Verdun (Meuse)

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Verdun
Blason de Verdun
Carte de localisation de Verdun
Pays France France
Région Lorraine
Département Meuse (sous-préfecture)
Arrondissement Verdun
Canton chef-lieu de 3 cantons
Code Insee 55545
Code postal 55100
Maire
Mandat en cours
Arsène Lux
Intercommunalité Communauté de communes de Verdun
Latitude
Longitude
49° 09′ 39″ Nord
         5° 23′ 18″ Est
/ 49.160800, 5.388422
Altitude 194 m (mini) – 330 m (maxi)
Superficie 31,03 km²
Population sans
doubles comptes
19 624 hab.
(1999)
Densité 633 hab./km²
Vue de la Meuse à Verdun
Vue de la Meuse à Verdun

Verdun est une commune française, située dans le département de la Meuse et la région Lorraine. Ses habitants sont appelés les Verdunois. Elle fut le théâtre de l'une des plus sanglantes batailles de la Première Guerre mondiale. En dialecte, la ville se nommait Vardun.

Sommaire

[modifier] Toponymie

Le vieux mot gaulois dunos, château, forteresse, a laissé sa trace dans le nom de beaucoup de villes françaises même lorsque ceux-ci ont été latinisés par les Romains. Le plus souvent, il est associé au nom d’un chef gaulois comme à Verdun justement mais aussi à Meudon ou Loudun. Ou encore au nom de dieu gaulois le plus vénéré Lug comme c'est le cas à Laon et à Lyon dont les deux noms dérivent de Lugduno. À Châteaudun, on remarque que le nom de la ville dit donc deux fois la même chose la première fois en latin et la seconde en gaulois/celtique.

[modifier] Géographie

Verdun est traversée par la Meuse, qui est canalisée lors de sa traversée de la ville. On dit aussi Verdun-sur-Meuse, qui était son nom officiel jusqu'en 1970.

Bien qu'elle ne compte que 20 000 habitants environ (données de 1999), c'est la ville la plus peuplée de son département.

Les principales villes voisines, dans l'arrondissement de Verdun, sont Étain, Montmédy et Stenay.

[modifier] Histoire

[modifier] Antiquité

L'histoire de Verdun plonge ses racines dans l’âge de la pierre taillée (paléolithique : la présence humaine dans la région date de 300 000 à 400 000 ans).

À l’époque celtique, cette région de la Gaule était occupée par le puissant peuple des Médiomatrices dont la "capitale" était Metz. De sa situation sur un éperon rocheux dominant le fleuve, provient le nom celtique de Verdun signifiant la forteresse (dunum) qui surveille le passage sur une rivière (vir[réf. nécessaire]). Oppidum celte puis castrum romain, après l’invasion des Gaules, Verdun est évangélisée au IVe siècle.

Le quartier actuel de la ville-haute de Verdun, autour de la Cathédrale, fut jadis occupé par un poste militaire gaulois qui prit le nom de Virodunum. Plus tard les romains en firent un castrum.

La haute antiquité de Virodunum et son importance militaire s’expliquent par sa situation topographique : il se trouvait au point de croisement de la grande voie reliant Metz à Reims, et de la route qui suivait la vallée de la Meuse. Le passage de la rivière y était particulièrement facile : la Meuse, venant du sud, se heurte au mouvement de terrain qui se termine à l’est par le castrum romain ; elle est ainsi amenée à décrire une courbe assez prononcée vers la droite et à calmer la rapidité de son cours. Elle se divise en plusieurs branches qui étaient jadis guéables en beaucoup de points. De bonne heure, il fallut surveiller et défendre ces gués qui constituaient des passages tout indiqués. Or, aucune position n’était plus favorable à cette défense que la croupe que contourne la Meuse. Le castrum romain était protégé au sud, à l’est, au nord par des escarpements de rochers, puis, plus avant, par une ligne d’eau continue : la Meuse et, au nord la Scance. Le plateau n’était abordable que par un isthme étroit, du côté de l’ouest. Cet accès difficile en a fait un bastion naturel, que les hommes ont ensuite fortifié de plus en plus puissamment au cours des siècles.

Les onze sièges que la ville a subis sont la preuve de l’intérêt attaché à sa possession, et son nom retentit à chaque grande époque de l'histoire.

Au début du IVe siècle, Saint-Saintin vint évangéliser les païens de Virodunum. Il fit construire en dehors et à l’ouest du castrum, sur l’emplacement d’un ancien temple païen, une modeste église qui fut remplacée plus tard, en 952, par l’abbaye de Saint-Vanne, à l’emplacement de la citadelle actuelle.

En 450, les Huns d’Attila ravagèrent Verdun. Clovis assiégea et prit la ville en 485. Elle eut ensuite à souffrir des invasions des Normands et des Hongrois : les premiers y arrivaient en remontant la Meuse, les seconds venaient d’Alsace par Metz.

[modifier] Haut Moyen Âge

À l'époque carolingienne, Verdun est un important marché aux esclaves où viennent s'approvisonner les marchands occidentaux, juifs et musulmans.

Le traité de Verdun en 843 est considéré par les historiens comme l'un des plus importants de l'histoire européenne. En effet, il consacre la partition de l'empire de Charlemagne, en trois unités distinctes qui donnent naissance à l'ouest à la future France et à l'est à la future Allemagne. La Lotharingie, large bande de terre située au centre, qui relie la mer du Nord à la Méditerranée, connaît une rapide décomposition en plusieurs territoires : la question de la frontière entre France et Allemagne est posée pour onze siècles.

Louis le Pieux (ou le Débonnaire) succède à Charlemagne, son père, en 814. Il ne parvient pas à maintenir l'unité du vaste empire, que trois de ses fils se disputent déjà de son vivant. À sa mort, en 840, Lothaire l'aîné revendique la succession sans partage, mais ses deux frères Charles le Chauve et Louis le Germanique réclament une part de l'héritage et font alliance . En 841 à la bataille de Fontenoy (à côté d'Auxerre), les deux frères remportent une victoire décisive sur l'armée de Lothaire. Et en 842, par le serment de Strasbourg, ils scellent leur union et obligent Lothaire à négocier le partage de l'empire.

Les contours de ce partage sont dessinés à Verdun en 843. Charles se voit attribuer la Francie occidentale (France) et Louis la Francie Orientale (Germanie). Lothaire obtient la Francie médiane (Lotharingie d'où la Lorraine tire son nom).

En 888, un incendie détruit la cathédrale de la ville.

Après le célèbre traité de Verdun (843) qui divisa l’empire de Charlemagne, la ville fit partie du royaume de Lothaire ou Lotharingie. Après la dislocation de cet état éphémère (923, les rois de France et de Germanie s’en disputèrent la possession. La Lotharingie devint finalement allemande sous l’empereur Othon Ier et fut divisée en deux duchés, celui de Basse-Lorraine (Belgique actuelle) et celui de Haute-Lorraine (Lorraine actuelle). Pendant un siècle et demi, Verdun fit partie de la Basse-Lorraine qui appartenait aux seigneurs de la Maison d’Ardenne. Cette période fut très mouvementée : les derniers rois carolingiens français revendiquaient la Lorraine. Lothaire, roi de France, vint mettre le siège devant Verdun deux fois dans la même année (984). Il prit la ville, la perdit, la reprit mais ne put empêcher qu’elle retourna bientôt à l’empire germanique. Un peu plus tard, l’empereur Othon II donna aux évêques de Verdun le titre d’évêques-comtes, en les nommant princes temporels du Saint-Empire. Mais ceux-ci furent amenés à se faire suppléer, pour l’administration civile et la protection de l’évêché, par des comtes voués héréditaires. Les premiers voués appartinrent à la puissante famille d’Ardenne qui possédait le comté avant qu’il fût épiscopal et que les évêques, trop faibles, n’osèrent évincer. Les comtes et les évêques ne vécurent pas toujours en bonne intelligence : ainsi Godefroy le Bossu, l’un de ces seigneurs, prit Verdun et incendia la cathédrale et l’évêché (1043). Le dernier comte, neveu du précédent, abandonna ses droits en partant pour la Croisade : c’était Godefroy de Bouillon, qui devint roi de Jérusalem.

[modifier] Bas Moyen-Âge

De 936 à 1089, Verdun connaît l’une des plus brillantes périodes de sa longue histoire. Les empereurs, les évêques, les comtes, les moines et les marchands contribuent à son développement. Si les Xe et XIe siècles sont connus pour être ceux de l’apogée de Verdun, dans la foulée le XIIe siècle est celui d’un sommet artistique et d’un grand homme : Nicolas de Verdun, sans doute le plus grand orfèvre du Moyen Âge.[réf. nécessaire]

Les évêques de Verdun, à l’époque, viennent tous de l’entourage impérial. D’ailleurs, il est d’usage de parler « d’Église impériale ». Ainsi, par exemple, Haimon fait-il bâtir bien des édifices religieux qui connaîtront une belle notoriété et favoriseront le rayonnement de Verdun. Cet évêque reçoit même au début du XIe siècle le droit de nommer le comte de Verdun, ainsi que le droit de frapper la monnaie.

Après la dislocation de l’empire carolingien qui fait de Verdun une zone stratégique (Verdun, somme toute, de tout temps s’appréhende comme une zone stratégique[réf. nécessaire]), les comtes de Verdun sont de « grands seigneurs laïcs inconstants, toujours ambitieux, mais pieux et magnifiques » comme le souligne un éminent historien. Parmi ceux-ci, citons Godefroy II le Barbu qui combattit Verdun, brûla même dans sa colère la cathédrale, avant de devenir un authentique bienfaiteur et de voir fils et neveu lui succéder.

Les moines aussi signent des épopées verdunoises en matière de réforme religieuse et d’exemple spirituel. Parmi eux, Richard de Saint Vanne qui maîtrise la Place de Haute Pensée sur une vingtaine d’abbayes pendant près d’un demi-siècle (1005 - 1046) a l’appui des empereurs, des rois de France et des comtes de Flandres. Nous possédons de lui plusieurs manuscrits remarquables.

De nombreux et dynamiques marchands, animateurs permanents d’un commerce international, parcourent l’Europe et font de Verdun un riche marché de tissus, d’armes, d’épices, d’ivoire, de fourrures, et même d’esclaves. Retenons que Verdun, ville libre du Saint Empire romain germanique, centre religieux et artistique, est un lieu manifeste d’incessante vie économique et stratégique. Verdun au cœur du monde, pourrait-on dire sans craindre d’exagérer. Ponts, fortifications, abbayes, monastères, cathédrale en perpétuelle construction, Verdun s’impose comme une ville toujours en mouvement.[réf. nécessaire]

Le XIIe siècle vit éclore le mouvement communal. Les bourgeois de Verdun voulurent se soustraire à l'autorité de l'évêque. Ils obtinrent de l'empereur Henri IV une charte d'après laquelle la cité, devenue libre, relevait directement de l'empire (1195). Ce fut alors la lutte entre l'évêque et les bourgeois.

Au XIIe siècle, les comtes de Bar prétendirent dominer l'évêché de Verdun et en avoir l'avouerie. Vers 1119, Renaud le Borgne, comte de Bar, éleva une énorme tour entre la porte Châtel et l'abbaye de Saint-Vanne. De cette tour, ses gens terrorisaient la ville et ses abords. Evêque et bourgeois s'unirent contre Renaud. La tour fut prise en 1134, puis détruite. L'avouerie fut retirée à la Maison de Bar.

Mais, au cours des siècles suivants, les comtes de Bar restèrent pour Verdun des voisins dangereux, ainsi d'ailleurs que les comtes de Luxembourg. Les seigneurs de ces deux Maisons, tantôt ennemis, tantôt alliés, s'unirent parfois pour opprimer de concert l'évêché de Verdun.

Pour se défendre contre la rapacité de leurs voisins, les évêques qui, jusqu'alors, s'appuyaient surtout sur l'empire, furent amenés à solliciter la protection des rois de France plus rapprochés. Ceux-ci, se rendant compte de la situation importante de Verdun, répondirent à cet appel. À partir de 1315, date à laquelle Louis X le Hutin y mit la première "Garde Française", l'influence de la France fit des progrès incessants. Charles VII, Charles VIII, Louis XII prirent successivement Verdun sous leur rotection. Cette politique préparait son rattachement complet à la France.

Dans sa lutte contre l'empire, Henri II s'appuya sur les princes protestants allemands et ceux-ci, pour payer l'alliance française, permirent au roi d'occuper les Trois Evêchés: Met, Toul et Verdun, ce qui se fit sans difficulté.

[modifier] Temps modernes

À partir de 1552, débute un processus de rattachement à la France. Verdun forme, avec Metz et Toul, les Trois-Évêchés. Le 12 juin 1552, Henri II, roi de France, entre dans Verdun qui n'oppose pas de résistance. Depuis 925, la ville faisait partie du Saint Empire romain germanique. Arrivé de Damvillers, où se trouve cantonnée son armée, le roi de France ne reste que quelques heures dans la cité épiscopale mais laisse en demeure une garnison de trois cents hommes sous le commandement du maréchal Tavannes. Charles-Quint s'efforça de reprendre les Trois évêchés. En 1554, il assiégea Verdun et s'en empara, mais il fut bientôt obligé de rendre la place à Henri II; un peu plus tard, il échouait complètement devant Metz, glorieusement défendu par le duc de Guise.

Ainsi, Verdun devint français de fait en 1552.

Verdun, pendant quelque temps, conserva en partie son autonomie. L'évêque Nicolas Psaulme fut réintégré dans les pouvoirs temporels de ses prédécesseurs et se montra administrateur éclairé. Grâce à cet illustre prélat, dont le souvenir est encore si vivace, Verdun, à part la tentative de surprise des Huguenots en 1562, vécut dans la tranquillité et la prospérité. C'est le début d'un processus qui conduit au rattachement définitif de Verdun à la France, entériné en 1648 par le traité de Westphalie.

[modifier] De la Révolution à l’époque actuelle

Fortifiée par Vauban, elle est prise en 1792, puis lors de la guerre franco-allemande de 1870. La ville fut alors l'enjeu de nombreuses batailles. L'armée allemande barra en effet la route qui la reliait à Metz, rendant impossible la retraite de l'Armée du Rhin sur Châlons-sur-Marne.

En 1916, la bataille de Verdun fut l'une des principales batailles de la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle la ville résista à tous les assauts. Suite à cet évènement, la ville de Verdun fut citée à l'ordre national de la Légion d'honneur par le décret du 12 septembre 1916.

Il est à noter que Verdun est actuellement, avec 26 médailles, la ville la plus décorée de France.

Vue panoramique de Verdun en 1919
Vue panoramique de Verdun en 1919
Exécution lors des mutineries de 1917.
Exécution lors des mutineries de 1917.

[modifier] Économie

[modifier] Administration

Quai de Londres (nommé en l'honneur de la capitale britannique qui a financé la reconstruction de Verdun)
Quai de Londres (nommé en l'honneur de la capitale britannique qui a financé la reconstruction de Verdun)

Verdun a constitué une communauté de communes avec quelques communes voisines. Les cinq membres de cette communauté sont : Béthelainville, Haudainville, Sivry-la-Perche, Thierville-sur-Meuse et Verdun.

Verdun est chef-lieu de trois cantons :

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
1793 1794 Pierre-Charles Lespine
1800 1808 François Huguin
1808 1821 Louis Gand
1821 1830 Desgodins
1830 1832 Jean Nicolas Antoine
1834 1837 Jean Baptiste Mareschal
1848 Clement Bertrand
1852 1856 Nicolas Ambroise Cartier
1860 1876 Charles Louis Benoit
1876 1878 Nicolas Armand Buvignier
1879 1881 Louis Maury
1884 1904 Louis Maury
1905 Leonce Rousset
1906 Victor Pequart
1908 Prosper Regnault
1919 1925 Edmond Robin
1925 1933 Victor Schleiter
1933 1935 René Panau
1935 1940 Gaston Thiébaut Radical Député
1947 1953 Hyppolyte Thevenon
1953 1965 François Schleiter CNIP Sénateur
1965 1977 André Beauguitte FNRI Député
1977 1983 René Vigneron PS Conseiller général
1983 1989 Jacques Barat-Dupont UDF
1989 1995 Jean-Louis Dumont PS Député
1995 2008 Arsène Lux RPF Conseiller général de la Meuse

[modifier] Personnages célèbres

[modifier] Monuments et lieux touristiques

Monuments commémorant la bataille de Verdun :

Autres centres d'intérêt :

  • la Tour Chaussée ;
  • le musée de la Princerie (archéologie, sculptures du Moyen Âge, faïences locales et étrangères) ;
  • la Cathédrale Notre-Dame.

Dans la région :

[modifier] Vie militaire

Listes des unités militaires ayant tenu garnison à Verdun :

[modifier] Jumelages

Verdun n'est jumelée à aucune autre ville, décision prise par le conseil municipal au lendemain de la première guerre mondiale, afin de ne pas créer de discriminations entre les nombreuses villes candidates à un jumelage. La tradition a depuis été respectée.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources bibliographiques

  • Alain Girardot et al. Histoire de Verdun, , 205 pages, Éditions Serpenoise, Metz, 1997 ISBN 2-87692-263-0
  • Les fortifications de la place de Verdun - 1874-1918, collection Itinéraires du patrimoine, 18 pages, Éditions Serpenoise, Metz, 1998, ISBN 2-87692-305-X
  • Guy Le Hallé, Verdun ma ville, 192 pages, Martelle Éditions, Amiens, 1992, ISBN 2-87890-018-9
  • Annette Wieviorka et Serge Barcellini, Passant, souviens-toi : les lieux du souvenir de la Seconde Guerre mondiale en France, Graphein - 8 janvier 1999
  • Stéphane Audoin-Rouzeau & Jean-Jacques Becker (Dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre, 1914-1918 : histoire et culture, Bayard - Septembre 2004
  • François cochet (Dir.), 1916-2006 Verdun sous le regard du monde, 14-18 Éditions - Juin 2006
  • François Cochet (Dir.), Les batailles de la Marne : de l'Ourcq à Verdun (1914 et 1918), 14-18 Éditions - Septembre 2004
  • Jean-Luc Pamart, Le paysan des poilus, Éditions de la Loupe - Juin 2005

[modifier] Notes