Special Operations Executive

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Le Special Operations Executive (« Direction des opérations spéciales ») est un service secret britannique qui opéra pendant la Seconde Guerre mondiale (créé le 19 juillet 1940 par Winston Churchill et dissous le 30 juin 1946), avec pour mission de soutenir les divers mouvements de résistance, au départ ceux des pays d'Europe occupés par l'Allemagne, et progressivement ceux de tous les pays en guerre, y compris en Extrême-Orient. Il eut aussi une action dans les pays faisant partie de l'Axe, et eut des sections dans les pays neutres (Espagne, Syrie, etc.)[1].

Les agents du SOE font l'objet d'une liste consultable dans un autre article.

N.B. Pour bien comprendre le rôle joué par le SOE dans l'histoire de la Résistance et éviter certaines confusions parfois observées, il y a lieu de ne pas faire dépendre ce service du War Office (WO) ni des autres services secrets britanniques tels que l'Intelligence Service[2].

Sommaire

[modifier] Présentation générale du SOE

[modifier] Opérations

[modifier] Objectifs des opérations

Les Britanniques cherchent à orienter l'activité des résistants des pays occupés dans un sens qui contribue à la réalisation de leurs plans de guerre globaux. L'activité des résistants revêt plusieurs formes :

  • en matière d'action :
- sabotages pour contrer le dispositif de guerre : sabotages d'installations militaires, industrielles ou ferroviaires ;
- opérations destinées à inquiéter, déstabiliser, affaiblir l'ennemi, au cœur des pays occupés : attentats, assassinats, déraillements de convois de troupes.
  • en matière de renseignement :
- obtention de renseignements sur les plans de l'ennemi : ses intentions générales, les mouvements de troupes prévus ou constatés.
- désinformation de l'ennemi.

Le SOE est l'organisation chargée de l'action, dans l'attente de la reprise des opérations militaires. Pour ce faire, le SOE doit, pour chaque pays concerné, procéder par étapes :

  • commencer par s'assurer de l'existence effective d'une Résistance, et prendre contact avec ses membres ; au besoin, susciter la création de groupes de résistance ;
  • maintenir le contact, après qu'il a été établi ;
  • fournir aux résistants les moyens nécessaires pour mener la lutte contre l'ennemi : l'encadrement (organisation en réseaux, direction des réseaux, méthodes de lutte clandestine, désignation des missions, protection et évasion des résistants en danger), le matériel (à commencer par les armes, les munitions et les explosifs, mais aussi les vêtements, la nourriture, etc.) et l'argent.

[modifier] Techniques utilisées pour les opérations

Pour réaliser ses opérations, les techniques de guerre clandestine développées par le SOE sont les suivantes :

  • Transports[3]. Il s'agit d'acheminer et de déposer (dropping) dans les pays occupés les agents et les matériels (conteneurs, armes et munitions, documents, argent, etc.) et de récupérer (pick up) et rapatrier en Angleterre des agents en fin de mission ou en danger, des soldats, des résistants, des personnalités (par exemple : André Dewavrin « Passy », Jean Moulin, Jean de Lattre de Tassigny, François Mitterrand[4]).
    • Opérations maritimes. Pendant les premiers mois de son activité, le SOE n'a comme choix que la voie maritime, dans les limites imposées par l'Amirauté : barques de pêche bretonnes, vedettes lance-torpilles, felouques méditerranéennes, sous-marins, bateaux de marchandise armés, etc. permettent des débarquements individuels ou des ramassages pour les sections F et RF, ou des évasions, soit pour la ligne VAR de la section DF (la ligne se termine par une traversée depuis la côte nord de Bretagne), soit pour la section EU/P (felouques avec équipages polonais), de Gibraltar à la Côte d'Azur, d'Afrique du Nord en Corse, de Corse en France ou en Italie.
    • Opérations aériennes. C'est la RAF qui assure les transports aériens pour le compte du SOE, comme pour tous les services spéciaux britanniques. Le plus souvent, les vols ont lieu de nuit, par ciel clair et en période de pleine lune[5], de façon à faciliter la navigation à vue et le repérage précis des lieux de destination des parachutages et des atterrissages.
      • Parachutage. Cette méthode est utilisée pendant toute la guerre pour l'acheminement des armes et dans les premiers temps pour celui des agents. Lorsque l'agent ne dispose pas de comité de réception au sol, on parle de parachutage à l'aveugle (blind). Le premier agent parachuté de cette façon est Georges Bégué, dans la nuit du 5/6 mai 1941, dix mois après la formation du SOE[6].
      • Atterrissage. Pour améliorer l'efficacité (précision et sécurité) par rapport au parachutage, le SOE fait atterrir des avions derrière les lignes ennemies. Mais en plus, des résistants avertis par message codé émis par la BBC forment un comité de réception : celui-ci prépare un balisage lumineux au sol (en L) pour indiquer au pilote l'endroit et le sens de l'atterrissage ; il accélère les transferts ; il réceptionne les nouveaux arrivants ; il aide l'avion à redécoller et il efface les traces sur le terrain. Cette méthode est surtout utilisée en France zone nord, avec le célèbre Westland Lysander (voir l'image ci-contre). C'est dans la nuit du 4/5 septembre 1941 que le premier agent SOE à être acheminé de cette façon, Gérard Morel, atterrit près de Chateauroux, le Lysander étant piloté par Nesbitt-Dufort. Autre avantage de la méthode, l'avion peut être chargé à nouveau pour son retour et remmener ainsi des personnes ou des documents (courrier, rapports, plans) en Angleterre[7]. Pour améliorer encore la précision des atterrissages, le SOE utilise de nouveaux appareils :
  • le système Eureka-Rebecca qui permet aux pilotes de poser leur avion sur un point précis[8].
  • Le S-phone, ancêtre du talkie-walkie, qui rend possibles à partir de fin 1942 les liaisons radio entre les avions et les comités de réception.
  • Émissions radio cryptées. L'opérateur radio, appelé pianiste, dispose d'un appareil portatif et d'un quartz (dont la fréquence lui est spécifique) fournis par le SOE, avec lesquels il transmet des informations en morse, après les avoir cryptées de façon que le SOE soit seul à les comprendre. Il travaille sous risque permanent : il doit travailler assez longtemps pour passer tous les messages nécessaires, mais il doit aussi éviter de se faire localiser par l'ennemi, qui utilise des voitures radio-goniométriques ou procède à des coupures de courant sélectives. La première message radio d'un agent de la section F fut envoyé vers Londres par Georges Bégué le 9 mai 1941.
  • Jeux radio. Au premier degré, cette technique consiste à retourner des opérateurs radio ennemis arrêtés en Grande-Bretagne pour espionnage, et à leur dicter les messages à émettre, mensongers mais que l'ennemi croit authentiques. Dans la lutte psychologique constituée par l'utilisation de telles méthodes de désinformation par le SOE et par l'ennemi, il est admis que "le rempart de mensonges" édifié par les Britanniques a contribué efficacement à tromper les Allemands, notamment sur des éléments stratégiques clés tels que le lieu et la date du débarquement. Cet élément de supériorité britannique complète celle obtenue par l'organisation secrète Ultra, par laquelle les Britanniques lisent à livre ouvert, sans que les Allemands s'en doutent, leurs messages militaires secrets codés par les machines Enigma.
  • Envoi par la BBC de messages personnels codés. C'est le 20 octobre 1941 que le premier message à l'adresse de Georges Bégué est diffusé par la BBC  : en entendant « Gabrielle vous envoie ses amitiés », il sait qu'il va devoir réceptionner un parachutage.
  • Appareils truqués et explosifs. Des dispositifs spéciaux développés et fabriqués par le SOE permettent aux agents et aux résistants de camoufler les objets dangereux (transformés en objets courants) ou de perpétrer les sabotages ou les attentats planifiés : • Crayon allumeur à retardement[9]. • Pipe, comportant un compartiment caché (pouvant contenir des documents secrets) et une boussole. • Crayon, renfermant une lame. • Porte-mine, servant de pistolet. • Pistolet silencieux. • Explosifs spéciaux : mines, charges creuses, retardateurs, engins explosifs aimantés.
  • Construction de fausses identités : réalisation de faux papiers (cartes d'identité, cartes de rationnement, certificats, extraits d'actes de naissance etc.) ; réfection d'amalgames dentaires selon une composition conforme aux techniques du pays ; confection de vêtements selon le style du pays, la mode du moment ; préparation de fausses histoires individuelles ; etc.
  • Semelles en caoutchouc en forme de pieds, que l'agent attache sous ses chaussures, faisant croire que les empreintes sont celles d'habitants de la région marchant pieds nus.
  • Graisses abrasives : des additifs indésirables font gripper les moteurs, les mécanismes de locomotives, etc.
  • Motocyclettes miniatures pliables (Welbike), pouvant se ranger dans un conteneur type C, utilisable par les parachutistes.
  • Submersibles (Welman).
  • Pilules de cyanure de potassium (pilule « L »), permettant à un agent de se suicider dans les situations ultimes.

[modifier] Exemples d'opérations

Des opérations du SOE, qui ont été très nombreuses et souvent souterraines, l'article évoque certaines, que le public connaît bien grâce aux livres et aux films qui les ont relatées ou s'en sont inspirés. Sont notamment à mettre au crédit du SOE : la destruction de 90 usines de guerre françaises, la découverte de la base secrète d'expérimentation des fusées V2 de Peenemünde (finalement bombardée), le retard infligé à la bombe atomique allemande par la destruction du stock d'eau lourde norvégienne, etc.

[modifier] Profil et préparation des agents

[modifier] Qualités recherchées

  • Politique. L’opposition résolue aux puissances de l’Axe est naturellement indispensable. Des membres exilés ou échappés des forces armées de certains pays occupés sont des sources évidentes d’agents. C'est particulièrement vrai de la Norvège et des Pays-Bas. Dans d’autres cas (tel que des Français loyaux envers Charles de Gaulle et en particulier les Polonais), la loyauté des agents s'exerce d'abord envers leurs leaders ou leur gouvernement en exil, et ils considèrent le SOE comme un moyen d’arriver à leurs fins. Cela a pu parfois créer de la méfiance et tendre les relations avec la Grande-Bretagne.
  • Connaissance du pays et de la langue. Dans la plupart des cas, la qualité première exigée est une profonde connaissance du pays où l’agent va opérer, de manière qu’il se conduise en toutes circonstances comme un véritable ressortissant et qu’il n’y ait aucun doute possible sur l’identité artificielle que lui a fabriquée le SOE. Pour commencer, une pratique courante de la langue est requise, si l’agent doit passer pour un natif de ce pays. La double nationalité est souvent un attribut apprécié, particulièrement dans le cas de la France. Dans d’autres pays, en particulier dans les Balkans, un moindre degré de pratique de la langue peut convenir, car les groupes de résistance concernés sont déjà en rebellion ouverte et n’ont pas à y vivre clandestinement.
  • Goût pour l’action militaire. Ce goût se trouve aussi bien chez certains officiers de l’armée régulière que chez d'autres qui ne connaissent de l'action que celle du temps de la guerre.
  • Caractère. Avoir des nerfs d'acier. Savoir au besoin ne compter que sur soi. Avoir l'esprit d'équipe. Avoir l'esprit de décision et de réelles qualités de diplomate et de négociateur. Résister à des interrogatoires brutaux. Savoir vivre dans la clandestinité, en ayant intégré à fond une identité et une histoire personnelle fabriquées de toutes pièces par le SOE, et s'en souvenir dans le moindre détail (fausse famille, anciens professeurs, villes natales fictives, etc.) sans risque de se couper. Pouvoir vivre dans la perspective permanente d'être arrêté et torturé, de mourir seul et sans reconnaissance, ou avec la perspective d'être soupçonné de trahison, sans possibilité de démenti. Toutes ces qualités étaient repérées, puis testées et développées dans des écoles d’entraînement spécial du SOE dans lesquelles la plupart des agents recrutés sont passés.

[modifier] Critères indifférents

  • Le respect des conventions sociales de l’époque n'est pas pris en compte. Dans son combat contre l’Axe, le SOE ignore ces conventions. Il peut employer sans problème des gens qui ont déjà un casier judiciaire ou des rapports défavorables de l’armée, des communistes, des homosexuels connus, des nationalistes anti-britanniques, etc. Bien que certains d’entre eux constituent un risque, il n’y a pratiquement pas de cas connu d’un agent SOE qui soit passé à l’ennemi sans réserves.
  • L'origine sociale n'est pas prise en compte. Le recrutement couvre toutes les classes sociales : ancienne aristocratie, bourgeoisie, origine ouvrière (c'est le cas de la majorité des agents de la section F). Quelques-uns même, dit-on, viendraient de la pègre.
  • Le sexe n'est pas pris en compte. Au début, les femmes sont cantonnées dans les tâches non opérationnelles, comme c'est le cas dans les autres services secrets ou dans les armées. À partir d'avril 1942, après quelques exemples dérogatoires, sous l'impulsion de Colin Gubbins et après approbation de Winston Churchill, le SOE recrute des femmes, en les intégrant dans un service militaire de transport, le First Aid Nursing Yeomanry (FANY) avant leur affectation définitive dans les réseaux comme courriers ou opératrices-radio. Certaines y brilleront par leur caractère (énergie, enthousiasme, endurance, minutie). En outre, il leur est plus facile de changer d'aspect physique, de ne pas éveiller les soupçons et d'éviter les contrôles.
  • Le métier n'est pas pris en compte. Bien que le goût pour l’action militaire soit un critère important, des gens de tous métiers ont servi le SOE sur le terrain.
  • La nationalité n'est pas prise en compte. Cependant, dans le cas particulier de la France, le critère de la langue évoqué plus haut conduit à une représentation importante de Canadiens[10] et de Mauriciens.

[modifier] Préparation des agents

Le SOE met en place des écoles d'entraînement spécial, dans lesquelles l'agent apprend des techniques et se prépare moralement à affronter sa vie clandestine d'agent secret, notamment : affronter toutes les difficultés d'une nature hostile et survivre, agir discrètement en terrain découvert, ramper dans les buissons, franchir à gué des cours d'eau glacés, se battre sans arme, tirer, sauter en parachute, transporter et cacher sur lui du matériel d'espionnage (notamment des allumettes creuses contenant des microfilms, des codes, des chiffres réduits à la dimension de points, et des « cigarettes » bourrées d'explosifs), se servir de postes de radio, apprendre par coeur des signaux difficiles, utiliser en vue d'éventuelles évasions de très fines scies d'acier pour découper des barreaux de prison, ou des boussoles miniatures cachées dans des boutons, utiliser les pièges spéciaux (booby traps) mis au point par le SOE pour perpétrer les attentats, tels que des pompes à bicyclettes qui explosent quand on les utilise, des grenades à main placées dans des boîtes dont l'étiquette, fidèlement reproduite par des artistes de talent, annonce des « Fruits », des moulages de plâtre peint ressemblant à une bûche contenant une mitraillette Sten, être prêt - en situation ultime - à avaler la pilule « L » de cyanure de potassium fournie avant le départ.

[modifier] Sélectivité de l'entraînement spécial

À titre d'exemple, l'agent Peter Churchill, dans son livre Missions secrètes en France, indique que de son groupe de 14 qui commença l'entraînement, 3 furent finalement envoyés sur le terrain, les 11 autres ayant été éliminés : 4 à la fin du stage à Wanborough Manor, 5 à la fin de celui de Mallaig, et 2 à la fin de celui de Ringway.

[modifier] Sort des réseaux

Les réseaux du SOE ont souvent été infiltrés par l'ennemi, puis retournés ou anéantis. Le phénomène est massif aux Pays-Bas, où la totalité des réseaux SOE finissent contrôlés par les Allemands ; il est également important en France ou dans d'autres pays. Mais le bilan de l'action du SOE est très positif et les opérations qu'il a menées, notamment celles qui visaient à leurrer l'ennemi sur les éléments clés de planification du débarquement, ont pesé très lourd dans la conduite de la guerre, en complément des efforts militaires proprement dits. Certains agents et certains réseaux ont pu être délibérément sacrifiés pour atteindre cet objectif majeur.

[modifier] Le SOE et l'ennemi

Trois organisations allemandes interviennent dans la lutte contre le SOE :

  • l'Abwehr : services de renseignement de la Wehrmacht, dirigés par l'Amiral Wilhelm Canaris. L'Abwehr est surtout active au début de la guerre ;
  • le SD : Sicherheitsdienst, services de sécurité du parti nazi, dont le bureau de contre-espionnage à l'étranger (Amt VI - SD extérieur) est dirigé par Walter Schellenberg ;
  • la Gestapo : Geheime Staatspolizei = Police secrète d'état, dirigée par Heinrich Müller.

Les deux dernières citées sont regroupées depuis 1939 au sein une organisation unique, le RSHA, coiffée par Heinrich Himmler, et dirigée par Reinhard Heydrich, puis par Ernst Kaltenbrunner à partir de juin 1942. Dans la lutte contre le SOE, elles interviennent progressivement et voient leur rôle s'accroître, et finalement absorbent l'Abwehr au printemps 1944.

[modifier] Organisation

[modifier] Quartier général

Le quartier général du SOE est situé à Londres. Des antennes sont créées dans les capitales neutres ou alliées : Madrid, Lisbonne, Berne, Stockholm, Le Caire, Delhi, Calcutta (Force 136), etc.

[modifier] Rattachement

  • À sa création, le SOE est rattaché au Ministre de la guerre économique. Les ministres successifs sont : Sir Hugh Dalton jusqu'au 22 février 1942, puis Roundell Palmer, 3e Comte de Selborne.
  • Le 5 octobre 1943, le COSSAC (Chief of Staff to Supreme Allied Commander) décide d'exercer un contrôle opérationnel sur les activités du SOE/SO[11] pour une meilleure coordination entre les actions de guérilla et les opérations militaires pour le nord-ouest de l'Europe.
  • le 1er juillet 1944, après le débarquement en Normandie, les sections agissant en France sont rattachées opérationnellement à l'État-major des Forces Françaises de l'Intérieur, l'EMFFI, dirigé par le Général français Kœnig.

Mais Churchill, qui en est le créateur, conserve en permanence la haute main stratégique sur le SOE, notamment par l'intermédiaire de la LCS, London Controlling Section. Cela explique que le SOE soit parfois désigné comme armée secrète de Churchill.

[modifier] Relations du SOE

[modifier] Relations du SOE et du MI6

Il y a plusieurs motifs structurels de forte rivalité entre le SOE et le MI6 :

  • Les deux organisations agissent sur le même terrain : les pays occupés.
  • Selon la distinction traditionnelle, la mission du SOE Mettre le feu à l'Europe en fait un service action, alors que le MI 6 est un service de renseignement.
  • L'action (du SOE) a pour résultat d'attirer l'attention de l'ennemi, alors que le renseignement (MI 6) exige le plus de discrétion possible.
  • Le SOE et le MI 6 sont rivaux en matière de recrutement. De fait il est difficile pour le SOE de recruter massivement, tant sur le sol britannique que dans les pays occupés, des cadres et des agents du même niveau professionnel que leurs collègues du MI6 ou leurs équivalents allemands de l'Abwehr, le service de renseignement de la Wehrmacht.

[modifier] Relations du SOE et du MI5

Le recrutement du personnel et des agents se fait indépendamment du MI 6. En revanche, une collaboration étroite s'instaure avec le MI 5, chargé du contre-espionnage sur le territoire britannique, pour filtrer les agents pressentis à leur arrivée en Grande-Bretagne ou à leurs retours de missions.

[modifier] Relations entre le SOE et la France libre

Voir Résistance intérieure française#Les services secrets britanniques et l'Office of Strategic Services

[modifier] Histoire du SOE

[modifier] Création du SOE

[modifier] Événement déclenchant

Le 6 juin 1940, la chute de Dunkerque marque la déroute de l'armée britannique aux côtés de l'armée française. Ce jour-là, Churchill comprend que les troupes régulières ne pourront pas reprendre pied sur le continent avant longtemps. Il envoie une note au général Hastings Lionel Ismay, chef du secrétariat militaire du cabinet de guerre britannique et du comité de défense impériale :« Nous devons nous mettre dans la tête que tous les ports de l'autre côté du Channel et que toutes les régions qui s'étendent entre ces ports sont un territoire ennemi. Des entreprises contre ce territoire doivent être préparées avec des troupes spécialement entraînées à débusquer le gibier et à répandre la terreur le long de ces rivages. Je compte sur le comité des chefs d'état-major pour me proposer des mesures appropriées à une vigoureuse et hardie offensive, menée sans répit contre toute la côte occupée par les Allemands. »

[modifier] La décision

Le mois suivant, il prend deux dispositions importantes, destinées à développer l'action subversive contre l'ennemi, en complément des opérations militaires :

  • Sur le sol britannique. En prévision d'un probable débarquement allemand, il confie à Colin Gubbins l'organisation d'unités spéciales qui seraient chargées d'opérations de guérilla contre l'envahisseur. Le besoin de telles unités s'effacera après qu'Hitler renonce à envahir la Grande-Bretagne, le 12 octobre 1940.
  • Dans les pays occupés. Le 19 juillet, il envoie une nouvelle note au général Ismay ordonnant « la constitution immédiate d'un organisme ayant pour tâche de coordonner toute action par voie de subversion et de sabotage au-delà des mers contre l'ennemi ». C'est ainsi qu'il crée le Special Operations Executive (SOE), qui sera chargé d'aider - et au besoin de susciter - les mouvements de résistance : le SOE devra envoyer sur place des agents clandestins en civil (c'est-à-dire des espions), organiser des réseaux et des groupes de résistance, et fournir les moyens de perpétrer des sabotages, des attentats ou de faire du renseignement. Le besoin du SOE ne disparaîtra qu'à la victoire contre l'Allemagne. Le 21 juillet, Churchill précise à Anthony Eden, ministre de la Guerre :« ...Le nouvel organisme dépendra du ministère de la Guerre économique. »

[modifier] Mission du SOE

Churchill résuma à Hugh Dalton la mission du SOE par ces mots Set Europe ablaze c'est-à-dire Mettre le feu à l'Europe. Il s'agissait de créer un environnement permanent d'insécurité pour les troupes allemandes et de gêner le plus possible leurs opérations.

[modifier] Choix d'organisation

De manière conjoncturelle, mi 1940, la situation est la suivante : le MI 6 dispose de son propre service action interne, créé en 1938, le service D ; de même, il existe un service de renseignement au sein du ministère des armées, le War office, le MI. Or la mission du SOE implique de l'action, mais aussi du renseignement. Aussi, les deux ministères se disputent-ils la tutelle du SOE. Mais Churchill donne finalement raison à un troisième larron, Sir Hugh Dalton, un travailliste, ministre de la guerre économique, qui le convainc que l'action à mener en territoire ennemi s'apparente davantage à de la subversion sociale qu'à du renseignement ou à des opérations militaires. Le SOE a finalement pour ministre de tutelle Hugh Dalton, au-dessous duquel Churchill place un de ses amis d'enfance, un banquier du nom d'Hambro.

[modifier] Organisation du SOE

L'organisation du SOE comprend :

  • le quartier général,
  • les antennes, créées dans les capitales neutres ou alliées,
  • les Sections, chargées de l'action dans les pays étrangers (finalement sans se limiter à l'Europe)
  • les Stations, situées en territoire britannique, qui se répartissent en :
    • Stations expérimentales
    • Écoles d'entraînement spécial (STS, Special training schools).

[modifier] Le Quartier général du SOE

Le SOE est formé par la réunion de trois départements secrets, qui lui fournissent ses dirigeants et ses moyens initiaux :

  • SO1 provient du département EH[12] chargé de la propagande au Ministère des Affaires étrangères, dirigé par Sir Campbell Stuart. Plus tard, en septembre 1941, cette section sera détachée du SOE pour former le PWE (Political Warfare Executive, soit Direction de la Guerre Politique).
  • SO2 provient de la section D, une sous-section de l'Intelligence Service (IS, ou MI6) créée en 1938, service action, agissant plus particulièrement dans les Balkans, dirigée par le Major Lawrence Grand avec George Taylor comme adjoint, et dont le QG est installé dans The Frythe. Fin 1941, après la suppression de SO3 et le nouveau rattachement de SO1, SO2 représente la totalité du SOE.
  • SO3 provient du MIR (Military Intelligence, Research), un département du Ministère de la Guerre (War Office), chargé de la planification des actions subversives et de sabotage, dirigé par le Major John C. Holland, avec le lieutenant-colonel Colin Gubbins pour adjoint ; le 17 janvier 1941, le SO3 est supprimé et ses principaux éléments rattachés au SO2.

Dirigeants

Colin Gubbins
Colin Gubbins
  • Sir Frank Nelson est nommé à la tête du SOE. Pour des raisons de santé, il est remplacé par Charles Hambro en avril 1942.
  • Désapprouvant le regroupement des activités du SOE et de l'armée sous la même autorité, en août 1943, Hambro démissionne. Il est remplacé par son adjoint, le Major General Colin Gubbins, qui prend lui-même pour adjoint R. H. Barry.

Locaux

  • Au début, le SOE s'installe au Saint Hermin Hotel, Caxton Street, à Londres.
  • A l'automne 1940, Le SOE s'installe 62-64 Baker Street, puis s'étend au 84 dans d'anciens locaux des magasins Marks and Spencer, en laissant le 62-64 à sa section française (section F). Au 84, le seul signe de la présence de services officiels est la plaque indiquant Inter Services Research Office. Plus tard, le SOE occupera aussi Norgeby House, au 83. Le nom de Baker Street, qui est celui de la rue où Conan Doyle avait placé le domicile de Sherlock Holmes, vaudra aux agents du SOE le surnom d'Irréguliers de Baker street. Certaines sections du SOE utilisent aussi des appartements à Londres, où les responsables mènent les discussions préalables au recutement des agents, leur donnent les consignes avant leur départ en mission et écoutent leurs rapports à leur retour. C'est le cas de la section F, qui utilise notamment Orchard Court, « Le Verger ».

[modifier] Les Sections du SOE

Le SOE comprend un certain nombre de sections régionales (country sections) qui coordonnent l'action des réseaux dans les différents pays :

  • France - Deux importantes sections régionales du SOE sont en rapport avec le secteur géographique de la France :
    • Section F : section française du SOE, sans relation avec la France libre. C'est la section la plus importante. Elle donna lieu à la formation de 95 réseaux.
    • Section RF : section chargée de travailler avec les gaullistes (en l'occurrence André Dewavrin « Passy », chef des services de renseignements, qui devint le BCRA).

En outre, six autres petites sections sont également en rapport avec le secteur de la France. Il s'agit des sections suivantes :

  • Section DF : section chargée de la mise en place des filières d'évasion devant permettre le retour des agents en Angleterre.
  • Section EU/P : section en relation avec les réseaux polonais du nord de la France.
  • Section AL : section servant de bureau de liaison avec le ministère britannique de l'Air et chargée des liaisons aériennes clandestines avec le territoire français.
  • Section Stockage-Emballage, pour les chargements de ravitaillement.
  • Section MT : section qui organise les écoles d'entraînement spécial qui forment les agents à la guerre secrète et subversive.
  • la section AMF : à partir de fin 1942, section basée à Alger qui opère dans le midi de la France ; après avoir brièvement collaboré avec les giraudistes, elle se met au service des gaullistes.
  • Autres pays
    • Allemagne : Section X
    • Italie : Section I
    • Pologne : Section MP
    • Yougoslavie : Section Y
    • Tchécoslovaquie : Section MY
    • Norvège : Section SN
    • Suède : Section SS
    • Belgique : Section T
    • Pays-Bas : Section N
    • Espagne : Section H
    • Autres sections : Grèce, Albanie, Danemark, Roumanie, Abyssinie, Asie du Sud-Est.

[modifier] Les Stations expérimentales

Pour ses activités de recherche et développement, le SOE utilisa plusieurs « stations » génaralement situées dans des maisons de campagne, identifiées par un numéro en chiffres romains. La liste en est présentée dans l'article Liste des établissements du SOE.

[modifier] Les Écoles d'entraînement spécial

Pour l'entraînement de ses agents, le SOE dispose de plusieurs dizaines d'écoles d'entraînement spécial (Special Training Schools, ou STS) dont la liste est présentée dans l'article Liste des établissements du SOE. Le quartier général de l'entraînement du SOE est situé à Norgeby House, 83 Baker Street. Il est dirigé par le colonel J.S. Wilson. Les écoles d'entraînement spécial du SOE se répartissent en plusieurs catégories. Pour les présenter, suivons la séquence même du programme d'entraînement d'un agent :

  • Écoles préparatoires (preliminary schools). Ces écoles sont situées dans les Midlands et le sud de l'Angleterre et sont dirigées par le colonel Roger de Wesslow. Les futurs agents des deux sexes y sont répartis par nationalité, chaque Country section disposant de la sienne. Le stage dure quatre semaines, et permet de tester le caractère, les capacités physiques et les aptitudes à des tâches particulières de l'agent. Bien que formé par plusieurs instructeurs, l'agent est suivi par un même officier qui l'observe, le note, l'aide et finalement donne son avis sur son orientation.
  • Écoles d'endurcissement (roughning schools). Ces écoles sont situées en Écosse, dans l'Invernessshire : quartier général à Arisaig House, demeure familiale des Nicholson située près de Loch Ailort ; six autres manoirs réquisitionnés aux alentours. Elles sont dirigées par deux vétérans de la première guerre mondiale, le lieutenant-colonel Pat Anderson et le major James Young. Le stagiaire qui a été reconnu apte à la fin de son stage en école préparatoire y suit une nouvelle phase d'entraînement (tir instinctif, poignard, techniques de démolition, télégraphie morse, etc.) en cotoyant cette fois des stagiaires d'autres nationalités.
  • École d'entraînement au saut en parachute n° 1 de Ringway Airport. Cette école est située près de Manchester. Elle est dirigée par le wing commander Maurice Neuwham. Elle accueille des stagiaires du SOE, des commandos-parachutistes ou des combattants des troupes aéroportées, mais ceux du SOE sont logés à part, à Dunham Lodge (Bowdon, près d'Altrincham, dans le Cheshire).
  • Écoles de finition spéciale (special finishing schools). Ces écoles sont situées sur les terres de la famille Montagu près de Beaulieu dans le Hampshire. Elles sont dirigées par le colonel Frank Spooner. Le stagiaire est préparé individuellement à sa future mission. Il est présenté à son futur officier traitant. Il suit un cours général sur les techniques de sécurité : comment trouver un refuge, organiser des liaisons, rompre une filature, communiquer en secret (chiffrage, encres invisibles, camouflage des documents), utilisation de « boîtes aux lettres », procédés du contact, prévention contre les méthodes de la police, comportement lors des interrogatoires, etc.). Il est informé des conditions et des habitudes de vie du pays où il va se rendre. À la fin du stage, il est soumis à un exercice spécial de trois à cinq jours destiné à tester sa débrouillardise : il reçoit un objectif de sabotage (décrit dans un dossier sommaire qu'il doit entièrement mémoriser) ; on lui retire tous ses papiers ; on lui laisse dix shillings ; s'il se fait prendre par la police et ne parvient pas à s'échapper ou à se faire libérer, il peut utiliser comme ultime recours un numéro de téléphone appris par cœur, qui le protège contre l'incarcération pour espionnage mais probablement pas de la radiation du SOE pour incapacité.
  • En plus des quatre grandes catégories ci-dessus, il existe quelques autres écoles d'entraînement spécial. Le tableau suivant récapitule les noms, fonctions et adresses des écoles d'entraînement spécial du SOE, en les rangeant dans l'ordre de leurs numéros :

[modifier] Les effectifs du SOE

Grâce à l'appui de Churchill, les effectifs du SOE croissent rapidement, au point d'atteindre finalement environ 13000 personnes, employées directement ou contrôlées.

[modifier] La dissolution du SOE

Le 30 juin 1946, le SOE devenu sans objet est dissous[13]. Ce qui reste du personnel et des équipements, absorbé par le MI6, est réparti entre les différentes divisions opérationnelles et le nouveau Directoire de l'entraînement et du développement pour la préparation à la guerre (DEWP).

[modifier] La Mémoire

[modifier] La reconnaissance

À l'Abbaye de Westminster, Londres, se trouve un monument dédié « à tous les membres du SOE de toutes nationalités qui ont maintenu l'esprit de résistance et sont morts pour la libération des pays occupés ». Ce monument a été inauguré par Sa Majesté la Reine Elizabeth la Reine Mère, le 13 février 1996.

Des mémoriaux honorent la mémoire des agents :

  • le Mémorial de Valençay (Indre) honore les 104 agents de la section F morts pour la France. Situé près du lieu du premier parachutage d'un agent du SOE en France, il a été inauguré le 6 mai 1991, à l'occasion du cinquantenaire de ce parachutage.
  • le Mémorial Brookwood (Surrey, Angleterre) honore 3475 hommes et femmes des forces du Commonwealth et de l'Empire morts pendant la guerre et dont les noms ne peuvent être enregistrés de manière appropriée sur les autres mémoriaux des différents théâtres de guerre, ce qui est le cas de plusieurs agents du SOE.

De plus, la mémoire des agents exécutés est commémorée dans les camps de concentration. C'est le cas :

  • au Musée du camp de Flossenbürg (Allemagne) inauguré le 22 juillet 2007, des agents : F.G. Mitchel, exécuté en juin 1944, Gustave (dit « Guy ») Biéler exécuté le 5 septembre 1944, Jack Agazarian, P.J. Amphlett, J.F. Amps, G.W.H. Demand, R. Dowlen, M.G.H. Fox, H.H. Graham, E.F. Levene, J.F.G. Mennesson, B.D. Rafferty, D.W. Sibrée, V.A. Soskice, J. Worms exécutés le 29 mars 1945.

[modifier] Les zones d'ombre

De nombreuses raisons ont fait obstacle jusqu'à maintenant à une bonne connaissance de l'Histoire du SOE :

  • En raison de sa nature de service secret, ses agents devaient respecter des exigences draconniennes de discrétion, ce qui s'opposait à la traçabilité de leurs actions.
  • Le nom du service et son existence même furent des secrets bien gardés pendant la guerre. Le War Office connaissait la section MO-1(SP), l'Amirauté connaissait un bureau NID/Q, l'Air Ministry connaissait AI-10, le Foreign Office un service encore différent, des laboratoires effectuaient des recherches pour le « Joint Technical Board » ou l'« Inter-service Research Bureau ». De Gaulle appelait Intelligence Service tous les services secrets sans distinction, les Allemands classaient souvent les dossiers « W.O. » (pour War Office). Les agents eux-mêmes parlaient de « La Firme » et ne connaissaient du quartier général qu'une ou deux pièces peu meublées, éloignées des bureaux de Baker Street, où ils avaient été recrutés !
  • On estime qu'environ 13 % des papiers originaux ont été préservés de la destruction, intentionnelle ou accidentelle :
    • Les enregistrements n'ont pas été conservés systématiquement. Le SOE a grandi précipitamment et par à-coups, et pour des raisons de sécurité, il n'y a pas eu d'enregistrement centralisé. Seule une tentative de créer des archives centrales était en cours à la fin de la guerre.
    • Certains enregistrements du SOE ont été délibérément détruits face à l'avance ennemie. C'est le cas à Singapour en 1942 devant l'avance japonaise et au Caire lorsque les Allemands s'approchèrent d'Alexandrie.
    • Pour des raisons de stockage et de manipulation, on a procédé à un sérieux élagage à la fin de la guerre.
    • Fin 1945, une partie des archives a disparu dans un incendie, peut-être accidentel.
  • Le rangement est parfois le simple fait du hasard, et les informations peuvent ainsi se trouver à des endroits inappropriés, ce qui gêne les recherches.
  • L'ouverture au public des dossiers du SOE aux "National Archives" britanniques a commencé tardivement (1993) et a progressé très lentement (voir paragraphe suivant)
  • Certains dossiers intéressants pour l'histoire du SOE resteront longtemps inaccessibles, tels ceux classés sous la rubrique MI 6.

Certes, nombreux sont les agents qui, après la guerre, ont publié leurs témoignages ou leurs mémoires. Mais :

  • Certains acteurs majeurs se sont peu ou pas exprimé sur le sujet, à commencer par Winston Churchill dans sa monumentale Histoire de la Seconde Guerre mondiale.
  • Certains agents ont pris, lors de leur recrutement, un engagement à long terme de ne rien révéler de leurs activités.
  • De même certains récits « officiels » des opérations du SOE sur les différents théâtres ont été publiés tardivement et soulèvent parfois des questions par leurs erreurs et leurs silences :
    • M.R.D. Foot, SOE in France, HMSO, 1966
    • Charles Cuickshank, SOE in the Far East, OUP, 1983
    • Charles Cuickshank, SOE in Scandinavia, OUP, 1986.

[modifier] Les archives

Les "National Archives" britanniques ont ouvert au public les dossiers suivants relatifs au SOE (repérés par HS dans leur catalogue) :

HS 1 - SOE operations: The Far East
Opérations en Extrême-Orient, ouvert au public depuis juin 1993, Public Record Office, classe HS 1/1-350 : Birmanie, Siam, Indo-Chine française, Malaya, Chine, Japon, Afghanistan, Inde, Australie, Sumatra anglo néerlandaise, papiers organisationnels.
HS 2 - SOE operations: Scandinavia.
Opérations en Scandinavie, ouvert au public depuis juin 1994, Public Record Office, classe HS 2/1-272 : Danemark, Finlande, Norvège, Suède, etc.
HS 3 - SOE operations: Africa and the Middle East.
Opérations en Afrique et au Moyen-Orient, ouvert au public depuis septembre 1994, Public Record Office, classe HS 3/1-245 : Aden et mer Rouge, Abyssinie et Afrique orientale, Afrique du Nord, Afrique occidentale, pays arabes, Chypre, Égypte, Malte et Tunisie, Moyen-orient, Maroc, Palestine, Syrie, Tanger, Turquie.
HS 4 - SOE operations: Eastern Europe.
Opérations en Europe de l'Est, ouvert au public depuis mars 1995, Public Record Office, classe HS 4/1-381.2 : Tchécoslovaquie, Hongrie, Pologne et Union Soviétique.
HS 5 - SOE operations: Balkans. Opérations dans les Balkans.
HS 6 - SOE operations: Western Europe. Opérations en Europe de l'Ouest.
HS 7 - SOE Histories and War Diaries.
HS 8 - SOE headquarters records. Quartier général, ouvert au public depuis le 8 février 2002.
HS 9 - SOE Personnel Files.
HS 10 - Photographs of equipment developed by SOE Station 15b for covert operations behind enemy lines.
HS 11 - SOE: Registry: General Nominal and Subject file index, 1939-1946.
HS 12 - SOE: Registry: Index of Honours and Awards, 1939-1946.
HS 13 - SOE: Registry: France Nominal Index, 1940-1946.
HS 14 - SOE: Registry: Belgium (including some Dutch) Nominal Index, 1939-1946.
HS 15 - SOE: Italian Section and Middle Eastern and Greek Section Agent Particulars Nominal Index, 1939-1946.
HS 16 - SOE: Playfair and Wireless Operators Codes Nominal Card Index, 1940-1946.
HS 17 - SOE: Registry: Scandinavia Nominal Index Cards, 1940-1946.
HS 18 - SOE: Registry: Iberian Nominal Card Index, 1940-1946.
HS 19 - SOE: Staff Income Tax Nominal Index Cards, 1940-1946.
HS 20 - SOE: Registry: Miscellaneous Nominal Card Index, 1940-1946.

D'autres dossiers concernant le SOE sont présents dans les dossiers du MI 6 (SIS), du MI 5 (KV 1 et KV 5), du Air Ministry (AIR), du War Office (WO), du Foreign Office (FO) et du Prime Minister's Office (PREM).

[modifier] La section F, principale section française

[modifier] Organisation de la section F

  • À la tête de la section F sont nommés successivement : Leslie Humphreys (août 1940), H.R. Marriott (décembre 1940), Maurice Buckmaster (début de l'été 1941). Le nom de ce dernier est particulièrement connu en France, car les réseaux de la section F y sont souvent appelés réseaux Buckmaster ou réseaux Buck.
  • Au poste d'adjoint, Nicholas Bodington, un brillant diplômé de Cambridge de 35 ans, est nommé fin 1940. Correspondant de presse à Paris avant-guerre, il a collaboré à cette époque avec le MI6 et conserve des relations avec son ancien patron Claude Dansey.
  • L'assistante de Buckmaster est Vera Atkins. Elle est considérée comme l'« âme de la section »[14].
  • Le responsable des opérations de la section F est Gerry Morel (fin mars 1942-juillet 1944).
  • Les responsables du recrutement sont Selwyn Jepson et Lewis Gielgud.
  • Le responsable financier est Bourne Paterson.

[modifier] Réseaux de la section F

  • En formant ou en homologuant un réseau, le SOE section F lui attribue un nom de code. C'est généralement un nom de métier en anglais, M (exemple ACTOR), ou plus rarement de plante ou d'arbre (exemple PRUNUS). Ce nom n'est généralement pas connu sur le terrain, son usage étant destiné aux communications avec Londres.
  • Au moment où un agent part pour la France, il reçoit également un nom de code personnel, son "nom de guerre" (field name) qui est généralement un prénom français, « P ».

L'habitude a été prise de désigner certains réseaux par P ou par des assemblages comme M-P ou P-M, dans lesquels P désigne le nom de guerre du chef de réseau. Exemple : MASON-Porthos. Pour éviter les confusions, ci-après les noms de code des réseaux sont écrits en majuscules et en gras, et sont précédés du prénom P - sous lequel ils sont souvent mieux connus en France.

[modifier] L'ennemi

Côté allemand, les responsables de la lutte contre le SOE en France le plus souvent cités dans l'histoire du SOE sont les suivants. Sont présentés séparément ceux qui sont rattachés à l'Abwehr (services de renseignement de l'armée) et ceux qui sont rattachés au SIPO-SD (organisation combinée état-parti calquée sur celle du RSHA).

[modifier] L'Abwehr

  • Friedrich Rudolf, chef de l'Abwehr France, de juin 1940 à juin 1944.
  • Oscar Reile, responsable de la section III F (contre-espionnage militaire) de l'Abwehr France, dont les bureaux sont à l'hôtel Lutécia.
  • Feldwebel Hugo Bleicher.

[modifier] Le SIPO-SD

  • Au niveau supérieur du SIPO-SD en France :
  • Au niveau des opérations et de l'exécution :
    • SS Strurmbannführer Karl Boemelburg, chef de la section IV du SIPO-SD en France. Cette section IV constitue la Gestapo proprement dite, chargée de "la recherche des ennemis du régime" (Juifs, opposants, communistes, résistants, ...) et de la répression. Elle prend progressivement en charge les tâches abandonnées par l'Abwehr telles que le contre-espionnage.
    • SS Strurmbannführer Josef Kieffer,
    • Josef Götz, section IVF Radio,
    • Josef Placke
    • Ernst Vogt, interprète.

[modifier] Opérations de la section F

[modifier] Quelques étapes de l'action

1941.

  • Mars. Les douze premiers agents commencent leur entraînement.
  • Mai. Les 4 premiers agents SOE sont parachutés en France :
    • dans la nuit du 5 au 6 mai, entre Valençay et Vatan (au nord de Chateauroux, dans l'Indre) : amené par un bombardier Whitley du Flight 1419, Georges Bégué est parachuté seul avec une valise radio, avec pour mission d'entrer en contact avec Max Hymans (ancien député de la circonscription de Valençay, dont la maison de campagne se trouve aux environs). Georges Bégué transmet à Londres l'acceptation de Max Hymans de coopérer avec Londres et d'apporter son soutien à la fondation de groupes de résistance locaux.
    • dans la nuit du 10 au 11 mai, près de la propriété de son frère Philippe : Pierre de Vomécourt « Lucas », qui a la mission de constituer le premier réseau SOE avec Georges Bégué comme opérateur radio ; xxx « Bernard ». Le comité de réception comprend son radio, Georges Bégué, sur place depuis quelques jours. Il recrute aussitôt ses deux frères Philippe et Jean. Les trois frères se partagent les zones : tandis que Jean choisit d'intervenir dans l'est de la France et Philippe dans le sud-ouest, Pierre interviendra dans le nord et montera un réseau, AUTOGIRO, en étant basé à Paris.
    • dans la nuit du 12 au 13 mai, Roger Cottin « Albert ».
  • Juin.
    • Le 13 juin, le premier parachutage d'armes destiné à un agent en mission a lieu dans la propriété « Bas-Soleil » de Philippe de Vomécourt, à vingt kilomètres de Limoges.
    • 22. L'Allemagne attaque l'Union Soviétique (opération Barbarossa).
  • 9 juillet. Parachutage de Noël Burdeyron « Gaston ».
  • 6 août. Parachutage de Gilbert Turck « Christophe ». À l'arrivée au sol, il est arrêté par la police de Vichy.
  • Septembre.
    • 4. Premier à atterrir en France, un Lysander piloté par Nesbitt-Dufort amène sur le terrain de la Champenoise près de Châteauroux Gérard Morel « Gerry », premier agent SOE acheminé de cette façon. Il ramène en Angleterre Jacques Vaillant de Guélis « Jacques »
    • 6. Six agents sont parachutés d'un bombardier Whitley aux alentours d'Argenton-sur-Creuse : Benjamin Cowburn « Benoît », Victor Gerson « René », George Langelaan « Georges Langdon », Maurice du Puy « Denis », Michael Trotobas « Sylvestre », André Bloch « Georges IX ». Comité de réception : Max Hymans « Frédéric », Georges Bégué « Georges », Octave Chantraine et quelques fermiers.
    • 19. Plusieurs agents SOE sont amenés par le bateau Fidelity au large du Barcarès, au sud de Perpignan, notamment Robert Leroy (qui va à Bordeaux), Francis Basin « Olive » qui va sur la Côte d'azur, Raymond Roche « Robert » qui va à Marseille et Georges Duboudin « Alain » qui va à Lyon.
  • Octobre. Dans la nuit du 10 au 11, a lieu le premier parachutage simultané d'hommes et d'armes, à Villamblard, Dordogne. C'est la mission Corsican. Quatre agents sont parachutés : Marc Jumeau « Robert », Jack Hayes « Victor », Jean Le Harivel « Georges XXV » et Daniel Turberville « Daniel » ; le comité de réception au sol est composé de : Max Hymans l'organisateur, Jean Pierre-Bloch « Gabriel », Georges Bégué, Édouard Dupuis, Albert Rigoulet dit « Le Frisé » ; les armes sont contenues dans deux conteneurs. Le lendemain matin, Turberville est arrêté par la gendarmerie.
  • Souricière tendue par la police de Vichy à la Villa des Bois à Marseille. Informée de l'adresse par un papier que portait sur lui Daniel Turberville, la police arrête Robert Lyon, Raymond Roche, Jean Pierre-Bloch, et Georges Bégué. Autres arrestations : Fleuret, Garel, Trotobas à Châteauroux, Liéwer à Antibes.
  • 7 décembre. Les Japonais attaquent les USA à Pearl Harbor. Le lendemain, les USA entrent en guerre.
  • Décembre. Le jour de Noël, Pierre de Vomécourt est présenté à Mathilde Carré, dite « La Chatte », qui collabore au réseau INTERALLIÉ, fondé par des officiers polonais, mais démantelé par un sergent de l'Abwehr, Hugo Bleicher. Vomécourt, qui manque d'un opérateur radio, demande à Mathilde d'utiliser pour ses transmissions les radios du réseau INTERALLIÉ. Or, La Chatte est devenue la maîtresse de Bleicher qui contrôle entièrement ses radios.

1942.

  • 20 janvier. De Gaulle, dans une lettre à Anthony Eden, exige que la section F passe sous commandement français. Les Britanniques refusent.[15]
  • 25 avril. Finalement, Pierre de Vomécourt est arrêté par Bleicher, puis AUTOGIRO démantelé. Pierre de Vomécourt survivra à la guerre à Colditz. Georges Bégué s'enfuit en Espagne et regagne Londres, où il travaillera à l'état-major de la Section F, chargé des communications radio avec les agents sur le terrain. On lui attribue l'invention du système de messages personnels diffusés par la BBC.
  • 16 juillet. Onze prisonniers, aidés par Virginia Hall « Marie » et Madame Gaby Pierre-Bloch, s'évadent du camp d'internement de Mauzac (Dordogne) : Georges Bégué, Francis Garel, Claude Jumeau, George Langelaan, Jean Le Harivel, Philippe Liewer, Robert Lyon, Jean Pierre-Bloch, Raymond Roche, Michael Trotobas, Jack Hayes.
  • 29 juillet. Nicholas Bodington, le numéro 2 de la section F à Londres, débarque près d’Antibes accompagné d’Henri Frager, un agent français du SOE. Il vient contacter un certain André Girard, connu sous le pseudonyme de « Carte » et qui s'est fait connaître à un agent anglais en prétendant avoir derrière lui un réseau dont les nombreux membres sont prêts à passer à l'action armée. Il est décidé que dix hommes iront en Angleterre pour y suivre un entraînement. En fait, le 31 août 1942, seuls deux volontaires embarquent pour l'Angleterre. Carte est en partie un mythomane, mais il a réellement constitué un carnet d'adresse copieusement fourni qui servira de base de recrutement pour le réseau Prosper. Or, ce carnet d'adresse est riche d'individus que Carte ne connaît même pas. La zone sud n'est pas encore occupée, et beaucoup de fichiers de résistants potentiels circulent librement. L'Abwehr aussi a pu profiter de cette liberté.
  • 18 août. Échec du raid de Dieppe.
  • Septembre.
    • La section F désigne deux officiers pour coordonner l'ensemble de ses réseaux en France :
      • Francis Suttill en zone Nord (réseau Prosper-PHYSICIAN). Il sera parachuté le 1n.10.1942 près de Vendôme.
      • Peter Churchill en zone Sud (réseau SPINDLE).
    • Le 4. Instauration du STO. À partir de là, on observera un développement croissant des maquis.
    • 24 Septembre. Andrée Borrel et Lise de Baissac sont les premières femmes du SOE parachutées en France occupée.
  • 18 octobre. Ordre Commando secret de Hitler.[16]
  • Novembre
    • 11. En raison du débarquement réussi des Alliés en Afrique du nord (opération Torch du 8 novembre), les Allemands envahissent la zone libre.
  • 18. Gustave (dit « Guy ») Biéler, canadien, chef du réseau Tell - MUSICIAN et Michael Trotobas « Sylvestre », chef du réseau FARMER sont parachutés en France.

1943.

  • 30 janvier. Création de la Milice française, en remplacement de l'armée d'armistice.
  • 2 février. Capitulation allemande à Stalingrad.
  • 16 février. Instauration du STO par le gouvernement de Vichy. Cédant à la pression allemande, Vichy instaure, sous l'appellation de Service du travail obligatoire la mise du monde du travail à la disposition de l'occupant. En réaction, de nombreux « réfractaires » refusant de partir, préfèrent s'évaporer dans la nature. C'est ainsi que vont se développer les maquis.
  • Avril. Le réseau SPINDLE subit un revers, par l'arrestation de Peter Churchill et d'Odette Sansom.
  • Juin. Le réseau ARCHDEACON avorte : Frank Pickersgill (chef du réseau) et John Macalister (opérateur radio du réseau, qui doivent le mettre en place, sont arrêtés dès leur arrivée en France. Cela se transforme en une opération conduite par les Allemands : Joseph Placke, un assistant de la section radio au 84 avenue Foch, se fait passer pour Pickersgill, tandis que l'opérateur radio Macalister, avec ses codes, est utilisé pour transmettre de faux messages à Londres arrangeant des parachutages qui finissent aux mains des Allemands. Cette fausse opération continuera jusqu'en mai 1944, provoquant la capture d'un instructeur de sabotage et de six autres agents envoyés pour rejoindre le réseau.
  • Fin juin. Effondrement du réseau Prosper - PHYSICIAN, avec arrestation de ses dirigeants et de nombreux agents.
  • Octobre. Arrestation de Noor Inayat Khan « Madeleine ».
  • Octobre 1943 à Juin 1944. Activité croissante.

1944.

1945.

[modifier] Les moyens mis en œuvre

Avions

Le nombre d'avions mis par la RAF à la disposition du SOE évolue au cours du temps. Vers la France, les chiffres sont les suivants : 5 en 1940 ; 27 en novembre 1942 ; 36 au printemps 1944. Au début, il n'y a que le squadron RAF No. 138, mais ensuite, la RAF fournit un deuxième squadron, le No. 161. Ensuite, le No. 161 s'occupe des atterrissages et, lorsque cela est possible, de quelques parachutages. Le No. 161 qui a sa base à Tempsford, dispose plus tard d'un terrain auxiliaire à Tangmere, plus près de la Manche, qui permet d'assurer des missions plus au sud.

Sorties d'avions

Le tableau suivant est déduit de SOE in France de M.R.D. Foot. Les données présentées couvrent :

  • la période totale d'activité, de mai 1941 à septembre 1944. Sont distingués (1) les 38 premiers mois, du premier parachutage de Bégué début mai 1941 à fin juin 1944 ; et (2) les trois derniers mois (troisième trimestre 1944), pendant lesquels l'intensité de l'action est en rapport avec le débarquement en Normandie ;
  • les missions partant d'Angleterre et celles via la Méditerranée.
  • les mission britanniques RAF (pour le SOE) et les missions américaines USAAF. Deux escadrilles RAF exécutent les missions aériennes pour le SOE : la 138e pour les parachutages, la 161e pour les atterrissages.
RAF + USAAF
Provenance Angleterre + Méditerranée
Périodes (1) + (2)

RAF
Provenance Angleterre
Périodes (1) + (2)

RAF
Provenance Angleterre
(1) avant 01.07.44 (38 mois)
(2) après 01.07.44 ( 3 mois)
Nombre de sorties d'avions
réussies (avec survol de la France,
pour parachutage ou atterrissage)
7498
3679
(1) 2035
(2) 1644
Nombre d'agents
envoyés en France
1784 (dont 53 femmes)
840
(1) 582
(2) 258
Tonnes
de matériels livrés
10485
5680
(1) 2457
(2) 3223
Nombre de conteneurs
de livraison des matériels
73918
53725
(1) 23793
(2) 29932
Nombre de paquets
de livraison des matériels
20354
10125
(1) 5534
(2) 4591
Armement livré en conteneurs[17] 
Type d'armement

Total
F + RF

Part
section F

Part
section RF

Kg explosifs
594010
307023
286987
Pistolet-mitrailleur STENS 9 mm. (UK)
197480
104536
92944
Fusil-mitrailleur BRENS (UK)
20518
10584
9934
Fusils
127330
63857
63473
Pistolets
57849
31270
26579
Grenades MILLS (UK)
722631
409224
313407
Grenades GAMMONS
113830
57585
56245
Mines anti-chars
9010
5470
3540
Fusils anti-chars BOYES RIFLE 13.9 mm
61
46
15
P.I.A.T. (US). Lance-roquettes à charge creuse servi par un seul homme
1206
708
498
Bazookas (UK). Lance-roquettes à charge creuse servi par deux hommes, tireur et servant
2440
1536
904
Mortiers
285
100
185
Carabines 300 (US)
9371
6776
2595
MARLINS (US) Pistolet-mitrailleur (à partir de 1942)
1893
1317
576
Grenades incendiaires
123343
70335
53008
Divers : couteaux, plaquettes incendiaires de poche, charges altimétriques,
crayons-allumeurs à retardement, détonateurs, cartouches, ...
.....
.....
.....
Autres matériels livrés en paquets

Postes émetteurs, postes émetteurs-récepteurs (valise), vêtements, nourriture, tabac, boîtes de pansements de campagne, pièges (crayons truqués, lacets de souliers creux, objets courants dissimulant des explosifs, cigarettes incendiaires, etc.)

Argent fourni aux agents sur le terrain

402 millions de francs, se décomposant en :

  • 317 millions envoyés avec les opérations de la section F,
  • 63 millions levés par des emprunts sur place auprès d'hommes d'affaire amis,
  • 22 millions acheminés par les filières de la section DF.

[modifier] Sort des agents de la section F

  • Agents arrêtés : 1 sur 4 (à comparer à : 1 sur 2 aux Pays-Bas, 1 sur 3 en Belgique).
  • Agents tués : 104 (91 hommes et 13 femmes). Ils sont honorés au mémorial de Valençay.

[modifier] Résultats obtenus

  • Résistants français armés par les agents du SOE pour réaliser les actions de sabotage : 250000.
  • Usines sabotées : 93.
  • Le général Eisenhower a estimé que le travail du SOE équivalait au renfort de cinq ou six divisions.

[modifier] La section RF

Créée en 1941 pour permettre la réalisation d'opérations coordonnées avec la France libre du Général de Gaulle (c'est-à-dire en pratique avec le BCRA d'André Dewavrin « Passy »), la section RF recrute des agents français. Ses chefs successifs sont :

  • le capitaine Eric Piquet-Wicks, au début,
  • J.R.H. Hutchinson, à partir d'août 1942,
  • Bickam Sweet-Escott, à partir de l'automne 1943,
  • L.H. Dismore.

Adresse : 1 Dorset Square, Londres[18].

Opérations réalisées par le SOE en liaison avec le BCRA avant la création de la section RF : • SAVANNA • JOSÉPHINE B.

Réseaux de la section RF : • ARMADA • CIRCONFÉRENCE • COCKLE • COD • CONE • DASTARD • FABULOUS • FANTASSIN • MAINMAST • ORONTE • OUTCLASS • OVERCLOUD • PÉRIMÈTRE • PÉRITOINE • RECTANGLE • TORTURE • TROMBONE.

Missions de la section RF : • ASYMPTOTE • MARIE-CLAIRE • SEAHORSE (avec ARQUEBUSE-BRUMAIRE du BCRA) • SHRIMP.

Raids de la section RF : • BARTER • PILCHARD • SLING.

[modifier] La section DF

Les lignes d'évasion de la section DF sont : • ÉDOUARD • GREYHOUND • LOYOLA • MANGO • PIERRE-JACQUES • SALLY • STANISLAUS • TROY • VAR • VIC.

[modifier] La section EU/P

La section EU/P comprend le réseau ADJUDICATE et la mission MONICA.

[modifier] Le SOE dans les autres pays

De 1943 à 1945, grâce à la coopération avec le SOE et le MI6, un groupe de volontaires juifs originaires de Palestine est envoyé en mission dans plusieurs pays européens occupés par les Nazis.

[modifier] Sources, références et notes

Voir la Liste bibliographique sur le SOE, dont sont extraites les références de livres mentionnées ci-après.

[modifier] Références bibliographiques et filmographiques

  • Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France de 1940 à 1945, Robert Laffont, 1976 ; éd. revue et complétée, Crémille & Famot, 1982.
  • Dominique Venner, Histoire critique de la Résistance, Pygmalion/Gérard Watelet, 1995.
  • Hugh Verity, Nous atterrissions de nuit... Les atterrissages secrets de la RAF en France 1940-44, 1978 ; 5e éd. revue et augmentée, Vario, 2004.
  • Jean Deuve, La Guerre des magiciens, l'intoxication alliée 1939-1944, Charles Corlet, 1995.
  • Anthony Cave Brown, La Guerre secrète, le rempart des mensonges, Pygmalion/Gérard Watelet, 1981.
  • Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux Brilhac, Tallandier, 2008, ISBN : 978-2-84734-329-8 / EAN 13 : 9782847343298. Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre présente la version officielle britannique de l'histoire du SOE en France. Une référence.
  • Maurice Buckmaster, They Fought Alone, the story of british agents in France (Ils combattirent seuls, l'histoire des agents britanniques en France), Odhams Press Limited, 1958. L'auteur est le chef de la section française (F).
  • Professor William Mackenzie, The Secret History of SOE - Special Operations Executive 1940-1945, BPR Publications, 2000. ISBN 0953615189.
  • David Stafford, Secret Agent - The True Story of the Special Operations Executive, BBC Worldwide Ltd, 2000. ISBN 0563537345.
  • Jean Overton Fuller, The Starr Affair. Ce livre raconte l'histoire de John Renshaw Starr.
  • Leo Marks, Between Silk and Cyanide, 1998. Marks fut le chef des Codes au SOE, et son livre relate son combat pour introduire un meilleur cryptage utilisable par les agents.
  • Marcel Ruby, La Guerre secrète. Les Réseaux Buckmaster, Éditions France-Empire, 1985.
  • Alain Guérin, Chronique de la Résistance, Omnibus, 2000, ISBN 2-7441-5190-4. (Cet ouvrage constitue une édition revue, corrigée, complétée et augmentée de La Résistance : Chronique illustrée (1930-1950), Livre-Club Diderot, 1972-1976)
  • Gérard Le Marec, Les Maquis dans la guerre, Famot, 1980.
  • Arthur Christie, Mission Scapula SOE in the Far East, ISBN 0954701003. Une histoire vraie d'un agent envoyé en mission à Singapour juste avant la chute. Avec Freddy Spencer-Chapman.
  • Robert et les ombres, documentaire de Jean-Marie Barrère, 2005. Histoire de résistants français et d'agents du SOE, dans le Gers et les Landes.
  • La Guerre au jour le jour. Résistance et collaboration; Pour ou contre l'occupation nazie, Edito-Service S.A., Genève, 1981.
  • André Courvoisier, Le réseau Heckler, de Lyon à Londres, éd. France-Empire, 1984.
  • Janusz Piekalkiewicz, Les grandes réussites de l'espionnage, édition française : Fayard et Paris-Match, 1971.

Ill Met by Moonlight

Opération menée par le SOE en 1944 pour kidnapper le Major General Heinrich Kreipe en Crète.
Violette Szabo
Odette Sansom
  • Jerrard Tickell, Odette: The story of a British agent, 1949.
  • film Odette, 1950, de Herbert Wilcox, avec Anna Neagle et Trevor Howard.
Nancy Wake
  • Nancy Wake, La Gestapo m'appelait la souris blanche, une australienne au service de la France, coll. Résistance-Liberté-Mémoire, éd. du félin, 2001. Cette autobiographie est la traduction du livre paru en Australie, Nancy Forward, The White Mouse, 1985.
  • Nancy Wake Codename: The White Mouse, 1987. Documentaire sur l'activité de Nancy Wake pour le SOE, en partie racontée par elle-même.
Bataille de l'eau lourde
Opérations SOE de sabotage de l'usine d'eau lourde de Rjukan en Norvège en 1943.
  • Les Héros de Télémark, 1965. Film réalisé par Anthony Mann.
  • La Bataille de l'eau lourde / Kampen om tungtvannet, en anglais The Fight Over the Heavy Water, un documentaire franco-norvégien, 1948, avec les acteurs originaux. Joachim Rønneberg a dit : « The Fight over Heavy Water fut une tentative honnête de décrire la réalité. En revanche, Heroes of Telemark a peu à voir avec la réalité. »
  • Alain Decaux, Alain Decaux raconte 2, Librairie Académique Perrin, 1979.

Affaire de la Chatte

Épisode pathétique de la lutte de l'Abwehr, l'affaire de la Chatte (Mathilde Carré), dans lequel le major Borchers joua un rôle déterminant.
  • Gordon Young, L'espionne n° 1 : la Chatte, 1957.
  • Major E. Borchers, Abwehr contre résistance.
Réseau Prosper
Les études les plus récentes sont :
  • Richard Seiler, La Tragédie du Réseau Prosper, Pygmalion, 2003.
  • John Vader, Nous n'avons pas joué, l'effondrement du réseau Prosper 1943, Le Capucin, 2002. Ce livre est la traduction française du livre Prosper double-cross, Sunrise Press, 1977, traduction, notes et annexes de Charles Le Brun.
  • Jacques Bureau, Un soldat menteur, Robert Laffont, 1992. Témoignage direct d'un membre du réseau.
  • Jean Lartéguy et Bob Maloubier, Triple jeu, l'espion Déricourt, Robert Laffont, 1992.
Fictions librement inspirées du SOE
  • (film) Jean-Paul Salomé, Les Femmes de l'Ombre, 2008 ; (livre du même titre) Laurent Vachaud, 2008.

[modifier] Liens externes

Titres d'articles du Wikipédia de langue anglaise 
(en) Hugh Dalton • 3rd Earl of Selborne Selborne • Gerald Templer • Norwegian Independent Company 1 • Operation Archery • Polish government in exile • Between Silk and Cyanide • Cichociemni • Lockheed Hudson • Political Warfare Executive.
Autres liens externes 
(en)Brève histoire du SOEArchives britanniques ouvertes en mai 2003« Mission Scapula » SOE en Extrême-Orient.

[modifier] Notes

  1. John Vader, p. 17.
  2. Voici les informations comparées sur le SOE et les principaux autres services et organisations concernés :
    • SOE, Special Operations Executive. Service secret chargé de l'action dans les pays occupés. Rattaché au Ministère de la Guerre économique.
    • MI5, Military Intelligence n° 5 ou Security Service. Service secret militaire chargé du contre-espionnage, sur le territoire britannique.
    • MI6, Military Intelligence n° 6 ou Intelligence Service (IS) ou Secret Intelligence Service (SIS). Service secret chargé du renseignement (espionnage), à l'étranger. Rattaché au Foreign Office.
    • MI9. Service secret militaire chargé d'encourager l'évasion des prisonniers de guerre et d'assurer le retour en Grande-Bretagne des combattants non capturés ou évadés, ainsi que des équipages d'avions abattus de la RAF.
    • MI19. Service secret militaire chargé de l'interrogatoire des nouvelles recrues.
    • PWE, Political Warfare Executive. Service chargé de la production et de la distribution de la propagande.
    • SAS, Special Air Service. Service militaire spécialisé dans la guerre irrégulière.
    • LCS, London Controlling Section. Groupe ultra-secret chargé de concevoir et de coordonner les plans stratégiques de mystification.
    • XX Committee, ou Double cross ou Twenty. Service chargé du retournement d'agents ennemis arrêtés en Grande-Bretagne.
    • WAAF (Women's Auxiliary Air Force). Personnel auxiliaire féminin de la RAF.
    • FANY (First Aid Nursing Yeomanry). Service auxiliaire d'infirmières.
    • GC&CS (Government Code and Cipher School). Service de cryptographie du gouvernement britannique.
  3. D'après S.O.E. La Contribution Britannique, brochure établie par The Special Forces Club.
  4. François Mitterrand est ramené en Angleterre dans la nuit du 15/16 novembre 1943, depuis le terrain clandestin ACHILLE au nord-est d'Angers, dans un avion Hudson piloté par le wing-commander Lewis Hodges, assisté du squadron-leader Wagland, navigateur, dans le cadre de l'opération CONJURER, préparée par Henri Déricourt (Source : Verity).
  5. Le critère de pleine lune autorise les vols avec une tolérance d'une semaine environ autour de la date précise de la pleine lune. En observant les dates des vols indiquées par Hugh Verity, on constate leur décalage progressif, au rythme d'environ un jour par mois : en novembre 1942, la période favorable est la deuxième quinzaine du mois ; en mars 1944 c'est la première quinzaine.
  6. Sept mois plus tôt, l'Intelligence Service avait déjà parachuté un de ses agents de cette façon, réalisant ainsi la première opération aérienne clandestine de la guerre : il s'agissait, après cinq échecs dus à la mauvaise visibilité, du parachutage de l'agent Phillip Schneidau depuis un Whitley du Flight 419. Source : revue Icare, numéro 141, 1992, p. 27
  7. Là aussi, dix mois plus tôt, l'Intelligence Service avait réalisé le premier atterrissage et le premier pick-up, en ramenant Phillip Schneidau dans la nuit du 19/20 octobre 1940. Source : revue Icare, numéro 141, 1992, p. 27.
  8. Eureka-Rebecca comprend :
    • Eureka, la balise installée au sol : c'est un émetteur-récepteur super-régénératif travaillant dans la bande de fréquence 214-234 MHz, alimenté par une batterie via un générateur de puissance à vibrateur. Une antenne portable montée en tripode est déployée au moment des communications.
    • Rebecca, la station embarquée dans l'avion : elle recherche la direction d'Eureka.
    Initialement conçu par TRE et fabriqué par Murphy and Cossor, Eureka-Rebecca connaît plusieurs variantes conçues et fabriquées aux USA et en Grande-Bretagne.
  9. Le crayon allumeur à retardement (time-pencil) est une invention polonaise que Colin Gubbins rapporta de Varsovie à l'occasion de sa mission au début de la guerre : le retard est obtenu non pas par un mécanisme d'horlogerie, mais sous l'effet d'un acide qui attaque un mince fil métallique. Pour plus de sûreté, le SOE recommandait d'en utiliser deux à chaque fois.
  10. Le gouvernement canadien oriente ceux qui se portent volontaires pour l’action clandestine, soit vers le SOE, soit vers le MI 9.
  11. SOE/SO est l'État-major commun du SOE britannique et de l'OSS américain.
  12. Le sigle EH est dû à son quartier général, Electra House.
  13. La date de la dissolution du SOE varie selon les sources :
    • 31.01.1946, selon M.R.D. Foot,
    • 30.06.1946, selon un site internet (pour y accéder, se reporter au paragraphe Liens externes, Brève histoire du SOE).
  14. L'écrivain Ian Fleming, qui connaissait Maurice Buckmaster et son assistante Vera Atkins, est connu pour les avoir pris partiellement comme modèles pour « M » et « Miss Moneypenny » dans ses romans d'espionnage James Bond. Dans son premier roman Bond, Fleming aurait fondé le personnage « Vesper Lynd » sur la belle Krystyna Skarbek (Christine Granville), agent SOE.
  15. Les Britanniques écriront : « Nous ne pouvons accepter votre proposition. Le gouvernement de Sa Majesté considère comme essentiel que le SIS et le SOE puissent établir des contacts avec tout élément français de leur choix, sans devoir tenir compte de leur allégeance politique. »
  16. L'Ordre Commando de Hitler stipulait que tous les commandos trouvés en Europe et en Afrique soient tués immédiatement, même s'ils étaient en uniforme et même s'ils voulaient se rendre.
  17. Selon Gérard Le Marec.
  18. Les Réseaux Action de la France Combattante, 1986, p. 19
  19. Titre qui signifie Mauvaise rencontre au clair de lune.