Leidrade

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Leidrade [1] est un lettré et homme d'Église du temps de Charlemagne, essentiellement connu pour avoir été évêque de Lyon.

[modifier] Biographie

Né vers 743-745 [2] à Nuremberg, dans l'ancienne Norique, sûrement issu d'une famille aristocratique, Leidrade est diacre de l'église de Freisingen avant de devenir un des lettrés dont le roi Charlemagne aime s'entourer à sa cour. Il est attaché à l'école du Palais après 782, où il devient le disciple préféré d'Alcuin et peut-être le bibliothécaire de Charlemagne [3]. Il sera également le doyen du chapitre de Zurich pendant 11 ans.

En 797-798, il est envoyé par Charlemagne comme missi dominici en Septimanie en compagnie de Théodulphe puis en Espagne (où il est en rapport avec Benoît d'Aniane) pour citer l'évêque Félix d'Urgel, alors accusé d'adoptianisme. Leidrade prend une dimension supérieure avec cette affaire: il envoie en effet l'évêque s'expliquer au concile d'Aix en 800 et s'occupe lui-même de corriger les fautes de Félix dans l'évêché d'Urgel. À la même époque, Adon, évêque de Lyon, meurt et Charlemagne nomme Leidrade à sa succession vers 798, avant qu'il ne soit élu à l'unanimité par le clergé et le peuple [4]. Il ne prendra véritablement les rênes de l'évêché de Lyon qu'après sa mission en Septimanie et peut-être même après son retour d'Espagne seulement, c'est-à-dire fin 799 [5].

Dès son arrivée dans le diocèse de Lyon, Leidrade institut des écoles de lecteurs et des écoles de chantres (dans le cadre de l'admonitio generalis) et veille progressivement à l'uniformisation et la réforme des pratiques religieuses aux dépens des traditions locales (aidé notamment par un chanoine messin, disciple de Chrodegand) et à la diffusion de textes « fiables », en développant le recopiage des livres par les moines du diocèse. Il procède ensuite, sans doute à partir de 807 seulement, à un ambitieux programme de restauration des divers établissements religieux de Lyon (et des environs comme à L'Île-Barbe et Saint-Rambert-en-Bugey), dont la plupart avaient été détruits par les invasions sarrasines [6].

Appelé à Aix-la-Chapelle en 811, il est l'un des témoins signataires du testament de Charlemagne. En 813, alors que ses problèmes de santé s'aggravent, il fait d'Agobard (qu'il a découvert et fait prêtre en 804) son coadjuteur et renonce définitivement à ses fonctions épiscopales deux ans après la mort de l'empereur, proposant lui-même Agobard à sa succession [7]. Il se retire alors en 816 pour finir sa vie à l'abbaye Saint-Médard de Soissons, où il meurt un 28 décembre, certainement en 816 ou 817 [8]. Il reste de Leidrade quatre écrits dont une lettre adressée à Charlemagne et un court traité sur ce dernier, De sacramento baptismi, fortement inspiré de Tertullien [9].

[modifier] Notes et références

  1. Leidrade est la forme usuelle mais on peut aussi trouver la forme latine, Laidradus, ainsi que son autographe Leidrat.
  2. Le Grand dictionnaire universel du XXe siècle de Pierre Larousse indique 736 mais il est peu probable qu'il soit né si tôt.
  3. Le titre de bibliothécaire n'existait pas auparavant, ce qui motive certaines controverses au sujet de ce rôle possible de Leidrade, qu'aucune source connue n'a pu confirmer pleinement.
  4. Il devient alors le 42ème évêque de Lyon selon Poullin de Lumina dans l' Histoire ecclésiastique de Lyon mais le 46ème selon Colonia dans l' Histoire littéraire de Lyon.
  5. L'administration intérimaire de l'évêché est alors assurée par Eldoïnus.
  6. Ces diverses évolutions sont rapportées dans la lettre qu'il écrit à Charlemagne, vers 810-811, dont on peut lire une traduction et une analyse dans Eglise et sociétés – d'Agobard à Valdès de Michel Rubellin.
  7. Agobard deviendra le premier archevêque de Lyon: Charlemagne rétablit cet échelon ecclésiastique durant son règne mais Leidrade ne portera jamais ce titre.
  8. Si l'année de sa mort n'est pas certaine, le jour l'est grâce à la nécrologie de l'église de Lyon où sa mort est indiquée au cinquième jour des calendes de janvier, c'est-à-dire le 28 décembre.
  9. Deux de ces écrits ont été publiés par Étienne Baluze dans son Recueil des œuvres d'Agobard et les deux autres par Jean Mabillon dans ses Analecta.

[modifier] Autres références bibliographiques

  • A.Coville, Recherches sur l'histoire de Lyon du Ve au IXe siècle (450-800), Paris, 1928.
  • A. Péricaut, Notices sur Leidrade, Agobard et Ardon, archevêques de Lyon, 1825.
  • Dictionnaire des spiritualités, Beauchesne, 1976.