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Traduction
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La croix de la maison de Bourgogne, emblème des Tercios et drapeau de l’Empire espagnol jusqu’à son remplacement par la rojigualda (1785).
La croix de la maison de Bourgogne, emblème des Tercios et drapeau de l’Empire espagnol jusqu’à son remplacement par la rojigualda (1785).
Les armes de l'Empire
Les armes de l'Empire


On appelle Empire espagnol les territoires conquis, hérités, et revendiqués par l’Espagne ou par les dynasties royales d’Espagne ; bien qu’ils s’étendirent sur d’aussi vastes territoires que ceux d’Amérique du Nord ou de la partie la plus australe de l’Amérique de Sud, la présence espagnole fut plus souvent théorique que réelle. L’empire couvrit ainsi quasiment 20 millions de kilomètres carrés à la fin du XVIIIe siècle. On considère que c’est à partir du XIXe siècle que cette domination s’établit en puissance coloniale.

Il n’existe pas d’avis unanime au sein de la communauté historienne sur les territoires concrètement possédés par l’Espagne puisque, dans certains cas, il est difficile de déterminer si le territoire appartenait au roi d’Espagne, particulièrement à une époque où la différence entre les possessions royales et celles du pays sur lequel il régnait n’était pas clairement faite, tout comme celle de l’héritage ou de la propriété. Ainsi, on considère traditionnellement que les Pays-Bas en firent partie (thèse majoritairement partagée en Espagne et aux Pays-Bas) ; mais certains historiens, tel que Henry Kamen, soutiennent que ces territoires ne furent pas intégrés à l’Empire espagnol, sinon aux possessions personnelles des Asturies[1].

L’empire espagnol fut le premier de taille mondiale, puisque pour la première fois, l’empire était constitué de territoires de tous les continents, qui, à la différence de ce qui se fît dans l’Empire romain ou l’Empire carolingien, ne communiquaient pas les uns avec les autres par la terre.

Sommaire

[modifier] Considérations générales

Carte anachronique des territoires de l’Empire espagnol sur une période de 400 ans. ██  L’empire espagnol à son apogée territorial vers 1790 ██  Zones d’influence (explorées et/ou réclamé mais jamais contrôlées) ██  Possessions de l’empire portugais gouvernées par l’Espagne entre 1580 et 1640, par annexion dynastique   ██  Territoires perdus en ou après 1717 par les  Traités d'Utrecht  ██  Maroc et Sahara Occidental 1884-1975.
Carte anachronique des territoires de l’Empire espagnol sur une période de 400 ans. ██  L’empire espagnol à son apogée territorial vers 1790 ██  Zones d’influence (explorées et/ou réclamé mais jamais contrôlées) ██  Possessions de l’empire portugais gouvernées par l’Espagne entre 1580 et 1640, par annexion dynastique ██  Territoires perdus en ou après 1717 par les Traités d'Utrecht ██  Maroc et Sahara Occidental 1884-1975.


Durant les XVIe et XVIIe siècles, l’Espagne devint la première puissance mondiale, en concurrence directe avec le Portugal.

Castille, avec le Portugal, était à l’avant-garde de l’exploration européenne et de l’ouverture des routes commerciales transocéaniques (dans l’Atlantique entre l’Espagne et les Indes, et dans le Pacifique entre l’Asie Orientale et le Mexique, via les Philippines).

Les conquistadors découvrirent et dominèrent de vastes territoires de peuples aux cultures différentes, en Amérique, en Asie, en Afrique et en Océanie. L’Espagne, en particulier le royaume de Castille, s’étendit, en colonisant ces territoires et en constituant ainsi le plus grand empire économique du monde, à cette époque.

Entre l’intégration de l’empire portugais en 1580 (perdu en 1640) et la perte des colonies américaines au XIXe siècle, ce fut l’un des empires les plus grands par sa superficie, bien qu’ayant subit des défaites militaires à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle.

L’Espagne domina les océans grâce à l’efficacité de sa flotte, l’« Armada », l’entraînement de ses soldats et la polyvalence de l’unité tactique de l'infanterie.L’empire espagnol eut son âge d’or au XVIIe siècle.

Ce vaste et diffus empire subissait constamment les attaques de puissances rivales pour des raisons territoriales, commerciales ou religieuses. En Méditerranée avec l’Empire Ottoman ; en Europe, avec la France ; en Amérique, initialement avec le Portugal, plus tard avec l’Angleterre, puis avec les Pays-Bas lorsque ceux-ci obtinrent leur indépendance.

La couronne d'Aragon dans son expansion maximale.
La couronne d'Aragon dans son expansion maximale.

Les luttes incessantes avec les autres puissances émergentes d’Europe, pendant de longues périodes, et basées sur des différents tant religieux que politiques, avec la perte progressive des territoires, par ailleurs difficilement défendables par leur émiettement, contribuèrent au lent déclin de la domination espagnole.

Ce déclin s’amorça lorsque l’Espagne perdit son pouvoir en Europe, par les Traités d'Utrecht (1713) ; lorsque l’Espagne renonça à ses territoires en Italie et au Pays-Bas, elle perdit son pouvoir hégémonique et devint une nation de second rang au niveau européen.

Cependant, l’Espagne maintint son ancrage impérial d’outre-mer jusqu’à ce que les successives révolutions l’en dépossèdent sur le continent américain au début du XIXe siècle.

Pourtant, les Espagnols gardaient encore de nombreuses fractions de leur empire en Amérique (Cuba et Porto Rico), Asie (Philippines) et Océanie (Guam, Micronésie, Palaos, Îles Mariannes du Nord) jusqu’à la guerre hispano-américaine de 1898, et en Afrique (Guinée Equatoriale, Nord du Maroc et Sahara Occidental) jusqu’en 1975.

[modifier] Les débuts de l’Empire

[modifier] L’unification de l’Espagne et la fin de la Reconquista

Le mariage des Rois Catholiques (Isabelle I de Castille et Fernand II d’Aragon) unit les deux royaumes lorsque, après avoir évincé Jeanne la « Beltraneja » durant la Guerre de Succession de Castille, Isabelle accéda au trône. Pourtant chaque royaume maintint sa propre administration sous la même monarchie. La formation d’un état unifié se matérialisa finalement après des siècles d’union sous les mêmes gouvernants. L’Espagne fut créée par l’Empire, non l’Empire par l’Espagne, selon Henry Kamen.

Le royaume de Castille était intervenu dans l’Atlantique, dans ce qui fut le commencement de son empire extra péninsulaire, concurrençant le Portugal pour son contrôle, dès la fin du XIVe siècle, période durant laquelle furent envoyées diverses expéditions andalouses et galiciennes aux Canaries. La conquête des îles Canaries commença sous le règne d’Henri III de Castille lorsqu’en 1402 Jean de Béthencourt demanda l’autorisation au roi castillan de l’entreprendre en lui promettant fidélité. Tout au long du XVe siècle les explorateurs portugais, comme Gonçalo Velho Cabral, colonisèrent les Açores, Cap-Vert et Madère. Le traité d’Alcáçovas de 1479, qui supposa la paix dans la Guerre de Succession de Castille, divisa les zones d’influence de chaque pays en Afrique, dans l’Atlantique, concédant au royaume de Castille la souveraineté sur les îles Canaries et au Portugal les îles qu’il possédait déjà, la Guinée et de façon générale tout ce qui a été découvert et qui aura été conquis en ces termes. La conquête du Royaume de Fez resta aussi la propriété exclusive du royaume de Portugal. Le traité fut confirmé par le Pape en 1481, selon la bulle pontificale Aeterni Regis.


Capitulation de Grenade face aux rois catholiques (1492).
Capitulation de Grenade face aux rois catholiques (1492).

Comme continuation de la reconquête castillane, les rois catholiques conquirent en 1492 le royaume Taïfa de Grenade, ultime royaume musulman d’Al-Andalus, qui avait survécu en payant l’impôt à la Castille, et par ses politiques d’alliances avec le Royaume d'Aragon et le Nord de l’Afrique.

La politique expansionniste des rois catholiques se manifesta aussi en Afrique continentale, avec l’objectif d’en finir avec la piraterie qui menaçait les campagnes dans le Nord de l’Afrique : Melilla fut prise en 1497, Dakhla en 1502, Mers el Kébir en 1505, Peñón de Vélez de la Gomera en 1508, Oran en 1509, Alger y Béjaïa en 1510 y Tripoli en 1511. L’idée d’Isabelle I, manifestée dans son testament, était que la conquête continuerait au nord de l’Afrique, dans ce que les romains appelèrent la Maurétanie-Tingitane.

[modifier] La politique européenne

Les rois catholiques héritèrent aussi de la politique méditerranéenne de la couronne d’Aragon, aidèrent le roi de Naples contre Charles VIII de France et, après son éviction, réclamèrent la réintégration de Naples à la couronne d’Aragon. En tant que roi d’Aragon, Ferdinand II s’était engagé dans une querelle avec la France et avec Venise pour le contrôle de la péninsule italienne. Ces conflits constituèrent l’axe central de sa politique extérieur. Dans ces batailles, Gonzalo Fernández de Cordoue créa les Tercios, comme organisation basique de l’armée, ce qui impliquait une révolution militaire qui porterait les espagnoles au prestige.

Ferdinand II d'Aragon, responsable de la politique expansioniste en Italie
Ferdinand II d'Aragon, responsable de la politique expansioniste en Italie

Après la mort de la reine Isabelle, Ferdinand, seul monarque, opta pour une politique plus agressive, utilisant les richesses castillanes pour accroître la zone d’influence aragonaise en Italie, contre la France, et originellement contre le Royaume de Navarre qu’il conquit en 1512.

Sa fille Jeanne I, dite “la folle”, promise au trône, fut déclarée incapable de gouverner et son père dût assurer la régence (bien que les documents officiels notifient Doña Juana et Don Ferdinand comme rois, ce dernier était le seul à détenir le pouvoir).

La première preuve de la force espagnole du roi Ferdinand fut pendant la guerre de la Ligue de Cambrai contre Venise, où les soldats espagnols se distinguèrent aux côtés de leurs alliés français à la bataille d’Agnadello (1509). Seulement un an plus tard Ferdinand intégra la Ligue catholique contre la France, en voyant une opportunité de prendre Milan – place pour laquelle une querelle dynastique demeurait – et le Royaume de Navarre. Cette guerre ne fut pas un succès comme la précédente contre Venise et, en 1516, la France accepta une trêve qui laissa Milan sous son contrôle et céda ainsi au roi d’Espagne le Royaume de Navarre, isolant de cette façon, temporairement, les rois navarrais Jean III de Navarre et Catherine de Navarre.

Avec pour objectif d’isoler la France, il fut adopté une politique d’alliances qui aboutit au mariage des filles des rois catholiques avec les dynasties en présence en Angleterre, Bourgogne et Autriche. Après la mort de Ferdinand, l’incapacité de Jeanne Ière fit que Charles d’Autriche, héritier d’Autriche et de Bourgogne, fut aussi l’héritier des trônes espagnols.

[modifier] La conquête du nouveau monde

Christophe Colomb prenant possession d’Hispaniola.
Christophe Colomb prenant possession d’Hispaniola.

Pourtant, l’expansion atlantique allait porter les plus grands succès. Pour ramener les richesses de l’Orient, dont les routes commerciales traversaient les eaux de l’Empire Ottoman, portugais et espagnols entreprirent la découverte d’une nouvelle route différente de celle qui traversait le Proche Orient. Les portugais, qui avaient fait leur « Reconquête » bien avant les espagnols, commencèrent donc leurs expéditions avec l’objectif de faire le tour de l’Afrique par la mer, ce qui leur aurait donné le contrôle des îles et des côtes du continent, marquant ainsi la genèse de l’Empire portugais. Plus tard, précisément lorsque la couronne de Castille finit sa reconquête, les rois catholiques soutinrent Christophe Colomb qui, croyant que la circonférence de la terre était moindre qu’en réalité, voulut atteindre l’Asie (Japon, Chine, les Indes, l’Orient) en naviguant vers l’Ouest. Par chance, Christophe Colomb, à mi-chemin, accosta sur le continent américain, et sens le savoir, « découvrit » l’Amérique, initiant la colonisation espagnole du continent.

Les nouvelles terres découvertes furent revendiquées par les rois catholiques, contre les portugais. Finalement le pape Alexandre VI trancha, par le Traité de Tordesillas, en établissant les zones d’influences espagnole (occidentale) et portugaise (orientale), avec pour ligne de partage un méridien nord-sud localisé à 370 lieues (1770 km) à l'ouest des îles du Cap-Vert – méridien qui se situerait aujourd'hui à 46° 37' ouest. Ainsi l’Espagne devint maîtresse de la majeure partie du continent, à l’exception d’une petite partie orientale – qui correspondrait aujourd’hui à l’extrémité du Brésil, qui appartient au Portugal. Plus tard, cette cession papale, conjuguée à la responsabilité évangélisatrice sur les territoires découverts, furent utilisés par les Rois catholiques comme arguments légitimant l’expansion coloniale.

La colonisation de l’Amérique continua tout de même. Après la prise d’Hispaniola au début du XVIe siècle, les colons commencèrent à chercher de nouvelles terres. La conviction qu’il existait de vastes terres à coloniser suscita un intérêt croissant. Dès lors, Juan Ponce de León conquît Porto Rico et Diego Velázquez, Cuba. Alonso de Ojeda explora la côte vénézuelienne et l’Amérique centrale. Diego de Nicuesa occupa ce que correspond aujourd’hui au Nicaragua et le Costa Rica, pendant que Vasco Nuñez de Balboa colonisait le Panamá et atteignait l’Océan Pacifique.

Quelques années plus tard, sous Philippe II, cet « Empire Castillan » devint une nouvelle source de richesse pour les royaumes espagnols et pour son pouvoir en Europe, mais contribua aussi à accroître l’inflation, qui porta préjudice à l’industrie péninsulaire. Au lieu de renforcer l’économie espagnole, la richesse de l’Empire eut pour conséquence la dépendance de l’Espagne vis-à-vis des pays pauvres, à la main-d’œuvre moins chère, dans le secteur des matières premières et manufacturées. Ceci facilita la révolution économique et sociale française, anglaise, et d’autres pays européens. Les problèmes causés par l’inflation furent discutés par l’École de Salamanque, ce qui eut pour conséquence une nouvelle façon d’appréhender l’économie, faisant de l’Espagne un précurseur en la matière, bien avant les autres pays européens.

De plus, à cause de l’expulsion des juifs décrétée par les Rois Catholiques, l’Espagne ne disposa plus de l’administration bancaire, qui était en grande majorité la propriété de juifs. De cette façon, l’or espagnol amené à Cadiz était transféré de banques d’Amsterdam, qui à cette époque faisant partie de la Couronne d’Espagne. En conséquence, les banques ne se développèrent pas en Espagne, et en cédant ce pouvoir aux Flandres, l’or ne cessa pas de transiter par les Pays-Bas, enrichissant de cette façon ses commerces. Une politique bancaire et commerciale assez mauvaise fit que l’enrichissement de la Couronne d’Espagne ne fut pas aussi important que ce que purent obtenir d’autres pays aux aspirations coloniales similaires, comme l’Angleterre ou, plus tard, la Hollande.

[modifier] Le siècle d’or (1521–1643)

La période comprise entre la seconde moitié du XVIe siècle et la première du XVIIe est connue sous le nom de « Siècle d'or » pour le foisonnement artistique et scientifique qu’il porta.

Durant le XVIe siècle, l’Espagne détint une grande fortune d’or et d’argent extraits des Indes. On dit sous le règne de Philippe II que le « Soleil ne se couchait jamais sur l’Empire », puisqu’il était tellement dispersé sur le globe qu’à chaque instant au moins une terre était éclairée par le soleil. Cet empire, impossible à gouverner, ne fut pas contrôlé depuis Madrid mais depuis Séville.

Portrait de Charles I par Titien.
Portrait de Charles I par Titien.

Comme une conséquence de l’alliance politique des rois catholiques, et des mariages stratégiques de leurs enfants, son petit-fils, Charles I hérita de la Couronne de Castille de la péninsule Ibérique et de l’Empire Castillan naissant d’Amérique (héritage de sa grand-mère Isabelle) ; des possessions de la Couronne d'Aragon en Méditerranée italienne et ibérique (de son grand-père Ferdinand) ; des terres des Habsbourg en Autriche, Bohème, Silésie, Hongrie et d’autres territoires centre européens affiliés à la couronne du Saint Empire Romain Germanique et du titre d’Empereur avec la dénomination de Charles Quint d’Allemagne (hérité de son grand-père Maximilien d’Autriche ; en plus des Pays-Bas et de la Franche-Comté, héritage de sa grand-mère Marie de Bourgogne. Cet empire était composé de territoires hérités et non conquis.

La dynastie des Habsbourg agrégea les richesses castillanes et, à partir de Philippe II, américaines, dans des guerres dans toute l’Europe qui procédaient d’intérêts dynastiques. Tout ceci produisit un endettement chronique et laissa l’Espagne financièrement précaire. Les objectifs politiques de la Couronne étaient divers :

  • L’accès au produits américains (or, argent) et asiatiques (porcelaine, épices, soie).
  • Limiter le pouvoir de la France et maintenir ses frontières orientales
  • Maintenir l’hégémonie catholique des Habsbourg en Allemagne, en défendant le catholicisme contre la réforme protestante.
  • Défendre l’Europe contre l’Islam, surtout en s’opposant à l’Empire Ottoman.

De plus, on cherchait à neutraliser la piraterie berbère qui attaquait les possessions méditerranéennes espagnoles et italiennes.

Charles Ier décida de consacrer la majeure partie des ressources du plus riche de ses royaumes, en Castille, dans l’expansion impériale, ce qui ne plut pas aux castillans, qui ne désiraient pas participer par l’or, l’argent, ou les chevaux, à des guerres européennes et commencèrent un soulèvement que l’on célébrait chaque année. Après avoir réprimé ces soulèvements pendant la Guerre des communautés de Castille, Charles Ier devint l’homme le plus puissant d’Europe, avec un empire européen auquel seul celui de Napoléon était comparable. L’Empereur essaya d’étouffer la Réforme Protestante pendant la Diète de Worms, mais Luther renonça à se soumettre à « l’hérésie ». Pourtant, Charles Ier ordonna la prise du Saint-Siège, après que le pape Clément VII s’unit à la Ligue de Cognac contre lui durant le Sac de Rome.

Bien que Charles Ier soit flamand et que sa langue maternelle soit le français, , il vécu un processus d’ « hispanisation » ou, plus précisément, de « castellanisation ». Ainsi, lorsque le pape et lui s’entrevirent, il lui parla en espagnol et plus tard, lorsqu’il reçu l’ambassadeur de France, le diplomate fut surprit de voir qu’il n’utilisait pas sa langue maternelle. L’empeur lui rétorqua : « Il ne m’importe peu que vous me compreniez. Je parle ma langue espagnole, qui est si belle qu’elle devrait être connue de toute la chrétienté ». Cette phrase marqua les espagnols et, plusieurs siècles plus tard, on utilise toujours l’expression « parler en chrétien » lorsqu’un espagnol désire qu’on lui traduise quelque chose.

[modifier] De la bataille de Pavie à la Paix d'Augsbourg (1521–1555)

En Amérique, après Christophe Colomb, la colonisation du Nouveau Monde s’est poursuivie par les conquérants – explorateurs comme les conquistadors. Quelques tribus qui entraient parfois en guerre les unes contre les autres, s’accordèrent à l’idée de former des alliances avec les espagnols pour vaincre des ennemis puissants tels que les Aztèques ou les Incas. Ceci fut facilité par la propagation de maladies communes en Europe (par exemple la variole), mais inconnues du Nouveau Monde, qui décima des populations entières.

Nouvelle-Espagne fruit des conquêtes d’Hernán Cortés.
Nouvelle-Espagne fruit des conquêtes d’Hernán Cortés.

Le conquistador le plus efficace fut Hernán Cortés, qui de 1519 à 1521, avec environ 200 000 alliés amérindiens, vaincu le puissant Empire Aztèque, alors que sévissait la variole[2] et entra à Mexico, qui devenait la base de la vice-royauté de la Nouvelle-Espagne. La conquête de l’Empire Inca fut de toute aussi grande importance, en 1531 par Francisco Pizarro, lorsque qu’il subit l’épidémie de la variole de 1529[3], qui correspondit à la vice-royauté du Pérou.

Après la conquête du Mexique, les légendes sur les villes « dorée » (Cibola en Amérique du Nord, El Dorado en Amérique du Sud) furent à l’origine de nombreuses expéditions, mais nombre d’entre-elles furent infructueuses, et celles qui permirent de rapporter de l’or furent déçue par la faible quantité de métaux extraits. Dans tous les cas, l’extraction de l’or et de l’argent était la principale activité économique de l’Empire espagnol en Amérique, estimée à 850 000 kilogrammes d’or et plus de fois cette quantité en argent pendant la période coloniale.[4].

Fernand de Magellan (remplacé après sa mort dans l’expédition par Juan Sebastián Elcano) dirigea la première expédition qui accomplit le tour du monde en 1522.

En Europe, se sentant entouré par les possessions des Habsbourg, François Ier envahit en 1521 les terres espagnoles en Italie et initia une nouvelle ère de querelles entre la France et l’Espagne, soutenant Henri II de Navarre dans sa reconquête du royaume arraché par les espagnols. Dans la guerre de Navarre, les navarro-gascons subirent une terrible défaite à Noáin, cédant le contrôle de la Navarre aux mains de l’Espagne. D’un autre côté, sur le front de la guerre d’Italie, ce fut un désastre pour la France, qui subit d’importantes défaites à Bicoque (1522), à Pavie (1525) – durant laquelle François Ier et Henri II furent capturés – et à Landriano (1529) avant que François Ier abandonne Milan aux espagnols une fois de plus.

La victoire de Charles Ier à Pavie, en 1525, surprit beaucoup d’italiens et d’allemands, en démontrant sa capacité à accumuler les pouvoirs. Le pape Clément VII changea de camps et unit ses forces à celles de la France et les états émergents italiens contre l’Empereur, dans la guerre de la Ligue de Cognac. La Paix de Barcelone, signée entre Charles Ier et le pape en 1529, établit une relation plus cordiale entre les deux gouvernants et de fait assigna l’Espagne comme défenseur de la cause catholique, et reconnu Charles Ier comme roi de Lombardie comme gratitude après son intervention contre la république rebelle de Florence.

En 1528, le grand amiral Andrea Doria s’allia à l’Empereur pour restaurer l’indépendance de Gênes. Ceci ouvrit une nouvelle perspective : cette année se produisit le premier prêt des banques génoises à Charles Ier.

La colonisation américaine devenait alors imparable. La vice-royauté de Nouvelle-Grenade fut fondée durant la décennie 1530 et Juan de Garay fonda Buenos Aires en 1536. Dans la décennie 1540, Francisco de Orellana explorait la forêt et parvint à l’Amazonie. En 1541, Pedro de Valdivia, continua les explorations de Diego de Almagro depuis le Pérou, instaura l’Etat-major du Chili. Cette même année, l’Empire Muisca, qui couvrait le centre de la Colombie, fut conquit.


En 1543, François Ier annonça une alliance sans précédents avec le sultan ottoman Soliman le Magnifique, pour occuper la ville de Nice, sous le contrôle espagnol. Henri VIII d'Angleterre, qui gardait une rancœur plus envers la France qu’envers l’Empereur, s’unit à ce dernier dans l’invasion de France. Bien que l’Espagne subit de criantes défaites comme celle de Savoie, Henri VIII réussit à faire accepter à la France ses conditions. Les autrichiens, libérés par le frère cadet de l’Empereur Charles Ier, continuèrent à lutter contre l’Empire Ottoman par l’Est. A cet instant Charles Ier se préoccupait de résoudre un vieux problème : la Ligue de Smalkade.

Carte des possessions des Habsbourg en Europe après la Bataille de Mühlberg en 1547.
Carte des possessions des Habsbourg en Europe après la Bataille de Mühlberg en 1547.

La ligue avait pour alliés les français, et les efforts pour accroître son influence en Allemagne furent rejetés. La défaite française de 1544 rompit son alliance avec les protestants. Charles Ier profita de cette opportunité. Il essaya tout d’abord la voie de la négociation au Concile de Trente en 1545, mais les leaders protestants, se sentant trahis par la posture des catholiques au Concile, furent menés en guerre par Maurice de Saxe. Charles Ier répliqua par l’invasion de l’Allemagne, à la tête d’une armée hispano hollandaise. Il voulait restaurer l’autorité impériale. L’Empereur en personne infligea une défaite décisive aux protestants, durant la bataille historique de Mühlberg en 1547. En 1555 il signa la Paix d'Augsbourg avec les états protestants, qui instaura une stabilité en Allemagne, sous le principe de « Cuius regio, eius religio » (« Qui possède la région impose la religion »), une position impopulaire dans le clergé italien et espagnol. Le compromis de Charles Ier en Allemagne attribua à l’Espagne le rôle protecteur pour la cause catholique des Habsbourg dans le Saint Empire Romain.

Au même moment, la Méditerranée se transformait en champ de bataille contre les turcs, qui encourageait les pirates tel que Barberousse. Charles Ier préféra vaincre les ottomans par une stratégie maritime, en menant des attaques à partir de ses possessions vénitiennes de l’Est de la méditerranée. Répondant aux attaques sur les côtes du Levant espagnol, l’Empereur s’impliqua personnellement dans des offensives sur le continent Africain, par des expéditions sur Tunis et Annaba (1535) et Alger (1541).

[modifier] De Saint-Quentin à Lépante (1556–1571)

L’Empereur Charles Ier céda ses possessions entre son unique fils légitime, Philippe II, et son frère Ferdinand (à qui il légua l’Empire des Habsbourg). Pour Philippe II, la Castille fut la bas de son empire, mais la population castillane ne fut jamais assez grande pour prétendre former une armée capable de défendre l’empire. Après le mariage du roi avec Marie Tudor, l'Angleterre et l'Espagne s’allièrent.

L'Espagne ne réussit pas à maintenir la paix lorsque Henri II de France monta sur le trône en 1547, qui réactiva immédiatement les conflits avec l’Espagne. Philippe II mena la guerre contre la France, écrasant l’armée française à Saint-Quentin, en Picardie, en 1557 et vainquant de nouveau Henri II à Gravelines. Les Traités du Cateau-Cambrésis, signés en 1559, reconnut enfin les revendications espagnoles en Italie. Durant les célébrations sur suivirent ces traités, Henri II mourut à cause d’une blessure provoquée par le bout de bois d’une lance. La France fut plongée pendant plusieurs année dans une guerre civile qui fut précipitée par des différends entre catholiques et protestants, donnant ainsi à l’Espagne l’occasion d’intervenir en faveur des catholiques et qui l’empêcha de concurrencer l’Espagne et la Maison des Habsbourg dans le jeu des pouvoirs en Europe. Libérée de la concurrence française, l’Espagne vit l’apogée de son pouvoir et se son extension territoriale entre 1559 et 1563.

L’endettement de 1557 supposa l’ouverture d’un consortium des banques génoises, ce qui provoqua le chaos au sein des banquiers allemands et mit fin à la prépondérance des Fugger comme financiers de l’Etat espagnol. Les banquiers génois fournirent aux Habsbourg des crédits fluides et leurs garantirent des revenus réguliers.

Malgré tout, l’expansion outremer se poursuivit: la Floride fut colonisée en 1556 par Pedro Menéndez de Avilés, qui fonda St. Augustine, vainquit le capitaine français Jean Ribault et mobilisa 150 hommes pour établir un port d’approvisionnement en territoire espagnol. Très vite St. Augustine se révéla être une base stratégique de défense des navires espagnols chargés d’or et d’argent qui revenaient des terres des Indes.

En Asie, le 27 avril 1565, fut fondée la première colonie aux Philippines par Miguel López de Legazpi et se mit en marche la route des Galions de Manille. Manille fut fondée en 1572.

Après le triomphe de l’Espagne sur la France et le début des guerres de religion françaises, l’ambition de Philippe II s’accrut. En Méditerranée l’Empire Ottoman avait mit l’hégémonie espagnole entre parenthèse, lui arrachant Tripoli (1531) et Béjaïa (1554) alors que la piraterie berbère et ottomane se renforçait. En 1565, pourtant, l’assistance aux assiégés (le « Grand Secours »), c'est-à-dire l’envoie des chevaliers de Saint-Jean, sauva Malte et infligeant une sévère défaite aux turcs.

La mort de Soliman le Magnifique, et sa succession formée notamment de l’inexpérimenté Selim II, encouragèrent Philippe II et ce dernier déclara la guerre au Sultan. En 1571, la Ligue Sainte, formée par Philippe II, Venise et le pape Pie V, se confronta à l’Empire Ottoman, avec une flotte envoyée par Don Juan d'Autriche, fils illégitime de Charles Ier, qui anéantit la flotte turque durant la bataille décisive de Lépante.

La défaite mit fin à la menace turque en Méditerranée et marqua le début d’une période de décadence de l’Empire Ottoman. Cette bataille accrut le prestige de l’Espagne, justifia sa souveraineté sur les frontières, alors que le roi assumait la charge de mener la Contre-Réforme.

[modifier] Le royaume en difficulté (1571–1598)

L’instant de joie à Madrid ne dura pas. En 1566, les calvinistes initièrent une série de révoltes aux Pays-Bas, qui provoquèrent la venue du duc d’Albe dans la région. En 1568, Guillaume Ier d'Orange-Nassau manqua sa tentative se chasser le Duc d’Albe. Ces luttes sont considérées comme le point de départ de la Guerre de Quatre-Vingts Ans, qui aboutit à l’indépendance des Provinces Unies. Philippe II, qui avait reçu de son père l’héritage des territoires de la Maison de Bourgogne (Pays-Bas et Franche-Comté), pour que la puissante Castille les défende face à la France, se vit obligé de restaurer l’ordre et maintenir sa domination sur ces territoires. En 1572, un groupe de navires rebelles hollandais connus sous le nom de «  watergeuzen », prirent différentes villes côtières, soutinrent Guillaume Ier et renièrent le gouvernement espagnol.

Pour l’Espagne la guerre se transformait en une affaire sans fin. En 1574, les Tercios de Flandres, sous le commandement de Luis de Requesens, furent vaincus par le siège de Leiden après que les hollandais eurent rompit les digues, causant d’importantes inondations. En 1576, accablé sur les côtes par le maintient d’une armée de 80 000 hommes aux Pays-Bas et de la vaste flotte qui vaincu à Lépante, ajoutés à la menace croissante de la piraterie en Atlantique et particulièrement des naufrages qui réduisaient les arrivées d’argent des colonies américaines, Philippe II se vit obligé de déclarer une cessation de paiement.

L’armée se mutina peu après, s’installa à Anvers et pilla le Sud des Pays-Bas, faisant de certaines villes jusqu’alors pacifiques, des bastions de la rébellion. Les espagnols choisirent la voie de la négociation et réussirent à pacifier la majeure partie des provinces du Sud avec l’Union d'Arras en 1579.

Cet accord nécessita le retrait des troupes espagnoles de ces terres, qui fut aidé par la mort, en 1580, du descendant de l’ultime membre de la famille royale du Portugal, le cardinal Henri Ier de Portugal. Le roi d’Espagne, fils d’Isabelle de Portugal et petit-fils du roi Manuel Ier de Portugal fit valoir sa revendication du trône portugais, et en juin envoya le duc d’Albe et son armée à Lisbonne pour assurer la succession. L’autre prétendant, Don Antonio, se replia sur les Açores, où l’armée de Philippe finit par le vaincre.

L’unification temporaire de la péninsule Ibérique mit en entre les mains de Philippe II l’Empire portugais, c’est à dire la majeure partie des territoires explorés du Nouveau Monde en plus des colonies commerciales en Asie et en Afrique. En 1582, lorsque le roi déplaça la court à Madrid depuis Lisbonne, où il était temporairement pour pacifier son nouveau royaume, on décida de renforcer le pouvoir naval espagnol.

L’Espagne était encore en situation financière précaire depuis 1576. En 1584, Guillaume Ier d'Orange-Nassau fut assassiné par un catholique déséquilibré. On espérait que la mort du leader populaire de la résistance signifierait la fin de la guerre, mais il n’en fut rien. En 1586, la reine Élisabeth Ire d'Angleterre soutint les causes protestantes aux Pays-Bas et en France, et Sir Francis Drake lança des attaques contre les navires marchants espagnols dans la Caraïbe et le Pacifique, en plus d’une attaque particulièrement agressive contre le port de Cadiz.

En 1588, voulant mettre fin à l’ingérence d’Isabelle Ire, Philippe II pressa « l’ Invincible Armada» d’attaquer l’Angleterre. Plusieurs tempêtes et d’importantes défaillances dans l’approvisionnement que la flotte devait faire par les Pays-Bas provoquèrent la défaite de l’Armada espagnole.

Défaite de l’Invincible Armada.
Défaite de l’Invincible Armada.

Pourtant, la défaite de la contre-attaque anglaise contre l’Espagne, dirigée par Drake et Norris en 1589, marqua un point d’inflexion dans la guerre anglo-espagnole en faveur de l’Espagne. Malgré la défaite de la Grande Armada, la flotte espagnole continua de dominer les mers d’Europe pendant des années, jusqu’en 1639, date à laquelle elle fut vaincue par les hollandais lors de la bataille des Dunes, alors que l’Espagne épuisée commençait son lent déclin.

L’Espagne s’engagea dans les guerres de religion françaises après la mort d’Henri II. En 1589, Henri III de France, le dernier de la dynastie des Valois, mourut aux portes de Paris. Son successeur, Henri IV de France et III de Navarre, le premier Bourbon roi de France, fut un homme très habile, gagnant des victoires clés contre la Ligue Catholique à Arques (1589) et à Ivry (1590). Engagés pour empêcher Henri IV de monter sur le trône de France, les espagnols divisèrent leur armée aux Pays-Bas et envahirent la France en 1590.

[modifier] "Dieu est espagnol" (1598–1626)

Bien que l’on sache que l’économie espagnole d’alors était en difficulté et que son pouvoir allait décroissant, l’Empire demeurait le plus puissant. Ainsi il pu se livrer à des affrontements contre l’Angleterre, la France et les Pays-Bas en même temps. Le reste des peuples européens confirmèrent cette suprématie ; ainsi, le huguenot français Philippe Duplessis-Mornay, par exemple, écrivit après l’assassinat de Guillaume Ier d'Orange-Nassau par Balthazar Gérard[5]:

« L’ambition des espagnols, qui les a mené à conquérir tant de terres et de mers, leur fait croire que rien ne leur est inaccessible. »

Il a souvent été montré dans des œuvres littéraires ou des films l’étouffement provoqué par l’incessante piraterie en Atlantique et la diminution importante des revenus de l’or des Indes. Pourtant, des études approfondies [6] précisent que cette piraterie était constituée de plusieurs dizaines de bateaux et plusieurs centaines de pirates, les premiers atteignant à peine le tonnage, et qu’ils ne pouvaient faire face aux galions espagnols, ne s’attaquant qu’aux petits navires. De plus, il est à rappeler que durant le XVIe siècle aucun pirate ni corsaire réussit à attaquer le moindre galion ; sur une flotte de 600 bateaux affrétées par l’Espagne (deux par ans, pendant 300 ans) seulement deux tombèrent aux mains des ennemies, par des marines de guerre et non par des pirates ou des corsaires[7]. La piraterie méditerranéenne était très différente. Perpétrée par les berbères, elle était plus de dix fois plus importante que celle d’Atlantique. Les experts soutiennent que cette piraterie constitua une force récurrente de blocage du commerce entre l’Europe et l’Amérique.

Malgré les revenus provenant d'Amérique, l'Espagne était endettée en 1596.

Le successeur de Philippe II, Philippe III, monta sur le trône en 1598. Ce fut un homme d’une intelligence limitée et désintéressé de la politique, préférant déléguer à son entourage la prise de décision. Son ‘’valido’’ fut le Duc de Lerma, qui n’éprouva jamais quelque intérêt pour les affaires de son pays allié, l’Autriche.

Les espagnols essayèrent de se libérer des nombreux conflits dans lesquelles ils s’étaient enlisés, en signant tout d’abord la Paix de Vervins avec la France en 1598, reconnaissant Henri IV (catholique depuis 1593) roi de France, et rétablissant de nombreuses conditions de la Paix de Cateau-Cambrésis. Après de nombreuses et successives défaites et une guérilla interminable contre les catholiques soutenus par l’Espagne en Irlande, l’Angleterre accepta de négocier en 1604, après l’accession au trône de Jacques Stuart.

La paix avec la France et l’Angleterre permit à l’Espagne de mobiliser son attention et son énergie à recouvrer sa domination sur les provinces hollandaises. Les hollandais, menés par Maurice de Nassau, le fils de Guillaume Ier, se sortirent avec succès de la prise de plusieurs villes frontalières en 1590, avec la forteresse de Breda. A ceci s’ajoutèrent les victoires d’outre-mer hollandaises qui occupèrent les colonies portugaises en Orient, prenant Ceylan (1605), Java, et d’autres îles d’épices (entre 1605 et 1619).

Après la paix avec l’Angleterre, Ambrogio Spinola, en tant que nouveau général en chef des troupes espagnoles, lutta avec ténacité contre les hollandais. Spinola était un stratège aussi doué que Maurice, et seul l’endettement de 1607 l’empêcha de conquérir les Pays-Bas. Mis en difficultés par des finances désastreuses, l’Espagne et les provinces unies signèrent en 1609 la Trêve des Douze ans. La « Pax Hispanica » était un fait.

L’Espagne connut un remarquable redressement durant la trêve, rétablissant l’ordre dans l’économie et s’efforçant de recouvrer son prestige et sa stabilité avant de participer à une ultime guerre dans laquelle elle jouerait un rôle central.

Aujourd’hui les historiens s’accordent à considérer l’engagement espagnol dans les guerres européennes comme une erreur, pour l’unique raison que les royaumes hérités devaient se transmettre en intégralité. Pourtant, cette « devise » morale était bien présente en ces temps. Ainsi, un procureur écrivit :

Texte à traduire

En 1618 le roi remplaça Spinola par Don Balthazar de Zúñiga, vieil ambassadeur à Vienne. Celui-ci pensait que la clé pour stopper une France rétablie et évincer les hollandais était une alliance étroite avec les Habsbourg autrichiens. Cette même année débutant par la Défenestration de Prague, l’Autriche et l’Empereur Ferdinand II se lancèrent dans une campagne contre la Bohême et l’ Union protestante. Zúñiga encouragea Philippe III à s’unir aux Habsbourg autrichiens en guerre, et Ambrogio Spinola fut envoyé en tête du Tercio de Flandres. Ainsi, l’Espagne entra dans la guerre de Trente Ans.

En 1621 l’inoffensif et peu efficace Philippe III mourut, et son fils Philippe IV monta sur le trône. L’année suivante, Zúñiga fut remplacé par Gaspar de Guzmán, mieux connut sous le nom de comte-duc d'Olivares, un homme honnête et audacieux, qui pensait que le centre de tous les problèmes de l’Espagne étaient les Provinces Unies. Cette même année la guerre reprit avec les Pays-Bas. Les bohémiens furent vaincus lors de la Bataille de la Montagne Blanche en 1521, et plus tard à Stadtlohn en 1623.

La reddition de Breda (1625) ou «Las Lanzas», de Velázquez.
La reddition de Breda (1625) ou «Las Lanzas», de Velázquez.

Pendant ce temps, aux Pays-Bas, Spinola prit la forteresse de Breda en 1625. L’intervention de Christian IV de Danemark dans la guerre inquiétait –Christian IV était un de ces petits monarques européens qui n’avait pas de soucis financiers-, mais les victoires du général Albrecht von Wallenstein sur les danois lors de la Bataille de Dessau et de nouveau à Lutter, les deux en 1626, firent taire ces inquiétude.

On avait espoir à Madrid que les Pays-Bas puissent être réintégrés à l’Empire, et après la défaite danoise, les protestants d’Allemagne paraissaient y être prêt. La France était de nouveau engagée dans ses propres instabilités (le Siège de La Rochelle commença en 1627) et la supériorité de l’Espagne paraissait indiscutable. Le comte-duc d’Olivares affirma « Dieu est espagnol et il est, en ces temps, avec la nation », et nombre de rivaux de l’Espagne durent malheureusement l’accepter.

[modifier] Vers Rocroi (1626–1643)

[modifier] La décadence

[modifier] L’Empire des derniers Habsbourg espagnols (1643–1713)

[modifier] L’Empire des Bourbons (1713–1806)

[modifier] Le changement de dynastie

[modifier] La réforme de l’Empire

[modifier] Les coloniales du XVIIIe siècle

[modifier] L’Espagne en 1800

[modifier] La fin de l’Empire (1808–1898)

[modifier] La Révolution française et les guerres Napoléoniennes

[modifier] L’indépendance des colonies américaines

[modifier] Décadence finale et désastre de 1898

[modifier] Les dernières terres, l’Afrique (1898–1975)

[modifier] Territoires de l’Empire espagnol

[modifier] Amérique

Extension maximale des territoires américains considérés comme appartenant à l’Empire espagnol
Extension maximale des territoires américains considérés comme appartenant à l’Empire espagnol

L’Espagne maintint sous son contrôle ces territoires de 1519 jusqu’en 1821, même si certains états des Grandes Plaines ne connurent pas de présence espagnole stable. Il est important de rappeler que l’indépendance de la Nouvelle-Espagne fut officieusement faite en 1810 et déclarée formellement et légalement par le Congrès Chilpancingo en 1813. La période entre cette date et celle de la reconnaissance de l’indépendance du Mexique (1821) était perçue par le Congrès comme une lutte contre la métropole et pour la reconnaissance internationale de la nouvelle nation.

  • État-major du Chili: l’actuel Chili et la région de la Patagonie jusqu’à ce que la partie orientale de cette dernière revienne à la Vice-royauté du Río de la Plata.

[modifier] Asie

[modifier] Afrique

[modifier] Europe

L’Espagne perdit la majorité de ses territoires européens en 1710 avec les Traités d’Utrecht

[modifier] Océanie

[modifier] Administration de l’Empire

[modifier] Par territoires

[modifier] Amérique et Philippines

[modifier] Conseil des Indes

[modifier] Casa de Contratación des Indes

[modifier] Radios jurisdiccionales

Rois Vice-royauté Real Audiencia
Maison d’Autriche Vice-royauté de Nouvelle-Espagne
  • Real Audiencia de Saint Domingue
  • Real Audiencia du Mexique
  • Real Audiencia du Guatemala
  • Real Audiencia de Guadalajara
  • Real Audiencia de Manille
Vice-royauté du Pérou
  • Real Audiencia de Panamá
  • Real Audiencia de Lima
  • Real Audiencia de Santa Fe de Bogotá
  • Real Audiencia de Charcas (jusqu’en 1776)
  • Real Audiencia de Quito
  • Real Audiencia du Chili
  • Real Audiencia de Buenos Aires (jusqu’en 1776)
Maison de Bourbon Vice-royauté de Nouvelle-Grenade
(1717–1723; 1739–1810)
  • Real Audiencia de Santa Fe de Bogotá
  • Real Audiencia de Quito
  • Real Audiencia de Panamá
Vice-royauté du Río de la Plata
(1776)
  • Real Audiencia de Buenos Aires
  • Real Audiencia de Charcas

[modifier] Couronne d’Aragon

[modifier] L’impact sur les amérindiens

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Bibliographie espagnole

  • Balfour, Sebastian. El fin del Imperio Español (1898–1923). Editorial Crítica. ISBN 8474238153
  • Carnicer García, Carlos J. y Marcos Rivas, Javier. Espías de Felipe II: Los servicios secretos del imperio español. Editorial La Esfera de los Libros, S.L. ISBN 849734278X
  • Klein, Herbert S. (1994). Las finanzas americanas del imperio español, 1680–1809. Edita Instituto Mora y UAM-Iztapalapa. ISBN 968-6914-23-4
  • Thomas, Hugh. El imperio español: de Colón a Magallanes. Editorial Planeta, S.A. ISBN 8408049518

[modifier] Bibliographie française

[modifier] Ouvrages généraux

  • Thomas Calvo: "L'Amérique ibérique de 1570 à 1910", Paris, 1994. (très bon)
  • John Elliot: "El viejo mundo et el nuevo, 1492-1650", Alianza Editorial, Madrid, 1995. (Un livre éclairant)
  • Bernard Lavallé: "L'Amérique espagnole de Colomb à Bolivar", Belin, Paris, 1993. (Un manuel pour étudiants)
  • Pierre Chaunu:
    • "Conquête et exploration des nouveaux mondes", PUF, Nouvelle Clio, Paris, 1969.
    • "Histoire de l'Amérique latine", Paris, 1967.
    • "L'Amérique et les Amériques", Paris, 1964.
    • "L'expansion européenne", XIII-XVe siècle, Paris, 1969. (excellent pour l'étude de l'expansion portuguaise)
  • Gregorio Salinero:"Les Empires de Charles Quint", Ellipses, Paris, 2006. (très bon)
  • Bernard Vincent: "1492, l'année admirable", Aubier, Paris, 1991. (Un ouvrage de vulgarisation)

[modifier] Pour la conquête

  • Bartolomé Bennassar: "Cortés. Le conquérant de l'impossible", Paris, 2001. (très drôle, mais pas toujours scientifique)
  • John Hemming: "La conquête des Incas", Stock, Paris, 1971.
  • Siegfried Huber: "La fabuleuse découverte de l'Empire des Incas. L'aventure de Pizarre et de ses frères reconstituée à partir de documents originaux. 1490-1548, Pygmalion, Paris, 1978.
  • Giuliano Gliozzi: "Adam et le Nouveau Monde. La naissance de l'anthropologie comme idéologie coloniale : des généalogies bibliques aux théories raciales (1500 - 1700)". (un livre extrêmement stimulant)
  • Alain Milhou: "Le messianisme de Christophe Colomb: tradition hispanique, tradition juive et tradition joachimite?". Dans Christophe Colomb et la découverte de l'Amérique, Aix en Provence, 1994.
  • Nathan Wachtel: "La vision des vaincus. Les Indiens du Pérou devant la conquête espagnole", Gallimard, Paris, 1971. (L'un des seuls livres à donner l'image de la conquête de l'Amérique vue par les indios)

[modifier] Sur la société indienne

  • Chevalier J.L., Colin M., Thomson A.: "Barbares et sauvages. Images et reflets dans la culture occidentale", Actes du colloque de Caen, fév. 1993, PAris, 1994.
  • Thomas Gomez: "L'envers de l'Eldorado", Toulouse, 1984.
  • Bernard Grunberg: "L'inquisition apostolique au Mexique. Histoire d'une institution et de son impact dans la société coloniale (1521-1571)", Paris, 1998.
  • Serge Grunzinski: "La colonisation de l'imaginaire. Sociétés indigènes et occidentalisation dans le Mexique espagnol", XVIe-XVIIIe siècle, Paris, 1988.
  • Paul Hosotte: "L'Empire aztèque. Impérialisme militaire et terrorisme d'Etat", Paris, 2001.

[modifier] Sur ceux qui se sont battus pour la cause indienne

  • Marcel Bataillon: "Etudes sur Bartolomé de las Casas", Paris, 1965.
  • Pierre Chaunu: "La Légende Noire Antihispanique", Revue de Psychologie des Peuples, Caen, 1964.
  • Jean Dumont: "La vraie contreverse de Valladolid", Paris, 1995.
  • Dussel E.D.: "Les êveques hispano-américains, évangélisateurs et défenseurs de l'Indien (1504-1620)", Paris, thèse de doctorat à la Sorbonne, 1966.

[modifier] Sur l'économie

  • Pierre Chaunu: "Séville et l'Atlantique", S.E.P.V.E.N, 12 vol. Paris, 1955-59. (Un classique)
  • Antonio Garcia Baquero: "La Carrera de Indias: Suma de la contratacion y oceano de negocios", Séville, 1992, traduit en français par Bartolomé Bennassar: "La carrera de Indias. Histoire du commerce hispano-américain (XVIe-XVIIIe siècle)", Desjonquères, Paris, 1993.
  • Earl Hamilton: "American Treasure and the price Revolution in Spain", 1501-1650, Cambridge, 1934. (Un classique mais qui est contesté)
  • Michel Morineau: " Incroyables gazettes et fabuleux métaux", Paris, 1985. (un livre stimulant qui révise l'histoire économique de l'Amérique espagnole)
  • Gregorio Salinero: "Une ville entre deux Mondes", Casa de Velazquez, Madrid, 2006.

[modifier] Références

  1. Henry Kamen - La aventura de la Historia, nº 76, février2005, Arlanza Ediciones, S.A., Madrid
  2. L’historien américain Thomas Mann dit que l’Espagne « n’aurait pas vaincu l’Empire (Aztèque) si, lorsque Cortés construisait sa flotte, Tenochtitlan n’avait pas été terrassée par la variole, victime de la même épidémie qui avait, quelque temps plus tôt, meurtri Tahuantinsuyu... La grande ville perdit au moins le tiers de sa population à cause de l’épidémie. »'. Mann, Charles (2006). 1491; Madrid:Taurus, pages 179-180
  3. L’Empire Inca fut vaincu par Francisco Pizarro en 1531. La première épidémie de variole se développa en 1529 et tua entre autres l’Empereur Huayna Cápac, père d’Atahualpa. De nouvelles épidémies se déclarèrent en 1533, 1535, 1558 et 1565, tel que le typhus en 1546, la grippe en 1558, la diphtérie en 1614 et la rougeole en 1618. Dobyns estima que 90% de la population de l’Empire Inca mourut à cause de ces épidémies. Mann, Charles (2006). 1491; Madrid:Taurus, page 133
  4. Selon les enquêtes de l’économiste Earl S. Hamilton, qui étudia les registre de la Casa de Contratation Sévillane, durant la période glorieuse ces exportations métallifères qui s’étend de 1503 à 1660, 185 000 kilos d’or et 16 886 000 kilos d’argent furent envoyé vers Séville. A propos de cette enquête, Luis Vitale a estimé que pour calculer le total de l’or extrait par l’Espagne durant la période de colonisation, il fallait y ajouter 700 000 kilogrammes d’or. Earl Hamilton (1934): American Treassure and the Price Revolution Spain, Harvard Press, U.S.A.; Luis Vitale: "Modos de producción y formaciones sociales en América Latina". Dans l’introduction à la théorie de l’Histoire pour l’Amérique Latine. Bs.As., Planeta. 1992. Chapitre IV.
  5. Carlos Carnicer et Javier Marcos, «Felipe II instó el asesinato de Guillermo de Orange», nº 89 de La aventura de la Historia, Arlanza Ediciones, Madrid, mars 2006
  6. J. Díez Zubieta, Recensión sobre el libro de Ramiro Feijoo Corsarios berberiscos, nº 61 de La aventura de la Historia, Arlanza Ediciones, Madrid, novembre 2003
  7. Mariano González Arnao, «A prueba de piratas», nº 61 de La aventura de la Historia, Arlanza Ediciones, novembre 2003

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