Tripoli (Libye)

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Vue satellite de Tripoli
Vue satellite de Tripoli

Tripoli (en arabe : طرابلس Tarābulus al gharb : c'est-à-dire de Tripoli de l'ouest pour la différencier de Tripoli au Liban) est la capitale de la Libye. Son nom signifie "les Trois Villes", parce qu'elle est issue du regroupement des trois villes anciennes d'Oea, Leptis et Sabrata. Elle a donné son nom à la Tripolitaine, région libyenne dans laquelle elle se trouve.

Sommaire

[modifier] Géographie

La ville est située au nord-ouest du pays ; elle s'étend au bord du désert, sur un morceau de territoire rocheux qui s'avance dans la Méditerranée, formant une baie. Tripoli a une population de 1,68 million d'habitants. Tripoli est située à 32°54'8" Nord, 13°11'9" Est (32.90222, 13.185833). Tripoli est la plus grande ville, le principal port, et le plus grand centre industriel et commercial de Libye. C'est aussi le siège du gouvernement et de l'université Al-Fateh. Vu la longue histoire de la cité, beaucoup de sites à Tripoli sont d'un grand intérêt archéologique. Le climat est typiquement méditerranéen : étés chauds et secs, hivers frais, et quelques modestes précipitations.

[modifier] Histoire

L'arc de Marc Aurèle
L'arc de Marc Aurèle
Al Saaha Alkhadhraa (la place verte), Tripoli
Al Saaha Alkhadhraa (la place verte), Tripoli

[modifier] Fondation

La cité fut fondée au VIIe siècle av. J.-C. par les Phéniciens, qui l'appelèrent Oea. Puis Tripoli passa aux maîtres de la Cyrénaïque (Barca), qui s'en virent dépouillés par les Carthaginois. Elle appartint ensuite aux Romains, qui l'inclurent dans la province d'Afrique qu'ils nommèrent Regio Syrtica. Vers le début du IIIe siècle, elle s'appela Regio Tripolitana (à cause de ses trois cités principales : Oea, Sabrata, et Leptis, qui étaient liguées), et fut probablement élevée au rang de province séparée par Septime Sévère, qui venait de Leptis. Avec le reste de l'Afrique du Nord, elle fut conquise par les musulmans au début du VIIIe siècle.

La province ottomane (vilayet) de Tripoli (dont dépendait aussi le sanjak de Cyrénaïque) s'étendait au long du rivage méridional de la Méditerranée entre la Tunisie, à l'Ouest, et l'Égypte, à l'Est. Outre la ville, ce domaine incluait la Cyrénaïque (le plateau de Barca), la chaîne d'oasis de la dépression d'Aujila, le Fezzan, et les oasis de Ghadames et Ghat, séparées par des friches de sable et de pierre.

En 1510, elle fut prise par les Espagnols commandés par Don Pedro Navarro, Comte d'Oliveto, et, en 1523, revint aux Chevaliers de St. Jean, qui venaient d'être chassés par les Turcs ottomans de leur bastion de l'île de Rhodes. Les Chevaliers la défendirent difficilement jusqu'en 1551, où ils furent contraints de capituler devant l'amiral turc Sinan, et Tripoli participa dès lors à la guerre de course généralisée qui faisait des Etats barbaresques la terreur de la marine chrétienne.

En 1714, le pacha en titre, Ahmed Karamanli, assuma le titre de bey, et revendiqua une demi-indépendance vis-à-vis du Sultan de Constantinople, et cette organisation se perpétua sous le règne de ses descendants, en même temps que la piraterie et le rançonnage les plus éhontés, jusqu'en 1835, où l'Empire ottoman ("la Porte") profita d'un conflit interne à Tripoli pour rasseoir son autorité. On nomma un nouveau pacha turc, investi des pouvoirs de vice-roi, et l'Etat devint vilayet de l'Empire ottoman.

[modifier] La guerre tripolitaine

Au début du XIXe siècle, la régence de Tripoli dut à ses pratiques pirates d'être deux fois en guerre avec les États-Unis d'Amérique. En mai 1801, le pacha exigea des États-Unis une augmentation de l'impôt (83.000 $) que le gouvernement états-unien payait depuis 1796 pour protéger son commerce de la piraterie. Cette exigence fut repoussée et le dey avec ses alliés de la côte des Barbaresques déclarèrent la guerre aux États-Unis, une petite force navale de l'US Navy partit pour bloquer Tripoli. La guerre États-Unis d'Amérique-Tripoli (1801-1805) traîna en longueur pendant quatre ans ; en 1803, les États-Uniens perdirent la frégate Philadelphia, dont le commandant (Captain William Bainbridge) et l'ensemble de l'équipage furent faits prisonniers. L'incident le plus pittoresque de la guerre fut une expédition entreprise par William Eaton dans le but de remplacer le pacha par son frère aîné alors en exil, qui avait promis d'accéder à tous les souhaits des États-Unis. Eaton, à la tête d'une troupe bigarrée de 500 Marines et mercenaires musulmans partit d'Alexandrie en Egypte à travers le désert, et parvint à s'emparer de Derna avec l'aide de navires américains. La paix fut conclue peu de temps après (3 juin 1805) : le pacha régnant abandonnait ses exigences, mais recevait 60.000 $ de rançon pour les prisonniers du Philadelphia.

En 1815, suite à de nouvelles atteintes, les capitaines Bainbridge et Stephen Decatur, à la tête d'une escadre américaine, revinrent à Tripoli et contraignirent le pacha à observer les exigences des États-Unis.

En 1835, les Turcs profitèrent d'une guerre civile à Tripoli pour réaffirmer leur autorité directe, et dès cette date Tripoli fut sous le contrôle direct de la Sublime Porte, malgré des tentatives de rebellions en 1842 et 1844. Après l'occupation de la Tunisie par les Français (1881), les Turcs accrurent considérablement leurs effectifs en garnison à Tripoli.

L'Italie avait longtemps affirmé que Tripoli tombait sous sa zone d'influence et que l'Italie avait le droit de maintenir l'ordre dans l'Etat. Sous prétexte de protéger ses propres citoyens vivant à Tripoli du gouvernement turc, l'Italie déclara la guerre à la Turquie le 29 septembre 1911, et annonça son intention d'annexer Tripoli. Le 1er octobre 1911, une bataille navale fit rage à Prevesa, en Turquie d'Europe, et trois navires turcs furent détruits. Par le traité de Lausanne, la Turquie reconnut la souveraineté italienne, tout en permettant au Khalife d'exercer l'autorité religieuse.

Tripoli resta sous contrôle italien jusqu'en 1943, puis fut occupée par les Britanniques jusqu'à son indépendance en 1951.

[modifier] Depuis l'indépendance

La ville a subi un bombardement américain en 1986, en représailles du soutien présumé de la Libye au terrorisme. Les sanctions des Nations unies contre la Libye ont été levées en 2003, ce qui laisse prévoir une augmentation du trafic avec le port de Tripoli et un effet positif sur l'économie de la ville.

[modifier] La ville d'aujourd'hui

Quartier central des affaires
Quartier central des affaires
Grand Hôtel, Tripoli
Grand Hôtel, Tripoli

[modifier] La Tripoli moderne

Tripoli est le port principal du pays. Elle accueille la plupart des bâtiments administratifs libyens. La vieille ville garde de son atmosphère d'antan et c'est la cité du pays qui a le plus de caractère.

L'As-saraya al-Hamra (le Château Rouge), vaste complexe palatial truffé de cours, domine l'horizon de la cité. On trouve des statues classiques et des fontaines ottomanes aux alentours du château. Les mosquées Gurgi et Karamanli sont d'admirables exemples de l'habileté des artisans locaux, avec leurs décorations et leurs mosaïques tortueuses.

La vieille ville fortifiée de Tripoli, la Médina, est un des sites classiques de Méditerranée. Le premier plan des rues de la médina fut tracé à l'époque romaine, lorsqu'on construisit les murs pour la protéger des attaques venant de l'intérieur de la Tripolitaine. Au VIIIe siècle on ajouta un mur du côté de la ville qui fait face à la mer.

Trois portes permettent d'accéder à la ville : Bab Zanata à l'Ouest, Bab Hawara au Sud-Est et Bab Al-Bahr au Nord. Les remparts de la vieille ville sont toujours debout, et l'on peut y grimper pour de beaux points de vue. Le Monument du port se dresse aux portes de la vieille ville et il y a beaucoup de maisons restaurées, des consulats et une synagogue dans ces ruelles étroites. On peut trouver dans la médina des marchandises traditionnelles, de la bijouterie et des vêtements. Le nouveau musée Jamahiriya y a également ouvert ses portes. L'unique monument romain de la ville encore debout, l'arc de Marc Aurèle, marque la limite nord de la médina.

Tripoli possède des archives et des musées intéressants : les Archives nationales, la Bibliothèque gouvernementale, le Musée ethnographique, le Musée archéologique, le Musée d'épigraphie et le Musée de l'islam.

[modifier] Jumelages

[modifier] Bibliographie

  • Nora Lafi, Une ville du Maghreb entre Ancien régime et réformes ottomanes: genèse des institutions municipales à Tripoli de Barbarie (1795-1911), Paris, L'Harmattan, 2002, 305 p. (ISBN 978-2747526166)
  • (en) Joshua E. London, Victory in Tripoli : How America's War with the Barbary Pirates Established the U.S. Navy and Shaped a Nation (Victoire à Tripoli : Comment la guerre de l'Amérique contre les pirates barbaresques imposa l'U.S. Navy et façonna une nation), New Jersey : John Wiley & Sons, Inc., 2005. (ISBN 978-0471444152)

[modifier] Références

Cet article contient des extraits de la Collier's New Encyclopedia (1921).

[modifier] Voir aussi

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  • Aéroport international de Tripoli
  • Première guerre barbaresque
  • Deuxième guerre barbaresque
  • Traités barbaresques