Burgondes

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Les Burgondes sont un peuple germanique du rameau ostique, originaire de Norvège, puis de l'île de Bornholm [Burgundarholm]), qui a participé aux invasions et migrations de la fin de l'Antiquité et du haut Moyen Âge, période durant laquelle ils s'établissent durablement en Gaule.

Sommaire

[modifier] Histoire

Arrivés en Poméranie dès le IIe siècle, sous la pression de la première vague migratoire des Goths vers le limes pontique, au terme de migrations en Germanie et sur le plateau bavarois, les Burgondes s'établissent autour de Mayence. Pris entre les Alamans au sud et les Francs au nord, menacés par les Huns à l'est, leur objectif est de devenir un des peuples "fédérés" de Rome mais dans un premier temps cette entreprise échoue, les Romains voyant dans la sédentarisation des Burgondes sur le limes rhénan un danger potentiel. La tâche de défendre le limes rhénan leur revient toutefois un siècle plus tard au moment de la seconde vague migratoire des Vandales, des Suèves et des Alains vers la Gaule. Venant appuyer Jovin lors du soulèvement en Germanie seconde, les Burgondes reçoivent un territoire sur le cours inférieur du Rhin qu'ils constituent en petit Royaume avec Worms comme capitale (début du Ve siècle).

Dès cette période, des clans royaux burgondes se convertissent au christianisme orthodoxe (catholicisme) ou à sa variante l'Arianisme, mais le peuple et la noblesse restent cependant en grande majorité païens, aux contacts des Goths.

En 436/437, sous la conduite de leur roi Gondichaire et profitant de l'agonie de l'Empire romain d'Occident, les Burgondes s'attaquent à la Belgique, ils rompent alors avec les Romains et se heurtent au général Aetius qui les défait grâce notamment à ses fidèles contingents de cavaliers huns. 20 000 guerriers burgondes seraient morts dans ce combat avec leur roi, le Gunther des Nibelungen ; le choc est terrible pour le peuple burgonde, terrorisé. Une partie d'entre eux sont soumis au roi hun Attila et s'établissent en Pannonie, tandis que les autres, certainement la majorité et bien que vaincus, se voient intégrés comme auxiliaires de l'armée romaine et sont installés en Sapaudia (« Pays des Sapins »), région qui couvrait les territoires frontaliers entre les Alpes et le Jura laissés à l'abandon par les Helvètes qui avaient reflué depuis longtemps vers la Suisse Allemande. Rome s'assure ainsi d'un fort contingent de soldats sur un des axes commerciaux essentiels de Gaule vers Rome.

En 443 commence officiellement le royaume de Burgondie avec Genève pour capitale principale et plus tard les villes de Lyon, prise en 457, perdue et reprise en 459, Dijon, Besançon, Autun, Langres (vers 460) et Vienne en (463). Le peuple burgonde, un des peuples scandinaves les moins nombreux, divisé en deux groupes et réduit par les attaques hunniques et alémaniques des décennies précédentes (autour de 80 000 individus tout au plus), s'installe essentiellement autour de Genève, sur la rive Nord du lac Léman, en Romandie, et dans la vallée de la Saône. Des détachements militaires seront quant à eux cantonnés dans quelques points stratégiques comme notamment la forteresse d'Avignon et à Embrun ; rien d'une invasion massive en Gaule. En 475, ils atteignent la Durance et espèrent atteindre la Méditerranée. En 500/501, leur extension est stoppée par les Francs qui les battent près de Dijon, sur l'Ouche.

En 451, les Huns sont défaits aux Champs Catalauniques par l'armée des fédérés de Rome sous la conduite de Aetius avec le renfort des contingents Burgondes qui lui permettent de l'emporter dans la phase finale du combat. Attila, vaincu, se retire vers l'actuelle Hongrie.

Dès 457, les cités gallo-romaines voisines s'agrègent volontairement au royaume naissant Burgonde, les patrices font allégeance à Gondioc, beau-frère de Ricimer, général en chef de l'armée romaine. Les Burgondes commencent à devenir incontournables tant en Gaule qu'à Rome. Ils cherchent à étendre leur royaume vers la Méditerranée mais ne parviennent pas à prendre Arles et Marseille. Ricimer, d'origine Suève, ne peut accéder à la dignité impériale, il demande de l'aide à Gondioc pour prendre Rome, qui lui envoie son fils Gondebaud. Ricimer doit finalement élever Olybrius à la dignité impériale et se retirer. Gondebaud lui-même à la mort de Olybrius tentera de réaliser le rêve de Ricimer en tentant de s'imposer mais il doit à son tour élever à la dignité impériale Glycérius dont l'origine reste obscure. Gondebaud est maître de la milice pour Rome et Glycérius n'empêchera pas son expansion.

Vers l'an 502, alors en pleine apogée sous leur roi Gondebaud, les Burgondes ont étendu leur domination vers l'ouest et le sud et leur royaume est désormais centré sur le Lyonnais et le Dauphiné. Gondebaud a su éliminer ses trois frères pour concentrer le pouvoir entre ses mains, renforçant ainsi le pouvoir royal. Il est l'auteur de la compilation d'un ensemble de lois mettant à pied d'égalité ses sujets gallo-romains et burgondes, (la célèbre loi dite Gombette), autorisant notamment les mariages mixtes mais réservant toujours les hautes fonctions politiques et militaires aux seuls burgondes, il est également connu comme étant l'oncle de l'épouse catholique de Clovis, Clotilde.

Son fils Sigismond lui succède en 516. Il abandonne bientôt officiellement l'arianisme et devient un fervent catholique, pieux et sincère dans sa foi, tentant vainement d'amener son peuple dans sa foi. Il avait déjà fondé vers 515 l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune et en fit un lieu de pèlerinage. La reine Clotilde, sa tante, intrigue auprès de son fils Clodomir afin de mettre la Burgondie sous la coupe du royaume franc et la venger de la mort de ses parents. Clodomir envahit la Burgondie et fait prisonniers Sigismond, sa femme et ses enfants à Orléans. Godomar, le frère de Sigismond, parvient en Burgondie avec des renforts et massacre la garnison franque laissée par Clodomir, qui fait exécuter Sigismond, sa femme et ses enfants. À sa mort, le royaume burgonde, déjà affaibli depuis la mort de Gondebaud et pressé par les Francs, les Alamans et les Ostrogoths d'Italie, est considérablement réduit. Mais grâce à leur victoire à la bataille de Vézeronce sur le roi franc Clodomir, tué au combat, les Burgondes et leur nouveau roi Godomar III sauveront un temps les restes du royaume.

En 532, le royaume Burgonde est attaqué par les frères de Clodomir, à la bataille d'Autun. En 534, la Burgondie est dépecée et annexée par les Francs mérovingiens, les fils de Clovis et de Clotilde (princesse Burgonde) s'en partagent les terres : Théodebert reçoit le nord qui deviendra la Franche-Comté, Childebert reçoit le Lyonnais jusqu'à la Savoie, à Clothaire échoit la Provence jusqu'à la Durance. Au fil de la succession des rois francs, la Burgondie est progressivement incorporée au royaume franc bien qu'elle reste considérée comme une entité. Ainsi, Dagobert Ier est roi des Francs et roi de Burgondie.

Les Burgondes n'opposeront pas de résistance soutenue face aux Francs. Ils purent cependant garder un temps leurs lois et leurs coutumes jusqu'au milieu du VIIe siècle et se mêleront aux autochtones. Cependant, le souvenir de cet éphémère royaume burgonde et de ce peuple scandinave resta longtemps dans les esprits et il laissa à leurs descendants directs (mais aussi aux autochtones), un sentiment national fort qui sera source de nombreux conflits dans tout le Moyen Âge, dès l'époque mérovingienne avec des tentatives de création d'une Burgondie indépendante et bien plus tard opposant rois capétiens aux empereurs germaniques jusqu'à l'époque du roi Louis XI et de Charles le Téméraire. Quant à la loi Gombette, elle reste en vigueur, réservée pour la seule noblesse d'ascendance burgonde selon la personnalisation des lois. Elle sera supprimée au début du IXe siècle avec les efforts notamment d'Agobard, archévêque de Lyon, qui jugea cette personnalisation des lois injuste par rapport au reste de la population, moins favorisée.

L'actuelle Bourgogne perpétue encore de nos jours par son nom, le souvenir de ce premier royaume.

[modifier] Liste des rois burgondes

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export pour fusion : rois des Burgondes

[modifier] Citations

Voici comment les Burgondes sont décrits par Sidoine Apollinaire, un noble Arverne pétri de culture latine, en 469 :

« Qui ? moi chanter l'hymen en vers fescennins quand je vis au milieu des hordes chevelues, assourdi par les sons de la langue germaine, obligé d'avoir l'air de louer quelquefois ce que chante, bien repu, le Burgonde aux cheveux graissés d'un beurre rance ? Veux-tu savoir ce qui brise ma lyre ? Effrayée par les rauques accents des Barbares, Thalie dédaigne les vers de six pieds depuis qu'elle voit des patrons qui en ont sept. Heureux tes yeux, heureuses tes oreilles, heureux même ton nez ! car il ne sent pas dix fois le matin l'odeur empestée de l'ail ou de l'oignon. Tu n'as point à recevoir avant le jour, comme si tu étais le vieux père de leur père, ou le mari de leur nourrice, ces géants auxquels suffirait à peine la cuisine d'Alcinoüs. Mais ma muse se tait et s'arrête, après ce petit nombre d'hendécasyllabes, de peur que, dans ces vers badins, quelqu'un n'aille trouver encore une satire.
(Carmina XII.) »

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Articles génériques

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Jean-Pierre Leguay, L'Europe et les États barbares, Ve-VIIIe siècles, Saint-Étienne, France, 2002 (ISBN 2-7011-3254-1)
  • P. Périn & G. Duchet-Suchaux, Clovis et les Mérovingiens, P. Périn & G. Duchet-Suchaux, Paris, France, 2002 (ISBN 2-235-02321-5)
  • Justin Favrod, Les Burgondes. Un royaume oublié au cœur de l'Europe, Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne, 2002 (ISBN 2-88074-596-9)
  • Michel Rouche, Clovis, éd. Fayard, 1996 (ISBN 2-213-59632-8)
  • Jean Prieur, Aimé Bocquet, Michel Colardelle, Jean-Pierre Leguay, Jean Loup, Jean Fontanel, "La Savoie des origines à l'an mil", Rennes, 1983 (ISBN 2-85882-459-9)
  • Katalin Escher, Les Burgondes, Errance, Paris, 2006