Arnica des montagnes
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Arnica des montagnes |
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Arnica montana | |||||||||
Classification classique | |||||||||
Règne | Plantae | ||||||||
Sous-règne | Tracheobionta | ||||||||
Division | Magnoliophyta | ||||||||
Classe | Magnoliopsida | ||||||||
Sous-classe | Asteridae | ||||||||
Ordre | Asterales | ||||||||
Famille | Asteraceae | ||||||||
Genre | Arnica | ||||||||
Nom binominal | |||||||||
Arnica montana L., 1753 |
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Classification phylogénétique | |||||||||
Ordre | Asterales | ||||||||
Famille | Asteraceae | ||||||||
Arnica montana subsp montana, tige florifère |
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L'arnica des montagnes (Arnica montana) est une espèce de plante herbacée vivace rhizomateuse du genre Arnica et de la famille des Asteraceae. Cette plante européenne principalement montagnarde est typique des sols acides et pauvres en éléments nutritifs. En ce sens, ses populations sont fortement malmenées par l'agriculture intensive et deviennent de plus en plus rares. Ce statut lui vaut d'ailleurs d'être nommée dans de nombreux textes de loi la protégeant. À ce titre, elle figure dans la Directive habitats européenne.
L'arnica des montagnes est une plante majeure des pharmacopées traditionnelles et modernes européennes. Sa réputation fondée et approuvée officiellement en tant que anti-ecchymotique n'est plus à faire. Afin de fournir les laboratoires pharmaceutiques, dont la demande européenne annuelle est estimée à 50 tonnes de capitules secs, cette arnica est cueillie à l'état sauvage. Cependant, cette demande croissante en produits phytothérapeutiques et homéopathiques et sa rareté semblent antinomiques. En effet, devant la raréfaction des stations sauvages, la cueillette tend à se concentrer sur quelques sites et à les sur-exploiter. De plus, sa culture reste à l'heure actuelle aléatoire tant ses exigences sont nombreuses.
Néanmoins, des alternatives se mettent en place : la recherche sur sa culture avance, l'Allemagne et la communauté européenne ont ouvert leur pharmacopée pour accueillir une plante thérapeutiquement équivalente tandis que d'autres mettent en place des conventions entre les différentes parties en jeu afin de concilier économie et écologie.
Sommaire |
[modifier] Description
Plante vivace de 20 à 40 cm à rosette, l'arnica des montagnes commune (Arnica montana subsp montana) fleurit entre mai et août selon les étages de végétation. Elle est pollinisée par les insectes et ses graines sont dispersées par le vent[1] Toute la plante est de couleur vert pâle et couverte de poils glanduleux très odorants. Cette plante est facilement reconnaissable d'une part grâce à ses feuilles basilaires sessiles, ovales et à nervures longitudinales saillantes en dessous ; l'ensemble des rosettes forme couramment des plaques compactes. D'autre part, elle s'identifie aisément grâce à sa hampe florale de 20 à 40 cm munie de 2 petites feuilles caulinaires opposées ou sub-opposées. Ses capitules jaunes-orangés sont assez grands (6-8 cm) et solitaires (ou réunis par 3 ou 4), dégageant une forte odeur aromatique caractéristique. Comme chez toutes les Asteraceae, le capitule est composé de fleurs ligulées femelles et de fleurs tubulées hermaphrodites. Le fruit est un akène dont la graine est légèrement velue et aussi longue que l'aigrette blanche qui la surmonte. |
[modifier] Sous-espèces et cultivar
La sous-espèce atlantica a des feuilles basales plus étroites et porte des feuilles caulinaires sur chacune de ses bractées alors que la sous-espèce montana porte ces feuilles uniquement sur sa hampe florale. De plus, elle est souvent plus haute (jusqu'à 60 cm) et son involucre est laineux. Les capitules se développent du mois de juin au mois d'octobre et sont d'un jaune tendre et non pas orangé comme la sous-espèce montana. [modifier] Synonymes
[modifier] ÉtymologieD'après Pierandrea Mattioli, dans la Grèce antique, la plante nommée par Dioscoride alcimos, c'est-à-dire « salutaire » serait l'arnica des montagnes. Selon Paul Victor Fournier, ce serait Matthaeus Silvaticus, au XIVe siècle, qui serait le premier à l'avoir nommé « ptarmica». Cependant la plante est confondue avec le genre Alisma ou Damasonium. Ce nom sera repris par Conrad Gesner au XVIe siècle, puis transformé par Jean-Michel Fehr en « arnica » au XVIIe siècle. L'étymologie de « arnica » est mal connue, ce nom proviendrait peut-être de l'arabe comme il en était l'usage à l'époque ou d'une allusion à ses propriétés sternutatoire (grec ancien : πταρμική [ptarmice], « qui fait éternuer »)[8]. Par la suite de nombreuses dénominations se succédèrent. En effet, la proximité du genre Arnica avec le genre Doronicum souleva de nombreuses polémiques entre le XVIIe siècle et le XIXe siècle. Joseph Pitton de Tournefort, au XVIIe siècle, l'insère pour la première fois dans le genre Doronicum et la nomme « Doronicum plantaginis folio alternum ». Carl von Linné, au XVIIIe siècle, donne pour caractères distinctifs de l'arnica, toutes les semences aigrettées, et cinq filaments stériles dans les demi-fleurons. Il crée donc des genres distincts et nomme l'espèce selon sa méthode binomiale « Arnica montana ». À la même époque, Jean-Baptiste de Lamarck classe le genre Arnica au sein des Doronic et la nomme « Doronicum oppositifolium ». De même, selon Bernard de Jussieu et Pierre Jean François Turpin, le premier des caractères de Linné est trop peu important pour établir une distinction générique et le second n'existerait pas. D'autres noms voient alors le jour comme « Doronicum montanum » en 1786 et « Doronicum arnica » en 1804. La classification actuelle retiendra celle de Carl von Linné[9]. L'épithète « montana » présente dans les appellations faisant référence au genre Doronicum comme au genre Arnica signifie « montagne » indiquant le caractère principalement montagnard de sa répartition. Elle provient du latin « mons ». Populairement, en France, elle est également appelée « plantain des Alpes » à cause de la forme lancéolée de ses feuilles et à leurs nervures longitudinales saillantes, « tabac des Vosges » ou « tabac des Alpes » par allusion à l'ancien usage de ses feuilles. Ces deux noms font également référence à son aire de répartition. De plus, elle est nommée « Herbe aux chutes », qui est une façon de nous rappeler son caractère antiecchymotique . Enfin, elle est nommée « Bétoine des montagnes ». « Arnica des montagnes », « Arnique des montagnes » et « Arnique montagnère », traductions littérales du nom scientifique, sont également de vigueur.[1],[10] En Allemagne, elle est désignée par Wolferley ou Wolfstöterin signifiant « tueuse de loup » car la plante passe pour vaincre la puissance du loup. Le mythe nordique du loup Fenris oppose ce dernier à la pure vitalité du soleil, le loup tentant d'assombrir tout ce que le soleil représente en nous. La désignation scientifique est internationalement plus répandue que l'appellation vernaculaire ; que ce soit en allemand ou en français, leur usage est souvent tombé en désuétude. [modifier] Écologie[modifier] Distribution géographiqueArnica montana est une plante originaire des régions montagneuses de l'Europe et du sud de la Russie, région appelée Écozone paléarctique. Plus précisément, Arnica montana subsp montana est essentiellement présente en Europe, du sud de la Norvège et de la Lettonie sud, au sud du Portugal, des Apennins nord et au sud des Carpates. À contrario, la sous-espèce atlantica est limitée à une zone allant du sud-ouest de la France au sud du Portugal. Jusqu'à il y a quelques décennies, Arnica montana était une plante commune en Europe. Elle pouvait se rencontrer partout sur le continent de la plaine jusqu'à 2850 mètres. Aujourd'hui, elle est en forte diminution sur la totalité de son aire de distribution se cantonne aux stations les plus hautes et les plus difficiles d'accès[1],[11],[12]. En France, Arnica montana subsp montana est très rare à l'étage collinéen, elle est surtout présente à partir de l'étage montagnard jusqu'à l'étage alpin. Elle est présente dans les Pyrénées, le Massif Central, le Morvan, les Ardennes, les Vosges et les Alpes. La sous-espèce atlantica se rencontre en plaine en Sologne ainsi qu'au sud du département des Landes d'où elle a quasiment disparu[1],[5],[13]. [modifier] Exigences écologiquesArnica montana subsp montana est une espèce continentale héliophile (ou de demi-ombre). Elle est totalement acidiphile et se plait au sein des sols pauvres en bases et en éléments nutritifs. À contrario, elle est très peu exigeante au niveau des matériaux pédologiques, elle accepte aussi bien les tourbes et les argiles, que les limons (surtout sableux ou caillouteux) et les arènes. Ces sols devront néanmoins être modérément secs à humides (parfois avec des contrastes hydriques au cours de l'année).[1] Arnica montana subsp atlantica est une espèce sub-océanique, également héliophile (ou de demi-ombre). Elle ne supporte pas les chaleurs extrêmes mais contrairement à la sous-espèce montana, elle craint les gelées tardives. De plus, elle préfère les sols humides à très humides. Quant à leurs autres exigences édaphiques, elles sont identiques, à savoir un sols acide à très acide ne contenant que très peu de phosphates.[14] Caractère indicateur : Arnica montana est donc un bio-indicateur extrêmement fiable des sols acides très pauvres en éléments nutritifs[1],[2]. L'abondance d'Arnica montana est indicatrice d'un long passé de la végétation à l'état de lande[15]. [modifier] PhytosociologieArnica montana subsp. montana est une orophyte péri-alpine, préférant les adrets au nord de l'Europe et les ubacs au sud. Elle affectionne particulièrement les pelouses maigres montagnardes et sommitales acidiphiles soumises à l’effet de crête, principalement sur silice (Caricion curvulae et Violion caninae) et en particulier sur Nardion strictae (Nardus stricta, le nard raide). Ceci, jusqu'au bord des dalles rocheuses et dans les landes à callune et à myrtille (Vaccinio-Genistetalia). Elle pénètre parfois dans les forêts peu denses du Rhododendron-Vaccinion (Pinèdes, Cembraies et Mélézins) ou dans les zones plus humides du Juncion squarrosi (Jonçaies à Canche cespiteuse). Cette arnica est présente dans les Pyrénées dans un biotope particulier : les pelouses siliceuses à Festuca eskia[1],[16],[17]. Dans les Alpes, Arnica montana subsp. montana forme une association végétale avec Campanula barbata par l'intermédiaire de leurs exsudats racinaires[2]. Arnica montana subsp. atlantica, quant à elle, est présente dans les landes à bruyères humides et les prairies marécageuses des ubacs jusqu'à 1700 m d'altitude. Elle apparaît généralement dans des communautés appartenant à l'Alliance Anagallido tenelleae-Juncion bulbosi propre aux tourbières plates des zones de colline et de moyenne-montagne océaniques. Ses plantes compagnes sont généralement Anagallis tenella, Drosera anglica, Pinguicula lusitanica, Rhynchospora alba, Rhynchospora fusca et Scutellaria minor[14],[18]. [modifier] Parasitisme Article détaillé : Tephritis arnicae.
A l'état sauvage, les capitules d’Arnica montana subsp. montana sont régulièrement parasités par un diptère, Tephritis arnicae, dont le développement des larves formant des cocons noirs dans le capitule est totalement dépendant de la plante. Bien que ces larves soient aisément extraites et que les capitules parasités soient utilisables après nettoyage, certains auteurs la disent très toxique tandis que d'autres accusent cette larve de faire perdre à l'arnica ses propriétés médicinales[10],[19]. Un autre insecte semble parasiter les feuilles d'Arnica montana. Il s'agit des chenilles du lépidoptère Digitivalva arnicella de la famille des Yponomeutidae[20],[21]. Certains gastéropodes semblent également être impliqués. Que ce soient des limaces herbivores importées comme Arion lusitanicus ou les limaces locales, toutes portent une préférence nette pour les feuilles d’Arnica montana. Alors que les plants adultes sont rarement détruits (car ils répondraient à l'agression par une production de substances volatiles désavantageuses), l'effet des mollusques sur les semis printaniers est généralement fatal. Il apparaît alors que les limaces herbivores influencent un mode de reproduction végétatif plus que germinatif. De plus, il semblerait qu'elles soient un facteur clé dans la distribution géographique des populations d’Arnica Montana. En effet, du fait de l'augmentation de température ainsi que de la baisse de production d'huiles essentielles, leur impact paraît augmenter avec une baisse de l'altitude, et ainsi défavoriser les peuplements de plaine[22]. [modifier] Incidences de l’agricultureL'agriculture intensive est mise au banc des accusés[2],[23],[24] dans la raréfaction d'Arnica montana. En effet, le surpâturage, l'azote, la potasse, les éléments alcalinisants (chaulage, excréments ovins), les sur-semis et les labours sont autant d'éléments fatals pour l'arnica. Selon l'IUCN, dans de telles conditions, « la plante ne revient pas à l’ancien habitat pendant des décennies. » [modifier] Le pâturage des ovinsArnica montana devient de plus en plus rare[2] du fait du changement de type de bétail sur les prairies agricoles. En effet, lorsque l'on remplace le pâturage des bovins par celui des ovins, elle disparaît totalement en un ou deux ans. Les excréments alcalinisants des moutons sont fatals à cette plante acidiphile. Ce fut en effet spectaculaire sur les Hautes-Chaumes du Haut-Forez (Rhône-Alpes, Auvergne) où l'introduction du mouton à fait disparaître les grandes stations d'Arnica montana en deux ans. [modifier] La fertilisation des solsLa fertilisation des sols par l'agriculture intensive met également en danger les populations sauvages d'Arnica. Dans les Alpes suisses[24], une expérience de fertilisation de pelouses du Geo montani-Nardetum, un des biotopes privilégié de Arnica montana subsp montana, fut engagée en 1930 par le Dr. W Lüdi et poursuivie jusqu'en 1990 par des équipes de scientifiques de l'université de Berne[25]. Le protocole prévoyait différents itinéraires de fertilisation, combinant des apports d'azote, de phosphore, de potassium, de calcium et fumier, avec suivi des effets et de leur persistance sur la composition floristique et sur les caractéristiques pédologiques des micro-parcelles. Les conclusions de cette expérimentation menée sur le long terme démontrent d'une part qu'il apparaît un développement rapide de Festuca rubra, Phleum alpinum et plus généralement des espèces à large spectre sous l'effet des apports de phosphore, de calcium et de fumier, ces évolutions floristiques s'accompagnant d'une élévation significative du pH et de la richesse minérale du sol. D'autre part, elle démontre une régression rapide de Nardus stricta, Arnica montana, Geum montanum et de la plupart des espèces acidophiles. Quant à la sous-espèce atlantica, son biotope est également sous menace de destruction du fait du changement des conditions écologiques. En effet, l'amélioration culturale des prairies marécageuses a provoqué la raréfaction de l'espèce.[26] [modifier] L’agriculture extensiveL'agriculture extensive, quant à elle, favorise le développement d’Arnica montana. L'exemple du Markstein[27], dans les Ballons des Vosges semble être assez probant. En effet, une étude scientifique agro-environnementale à été menée en partenariat avec le Parc naturel régional des Ballons des Vosges par l'université de Metz (Laboratoire de Phytoécologie du professeur Serge Muller) sur une parcelle communale en friche de 14 ha, pendant trois ans de 1998 à 2001. Partant de l'arnica en tant que principal bio-indicateur de l'état de ces hauts-pâturages, l'étude à permis d'établir quelles mesures prendre pour en préserver l'écosystème et la biodiversité. Ainsi, l'introduction d'un petit cheptel de bovins et le renoncement à tout engrais sur la parcelle, ainsi que la taille des buissons envahissants, auront permis d'y obtenir une augmentation notable des populations d’Arnica montana. Refus des bovins, l'Arnica a pu se développer au détriment des plantes fourragères. Un pacage extensif effectué le plus tôt possible dans la saison semble donc positif [2],[27],[28]. D'autres préconisent également une fauche tardive[2]. Pour un résultat optimal, l'Office Fédéral de l'environnement de Berne (Suisse)[28] conseille une fauche tous les 3 ans sur la moitié voire le quart de la parcelle, l'exploitation de ces prairies devant se dérouler du 1er Juillet à 800 m d'altitude jusqu'au 31 à 1600 m. L'agriculture extensive est donc propice à l'arnica : il faut un minimum d'interventions humaines (coupe de bois, fauche) ou de présence animale afin de maintenir le biotope des prairies naturelles. Un terrain laissé à l'abandon évoluerait vers la lande à callune ou à myrtille, puis vers la forêt. Quoique potentiellement présentes dans ces biotopes, les populations d'Arnica montana n'en seraient pas moins largement amoindries. [modifier] ProtectionArnica montana est considérée[29],[30] par la communauté européenne comme « une espèce végétale d'intérêt communautaire dont le prélèvement dans la nature et l'exploitation est susceptible de faire l'objet de mesure de gestion ». Tout type de prélèvement peut être réglementé : plantes fraîches ou séchées, y compris, le cas échéant, feuilles, rhizomes, tiges, graines, et fruits. Dans ce cadre, Arnica montana est une espèce des prairies de fauche de l'annexe V de la Directive habitats 92/43/CEE. En Europe, Arnica montana est inscrite sur la liste des plantes plantes protégées de certains pays. Elle est considérée Indéterminée à Kaliningrad et en Ukraine ; Rare en République tchèque et Vulnérable en Bosnie-Herzégovine, en Lituanie, en Pologne, aux Pays-Bas, en Finlande, en Suède et au Portugal[11],[31],[26]. En Hongrie : Arnica Montana est considérée comme Menacée et est l'une des rares espèces dont la collecte est interdite (1982.III.15.KTM décret et ses amendements)[11],[32],[31]. En Roumanie : elle est considérée comme "vulnérable" et depuis 1996, un permis pour la collecte Arnica montana capitules est nécessaire en Roumanie[11],[32],[33]. En Allemagne : elle est considérée "Menacée", à ce titre, elle figure dans le décret fédéral de protection des espèces sauvages (Bundesnaturschutzgesetz) en appendice 1. Sa cueillette en est donc fortement contrôlée et nécessite, à titre exceptionnel, une autorisation fédérale. Elle est interdite pour des fins lucratives[34]. En Suisse, Arnica montana est inscrite en liste rouge sous protection régionale dans les cantons du Jura et sur le Plateau où elle est considérée comme espèce en danger. Dans le Canton de Berne, la cueillette de cette plante à des fins lucratives requiert une autorisation de l’Inspection de la protection de la nature[35],[36]. En Italie, la protection des végétaux médicinaux et aromatiques et de leurs habitats naturels est soumise au Décret Royal (R.D) No. 772 de 1932. Il y est inscrit que la quantité maximum d'Arnica montana permise à la récolte sauvage est de 5 kg frais (capitules et racines) par personne et par an[26]. En Espagne, il n’existe pas de législation qui interdise et contrôle la récolte de Arnica montana dans tout le territoire, excepté dans les zones faisant partie d’un Parc national ou d’une Réserve naturelle intégrale. Cependant, cette espèce étant incluse dans l’annexe V de la Directive Habitats, cette directive a été transposée en Espagne dans le RD 1997/1995 et dans l’annexe D du Règlement CE 338/97. Dans ce cadre, en Catalogne, il est nécessaire d'avoir l'accord du Département de l’environnement et de l’habitat (DMAH) afin de pouvoir en tirer profit[37],[31]. En France, les deux sous-espèces montana et atlantica sont soumises à réglementation[38] municipale (Vosges), préfectorale (Cher et Loiret), départementale (Cher : Article 3 et Article 4 ; Loiret : Article 1er et Article 4 ; Alpes de Haute Provence : Article 3 et Article 6 ; Lot : Article de 4 et Isère) et régionale (Centre, Bourgogne, Aquitaine). « Dans ces territoires, sont interdits, en tout temps, la destruction, la coupe, la mutilation, l'arrachage, la cueillette ou l'enlèvement, le colportage,l'utilisation, la mise en vente, la vente ou l'achat de tout ou partie des spécimens sauvages. Toutefois, les interdictions de destruction, de coupe, de mutilation et d'arrachage ne sont pas applicables aux opérations d'exploitation courante des fonds ruraux sur les parcelles habituellement cultivées. » Arnica montana est également protégée dans le cadre de la convention alpine et de certains Parc nationaux. Ces taxons sont à protéger en plaine[1]. [modifier] Usages et propriétés[modifier] ConstituantsÀ des fins médicinales et selon la nomenclature pharmaceutique, on utilise les capitules secs (Arnicae flos), la partie aérienne fleurie fraîche (Arnicae herba), la plante entière fleurie fraiche (Arnicae planta tota) et les racines (Arnicae radix). Ses composants font d'Arnica montana une plante toxique. Afin de pallier la rareté de Arnica montana et à ses difficultés de culture, l'Allemagne et la communauté européenne ont ouvert leur pharmacopée à Arnica chamissonis subsp. foliosa. En effet, ils la considèrent comme thérapeutiquement équivalente. Cette plante originaire d'Amérique du Nord a en effet une composition chimique proche, bien que distincte.[39],[40],[31] Les drogues brutes de Arnicae flos sec et de Arnicae herba sont principalement constituées de lactones sesquiterpeniques avec une prédominance pour l'hélenaline, la dihydrohélénaline et leurs acide gras esteriques. Ceci pour une teneur de 0,3% à 1% du poid sec de capitules et de 0,1 à 0,5% du poids sec de feuilles. Ces drogues contiennent également des flavonoïdes (0,4 à 0,6%) comme les glycosides de spinacetine, hispiduline, patuletine et d'isorhamnetine. Les huiles essentielles constituent 0,2 à 0,35% des capitules et 0,2 à 0,5% dans les feuilles et se composent principalement d'acides gras comme des dérivés de thymol et des mono- et sesquiterpenes. On retrouve également des coumarines telles que l'ombelliférone et le scopolétol. Arnicae flos contient davantage d'acides phénoliques et de coumarines que les feuilles. Ils sont également composés de traces ( 0,0005 mg/kg) d'alcaloides pyrrolizidine (tussilagine et isotussilagine). Ces capitules contiennent plus d'arnicine que le rhizome et aucun tanins.[41],[42],[43] La composition quantitative est variable en fonction de l’origine des plants. Les capitules d’Europe centrale renferment essentiellement des esters d’hélénaline alors que les espagnols sont riches en esters de dihydrohélénaline. De plus, les plants de Arnica montana subsp. atlantica semblent plus intéressant à cause de leurs composés chimiques moins allergènes. [41],[42],[44],[43],[26] Les principaux constituant de Arnicae radix sont de l'huile essentielle (2 à 4% dans les racines, 3 à 6% dans les rhizomes) qui sont à 90% composées de thymol et de ses dérivés. Sont également présent des tanins, des polyines, des acides chlorogéniques, de la cynarine et des oligosaccharides. Les lactones sesquiterpeniques n'ont pas été détectés ni dans les racines ni dans les rhizomes de Arnica montana[41]. L'hélénaline ainsi que la dihydrohélénaline, responsables de l'amertume, semblent être les constituants produisant les propriétés anti-inflammatoires et analgésiques de l'Arnica. Plus précisément, l'hélénaline serait un puissant inhibiteur du facteur de transcription nucléaire NF-kB, un facteur crucial du processus inflammatoire.[43],[45] [modifier] Usages en médecine humaine[modifier] HistoriqueConnue des Grecs de l'Antiquité, Pline l'Ancien informe que sa racine, « prise dans du vin à la dose d'un drachme ou deux, convient contre le lièvre marin, le crapaud et l'opium ». Néanmoins, rien ne semble montrer qu'ils en connaissent l'usage anti-ecchymotique. Au Moyen Âge, cette plante fut décrite par Hildegarde de Bingen. Elle aurait découvert cette propriété médicinale et en synthétise ses propriétés magiques ainsi :
Mais ses explications et les glossaires de son époque évitent une définition précise. Ce sont véritablement les écrits de Matthaeus Silvaticus au XIVe siècle et la littérature gynécologique du XVe siècle qui vont apporter les premières informations fiables. Cependant, l'identification erronée de l'arnica dans le Materia medica le confondant avec les genres Alisma ou Damasonium a mené à une confusion générale sur la taxonomie et les indications thérapeutiques. Ainsi, il n'est pas surprenant de retrouver ces confusions entre Arnica montana et Alisma plantago-aquatica dans les écrits des XVIe et XVIIe siècles, mais également chez certains auteurs du XXe siècle. Dans la médecine populaire médiévale, l'arnica paraît être utilisée pour les douleurs menstruelles et comme agent abortif. Au cours du XVIe siècle, elle est devenu "un remède de blessure" exceptionnel contre les blessures externes. Son rôle dans les traditions populaires montre des similarités intéressantes avec le millepertuis perforé surtout en Bohême ( République tchèque), Silésie (Pologne) et Haute-Franconie (Allemagne). C’est au XVIIIe siècle que l'arnica joue un rôle de premier rang et est le sujet de nombreuses thèses de médecine scientifique, discipline alors en plein essor. Ces ouvrages précisent déjà que « lors de l’utilisation de l’arnica, il faut être extrêmement prudent car il s'agit d'un remède agissant rapidement à petites doses. » Ainsi l’arnica compte-t-elle parmi les plantes ayant influencé de façon décisive Samuel Hahnemann, le fondateur de l'homéopathie, et son utilisation des remèdes à doses infinitésimales. Au début du XIXe siècle, Johann Wolfgang von Goethe a également examiné avec attention Arnica montana et a reçu une prescription d'infusion d'arnica contre son infarctus en février de 1823, ce qui aurait amélioré de façon notoire son état. Dès lors, la popularité de l'arnica fut grandissante dans le domaine médical. [47],[48],[49]. Dans la partie occidentale de l’Amérique du Nord, de l’Alaska et au nord du Mexique, on trouve également trois espèces d'Arnica : Arnica fulgens, Arnica sororia et Arnica cordifolia que les amérindiens utilisaient pour traiter les blessures, les ecchymoses et les entorses[39]. [modifier] PhytothérapieLa Commission E allemande[50] et l’ESCOP (European Scientific Cooperative on Phytotherapy)[51] ont approuvé l’usage par voie externe de l’arnica et reconnaissent son efficacité pour les traitements qui suivent[39]. Ces soins sont plus ou mois répandus suivant les pays, par exemple l'usage de soigner les piqûres d'insectes avec un onguent d'Arnicae flos est très présent en Allemagne et quasi-inexistant en France. Plusieurs formes galéniques sont utilisées par les phytothérapeutes. Il s'agit d'infusion pour compresses de Arnicae flos, de teinture mère 1 DH de Arnicae herba, de Arnicae planta tota ou de Arnicae flos (nommée Tinctura arnicae) et d'onguents ou de macérations huileuses de Arnicae flos pour un usage externe en application directe. L'usage de teinture de capitules pure peut donner lieu à des réactions allergiques parfois graves. Il est donc recommandé de l'étendre de dix fois son volume d'eau (1DH)[10],[52],[43],[39]. Arnica montana est utilisé afin de soigner les ecchymoses[53], les œdèmes associés à une fracture, les troubles musculaires[54] (foulures) et articulaires (arthrose[55]), les furoncles, les piqûres d’insectes et les insuffisances veineuses (phlébites et varices[56]). Pour le cas d'une inflammation de la cavité orale et de la gorge[57], la teinture mère 1 DH s'utilise en gargarisme (où il faut éviter d’avaler la solution). Ces usages sont très populaires tant en médecine traditionnelle qu'en médecine moderne, il a d'ailleurs valu à l'arnica d'être appelé « herbe aux chutes ». Selon P. Lieutaghi, « la pharmacie familiale se doit de conserver cette teinture dont l'excellence n'est plus à démontrer. Tous les traumatismes avec ou sans épanchements sanguins ou séreux bénéficient de son application. [...] Il est préférable d'employer Arnica montana uniquement sur les traumatismes sans plaies [ouvertes]. »[10],[52],[39]. [modifier] HoméopathieBien que, dans le passé, la plante ait fait l'objet d'usages internes, notamment pour le traitement de troubles cardiaques et respiratoires, on la considère aujourd'hui comme toxique et on la réserve à l'homéopathie. Selon P. Lieutaghi, en dehors de cette thérapie, « l'emploie interne d'Arnica montana, notamment comme anti-spasmodique, est à exclure de la médecine domestique car cette plante toxique est dangereuse entre des mains inexpertes ». La pathogénésie du totum (signes étiologiques, psychiques et généraux ainsi que les signes régionaux) a été réalisé par Samuel Hahnemann dans Traité de matière médicale ; son action est identique à celle obtenue après un traumatisme musculaire accompagnée d'ecchymoses et d'un état fébrile avec adynamie. Fabriquées à partir de teinture mère de Arnicae planta tota frais, les préparations d'arnica sont conseillées, suivant le principe de « similitude », en tant que médicament homéopathique du surmenage et du traumatisme musculaire (choc, plaies, soins post-opératoires), de certains états infectieux avec adynamie, de troubles vasculaires et de dermatoses (liées à la fragilité du derme). Selon les homéopathes, la prise interne de haute dilution homéopathique de la plante favoriserait les traitements phytothérapeutiques. On utilise l'arnica de la teinture mère à la dilution 30CH et aux dilutions korsakoviennes. En automédication, son usage est très populaire[10],[52],[58]. Néanmoins, l'effet des remèdes homéopathiques reste très controversé. Beaucoup d'études randomisées en double aveugle ont démontré que l'arnica des montagnes dans son usage homéopathique est inefficace au-delà d'un effet de placebo[59]. Plus précisément, une étude effectuée en 2000 à Lausanne (Suisse)[60] visait à déterminer si Arnica montana, dans son usage homéopathique, pouvait résorber les hématomes dans la chirurgie veineuse. Les résultats montrent que, avec le dosage 5 CH, aucun effet préventif d'Arnica montana n'est observable. Une autre étude effectuée par le Research Council for Complementary Medicine, à Londres (Angleterre)[61] visait à déterminer si l'Arnica 30CH pouvait réduire la douleur musculaire plus qu'un placebo, lors d'une course à pied de longue distance. Leurs conclusions démontrent que Arnica montana 30 CH est inefficace dans ce cadre. [modifier] Usages en médecine vétérinaireEn phytothérapie vétérinaire[41],[62] Arnicae flos est utilisé localement pour le traitement des inflammations aigües des tendons, des articulations et des mamelles mais aussi pour le nettoyage et le traitement des blessures sans épanchements sanguins de la peau et des muqueuses, de l'eczéma et des inflammations cutanées. Ceci principalement sous formes de teintures mères, d'extractions fluidiques et d'onguents. La macération huileuse de Arnicae flos est utilisée uniquement en usage externe cutané. Un traitement interne est à proscrire du fait de sa toxicité et de son effet irritant sur l’estomac. En homéopathie vétérinaire[41], on utilise la teinture-mère 1 CH qui est préparée à partir de l'extraction alcoolique de Arnicae planta tota frais de Arnicae flos ou de l'extrait alcoolique de Arnicae radix en dilution homéopathique 1 CH . Selon l'EMEA, l'usage de Arnicae radix est à réservé à l'homéopathie et ne doit pas excéder cette concentration. Ces préparations peuvent prendre des formes liquides ou de tablettes et sont ajoutées à la nourriture animale. Néanmoins, certains composés majeurs possèdent une toxicité accrue et ces usages semblent moins efficace que la forme injectable. Les espèces concernées par ces traitements sont essentiellement les bovins, les ovins, les équins, les porcins et les caprins. D'après l'Agence européenne pour l'évaluation des produits médicinaux (EMEA), les produits vétérinaires contenant Arnica montana sont utilisé sur peu d'animaux et cet usage est peu fréquent et irrégulier. Selon ce même organisme, les animaux ne doivent pas être abattus immédiatement après les traitements internes spécialement lors d'un usage prononcé de lactones sesquiterpeniques (présents dans Arnicae flos et Arnicae planta tota et non dans Arnicae radix) car cela pourrait poser des risques pour le consommateur. [modifier] Contre-indications et ToxicitéArnicae flos est un emménagogue ; les capitules ne doivent donc pas être administrés aux femmes enceintes.[43] En usage externe, une utilisation prolongée sur une peau lésée (blessures ou ulcères) peut fréquemment causer des dermatites œdémateuses accompagnées de petites vésicules. Un traitement nécessitant de fortes concentrations peut engendrer de l'eczéma, voire des réactions dermatologiques toxiques accompagnées de petites vésicules pouvant aller jusqu'à la nécrose. Ces manifestations sont dues à une allergie de contact liée à certains lactones sesquiterpéniques (hélénaline et dérivés).[43],[63] De plus, Arnica montana est suspectée d'intéraction avec d'autres produits naturels de santé[64]. En effet, elle augmenterait le temps de saignement par l'inhibition de l’agrégation plaquettaire. Il existe peu de données probantes et l’effet possible de l’interaction sur la santé du patient n’est pas nécessairement majeur. Cependant, elle doit tout de même faire l’objet d’une surveillance. Il est également possible de s'intoxiquer[52] avec Arnica montana par pathogénésie, c’est-à-dire par un contact excessif avec la plante (cueillette, transport, transformation...). L'intoxication se traduit tout d'abord par des ampoules, puis des hématomes, des raideurs aux muscles, une photosensibilation importante et enfin une hausse de la température du corps. En cas d'intoxication il est conseillé d'utiliser du charbon actif de pharmacie et d'appeler le centre anti-poison le plus proche. Une ingestion malencontreuse d'arnica est susceptible d'entraîner une irritation des muqueuses de l'estomac, de l'intestin ainsi que des reins. Étant donné la toxicité des lactones sesquiterpéniques, l'administration orale est fortement déconseillée ou doit être strictement contrôlée. La dose létale moyenne orale d'une teinture-mère de 30 % de Arnicae flos est de 37,0 mL/kg chez les souris. Quant à l'hélénaline, elle est léthale pour les souris à partir de 150.0 mg/kg, pour les lapins à partir de 90.0 mg/kg et les moutons à partir de 125.0 mg/kg.[43],[63] [modifier] Altération et falsificationOn substitue quelquefois aux capitules d'arnica ceux de l'Inula helenium, qui sont moins foncés, ont une odeur moins aromatique et dont les fleurs ligulées ne présentent que quatre nervures ; ou bien celles de Doronicum austriacum ou Doronicum pardalianches, dont les demi-fleurons sont dépourvus d'aigrettes tandis que les fleurons du centre portent chacun plusieurs rangées de poils. Quant aux capitules de Tussilago farfara, ce sont des imitations grossières tant les portions de pédoncules chargés d'écailles sont aisément identifiables. Enfin, les capitules de Senecio doronicum ont été signalés mais leur involucre tomenteux, leurs ligules étroites et courtes et leurs stigmates tronqués et velus en dévoileront la présence. De même, il faut rejeter les capitules flétris, sans odeur, d'un aspect sombre et mat, et surtout ceux qui sont accompagnées d'œufs et de larves du diptère Tephritis arnicae.[65] Il est possible de rencontrer de la racine d'arnica mêlée à de la racine de Geum urbanum. Cette dernière, qui lui ressemble beaucoup par son aspect général, est cependant plus grosse, d'une saveur astringente et d'une odeur assez prononcée de girofle.[65] [modifier] Autres usages
[modifier] CultureL'arnica des montagnes est pour l'essentiel une plante médicinale de cueillette. L'importance thérapeutique de Arnica montana et la raréfaction des sites sauvages a motivé la réalisation de plusieurs essais de domestication depuis le début du XXe siècle, spécifiquement en Suisse et en Allemagne. Aujourd'hui, une multitude d'expérimentations se développent également en Hongrie, en Finlande, en France, en Espagne et au Royaume-Uni[69]. Ces différents auteurs s'accordent généralement pour conseiller des sols acides et exempts de calcaires (voire de bases), si possible riches en matière organique végétale non-décomposée et pauvre en phosphate et nitrate. La plante serait par ailleurs sensible aux engrais solubles. La culture doit se déployer au dessus de 800m d'altitude (pour les latitudes françaises et Suisses). Même si un cultivar a été créé, cette culture reste aujourd'hui aléatoire tant les exigences édaphiques de Arnica montana sont importantes[6]. [modifier] Maladies et ravageursLa mise en culture d'une espèce sauvage suscite l'apparition importante de maladies. Deux ont été observées dans les cultures de Arnica montana. La première est un oïdium (Sphaerotheca fuliginea) apparaissant sur les feuilles de la fin du printemps à l'automne. Ce champignon ne semble toutefois guère affecter le développement des plantes. Seuls quelques individus isolés finissent par être recouverts de mycélium. Plus préoccupantes sont les attaques d'un pathogène de la famille des Tilletiaceae, Entyloma arnicalis, qui provoque des lésions plus ou moins circulaires sur les feuilles. Les plantes atteintes voient leur développement fortement entravé avant et/ou après leur floraison. Il apparait qu'une sélection génétique de souches résistantes permettrait d'endiguer le problème[40]. Article détaillé : Tephritis arnicae.
En ce qui concerne les ravageurs, ce sont principalement les dégâts causés par le diptère Tephritis arnicae qui dépose ses œufs dans les boutons floraux de Arnica montana. Les larves se développent alors au dépens des capitules. À sa dessiccation, les larves se transforment rapidement en pupes de couleur noire, dont la présence déprécie fortement la qualité de la récolte. Leur développement semble être accentué par un printemps chaud et sec. Il semble également étroitement synchronisé avec la phénologie des premières fleurs. La protection des cultures par l'utilisation de filets anti-insectes semble être la technique la plus judicieuse, d'une part car son efficacité peut avoisiner les 100% et d'autre part car elle ne présente pas les inconvénients d'un usage en plaine causés par une forte élévation thermique sous le filet[40],[70]. [modifier] ChlorosesAu cours des travaux sus-mentionnés, des chloroses et des dépérissements sont souvent apparus, détruisant parfois l'ensemble de la culture. Ces accidents ont généralement été attribués aux exigences édaphiques très strictes de la plante. Cependant, les études les plus récentes[71] relativisent quelque peu l'importance de ces différents facteurs, notamment l'effet négatif de la fumure. Aujourd'hui, même si les cultures sont couronnées de succès[6], les causes des chloroses et des dépérissements encore souvent observés restent méconnues, ceux-ci demeurant dès lors partiellement imprévisibles. Une des hypothèses souvent avancées pour expliquer la sensibilité de Arnica montana serait l'absence sur les racines des plantes cultivées, d'un champignon mycorhizien nécessaire à sa nutrition optimale[40]. [modifier] Potentiel commercialLa culture de Arnica montana est techniquement envisageable avec des semences pré-sélectionnées. Il existe un cultivar nommé "Arbo" créé par U. Bomme en 1990[6] qui fut commercialement viable en 1993[72]. Actuellement, il semble possible d'escompter, avec les meilleurs populations, un rendement en capitules secs de 50 g/m² dès la première année de récolte et certainement supérieur dès la deuxième année. À ceci peut s'ajouter la production de racines ou de plante entière à la fin de la culture. Néanmoins, les études actuelles manquent de recul pour pouvoir décrire l'évolution des rendements après trois voire quatre années de culture. Il est par ailleurs probable que l'amélioration des techniques culturales soient suceptibles d'améliorer notablement les rendements. C'est ainsi que l'ensemble des problèmes culturaux (date de semis, densité de plantation, fumure, arrosage...) mériterait des travaux plus approfondis[40]. La principale difficulté pour l'estimation de la rentabilité de cette culture réside dans l'évolution du prix de la plante qui est jusqu'ici très fluctuant d'années en années. Bien que les cultures de U. Bomme soient entrées dans le marché en 1993 et que la plupart des laboratoires pharmaceutiques préféreraient un approvisionnement stable et régulier, le prix élevé de ces produits de culture rebute, le coût de revient (et donc le prix) de la cueillette sauvage étant typiquement moindre. Néanmoins, cette évolution étant à la hausse, il est fort probable que la culture de Arnica montana soit économiquement viable[72]. Certains praticiens et patients préfèrent utiliser des plantes sauvages parce qu'ils croient en un plus grand effet de leurs matières actives. Enquêtant sur cette croyance, l'Université de Westminster a établi un programme, "Herbs at Highgrove", afin d'étudier la croissance des plantes en Grande-Bretagne. Leurs conclusions indiquent une perte d'effet dans les plantes cultivées. Les essais de culture par cultivar de Arnica montana ont révélé, à l'analyse, des propriétés biochimiques différentes des populations sauvages. Bien que ces cultures aient grandi vigoureusement, leurs rhizomes ont perdu une grande partie de l'odeur et du goût caractéristiques de l'arnica, en réduisant ainsi son potentiel commercial. Néanmoins, certaines recherches semblent réduire ces écarts[73]. [modifier] AlternativeArnica chamissonis subsp. foliosa est considérée par les pharmacopées allemande (DA89) et européenne comme thérapeutiquement équivalente à Arnica montana. Cette plante originaire d'Amérique du Nord a en effet une composition chimique proche, bien que distincte. Elle est beaucoup plus aisée à cultiver et, fleurissant dès l'année de mise en place, beaucoup plus productive. En cas d'alignement des pharmacopée française et autres pharmacopées nationales sur la pharmacopée européenne, il est probable que les cultures de A. montana resteront modestes et limitées à l'approvisionnement de quelques industries. Dans le cas contraire, la demande de cette dernière, aujourd'hui en forte augmentation, favorisera certainement sa mise en culture sur une échelle apréciable[40],[31]. [modifier] ÉconomiePlusieurs parties de plantes sont récoltées[11], tels que les capitules frais ou séchés, les racines séchées, et la plante entière fraîche. Cette dernière forme est uniquement utilisée en homéopathie. La production la plus importante est celle des capitules séchés, leur demande annuelle en Europe, est estimée à 50 tonnes, ce qui équivaut à entre 250 et 300 tonnes frais[32],[31]. En outre, quelques centaines de kilos de racines sont également négociés chaque année. La valeur des capitules et des racines est élevée : dans le commerce de détail un kilogramme de capitules sec coûte 48 euros en Allemagne et en France et un kilogramme de racines sèches peuvent se vendre 94 euros. Ces dernières peuvent être tirés de culture, alors que les capitules proviennent essentiellement de cueillette sauvage[32], la culture de Arnica Montana restant à l'heure actuelle expérimentale sur une petite échelle à l'égard du peu de rentabilité qu'offre la production de fleurs en culture à ce jour[74],[72]. En ce qui concerne les racines, les profits réalisés par la culture sont plus important, en particulier en Allemagne[32]. [modifier] Production en cueillette sauvageLes principaux pays producteurs[11] de capitules de Arnica montana en Europe sont la Roumanie et l'Espagne[32]. En Allemagne : La cueillette lucrative est interdite. Selon l'ordonnance fédérale allemande relative à la conservation des espèces, l'importation en Allemagne de Arnica montana émanant de plantes sauvages et provenant de tous les pays en dehors de l'Espagne, a été interdite depuis 1989.[34] En Roumanie : Les stations les plus riches de Arnica montana se situent dans les monts Apuseni à Poiana Horii (Judeţ de Cluj) et Gârda de Sus (Judeţ de Alba), d'où le produit végétal est exporté dans les pays européens occidentaux. On estime qu'entre 1 et 3 tonnes de marchandise a été exporté vers l'Allemagne de la Roumanie au cours des années 1990, tandis que les exportations vers d'autres pays européens ont été de deux à trois fois plus grande.[32],[33] En Espagne : Environ 10 tonnes de capitules séchés de Arnica montana ont été signalés comme négociés par l'intermédiaire d'un seul grossiste en Galice, qui a signalé l'existence d'un grand réseau de récolte dans cette province. Néanmoins, d'autres zone de cueillette ont été signalées à l'instar des Asturies et de la région pyrénéenne. Les cueilleurs espagnols semblent recevoir 10 euros par kg de capitule sec.[31],[75]. En France : La très grande majorité de la production (capitules, Plante entière et racine) s'effectue par cueillette sauvage essentiellement dans le Massif central, les Pyrénées, les Alpes et les Vosges. Dans cette région, le site du Markstein est considéré comme étant une des plus grosse concentration d'Arnica d'Europe. Dans ce site, le laboratoire Weleda mentionne qu'il fait appel à une association vosgienne de cueilleurs professionnels pour y récolter 1,5 tonnes de Arnicae planta tota frais et 0,5 tonnes de Arnicae flos frais. Il mentionne également une complémentarité de cette production par l'achat de Arnicae flos sec en Roumanie[42]. [modifier] Incidences de la cueillette sauvageLes risques associés à la cueillette sauvage en général incluent la sur-exploitation des plantes endémiques (les espèces ayant des distributions géographiques très restreintes sont vulnérables à l'extinction), la perte de diversité génétique par la réduction ou l'élimination de populations locales contenant des caractéristiques génétiques uniques et la destruction inutile de plantes provenant de pratiques de récoltes négligentes[76]. Le Laboratoire de Phytoécologie de Metz[27] a démontré, au travers de relevés précis et réguliers sur le site du Markstein, que le fait de cueillir l'Arnica de façon adéquat et contrôlée ne menace pas l'espèce de disparition. En effet, extraire Arnicae planta tota signifie détacher le plant de son rhizome (la partie racinaire se rattachant au rhizome étant prélevée). Cette méthode stimule les bourgeons dormants situés dans les rhizomes restants, ils continuent alors de croître pour produire l'année suivante un autre plant. On évite ainsi des pertes et des troubles sévères à l'habitat. De plus, lorsque les cueilleurs coupent son capitule, ils suppriment l'hormone inhibitrice des bourgeons floraux axillaires et stimulent leur floraison[2]. Une cueillette modérée n'est donc pas néfaste à Arnica montana. Néanmoins, devant la raréfaction des stations sauvages existantes et légalement autorisées, la cueillette tend à se concentrer sur quelques sites. Face à une sur-exploitation avérée ou envisageable de ces stations sauvages, il est nécessaire de prendre des mesures adéquates pour pouvoir continuer à exploiter les ressources restantes en Arnica à moyen et à long termes. Dans le cas contraire, une cueillette abusive serait néfaste tant des points de vue écologique et médical que économique. [modifier] Gestion économique et écologique[modifier] France : l'exemple du MarksteinAu Markstein, dans les Ballons des Vosges est une concentration d'Arnica montana unique en France[77],[42]. Son périmètre actuel couvre environ 20 ha et se répartit sur les communes de Oderen, de Fellering et de Ranspach. Ce territoire se partage entre les agriculteurs, les entrepreneurs d'entreprises de loisirs et les cueilleurs. Les terres utilisées par les agriculteurs sont sur la tutelle des communes, l'ensemble faisant partie du réseau européen Natura 2000 et bénéficiant de la protection du Parc naturel régional des Ballons des Vosges. Les laboratoires pharmaceutiques concernés par ce territoire sont essentiellement Weleda et Boiron. Victime d'un processus complexe opposant des enjeux économiques et écologiques divergeant, l'arnica a vu peu à peu son territoire se réduire comme une peau de chagrin. En effet, l'intensification de l'élevage laitier associée à l'impact des loisirs sportifs et à l'engouement croissant des produits phytothérapeutiques et homéopathique ont eu des conséquences négatives sur les populations d'Arnica. De ce fait, il était nécessaire de mettre en place des règles avec toutes les parties concernées. Le 22 juin 2007 a été signé une convention "ARNICA" sous l'égide de l'AVEM (Association vosgienne d'économie montagnarde). Cette convention comprend des consignes précises à l'intention de chacune des parties. Ne peuvent être cueillies que les plantes en pleine floraison en laissant sur place une tige fleurie tous les 5 m² et les capitules fanés. Seules sont autorisées les récoltes manuelles. Cette convention rappelle aussi aux laboratoires pharmaceutiques l'obligation de demandes d'autorisation de récolte auprès des communes. Elle définie à l'intention des exploitants agricoles des normes quant au chargement animal des prairies concernées. Tout amendements chimiques, chaulages, apport de fumure organique ou minérale, traitements phytosanitaire et sur-semis y est proscrit. Elle attribue au Parc naturel régional des Ballons des Vosges le rôle de médiateur entre les différents acteurs du site. Les maires des communes concernées se sont engagées à faire respecter les directives de la convention avec l'aide des Brigades vertes, de l'ONF et de l'ONCFS. Outre cet exemple, aucune gestion conciliant l'économie aux impératifs écologiques n'existe dans les autres régions françaises. [modifier] EuropeD'autres pays mettent en place de tels projets. En Roumanie, en 2006, le WWF-Royaume-Uni, le WWF-DCP (Danube-Carpathes), l'Université des Sciences Agricoles et de Médecine vétérinaire (USAMV) de Cluj-Napoca, l'Université de Fribourg (Allemagne) ainsi que le laboratoire pharmaceutique Weleda ont lancé un projet de gestion des plantes médicinales de cueillette sauvage et réfléchissent particulièrement à Arnica Montana. Une mise en place d'un suivie des parcelles et de la qualité des produits est en cours (cartographie, formation des cueilleurs à la cueillette et au séchage, ...)[78],[42]. De même, Arnica montana fait partie de l'une des huit préoccupations du projet SPIMED de conservation des ressources génétiques scandinaves et baltiques[79]. [modifier] Voir aussi[modifier] Articles connexes
[modifier] Bibliographie sélective: source utilisée pour la rédaction de cet article
[modifier] Liens externes
[modifier] Notes et références
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