Abbaye Saint-Césaire (Arles)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'abbaye Saint-Césaire initialement appelée Monastère Saint-Jean, est un monastère de femmes, installé à l'intérieur de la cité d'Arles dans l'angle sud-est du rempart où sous le nom de Saint-Césaire, il est demeuré jusqu'à la Révolution.

Sommaire

[modifier] Histoire

Radegonde se retire, accompagnée du peuple, dans le monastère dédié à la Vierge qu'elle fonda à Poitiers sur le modèle du monastère Saint-Jean d'Arles. Vie de sainte Radegonde, XIe siècle. Bibliothèque municipale de Poitiers.
Radegonde se retire, accompagnée du peuple, dans le monastère dédié à la Vierge qu'elle fonda à Poitiers sur le modèle du monastère Saint-Jean d'Arles. Vie de sainte Radegonde, XIe siècle. Bibliothèque municipale de Poitiers.

Le Monastère Saint-Jean est fondé le 26 août 512 par l'archevêque d'Arles, Césaire qui en nomme sa sœur Césarie, première abbesse. Ce monastère fait suite à une première tentative d'implantation hors de murs dans les années 506-507 détruite par les troupes franques et burgondes lors du siège d'Arles en 507-508. Un peu plus d'un demi-siècle plus tard, probablement en 567, une épouse du roi de Bourgogne Gontran, y est enfermée[1]. Le rayonnement du monastère et de ses premières abbesses permettent à Règle de Césaire de se diffuser largement dans le royaume des Francs, à commencer par le monastère créé à Poitiers par Radegonde, l'ancienne épouse du roi Clotaire, qui effectue un séjour à Arles vers 570[2].

Le monastère paraît avoir cessé d’exister du VIIe siècle au IXe siècle. En 887, dans son testament l’archevêque d’Arles, Rostan, donne un nouveau départ à l’abbaye. Elle connait ensuite une période de sujétion à l'archevêque et d'indépendance. En 972, elle retrouve son autonomie sous la direction de l’abbesse Ermengarde nommée par l’archevêque d’Arles Ithier. Vingt ans plus tard, le marquis de Provence Guillaume Ier lui restitue d’importants domaines. En 1194, le pape Célestin III la replace sous son autorité directe.

Du VIe siècle au XIIIe siècle, l'abbaye Saint-Jean apparait comme un grand propriétaire foncier doté initialement par Césaire puis par Rostan dans leurs testaments, et enrichi par des achats ainsi que de nombreuses donations. Ainsi en 972, la villa de Niomes est citée dans un acte de donation des églises Saint-Vincent et Saint-Ferréol de Nions à l'abbaye Saint-Césaire. L'abbaye possède aussi un des trois cimetières des Alyscamps comme l'évoque une sentence arbitrale de 1121 fixant les droits de sépulture respectifs avec celui de Saint-Honorat[3].

Au XIVe siècle, l'abbaye se transforme en exploitant agricole dans ses domaines de Camargue (Agon, Granouillet) initialement en exploitation directe, puis au XVe siècle, compte-tenu de l'insécurité et de l'accroissement des coûts de main-d'œuvre sous la forme de métayage ou de fermage à l'instar des Hospitaliers[4].

La crise démographique liée en grande partie aux épidémies de peste, qui fait perdre à Arles plus de la moitié de sa population entre 1320 et 1430, touche encore plus durement la communauté de moniales d'origine essentiellement arlésienne et noble, dont le nombre passe de 108 en 1343 à 22 en 1428[5]. A cette époque, l'abbaye se heurte à plusieurs reprises à l'archevêque et est secouée par des conflits internes liés à la personnalité des moniales ainsi qu'à la discipline monastique qui se relâche sensiblement[6]. Le problème ne semble toujours pas résolu à la fin du XVe siècle, quand une moniale décide de quitter le monastère pour rejoindre une autre commauté à Aix, en raison de la légéreté des moeurs de l'abbaye.

En 1559, l'abbesse Marguerite de Clermont demande aux autorités de faire boucher le passage entre le monastère et le rempart de la ville en raison d'intrusions intempestives de jeunes gens venant faire scandales jusque dans l'enceinte du couvent.

En 1628 l'archevêque du Laurens effectue une visite du couvent. Par la voix de son procureur, il juge nécessaire d'établir une prison afin de remettre les religieuses désobéissantes dans le droit chemin.

Au milieu des années 1630, l'archevêque d'Arles Jean Jaubert de Barrault introduit la réforme bénédictine de Saint-Maur dans le monastère[7].

Sous la Révolution le couvent est fermé puis vendu en 1792 comme bien national. Il est alors détruit en grande partie.

Dans les années 1890, le site transformé en asile pour personnes âgées devient l'hospice Saint-Césaire.

[modifier] Abbesses

  • 512-540? : Césarie, sœur de l'évêque métropolitain d'Arles Césaire
  • 540?-?  : Césarie-la-jeune
  • 562-569 : Liliola
  • 569-627 : Rusticule (550-11 août 627), quatrième abbesse[8]
  • 627-? : Celsa; elle rédige la “Vita” de Resticule
  • 972-  : Ermengarde, abbesse nommée par l’archevêque d’Arles Ithier
  • 1173 c.  : Jourdane; elle donne en fief le territoire sur lequel les bénédictins fondent l'abbaye d'Ulmet
  • 1174-1196ap : Aldiarde[9],[10]
  • 1208 c.  : Audiarde[11]; il est probable qu'Aldiarde et Audiarde ne soient qu'une seule et même personne.
  • 1270 c.  : Hermessinde; les moines d'Ulmet, en Camargue, lui reconnaissent une rente annuelle
  • 1296-1314 : Alasacia de Lambisco
  • 1314-1317 : Rixendis de Sancto-Cannato
  • 1317-1319 : Rixendis de landa
  • 1319-1326 : Margarita de Benevento
  • 1326-1329 : Elixendis de Vicinis
  • 1329-1345 : Suriana de Arenis, d'une famille de Beaucaire[12].
  • 1345-1350 : Dionisa de Ripe Digna
  • 1351-1366 : Guillelma de Remolonis
  • 1366-1385 : Jauseranda de Cadella
  • 1385-1391 : Maria de Crosio, d'une famille du Limousin; parente de Pierre de Cros, archevêque d'Arles[13].
  • 1391-1416 : Galiena de Pugeto, de Puget-Théniers; soeur de Manuel de Puget, viguier d'Arles tué par les Tuschins lors de la prise d'Arles en juillet 1384[14].
  • 1416-1433 : Dulcia Gantelme, fille de Johan Gantelme fondateur du monastère Notre-Dame et Saint-Honorat à Tarascon[15].
  • 1433-1468 : Esmengarda Stephani, fille de Raymundus Stephani, seigneur de Lambesc et de Venelles[16].
  • 1468-1501 : Catherina de Sancto Michaele
  • ...
  • 1549-1549 : Jehanne Reynaude d'Alen; élue en janvier, elle est destinuée par Henri II qui juge son élection contraire au concordat passé entre le roi François Ier et le pape Léon X.
  • 1549-1561 : Marguerite de Clermont

[modifier] Notes

  1. Il s'agit de Marcatrude, reine de Bourgogne, par son mariage avec le roi Gontran. Elle est enfermée chez des moniales arlésiennes au monastère Saint-Jean, en 567, après la naissance d’un enfant mort-né. Elle serait la soeur de Giuccio et de Magnachar (vers 506-565), duc des Francs-Transjurans, d'après Christian Settipani & Patrick van Kerrebrouck, La Préhistoire des Capétiens, 481-987, Première partie: Merovingians, Carolingians et Robertiens (Villeneuve d'Ascq: Editions Christian, 1993), p. 77.
  2. Elle est accompagnée d'Agnès, sa sœur spirituelle qu'elle choisit comme future abbesse et Venance Fortunat, poète italien qui deviendra son biographe.
  3. Louis Stouff - L'Eglise et la vie religieuse à Arles et en Provence au Moyen Âge, page 71
  4. Ibidem, page 72
  5. Ibidem, page 72
  6. Ibidem, page 77 :
    Le 13 juillet 1441, le conseil adopte le texte suivant "que tous ceux qui n'ont pas de parentes dans le couvent ne le fréquentent pas, car cela risque de compromettre la réputation du couvent" et décide d'écrire au cardinal Louis Aleman, archevêque d'Arles, si l'official ne règle pas la question. Pour les membres du patriciat local, Saint-Césaire est un peu le dernier salon où l'on cause.
  7. Congrès archéologique de France - 134e session -Pays d'Arles, page 220
  8. Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - ARLES, histoire, territoires et cultures, page 278
  9. Martin Aurell - Actes de la famille Porcelet d'Arles (972-1320), acte n°154, du 24 juin 1174
  10. Cartulaire de Trinquetaille, texte établi par P.A. Amargier, pièce n°19 page 18 : Aldiarde abbesse en 1192; Aldiarde est toujours abbesse en avril 1196, cf. ibidem, pièce n° 49, page 42
  11. Cartulaire de Trinquetaille, texte établi par P.A. Amargier, pièce n°221 page 226
  12. Louis Stouff - L'Eglise et la vie religieuse à Arles et en Provence au Moyen Âge, page 78
  13. Ibidem
  14. Ibidem
  15. Ibidem
  16. Ibidem

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

  • Louis Stouff - Arles au Moyen Âge, page 90
  • Louis Stouff - L'Eglise et la vie religieuse à Arles et en Provence au Moyen Âge, pages 69-78