuplée ». Quelques années plus tard, l'épidémie toujours présente emporte l'archevêque Licerius (586-588).
La ville subit également le contrecoup de conflits entre Francs neustriens de Gontran (à l'ouest), austrasiens de Sigebert (à l'est) après le partage de 561 et la création du couloir austrasien reliant l'Auvergne à Marseille[13] et isolant Arles. Le territoire Provençal est aussi ravagé par les Lombards qui descendent à partir de 569 des vallées alpines et la cité est également affectée par les Wisigoths. Arles est ainsi assiégée à de nombreuses reprises :

  • en 570 deux fois, initialement par les généraux Austrasiens Firmin et Audovère qui s'emparent de la cité, puis par les troupes du comte burgonde Celsus envoyées par Gontran qui bénéficiant d'un stratagème de l'évêque Sapaudus, écrasent l'armée austrasienne et reprennent la ville [14],
  • en 574 par les Lombards qui pillent la ville et razzient le bétail de la Crau [15],
  • en 586 par les Wisigoths qui en représailles de l'invasion de la Septimanie par Gontran en 585[16], inondent la ville en détournant les eaux du Rhône[17]. Au cours de cet épisode, la région et la ville d'Arles sont défendues par Leudegisèle [18], un prince nommé par Gontran, appelé duc de la Provence d'Arles.

De nombreux auteurs datent de la seconde moitié du VIe siècle la construction d'une enceinte réduite [19] faite de blocs arrachés aux monuments romains [20] pour limiter le territoire à défendre en cas d'attaque. Appuyée sur la Tour des Mourgues, cette muraille rejoint directement le Rhône en s'appuyant sur l'extrémité sud du Théâtre antique. C'est également à cette époque que les arènes s'adaptent au retour de l'insécurité. Les voilà donc transformées en bastide, sorte de forteresse urbaine qui au fil du temps va se doter de quatre tours et dans laquelle s'intègrent plus de 200 habitations et deux chapelles.
Enfin, la ville et son territoire souffrent de famines (grande famine de 585) et de catastrophes naturelles. En 580, une crue historique noie les faubourgs de la ville ; le cirque romain dévasté ne sera jamais réhabilité.

[modifier] Le rôle de l'archevêché d'Arles à la fin du VIe siècle

Folio 129 enluminé de L'Evangile de Saint Augustin, considéré comme un des deux volumes emportés par Augustin de Cantorbéry en 597
Folio 129 enluminé de L'Evangile de Saint Augustin, considéré comme un des deux volumes emportés par Augustin de Cantorbéry en 597

La fin du siècle est connue grâce en particulier aux échanges épistolaires de l'évêque Virgilius d'origine bourguignonne qui succède à Licerius en 588.

  • En 591, le pape Grégoire le Grand réprimande Virgile à la suite de nombreuses plaintes à propos de conversions forcées de juifs chassés d'Orléans qui se réfugient en Provence ;
  • Le 12 août 595, il lui adresse sa lettre O quam bona sur la simonie[21], pour le mettre en garde contre les méfaits de cette hérésie.
  • En 596, on sait également que la cité d'Arles abrite les préparatifs de la mission d'Angleterre ; à cette occasion des esclaves anglo-saxons sont achetés[22]. Le 17 novembre 597, Augustin de Cantorbéry est de retour à Arles après avoir converti le roi, la reine et les principaux officiers. À la demande du pape Grégoire Ier, il est consacré archevêque de l'Église d'Angleterre dans la basilique Saint-Trophime par l'archevêque d'Arles, Virgile, alors vicaire du Saint-Siège en Gaules, dans une cérémonie où participent de nombreux évêques.

Finalement au cours de ce siècle, la ville d'Arles se replie sur elle-même. Dès les années 550, on constate la disparition de l’habitat extra-muros en raison de la recherche de la sécurité à l’intérieur d’une enceinte réduite plus sûre et de la chute démographique induite par la peste. Ces troubles et cette diminution de population ruinent l’agriculture arlésienne et la famine règne. La vocation défensive de la cité devient aussi primordiale. Ainsi, à la fin du VIe siècle, Arles et son territoire entrent dans une période difficile.

[modifier] VIIe siècle  : les Âges sombres

Histoire des francs.
Histoire des francs.

L'oeuvre de Grégoire de Tours s'arrêtant en 594, le siècle suivant malgré la Chronique de Frédégaire et ses continuations ainsi que quelques diplômes, laisse l'historien assez démuni. En réalité, les informations disponibles sont très fragmentaires ; par exemple on ne connaît aucun évêque d'Arles entre 683 (Wolbertus, mentionné en 683) et 788 (Elifant, 788-794?). Le VIIe siècle, est ainsi très mal connu.

Au tout début de ce siècle la Provence comme le reste de la Gaule est soumise à des hivers très rigoureux. La cité à défaut des campagnes dépeuplées par la crise démographique qui suit la Peste de Justinien, semble toutefois relativement florissante grâce à ses activités portuaires. De même, l'archevêché d'Arles joue toujours un rôle important ainsi que le confirment, le pallium et vicariat conférés par le pape Boniface IV, en 613, à l'évêque Florianus.
Sous le règne de Clotaire II (613-629), Arles dispose d'un atelier monétaire qui frappe avec les ateliers de Marseille, Viviers, Valence et Uzès les premières pièces de monnaie avec le nom royal[23].
Arles est alors administrée par les représentants des branches mérovingiennes, soit dans le cadre d'une Provence unifiée, soit de manière individualisée par un duc. Il existe ainsi une Provence arlésienne (en opposition à la Provence marseillaise) de 634 à 656 sous Dagobert Ier puis Clovis II, de 663 à 673 sous Clotaire III, puis de 675 à 681 sous Thierry III[24]. La présence de cette Provence arlésienne semble aller de pair avec l'existence, comme au siècle précédent sous Gontran, du couloir austrasien. D'après Louis Stouff, à partir de 673-675, un patrice dirige la Provence au nom des souverains francs, mais il ne siège pas à Arles. Il réside à Marseille devenue la capitale de la Provence[25]. Au VIIe siècle, le Midi[26], est dans une grande dépendance du pouvoir franc qui peut compter sur le dévouement d'une aristocratie locale encore d'origine gallo-romaine et puissante.
À Arles même, on signale également quelques rares événements, comme le concile présidé par l'évêque d'Arles Felix au sujet du célibat des prêtres en 682.

[modifier] VIIIe siècle

[modifier] Transformation du commerce

Au VIIe siècle, les marchands orientaux notamment syriens concentrent entre leurs mains le commerce d'importation en Gaule. Celui-ci se poursuit au siècle suivant. Un diplôme de Chilpéric II de 716[27], nous indique par exemple les denrées importées et transitant par Arles ou son port avancé Fos[28]. Henri Pirenne souligne toutefois que les échanges entre l'Occident et l'Orient déclinent fortement dès la présence Sarrasine en Méditerranée occidentale au début du VIIIe siècle. Il constate que des produits orientaux tels que l'or, la soie, le poivre et le papyrus disparaissent pratiquement sous les carolingiens et que le commerce entre l'Occident et l'Orient ne se fait plus que par les négociants juifs, probablement des Radhanites, seuls liens entre l'Islam et la Chrétienté[29].

[modifier] Présence sarrasine et opposition aux maires du Palais

Vers le milieu des années 710, des troubles sont signalés en Provence occidentale. Un texte de 780[30] fait écho à une révolte conduite par le patrice Antenor contre le pouvoir franc de Pépin de Herstal, puis de Charles Martel, révolte qui s'accompagne de spoliations de biens ecclésiastiques.
Dix ans plus tard, le danger vient des Sarrasins. Les Sarrasins qui ont traversé les Pyrénées en 720, entreprennent en 725 une grande razzia : ils prennent Carcassonne, le Languedoc jusqu'à Nîmes et s'aventurent dans la vallée du Rhône jusqu'à Autun[31]; Arles étant semble-t-il épargnée.

[modifier] Reprise en main par les Francs

Une des tours de l’amphithéâtre
Une des tours de l’amphithéâtre

En 735-739, devant le danger des troupes de Charles Martel, qui descendent le long du sillon rhodanien jusqu'au Languedoc, Arles et Avignon, pour leur défense dirigée par un certain duc Mauronte (Maurontius), font appel aux Sarrasins[32]. Jussef Ibn Abd-er-Rhaman, le gouverneur sarrasin de Narbonne occupe ainsi Arles en 735. Si les historiens s'accordent que les Francs ont bien fait trois raids en Provence, dont deux contre la cité d'Arles (736, 739)[33], ils divergent sur les causes du premier : pour certains, il serait lié à la présence des Sarrasins[34], pour d'autres non[35]. Lors du dernier raid en 739, Charles Martel s'allie aux Lombards qui franchissent les Alpes. En bonne entente avec les Francs, le lombard Luitprand participe en 739 à la bataille de l'étang de Berre qui voit la défaite des Maures les alliés du duc Mauronte. Pour réduire la ville d'Arles, la légende dit que Charles Martel aurait détruit l'aqueduc romain qui, jusqu'à cette date, continuait à alimenter la cité en eau pure. Les tours surmontant l'amphithéâtre datent probablement de cette époque. D'après Henri Pirenne[36], les Sarrasins auraient à nouveau soumis la côte Provençale et s'y seraient maintenus quelques années jusqu'à ce que Pépin[37] les en expulse en 752.
Après la victoire des Francs que ce soit en 739 ou en 752, Arles comme la Provence est mise au pas avec rigueur par le pouvoir carolingien[38]. La fonction de patrice est supprimée et la Provence est organisée en comtés calqués sur le découpage diocésal. Il est probable que dès cette époque le comte d'Arles est au dessus des autres comtes provençaux[39].

[modifier] Arles au début de la Renaissance carolingienne

Marche d'Espagne
Marche d'Espagne

Toutefois à la fin du siècle (après 780) apparaît une période de prospérité, la Renaissance carolingienne, qui se met en place en parallèle avec un changement de politique des rois carolingiens en Provence et Septimanie. Le comte assure l'administration et la justice, tandis que l'évêque surveille l'état d'esprit et la réforme des moeurs. Le pays est également contrôlé. On connaît quelques inspections de missi dominici, telles celles d'Arimodus et Wernerius en 778[40],[41] ou de Leydrade et Théodulfe en 798. La vigueur du développement de la chrétienté génère des mouvements centrifuges conduisant à l'éclatement du diocèse d'Arles. En 794, au concile de Francfort, l'archevêché d'Arles est scindé en trois, les diocèses d'Embrun et d'Aix devenant indépendants. L'année suivante, Charlemagne sécurise son territoire contre les Sarrasins en établissant la Marche d’Espagne ; le conflit entre les Sarrasins et les Carolingiens[42] se déplaçant alors en Méditerranée occidentale et affectant d'après H. Pirenne, le commerce Occident-Orient. Pourtant en 800, Théodulfe (c.750-821) évêque d'Orléans, de passage dans la cité[43] signale tous les produits qu'on peut y trouver grâce à son port : draps de soie, peaux de Cordoue, encens, ivoire et bien d'autres produits de la Syrie, de la Perse et de l'Inde : Arles est bien à cette époque un port franc prospère ouvert sur le monde méditerranéen.

[modifier] IXe siècle

[modifier] Arles à l'époque des successions carolingiennes

Arles au début du IXe siècle

Le Renouveau carolingien se poursuit au début du IXe siècle : on signale par exemple des travaux de drainage de terres marécageuses dans la campagne arlésienne, comme si de nouvelle terres étaient mises en culture[44]. La ville connaît toujours un commerce florissant. Au printemps 802, elle voit passer probablement l'éléphant blanc[45] destiné à Charlemagne. En 820, Louis le Pieux accorde à la ville d'Arles une série de privilèges et la place sous sa protection royale, ce qui développe l'activité économique et le commerce portuaire réalisés par les Sarrasins et les Juifs. La cité a aussi la particularité de se trouver à cette époque sur un des itinéraires des marchands chrétiens et juifs qui vont vendre des esclaves[46] - marché très lucratif à cette époque - à Cordoue.
Sous prétexte de ce commerce, la communauté juive s'attire l'hostilité de certains milieux ecclésiastiques. L'évêque de Lyon, Agobard, reproche par exemple aux juifs d'y amener des chrétiens enlevés à Arles et Lyon[47]. Le comportement de cet évêque, hostile à la communauté juive de Lyon protégée par le roi Louis, va générer une migration vers Arles et les cités du midi ce qui accrédite la présence d'une communauté juive nombreuse dans la cité au début du IXe siècle.
L'Église d'Arles a également un rayonnement important. En mai 813, pour remédier à l'état de l'Église, quatre conciles se tiennent sur l’ordre de Charlemagne dans les villes de : Mayence, Tours, Chalon-sur-Saône et Arles. Celui d’Arles à Saint-Trophime est présidé par Jean II archevêque de la cité. Jean II est un prélat important, proche de l'empereur qui lui confiera, ainsi que son fils, plusieurs missions de confiance. Durant tout ce siècle, l'église d'Arles va jouir d'une place exceptionnelle. Elle participe ainsi à presque toutes les grandes assemblées politiques et religieuses carolingiennes. En 824, l'archevêque d'Arles Noton, échange des terres de la campagne arlésienne avec le comte Leibulf (?-ap.829)[48] qui aurait succédé au comte Loup.
Ce Leibulf, d’origine probablement arlésienne, est nommé comte de Provence par Charlemagne et conduit dès 800 / 801, avec Berà et le comte de Gascogne Sanche Loup Ier, un contingent de Provençaux lors de l'expédition de Louis le Pieux contre Barcelone. Cependant, le plus grand danger en ce début de siècle, provient des Sarrasins ; les côtes de Septimanie et Provence commencent à se doter de défense contre les pirates[49] par la construction de tours ou d’églises forteresses comme aux Saintes-Maries-de-la-Mer, à l'embouchure du Rhône de Saint-Ferréol[50].

Arles à la fin du règne de Louis le Pieux

Mais c'est surtout après la mort de Charlemagne et plus précisément à la fin des années 820, que l’histoire d’Arles va s’inscrire dans le processus de désagrégation de l'Empire carolingien avec la désorganisation du pouvoir civil, les troubles et les invasions.
Vers 830, dès les premières luttes des fils de Louis le Pieux (814-840) contre leur père, la Provence subit l'assaut d'envahisseurs venus de la mer qui attaquent les ports et remontent le Rhône. Pour lutter contre ces pirates, l'empereur regroupe vers 835 l'ensemble des comtés provençaux sous l'autorité d'un duc résidant à Arles, probablement le comte Leibulf déjà comte en 824 et 829. En 841, on signale également un certain Garin (ou Warin)[51], portant le titre de duc de Provence, mais son pouvoir semble avoir eu pour assise le Lyonnais ; le 25 juin 841, ce duc avec ses contingents arlésiens et provençaux, au côté de Charles et Louis, participe de façon décisive à la bataille de Fontanet qui consacre la défaite de Lothaire devant ses frères.
Cela n'empêche pas Arles d'être pillée en 842 par les Sarrasins.

Arles en 843
Arles en 843

Arles sous Lothaire Ier

Après le traité de Verdun (843), la Provence passe sous l'autorité de Lothaire Ier et de ses représentants. On connaît ainsi les ducs ou comtes qui suivent Garin : Audibert en 845[52], puis Fulcrad[53] qui tente la même année une sécession de la Provence[54] avec la participation probable des Arlésiens, et à nouveau Audibert en 850. Cette année-là, Arles est à nouveau attaquée ; mais contrairement à 842, elle se défend avec succès et massacre les barbaresques dans leur fuite.

En ce milieu de siècle, nous avons des témoignages que la ville d'Arles malgré ces évènements est encore prospère et possède un port actif. Le diacre Florus qui écrit peu après 843, parle en effet d’Arelas optima portus (Arles, riche port). De même quelques années plus tard vers 860-870, le géographe arabe Ibn Khordadbeh dans son livre des Routes et des Royaumes évoque les marchands juifs qu'il appelle Radhanites et qui à partir des ports du pays franc se dirigent vers le Moyen-Orient, emportant des marchandises d'origine septentrionale (esclaves, épées et peaux) pour ramener des épices.

Division de l'empire de Lothaire Ier après le traité de Prüm en 855
Division de l'empire de Lothaire Ier après le traité de Prüm en 855

Arles sous Charles de Provence

En 855 à la suite décès de Lothaire Ier, le partage de son royaume donne naissance à la Provence (royaume incluant le Lyonnais, la Viennoise et la Provence proprement dite) dévolue à Charles, le plus jeune de ses fils. De santé fragile, Charles laisse l'administration de son royaume à Girart de Roussillon qui joue le rôle de régent. La cour réside à Vienne qui devient ainsi la capitale de ce Royaume au détriment d'Arles jusqu'au début du Xe siècle.

Les voyages des Normands : celui de 859-860 en Méditerranée
Les voyages des Normands : celui de 859-860 en Méditerranée

C'est à cette époque (859) que les Normands menés par Hasting[55], étant passés en Méditerranée, dévastent le territoire d'Arles à défaut de la cité. Ayant hiverné en Camargue lors de hiver très rigoureux de 859/860, ils remontent au printemps le Rhône avant d'être défaits par Girart de Roussillon probablement au niveau de Valence, et continuent ensuite leur raid vers l'Italie. Les Annales de Saint-Bertin précisent :

en 859, les pirates de mer danois cinglèrent longuement entre Espagne et Afrique et pénétrèrent de force dans le Rhône. Après avoir ravagé plusieurs villes et monastères, ils s’installèrent dans l’île Camargue… En 860, les mêmes Danois parvinrent en pillant jusqu'à la ville de Valence et ayant tout ravagé alentour revinrent dans l'île —de Camargue— qu'ils occupaient.

Arles sous l'empereur et roi d'Italie, Louis II le Jeune

À la mort de Charles (863), la partie sud de son royaume, c'est-à-dire la Provence limitée aux territoires d'Arles, Aix et Embrun, revient à Louis II le Jeune empereur et roi d'Italie. Sous cette nouvelle autorité, on ne connaît aucun comte de Provence et à Arles le pouvoir semble alors exercé par les évêques qui sont amenés à prendre la défense de la population. Ainsi l'archevêque Roland (852-869) fait fortifier le théâtre et intervient dans les campagnes. Lors d'une razzia en Camargue en septembre 869, les Sarrasins le surprennent en train de superviser la mise en défense de la région. L'évêque fait prisonnier, est échangé contre des armes, des esclaves, et autres richesses. Malheureusement, les Arlésiens ne récupéreront que son cadavre, habillé et mis sur un siège par les barbaresques au moment de la remise de rançon, probablement organisée sur la plage des Saintes-Maries-de-la-Mer, à l'embouchure du Rhône de Saint-Ferréol, bras actif et encore navigable à cette époque.

Arles sous Charles le Chauve et Boson duc de Provence

En 875, à la mort de l’empereur, la Provence est récupérée par Charles le Chauve qui nomme Boson, duc de Provence. Jusqu'en 878, la tutelle de Boson sera plus nominale qu'effective car le nouveau duc réside d'abord en Italie, puis à son retour en France, confie la Provence (et le royaume d'Italie) à son frère Richard le Justicier et à Hugues l'Abbé.
Au printemps 878, Boson accueille à Arles le pape Jean VIII qui menacé en Italie vient se chercher des alliés de l'autre côté des Alpes. À cette occasion l'évêque d'Arles Rostaing, reçoit le pallium. Puis après avoir résider quelque temps dans la cité, Boson et Jean VIII participent au mois de juillet suivant au concile de Troyes. Charles ayant refusé la couronne italienne proposée par le pape, Boson se laisse tenter. Mais sa tentative soutenue par Jean VIII se heurte aux nobles italiens et après une expédition infructueuse de quelques mois Boson doit retourner en Provence.
Les ambitions de Boson, freinées en Italie, vont toutefois s'exprimer à nouveau dès l'année suivante.

[modifier] La création du Royaume de Provence

Boson, roi de Provence
Boson, roi de Provence

La tentative de Boson

Le 15 octobre 879, Boson poussé par sa femme Ermengarde sœur de Charles et profitant de l'insécurité qui règne dans la Provence rhodanienne, entre en rébellion contre les successeurs carolingiens contestés Louis III et Carloman II[56] ; il se fait sacrer Roi de Provence dans son château de Mantaille avec l'appui des grands, de l'archevêque de Vienne et celui minoritaire des évêques provençaux. En effet, seuls semble-t-il trois prélats[57], dont Rostaing archevêque d'Arles, sur vingt-trois (dont onze présents) soutiennent cette prise de pouvoir ce qui souligne l'engagement fort, dès cette époque, de l'épiscopat arlésien auprès des princes bourguignons. Boson établit sa capitale à Vienne.

La tentative tourne rapidement à l'échec et le parti carolingien récupère la Provence, par Carloman après la prise et le pillage de Vienne en octobre 881. Carloman laisse comme trace de son passage et de son autorité, quelques deniers frappés à Arles. Mais dans cette période troublée, les Sarrasins toujours présents et opportunistes, pillent à nouveau la cité, ou du moins ses faubourgs, peu de temps avant 883[58].

À la mort de Carloman (884), l'autorité de Charles le Gros s'étend à la Provence ; Boson rentre en grâce et s'éteint à Arles peu après, le 11 janvier 887. Sa femme, Ermengarde, est alors nommée régente du royaume de Provence avec l'aide de Richard II de Bourgogne dit Richard le Justicier, le frère de Boson. En mai 887, elle conduit son fils, le futur roi de Provence Louis III l'Aveugle auprès de l'empereur Charles III le Gros pour qu'il l'adopte, ce qu'il fait.

L'établissement de son fils Louis III

En 890, Louis III est proclamé roi de Provence ; il réside à Vienne et entreprend au début de son règne (896) quelques tentatives contre les Sarrasins qui continuent à dévaster la Provence. Il se décharge ensuite sur le comte Thibert dit d'Avignon, comte d'Arles, de l'administration de son royaume, notamment lors de ses expéditions en Italie. Thibert intervient dans plusieurs cités, en particulier à Arles. Il meurt certainement en 908, puis on perd sa trace vers 908. Un de ses petits-fils est à l'origine de la famille des vicomtes de Marseille. Selon différents historiens, Arlulf de Marseille serait le fils de Thibert II d'Arles, seigneur de 925 à 942 [59].

Arles à la fin du IXe siècle

En cette fin de siècle, Arles est une citadelle dominant un territoire déserté. Plusieurs textes respectivement de 874, 890 et 897, évoquent des terres dépeuplées par l'assaut des barbares. Néanmoins, la Provence rhodanienne, pour des raisons non totalement expliquées va désormais être moins affectée par les Sarrasins dont les activités vont se déplacer en Provence occidentale, probablement à la suite de leur installation dans les années 890 au Fraxinet.
Protégée par ses remparts, la cité conserve toutefois un rôle économique et religieux important. Si Arles a perdu ses fonctions de capitale au profit de Vienne où réside le roi Louis, son port, animé par le commerce amalfitain[60],[61], semble désormais l'emporter sur Marseille en pleine décadence, à l'inverse du siècle précédent. La frappe arlésienne connaît également un apogée autour des années 880-890[62]. De même, dans le domaine ecclésiastique, à partir de la fin du IXe siècle les évêques d'Arles accroissent leur pouvoir temporel et spirituel au sein de l'Église provençale.

[modifier] Xe siècle

[modifier] Arles sous Hugues d'Arles

Véritable maître du Royaume, Hugues réside dans la cité d'Arles initialement entre 911 et 926, puis de façon plus épisodique lors de son aventure italienne (926-946) et enfin après son retour en Provence, dans les années 946-947.

Hugues à Arles

Après 905, Thibert disparait devant le nouvel homme fort Hugues qui est désigné par le titre de duc ou de marquis; Liutprand de Crémone le dit aussi duc des Provençaux[63]. En 911, Arles devient la vraie capitale du Royaume et Vienne que la résidence du malheureux souverain infirme Louis III. Toutefois, la venue d'Hugues crée de fortes tensions entre l'aristocratie locale et l'aristocratie bourguignonne amenée par le comte. On peut se rappeler par exemple, que Manassès d'Arles, archevêque d'Arles en 920, était fils d'un comte de Chalon et neveu d'Hugues[64]. Il devient à cette époque le seul métropolitain en Provence nommant à la tête des évêchés des clercs de son entourage. Ces tensions qui se traduisent parfois par des meurtres, culminent dans les années 914-920[65]. La région est également soumise à des troubles exogènes. Les Magyars dévastent la Provence et la vallée du Rhône en 924. Ils atteignent Mende et Nîmes, en épargnant la cité d'Arles, probablement mieux défendue. Toutefois, d'une manière générale, la région d'Arles est moins exposée à ces troubles et aux razzias des Maures que la Provence orientale. Ainsi en 923, l’archevêque d’Arles Manasses cède à l’Église de Marseille, menacée par les bandes sarrasines, les églises de Fos et l’abbaye Saint-André de la Cape où l’évêque de Marseille, Drogo (?) peut se réfugier. Déjà en 921, l'archevêque avait reçu du roi Louis III des droits sur la ville dont ceux perçus sur les Grecs et les autres gens venant à Arles[66], laissant ainsi supposer une activité portuaire significative à cette date. Peu de temps après, en 924, Raoul, neveu du roi Boson de Provence[67] et frère de Hugues le Noir, élu roi des Francs, intervient dans le royaume de Provence. Hugues d'Arles doit lui consentir hommage et scelle une alliance par le mariage de Berthe, sa nièce[68] avec Boson le frère de Raoul.

Hugues en Italie

En juillet 926, Hugues quitte Arles pour prendre la couronne de roi d'Italie et se fait remplacer à Arles par son frère également appelé Boson (dit Boson d'Arles ou Boson VI de Provence). Hugues revient toutefois dans la cité dès 928 à la mort du roi Louis pour lui succéder sur la Provence. Sans prendre prendre le titre de roi, il continue de porter le titre de marquis de Provence et roi d’Italie. Il cède toutefois le Viennois au roi Raoul.

Engagé dans des conflits en Italie, Hugues ne peut s'occuper correctement de la Provence. À la suite d'un arrangement conclu en 926, il la cède en 934 à Rodolphe II roi de Bourgogne, tout en conservant ses propriétés dans la région d'Arles. L'union des deux royaumes est appelée royaume des Deux Bourgogne ou royaume de Bourgogne ou royaume d'Arles (934-1032). En réalité, grâce à ses proches, Hugues reste très puissant et continue à tenir le pouvoir dans la région, même s'il doit mater une rébellion de son frère Boson en 936. À la mort de Rodolphe (937), Hugues revient temporairement à Arles et tente en vain de mettre la main sur la veuve et surtout l'héritier, le jeune Conrad qui est alors protégé par le roi de Germanie, Otton.

La fin de l'aventure italienne

En 945 en Italie, Bérenger II[69], appelé aussi Bérenger d'Ivrée, petit-fils maternel de Bérenger de Frioul réussit à convaincre de nombreux aristocrates italiens de le suivre en promettant terres et honneurs. Hugues se voyant isolé, confie le royaume à son fils Lothaire[70] et retourne en Provence en 947. Chassé d'Italie, Hugues trouve refuge auprès de sa nièce Berthe, la deuxième fille de son frère, dans la ville d'Arles où il meurt en 948.

[modifier] Naissance de la Ire dynastie des comtes de Provence et de la féodalité

La suzerainté de Conrad le Pacifique

Dès 948 (ou 949), Conrad, dit le Pacifique, appuyé par le roi de Germanie, réussit à faire reconnaître sa suzeraineté sur l'ancien royaume de Provence. Conrad affirme son autorité en créant le marquisat de Provence et en nommant trois comtes et des vicomtes[71], étrangers au pays, dont un à Arles qui va rapidement supplanter tous les autres. Il s'agit du comte d'origine bourguignonne Boson II (parent éloigné du Boson de la fin IXe siècle), à l'origine de la première lignée des comtes de Provence.
Le roi Conrad se manifeste dès 945 à Arles où il tient de nombreux plaids à partir des années 963 ainsi qu'en 976 et 978. Il participe également en 949 à la donation de Teucinde d'Arles qui permet la fondation de l'abbaye de Montmajour à une lieue d'Arles. Sa présence pourtant va devenir sporadique après 980, compte tenu de l'évolution du pouvoir en Provence.

La sécurité en Provence : le problème des Maures

En effet, le problème sécuritaire le plus important en Provence surtout dans la partie orientale, ce sont les Sarrasins. La lutte contre ces pillards n'est d'abord que sporadique dans la mesure où les comtes de Provence se trouvent engagés en Italie dans leurs entreprises de conquête. On peut par exemple rappeler :

  • En 940, Hugues d'Arles demande au calife de Cordoue de protéger les marchands provençaux qui commercent avec l'Andalousie, des pirates du Freinet[72].
  • En 941, Hugues entreprend une expédition qui tourne court (il fait alliance au dernier moment avec les Sarrasins contre ses ennemis)[73].

La lutte devient plus efficace à la fin du siècle qui voit l'éradication des dernières bases sarrasines. À la suite à l'enlèvement de l'abbé Mayeul, les princes de Provence réunis sous l'égide du comte Guillaume Ier, qui a succédé à son père Boson en 968[74], sont définitivement victorieux des Maures à la bataille de Tourtour en 973 (972 ou 975 selon d'autres historiens).

L'établissement de la première dynastie comtale à Arles

Cette victoire obtenue sans les troupes de Conrad est importante : elle permet à Guillaume d'obtenir la suzeraineté de fait de la Provence (il va distribuer les terres reconquises à ses vassaux) et à Arles de retrouver son statut de capitale où peu après 981, le comte devenu marquis de Provence revient s'y établir. Le comte réside dans un palais, le Palais de la Trouille, construit sur les ruines d'un vaste monument antique, en principe de Pâques au 15 août (l'hiver la cour réside à Manosque) et il y tient des plaids ou assemblées plénières de justice deux fois par an, en principe à Pâques et à l'Assomption. La tenue de ces plaids est un acte solennel de la juridiction comtale célébré devant un groupe nombreux d'assistants, théoriquement tous citoyens arlésiens. En réalité, il s'agit de notables, les boni homines qui ont des biens dans la cité[75]. On peut rappeler par exemple le plaid de 991[76] où Riculf[77], l'évêque de Fréjus, implore à Arles auprès du prince la restitution des anciens domaines de l'évêché[78].

Débute alors une période de paix et de stabilité politique qui se traduit à Arles par un renouveau économique, marqué par un fort accroissement démographique et le développement agricole (vigne et céréales), par des travaux entrepris dès 972 visant l'assèchement des marais qui entourent l'abbaye de Montmajour, par l'extension, déjà commencée en 972, de la ville en dehors de ses remparts (le Vieux Bourg au sud)[79] et sur le plan religieux, par la création vers 980 d'un des premiers chapitres de France (avec celui d'Avignon). A côté des chrétiens figurent également les nombreux juifs d'une communauté bien représentée. Certains de ses membres gèrent une partie du patrimoine de l'archevêque Ithier et quelques-uns tels Abamari Ben Astruc, Joseph Bona Fide ou Bohume possèdent de nombreuses terres dans l'arrière-pays arlésien[80].

Sur le plan politique Arles rayonne du fait de la renommée et de la puissance du comte. La princesse Azalaïs appelée aussi Adélaïde d'Anjou (947-1026), ancienne épouse du futur roi de France Louis V, se réfugie à Arles en 983 et se marie contre l'avis du pape avec le comte Guillaume en 984. Leur fille, Constance d'Arles (986-1032) sera reine de France par son mariage avec Robert II.

L'apparition du système féodal arlésien

En parallèle à cette émancipation de la Provence vis-à-vis des rois de Bourgogne, apparaît entre 950 et l'an 1000, le système féodal et ses castes (miles et caballerius). À Arles, il s'agit des fondateurs des plus illustres familles arlésiennes : d'abord Pons juvenis pour la famille des Baux dès 952 et ensuite Daidonat pour celle des Porcelet en 972. D'autres personnages comme les vicomtes de Marseille ou les Châteaurenard possèdent un pied-à-terre à Arles où avec d'autres arlésiens sporadiques ils demeurent entre deux campagnes en Provence occidentale. A partir de 972, de nombreux Provençaux exilés en Bourgogne au début du Xe siècle regagnent leur domaine d'origine. La féodalité arlésienne a ses propres particularités : elle est bien sûr rurale, mais aussi urbaine et commerciale. Cette naissance s'accompagne de spoliations/restitutions de temporels religieux, de conflits féodaux et au final d'une perte de ressources du comte. Ainsi, dès la mort de Guillaume en 993, ses successeurs moins puissants, ne contrôleront plus que la région d'Arles.

[modifier] Chronologie

[modifier] VIe siècle

  • 501 : à l'occasion du conflit entre Francs et Burgondes (500-501) la ville repasse sous le contrôle des Wisigoths; en effet, pour se défendre de son frère Godégisile et de Clovis qui l'assiègent à Avignon, Gondebaud doit s'allier avec le roi Wisigoth Alaric II qui profite de la situation pour récupérer la cité.
  • 502 : les Francs et les Burgondes réconciliés essayent de prendre la cité, une première fois par Thierry, fils de Clovis, qui est battu près d'Arles, puis dans la plaine de Bellegarde probablement au début de 502.
  • 507-508 :
Les Francs et les Burgondes interviennent une seconde fois après la bataille de Vouillé et la mort du roi Alaric.
Lors de cette seconde tentative, la cité assiégée est secourue par les Ostrogoths de Théodoric le Grand qui se mettent en route vers la Gaule le 24 juin 508.
  • 511-536 : Libérius, préfet du prétoire des Gaules nommé par Théodoric.
  • 512 : Césaire, après avoir fait une première tentative hors des murs dans les années 506-507, installe finalement le 26 août 512 le monastère Saint-Jean dans l'angle sud-est du rempart où sous le nom de Saint-Césaire, il est demeuré jusqu'à la Révolution.
  • 513 : l'archevêque Césaire reçoit du pape Symmaque le droit de porter le pallium et devient ainsi son représentant en Gaule.
  • 524 : l'archevêque Césaire d'Arles préside le concile d'Arles.
  • 527 : l'archevêque Césaire d'Arles préside le concile de Carpentras.
  • 529
L'archevêque Césaire d'Arles préside le concile de Vaison.
L'archevêque Césaire d'Arles préside le deuxième concile d'Orange qui condamne le semi-pélagianisme et donne une formulation théologique de la grâce telle qu'elle avait été prônée par Augustin contre ceux qui, comme Jean Cassien, donnaient un rôle plus important au libre arbitre.
  • 533 : l'archevêque Césaire d'Arles préside le concile de Marseille.
  • 534 : la ville est assiégée par Théodebert.
  • 536 : cession de la cité et de la Provence par les Ostrogoths aux Francs. Au cours de l'hiver 536 / 537, Théodebert fils de Thierry et son oncle Childebert viennent prendre possession de leur nouvelle acquisition.
  • 548 : Aurélien fonde à Arles un monastère pour hommes sur ordre du roi Childebert. Ce monastère intra-muros, dénommé des Saints-Apôtres, est à l’origine de l’église Sainte-Croix dans le Bourg-Vieux.
  • 549-600 : peste de Justinien; elle est évoquée à plusieurs reprises par Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs : il la cite en particulier à Arles en 549. Quelques années plus tard, en 588, l'épidémie toujours présente emporte l'archevêque Licerius.
  • 561 : partage de la Provence et création du couloir austrasien reliant l'Auvergne à Marseille et isolant Arles.
  • 567 : une épouse de Gontran roi de Bourgogne (561-591), est enfermée chez des moniales arlésiennes.
  • 570 : Arles est assiégée à deux reprises, initialement par les généraux Austrasiens Firmin et Audovère qui s'emparent de la cité, puis par les troupes du comte burgonde Celsus envoyées par Gontran qui bénéficiant d'un stratagème de l'évêque Sapaudus, écrasent l'armée austrasienne et reprennent la ville.
  • 574 : Arles est assiégée par les Lombards qui pillent la ville et razzient le bétail de la Crau.
  • 580 : une crue historique noie les faubourgs de la ville ; le cirque d'Arles dévasté ne sera jamais réhabilité.
  • 585 et/ou 587 : Arles est assiégée par les Wisigoths qui en représailles de l'invasion de la Septimanie par Gontran en 585, inondent la ville en détournant les eaux du Rhône. La cité a probablement été deux fois l'objet de représailles, en 585-586 et 587. Au cours de cet épisode, la région et la ville d'Arles sont défendues par Leudegisèle.
  • 591 : le pape Grégoire le Grand réprimande l'archevêque d'Arles, Virgile, à la suite de nombreuses plaintes à propos de conversions forcées de juifs chassés d'Orléans qui se réfugient en Provence;
  • 595 : le 12 août, Grégoire le Grand adresse à l'archevêque Virgiles sa lettre O quam bona sur la simonie, pour le mettre en garde contre les méfaits de cette hérésie.
  • 596 : préparation à Arles et à Marseille de la mission d'évangélisation de l'Angleterre, confiée à Augustin.
  • 597 : le 17 novembre, Augustin de Cantorbéry est de retour à Arles après avoir converti le roi, la reine et les principaux officiers. À la demande de Grégoire Ier, et entourés de nombreux évêques, il est consacré archevêque de l'Eglise d'Angleterre dans la basilique Saint-Trophime par l'archevêque d'Arles, Virgile, alors vicaire du Saint-Siège en Gaules.

[modifier] VIIe siècle

  • 613 : le pape Boniface IV confère le pallium et le vicariat des Gaules à l'évêque d'Arles Florianus.
  • 634-656 : sous Dagobert Ier puis Clovis II, présence d'une Provence arlésienne (en opposition à la Provence marseillaise); cette Provence arlésienne semble aller de pair avec l'existence, comme au siècle précédent sous Gontran, du couloir austrasien.
  • 663-673 : sous Clotaire III, présence d'une Provence arlésienne.
  • 675-681 : sous Thierry III, présence d'une Provence arlésienne.
  • 682 : concile présidé par l'évêque d'Arles Felix au sujet du célibat des prêtres.
  • 683-788 : trou des évêques connus dans la liste épiscopale entre les évêques Wolbertus et Elifant.

[modifier] VIIIe siècle

  • vers 714 : révolte du patrice Antenor entraînant des troubles en Provence. A la mort de Pépin de Herstal, Antenor veut établir l'indépendance de la Provence .
  • 719 : les Sarrasins traversent les Pyrénées et prennent Narbonne.
  • 725 : razzia des Sarrasins en Septimanie, dans la vallée du Rhône et jusqu'à Autun prise le 22 aôut. Arles est semble-il épargnée.
  • 733 : le duc ou gouverneur Mauronte de la Provence essaye de se rendre indépendant et se ligue avec d’autres gouverneurs contre Charles Martel alors occupé en Aquitaine. Informé ce dernier intervient en Bourgogne et consolide son pouvoir à Lyon.
  • 734 : rendus plus circonspects, Mauronte et ses confédérés passent un accord avec Jussef Ibn Abd-er-Rhaman, le gouverneur sarrasin de la Septimanie. En rétribution de son secours, ils promettent de lui livrer des places fortes et de l’introduire au delà du Rhône.
  • 735 : après la mort d'Eudes, Mauronte et ses alliés de Provence et de Bourgogne voyant Charles Martel occupé à la guerre qu'il fait en Aquitaine aux enfants de ce prince, se saisissent de cette occasion pour lever l'étendard de la rébellion ; les Sarrasins entrent en Provence et occupent la ville d’Arles.
  • 736 : Charles après avoir terminé en diligence ses différents avec Hunold et ses frères, marche promptement contre les rebelles, soumet en peu de temps tout le pays depuis Lyon jusqu'à Marseille et Arles. Mais à la suite de la révolte des Saxons Charles doit quitter précipitamment la Provence. Mauronte et ses alliés, à peine informés du départ du prince franc, reprennent aussitôt les armes, et en exécution du traité secret qu'ils avaient fait avec les Sarrasins, leur livrent la ville d'Avignon.
  • 737 : Charles Martel dès la reprise de la rébellion à la faveur de la guerre qu'il fait alors aux Saxons décide d'en arrêter le cours. Après avoir assemblé une armée composée de Français, de Bourguignons et des autres peuples de sa domination il descend au printemps 737 en Provence. Il prend la ville d’Avignon dont il passe les habitants au fil de l’épée, puis négligeant Arles, franchit le Rhône et entre en Septimanie qu’il abandonne précipitamment à l’annonce en septembre, de la mort du roi Thierry IV.
  • 738 : les Sarrasins reviennent en Gaule, mais repartent rapidement pour régler des affaires internes. Toutefois Mauronte et ses alliées sarrasins restés dans la région d’Arles se rendent maître de la Provence.
  • 739 : nouvelle expédition franque avec le soutien des Lombards.
Charles agit du côté du Rhône et le long de la côte avec l'armée française ; Luitprand attaque le duc Mauronte dans les montagnes. Les Sarrasins défaits par la coalition franquo-lombarde, prennent le parti de repasser le Rhône. Charles soumet alors Arles et toute la Provence jusqu'à Marseille à son obéissance.
Le lombard Luitprand allié des Francs participe à la bataille de l'étang de Berre contre les Maures (défaite musulmane de 739).
  • 794 : au concile de Francfort, les limites entre les provinces ecclésiastiques d'Arles et de Vienne sont à nouveau débattues. Arles perd les diocèses d'Aix et d'Embrun, qui sont élevés au rang de métropoles, mais conserve cependant huit suffragants : Marseille, Toulon, Orange, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Avignon, Vaison, Cavaillon et Carpentras.

[modifier] IXe siècle

  • 800 : Théodulfe, évêque d'Orléans, de passage dans la cité signale tous les produits qu'on peut y trouver grâce à son port : draps de soie, peaux de Cordoue, encens, ivoire et bien d'autres produits de la Syrie, de la Perse et de l'Inde; Arles est à cette époque un port franc prospère ouvert sur le monde méditerranéen.
  • 800-820 : Arles se trouve sur un des itinéraires des marchands chrétiens et juifs qui vont vendre des esclaves à Cordoue (Espagne). Agobard (778-840), évêque de Lyon, reproche par exemple aux juifs d'y amener des chrétiens enlevés à Arles et Lyon.
  • 802 : au printemps, Arles voit probablement passer l’éléphant blanc destiné à Charlemagne
  • 813 : en mai, pour remédier à l'état de l'Église, quatre conciles se tiennent sur l’ordre de Charlemagne dans les villes de : Mayence, Tours, Chalon-sur-Saône et Arles. Celui d’Arles à Saint-Trophime est présidé par Jean II archevêque de la cité.
  • 815 : l'archevêque d'Arles Jean II est envoyé par Louis le Pieux à Ravenne pour réconcilier le pape et l'archevêque de Ravenne.
  • 824 : le 7 novembre, l'archevêque d'Arles Noton, échange des terres de la campagne arlésienne avec le comte Leibulf (?-ap.829);
  • 825 : un autre échange (ou la confirmation du précédent) est mentionné le 3 janvier 825 (diplôme de Louis le Débonnaire, daté du 3 janvier 825).
  • c.835 : pour lutter contre les pirates, l'empereur regroupe vers 835 l'ensemble des comtés provençaux sous l'autorité d'un duc résidant à Arles, probablement Leibulf déjà comte en 824 et 829.
  • 841 : le 25 juin, le duc Guerin (ou Warin) avec ses contingents arlésiens et provençaux, au côté de Charles et Louis, participe de façon décisive à la bataille de Fontanet qui consacre la défaite de Lothaire devant ses frères.
  • 842 : Arles est pillée par les Sarrasins.
  • 843 : après le traité de Verdun, Arles et la Provence passe sous l'autorité de Lothaire Ier et de ses représentants.
  • ap. 843 : le diacre Florus, parle en effet d’Arelas optima portus (Arles, riche port).
  • 845 : le duc Fulcrad tente une sécession de la Provence avec la participation probable des Arlésiens.
  • 850 : Arles est à nouveau attaquée, mais contrairement à 842, elle se défend avec succès et massacre les barbaresques dans leur fuite.
  • 855 : à la suite décès de Lothaire Ier, le partage de son royaume donne naissance à la Provence (royaume incluant le Lyonnais, la Viennoise et la Provence proprement dite) dévolue à Charles qui laisse l'administration de son royaume à Girart de Roussillon.
  • 859 : les Normands dévastent le territoire d'Arles à défaut de la cité. Ayant hiverné en Camargue lors de hiver très rigoureux de 859/860, ils remontent au printemps le Rhône avant d'être défaits par Girart de Roussillon probablement au niveau de Valence, et continuent ensuite leur raid vers l'Italie.
  • 863 : à la mort de Charles, la partie sud de son royaume, c'est-à-dire la Provence limitée aux territoires d'Arles, Aix et Embrun, revient à Louis II le Jeune empereur et roi d'Italie. À Arles le pouvoir semble alors exercé par les évêques qui sont amenés à prendre la défense de la population.
  • 865-870 : le géographe arabe Ibn Khordadbeh dans son livre des Routes et des Royaumes évoque les marchands juifs qu'il appelle Radhanites et qui à partir des ports du pays franc (ie Arles et Marseille) se dirigent vers le Moyen-Orient, emportant des marchandises d'origine septentrionale (esclaves, épées et peaux) pour ramener des épices.
  • 869 : en septembre, lors d'une razzia en Camargue, les Sarrasins surprennent l'archevêque Roland en train de superviser la mise en défense de la région. L'évêque fait prisonnier, est échangé contre des armes, des esclaves, et autres richesses. Malheureusement, les Arlésiens ne récupéreront que son cadavre, habillé et mis sur un siège par les barbaresques au moment de la remise de rançon.
  • 875-900 : plusieurs textes respectivement de 874, 890 et 897, évoquent des terres dépeuplées par l'assaut des barbares.
  • 875 : à la mort de l’empereur, la Provence est récupérée par Charles le Chauve qui nomme Boson, duc de Provence.
  • 878 : Au printemps, Boson accueille à Arles le pape Jean VIII qui menacé en Italie vient trouver des alliés de l'autre côté des Alpes. À cette occasion l'évêque d'Arles Rostaing, reçoit le pallium. Puis après avoir résider quelque temps dans la cité, Boson et Jean VIII participent au mois de juillet suivant au concile de Troyes.
  • 879 : le 15 octobre, Boson entre en rébellion contre les successeurs carolingiens contestés Louis III et Carloman II et se fait sacrer Roi de Provence dans son château de Mantaille avec l'appui des grands, de l'archevêque de Vienne et celui minoritaire des évêques provençaux dont Rostaing archevêque d'Arles ce qui souligne l'engagement fort, dès cette époque, de l'épiscopat arlésien auprès des princes bourguignons.
  • 881 ou 882 : après la reprise de la Provence à la suite de la prise de Vienne en octobre 881, Carloman descend en Septimanie et laisse comme trace de son autorité quelques deniers frappés à Arles.
  • av.883 : les Sarrasins pillent à nouveau la cité, ou du moins ses faubourgs, peu de temps avant 883.
  • 887
Boson, qui est rentré en grâce, s'éteint à Arles (ou à Vienne d'après d'autres sources) le 11 janvier.
Dans son testament l’archevêque d’Arles Rostan, donne un nouveau départ à l’abbaye Saint-Césaire, qui paraît avoir cessé d’exister du VIIe au IXe siècle.
  • ap.890 : la Provence rhodanienne est désormais moins affectée par les Sarrasins dont les activités vont se déplacer en Provence occidentale, probablement à la suite de leur implantation dans les années 890 au Fraxinet.

[modifier] Xe siècle

  • 911 : véritable maître du Royaume, Hugues d'Arles s'installe à Arles qui devient la vraie capitale et Vienne que la résidence du malheureux souverain infirme Louis III.
  • 911-920 : fortes tensions entre l'aristocratie locale et l'aristocratie bourguignonne amenée par le comte Hugues; ces tensions qui se traduisent parfois par des meurtres, culminent dans les années 915-920.
  • 923 : l’archevêque d’Arles Manassès cède à l’Église de Marseille, menacée par les bandes sarrasines, les églises de Fos et l’abbaye Saint-André de la Cape où l’évêque de Marseille, Drogo (?) peut se réfugier.
  • 924
Les Magyars dévastent la Provence et la vallée du Rhône en 924. Ils atteignent Mende et Nîmes, en épargnant la cité d'Arles, probablement mieux défendue.
Raoul, neveu du roi Boson de Provence et frère de Hugues le Noir, élu roi des Francs, intervient dans le royaume de Provence. Hugues d'Arles lui consent hommage et scelle une alliance par le mariage de Berthe, sa nièce avec Boson le frère de Raoul.
  • 926 : Boson d'Arles succède à son frère Hugues en tant que comte d'Arles lorsque celui-ci quitte Arles pour l'Italie.
  • 934 : à la suite d'un arrangement conclu en 926, Hugues cède la Provence à Rodolphe II roi de Bourgogne, tout en conservant ses propriétés dans la région d'Arles. L'union des deux royaumes est appelée royaume des Deux Bourgogne ou royaume de Bourgogne ou royaume d'Arles (934-1032)
  • 946 : Hugues, chassé d'Italie, retourne en Provence dans la ville d'Arles, auprès de sa nièce Berthe, où il meurt en 948.
  • 948 : Conrad, dit le Pacifique, appuyé par le roi de Germanie, réussit à faire reconnaître sa suzeraineté sur l'ancien royaume de Provence.
  • 949 : le 7 octobre 949, Teucinde, une femme de l’aristocratie Bourguignonne qui a suivi Hugues d'Arles en Provence, achète l’île de Montmajour qui appartient à l'archevêché d'Arles Manassès et en fait donation aux religieux qui y vivent dessus ; l’abbaye est fondée; Teucinde confirme cette donation dans son testament en 977.
  • 960 : date des premières donations à l’abbaye de Montmajour à l’époque de son premier abbé Mauring et de son premier prieur Pons.
  • 963 : le pape Léon III place le monastère de Montmajour sous son autorité directe.
  • 972 : l’abbaye Saint-Césaire retrouve son autonomie sous la direction de l’abbesse Ermengarde nommée par l’archevêque d’Arles Ithier.
  • 972 c. : renouveau démographique et économique, avec :
    • l'extension de la ville au sud-ouest de la ville (Vieux-Bourg)
    • l'assèchement des marais qui entourent l'abbaye de Montmajour
  • 973 : Guillaume Ier est définitivement victorieux des Maures à la bataille de Tourtour en 973 (972 ou 975 selon d'autres historiens). Cette victoire permet à Guillaume devenu le suzerain de fait de la Provence d'installer le système féodal dans cette province.
  • 977 : Teucinde confirme sa donation à abbaye de Montmajour.
  • 980 c. : création vers 980 du chapître d'Arles, l'un des premiers chapitres de France, avec celui d'Avignon.
  • 981 : Guillaume Ier installe la cour comtale à Arles.
  • 992 : le marquis de Provence Guillaume Ier restitue à l’abbaye Saint-Césaire d’importants domaines.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources et bibliographie

  • Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - ARLES, histoire, territoires et cultures - (Editions IMPRIMERIE NATIONALE), (ISBN 9782742751761)

[modifier] Notes

  1. Peut-être dès la mort d'Euric à la finde 484.
  2. Les troupes de Théodoric se mettent en route vers la Gaule le 24 juin 508 (voir sur Gallica, page 92)
  3. Probablement en automne 508
  4. Le roi ostrogoth Théodoric (493-526) profite de la nouvelle conjoncture politique qui se dessine en Gaule après la bataille de Vouillé (507) pour s’emparer de la Provence afin de protéger l’Italie de la poussée franque. Il crée alors un grand royaume wisigo-ostrogothique comprenant l’Espagne, la Gaule du Sud et l’Italie dont la Provence constitue un enjeu territorial décisif pour le contrôle de ce vaste espace. Cette Pax ostrogothica s’appuie sur deux grands acteurs locaux : le préfet Libérius et l’évêque Césaire.
    (d’après les Annales du Midi, n° 244 - La Provence sous la domination ostrogothique (508-536) de Christine Delaplace).
  5. Comme de nombreuses institutions (comme le Sénat romain), la préfecture du prétoire survit en Occident à la chute de l'Empire romain en 476. Elle est attribuée par des souverains dits barbares qui gouvernent des territoires anciennement romains, et qui perpétuent les coutumes romaines. La nature exacte de leur rôle n'est pas connue, mais l'on sait que Libère nommé par l'ostrogoth Théodoric, roi de Ravennes et d'Italie, doit par exemple se battre contre les Burgondes dans les années 520, ce qui montre une nouvelle évolution : de strictement administrative, la fonction redevient probablement militaire.
  6. Il reçoit le pallium en 513. De retour en Gaule, il a des démêlés avec l'évêque d'Aix au sujet des droits de l'église d'Arles. Césaire charge l'abbé Aegidius et le prêtre Messin d'aller les défendre à Rome ; en juin 514, Symmaque déclare que l'archevêque d'Arles sera vicaire apostolique en Gaule et en Espagne
  7. 238 de ses sermons nous sont connus.
  8. On y apprend notamment que la majorité de la population, y compris le peuple, savait lire à cette époque.
    P.A Février (sous la direction de) - La Provence des origines à l'an mil, page 432 :
    ..quand Césaire presse ses ouailles de lire et relire la Bible, il est clair que le seul obstacle qu'il ait à vaincre est la paresse des fidèles, et non leur inculture : c'est bien qu'il avait en face de lui suffisamment d'auditeurs qui savaient lire et pouvaient se procurer facilement et à peu de frais une édition des textes sacrés.
  9. Grégoire de Tours - Histoire des Francs, livre III :
    Théodebert faisait alors le siége de la ville d’Arles, dont les Goths s’étaient emparés. Giwald s’enfuit dans cette ville ; mais, ne s’y croyant pas en sûreté, il se rendit en Italie et y demeura. Tandis que ces choses se passaient, on vint annoncer à Théodebert que son père était dangereusement malade, que, s’il ne se hâtait pour le trouver encore en vie, il serait dépouillé par ses oncles, et qu’il ne fallait pas qu’il poussât plus avant. A ces nouvelles, Théodebert quitta tout, et partit pour aller vers son père, laissant en Auvergne Deutérie et sa fille. Théodoric mourut quelques jours après l’arrivée de son fils, dans la vingt-troisième année de son règne [en 534] ;
    D'après P.A Février, (La Provence des origines à l'an mil, page 446), Théodebert aurait même occupé Arles de façon éphémère.
  10. P.A Février (sous la direction de) - La Provence des origines à l'an mil, page 446
  11. Edouard Baratier (sous la direction de) - Histoire de la Provence, page 92
  12. Il s'agit de Marcatrude, reine de Bourgogne, par son mariage avec le roi Gontran. Elle est enfermée chez des moniales arlésiennes au monastère Saint-Jean, en 567, après la naissance d’un enfant mort-né. Elle serait la soeur de Giuccio et de Magnachar (vers 506-565), duc des Francs-Transjurans, d'après Christian Settipani & Patrick van Kerrebrouck, La Préhistoire des Capétiens, 481-987, Première partie: Merovingians, Carolingians et Robertiens (Villeneuve d'Ascq: Editions Christian, 1993), p. 77.
  13. La ville est alors indivis entre les souverains austrasiens et de Bourgogne. Entre 575 et 587, le représentant austrasien le rector Dynamius de Provence, probablement d'origine arlésienne, mène paradoxalement une politique en faveur du roi Gontran contre le roi austrasien Childebert II.
  14. Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs (livre IV) donne quelques détails :
    Le roi Sigebert, désirant s’emparer de la ville d’Arles, ordonna aux habitants de l’Auvergne de se mettre en marche. Ils avaient alors pour comte Firmin [Firminus] qui se mit à leur tête. D’une autre part vint Audovaire, aussi à la tête d’une armée ; ils entrèrent dans la ville d’Arles, et firent prêter serment au roi Sigebert. Le roi Gontran l’ayant appris, envoya le patrice Celse à la tête d’une armée ; arrivé à Avignon, il prit cette ville, marcha ensuite vers Arles, et l’ayant environnée, commença à attaquer l’armée du roi Sigebert qui y était enfermée. Alors l’évêque Sabaude leur dit : Sortez des murs et livrez le combat ; car, enfermés dans ces murs, vous ne pourriez vous défendre non plus que le territoire de cette ville. Si, par la grâce de Dieu, vous êtes vainqueurs, nous vous garderons la foi que nous vous avons promise ; si au contraire ce sont eux lui l’emportent, voici que vous trouverez les portes ouvertes, entrez-y alors pour ne pas périr. Trompés par cet artifice, ils sortirent des murs et se prirent en bataille ; mais lorsque vaincus par l’armée de Celse, et commençant à fuir, ils revinrent à la ville, ils en trouvèrent les portes fermées ; l’armée ennemie les poursuivant à coups de traits par derrière, et les gens de la ville les accablant de pierres, ils se dirigèrent vers le fleuve du Rhône, et se mirent sur leurs boucliers pour gagner l’autre rive ; mais emportés par la violence du fleuve un grand nombre se noyèrent, et le Rhône fut alors, pour les habitants d’Auvergne, ce que nous lisons que fut autrefois le Simoïs pour les Troyens
  15. Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs (livre VIII) donne quelques détails :
    Après ce temps, trois chefs lombards, Amon, Zaban et Rhodan[lv], firent une irruption dans la Gaule. Amon prit la route d’Embrun jusqu’à Macheville[lvi], dans le territoire d’Avignon, domaine que Mummole tenait d’un présent du roi, et y fixa ses tentes. Zaban descendit par la ville de Die jusqu’à Valence et y plaça son camp ; et Rhodan, arrivé à Grenoble, y déploya ses pavillons. Amon ravagea aussi toute la province d’Arles et les villes situées dans ses environs ; il vint jusqu’au champ de la Crau [Champs des Pierres], qui tient à la ville de Marseille, et en enleva des troupeaux et des hommes : il se disposait aussi à mettre le siège devant la ville d’Aix, mais il s’en éloigna pour le prix de vingt-deux livres d’argent. Rhodan et Zaban en firent autant dans les lieux où ils arrivèrent.
  16. Ferdinand Lot, dans son ouvrage Naissance de la France (accessible ici) indique :
    Du côté de l’Espagne le mariage d’Ingonthe, fille de Sigebert, avec Hermenégild, fils du roi Liuvigild, n’amena aucun rapprochement, bien au contraire. Le bruit ayant couru que la princesse franque était morte des mauvais traitements qu’elle avait subis, Gontran saisit ce prétexte pour tenter de mettre la main sur la Septimanie. « Il est indigne de laisser ces horribles Goths s’étendre jusqu’en Gaule, en Septimanie. ». Il leva deux armées, l’une composée des « peuples qui habitent au delà de la Seine, de la Saône et du Rhône, l’autre des gens de Bourges, Angoulême, Saintes, Périgueux ». Mais la première ne put enlever Nîmes et les autres cités et la seconde fut chassée de Carcassonne où elle avait pénétré. Au retour, ces troupes, qui avaient commis sur leur passage mille atrocités, furent assaillies par les populations exaspérées du Toulousain et de la vallée du Rhône.
    La Chronique de Frédégaire nous dit :
    La vingt-sixième année du règne de Gontran (586) son armée entra en Espagne ; mais, accablée de maladies par l’insalubrité du pays, elle revint aussitôt dans sa patrie.
    Toujours d'après Ferdinand Lot (ibidem), Gontran aurait attaqué une seconde fois les Wisigoths en 588-589 :
    Mais Liuvigild mourut en 586. Son successeur Reccared était catholique, parent par alliance de Brunehaut. Un accord était facile. Mais Gontran haïssait les Goths et s’obstinait à vouloir la Septimanie. Cette fois, le désastre fut complet. Le duc Austrovald avait réussi à soumettre Carcassonne, mais un autre duc, Boson, arrivé avec ses contingents de Saintes, Périgueux, Bordeaux, Agen, Toulouse, prit le commandement. Il se laissa surprendre et ce fut la déroute. Les Francs auraient eu 5.000 tués et 2.000 prisonniers (589).
  17. La cité a probablement été deux fois l'objet de représailles, en 585-586 et 587
    En ce qui concerne les représailles de 585 ou plus probablement de 586, Ferdinand Lot, dans son ouvrage Naissance de la France (accessible ici) indique :
    La réplique gothique fut immédiate : Reccared, fils de Liuvigild, s’empara de Cabaret (Aude) et de Beaucaire et ravagea le pays. Gontran dut confier 4 000 hommes an duc Leudegisèle pour défendre le pays d’Arles et dépêcher le duc d’Auvergne, Nizier, pour garder la frontière du côté de la Septimanie. Même insuccès sur mer. Les Visigoths attaquèrent et pillèrent la flotte que Gontran dirigeait sur la Galice, sans doute pour venir en aide aux Suèves menacés par le roi goth. Le royaume suève fut réuni à l’Etat visigothique (585).
    Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs (livre IX) donne quelques détails, notamment sur la date de ces représailles :
    Les Goths, à cause des ravages que l’année précédente l’armée du roi Gontran avait exercés dans la Septimanie, firent une irruption dans la province d’Arles, enlevèrent beaucoup de butin, et emmenèrent captifs tous les habitants, jusqu’à dix milles de la ville. Ils prirent aussi un château nominé Beaucaire, désolèrent le pays et ses habitants, et s’en retournèrent sans avoir éprouvé aucune résistance.
  18. Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs (livre VIII) donne quelques détails :
    Le roi ayant entendu ces nouvelles, nomma pour duc Leudégésile à la place de Calumniosus surnommé Agilan, lui soumit toute la province d’Arles (ie Provence Arlésienne) et lui donna plus de quatre mille hommes pour en garder les frontières. Nicet duc d’Auvergne partit également avec des troupes, et fut chargé de cerner les frontières du pays.
    La Chronique de Frédégaire nous dit :
    L’an vingt-septième du même règne (587), Leudégésile fût nommé par Gontran patrice de la Provence. On annonça que le roi Childebert avait eu un fils nommé Théodebert.
    De son côté, Ferdinand Lot, dans son ouvrage Naissance de la France (accessible ici) indique :
    Gontran dut confier 4 000 hommes au duc Leudegisèle pour défendre le pays d’Arles et dépêcher le duc d’Auvergne, Nizier, pour garder la frontière du côté de la Septimanie.
  19. Cette date ne fait pas l’unanimité ; d'autres historiens avancent une période plus tardive : au VIIIe, voire au IXe siècle.
    D'autres estiment que la réfection des remparts s'est produite plus tôt, comme à Narbonne, où l’enceinte construite dès le IIIe siècle après l’invasion des Alamans fut restaurée au moins une fois au Ve siècle par le préfet du prétoire des Gaules qui releva les portes de la ville, en même temps que le pont et l’aqueduc.
    Cf. Histoire de Narbonne, de Jacques Michaud et André Cabanis, dir., Toulouse, Privat, 1981, p. 75.
    Cette réfection devrait avoir eu lieu avant 548, date de la fondation ,intra-muros, du monastère des Saints-Apôtres crée en 548 (ou 547) par l'archevêque d'Arles, Aurélien, à la demande du roi Childebert Ier. Ce monastère est à l’origine de l’église Sainte-Croix dans le Bourg-Vieux (quartier de la Roquette).
  20. Avec notamment les pierres du cirque romain situé à l'extérieur et au sud-ouest de la ville
  21. Cf. Lettre 0 quam bona du pape Grégoire Ier le Grand à l'évêque Virgile d'Arles, 12 août 595,  :
    ...J'ai appris que dans les régions des Gaules et de la Germanie nul ne parvient à l'ordre sacré sans accorder un cadeau approprié. S'il en est ainsi, je le dis en pleurant, et je le proclame dans les gémissements : si l'ordre sacerdotal s'est effondré du dedans, il ne pourra pas tenir longtemps au-dehors…
  22. Le trafic d'esclaves est alors une des activités traditionnellement des moins avouables pour la société chrétienne, mais la plus fructueuse.
  23. La formule Victoria Augustorum y est remplacée par Victoria Clotarii (d'après Henri Pirenne - Mahomet et Charlemagne, page 76)
  24. Cf. Histoire de la Provence, sous la direction d'Edouard BARATIER - page 94
  25. Cf. Arles au Moyen Âge, page 19. Il est possible toutefois que la situation ait été plus complexe, lors des périodes de Provence arlésienne.
  26. Cf. Vie de Didier de Cahors
  27. Il s'agit de la confirmation d'une rente en nature, prise sur les magasins royaux de Fos, accordée à l'abbaye de Corbie le 26 avril 716 (ibidem et Henri Pirenne - Mahomet et Charlemagne, page 60)
  28. Sont énumérés : huile, garum, poivre, cumin, olives, cannelle, vin cuit, dattes, figues, amandes, pistaches, olives, riz, piment, peaux de Cordoue, papyrus, etc.. (ibidem)
  29. Cf. Henri Pirenne - Mahomet et Charlemagne, pages 123-128 consultable ici
  30. Protocole rédigé à Digne en 780, et contenu dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille
  31. Dom Claude Devic, dom Joseph Vaissète, Histoire générale de Languedoc, 1730- 1745 (accessible ici)
    Ambiza ou plutôt un détachement de son armée remonta le long du Rhône et de la Saône, entra en Bourgogne, pénétra jusqu'à Autun, fit le siège de cette Ville et la prit un mercredi 22 du mois d'Août de l’an 725. Les infidèles l’abandonnèrent ensuite après l’avoir saccagée et ruinée, et en avoir remporté de riches dépouilles.
  32. Cette alliance, controversée, du duc Mauronte avec les Sarrasins pourrait être liée à des effectifs militaires insuffisants pour défendre la Provence contre les Carolingiens.
    ....seem to be some indication that pre-Carolingian Southern France did not possess a military class as well organized as those vassi of Frankish origin whom Charles Martel enriched with Church lands (cf. A. Boretius and V. Krause, Capitularia regum Franconum, in Mon. Gen. Hist. Capitularia, I, nos. 10-12, pp. 29-32 (hereafter cited as Boretius, Capitulania)) and who followed him and his successors into battle. When the Carolingians advanced down the Rhone they found that Maurontius, patrician of Provence, had invited Moslem forces to garrison his cities, probably because he could not muster sufficient warriors of his own.
    D’autres sources locales laissent plutôt penser à une « Moslem conquest rather than a collaboration between Maurontius and the Moslems. »
    Chron. of Moissac, p. 291, says that the Moslems seized Arles in 734, and another contemporary source says that in 737 the patrician Maurontius turned Avignon over to them (Fredegarii cont., ch. 19, pp. 177-178). This would imply that at this date he still controlled this city and its castra. Another local source agrees with the Chron. of Moissac (Annals of Aniane, cols. 3-5). Duprat in Bouches du Rhône, II, 131-132, A. Molinier in "Sur les invasions Arabes dans le Languedoc," in Hist. Gén. de Lang., II, 550-552, and H. Zotenburg in ibid., pp. 557-558, follow the Fredegarius version.
    The Development of Southern French and Catalan Society, 718-1050 d’ Archibald R. Lewis, consultable ici
  33. Cf. Chronique de Frédégaire
    Charles Martel fait trois expéditions dont deux, celle de 736 puis celle de 739 concernent Arles :
    En 736 : L’habile chic Charles ayant levé une armée, marcha du côté de la Bourgogne [736], soumit en sors pouvoir la ville de Lyon, les seigneurs et les préfets de cette province, établit ses juges jusqu’à Marseille et Arles, et revint, chargé de trésors et de butin, dans le royaume des Francs, au siège de son empire..
    En 737 : La belliqueuse nation des Ismaélites qu’en langue corrompue on nomme Sarrasins, s’étant encore soulevée, ils passèrent soudain le Rhône. Ces rusés infidèles, à la faveur de la fraude et de la perfidie d’un certain Mauronte et de ses compagnons, entrèrent en armes dans Avignon [737], ville bien fortifiée, entourée de montagnes, et ils ravagèrent tout le pays. Le vaillant duc Charles envoya contre eux, avec un grand appareil de guerre, son frère le duc Childebrand, guerrier courageux, avec d’autres ducs et comtes. Promptement arrivés devant la ville d’Avignon, ils dressent leurs tentes, entourent la ville et les faubourgs, assiègent cette cité très bien fortifiée, et disposent leur armée. Bientôt le duc Charles, arrivant à leur suite, cerne les remparts, assoit son camp, et presse le siège. Les guerriers se précipitent sur les remparts et les murs des maisons, comme jadis à Jéricho, au bruit des armes et au son des trompettes, bien munis de machines et de cordages, et emportant enfin la ville, ils y mettent le feu, pressent leurs ennemis, les renversent, les égorgent, et les réduisent heureusement en leur pouvoir. Le brave Charles victorieux passa le Rhône avec son armée, pénétra dans le pays des Goths, s’avança jusque dans la Gaule narbonnaise, ….
    En 739 : Au bout de deux ans [739], Charles envoya dans la Provence son frère Childebrand, dont nous avons parlé, avec des comtes et une armée. Ils arrivèrent à la ville d’Avignon, où Charles se hâta de les rejoindre. Il ramena sous son pouvoir tout le pays, jusqu’au rivage de la grande mer. Le duc Mauronte s’enfuit dans des rochers inaccessibles. Le prince Charles, après avoir acquis tout ce royaume, revint victorieux, personne ne se révoltant contre lui.
  34. Henri Pirenne - Mahomet et Charlemagne, page 114 :
    en 735, le gouverneur arabe de Narbonne, Jussef Ibn Abd-er-Rhaman, s'empare d'Arles, appuyé par des complicités qu'il trouve dans le pays.
    Voir aussi Histoire générale de Languedoc - 1730, Dom Vaissète :
    (736). Cinquième irruption des Sarrasins dans les Gaules, Jusif Abdérame gouvernait pour les Sarrasins la Gaule Narbonnaise. Ce seigneur arabe résolut de se signaler par quelques actions d'éclat. La situation ou se trouvait la Provence lui en fournit l'occasion. Mauronte et ses confédérés formaient une ligue secrète avec Jusif gouverneur de la Septimanie pour les Sarrasins. Ils lui promirent à leurs tour de l'introduire au de là du Rhône, ce qu'ils firent.
    Mauronte et les autres rebelles que la présence de Charles Martel avait intimidés, furent à peine informé que ce prince avait passé le Rhône pour faire la guerre aux Saxons, qu’ils reprirent aussitôt les armes, et en exécution du traité secret qu’ils avaient fait avec les Sarrasins, ils leurs livrèrent la ville d’Avignon. Il y a lieu de croire qu’ils les introduisirent aussi dans celle d’Arles, car ces infidèles y entrèrent dans le même temps, et malgré la soumission volontaire de cette ville qui se rendit par composition, ils la livrèrent au pillage. Les Sarrasins s’emparèrent d’autant plus aisément de cette place, qu’ayant été du domaine du duc Eudes, les successeurs de ce prince qui ne s’attendaient pas à cette surprise, n’étaient pas en état alors d’en prendre la défense.
    Cf. Archibald R. Lewis, The Development of Southern French and Catalan Society, 718-1050 :
    the Annals of Aniane.... tells us that some time prior to 736 Moslems from the Narbonnaise had occupied Arles, perhaps on the invitation of Maurontius, patrician of Provence, and for four years had been raiding widely in the Rhone Valley
  35. Cf. La Provence des origines à l'an mil, sous la direction de P.A Février (page 463) qui cite la chronique de Frédégaire :
    en 736, celui-ci (Charles Martel) marcha avec une armée vers Lyon et « établit ses juges jusqu'à Marseille et Arles ». Il s'agit ici d'une opération de « pacification » qui ne semble pas d'après ce texte liée à la présence arabe. En revanche, ce serait l'année suivante, selon la même source, que les Sarrasins auraient passé le Rhône, pris Avignon….
    En relation avec les autre sources qui signalent que les Sarrasins sont à Arles dès 735 (ou qui signalent une présence de 4 ans des Sarrasins à Arles), on peut plutôt imaginer la séquence suivante : en 735, les Sarrasins appelés (ou non) par le duc Mauronte occupent à Arles ; ils en sont chassés temporairement en 736 ; ils reviennent en 737 jusqu'en 739, date à laquelle les Francs les en chassent à nouveau. En conclusion, l'intervention de 736 contre une présence sarrasine concorderait peut-être mieux avec l'ensemble des informations disponibles.
  36. Ibidem, page 115
  37. A la mort de Charles Martel en octobre 741, Pépin le Bref reçoit la Neustrie, la Bourgogne et la Provence ; À la mort de ce dernier en 768, la Provence passe sous l’autorité de Charlemagne.
  38. Cf. La Provence des origines à l'an mil, sous la direction de P.A. Février - page 463
    Les termes utilisés par ces sources laconiques d'origine étrangères (NDLR : Chronique de Frédégaire) pourraient dissimuler la mise à sac de la région, au moins celle de la Provence occidentale, si les méthodes de guerre des Austrasiens y furent identiques à celles par lesquelles ils vinrent à bout des résistances aquitaines et de la recherche d'indépendance ou de régionalisme fondé sur un attachement à la romanité.
  39. Cf. Louis Stouff - Arles au Moyen Âge, page 19
  40. Les missi dominici Garnier et Arimode, avec le comte Marcellin, sont notamment à Digne en 780 pour essayer de reconstituer le patrimoine de Saint-Victor dans le cadre de la réorganisation du pays après la pacification franque (d'après PA Février - La Provence des origines à l'an mil, page 483).
  41. Une notice de plaid tenu à Digne le 23 février 780 relate le jugement que Viernarius et Arimodus, missi de Charlemagne, rendent en faveur de Maurontus, évêque de Marseille, qui réclame pour Saint-Victor la villa de Chaudol dans le pagus de Digne ainsi qu'Alpibus dans celui d'Embrun (Brunterc'h, op. cit., p. 176-186 avec commentaire et traduction; Gallia Christiana novissima, II, n° 42 c. 34-35; Guérard, Cartulaire de Saint-Victor, I, 1857, n° 31 p. 43-46). Les deux pièces ne sont pas identiques dans le fond (cf. Geary, op. cit., p. 387-389).
  42. Cf. Chronologie des conflits maritimes entre Charlemagne et les Sarrasins.
  43. Théodulfe assiste au couronnement de Charlemagne à Rome le 25 Décembre 800 par le Pape Léon III. Il profite de ce voyage à Rome, accompagné d'un disciple d'Alcuin, Candidus, vraisemblablement entre novembre 800 et février 801 pour voir de nombreuses églises.
  44. Un acte de 824 révèle deux églises, des maisons, jardins, terres, vignes et près dans l'ile de la Cappe ; d'autres maisons aux Roubines, et à Fumières en pleine Camargue (Cf. Stouff, Arles à la fin du Moyen-Age, page 83).
  45. En 797, Charlemagne avait envoyé à Haroun al-Rashid, calife de Bagdad, une ambassade menée par un marchand juif, Isaac, connaisseur de la langue arabe. Celui-ci en revint 5 ans plus tard. Il passa l'hiver 801 à Vercelli, et au printemps débarqua à Marseille et remonta probablement la vallée du Rhône en direction d’Aix-la-Chapelle, transitant peut-être par la ville de Metz, jusqu'à la résidence de l'Empereur à Aix-la-Chapelle, où il arriva le 1er Juillet 802.
  46. Il s'agit pour l'essentiel d'esclaves Saxons achetés sur le marché de Verdun.
  47. Cf. Arles au Moyen Âge de Louis STOUFF - page 18
  48. Noton Archbishop of Arles and "Letibulfo comitem" agreed to exchange property by charter dated 7 Nov 824.
  49. Cf. Chronologie des conflits maritimes entre Charlemagne et les Sarrasins
  50. Ancienne branche du Rhône, aujourd'hui disparue, qui défluvait en aval d'Arles, longeait ensuite l'étang du Vaccarès et se jettait dans la mer à l'est des Saintes-Maries-de-la-Mer.
  51. Cf. La Provence des origines à l'an mil, sous la direction de F. A. Février, page 483 :
    Un certain Garin, en 841, avait porté le titre de duc de Provence (Chron. Aquit.), mais son pouvoir semble avoir eu comme assise le Lyonnais.
    D'après Lewis, Archibald R ( The Development of Southern French and Catalan Society, 718–1050, University of Texas Press Austin, 1965 - 93n) Garin aurait été dux and marchio de Provence sous Lothaire, après le Traité de Verdun (843), en août de l'année. Il aurait pu succéder au comte Leibulf autour de 829 (ou 835 ?).
    Par ailleurs, Garin est probablement l'altération de Warin suivant un processus commun à bien d'autres noms et mots : Guillaume pour Wilhem, guerre pour war
  52. En 845, mention d'un Adaibert, comte de Marseille par le cartulaire de Saint-Victor.
  53. Plus probablement lors de la succession de Garin en 845, le duché de Provence est donné à Fulcrad, tandis que Marseille est attribuée au comte Adalbert.
  54. La Provence des origines à l'an mil, page 483 :
    ... en 845 aussi, des sources font état d'une tentative de sécession de la Provence ..., sous l'impulsion de Fulcrad, comte lui aussi (Ann. Bertin.) ou duc (Ann. Fuld.)
  55. Michel Dillange. Les Comtes de Poitou Ducs d'Aquitaine (778-1204). La Crèche : Geste éditions, 1995. (ISBN 2-910919-09-9), p. 57-58
  56. Le roi Louis II est décédé le 10 avril 879 à Compiègne.
  57. Cf. PA Février - La Provence des origines à l'an mil, page 485
    Trois semblent avoir été aux côtés de l'archevêque de Vienne, Ausran, de fermes partisans de Boson et de ses Bouguignons : Rostaing, archevêque d'Arles, Ratfred, évêque d'Avignon ainsi qu'Arbert d'Embrun.
  58. Cf. Stouff, Arles à la fin du Moyen-Âge, page 84 :
    Si on accepte avec Fernand Benoit et Paul-Albert Février, mais contre l'avis de Jean Hubert, la présence de la tombe de Césaire à l'intérieur des murs, il faut admettre qu'ils (NDLR /les Sarrasins) ont réussi à franchir le rempart puisqu'avant 883 ils ont saccagé le monument funéraire.
  59. Phantoms of Remembrance : memory and oblivion at the end of the first millennium / Patrick Geary J, p.76 et Olivier d’Hauthuille, Héraldique et généalogie 89.I.160, généalogie tirée des ouvrages de Georges de Manteyer, La Provence du premier au douzième siècle, études d'histoire et de géographie..., de Juigné de Lassigny, Généalogie des vicomtes de Marseille..., de Fernand Cortez, Les grands officiers royaux de Provence au moyen-âge listes chronologiques..., de Papon, de Louis Moréri, du marquis de Forbin, Monographie de la terre et du château de Saint-Marcel, près Marseille : du Xe au XIXe siècle..., du président J. Berge, Origines rectifiées des maisons féodales Comtes de Provence, Princes d'Orange ..., de Poly, La Provence et la société féodale (879-1166), Paris, 1976, Saillot, Le Sang de Charlemagne... Sources également sur les vicomtes de Marseille : Édouard Baratier, Ernest Hildesheimer et Georges Duby, Atlas historique... et le tableau de Henry de Gérin-Ricard, Actes concernant les vicomtes de Marseille et leurs descendants...
  60. Grecs d'Italie du sud qui font le lien entre Constantinople et la Méditerranée occidentale, d'après L. Stouff, Arles au Moyen Âge, page 19
  61. Voir aussi Age d'or de la République d'Amalfi, consulté le 13 octobre 2007 ici
  62. Ibidem ; Voir aussi Depeyrot, G., 1993, le numéraire carolingien, Paris, 76 :
    Les frappes locales commencèrent avec une émission au profit de la cathédrale Saint-Etienne d'Arles frappée par Ithier dont un exemplaire a été découvert dans le trésor du Puy.
  63. P.A. Février (sous la direction de) - La Provence des origines à l'an mil, page 486
  64. Neveu d'Hugues, par la sœur de ce dernier, Teutberge
  65. P.A. Février (sous la direction de) - La provence des origines à l'an mil, page 486 :
    ... C'est dans lutte que le père et la mère de Mayeul furent massacrés ...;
    ... Les documents provençaux et languedociens suggèrent alors une chasse aux sorcières, Hugues plaçant par exemple ses fidèles sur les sièges épiscopaux dont les titulaires avaient été exilés.
  66. Cf. Arles au Moyen Age de Louis Stouff, page 62
  67. Richard le Justicier, son père, et Boson de Provence sont frères
  68. La fille de son frère Boson d'Arles
  69. Dans le cadre d'alliance, Bérenger avait pourtant épousé en 930 (ou 936) Willa, la nièce du roi Hugues, une fille -probablement la cadette- de son frère Boson
  70. Lothaire succède à son père, en 947 ; il meurt en 950, certainement assassiné sur les ordres de Bérenger, qui s’empare du pouvoir
  71. L'empereur germanique Conrad, nouveau suzerain de Provence, installe trois comtes sur ses terres, un à Apt (Griffon), un à Avignon et un à Arles, En dessous d'eux, Conrad nomme deux vicomtes pour les seconder, Nivion à Cavaillon et Arlulf à Marseille. Arlulf de Marseille est à l'origine de la dynastie vicomtale de Marseille.
  72. Selon des Annales du Califat de Cordoue (Ibn Hayyan, al Muqtabis) (cf. P.A. Février (sous la direction de) - La Provence des origines à l'an mil, page 491), des réactions diplomatiques peuvent lui être attribuées.
  73. En 942 (ou 941), Hugues organise une attaque combinée par terre et par mer du Fraxinet. Pour se procurer des bateaux, il fait appel au basileus Romain Lecapène. Toutefois, au dernier moment, il préfère traiter avec les Sarrasins et les utiliser à son profit dans le cadre de ses affaires italiennes (cf. P.A. Février (sous la direction de) - La Provence des origines à l'an mil, page 491).
  74. À la mort de Boson, ses deux fils, Guilhem dit le Libérateur (Guillaume Ier) et Roubaud, se partagèrent en indivis le comté, indivision que maintinrent leurs descendants. La branche issue de Guilhem donnera celle des comtes de Provence, celle issue de Roubaud donnera les comtes de Forcalquier
  75. Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - ARLES, histoire, territoires et cultures, pages 314-315.
  76. La GCN, page 333 indique le 6 mars 990.
  77. Neveu de Teucinde d'Arles.
  78. Martin Aurell, Jean-Paul Boyer et Noël Coulet - La Provence au Moyen Âge, pages 14-15.
  79. L'église paroissiale Saint-Laurent-du-Bourg est mentionnée en 972, cf. Poly JP, La Provence et la Société Féodale, page 200
  80. Martin Aurell, Jean-Paul Boyer, Noël Coulet - La Provence au Moyen Âge, page 19


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