Manassès d'Arles

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Manassès d'Arles (? - † 961), fut archevêque d’Arles (920-961), ainsi que de Milan (948-948)

Sommaire

[modifier] Biographie

D’origine bourguignone, il est le fils de Teutberge d'Arles, la sœur d'Hugues d'Arles, et du comte Warnarius (Garnier) (tué en combat le 6 décembre 924), vicomte de Sens et comte de Troyes 895/96.

Manassès reçoit l’archevéché d’Arles vers 920, à la suite de l’installation d'Hugues d'Arles dans la cité provençale en 911 et peu après[1] reçoit du roi Louis III des droits sur la ville dont ceux perçus sur les Grecs et les autres gens venant à Arles[2]. Son installation sur le siège archiépiscopal arlésien s'inscrit dans le cadre des conflits de cette époque. La venue d'Hugues crée en effet une forte opposition entre l'aristocratie locale et la nouvelle aristocratie bourguignonne amenée par le comte. Ces tensions qui se traduisent parfois par des meurtres, culminent dans les années 915-920[3].

En 923, il cède à l’Église de Marseille, menacée par les bandes sarrasines, les églises de Fos[4] et l’abbaye Saint-André de la Cape où l’évêque de Marseille, Drogo peut se réfugier.

La disparition de son protecteur et oncle Hugues d'Arles en 948[5] ouvre pour lui et les proches du comte, une période pleine d'aléas. En Provence, en septembre 948, il fait une donation à Cluny, probablement pour l’âme de sa mère récemment décédée[6] et peu après, le 7 octobre 948, il organise l'élection d' Honorat[7], évêque de Marseille, de la famille des vicomtes de Marseille. Il vend en 949 le domaine de Montmajour à Theusinde dite aussi Teucinde, femme appartenant à une famille aristocratique d’origine bourguignonne, récemment installée à Arles, qui le cède aux moines bénédictins vivant sur cette île entourée de marécages. En Italie, à la mort de l'archevêque Ardaric décédé le 13 octobre 948, il est nommé à l’archevêché de Milan par Bérenger II et son épouse Willa la fille de Boson d'Arles. Il s'ensuit alors une période de conflits avec ses rivaux Adelman et Walpert qui se termine par le triomphe de ce dernier en 953[8].

L'inventaire du domaine de l'archevêque établi peu après son décés vers 961, montre que Manassès possédait un grand domaine foncier qui s'étendait sur la totalité du territoire du diocèse d'Arles, notamment en Argence, Autavès, Camargue et Crau[9]. Lui étaient également rattachées les trois abbayes d'Aniane, de Goudargues et de Cruas[10].

[modifier] Un rôle prépondérant

A propos de Manassès, on a pu parler de la prépondérance écrasante de l'archevêque d'Arles (J.-P. Poly). L'archevêque d'Arles devient le seul métropolitain en Provence. Il réussit à placer à la tête des évêchés des clercs de son entourage. Les évêques de Fréjus, de Vaison, de Venasque, résident à Arles et exercent les fonctions de prévôt du chapitre. Les évêques ne jurent plus fidélité au roi, mais à l'archevêque d'Arles.

L'importance des archevêques du Xe siècle résulte aussi d'un pouvoir et d'une richesse foncière qui ne sont pas encore diminués ni par les monastères ni par les papes. Mais l'Église d'Arles, comme plus généralement celle de Provence, doit commencer à composer avec les grandes familles comtales et vicomtales qui à partir de la seconde moitié du Xe siècle essayent de faire entrer la mense ecclésiastique dans leur patrimoine familial.

[modifier] Notes

  1. En 921
  2. Cf. Arles au Moyen Age de Louis Stouff, page 62
  3. Cf. Meurtre par exemple des parents de l'Mayeul, le futur abbé de Cluny.
  4. Concédée un temps à l'évêque de Marseille par l'archevêque d'Arles, Manassès, elle fut ensuite restituée à ce dernier une cinquantaine d'années plus tard.
  5. Le 10 avril 948.
  6. "matris mee Theotberg" in the Sep 948 donation to Cluny of her son "Manases archiepiscopus Arelatensis" made for her soul, presumably indicating that she was then deceased.
    Compte tenu de la date de cette donation - après le décès de son protecteur et oncle Hugues - on peut supposer que Manassès essaye de renouer des liens avec le puissant coadjuteur de Cluny, l'abbé Mayeul.
  7. Honorat est nommé le 7 octobre 948 évêque de Marseille par une une transaction entre Theusinde, Manassès et le chapitre d'Arles (Albanès, Ev. de Mars. n° 65).
  8. Liutprand de Crémone (c. 920-972) écrit vers 961:
    Walpert archevêque de Milan, échappé autant mort que vif à la fureur de Bérenger et d'Adalbert, vint trouver Otton et lui déclara qu'il ne pouvait pas supporter la cruauté des deux rois, ni celle de Willa qui contre tout droit divin et humain avait fait monter sur le siège de Milan l'évêque Manassès d'Arles; il disait également que Willa était une calamité pour son église parce qu'elle lui enlevait ce dont elle et les siens avaient besoin.
  9. Marin Aurell, Jean-Paul Boyer, Noël Coulet - La Provence au Moyen Âge, page 20
  10. Edouard Baratier (sous la direction de) - Histoire de la Provence, page 117)

[modifier] Sources

  • Marin Aurell, Jean-Paul Boyer, Noël Coulet - La Provence au Moyen Âge - ISBN 2853996174