Armement médiéval

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Cet article est consacré à la technologie de l'armement pendant le Moyen Âge, pris dans ses bornes historiques étendues : des temps barbares à la Renaissance.

La chevalerie règne sur les champs de bataille, où la charge de ses combattants cuirassés provoque   la crainte de la piétaille. La conception de l'armement médiéval lui est très largement consacrée. Symbolique de la féodalité et de l'aristocratie guerrière, associant sacralité du pouvoir et service au suzerain par un ensemble de rites propres, tels l'hommage lige. Disposition en « statue équestre » d'un chevalier XVe siècle, sa monture cabrée.
La chevalerie règne sur les champs de bataille, où la charge de ses combattants cuirassés provoque la crainte de la piétaille. La conception de l'armement médiéval lui est très largement consacrée. Symbolique de la féodalité et de l'aristocratie guerrière, associant sacralité du pouvoir et service au suzerain par un ensemble de rites propres, tels l'hommage lige.
Disposition en « statue équestre » d'un chevalier XVe siècle, sa monture cabrée.

Sommaire

[modifier] Histoire

L'histoire de l'armement au Moyen Âge est marquée par la suprématie de la cavalerie, à compter de la bataille d'Andrinople où les cavaliers lourds de l'armée des Goths vainquent les cohortes de la Légion romaine ; cette suprématie s'achève en fin de période par les armes de tir (arcs à Azincourt, avènement de la poudre à canon).

[modifier] Armement mérovingien

L'armement franc a longtemps été vu comme l'une des principales causes des succès militaires de ce peuple au haut Moyen Âge. Parallèlement, l'historiographie moderne a prêté de grandes qualités militaires à Clovis et à certains de ses successeurs qui surent plus particulièrement agrandir le royaume au détriment de leurs voisins.

En réalité, Grégoire de Tours n'a que cette phrase pour qualifier les premiers succès francs dus à ce roi : « Il fit beaucoup de guerres et remporta certaines victoires », ce qui tendrait à montrer que Clovis ne fut ni plus doué, ni plus chanceux que ses prédécesseurs moins connus.

En fait, l'armement des Francs mérovingiens, bien étudié grâce à de nombreux recoupements entre l'archéologie et les sources écrites latines, ne devait pas être très différent de celui de leurs voisins germaniques contemporains. Certains historiens pensent même qu'il était inférieur, par exemple, à celui des Wisigoths d'Alaric.

Aujourd'hui, l'hypothèse qui tend à triompher explique plus leurs succès retentissants par l'influence romaine qu'ils subirent précocément, que par une quelconque supériorité technique.

Cette influence apporta notamment plus de discipline dans leurs rangs, ce qui aurait pu peser lourdement sur l'issue des combats importants. Acquise par les hommes de Clovis lors des victoires sur Syagrius, ou simplement transmise aux auxiliaires francs du temps de son père, Childéric, une conception romaine de l'armée apparaît, par exemple, dans la revue des troupes effectuée par Clovis qui donne lieu à l'épisode du vase de Soissons. Ce souci de la tenue traduit donc une rigueur dans le commandement et sans doute n'en allait-il pas autrement sur le terrain.

L'armement proprement dit, quant à lui, est varié et change peu au cours de la période mérovingienne. Ainsi, vers le VIIe siècle, il comprend la hache de combat, la lance, l'épée — soit symétrique à deux tranchants (la spatha), soit courte (la semispatha), ou encore à un seul tranchant (le sax ou scramasax). Dans une moindre mesure, l'arc en forme de « D » et les flèches sont attestés dans de nombreuses tombes.

[modifier] Armement carolingien

Sous les Carolingiens, l'armement évolue vers ce qu'il sera à l'époque féodale.

Tout d'abord, avec l'importance accrue de la cavalerie, son coût augmente : si en théorie tous les hommes libres du royaume des Francs doivent le service militaire (l'ost), un système de compensations monétaires fait en sorte que seuls les plus riches partent à la guerre. Il s'agit là d'une évolution majeure vers la professionnalisation des hommes d'armes par opposition aux troupes germaniques des périodes précédentes.

De plus, l'armement en général se spécialise : l'épée carolingienne s'allonge et l'alliage dans lequel elle est forgée s'améliore grâce à une évolution constante des techniques servant à l'élaboration de l'acier. Cette épée est connue pour être la meilleure arme de son époque (plusieurs armes franques entrent dans la légende : voir noms d'épées) et des lois strictes en interdisent le commerce à l'étranger. L'arc s'améliore également, suite aux combats contre les Avars, un peuple des steppes.

En fin de période, les Vikings sèment la terreur avec leurs longues cottes de mailles et leurs épées, mais celles-ci sont copiées sur celles des Carolingiens.

[modifier] Le temps des chevaliers

Chevalier en cotte de mailles
Chevalier en cotte de mailles

C'est à la bataille de Hastings, en 1066, qu'apparaît une nouvelle façon de tenir leur lance pour les cavaliers : presque à l'horizontale, pour charger. Ce sont là les origines de la joute équestre. Ce jeu emblématique du Moyen Âge, sans doute au départ un entraînement au combat, n'a toutefois rapidement plus rien à voir avec la guerre.

Signe des temps, la « chevalerie » (du nom des cavaliers français) s'impose dans tous les combats, poursuivant l'évolution amorcée sous les Carolingiens. Le chevalier se distingue surtout par ses armes défensives, qui se fondent en une armure de plaques de fer. Le code de la chevalerie chrétienne, qui se définit progressivement à partir des tentatives de l'Église pour limiter les combats au XIe siècle détermine également dans une large mesure la manière dont la guerre est abordée en occident durant la période.

L'âge d'or de la chevalerie est le XIIIe siècle, au cours duquel le chevalier, armé du haubert long, des chausses de maille, et du grand heaume a une réelle suprématie sur le champ de bataille. Les textes de l'époque parlent de cavaliers « fendant et écrasant la masse de la pietaille alliée et ennemie pour aller combattre les chevaliers ennemis » seuls considérés. Les armes d'hast, seules armes de piéton à pouvoir inquiéter un cavalier (fers tranchants, piquants ou contondants emmanchés sur de longues hampes d'au moins la hauteur d'un homme) comme le vouge, la guisarme, le godentac et autres ne se développent qu'à la fin du XIIIe siècle. C'est également au XIIIe siècle que le tournoi acquiert sa forme "moderne" la joute au cours de laquelle deux chevaliers séparés par une barrière s'affrontent face à face armés d'une lance généralement dite "courtoise" c’est-à-dire émoussée.

Au XIVe siècle, la chevalerie française, emblématique de l'époque, se heurte néanmoins aux arcs longs anglais à la bataille de Crécy, puis à la bataille d'Azincourt. Ces derniers, par leur puissance et par leur longue portée permettent de percer une armure. De plus, une rangée d'archers coûte moins cher à former et à entretenir qu'un chevalier. L'irruption de l'arc long sur le champ de bataille annonce en cela la fin de la chevalerie qui est due en dernière analyse à la multiplication des armes à feu. Ainsi, la légende autour de la mort du chevalier Pierre du Terrail de Bayard, dit le « chevalier Bayard », survenue le 29 avril 1524, à Rovasenda près de Milan, indique à quel point le traumatisme fut grand lorsque n'importe quel soldat pouvait, à l'aide d'une arme à feu, abattre le plus grand guerrier du royaume. Un autre "fléau de la chevalerie" se developpa au XVe siècle : le retour sur le champ de bataille des formations d'infanterie denses et compactes (pratique disparue depuis l'antiquité) constituées de piquiers, hallebardiers et vougiers en périphérie de la formation et d'arbalétriers et cannoniers à main au centre. Les Suisses passèrent maitres dans l'application de cette stratégie et infligèrent aux cavaleries française, bavaroise et surtout bourguignonne de sévères défaites (bataille de Grandson).

[modifier] Glossaire

Voici une liste des termes utilisés pour désigner l'armement médiéval. Certains de ces termes renvoient à un article détaillé, tandis que la définition de certains autres suffit d'elle-même. Les différents termes apparaissent dans chaque classement proposé (par période, par type d'arme). Les termes qui désignent une partie d'une arme sont en italique.

[modifier] Classement par période

  • Âme : cœur de la lame d'une épée.
  • Quillons : pièces perpendiculaires à la lame de l'épée, qui composent sa garde

[modifier] Haut Moyen Âge

  • Angon : lance ou javelot franc au fer en forme d'un harpon.
  • Cataphracte : (terme grec) cuirasse à écailles employée par la cavalerie lourde gothique puis byzantine. Celui qui la porte est un cataphractaire.
  • Contus : (terme latin d'origine grecque) longue lance de cavalier, maniée à deux mains.
  • Scramasax ou Sax : arme blanche semi-longue à un seul tranchant.
  • Dague : arme blanche courte à double tranchant.
  • Épée : arme blanche à double tranchant, sans doute d'origine celtique et copiée par les Romains et par les Germains. L'épée franque (carolingienne) est la plus renommée jusqu’à ce que les Vikings la copient et la surpassent.
    • Durant cette période, l'épée est dite longue lorsqu'elle mesure de 80 cm à 1m. Elle est héritée de la spatha romaine du bas-Empire.
  • Francisque : nom traditionnel de la hache de jet des Germains occidentaux, que popularisèrent les Francs.
  • Glaive : (du latin gladius) épée courte ; arme blanche semi-longue à double tranchant.
  • Javeline : arme de jet légère, semblable à une lance ou à un javelot raccourci
  • Javelot : lance de jet légère
  • Lance : terme générique désignant une arme offensive dôtée d'un fer emmanché sur une hampe. Par opposition au javelot, la lance est une arme d'assaut qui n'est pas destinée à être lancée. Elle est popularisée par la cavalerie gothique.
  • Latte (arme) : sabre droit.
  • Poignard : arme blanche courte à double tranchant. Un long poignard est une dague.
  • Rondache : bouclier de forme circulaire et généralement de taille moyenne.
  • Sabre : arme blanche longue à un seul tranchant, populaire chez les peuples de la steppe. Le sabre peut être droit (latte, proto-sabre) ou courbe. Au cours du haut Moyen Âge, sa forme a tendance à se courber.
  • Semispatha : nom latin de l'épée courte.
  • Spangenhelm : terme historiographique allemand désignant le casque composite segmenté populaire chez les Germains orientaux.
  • Spatha : nom latin de l'épée longue, utilisé pour désigner l'épée longue romaine tardive, l'épée des grandes invasions et l'épée mérovingienne.
  • Umbo : terme latin désignant la bosse du bouclier ou le cache-poing.

[modifier] Bas Moyen Âge

[modifier] Classement par type d'arme

Les termes peuvent apparaître plusieurs fois lorsqu'ils désignent une pièce d'armement appartenant à plusieurs types d'armes.

[modifier] armes de cavalerie et d'infanterie

  • Cataphracte : (terme grec) cuirasse à écailles employée par la cavalerie lourde gothique puis byzantine. Celui qui la porte est un cataphractaire.
  • Contus : (terme latin d'origine grecque) longue lance de cavalier, maniée à deux mains.
  • Lance : terme générique désignant une arme offensive dôtée d'un fer emmanché sur une hampe. Par opposition au javelot, la lance est une arme d'assaut qui n'est pas destinée à être lancée. Elle est popularisée par la cavalerie gothique.
  • Spatha : nom latin de l'épée longue, utilisé pour désigner l'épée longue romaine tardive, l'épée des grandes invasions et l'épée mérovingienne.
  • Épée : arme blanche à double tranchant, sans doute d'origine celtique et copiée par les Romains et par les Germains. L'épée franque (carolingienne) est la plus renommée jusqu’à ce que les Vikings la copient et la surpassent. Durant cette période, l'épée est dite longue lorsqu'elle mesure de 80 cm à 1m. Elle est héritée de la spatha romaine du bas-Empire.
  • Epée à une main et demi : épée de taille moyenne entre l'épée longue et l'épée à deux mains, d'un poids situé entre 1.4 kilos et 1.8 kilos environ pouvant être maniée à une main ou à deux mains.

[modifier] armes contondantes

[modifier] armes de contact
  • Dague : arme blanche courte à double tranchant.
  • Miséricorde : dague possédant une lame dite "en triangle" ( lame à 3 section, 3 tranchants), conçus pour percer les armures de plaques qui apparaissent au XVe siècle, et passe entre les anneaux d'une cotte de maille.
  • Sabre : arme blanche longue à un seul tranchant, populaire chez les peuples de la steppe. Le sabre peut être droit (latte, proto-sabre) ou courbe. Au cours du haut Moyen Âge, sa forme a tendance à se courber.
  • Scramasaxe ou Sax (dans certaines sources latines) : arme blanche semi-longue à un seul tranchant d'origine germanique.
  • Semispatha : nom latin de l'épée courte des grandes invasions.

[modifier] armes d'estoc
  • Rapière: épée longue apparut vers la fin du Moyen Âge, cette épée se plante dans l'adversaire (ressemble au fleuret)

[modifier] armes de taille
  • Cimeterre : épée d'apparât à large lame.
  • Claymore : épée à deux mains utilisée par les "highlanders" écossais. Le terme peut également désigner une épée assez courte à une main, possédant une coque protégeant la main, inventée par les Anglais pour leur cavalerie mais abandonnée car gênant les mouvements d'escrime.
  • Espadon : grande épée à deux mains
  • Flamberge : grande épée dont la lame est ondulée.
  • Latte : sabre droit du haut Moyen Âge (lame à un seul tranchant)
  • Spatha : voir armes de cavalerie ci-dessus.

[modifier] armes d'hast
Icône de détail Article détaillé : arme d'hast.

Sous le vocable arme d'hast sont reprises toutes les armes emmanchées, manche en bois prolongé par un fer, le plus souvent dérivé d'un outil agraire. Les armes d'hast donneront naissance aux hallebardes de la Renaissance.

  • Anicroche : arme composée d'un coutelas recourbé pour couper les jarrets des chevaux, désosser un chevalier en lui arrachant ses pièces d'armures, ... du XIVe siècle au XVIe siècle.
  • Bardiche : arme originaire d'Europe de l'Est, composée d'un manche en bois pouvant être long de 2m et d'un fer en forme de hache allongée.
  • Faux de guerre ou fauchard : arme d'hast inspirée de la faux qu'utilisaient les paysans en temps de guerre. Elle apparaît au début du XIIIe siècle
  • Pertuisane : arme dérivée de la lance, utilisée en Italie au XVe siècle.
  • Pique : longue lance de fantassin (env. 6m), utilisée pour briser la charge des cavaliers. D'origine macédonienne ?
  • Vouge : arme composée d'un long coutelas (d'origine un tranchoir de boucher) au bout d'un manche, utilisée par l'infanterie (les « vougiers »)
  • guisarme
  • lance

[modifier] armes à distance

[modifier] armes de jet
  • Angon : sorte de harpon propre aux Francs, la forme de son fer serait à l'origine du motif de la fleur de lys des armes de France
  • Francisque : nom traditionnel de la hache de jet des Germains occidentaux, que popularisèrent les Francs.
  • Javeline : arme de jet légère, semblable à une lance ou à un javelot raccourci
  • Javelot : lance de jet légère

[modifier] armes de siège

[modifier] armes de tir

[modifier] armes à feu

[modifier] armures

Icône de détail Article détaillé : armure (équipement).

[modifier] boucliers
  • Pavois
  • Rondache : bouclier de forme circulaire et généralement de taille moyenne.
  • Targe
  • Umbo : terme latin désignant la bosse du bouclier ou le cache-poing.
  • Ecu : Bouclier rond avec un demi-cercle sur le côté qui permettait de passer la lance. Il était le plus souvent utilisé par les chevaliers.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Sources

  • Iaroslav Lebedynsky, Armes et guerriers barbares au temps des grandes invasions : IVe au VIe siècle, Paris, France, 2001.
  • Philippe Contamine (Sous la direction de), Histoire militaire de la France, André Corvisier (Sous la direction de), Tome 1, Paris, France, 1997.
  • Claude Fagnen, Armement médiéval, Paris, 2005, Desclée de Brouwer/Rempart ISBN 2-904365-40-0


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Arme offensive : Arme blancheArme d'hastArme de jetArme à feu
Arme défensive : BouclierArmureCasqueCuirasse
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