Archevêché d'Arles

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Cet article concerne l'ancien archevêché. Pour le diocèse actuel, voir Archidiocèse d'Aix-en-Provence.

L'archevêché d'Arles est une des Églises les plus anciennes et le plus vénérables des Gaules. Seul l'archevêché de Lyon pourrait lui disputer l'honneur de la préséance. La date de la fondation du siège épiscopal d'Arles est inconnue, elle remonte en tout cas au tout début de l'installation de l'Église en France. Selon une tradition, saint Trophime aurait évangélisé la cité d'Arles, en aurait été le premier pasteur vers 220-240.

Le siège arlésien a été illustré par de grands saints : Honorat d'Arles, Hilaire d'Arles, Césaire d'Arles, Aurélien d'Arles.

Sommaire

[modifier] L'influence d'Arles : le diocèse et la province ecclésiastique

[modifier] Le diocèse d'Arles

Arles, le portail de la basilique Saint-Trophime
Arles, le portail de la basilique Saint-Trophime

Au XVIIIe siècle le diocèse d'Arles compte 51 paroisses, dont 39 en Provence, 7 en Languedoc et 5 en Camargue. Il est bordé, à l'ouest, par le diocèse de Nîmes, au nord, par le diocèse d'Avignon et, à l'est, par l'archidiocèse d'Aix et par le diocèse de Marseille.

L'archevêché d'Arles est supprimé et réuni par le concordat de 1801 au diocèse d'Aix.

[modifier] La province ecclésiastique

C'est au concile de Turin, en 401 que le mot métropole fait son apparition. En 417, le pape Zosime confère l'autorité métropolitaine à l'évêque d'Arles dans les trois provinces de Viennoise, Narbonnaise Ière et Narbonnaise IIe Cette décision est contestée par les évêques de Narbonne et de Marseille, faisant valoir qu'aucun évêque d'une province déterminée ne pouvait être ordonné par un évêque d'une province étrangère. Cette contestation est rencontrée par le pape Léon Ier qui, en 445, déclare que la primatie concédée à l'évêque Patrocle d'Arles n'était que purement personnelle. En 450, cependant, le pape attribue les fonctions de métropolitain à l'évêque de Vienne dans les diocèses de Valence, Tarentaise, Genève et Grenoble, tandis que les autres cités de la Viennoise et de la Narbonnaise IIe restent du domaine du métropolitain d'Arles. Un siècle plus tard, en 551, la province ecclésiastique arlésiennne s'agrandit de l'évêché d'Uzès qui passe sous la métropole d'Arles.

En 794, au concile de Francfort, les limites entre les provinces ecclésiastiques d'Arles et de Vienne sont à nouveau débattues. La province ecclésiastique d'Arles perd les archevêchés d'Aix et d'Embrun, qui sont élevés au rang de métropoles. La province ecclésiastique d'Arles conserve cependant huit suffragants : Marseille, Toulon, Orange, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Avignon, Vaison, Cavaillon et Carpentras.

En 1475[1], à la mort de l'archevêque d'Arles, Philippe de Lévis, le pape Sixte IV réduit le diocèse d’Arles : il détache le diocèse d'Avignon de la province d'Arles, l'érige en métropole et lui attribue comme suffragants les évêchés comtadins de Carpentras, Cavaillon et Vaison.

Le concordat de 1801 supprime l'archevêché d'Arles. Cependant le concordat du 11 juin 1817, le rétablit avec un certain nombre de suffragants, mais le projet n'est pas ratifié par les chambres[2]. Depuis 1822, l'archevêque d'Aix porte en même temps les titres d'Arles et d'Embrun.

[modifier] Histoire du siège d'Arles, de ses évêques et archevêques

[modifier] L'Antiquité tardive

[modifier] IIIe siècle

Le premier évêque historiquement connu est Marcianus, dont saint Cyprien demande au pape Étienne Ier, sur le rapport de Faustin, évêque de Lyon, la déposition pour son adhésion au schisme de Novatien, en 254. Naissance probable du diocèse d'Arles; une lettre de saint Cyprien adressée au pape Etienne pour la défense des chrétiens repentants de la ville d'Arles après les persécutions de Dèce mentionne pour la première fois le nom d'un évêque, Marcianus. Cette lettre est datée de 254 :

Frère Cyprien à Étienne,
Notre collègue Faustinus, de Lyon, un frère qui nous est très cher, m’a écrit à deux reprises en me disant que Marcianus qui est à Arles, porte contre les chrétiens repentants la très grave accusation d’hérésie, si bien que les serviteurs de Dieu qui se repentent, souffrent et implorent l’église dans les larmes, les gémissements et la douleur, se voient refusées la consolation et l’aide de la piété divine et de la douceur du Père ; alors qu’ils sont blessés, ils n’ont pas le droit de venir soulager leurs blessures, mais sans espoir d’apaisement et de communion, ils sont laissés en pâture aux loups et jetés en proie au diable. [3]

[modifier] IVe siècle

Au début du siècle en 303 - 304, les persécutions de Dioclétien contre les chrétiens sont à l'origine d'une légende probablement vraie : le martyr de l'arlésien Saint-Genest. Cette anecdote rappelle l'implantation précoce du christianisme dans la cité. C'est sous cet empereur, à la fin du IIIe ou au début du IVe siècle, que le territoire du diocèse arlésien est réduit en Provence occidentale au profit de ceux d'Aix et de Marseille. Toutefois, l'importance de l'archevêché d'Arles au IVe siècle est illustrée par les conciles qui s'y tiennent respectivement en 314 sous la présidence de Marin et en 353 sous celle de Saturnin à la demande des empereurs romains.

  • Regulus[4]
  • Marin ou Marinus (mentionné en 313–314)
  • Martinus[5]
  • Nicaise, Nicasius ou Nicassius[6] (?), ancien diacre de Martinus.
  • Crescentius[7]
  • Valentinus (346-347), participe au concile de Cologne[8] [9]contre l'évêque de la ville Euphrate qui niait la divinité de Jésus-Christ; toutefois non mentionné sur les listes des évêques d'Arles figurant dans la GCN.
  • Saturnin (347?–361), déposé au concile de Paris pour arianisme; non mentionné sur les listes des évêques d'Arles figurant dans la GCN pour cause probable de son rôle dans la crise de l'arianisme.
  • Concordius (361-† 385)
  • Gratius[10]
  • Ambrosius[11]
  • Martinus[12]
  • Ingenuus - mentionné en 394-395; au concile de Nimes[13]

[modifier] Ve siècle

Vue panoramique du monastère actuel de Lérins
Vue panoramique du monastère actuel de Lérins

Au Ve siècle, les évêques d'Arles profitant du nouveau statut de leur cité s'efforcent d'unifier l'Église des Gaules sous leur seule juridiction apostolique. Ils y réussissent temporairement une première fois le 22 mars 417, lorsque le pape Zosime élève l'Église d'Arles au rang de primatiale des Gaules en faveur de son évêque Patrocle[14]. Le pape confirme ainsi le rôle important que tient alors Arles, nouvelle préfecture du prétoire des Gaules. Patrocle, devenu vicaire en Gaule, est investi du pouvoir de délivrer aux évêques les " lettres formées " sans lesquelles ils évêques ne peuvent s'absenter de leur diocèse et se présenter à Rome. Par ailleurs, par édit du 17 avril 418, reçu à Arles le 23 mai, cette cité est choisie comme lieu d'assemblée annuelle des sept-provinces du diocèse de Viennoise (Viennoise, Narbonnaise I et II, Aquitaine I et II, Novempopulanie et Alpes-Maritimes), laquelle assemblée doit se tenir chaque année entre le 13 août et le 13 septembre, en présence du préfet du prétoire, des gouverneurs des provinces, des nobles revêtus de dignités officielles et des députés des curies.

Toutefois le privilège de Patrocle est annulé dès 418 par Boniface Ier, le successeur de Zosime. L'Église d'Arles qui est ensuite investie par des moines-évêques de l'abbaye de Lérins fondée vers 404 par Honorat d'Arles (Saint Honorat), est sanctionnée en 445 par le pape Léon 1er à la suite d'interventions imprudentes de son évêque Hilaire.

Néanmoins dès 450, à la l'initiative de dix neuf évêques de Viennoise, Narbonnaise seconde et Alpes maritimes, il est demandé au pape Léon Ier de reconnaître à nouveau la pleine et entière primatie d'Arles et de son évêque Ravennius sur les Gaules. Ce qu'il fait en partie. Et à la fin du siècle, en mars 492, lorsque le pape Gélase Ier, écrit à Eone l'archevêque d'Arles, pour lui faire part de son élection et pour le charger d'en informer les évêques des Gaules, il reconnaît encore comme son prédécesseur la primatie de l’Église d’Arles.

Vers l'an 500, la cité archiépiscopale comprend trois églises :

  1. la basilica Constantia, sur laquelle nous avons très peu d'informations mais il pourrait s'agir d'une ancienne église du début du IVe siècle (lieu du concile de 314 ?) batie sur un temple romain et devenue ensuite Sainte Marie Majeure, puis Notre Dame de la Major,
  2. l'ecclesa publica, l'ancienne cathédrale construite au milieu du IVe siècle dans la partie sud-est de l'Auture et dont les traces archéologiques ont été découvertes en décembre 2003,
  3. et la basilica beati et primi martyris Stéphani, bâtie au Ve siècle et qui devient à la fin de ce siècle la cathédrale de la ville (elle deviendra plus tard Saint-Trophime),
  • Geronimus[15]
  • Savinus[16]
  • Heros (408-412) - Héros, Tourangeau est moine et disciple de Martin. Il est nommé par Constantin III et chassé par Constance, tout comme son collègue, l'évêque d'Aix Lazare.
  • Patrocle (412-† début 426) - Il meurt assassiné en 426 par le magister militum Felix.
  • Hellade (début 426-fin 426) - Appelé parfois Euladius, son épiscopat éphémère est (encore) mis en doute par certains. Toutefois sa réalité est bien établie[17].
  • Honorat d'Arles (Saint Honorat) (début 427-† le 6 janvier 430)
  • Hilaire (430-† le 5 mai 449)
  • Ravennius (juin 449-† 456 ou 461?)
  • Augustal (456-456 ou 461) - Existence contestée; non mentionné par la GCN
  • Léonce (456 ou 461-† fin 484)
  • Eon (début 485-† le 17 août 502)

La GCN[18] indique la présence d'un évêque Johannes soit entre Léonce et Eon, soit entre Eon et Césaire. Compte tenu des informations biographiques disponibles sur ces trois évêques, cela semble peu probable.
On trouve également trace d'un certain archevêque Paulin, qui s'il a réellement existé aurait eu son épiscopat vraisemblablement au début de ce siècle[19].

[modifier] Les époques mérovingienne et carolingienne

[modifier] VIe siècle

La primatie d'Arles qui a pratiquement cessé de faire parler d'elle en 480, aussitôt après le retrait des grandes administrations romaines, revient sur le devant de la scène une trentaine d'années plus tard lorsque ces mêmes administrations se réinstallent dans la cité à la suite de la main mise en 508 de Théodoric le Grand sur la cité. En 513, le pape Symmaque donne à Césaire le droit de porter le pallium et en 514 fait de lui son représentant en Gaule et en Espagne.

Après l'annexion de la Provence par les Francs en 536, des liens particuliers sont alors établis entre la royauté et l'évêché. En 540, un acte de donation de Childebert, fils de Clovis donne les pêcheries situées au Sud de l'étang de Caronte probablement l'actuel quartier de Jonquières à Césaire. Les Archevêques d'Arles deviennent peu à peu des propriétaires terriens de la région. La désignation des évêques par les rois mérovingiens devient aussi la règle dans la seconde moitié du VIe siècle[20]. On voit alors des évêques et des rois prendre position commune contre le pape[21]. La royauté mérovingienne a également son mot à dire dans la réorganisation des évêchés. Ainsi, en 551, l'évêché d'Uzès, sous l'épiscopat de l'évêque Firmin, passe sous la métropole d'Arles. L'autorité religieuse d'Arles est manifeste lorsqu'en 554, l'évêque Sapaudus réunit à Arles pour un concile les titulaires, ou représentants, des dix-huit diocèses appartenant aux anciennes provinces des Alpes-Maritimes, de Narbonnaise Seconde, et même avec Vaison, du sud de la Viennoise. Si après 554 et pendant plus d'un siècle les conciles ne se tiennent plus à Arles, l'archevêque de la ville préside de nombreux conciles nationaux : à Paris en 552 et 573, à Orléans en 541 et 549 ou en des villes plus proches telles que Mâcon en 581 et 585, Lyon en 570 et Valence en 574[22].

Toutefois Arles perd peu à peu de son influence et, après de nombreux rebondissements au cours desquels l'archevêque de la ville reçoit le pallium - Auxanius en 545, Aurélien en 548, Sapaudus en 557, Virgile en 595 - le patriarche de Lyon devient le seul chef de l'Église des Gaules. L'autonomie des archevêques arlésiens se réduit également : par exemple en 586, l'archevêque d'Arles Virgile qui gérait, comme ses prédécesseurs, la perception les revenus des domaines ecclésiastiques en France, se voit chapeauté par instruction papale, par l'évêque d'Aix chargé de le contrôler[23]. Il est possible que cette perte d'influence résulte du déplacement du pouvoir politique vers le nord de la France à la suite du rattachement, pourtant souhaité par les archevêques d'Arles, de la Provence aux Francs en 536.

[modifier] VIIe siècle

L'Église d'Arles tombe au fil du VIIe siècle dans une profonde décadence alimentée par la brutalités des mœurs et l'ignorance de plus en plus grande des clercs. Si en 613, Florianus se voit encore conférer le pallium et le vicariat, l'archevêché d'Arles s'efface progressivement dans les années qui suivent. Le démantèlement de la primatie de l'Eglise d'Arles continue sous Théodosius, destitué en 650 au concile de Chalon-sur-Saône pour mauvaise conduite. On mentionne encore un concile tenu à Arles en 682 sous la direction de Felix, puis après 683, plus rien. Les patrices mettent la main sur la plupart des biens ecclésiastiques et il est probable que le diocèse d'Arles ait été sans évêque pendant de longues années. En tout cas, la liste des archevêques comporte de grandes lacunes dans ce siècle et le suivant.

  • Florianus (mentionné en 613), successeur de Virgile
  • Theodose ou Theodosius (632 - 650); sa mauvaise conduite lui vaut d'être destitué lors du concile de Chalon-sur-Saône (647-653)[26]
  • Jean Ier (vers 651 - 668); on possède une lettre de cette évêque adressée aux soeurs du monastère Sainte-Marie, vers 670[27].
  • Anastasius[28]
  • Austrobertus[29]
  • Felix (vers 679 - 682); non mentionné dans la GCN
  • Wolbertus (mentionné en 683) - probablement le premier d'origine franque; La GCN indique Wibertus ou Vulberti

Aucun évêque n'est connu entre 683 à 788, toutefois la GCN indique les noms de :

[modifier] VIIIe siècle

Charles Martel après avoir ravagé la Provence distribue les biens ecclésiastiques à ses leudes. Les évêchés en ruines sont dans les mains des laïques et les monastères sont dévastés par les bandes de mauresques. À Arles un seul évêque est connu de cette période : Elifantus. La GCN indique toutefois un liste épiscopale, avec des noms inconnus.

  • Prothasius[32]
  • Imnodius[33]
  • Georgins[34]
  • Ratbertus[35]
  • Kavisarius[36]
  • Wilimaris[37]
  • Wiliaris[38]
  • Arladis[39]
  • Elifantus (788-794) ou selon la GCN Alefantus - En 794, au concile de Francfort, l'archevêché d'Arles est éclaté en trois (les diocèses d'Embrun et d'Aix deviennent indépendants); signalé en 788 dans les actes d'un concile de Narbonne, à l'authenticité non assurée[40].
  • Lupo[41]

[modifier] IXe siècle

La renaissance carolingienne améliore le triste état de l'église arlésienne. Sur l'ordre de Charlemagne le concile d'Arles de 813 contribue à la restauration du temporel des l'églises provençales d'Arles et de Marseille. L'empereur associe étroitement les évêques à l'administration et à partir de cette époque, les prélats arlésiens participent aux assemblées des grands et aux luttes liées à la désagrégation de l'Empire. En 815, l'archevêque d'Arles Jean II est envoyé par Louis le Pieux à Ravenne pour réconcilier le pape et l'archevêque de Ravenne. Le gouvernement impérial favorise aussi la reconstitution du temporel ecclésiastique; les biens de l'Église, augmentés des legs et donations constituent une mense unique gérée par les archevêques qui disposent aussi d'abbayes dont ils nomment les abbés ou qu'ils dirigent personnellement[42].

Finalement à la fin du IXe siècle, le pouvoir temporel et le prestige des archevêques d'Arles dominent l'Église provençale. Ainsi au printemps 878, Boson et l'évêque d'Arles Rostang accueillent à Arles le pape Jean VIII qui fuit l'Italie. À cette occasion, Rostang reçoit le pallium. Peu de temps après, en octobre 879, à Mantaille (près de Valence, dans la Drôme), Boson se fait sacrer Roi de Provence avec l'appui de l'évêque d'Arles. Seuls trois prélats provençaux, dont l'archevêque d'Arles, sur vingt-trois au total et onze présents soutiennent cette prise de pouvoir ce qui souligne l'engagement fort de l'épiscopat arlésien auprès des princes bourguignons dès cette époque. Quelques années plus tard en 890, le même prélat participe activement à la réunion de Valence qui organise un royaume de Provence autour du roi Louis III, le fils de Boson.

  • Rustan (mentionné en 806); non référencé dans la GCN
  • Jean II (811-816 ou 819) - il aurait commencé à fortifier les côtes de Camargue contre les Sarrasins
  • Nothon ou Noto (819 ou 824-844 ou 850)
  • Rotland (850 ou 852-† le 18 septembre 869) - enlevé et tué par les Sarrasins en septembre 869 lors d'un raid en Camargue
  • Walter ?; non mentionné par la GCN
  • Rostang (ou Rostaing) (871-914)

[modifier] L'époque romane

[modifier] Xe siècle

On a pu parler de la prépondérance écrasante de l'archevêque d'Arles (J.-P. Poly). L'archevêque d'Arles devient le seul métropolitain en Provence. Il réussit à placer à la tête des évêchés des clercs de son entourage. Les évêques de Fréjus, de Vaison, de Venasque, résident à Arles et exercent les fonctions de prévôt du chapitre. Les évêques ne jurent plus fidélité au roi, mais à l'archevêque d'Arles.

Les archevêques deviennent également à cette époque de grands propriétaires fonciers. L'inventaire du domaine de l'archevêque Manassès, établi peu après son décés vers 961, montre qu'il possédait des propriétés qui s'étendaient sur la totalité du territoire du diocèse d'Arles, notamment en Argence, Autavès, Camargue et Crau[43]. L'importance des archevêques du Xe siècle résulte aussi d'un pouvoir qui n'est pas encore diminué ni par les monastères ni par les papes. Mais l'Église d'Arles, comme plus généralement celle de Provence, doit commencer à composer avec les grandes familles comtales et vicomtales qui à partir de la seconde moitié du Xe siècle essayent de faire entrer la mense ecclésiastique dans leur patrimoine familial.

[modifier] XIe siècle

Alors vinrent des évêques qui n’en étaient pas, mais bien des loups rapaces, envahisseurs simoniaques, publiquement mariés… c’était là non des pasteurs, mais des mercenaires ; ils ne gardaient pas les brebis, mais tondaient la laine et suçaient le lait.

Cette notice, rédigée lors d'un concile d’Avignon est révélatrice de la situation de l’Église provençale tombée aux mains des laïcs. Les familles de la région mettent la main sur les sièges épiscopaux et sur les chapitres.
Le XIe siècle voit aussi le développement du chapître ecclésiastique, qui accapare progressivement des ressources de l'archevêché. Toutefois dès le milieu du XIe siècle apparaissent les temps nouveaux de la Réforme Grégorienne, réforme qui s'efforce de récupérer les biens épiscopaux. Et à Arles comme ailleurs, elle produit de fortes tensions entre le pape, les archevêques, le comte et les grandes familles aristocratiques.

Liste des archevêques

  • 1005-1029 : Pons de Marignane, se retire à l'Abbaye Saint-Victor de Marseille.
  • 1030-1069 : Raimbaud de Reillanne, dit aussi Raimbaud d'Arles
  • 1070-1180 : Aicard d'Arles, appelé aussi en raison de ses origines - les vicomtes de Marseille -, Aicard de Marseille; il usurpe l'archevêché d'Arles entre 1080 et 1098, puis après un intermède, entre 1108 et 1113.
  • 1080-1098 : Aicard d'Arles est déposé par le pape en 1080-1081, mais les Arlésiens interdisent l'entrée de la cité à Gibelin, son successeur désigné. Aicard usurpe alors le titre et la fonction d'archevêque d'Arles, probablement jusqu'en 1098. À propos de cette situation, il convient de souligner l'attitude du pape Urbain II : de passage en France en 1095-1096 pour précher la première croisade (Concile de Clermont en 1095), Urbain II sillonne les villes du Languedoc et de Provence (Montpellier, Nimes, Saint-Gilles, Avignon, Aix, ...) tout en évitant soigneusement la cité d'Arles alors aux mains d'un évêque banni.

[modifier] XIIe siècle

Tour fortifiée de l'abbaye Saint-Victor
Tour fortifiée de l'abbaye Saint-Victor

Entre 1096 et 1119, l'Église profite de l'absence des dynasties locales, parties en croisade, pour mettre de l'ordre dans sa hiérarchie, plaçant des réformateurs à la tête de ses évêchés. À Arles, la rebellion épiscole d'Aicard de la fin du XIe siècle entraine un déclin du diocèse arlésien jusqu'aux années 1150. Ainsi le 3 février 1112, le mariage de comte de Barcelone Raimond Bérenger et de Douce, la fille aînée de Gerberge de Provence, comtesse de Provence se déroule à Saint-Victor de Marseille et non à Arles, alors capitale du comté de Provence, probablement en raison des attaches catalanes de l'abbaye Saint-Victor, mais plus certainement à cause de la présence de l'évêque banni Aicard sur le diocèse arlésien à cette date.

En Provence, on assiste après les graves tensions de la période grégorienne à une normalisation des relations entre les évêques et les grands laïcs de manière concomittante à la diffusion des usages féodo-vassaliques au bénéfice des seigneuries ecclésiastiques. L'archevêque Raimon de Montredon (1142-1160), comme par la suite ses successeurs, se préoccupe de préciser la nature des relations qui lient l'Église aux fidèles laïcs qui tiennent d'elle certains de leurs domaines. Il se montre d'abord soucieux de consolider et de développer le patrimoine de la mense épiscopale [44] et prend également grand soin de la prestation des serments qu'il estime lui être dus. Ainsi, par exemple, en 1142, Peire de Lambesc qui reçoit en fief de l'archevêque Raimon — en contrepartie de l'abandon de ses droits sur Salon — les castra de Vernègues et d' Avallon, doit prêter un serment de fidélité qui l'oblige explicitement à l'hommage, à l'aide (« servicium »), à une albergue de vingt chevaliers et à devoir rendre les deux castra sur simple requête de l'archevêque.
Cependant les grands seigneurs comme ceux des Baux ou de Marseille, échappent à ce traitement et bénéficient de la poursuite des relations traditionnelles, plus égalitaires [45]. En ce qui concerne les Baux, compte tenu de la position dominante de cette famille parmi les grands laïcs de la région, Raimon de Montredon comprend en effet rapidement l'intérêt à s'entendre avec ces seigneurs qui disposent en outre d'une certaine influence sur le comte de Saint-Gilles avec lequel le siège d'Arles est en délicatesse à propos des terres d'Argence depuis le début du XIIe siècle[46]. A la fin du siècle, les archevêques Pierre Isnard (1183-1190) et Imbert d’Eyguières[47](1191-1202) féodalisent toutefois les relations entre l’archevêché et cette puissante famille aristocratique au prix d’un doublement des domaines inféodés à cette lignée.

Après avoir reçu la seigneurie de Salon-de-Provence en 1142, les archevêques d'Arles en font leur résidence principale. La richesse du terroir, la protection offerte par le château de l'Empéri d'une part et l'agitation urbaine d'Arles avec la création du consulat d'autre part, expliquent ce choix dans une période troublée par les guerres et les révoltes. La ville et son château sont ainsi liés pendant sept siècles à la temporalité de l'Église d'Arles. Dans cette seconde moitié du XIIe siècle, les archevêques d'Arles sont choisis au sein du chapitre par la cooptation des chanoines. Cette élite cléricale vit dans des bâtiments nouvelles construits autour de la cathédrale Saint-Trophime ; elle consacre son temps à la vie religieuse selon la règle de Saint-Augustin et aux études du droit aussi bien romain que canonique dont Arles, sous l’influence de la Septimanie proche où enseignent les maîtres venus de Bologne, devient avec Saint-Ruf d’Avignon un centre important de diffusion en Provence. On peut également noter que dès la seconde moitié du XIIe siècle, les archevêques d'Arles se font inhumés dans la cathédrale Saint-Etienne.

Néanmoins à partir de 1180, l'importance de l'archevêché d'Arles passe progressivement au second rang, derrière celle d'Aix où les comtes de Provence viennent d'établir leur résidence comtale.

La fin du siècle est agitée dans la cité, notamment sur le plan religieux. Ainsi en novembre 1191, le pape Célestin III dans la bulle remise au nouvel archevêque Imbert d’Eyguières décrit dans la tradition de la paix de Dieu les troubles qui agitent la cité archiépiscopale et qui se traduisent par les pillages des marchands, l’arrivée de mercenaires et l’accueil des hérétiques. Il accorde à Imbert les pleins pouvoirs pour extirper le mal et lui permet d’user à sa convenance de l’excommunication[48].

  • Gibelin (officiellement 1080, en réalité vers 1098-1099, décembre 1107 ou † décembre 1112) - légat du pape et patriarche de Jérusalem
  • 1107-1115 : vacance entre décembre 1107 -date du départ de Gibelin en Palestine- et octobre 1115 -date de l'élection d'Atton de Bruniquel-. Toutefois certains historiens (Florian Mazel) suggèrent que l'archevêque Aicard aurait pu retrouver son diocèse entre 1107 et 1113 date où ils situent sa mort.
  • Atton de Bruniquel (6 octobre 1115-† le 6 mars 1129)
  • Bernard Guerin/Garin (1129/août-† le 2 mars 1138) - légat du pape
  • Guillaume Monge (1139 ?-† le 1er janvier 1142) - légat du pape
  • Raimon de Montredon (1142-† le 16 avril 1160) - ancien chanoine de Nîmes, archidiacre de Béziers et évêque d’Agde
  • Raimon de Bollène (1163-† le 22 juin 1182) - inhumé à Saint-Trophime.
  • Pierre Isnard (1183-† 1190) - ancien chanoine d’Arles et évêque de Toulon.
  • Imbert d’Eyguières (9 octobre 1191-† le 20 juillet 1202) - ancien chanoine et sacriste d’Arles.

[modifier] L'époque gothique

[modifier] XIIIe siècle

L'Occitanie et les hérésies aux portes d'Arles
L'Occitanie et les hérésies aux portes d'Arles

En janvier 1208, l’attitude anti-épiscopale de l’aristocratie et du comte se traduit par le meurtre de Peire de Castelnau assassiné par un proche du comte de Toulouse et des Porcelet aux portes d'Arles (probablement à Fourques ou à Trinquetaille). A la suite de cet incident et de l'opportunité offerte par le décès du comte de Provence, Alphonse II, le 2 février 1209 à Palerme, le conflit va désormais s'étendre avec la croisade des albigeois entreprise dès la fin du mois de juin 1209. L’église d’Arles profite de cette situation. Arrivée dans la cité vers le 15 juillet, l’armée des croisés impose sa loi et le parti anticlérical arlésien est alors sévèrement châtié : le château des Porcelet érigé sur l'île de la Cappe est par exemple démantelé. Ainsi, à la veille de la bataille de Muret (12 septembre 1213), l'archevêque d'Arles, Michel de Morèse qui a su profiter du retrait du comte de Provence et de la présence des légats et croisés, parvient à rétablir sa domination complète sur la cité et encouragé par ses succès, tente d'imposer une théocratie.

Le pape et l'inquisiteur, peinture de Jean-Paul Laurens
Le pape et l'inquisiteur, peinture de Jean-Paul Laurens

En retrait dès les années 1220, cette politique tente de renaître dans les années 1230 sous archiépiscopat de Jean Baussan en lutte avec la confrérie des bailes. D’origine essentiellement aristocratique avec quelques bourgeois enrichis, cette confrérie est dirigée par Bertrand et Raymond Porcelet. Elle est profondément anticléricale et liée à l’hérésie cathare[49], le patriciat redoutant la richesse croissante des ordres religieux et réagissant aux tracasseries de l’Eglise qui adopte lors des conciles de juillet 1234 et novembre 1236 présidés par l’évêque d’Arles Jean Baussan, des règles très contraignantes ; par exemple, celui de 1236 contient 24 canons, principalement contre l'hérésie cathare et pour l'application des dispositions prises lors des conciles du Latran (1215) et de Toulouse (1229). Ce concile condamne les confréries, encourage les délations d'hérédiques et impose un contrôle ecclésiastique des testaments. Il reprend le modèle légatin et épiscopal de l'inquisition.

Il est demandé aux évêques une inspection minitieuse de leur diocèse pour éviter la propagation de l'hérésie. De même, ce concile déclare invalides tous les testaments réalisés sans la présence d'un prêtre; cette dernière mesure dans l'optique d'éviter des testaments en faveur d'hérédiques déclarés[50].

Ce mouvement est extrêmement violent avec des assassinats, le sac du palais de l’archevêque qui doit s’exiler, l’usurpation de biens ecclésiastiques et la suppression des sacrements ecclésiastiques. La papauté, sans désavouer l'archevêque d'Arles, prend également ses distances. Elle redoute en particulier que dans l'agitation du mouvement communal, les tribunaux inquisitoriaux puissent servir les intérêts politiques de l'épiscopat local. Ainsi, le pape Grégoire IX lui enlève la juridiction de l'inquisition et en 1235, le légat Jean de Bernin, archevêque de vienne nomme des juges issus de l'ordre des prêcheurs pour la Provence. Les dominicains contrôlent désormais l'inquisition du comté, jusqu'en 1249 où elle passe aux mains des franciscains. L'épiscopat de Jean Baussan marque un tournant dans l'histoire de l'archevêché d'Arles. Suspect aux yeux de la papauté, l'archevêque en butte à l'opposition communale, notamment en 1236-1237 puis en 1245-1250, doit solliciter une aide non désintéressée du comte de Provence Charles Ier d'Anjou perdant ainsi après ces conflits, ses prérogatives temporelles sur la ville.

En 1300, Arles possède 15 églises dont 14 intra-muros, soit plus que n'importe quelle ville de Provence[51].

  • Michel de Morèse (août 1202-† le 21 juillet 1217) - ancien prévôt d’Arles, inhumé à Saint-Trophime.
  • Uc Béroard (27 mars 1218-† le 18 novembre 1232) - ancien prévôt de Marseille, inhumé à Saint-Trophime.
  • Jean Baussan (27 juillet 1233-† le 24 novembre 1258) - ancien archidiacre de Marseille et évêque de Toulon.
  • Bertran Malferrat (25 novembre 1258-le 25 mai 1262) - ancien prévôt d’Arles
  • Florent (28 novembre 1262-† le 29 juin 1266) - ancien chanoine de Laon et évêque de Saint-Jean-d’Acre; c'est un proche du pape Urbain IV.
  • Bertran de Saint-Martin (11 octobre 1266-juin 1273) - ancien évêque de Fréjus (1248-1264), d’Avignon (1264-1266) puis cardinal-évêque de Sainte-Sabine (1273-† le 29 mars 1277); il est le premier archevêque d'Arles nommé cardinal.
  • Bernard de Languissel (4 février 1274-1281) - nommé ensuite cardinal-évêque de Porto, il décède le 23 juillet 1291
  • Bertrand Amalric (20 décembre 1281-31 mars 1286) - ancien chanoine de Reims
  • Rostaing de la Capre (5 août 1286-† le 22 août 1303) - ancien chanoine et « operarius » d’Arles, inhumé à Saint-Trophime.

Note : un Bernard II de Languissel est mentionné comme évêque mort à Rome en 1294. Il fait un leg à Saint-Trophime avec obligation d'y bâtir une chapelle en l'honneur de Saint-Pierre[52].

[modifier] XIVe siècle

Façade du Palais des Papes à Avignon où résident la plupart des archevêques d'Arles au XIVe siècle.
Façade du Palais des Papes à Avignon où résident la plupart des archevêques d'Arles au XIVe siècle.
Carte historique du grand schisme d’Occident (1378-1418).██ États reconnaissant le pape de Rome██ États reconnaissant le pape d'Avignon██ États ayant changé d'obédience durant le schisme
Carte historique du grand schisme d’Occident (1378-1418).██ États reconnaissant le pape de Rome██ États reconnaissant le pape d'Avignon██ États ayant changé d'obédience durant le schisme

Si le XIIIe siècle s'est terminé de façon catastrophique pour l'archevêché d'Arles avec la perte du pouvoir temporel, le XIVe siècle ne lui est pas plus favorable : recul démographique affectant les clercs et entraînant la disparition de paroisses urbaines (peste de 1347-1348), destruction des églises du faubourg (guerres de 1355 à 1398), et surtout installation de la papauté à Avignon en 1309 avec le pape Clément V.
En résidant à Avignon et en se réservant le gouvernement de l'Église de ce diocèse, les papes deviennent des évêques suffrageants du prélat arlésien et affaiblissent donc son autorité de métropolitain. La proximité de la papauté affecte aussi le recrutement des archevêques. Autrefois d'origine provençale ou languedocienne, les prélats d'Arles sont désormais des compatriotes ou des parents dont on veut récompenser les services[53]. Ils sont également des oiseaux de passage dans un diocèse qui n'est qu'une étape de leur carrière ecclésiastique et plusieurs occupent même de hautes fonctions à la cour pontificale : à la Rote (Guillaume de la Garde), à la Chancellerie (Gaillard de Saumate), aux causes apostoliques (François de Conzié). Trois d'entre eux sont camériers (Gasberg de Laval, Pierre de Gros, François de Conzié). Deux sont enfin cardinaux (Jean de Rochechouard et Pierre de Gros). Ils sont donc peu présents dans leur diocèse et Arles cesse d'être la résidence de ses archevêques.
À la fin du siècle, au début du Grand Schisme (1378-1418), les comtes de Provence profitent de la situation pour usurper des droits de l'Église d'Arles.

  • Peire de Ferrières (30 janvier 1304 - 21 septembre 1307) - ancien doyen du chapitre du Puy, maître dans les deux droits, chapelain du pape, chancelier du roi Charles II de Sicile, évêque de Lectoure, évêque de Noyon
  • Arnaud de Faugères (1307 - 1309 ou 1310)
  • Gaillard de Faugères (19 décembre 1310 - † le 12 septembre 1317), frère du précédent[54]
  • Gaillard de Saumate (1318 - 1323), évêque de Riez (1317 - 1318)
  • Gasbert de Valle / de La Val (1323 - 1341)
  • Jean de Cardone (1341 - 1348)
  • Étienne Aldebrand (1348 - 1350)
  • Étienne de La Garde (1351 - † le 19 mai 1361)
  • Guillaume de La Garde (16 juin 1361 - 1374), neveu du précédent. Chancelier de l'église de Beauvais, diacre, notaire du pape, évêque de Périgueux (1348 - 1361)
  • Melchior de Brunswick (21 juin 1378) ? (douteux) : indiqué par Albanes dans son Gallia Christ. noviss. mais non repris dans la liste des archevêques d'Arles de la même GCN[55].
  • Pierre de Cros Pierre (1374 - 1388), archevêque de Bourges, puis archevêque d'Arles ; nommé cardinal par l'antipape Clément VII
  • François de Conzié / Conzieu (1388 - 1390), archevêque de Narbonne (1391-1432), chamberlain du pape et oncle de Louis Aleman.
  • Jean de Rochechouart (1390 - † 1398), évêque de Saint-Pons, archevêque de Bourges, puis archevêque d'Arles et évêque d'Ostie ; nommé cardinal par l'antipape Clément VII
  • Pierre Blavi ou Blau (?,?), mentionné dans la GCN[56]
  • vacance de 1398 à 1404

[modifier] XVe siècle

Evêques débattant avec le Pape au  Concile de Constance (1414-1418).
Evêques débattant avec le Pape au Concile de Constance (1414-1418).

Au début du XVe siècle les archevêques d'Arles, principalement Jean Allarmet de Brogny et Louis Aleman, tous deux cardinaux, sont des acteurs majeurs de l'Église, alors secouée par le Grand Schisme puis par le concile de Bâle. Le premier, Jean Allarmet, préside le concile de Constance (1414-1418) qui met fin au Grand Schisme. Le second, l'archevêque d'Arles Louis Aleman, lors du concile de Bâle, en 1439, participe activement à la déposition du pape Eugène IV et à l'élection d'Amédée VIII, duc de Savoie, connu dans l'histoire comme l'antipape Felix V.

Dans le diocèse même, entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle, le nombre d'églises de la ville diminue, soit à la suite des guerres pour Notre-Dame-de-Beaulieu, la seule située hors des murs, soit à la suite de regroupements. Arles passe ainsi de 15 à 11 paroisses. Ces paroisses deviennent des bénéfices ecclésiastiques tenus par des prieurs et dépendant d'institutions diverses telles l'abbaye de Montmajour, le chapitre de Notre-Dame-des-Doms d'Avignon ou celui de Saint-Trophime de la ville. Sources de revenus, elles sont recherchées et disputées. Parfois mises aux enchères, les paroisses sont dans la plupart des cas arrentées pour une durée comprise entre 1 an et 5 ans à des curés fermiers, appelés capellani curati, qui peuvent s'associer et imiter les prieurs. Si les prieurs, fils de notables, sont d'origines arlésiennes ou languedociennes, les curés sorte de prolétariat ecclésiastique nomade[57] viennent en grande majorité de Provence ou des régions rhodaniennes[58].

Sous le règne du roi René (1434-1480), il existe une sorte de concordat de fait entre Rome et le prince qui, en dépit des protestations du pape, s'efforce de se faire attribuer un grand nombre de bénéfices. Toutefois, deux incidents montrent que la papauté prend l'avantage vers les années 1470. En 1472, lorsque le pape Sixte IV nomme Urbain de Fiesque sur l'évêché de Fréjus, le roi essaye sans succès pendant plus de quatre ans de s'opposer à ce choix. De même en 1475, quand ce même pape crée au profit de son neveu une nouvelle province ecclésiastique au détriment de celle d'Arles, l'irritation du prince est très vive. En effet en 1475, à la mort de Philippe de Lévis, le pape Sixte IV réduit le diocèse d’Arles : il détache le diocèse d'Avignon attribué en 1474 à son neveu Julien de la Rovere, le futur pape Jules II, de la province d'Arles, l'érige en archevêché et lui attribue comme suffragants les évêchés comtadins de Carpentras, Cavaillon et Vaison. Les archiépiscopats d'Eustache de Lévis et de son successeur Nicolas de Cibo marquent aussi la fin du monnayage d'Arles. A partir de cette date, les prélats arlésiens sont souvent étranger au royaume de France, issus de la haute noblesse italienne ou catalane. Nicolas de Cibo est par exemple, le neveu du pape Innocent III.

Liste des archevêques

[modifier] L'époque moderne

[modifier] XVIe siècle

4 décembre 1563 : Clôture du concile de Trente, toile attribuée à Paolo Farinatis
4 décembre 1563 : Clôture du concile de Trente, toile attribuée à Paolo Farinatis

Même si le concordat de Bologne de 1516[60], qui modifie le statut de la commende, ne s'applique pas à la Provence, le poids du roi de France dans les nominations ecclésiastiques s'affirme au cours du XVIe siècle. A l'exception des épiscopats de Jean Ferrier Ier et II, l'absentéisme des archevêques arlésiens, très engagés dans le siècle est la règle. La présence des prélats manque dans la conduite du diocèse : les visites pastorales sont rares, les synodes diocésains plus convoqués, l'esprit pastoral abandonné. Les arlésiens sont confiés à la garde de vicaires généraux et du chapitre dont la vie se laïcise et devient mondaine[61]. Le quasi-abandon du siège d'Arles après 1550, favorise la pénétration de la Réforme depuis le Languedoc. Toutefois, la ville elle-même, protégée par la vigilance de ses consuls et de son clergé demeure relativement épargnée et sert même de refuge pour les clarisses chassées de Nîmes. Les violences catholiques entraînent l'expulsion des protestants de la cité sous l'archiépiscopat de Prosper de Sainte-Croix qui confie le vicariat de son diocèse aux évèques nîmois refugiés à Arles, Bernard Del Bene puis Raymond Cavalesi[62]. A partir de 1580, la Réforme catholique pénètre lentement dans le diocèse avec trente ans d'avance sur le reste du royaume de France, en raison de la proximité d'Avignon et du Comtat Venaissin. Ses premiers acteurs sont deux prélats italiens, Silvio de Sainte-Croix et Oratio Montano[63].

Liste des archevêques

[modifier] XVIIe siècle

La nomination de Gaspard du Laurens, issu d'une riche et illustre famille arlésienne protégée par Henri IV, marque la fin du recrutement de nobles étrangers sur le siège archiépiscopal d'Arles. Le XVIIe siècle correspond à la Contre-Réforme. À Arles, ce mouvement se traduit par une phase d'embellissement du bati diocésain (Capucins, Carmes) et un regain d'évangélisation des campagnes, notamment en Camargue où de nombreuses nouvelles églises sont édifiées (Villeneuve, Galléjon, Boismeaux).

Liste des archevêques

[modifier] XVIIIe siècle

Le jardin du couvent des Carmes où fut assassiné l'archevêque d'Arles Jean-Marie du Lau en septembre 1792.
Le jardin du couvent des Carmes où fut assassiné l'archevêque d'Arles Jean-Marie du Lau en septembre 1792.

Au XVIIIe siècle, l'archevêché d'Arles est un siège prestigieux, successivement occupé par cinq représentants de la vieille noblesse française. Formés dans les meilleurs séminaires royaux, ces prélats accèdent avec cette charge à de riches bénéfices. C'est également une étape qui sanctionne leur réusssite et qui leur donne une stature nationale les préparant aux plus hautes fonctions ecclésiastiques. Ils anticipent souvent cette dernière étape en exerçant des postes éminents à l'échelle du pays (assemblée du clergé, commission des réguliers) ce qui les amène à peu résider à Arles où ils sont suppléés par des vicaires généraux. Le clergé paroissial arlésien, comme ses chefs bénéficient d'une image positive dans l'opinion et parmi les élites ; ils sont en général issus de milieux sociaux-économiques favorisés, bénéficiant ainsi d'une honnête aisance[64]. L'archevêché d'Arles disparait à la Révolution. C'est en effet le 12 juillet 1790 que l'Assemblée nationale décide d'abolir le siège archiépiscopal et le Chapitre de cette cité.

Liste des archevêques

[modifier] L'époque contemporaine

Depuis 1801, Arles fait partie de l'Archevêché d'Aix-en-Provence, qui, depuis 1822 porte en même temps les titres d'Arles et d'Embrun.

[modifier] Notes

  1. Julien de la Rovere, le futur pape Jules II ...arrive à Avignon en 1474, pourvu par son oncle Sixte IV de la charge de l’évêché –rapidement devenu archevêché- ainsi que de la légation d’Avignon. Cf. site de la mairie d'Avignon, ici
  2. Le 11 juin 1817, un projet de concordat rétablissant les sièges épiscopaux, propose Jean-Claude Leblanc de Beaulieu, évêque de Soissons sur le siège d'Arles. Devant l'opposition des Chambres, le projet est retiré puis repris partiellement dans la loi du 4 juillet 1821 , loi qui sera cette fois-ci définitivement funeste à l'archevêché d'Arles.
  3. Lettre de Saint-Cyprien (Epistula LXVIII) adressée au pape Etienne.
  4. Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - ARLES, histoire, territoires et cultures, page 227.
  5. Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - ARLES, histoire, territoires et cultures, page 227.
  6. Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - ARLES, histoire, territoires et cultures, page 227
  7. Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - ARLES, histoire, territoires et cultures, page 227
  8. Le 12 mai 346, cf. GCN - [T.III], Arles (archevêques, conciles, prévôts, statuts), page 15
  9. Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - ARLES, histoire, territoires et cultures, page 227 :
    On passera sur le premier (Ndlr: Valentinus) qui n'est connu que par une signature au pseudo-concile de Cologne de 346.
  10. Cf. GCN - [T.III], Arles (archevêques, conciles, prévôts, statuts) accessible ici sur Gallica
  11. Ibidem
  12. Ibidem
  13. Le 1er octobre 394, cf. GCN - [T.III], Arles (archevêques, conciles, prévôts, statuts), page 18
  14. Cf. Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule de Louis Duchesne, pages 86-87 Accessible sur Gallica ici
    Le jeudi saint 22 mars 417, le pape Zozime ordonné quatre jours auparavant, délivra à l'évêque d'Arles Patrocle (NDLR - Patrocle se trouvait alors à Rome où il avait probablement participé à l'élection du pape) une lettre qui lui attribuait ou les reconnaissait, à lui et à ses successeurs, des pouvoirs considérables. L'évêque d'Arles devenait métropolitain, non seulement de la province Viennoise, mais encore des deux provinces de Narbonnaise Iere et de Narbonnaise IIeme. De plus le pape faisait de lui une sorte d'intermédiaire entre l'épiscopat des Gaules et le siège apostolique.
  15. Cf. GCN - [T.III], Arles (archevêques, conciles, prévôts, statuts) accessible ici sur Gallica
  16. Ibidem
  17. Cf. Article payant : EULADIUS OF ARLES, CHADWICK J Theol Studies.1945; os-XLVI: 200-205
  18. Cf. GCN - [T.III], Arles (archevêques, conciles, prévôts, statuts) accessible ici sur Gallica
  19. Cf. L'archevêque Paulin qui écrivait au Ve siècle à propos de saint Genès : Illic (à Trinquetaille) sanguine, hic (aux Alyscamps) corpore (d'après Frédéric Tondeur, Camargue et Pays d'Arles, pages 62-63).
  20. A la suite du Ve Concile d'Orléans (549)
  21. Le pape Pélage Ier à la suite de sa condamnation des « Trois Chapitres » et de son soutien aux décisions du Concile de Constantinople ayant été accusé en Gaule d’hérésie, doit répondre au roi Childebert et à l'archevêque d'Arles Sapaudus, unis dans cette démarche, qu’il partage bien la doctrine prônée par le pape Léon Ier et leur garantir qu’en aucune façon il ne sera une cause d’un schisme en Gaule.
  22. Edouard Baratier (sous la direction de) - Histoire de la Provence, page 97.
  23. Cf. Histoire de la Provence sous la direction d'Edouard Baratier, page 96
  24. Cf. GCN - [T.III], Arles (archevêques, conciles, prévôts, statuts) accessible ici sur Gallica
  25. Ibidem
  26. Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - ARLES, histoire, territoires et cultures, page 274
  27. Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - ARLES, histoire, territoires et cultures, page 278
  28. Cf. GCN - [T.III], Arles (archevêques, conciles, prévôts, statuts) accessible ici sur Gallica
  29. Ibidem
  30. Ibidem
  31. Ibidem
  32. Cf. GCN - [T.III], Arles (archevêques, conciles, prévôts, statuts) accessible ici sur Gallica
  33. Ibidem
  34. Ibidem
  35. Ibidem
  36. Ibidem
  37. Ibidem
  38. Ibidem
  39. Ibidem
  40. Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - ARLES, histoire, territoires et cultures, page 275.
  41. Ibidem
  42. Au début du Xe siècle, l'archevêque d'Arles Manassès (920-962) possède les trois abbayes d'Aniane, de Goulargues et de Cruas (cf. Histoire de la Provence sous la direction d'Edouard Baratier, page 117)
  43. Marin Aurell, Jean-Paul Boyer, Noël Coulet - La Provence au Moyen Âge, page 20
  44. Cf. , ainsi les inventaires successifs de son début d'archiépiscopat (Florian Mazel - La noblesse et l'Eglise en Provence, fin Xe-début XIVe siècle, page 281)
  45. Voir l'article de Florian Mazel, « Seigneurie épiscopale, aristocratie laïque et structures féodo-vassaliques en Provence au XIIe siècle », dans la revue « Rives nord-méditerranéennes », Aspects du pouvoir seigneurial de la Catalogne à l'Italie (IXe – XIVe siècles)
  46. Cf. Florian Mazel - La noblesse et l'Eglise en Provence, fin Xe-début XIVe siècle, page 281
  47. Pour mémoire, la famille d'Eyguières est une alliée fidèle de celle des Baux
  48. Cf. La Provence au Moyen Âge de Martin Aurell, Jean-Paul Boyer, Noël Coulet, pages 95,96 – ISBN 2853996174
  49. D’après les historiens Fernand BENOIT et Erika ENGELMANN.
    On peut également signaler qu'en juin 1235, le légat Jean de Bernin, archevêque de Vienne adresse une consultation aux juristes avignonnais au sujet des vaudois d'Arles (cf. Marcel Aurell, Jean-Paul Boyer et Noël Coulet : La Provence au Moyen Âge, page 136).
  50. Marcel Aurell, Jean-Paul Boyer et Noël Coulet : La Provence au Moyen Âge, page 136.
  51. Cf. Louis Stouff, L'Eglise et la vie religieuse à Arles et en Provence au Moyen Age, page 9.
  52. Congrès archéologique de France - 184e session : Pays d'Arles - 1976, page 470
  53. L'avènement de l'antipape Clément VII ouvre ainsi la voie des sièges arlésiens à des prélats d'origine savoyarde comme François de Conzié (1388-1390).
  54. Cf. GCN - [T.III], Arles (archevêques, conciles, prévôts, statuts) accessible ici sur Gallica
  55. Ibidem
  56. Ibidem
  57. Cf. Emmanuel le Roy Ladurie.
  58. Cf. Louis Stouff, L'Eglise et la vie religieuse à Arles et en Provence au Moyen Age, pages 12-16.
  59. Jeaun-Maurice Rouquette - ARLES, histoire, territoires et cultures, page 637
  60. Concordat signé lors du Ve concile du Latran, le 18 août 1516 entre le pape Léon X et le chancelier Antoine Duprat qui représentait le Roi de France François Ier.
  61. Jean-Maurice Rouquette - ARLES, histoire, territoires et cultures, page 637.
  62. Ibidem, page 637.
  63. Ibidem, pages 638-639.
  64. Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - ARLES, histoire, territoiures et cultures, pages 652-653

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Trichaud - Histoire de l'Église d'Arles - (Nimes, Paris, 1857)
  • Édouard Baratier (sous la direction de) - 'Histoire de la Provence - (Privat Editeur, Toulouse 1969)
  • Louis Duchesne - Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule - 1907 ( Gallica)
  • Provinces ecclesiastiques de Vienne et d'Arles (Viennensis et Alpes Graiae et Poeninae) / Biarne, Jacques ; Colardelle, Renée ; Février, Paul-Albert ; Bonnet, Charles ; Descombes, Françoise ; Gauthier, Nancy ; Guyon, Jean ; Santschi, Catherine . - Paris : De Boccard;Topographie chrétienne des cités de la Gaule : des origines au milieu du VIIIe siècle, 1986, vol. 3. - 149 / ISBN 2-7018-0029-3
  • Joseph Hyacinthe Albanés - Gallia christiana novissima; ouvrage accessible sur Gallica ici
  • Un évêque dans la tourmente révolutionnaire, Jean Marie du Lau, archevêque d'Arles, et ses compagnons martyrs, 1792-1992. Colloque du IIe centenaire tenu à Arles les 2-4 octobre 1992. Actes réunis par Gérard Cholvy. Montpellier, Université Paul Valéry, 1995, 135 p.
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