Califat de Cordoue

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

le Califat de Cordoue fut le califat occidental dans lequel régna la branche des Omeyyades dite des Omeyyades de Cordoue, concurrent des Abbassides dans la civilisation islamique alors à son apogée. Son extension maximale atteint plus de 80% de la péninsule Ibérique, et fait suite aux invasions musulmanes en Europe occidentale.

Le nom Califat occidental correspondant à Cordoue, s'oppose au Califat abbasside, situé à Bagdad, pendant la période de leur coexistence.

Histoire d'al-Andalus
711 - 755 La Conquête

756 - 1039 Les Omeyyades de Cordoue


1039-1085 Les Taïfas


1085-1145 Les Almoravides


1147-1226 Les Almohades


1238 - 1492 Le royaume de Grenade


Reconquista
Thèmes connexes
Souverains d'al-Andalus
Sciences et techniques
Cartes d'al-Andalus

Sommaire

[modifier] Datation

La Conquête musulmane de l'Espagne s'est faite en 711, les terres sont ensuite constituées en un émirat omeyyade qui suit l'obédience de Damas. Les Omeyyades sont ensuite détrônés en 750 par les Abbassides, qui fondent leur propre dynastie. Presque tous les membres de la famille sont massacrés, mais le prince Abd al-Rahman Ier, réussit à s'enfuir, à gagner l'Espagne et à y établir une nouvelle dynastie à Cordoue. En 756, le pays devient un émirat indépendant sous le règne des Omeyyades de Cordoue. Il se transforme en Califat à compter de 929 jusqu'en 1031.

Les califes Omeyyades jouissent d'une mauvaise réputation dans l'historiographie musulmane, et le titre de Calife (successeur du prophète) leur est refusé à presque tous, pour le titre plus séculaire de Melik, roi.

[modifier] Personnages importants

Icône de détail Article détaillé : Califes de Cordoue.

[modifier] Fondation

salle du trone d'Abderramane III, à Madinat al-Zahra.
salle du trone d'Abderramane III, à Madinat al-Zahra.

Le 16 janvier 929 Abd al-Rahman III s’affranchit de l’autorité politique et religieuse de Bagdad en s’attribuant les titres de calife. Il transformera et embellira Cordoue et fixera sa résidence à Madinat al-Zahra, ville créée pour sa favorite Zahra à huit kilomètres de Cordoue. Sous son règne et celui de son successeur al-Hakam II, Al-Andalus connait la prospérité.

[modifier] Histoire

En 932, Tolède tombe aux mains des Omeyyades de Cordoue après un siège qui a infligé une terrible famine aux habitants. Le califat entre dans une période de paix et de prospérité. Vers 950, Abd al-Rahman III porte son autorité sur le Maghreb de Tanger à Alger. Il se heurte aux attaques des Fatimides.

En 955, le diplomate Hasdaï ben Shatprut est envoyé en compagnie d’un autre émissaire négocier un traité de paix avec le roi Ordoño III des Asturies. Le duc de Castille accepte à son tour un accord de paix. A la mort d'Ordoño III (hiver 956-printemps 957), son frère le roi de León Sanche Ier le Gras refuse d’honorer le traité de paix. La guerre reprend entre chrétiens et musulmans. Renversé par Ordoño IV en 958, Sanche obtient l'aide du calife de Cordoue pour regagner son trône, deux ans plus tard, et renouvelle la paix.

Les campagnes d'Almanzor, 977-1002
Les campagnes d'Almanzor, 977-1002

Sous le règne d'al-Hakam II à partir de 961, le califat est à son apogée. Son successeur Hicham II, en raison de son jeune âge, règne sous la tutelle du vizir du palais Ibn Abî’Amir (Almanzor). Celui-ci parvient à vaincre les Arabes qui s’étaient rebellés après son coup de force en s’appuyant sur de nouveaux arrivants berbères. Almanzor est victorieux de Ramire III de León en 978. Il relance la guerre sainte à partir de 980. Dans Al-Andalus, il maltraite et persécute les mozarabes. Juifs et chrétiens se réfugient vers le nord. Il lance des raids contre la Catalogne et les Asturies. Barcelone est détruite en 985, ses habitants sont fait prisonniers sans que le roi des Francs ne réponde à leur appel. Les Juifs de la ville sont massacrés. En 997 il prend Saint-Jacques de Compostelle dont le sanctuaire est détruit.

[modifier] Effondrement

A la mort d'Almanzor en 1002, le califat de Cordoue amorce sa chute tandis que l’armée nomme et destitue les califes. La guerre civile éclate à la mort de son fils Abd al-Malik al-Muzaffar en 1008. Les Berbères, les Arabes, les Slaves et les Espagnols s’affrontent pour le pouvoir. Cordoue est saccagée par les chrétiens en 1009. Madinat al-Zahra, la résidence du calife près de Cordoue, est détruite par les Berbères en 1013. Dès 1023, Abbad Ier, qadi (juge) de Séville se déclare indépendant et fonde le royaume ‘Abbadide qu’il agrandit avant sa mort. En 1027, les Cordouans font enfermer le dernier calife omeyyade dans une pièce avec sa fille qu’il adorait. Ils manquent de mourir de faim avant d’être relâchés. Suite à son éclatement à partir de 1031, le Califat est partagé entre 23 roitelets indépendants (Reyes de taifas, muluk at tawaif). Leurs gouverneurs se proclament émirs et lient des relations diplomatiques avec les royaumes chrétiens.

[modifier] Economie

L’agriculture reste traditionnelle (céréales, olivier, vigne) mais les Arabes ont amélioré les systèmes d’irrigation dans les vallées et les zones littorales et ont développé les cultures du figuier, de la canne à sucre, du citronnier, du bananier, du palmier-dattier (Elche), des plantes aromatiques et colorante (safran, garance, coriandre, henné) et textiles (lin et coton).

L’Espagne produit des minerais : or (Lérida, Grenade), argent (Murcie, Béja), fer (Guadalquivir), cuivre (Tolède, Elvira), plomb, marbre blanc (Sierra Morena), onyx (Grenade), pierres précieuses. Elle fabrique des armes (Tolède), travaille le verre et le cuir (Cordoue). Elle vend de l’huile et des tissus pour acheter du blé. Des esclaves, venus d’Europe orientale par Verdun, y transitent pour être envoyés en Orient.

Cordoue est avec Bagdad et Constantinople une des trois plus grande ville du monde, avec près de 250 000 habitants. [1]

[modifier] Culture

La porte du premier ministre à Madinat al-Zahra
La porte du premier ministre à Madinat al-Zahra

La langue officielle d’al-Andalus est l’arabe et tous les sujets portent des noms arabes quelles que soient leurs confessions. Les Juifs restent fidèles à l’hébreu et les mozarabes au latin. Les Juifs qui voyagent à Constantinople et à Alexandrie savent aussi le grec.

Abd al-Rahman III entretient de bons rapports avec les Juifs et les chrétiens. Il a pour conseiller et ami Recemundo, évêque de Cordoue, « Rabbi ben Zaïd ». Le calife prend à cœur de convoquer lui-même les conciles. Son médecin est le Juif séfarade Hasdaï ben Shatprut, à la fois philosophe et poète, qui traduit en arabe De materia medica, un manuscrit du médecin grec Dioscoride (d’Arnazarbe), envoyé par l’empereur byzantin Constantin VII Porphyrogénète. Hasdaï favorise d’autres intellectuels juifs, poètes et exégètes, dont les manuscrit nous sont ainsi parvenus (Jacob Al-Turtusi, Jeuda ben Sheshet, Dunash ben Labrat, Menahem ben Saruq, Moïse ben Hanoch, etc.). Ils communiquent avec le centre rabbinique de Babylone où se met au point la version définitive du Talmud sous l’égide de Saadia Gaon.

Al-Hakam II réunit une bibliothèque de plus de 400 000 volumes. Il envoie ses agents dans le monde à la recherche d’ouvrages rares. Ce travail permettra la transmission du legs gréco-romain à l'Occident. Almanzor crée une école de poésie à Cordoue, mais expurge la bibliothèque d’al-Hakam des ouvrages qu’il juge suspects d’hérésie.

[modifier] Notes et références

  1. en 961, il y avait 13 750 saqālibas masculins à Cordoue (source)