Michael Trotobas

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Michael Trotobas (1914 – 1943) est un agent du service secret britannique Special Operations Executive pendant la Seconde Guerre mondiale. Chef du réseau FARMER, basé à Lille, il organisa un grand nombre de sabotages industriels et ferroviaires au détriment des Allemands, et fut tué au moment d’être arrêté.

Note : pour accéder à des photographies de Michael Trotobas, se reporter au paragraphe Sources et liens externes en fin d'article.

Sommaire

[modifier] Famille

  • Son père : ascendance marseillaise
  • Sa mère : irlandaise

[modifier] Biographie

1914

  • 30 mai. Naissance de Michael Alfred Raymond Trotobas à Brighton (Sussex, Angleterre).
  • Son père est mobilisé en France et fait prisonnier en Allemagne. Michael ne le verra qu’à la fin de la guerre.

À Dublin, Michael est élève dans un établissement catholique.

1926. Sa famille vient en France, d’abord à La Seyne-sur-Mer (Var). Il va à l’école à Toulon.

1930. Il retourne en Angleterre.

1933. Âgé de 19 ans, il s’engage dans l’armée. Il est affecté au Régiment de Middlesex à Mill Hill Londres.

1937. Il est promu sergent.

1939. Il fait partie du corps expéditionnaire britannique, à la 3e division commandée par le général Montgomery. Grâce à sa parfaite connaissance du français, il repère des agents allemands infiltrés dans la population, à Lille et à Gondecourt.

1940.

  • 10 mai. Il entre en Belgique. Repassant la frontière, il reçoit la mission de tenir ferme entre Wattrelos et Estaimpuis. Il brise l’assaut allemand et contre-attaque au pas de charge. Une vingtaine de ses hommes sont tués.
  • 26 mai. Début du rapatriement du corps expéditionnaire britannique. Trotobas est blessé à la tête au moment d’embarquer dans l’un des derniers bateaux.

1941.

  • 10 janvier. Il est promu sous-lieutenant.
  • Il rejoint le SOE, section F (française) et suit l’entraînement correspondant. Il est promu capitaine.
  • 14 juillet. En chantant la Marseillaise, des habitants de Wattrelos défilent devant les tombes, surmontées de l’Union Jack, des soldats britanniques morts en mai 1940.
Première mission en France. Évaluation des possibilités d’organiser des réseaux subversifs.

1942.

  • Mars. Il est transféré au camp d'internement de Mauzac, en Dordogne.
  • 16 juillet. Grâce à l’aide de Virginia Hall (chef du réseau HECKLER), il s’échappe du camp de Mauzac avec dix autres agents.
  • Août. Il participe en zone sud (pas encore envahie) à un parachutage d’armes.
  • Il franchit les Pyrénées, et rentre à Londres, via Lisbonne. Il suggère au SOE d’organiser un réseau dans le région de Lille, ce que le SOE accepte. Il demande à repartir en France.
Deuxième mission en France. Organisation d'un réseau action dans le nord de la France.
  • 17 novembre. En compagnie de son opérateur radio Arthur Staggs et du chef du réseau MUSICIAN, le Canadien Gustave (dit « Guy ») Biéler, il est parachuté d’un bombardier près de Beaune-la-Rolande (entre Pithiviers et Montargis, dans le Loiret). Il est chef du réseau FARMER qu’il doit constituer dans la région de Lille, avec le nom de guerre SOE « Sylvestre », mais mieux connu dans la clandestinité sous le surnom de capitaine Michel.
  • 18 novembre. Ils prennent le train pour Paris à la gare d'Auxy-Juranville, et confient Gustave (dit « Guy ») Biéler, qui s'est blessé à l'atterrissage, aux dames Monnet, 38 avenue de Suffren, à l'étage en-dessous de celui des sœurs Germaine et Madeleine Tambour du réseau Prosper.
  • Trotobas est hébergé quelque temps dans la famille de Pierre Séailles, à Paris. Il confie à sa sœur, Simone Séailles, la tâche d'assurer les liaisons avec Gustave (dit « Guy ») Biéler.
  • À Lille, Trotobas ne retrouve pas l'amie sur laquelle il comptait. Il ne connaît personne d'autre, il n'a pas d'argent, il n'a pas de point de chute. Dans un café, il rencontre Denise Gilman, qui deviendra sa compagne et collaboratrice directe. Dans un autre café, il rencontre un représentant en livres, Emmanuel Lemercier, à qui il se confie et qui lui propose de l'héberger et de l'aider. C'est le premier agent du réseau Sylvestre-FARMER. Le recrutement se poursuivra rapidement dans tout le Nord-Pas-de-Calais jusqu'à atteindre, en juin 1943, 800 membres répartis entre de nombreux groupes dans tous les départements du nord (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne). Trotobas exige de tous qu'ils prononcent un serment[1].
  • Décembre. Arrestation d'Arthur Staggs, son opérateur radio. La communication est donc interrompue. Mais les Allemands ne découvrent pas qui il est, et le relâchent : il doit disparaître. Trotobas est alors conduit à utiliser les moyens radio du réseau HERCULE pour prendre contact avec Londres.

1943

  • Février. Premier déraillement réussi. Quarante wagons sont sévèrement endommagés et la ligne Lens-Béthune est interrompue pendant deux jours.
  • 11 avril. Premier parachutage d’armes à Aubry-du-Hainaut.
  • 13 mai. Deuxième parachutage d’armes. Les actions se développent alors sur un rythme intensif : les actions principales du réseau sont des sabotages d'usines, des déraillements de trains. Mais il y a aussi les renseignements transmis à Londres, pour orienter les bombardements et éviter les pertes civiles inutiles, ainsi que l'aide à l'évasion des agents en danger.
  • Juin. Trotobas vient à Paris pour prendre contact avec le réseau Prosper -PHYSICIAN. C'est à ce moment-là que ses dirigeants, Francis Suttill, Andrée Borrel et Gilbert Norman, sont arrêtés ; et il manque lui-même de l'être.
  • 26 juin. Dans la nuit du 26 au 27, conduisant un groupe d'agents déguisés en gendarmes, il se rend aux ateliers de construction de la SNCF à la Compagnie de Fives-Lille dans le quartier lillois de Fives. En deux heures, ils réussissent à placer les charges, détruisant 22 transformateurs et neutralisant l'usine pendant deux mois. À son rapport à Londres « Opération exécutée », Trotobas obtint pour réponse : « Bien joué Stop Prière envoyer photos ». Il retourne donc sur place, se fait passer pour un cadre de la SNCF et prend les photos exigées (en se faisant aider par des Allemands), et les fait parvenir à Londres en les accompagnant d'un simple mot : « Avec les salutations de la Résistance ». Trotobas et ses compagnons avaient fait ce que la RAF n'avait pas encore réussi : neutraliser ce site industriel, le deuxième par ordre d'importance dans sa catégorie en France.
  • Été. Multiplication des arrestations. Il change souvent d’adresse.
  • Octobre. Le réseau provoque quatre déraillements en cinq jours.
  • Novembre. Plusieurs usines de Lille sont sabotées.
  • 26 novembre. Dans la nuit du 26 au 27, les Allemands[2] arrêtent une équipe de parachutage en action[3] dont son adjoint britannique, le lieutenant Reeve (alias « Olivier »).
  • 27 novembre. Sur dénonciation de son adjoint « Olivier », les Allemands cernent la maison du 20 boulevard de Belfort. Dès qu'ils frappent à la porte, Trotobas comprend ce qui se passe et tire à travers la porte, tuant le chef de l'équipe et blessant grièvement son adjoint. Il tente une sortie, mais est abattu d’une rafale de mitraillette, ainsi que sa compagne, Denise Gilman.
  • Le réseau, malgré les pertes importantes, poursuit ses activités, dirigé par Pierre Séailles.

[modifier] Reconnaissance

[modifier] Sources et liens externes

  • (en) Photographies de Michael Trotobas sur le site Special Forces Roll of Honour
  • Site consacré au réseau Sylvestre-Farmer
  • Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, ISBN : 978-2-84734-329-8 / EAN 13 : 9782847343298. Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle.
  • Étienne Dejonghe et Yves Le Maner, Le Nord-Pas-de-Calais dans la main allemande, La Voix du Nord, 1999.
  • Étienne Dejonghe (dir), L'Occupation en France et en Belgique, 1940-1944, actes du colloque de Lille, 26-28 avril 1985, Revue du Nord, 1987-1988..
  • E.H. Cookridge, Mettez l'Europe à feu : organisation et action du SOE en Europe occidentale : 1940-1945, Fayard, 1968.
  • Danièle Lheureux, Les Oubliés de la Résistance : Sylvestre Farmer, Paris, France-Empire, 1988. ISBN : 2-7048-0587-3
  • Danièle Lheureux, La Résistance "Action Buckmaster" Sylvestre-Farmer, Roubaix, Le Geai Bleu, 2001-2002, 2 volumes :
    • vol. I : Avec le capitaine "Michel", 2001, ISBN : 2-914670-01-X ;
    • vol. II : Après le capitaine "Michel", 2002, ISBN : 2-914670-60464
  • Colonel Rémy, La Résistance, Idées & Editions, 1984
  • Colonel Rémy, Avec les Ch'timis, France-Empire.
  • Alain Guérin, Chroniques de la résistance, Omnibus, 2000.

[modifier] Notes

  1. Voici le texte du serment :
    « JE JURE de ne jamais révéler à quiconque les noms des membres de notre organisation et d'ensevelir en moi-même tous les renseignements qui pourraient parvenir à ma connaissance.
    JE JURE d'obéir fidèlement et en toutes circonstances aux chefs que j'ai librement acceptés.
    JE JURE de me tenir jour et nuit à la disposition des armées alliées.
    LE TOUT IMMEDIATEMENT APRES AVOIR PRETE SERMENT ET SOUS PEINE DE MORT POUR TRAHISON. AINSI M'AIDE DIEU.
    NOUS NOUS ENGAGEONS à aider la femme et les enfants d'un membre de l'organisation dans le cas de l'arrestation ou de la fuite de celui-ci pour raison valable. »
  2. Selon les références, il s'agit soit de la Gestapo, soit du SD (Sicherheitsdienst), soit plus probablement de la GFP (Geheime Feldpolizei, ou Police secrète de l’armée en campagne)
  3. Cette équipe était constituée comme suit : René Édouard, Alexandre Maury, Pierre Ditte, Constant Miseron, Charles Roger, Roger Savaux, Alexandre Phalempin, François Darras, et le lieutenant Reeve (alias « Olivier »).