Armel Guerne

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Armel Guerne poète et traducteur né à Morges (Suisse) le 1er avril 1911 et mort à Marmande (Lot-et-Garonne) le 9 octobre 1980. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut membre du réseau Prosper-PHYSICIAN[1] du service secret britannique Special Operations Executive, aux côtés de Francis Suttill « Prosper », le chef du réseau.

Sommaire

[modifier] Famille

[modifier] Biographie

[modifier] Les premières années (1911-1939)

Ses parents reviennent en France alors qu'il a neuf ans. Il poursuit ses études au lycée de Saint-Germain-en-Laye, avant de se voir couper les vivres par son père. Aidé par la famille de son meilleur ami Mounir Hafez, il peut continuer ses études. Il est ensuite professeur en Syrie avant de revenir en France en 1934. À la Sorbonne, il fonde avec Roger Frétigny le Groupe d'études psychologiques. Son premier livre Oraux est publié aux éditions du Grenier en 1934. La boîte déroulante ci-dessous détaille la chronologie de ces premières années.

[modifier] La résistance (1939-1944)

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il cesse toute activité littéraire pour se consacrer aux actions de résistance : il s'engage dans un réseau britannique du Special Operations Executive, le réseau Prosper-PHYSICIAN, aux côtés du chef du réseau, Francis Suttill « Prosper », dont il devient le second. Lors de l'effondrement du réseau fin juin 1943, il est arrêté par la Gestapo, est interné à Fresnes puis près de Compiègne, est envoyé à Buchenwald, mais il réussit en chemin à s'échapper du train et finit par rejoindre Londres. La boîte déroulante ci-dessous détaille cette période de sa vie.

[modifier] Les dernières années (1944-1980)

Après la guerre, il traduit de nombreux auteurs, notamment Novalis, Rilke, Hölderlin, les frères Grimm, Melville, Virginia Woolf, Dürrenmatt, Elias Canetti, Lao Tseu et Kawabata, tout en poursuivant son œuvre personnelle.

En 1962, André Breton publie Éphémérides surréalistes, 1955-1962, et distingue pour l'année 1957 trois livres importants, outre le sien propre L'Art magique et celui de Roger Caillois L'Incertitude qui vient des rêves, le livre-somme d'Armel Guerne Les Romantiques allemands.

A son sujet, Maurice Blanchot, rendant compte d'un ouvrage de Martin Buber, Récits hassidiques, écrit, pour sa part, dans la Nouvelle Revue française, le 1er mai 1964 : "La traduction digne du texte - original sans origine - est d'Armel Guerne."

Par ailleurs, Armel Guerne obtient la reconnaissance d'écrivains majeurs dont Georges Bernanos, Emil Cioran ou Yves Bonnefoy.

En 1960, Armel Guerne se retire dans le Lot-et-Garonne, dans un moulin à vent qu’il achète à Tourtrès. Il y meurt en 1980, à l'hôpital de Marmande.

La boîte déroulante ci-dessous détaille ses dernières années.

[modifier] Bibliographie

[modifier] L'auteur

  • Oraux, éd. Grenier, 1934
  • Le livre des quatre éléments, G.L.M., 1938 ; Le Capucin, 2001
  • La Cathédrale des douleurs, La Jeune Parque, 1945 (Repris dans Danse des morts)
  • Mythologie de l'homme, La Jeune Parque, 1945 ; La Baconnière, 1946 ; Le Capucin, 2005
  • Danse des morts, La Jeune Parque, 1946 ; Le Capucin, 2005
  • La nuit veille, Desclée de Brouwer, 1954 ; inTexte, 2006
  • Le Temps des signes, Plon, 1957 ; Granit, 1977 ; Le Capucin, 2005
  • Le Testament de la perdition, Desclée de Brouwer, 1961
  • Les Jours de l'Apocalypse, Éditions Zodiaque, 1967. Poèmes d'Armel Guerne et visions de saint Jean. Reproductions de détails de l'Apocalypse de Beatus de Liébana.
  • Rhapsodie des fins dernières, Phébus, 1977
  • Le jardin colérique, Phébus, 1977
  • L'Âme insurgée, écrits sur le Romantisme, Phébus, 1977
  • Temps coupable, Solaire, 1978 (Repris dans Au bout du temps)
  • A Contre-Monde, coll. "La Contre-Horloge", Privat, 1979 (Repris dans Au bout du temps)
  • Au bout du temps, Solaire, 1981
  • Le Poids vivant de la parole, Solaire, 1983
  • Fragments, Fédérop, 1985
  • Les Veilles du prochain livre, Le Capucin, 2000
  • Lettres de Guerne à Cioran, 1955-1978, Le Capucin, 2001
  • Armel Guerne / Dom Claude Jean-Nesmy, Lettres 1954-1980, Le Capucin, 2005
  • Le Poids vivant de la parole, Fédérop, 2007. Édition revue et augmentée. Contient : • Temps coupable • À Contre-Monde • Au bout du temps • Le Poids vivant de la parole • Poèmes inédits
  • André Masson ou les autres valeurs, Les Amis d'Armel Guerne asbl, 2007 (édition hors commerce)

[modifier] Le passeur

  • Les Romantiques allemands, édition établie et présentée par Armel Guerne, Desclée de Brouwer, 1956, 1963 ; Phébus, 2004.
Traductions par Armel Guerne, Albert Béguin, Lou Bruder, Jean-François Chabrun, René Jaudon, Flora Klee-Palyi, Gilbert Socart et Robert Valençay.
Textes de : Hölderlin, Jean Paul, Ludwig Tieck, Novalis, les frères Friedrich et August Wilhelm Schlegel, Wackenroder, un poète inconnu, Franz Xaver von Baader, F.G. Wetzel, Hendrik Steffens, Clemens Brentano, Achim von Arnim, Adelbert von Chamisso, E.T.A. Hoffmann, Friedrich de La Motte-Fouqué, Contessa, Heinrich von Kleist, Karoline von Günderode, Bettina von Arnim, Beethoven, Eichendorff, Georg Büchner, Christian Dietrich Grabbe, Eduard Mörike.
(Volontairement isolée, cette œuvre majeure d’Armel Guerne assure un « pont » emblématique entre les textes « personnels » et le travail considérable du traducteur.)
  • Gérard de Nerval (choix d’œuvres, préface, notices), Club français du livre, 1966.

[modifier] Le traducteur

[modifier] De l'allemand

  • Les Romantiques allemands, texte français et présentation par Armel Guerne, Desclée de Brouwer, 1956, 1963 ; Phébus, 2004 (voir ci-dessus).
  • Novalis
    • Les Disciples à Saïs, G.L.M., 1939. Avec un frontispice d'André Masson.
    • Europe ou la chrétienté, collaboration à la réédition 1949 du numéro spécial des Cahiers du Sud sur le Romantisme allemand.
    • Hymnes à la nuit, Falaize, 1950.
    • Fragments, choix et traduction, Aubier-Montaigne, 1973.
    • Œuvres complètes, édition établie, traduite et présentée par Armel Guerne ; 2 vol. : I. Romans. Poésies. Essais. – II. Les fragments ; Gallimard, 1975.
    • Les Disciples à Saïs. Hymnes à la nuit. Chants religieux, avec quelques poèmes extraits d'Henri d'Ofterdingen, Gallimard, coll. « Poésie », 1980.
    • Henri d'Ofterdingen, Gallimard, coll. « L'Étrangère », 1997.
    • Journal intime après la mort de Sophie, Mercure de France, coll. « Le Petit Mercure », 1997.
  • Rainer Maria Rilke
    • Lettres à une musicienne, Falaize, 1952.
    • Les Élégies de Duino, Mermod, coll. « Du Bouquet », 1958. Dessins de Picasso.
    • Les Élégies de Duino. Les sonnets à Orphée, Édition bilingue, Le Seuil, 1972.
  • Friedrich Hölderlin, Hymnes, élégies et autres poèmes, Mercure de France, 1950 ; GF Flammarion, 1983.
  • Jacob et Wilhelm Grimm, Les Contes, Kinder- und Hausmärchen[10], Flammarion, coll. « L'Âge d'or », 1967 ; Le Seuil, 2003.
  • Heinrich von Kleist
    • La Marquise d'O… et autres nouvelles[11], Phébus, 1976.
    • Michael Kohlhaas et autres nouvelles[12], Phébus, coll. « Verso », 1983.
  • Friedrich Dürrenmatt
    • La Panne, Albin Michel, 1958 ; La Guilde du livre, 1960 ; Le Livre de poche, 2003.
    • La Promesse, Albin Michel, 1959 ; La Guilde du livre, 1964 ; Le Livre de poche, 2002.
    • Le Juge et son bourreau, Albin Michel, 1961 ; Le Livre de poche, 2002.
    • Le Soupçon, Albin Michel, 1961.
    • Romans (La Panne, Le Juge et son bourreau, Le Soupçon), Albin Michel, 1980.
  • Urs von Balthasar, Ronchamp (préface à un album de photos), Desclée de Brouwer, 1958.
  • Albert Bettex, L'Invention du monde, Delpire, 1960.
  • Martin Buber, Récits hassidiques, Plon,1963.
  • Elias Canetti, Le Territoire de l'homme : réflexions 1942-1972, Albin Michel, 1978 ; Le Livre de poche, 1998.
  • Karlheinz Deschner
    • La Nuit autour de ma maison, Albin Michel, 1963.
    • Florence sans soleil, Albin Michel, 1963.
  • Theodor Haecker, Métaphysique du sentiment, Desclée de Brouwer, 1953.
  • Friedrich Heer, Réalités et vérité, Desclée de Brouwer, 1957.
  • Wassily Kandinsky, Interférences, Delpire, 1960.
  • Paul Klee, Aquarelles et dessins, trad. de Confession créatrice et Poèmes, Delpire, 1959.
  • Henri Nouveau (Henrik Neugeboren), Pensées et aphorismes : fragments de journal de 1926 à 1955, Richard-Masse / La Revue musicale, 1970.
  • Paracelse, Les Prophéties (texte établi par Charles Le Brun), Le Rocher, 1985.
  • Josef Pieper et Henri Raskop, Je crois en Dieu. Un Catéchisme pour adultes, Desclée de Brouwer, 1953.
  • Emile Schulthess
    • Afrique I et Afrique II, Delpire, 1955.
    • U.S.A., Photos d'un périple aux États-Unis d'Amérique, Delpire, 1955.
  • Wols, En personne (traduction du texte de Werner Haftmann), Delpire, 1963.

[modifier] De l'anglais

  • Anonyme (mystique anglais du XIVe siècle), Le Nuage d'inconnaissance, Éditions des Cahiers du Sud, 1953 ; Club du livre religieux, 1957 ; Le Seuil, 1977.
  • Herman Melville
    • Mardi, traduit de l'anglais par Charles Cestre, texte français revu par Armel Guerne, couverture de Max Ernst, Robert Marin, 1950 ; Lebovici/Ivrea, 1984.
    • Moby Dick, Le Sagittaire, 1954. Le Club français du livre, 1955, Phébus, 2005.
    • Moi et ma cheminée[13], Falaize, 1951 ; Le Seuil, 1984 ; L'Ampoule, 2003.
    • Redburn ou sa première croisière, préface de Pierre Mac Orlan, couverture de Max Ernst, Robert Marin, 1950 ; Gallimard, 1976.
    • White Jacket (avec Charles Cestre), Robert Marin, 1950 ; Julliard, 1992.
  • Sir Winston Churchill, Histoire des peuples de langue anglaise (4 vol.), Plon, 1956-1959.
  • Edward Quinn et Roland Penrose, Picasso à l'œuvre, Manesse, 1965.
  • William Shakespeare, Poèmes et Sonnets, Desclée de Brouwer, 1964 ; Rencontre, 1969.
  • Robert Louis Stevenson, Dr Jekyll et Mr. Hyde (suivi de Alolla, Le Voleur de Cadavres, Janet la Déjetée, Markheim), Cercle du Bibliophile/Edito service, 1968 ; Phébus, 1994.
  • Chögyam Trungpa, Méditation et Action, Causeries au Centre Tibétain de Samyê-Ling mises en français par Armel Guerne, Fayard, 1973.
  • X, Le Retour de l'Âme prodigue (avec Yvonne Vineuil), Éditions des Cahiers du Sud, 1953.
  • Virginia Woolf, Croisière (The Voyage Out), Robert Marin, 1952.

[modifier] Du tchèque

  • Eduard Bass, Le Cirque Humberto, Albin Michel, 1952 ; Club du Livre du mois, 1954.

[modifier] Du chinois

[modifier] Du japonais

  • Emaki. L'art classique des rouleaux peints japonais, par A. Hase et D. Seckel, texte français par Armel Guerne, Delpire, 1959.
  • Konjaku, 34 récits fantastiques du XIe siècle traduits par Tsukakoshi Satoshi, version française par Armel Guerne, Delpire, 1959.
  • Kawabata Yasunari (traduit du japonais par Fujimori Bunkichi, texte français par Armel Guerne)
    • Pays de neige, Albin Michel, 1960 ; Le Club français du livre, 1961 ; Le Livre de poche, 1971.
    • Nuée d'oiseaux blancs, Plon, 1960 ; La Guilde du livre, 1969 ; Rombaldi, 1970.

[modifier] De l'arabe

[modifier] Du grec et du latin liturgique

  • L’hymne acathiste et hymnes latines, dans Vierges romanes, Éditions Zodiaque, 1961.
  • Le Chant sacré des heures, Hymnes du bréviaire monastique, dans Il y eut un soir, il y eut un matin d’Æmiliana Löhr, Saint-Paul, 1966.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. Ainsi que l'habitude a été prise en France, le nom du réseau associe :
    • le prénom français attribué comme nom de guerre (field name) au chef du réseau (organizer). Ainsi le nom du réseau, Prosper (écrit droit dans cet article), dérive du nom de guerre « Prosper » (écrit en italiques dans cet article) de Francis Suttill.
    • le nom de métier attribué par la section F comme code opérationnel du réseau. Ce nom de métier est ici PHYSICIAN, qui veut dire MÉDECIN en français.
    Mais il est fréquent d'utiliser l'un ou l'autre, soit Prosper soit PHYSICIAN, sans les combiner.
    • Jeanne Berruet (1907, Angers - 1993, Paris), surnommée familièrement Pérégrine. Elle enseigna dans un cours complémentaire, en province, de 1927 à 1931. Ils se marièrent le 31 octobre 1939, à Paris. Pendant la guerre, elle fut associée à l'activité de son mari. En 1943, elle fut arrêtée et déportée par les Allemands. Après la guerre, elle fut la secrétaire bénévole de Georges Bernanos. Elle aida aussi le Chanoine Osty pour la mise au propre de sa traduction de la Bible.
    • Marie-Thérèse Woog, surnommée Maïthé, pianiste, d'origine juive. Ils se rencontrèrent à Londres en 1945 et ils eurent un fils et une fille. Maïthé aussi fit partie d’un réseau de la section F du SOE, le réseau JOCKEY implanté dans la Drôme où elle fut courrier de Pierre Raynaud, « Alain ».
    • Ellen Guillemin Nadel, fille du poète juif-allemand Arno Nadel. Ils se rencontrèrent en 1947 au café de Flore, à Saint-Germain-des-Prés. Elle mourut le 5 janvier 1988, sept ans après Armel Guerne, à l'hôpital de Tonneins, d'une rupture d'anévrisme au cerveau suivie d'une hémiplégie avec suspension de la parole. Comme lui, elle est enterrée au cimetière de Tourtrès.
  2. Le dramaturge Daniel Mauroc racontera dans un témoignage que, transporté par un vélo-taxi, il eut pendant le trajet une insolite conversation sur la poésie avec le pédaleur qui n'était autre qu'Armel Guerne.
  3. Cf. son témoignage dans John Vader.
  4. Après la guerre, Armel Guerne apportant aux éditions Sorlot une traduction de Paracelse, aura la surprise d'y trouver Broussine, momentanément engagé dans cette maison dont le patron a été soupçonné de collaboration.
  5. Mythologie de l'Homme paraîtra en France quelques mois plus tard aux éditions de la Jeune Parque
  6. Le tampon de son passeport indique cette date, à Dieppe.
  7. Lettre de Bernanos à Armel Guerne, du 27 décembre 1945
  8. Prix 1 000 frs de l'époque, soit 100 000 anciens francs
  9. La traduction d'Armel Guerne couvre l'intégralité des Contes populaires allemands des frères Grimm. Mises à part les deux éditions indiquées, il existe une multitude de rééditions de certains contes, chez Gallimard, Gründ, Le Seuil, Corentin et Le Capucin.
  10. La Marquise d'O… ; Le Tremblement de terre du Chili ; Fiançailles à Saint-Domingue ; L'Enfant trouvé.
  11. Michael Kohlhaas ; La Mendiante de Locarno ; Sainte Cécile ; Le Duel.
  12. Moi et ma cheminée ; Jimmy Rose ; L'heureuse faillite.