Georges Duby

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Georges Michel Claude Duby, né le 7 octobre 1919 à Paris et décédé le 3 décembre 1996 près d'Aix-en-Provence, est un historien français spécialiste du Moyen Âge, période dont il a largement contribué à renouveler la connaissance.

Sommaire

[modifier] Biographie

Issu d'une famille d'artisans parisiens, il fait ses études à Mâcon et est lauréat du Concours général de dessin. Agrégé de lettres en 1942, il entame une carrière dans l'enseignement. Nommé assistant à la Faculté de lettres de l'université de Lyon à la Libération, il enseigne quelque temps à Besançon puis obtient la chaire d'histoire du Moyen Âge à la Faculté de lettres d'Aix-en-Provence en 1951, région où il s'établit alors définitivement.

Duby soutient en 1953 à la Sorbonne une thèse de doctorat ès lettres sous la direction de Charles-Edmond Perrin, intitulée La Société aux XIe et XIIe siècles dans la région mâconnaise. Il sait y utiliser la masse extraordinaire de documents de l'abbaye de Cluny pour définir la personnalité et expliquer « à fond » un espace particulier, le Maconnais, retenant en cela la leçon des monographies régionales produites alors par l'école géographique française.

Les honneurs lui sont décernés après quelques années d'enseignement et plusieurs publications remarquables. En 1970, il occupe la chaire d'histoire des sociétés médiévales au Collège de France (qu'il quitte en 1991). Quelques années plus tard, en 1974, il est élu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres en tant que membre ordinaire. Il succède enfin à Marcel Arland au 26e fauteuil de l'Académie française. Il y est élu le 18 juin 1987, le même jour qu'André Frossard.Il est reçu sous la Coupole en 1988 par Alain Peyrefitte. La cérémonie est intégralement télévisée sur FR3.

[modifier] Son œuvre

Georges Duby a su dès le début de sa carrière renouveler la perception du Moyen Âge en adoptant des points de vue originaux. Sa rencontre avec la géographie est importante dans sa formation d'historien. Elle est alors, à la fin des années 1940, selon ses mots, une discipline où l'on est « le plus attentif à ce qui se produisait de plus neuf parmi les sciences de l'homme ». Cette filiation (Allix, Roger Dion) l'amène à étudier l'histoire médiévale mais plus encore à prendre en compte les paysages et les sociétés rurales de cette époque.

Plus particulièrement spécialiste des Xe, XIe, XIIe, et XIIIe siècles en Europe occidentale, Duby contribue tout au long de ses ouvrages à renouveler les méthodes et les objets de la discipline historique. Auteur de vastes études (Guerriers et paysans en 1973, L'Europe au Moyen-Age en 1979), il pousse encore plus loin ses recherches sur la société médiévale en reprenant la célèbre trifonctionnalité de Georges Dumézil (Les trois ordres ou l'imaginaire du féodalisme en 1978) tout en sachant renouveler l'archétype de l'événement historique dans un livre aujourd'hui célèbre par le paradoxe apparent qu'il affirme dans son titre, célébration de l'événement certes mais surtout analyse magistrale de son environnement et de ses conséquences, Le Dimanche de Bouvines sur La Bataille de Bouvines publié en 1973.

Par son œuvre, il appartient, comme Fernand Braudel qu'il admirait, à la deuxième génération d'historiens de l'école des Annales, fondée en 1929 par Marc Bloch et par Lucien Febvre. Outre son intérêt non démenti pour la géographie relevé plus haut, Georges Duby s'illustre également par sa maîtrise de la langue française et par des apparitions à la télévision, dans le cadre d'émissions de vulgarisation inspirées par ses écrits, comme Le Temps des cathédrales (1976), ou dans le cadre de débats.

Georges Duby a beaucoup apporté au renouvellement de la compréhension de l'Histoire grâce au concept de représentation mentale. Avec d'autres penseurs, comme Marc Augé en anthropologie, il a reconnu et explicité la fonction de la représentation dans la constitution des ordres et des rapports sociaux, l'orientation des comportements collectifs et la transformation du monde social. À propos de l'imaginaire de la féodalité, Georges Duby parle de la représentation comme « membrure », « structure latente », « image simple » de l'organisation sociale assurant le passage vers différents systèmes symboliques.

[modifier] Bibliographie sélective

  • La Société aux XIe et XIIe siècles dans la région mâconnaise, Paris, Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, 1953.
  • Le Dimanche de Bouvines (27 juillet 1214), Gallimard (Trente journées qui ont fait la France), Paris, 1973 (ISBN 2070322955). Duby y montre qu'un historien des Annales peut aussi, à l'occasion, traiter d'un événement : la Bataille de Bouvines.
  • L'An Mil, Julliard, Paris, 1974 (ISBN 2-07-032774-4)
  • Le Temps des cathédrales. L'Art et la société (980–1420), Gallimard, Paris, 1976 (Grand Prix Gobert 1977) (ISBN 207029286X)
  • Les Trois Ordres ou l'imaginaire du féodalisme, Gallimard, Paris, 1978 (ISBN 2070286045)
  • Le Chevalier, la Femme et le Prêtre. Le Mariage dans la France féodale, Hachette, Paris, 1981 (ISBN 2012790712)
  • Guillaume le Maréchal ou le meilleur chevalier du monde, Fayard, Paris, 1984 (ISBN 2070323447). La biographie de Guillaume le Maréchal, qui s'élève dans la hiérarchie féodale par ses dons jusqu'à devenir l'un des hommes les plus puissants du royaume d'Angleterre.
  • Histoire de la vie privée, en co-direction avec Philippe Ariès (5 vol.), Le Seuil, Paris, 1985, ISBN 2-02-008987-4
  • Atlas historique mondial, Larousse, Paris, 2000, 350 pages (ISBN 2035050448).
  • L'Histoire continue, Éditions Odile Jacob, 2001, ISBN 2738110428

Note : Une liste exhaustive des œuvres de Duby est disponible sur le site de l'Académie française.

  • Histoire de la France rurale, en co-direction avec Armand Wallon (4 vol.), Le Seuil, Paris, 1976

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes


Précédé par
Marcel Arland
Fauteuil 26 de l’Académie française
1986-1996
Suivi par
Jean-Marie Rouart