Religion

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Une porte Torii, symbole shintoïste (Japon)
Une porte Torii, symbole shintoïste (Japon)

Le terme religion désigne un ensemble de rites, croyances, règles éthiques ou pratiques, voire de dogmes, adoptés par une société, un groupe ou un individu.
La religion est le plus souvent en rapport avec une notion de divinité ou de réalité transcendante, cependant il existe aussi des religions athéistes. Le terme religion naturelle, cependant, désigne une doctrine qui s'appuie sur les seules inspirations de la raison et du cœur.

On désigne souvent par religion les pratiques et rituels d'une communauté sociale. Par extension, certaines pratiques générant des cultes, des adorations et des dogmes, prennent une valeur de religion et entraînent l'usage d'un vocabulaire religieux ; exemple : « le temple du football ».

Sommaire

[modifier] Racines du fait religieux

Le mot « religion » n'a pas d'équivalent précis dans les langues anciennes, hébreu, grec et latin. La notion de religion serait une « invention » des temps modernes, même si le mot apparaît au XIe siècle. La théorisation du phénomène, son étude, sa définition apparaissent avec la Renaissance et les grandes découvertes qui amènent les Européens à s'interroger sur la spécificité du christianisme et sa ressemblance aux autres religions.

[modifier] Étymologie

Représentation monumentale du dieu Shiva.
Représentation monumentale du dieu Shiva.

Le mot religion vient du latin religio, dont le nuage sémantique est très riche : au sens propre scrupule, conscience, engagement, obligation, puis par sens dérivé : crainte des dieux, sentiments religieux, croyances, superstitions, pratiques religieuses; enfin caractère sacré, objet ou chose sainte (ou de culte), signe sacré, sainteté. Le sens latin du terme religio se comprend mieux quand on rappelle que la pratique religieuse romaine publique était très ritualiste, faite de rituels qui devaient être scrupuleusement exécutés, et recommencés depuis le départ en cas d'erreur. L'étymologie reste cependant incertaine et controversée depuis l'antiquité. On dit volontiers que le mot vient du latin re-ligare, "re-joindre" ou "re-lier", compris généralement comme indiquant la relation de l'humain au divin, mais aussi des humains les uns aux autres, lien à la fois sur le plan de la cohésion sociale et sur celui de l'attachement affectif. Cet étymon est proposé par Lactance et Tertullien, mais il s’agit d’une signification tardive probablement fondée sur la confusion entre religo (de religio, avoir égard à quelque chose) et religo (de ligo, lier). Une autre voie est indiquée par Augustin d'Hippone, qui suggère l'étymologie archaïque suivante : relegere, "relire, reprendre", par opposition à neglegentia, "négligence". Chez Cicéron (De natura deorum, II, 10) on trouve religio, "scrupule", qui évoque le respect et la crainte face aux forces surnaturelles et le souci d’être scrupuleux dans l'observation des rites.

En Chine et au Japon, le mot religion est la combinaison de deux sinogrammes :

  • shû (japonais) ou zōng (chinois), désignant à l'origine le temple (, le toit, la maison) d'où vient l'esprit (, monition, influence spirituelle), et par extension un groupe uni par le culte des mêmes ancêtres,
  • kyô (japonais) ou jiào (chinois), signifiant "enseignement", "école"

Le terme shûkyô fut tout d'abord utilisé par les Japonais ; les Chinois l'empruntèrent au tout début du XXe siècle (zōngjiào).

Il évoque la transmission (kyô/jiào) d'un savoir, d'une tradition, de rites, de légendes constituant une sorte de catéchisme, au sein d'un groupe (shû/zōng). Le lien généalogique (lignées maîtres-disciples) qu'implique le sens originel de zōng reste important en Chine, où il joue un rôle plus déterminant que la nature exacte de l'idéologie pour le rattachement à une dénomination religieuse. Dans le Zen japonais également, la généalogie religieuse des maîtres est considérée comme une référence importante pour évaluer l'authenticité et la qualité d'une école.

On comprend ainsi qu'il s'agit à la fois des croyances et des cultures d'un groupe humain et des pratiques qui en découlent.

L'étymologie montre que la religion relie l'homme à la divinité, et à ses racines originelles, et à la société où il évolue. Ces dimensions (ainsi que le rapport à la mort, implicitement présent dans les cultes des Lares) se retrouvent effectivement à l'origine des religions. Historiquement, dans les sociétés primitives, il n'y a pas de séparation entre le sacré et la société elle-même: la société n'a pas "une religion", c'est la nature même de la société qui est religieuse, la religion est coextensive à la société, et toutes les activités de l'homme qui prennent un aspect transcendant. L'évolution des civilisations a progressivement conduit à laïciser la plupart des activités de l'homme (écriture, art, législation, sexualité…) qui étaient initialement des actes sacrés. Parallèlement, les questions religieuses se sont marginalisées, et tendent à se spécialiser sur la spiritualité. Mais la religion ne se réduit pas pour autant à une spiritualité personnelle et privée; il n'est pas possible de parler de religion sans mentionner d'une manière ou d'une autre la manière dont elle a structuré sa société, et continue encore à le faire.

[modifier] Foi, sens et croyances

Catrina, un des personnages les plus célèbres du « jour des morts » célébré tous les ans au Mexique.
Catrina, un des personnages les plus célèbres du « jour des morts » célébré tous les ans au Mexique.

Pour les paléontologues, la conscience de la mort est constitutif de l'humanité : le rite funéraire est l'indice qui signale l'émergence d'une certaine forme de culture, mais surtout celle du sentiment religieux, qui permet de distinguer l'humain des autres anthropoïdes[1]. Cependant, les premiers cultes des morts étaient pratiqués par l'homme de Néandertal et non l'homme moderne...

Généralement, les religions cherchent à répondre aux questions essentielles sur le sens de la vie, proposant en particulier des récits mythologiques ou des espérances face à la peur de la mort et à notre ignorance naturelle à propos de l'existence et de l'univers. Elles font presque toutes le récit de la naissance du monde, de la naissance et des actions des dieux dans leurs rapports aux hommes, et évoquent, en des sens variés, l'au-delà, la vie éternelle, la réincarnation, la résurrection, l'immortalité, l'éternité, la fin du monde. Dans les temps modernes, en Occident, à la suite de Descartes,[réf. nécessaire] Auguste Comte élabora de même une sorte de culte des morts. Certains y voient une fuite du réel, une expression de la peur, de l'ignorance et de la superstition. Elle serait l'expression organisée d'un besoin de sens de l'être humain et son désir de comprendre et d'expliquer ce pour quoi aucune explication ne semble se présenter. On parle plus volontiers d'une quête de sens, plus ou moins rationnelle et en tous cas multiforme.

Depuis que l'homme est au monde,[réf. nécessaire] il ne cesse de s'interroger sur la façon dont le monde fonctionne, sur la place qu'il occupe dans celui-ci, sur sa raison d'être. Dans sa tentative d'expliquer l'univers et les phénomènes physiques, la première expression intellectuelle de l'homme a été une expression religieuse. L'homme implique souvent une ou plusieurs déités ou d'autres forces surnaturelles. Ce chapitre religieux pose les questions du rapport au monde, en particulier à la nature, dans les animismes, où toutes les forces de la nature sont sacralisées. Les religions sont souvent imprégnées de diverses croyances, qui peuvent apparaître comme des superstitions, ou des comportements irrationnels pour un esprit extérieur se voulant cartésien.

La religion structure également le rapport à l'autre, humain ou non. Une autre problématique dont traite la religion en tant que facteur de cohésion sociale est celle du pur et de l’impur, et du rapport à son autre, c'est-à-dire, au non-religieux dont elle trace les contours. On peut penser ce rapport en termes essentialistes, ceux de sacré et de profane, ce que font, en fait, tous les théologiens qui n'osent plus parler de leurs convictions que par le détour d'un métalangage. Mais on peut aussi aller plus loin, ne pas s'arrêter là où la théologie le demande, et aborder la religion comme on le fait pour n'importe quel autre aspect de la vie sociale. Dans cette approche, la religion ne se pense plus comme une option mais comme l'un des procédés non-optionnels, universels, par lesquels une société se perçoit, trouve et prend sa place dans le monde. Selon Durkheim, la religion, c'est la société elle-même en train de s'auto-légitimer et de s'auto-adorer.

Enfin, sur un plan subjectif, les religions sont associées à l'expression d'une "expérience spirituelle" (extase mystique, révélation, éveil) dont on trouve la trace dans toutes les cultures. L'homme se fonde sur cette expérience spirituelle pour donner un sens au monde, ou du moins en réfère-t-il au divin pour en saisir le sens ("sens" doit s'entendre dans ses deux significations, à la fois comme herméneutique et comme direction). Ce chapitre de la religion pose la question du rapport à Dieu ou aux dieux.

Icône de détail Articles détaillés : Spiritualité et Surnaturel.

[modifier] Évolution des formes religieuses

[modifier] Anthropologie et formes mythologiques

Représentation du vol du chaman du monde d'en bas au monde d'en haut, d'après les plaques de Perm.
Représentation du vol du chaman du monde d'en bas au monde d'en haut, d'après les plaques de Perm.

En anthropologie, le champ couvert par le terme « religion » doit être défini par les anthropologues eux-mêmes : « Le mot “religion” n'est pas un terme trouvé sur le terrain, c'est un terme créé par les chercheurs pour leur propre besoin. En conséquence, c'est à eux que revient la tâche de le définir. Il s'agit d'un concept générique, de second degré, qui joue le même rôle dans la mise en place de l'horizon disciplinaire de l'étude de la religion que les concepts de “langage” et “culture” en linguistique et anthropologie. Sans un tel horizon, il n'y a pas de discipline de l'étude de la religion »[2]. L'analyse historique et scientifique de l'origine des cultes antérieurs à notre ère n'en est devenue que plus spéculative.

Les premières sépultures proprement dites font leur apparition au cours du Moustérien (Paléolithique moyen), il y a environ 100 000 ans [3]. Elles sont liées à l'Homme de Néandertal en Europe et aux premiers humains anatomiquement modernes au Proche Orient comme l'indiquent les découvertes récentes de la grotte de Skhul.

Au Paléolithique supérieur, le développement de l'art sous ses formes pariétale et mobilière permet de s'interroger sur la signification des thématiques traitées en termes de croyances.

Icône de détail Article détaillé : Religion dans la préhistoire.

Les formes religieuses primitives typiques sont l'animisme[réf. nécessaire], le fétichisme[réf. nécessaire], le polythéisme. Ces formes ne constituent pas une religion particulière, on en trouve autant qu'il y a de société qui s'y rattache. Bien que documentées dans la période historique, il n'est pas possible d'assigner une origine historique précise à ces formes de croyance.

Les mythologies remontent souvent à la transition entre préhistoire et période historique, la protohistoire. On peut citer comme exemples de mythologies celles de Sumer, de Babylone, les dieux égyptiens, voire la mythologie grecque

Ces formes perdurent dans les religions ou spiritualité de différentes zones de la planète : chamanisme d'Eurasie (Nord sibérien), religions d'Afrique, d'Amazonie, d'Océanie, d'Amérique, etc. On peut également citer d'autres religions maintenant quasiment disparues, le plus généralement polythéistes, maintenant classées en mythologie ou religions antiques, originaires principalement d'Eurasie, d'Afrique, ou d'Amérique.

On peut penser que les cultes anciens de notre ère prennent leurs racines dans ces cultes préhistoriques et ces mythologies.

Icône de détail Articles détaillés : Mythologie, Chamanisme et Magie (surnaturel).

[modifier] Textes sacrés

Rouleaux de la Torah (exemplaire autrichien des années 1830).
Rouleaux de la Torah (exemplaire autrichien des années 1830).

L'invention de l'écriture ouvre à la fois la période historique, et les premiers grands textes sacrés de l'humanité. C'est cette période qui voit notamment apparaître l'hindouisme, retracé jusque vers 5000 av. J.-C., et ses Veda; le monothéisme, retracé jusqu’à Abraham vers 1850 av. J.-C., le judaïsme, retracé jusqu’à Moïse vers 1250 av. J.-C., avec la Bible.

Il existe deux grands berceaux des religions contemporaines sur Terre, qui ont émergé il y a trois à quatre mille ans :

Le Popol Vuh des Mayas montre que ce mouvement était également présent dans le nouveau monde. Se rattachent également à cette forme les différents livre des morts rencontrés dans diverses civilisations (égyptien, tibétain, maya).

Icône de détail Articles détaillés : Monothéisme, Texte sacré et Religion révélée.

[modifier] Enseignements

Bouddha Amitabha représenté en position d'enseignement (Vitarka-mudrâ).
Bouddha Amitabha représenté en position d'enseignement (Vitarka-mudrâ).

À partir du premier millénaire avant notre ère, l'émergence de la pensée philosophique issue d'un auteur marque un tournant dans la forme des religions: les nouvelles formes se rattachent à l'enseignement personnel d'un maître. On voit ainsi apparaître de cette manière:

… sans compter les grands courants de la pensée philosophique non nécessairement rattachés à l'idée de religieux.

Ces formes de religion ont en commun de fournir une explication à nos grandes questions philosophiques. Elles n'en ont cependant pas l'exclusivité, et ces questions ont été abordées par tous les grands systèmes philosophiques qui émergèrent dans le premier millénaire avant notre ère.

Dans l'Antiquité gréco-romaine, les philosophes abordent les mêmes questions sur un plan purement métaphysique, en les détachant de la pratique religieuse.

En Asie, le bouddhisme, le confucianisme, shintoïsme etc., forment plutôt une philosophie en tant que mode vie, une spiritualité ou une forme de religion polythéiste.

Icône de détail Articles détaillés : Prophète, Sagesse et Métaphysique.

[modifier] École, confessions, religions

Johann von Armssheim (1483), disputatio entre docteurs chrétiens et juifs.
Johann von Armssheim (1483), disputatio entre docteurs chrétiens et juifs.

Les ruptures religieuses des deux derniers millénaires tendent à se rattacher à des ruptures entre écoles, plus qu'à l'enseignement original d'un maître. Une appréhension nouvelle d'un corpus existant donnera lieu à la création d'une école si celle-ci n'aboutit pas à un schisme, d'une confession s'il y a schisme, et tendra à être qualifiée de nouvelle religion si le nouveau corpus se veut syncrétique, par exemple. Le discours théologique sur lesquelles elles se fondent n'est souvent qu'une affaire de spécialistes. Les disputes se traduisent souvent par des oppositions politiques, et l'orthodoxie peut parfois être imposée par un appareil législatif et une répression pénale.

Toute religion qui possède un grand nombre de croyants, qui connaît une certaine expansion géographique ou qui subsiste depuis longtemps connaît des diversifications qui donnent naissance à de nouvelles manières d'appréhender le corpus existant. Ces nouvelles appréhensions peuvent accoucher de courants qui continuent d'appartenir à la même institution (on peut prendre pour exemple les différentes sensibilités co-existant dans l'église catholique, qui vont de la théologie de la libération à l'Opus Dei) ou créent une nouvelle confession qui, tout en se réclamant des mêmes textes sacrés, en tirent d'autres conséquences (on peut penser au bouddhisme : celui du grand véhicule, celui du petit véhicule et le bouddhisme zen, on peut aussi penser au catholicisme, à l'orthodoxie et au protestantisme pour le christianisme).

Chaque religion peut comporter en son sein plusieurs sous-groupes ou courants. Certains peuvent se voir comme orthodoxes, définissant les autres comme hétérodoxes, voire hérétiques. Lorsqu'un groupe se dissocie profondément de l'ensemble, on parle de schisme. Pour désigner les différents groupes, on utilise parfois le terme dénomination (anglicisme) ou, pour les différents sous-groupes chrétiens, Église. Secte, employé dans un contexte historique, peut aussi désigner un courant, mais dans la France du XXIe siècle, il a un sens plus spécifique de groupe restreint aux caractéristiques très marquées, et présente souvent une connotation négative. Quand il y a mélange d’influences, on parle de syncrétisme.

Pour les ruptures à l'origine de religions modernes, on peut citer par exemple:

On pourrait citer aussi les nombreuses « hérésies », comme le gnosticisme, le nestorianisme, le monophysisme, le pélagianisme, qui sont autant d'exemples du même phénomène.

Icône de détail Articles détaillés : Théologie, Dogme et Hérésie.

[modifier] Les cultes de création plus récente

Adorateurs du dieu indien Krishna, à Vienne.
Adorateurs du dieu indien Krishna, à Vienne.

Le monde contemporain, malgré (ou à cause) du désenchantement du monde diagnostiqué par Marcel Gauchet, ne fait pas exception à la création de nouvelles religions. Ces nouvelles formes se caractérisent souvent par la volonté de se distinguer (voire de se séparer) d'une société qu'elles critiquent, pour adopter un style de vie spécifique et orienté vers un but spirituel. On peut citer dans cette large catégorie :

[modifier] XVIIe siècle

[modifier] XIXe siècle

[modifier] XXe siècle

Icône de détail Articles détaillés : Secte et Nouvel âge.

[modifier] Principales religions dans le monde

[modifier] Classement théologique, philosophique ou anthropologique

On peut classer les religions selon le nombre de leurs dieux, les relations qu’ils entretiennent entre eux, avec l’univers et les fidèles, ou la présence de certains concepts ou pratiques en leur sein :

Les religions monothéistes ne reconnaissent qu'un seul Dieu : christianisme, islam, judaïsme en sont les exemples les plus typiques. Ces trois religions sont appelées abrahamiques, car elles reconnaissent toutes les trois la figure d'Abraham comme premier patriarche.

Les religions polythéistes reconnaissent plusieurs dieux, différemment liés. L'ensemble polythéiste peut être subdivisé en différents types : hénothéisme, monolâtrie par exemple.

Le panthéisme est une philosophie selon laquelle tout est Dieu.

Les religions révélées sont des religions qui affirment détenir leur connaissance de source divine, soit par des apparitions (théophanies), soit par l'inspiration à des prophètes de textes considérés comme d’origine divine. Les religions abrahamiques en sont un exemple.

Les religions peuvent être fondées sur une orthodoxie (christianisme) ou une orthopraxie (judaïsme, hindouisme).

La présence de certaines croyances ou pratiques (animisme, chamanisme etc..) peut aussi caractériser les religions et permettre un regroupement. La distinction entre religions sacrificielles ou non sacrificielles est particulièrement importante en anthropologie.

[modifier] Classement historique et géographique

Carte du monde indiquant la religion dominant dans chaque pays. Source : Atlas Wikimédia des religions
Carte du monde indiquant la religion dominant dans chaque pays. Source : Atlas Wikimédia des religions
Chronologie de quelques religions.
Chronologie de quelques religions.

On distingue quelquefois les religions éteintes, les religions actives et les nouvelles religions émergentes. Les premières, également appelées religions antiques, reparaissent parfois dans la dernière catégorie lorsqu’elles font l'objet d’une tentative de résurrection (néo-druidisme, néo-paganisme…).

On peut également regrouper les religions par aires géographiques, qui sont souvent aussi des aires culturelles. La proximité géographique va souvent de pair avec des emprunts et influences mutuelles, voire une communauté de sources. Dans le monde indien, on remarque que l'hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme, sont profondément liées, comme avec le sikhisme, influencé par l'hindouisme et l'islam[4].

[modifier] Problèmes de dénombrement

À travers l'Histoire, les hommes ont adopté de multiples religions. Certaines se sont répandues dans le monde entier et sont très pratiquées. Divers types de classements sont possibles. Il est difficile d’obtenir des statistiques exactes et précises concernant le nombre d’adhérents aux différentes religions et d’incroyants, ce pour plusieurs raisons :

  • Difficulté de mise en œuvre, diversité et validité des modes de comptage : une documentation disponible n’existant pas toujours, le recueil de statistiques est une entreprise qui consomme beaucoup de temps et de ressources ; les différents modes de comptage - inscription sur des listes officielles, estimation selon d’autres critères (ethnique p.ex.), auto-déclaration - peuvent donner des résultats différents, chaque mode comportant ses risques d’erreur.
  • Manque d’objectivité : les statistiques religieuses sont souvent établies par des organismes rattachés à un ensemble idéologique donné ; il peut y avoir sur- ou sous-comptage délibéré de certains groupes. Certains environnements imposent ou interdisent certaines idéologies, empêchant l’accès à l’opinion réelle des sondés.
  • Définition des ensembles religieux et idéologiques : les statistiques sont établies par des personnes appartenant à une zone géographique et culturelle donnée. Certaines religions y sont bien connues, donc clairement définies ; d’autres religions "exotiques" peuvent être mal identifiées. Par ailleurs, même pour les religions bien connues, le regroupement peut varier : mormons, témoins de Jéhovah et nouvelles sectes d’inspiration chrétienne peuvent ainsi être inclus dans l’ensemble des chrétiens ou comptés à part. Les incroyants peuvent avoir des difficultés à se situer dans un groupe précis (athée, agnostique, libre-penseur), ce choix réclamant un travail introspectif et des connaissances philosophiques de base pour être fait en connaissance de cause.
  • Adhésion exclusive et multi-adhésion : si certaines religions réclament un rattachement exclusif, il existe des zones culturelles (monde chinois p.ex.) où la multi-adhésion est courante, brouillant les statistiques.
  • Les statistiques générales ne font pas apparaître le degré d’adhésion réelle aux pratiques ou concepts.

Les statistiques au niveau mondial sont une tâche particulièrement ardue, et la source la plus consultée[5] repose depuis plus de deux décennies sur le travail de David B. Barret et de ses collaborateurs, particulièrement en ce qui concerne le christianisme. Cet ancien missionnaire anglican devenu évangéliste déclare déplorer le manque de concurrence.[6]

[modifier] Chiffres

[modifier] Répartition mondiale des religions

Source : Worldwide Adherents of All Religions, Mid-2005, Encyclopaedia Britannica
Source : Worldwide Adherents of All Religions, Mid-2005, Encyclopaedia Britannica
Estimations (complétées) de l'importance des grandes familles de religions (2005) :
Statistiques de D. Barrett (complétées)[7] Chiffres d'adherents.com (complétés)[8]

[modifier] Répartition mondiale des croyants

Répartition en pourcentage du nombre de croyants dans le monde en 2005██ de 28,7 % (Corée du Nord) à  60% ██ de 60% à 70% ██ de 70% à 80% ██ de 80% à 85% ██ de 85% à 90% ██ de 90% à 95% ██ de 95% à 100%
Répartition en pourcentage du nombre de croyants dans le monde en 2005
██ de 28,7 % (Corée du Nord) à 60% ██ de 60% à 70% ██ de 70% à 80% ██ de 80% à 85% ██ de 85% à 90% ██ de 90% à 95% ██ de 95% à 100%

Le nombre de croyants est supérieur à celui des non-croyants qui comprennent les athées déclarés et les personnes sans confession. La moyenne mondiale des croyants est de 85,7 %. De grosses disparités existent entre les différents pays du monde. En Amérique du Sud, l'Uruguay est le pays le moins croyant. En Afrique, la totalité du continent est constitués de croyants avec une majorité de musulmans au nord et une majorité de chrétiens au sud. La Chine et la Corée du Nord sont parmi les pays possédant le moins de croyants au monde. La Corée du Nord est un pays où la liberté de culte est la plus réprimée. En Europe, les chiffres sont plus nuancés selon les pays avec des pourcentages supérieurs à 70 %. Enfin, des pays comme l'Afghanistan et la cité du Vatican affichent des pourcentages très proches de 100%[10].

[modifier] Éléments des religions

On s'accorde souvent pour nommer religion l'ensemble des pratiques et des rites propres à chacune de ces familles de croyances. Pragmatiquement, une religion peut s'analyser suivant plusieurs dimensions plus ou moins présentes.

[modifier] Univers invisible

Diptyque de Wilton, exposé à la National Gallery (Londres).
Diptyque de Wilton, exposé à la National Gallery (Londres).

Une religion se fonde sur le domaine surnaturel, un monde de l'esprit, dont la définition peut être variable. La plupart des religions supposent l'existence de relations entre les humains et des forces ou des personnes invisibles, qu'ils soient dieux, anges, démons ou esprits des morts. Le miracle est la manifestation spectaculaire de ces relations, son caractère miraculeux se fondant sur le fait qu'il est impossible à expliquer rationnellement.

Le croyant qui essaie de communiquer avec ces forces et ces êtres (par une communication fondée sur l'invocation ou l'évocation de l'esprit) peut avoir deux buts:

  • Il peut chercher à être guidé ou informé - acquérir de l'information - il fait alors appel à l'art divinatoire.
  • Il peut chercher à se rendre favorable l'action de ces puissances invisibles, par des demandes, prières, ou liturgies propitiatoires.

Ces pratiques sont probablement l'aspect le plus critiqué par le rationalisme, précisément parce qu'on ne peut les soumettre à la critique expérimentale. L'examen critique d'une telle relation peut se comprendre à deux niveaux. D'une part, la réalité du résultat revendiqué peut être contestable: le "miracle" n'a pas eu lieu, les témoignages sont trompeurs (volontairement ou non). D'autre part, le phénomène extraordinaire d'un thaumaturge n'est pas nécessairement une théurgie (dû à l'intervention d'un esprit extérieur), mais peut être la manifestation de pouvoirs occultes qui sont dans la nature de l'homme mais ne sont pas habituellement maîtrisés (approche de l'occultisme moderne).

[modifier] Liturgies, rites

Liturgie catholique lors d'une messe en Pologne.
Liturgie catholique lors d'une messe en Pologne.

Des rites sont des signes, symboles et pratiques "en actions", qui unissent les croyants entre eux et avec la ou les puissances supérieures qu'elles reconnaissent.

Les croyants ou fidèles tendent à se réunir pour des cérémonies et célébrations pouvant comporter des rituels et des prières. Les rites adéquats prennent généralement une forme fixée pour le culte, dont l'ensemble constitue une liturgie.

Les différentes religions demandent souvent à leurs fidèles d'être en état de pureté avant de pouvoir faire certains actes, comme prier, présider à une cérémonie religieuse, etc. La définition précise de la pureté et la manière de l'atteindre (par exemple par des ablutions) varie avec la religion.

Les cérémonies ne sont pas nécessairement à caractère religieux; elles continuent à être un facteur de symbolisme et de cohésion sociale y compris dans le domaine profane.

Icône de détail Articles détaillés : Liturgie, Cérémonie et Rite.

[modifier] Exercice spirituel

Prêtresses taoïstes.
Prêtresses taoïstes.

Une spiritualité est avant tout une manière d'être en relation avec "quelque chose" de transcendant: une forme (Dieu?) ou plusieurs (dieux, ancêtres, esprits, etc.) une puissance supérieure ou un état autrement insaisissable ("cieux", "enfers", "invisible", "autre monde", etc.) ou tout autre but spirituel : par la méditation, par la prière, par le mysticisme.

Pratiquement toutes les grandes religions proposent une approche spirituelle de type mystique, c'est-à-dire une « approche expérimentale du divin ». Pour Ignace de Loyola, auteur catholique des Exercices spirituels, il s'agit, « par l’examen de conscience, la méditation, la prière et la contemplation, de chercher et de trouver la volonté de Dieu sur l’organisation de sa vie et le salut de son âme. »[11]

Le but de l'exercice spirituel dépend naturellement de la doctrine religieuse au sein de laquelle il est pratiqué, mais ces exercices se retrouvent dans toutes les religions, voire en dehors de tout contexte religieux (comme dans la plupart des branches du yoga): méditations, jeûnes et autres mortifications corporelles, invocations rituelles. Ces exercices ont généralement pour effet de permettre une meilleure maîtrise de l'esprit (et notamment de le libérer des distractions corporelles), et éventuellement, d'atteindre des états de conscience atypiques (État modifié de conscience, transes, extases), parfois avec l'aide de psychotropes (dans des pratiques shamaniques ou magiques, notamment).

Ces exercices spirituels sont par nature des pratiques individuelles: ils répondent à une démarche personnelle, toujours volontaire, et cette voie n'est le plus souvent suivie que par une infime minorité, même dans les sociétés religieuses. Ils sont néanmoins généralement intégrés dans une pratique communautaire, que ce soit à travers les rites qui les accompagnent, ou l'existence d'une vie communautaire spécifique (monachisme) destinée à soutenir la volonté du pratiquant et lui épargner toute distraction par rapport à son but spirituel.

Icône de détail Articles détaillés : Mysticisme, Initiation, Yoga, Jeûne et Monachisme.

[modifier] Symbolisme

Quelques symboles religieux.De gauche à droite: 1. Chrétien, Juif, Hindou  2. Islamique, Bouddhiste, Shintô  3. Sikh, Baha'i, Jaïn.
Quelques symboles religieux.
De gauche à droite:
1. Chrétien, Juif, Hindou
2. Islamique, Bouddhiste, Shintô
3. Sikh, Baha'i, Jaïn.

Les religions font grand usage de symboles, le plus souvent particuliers à chacune. Le symbole est en effet un support nécessaire dans le domaine de la métaphysique, du fait que l'objet spirituel ne peut pas être directement vu ou manipulé: le symbole est une représentation de l’absent et de l’imperceptible.

Un symbole permet de transférer le discours ou l'action sur un objet sensible spécialement consacré à cette représentation. Le symbole peut être un objet, une représentation picturale (comme le Mandala dans l'hindouisme ou le boudhisme) ou un concept (comme le mantra, représentation sonore de la divinité), mais également des actes, constitutifs de la liturgie. Une cosmogonie est une façon d'expliquer le monde et son origine (et par là, son organisation "naturelle"), souvent empreinte de symbolisme. Dans les formes les plus anciennes de la religion, les récits mythologiques sont souvent très fortement symboliques.

Pour les adeptes qui lui accordent une signification religieuse, un symbole prend (par sa nature même) un caractère sacré, et doit être respecté à ce titre (c'est ce qui conduit à la mise en place des tabous dans les sociétés primitives). En effet, l'utilisation d'un symbole religieux en dehors de son contexte religieux propre (donc dans une contexte profane) constitue littéralement une profanation, évènement grave pour le fidèle de la religion, parce qu'il tend à rompre le lien entre le symbole et l'objet spirituel qu'il représente. Une profanation volontaire est généralement considérée comme un blasphème, c'est à dire un acte qui manifeste une absence de respect pour le fidèle et sa religion, et appelle des sanctions.

Historiquement, la gravure sacrée de symboles a été à l'origine des hiéroglyphes, et finalement de notre écriture. Le symbolisme n'est pas nécessairement religieux pour pouvoir déclencher des passions : les espèces monétaires sont par exemple une forme de symbole extrêmement utilisée dans les temps modernes.

Icône de détail Articles détaillés : Symbole, Mythologie, Sacré et Tabou.

[modifier] Doctrines et croyances

Les sept arts libéraux au service de la théologie, sous la direction énergique de Pierre Lombard. Salzbourg, XVe siècle
Les sept arts libéraux au service de la théologie, sous la direction énergique de Pierre Lombard. Salzbourg, XVe siècle

Les religions transmettent des enseignements et des codes de lois religieuses, censés montrer le juste et l'injuste, le bien et le mal, aux fidèles. Elles les dote d'une morale, plus ou moins contraignante, censée orienter le croyant et sa communauté vers son bonheur et, par conséquent, l'éloigner de ce qui pourrait causer son malheur. La loi religieuse ne se limite pas au seul domaine du surnaturel, mais peut développer des conséquences dans tous les domaines de la connaissance, et de société.

Parmi les codes de lois religieuses, on peut citer le droit canonique romain, les dix commandements, etc..

Une éthique est un ensemble de principes moraux, de commandements, de droits et de devoirs. Les questions éthiques sur la société ont toujours intéressé les religions. Au XIXe siècle, le catholicisme a élaboré une doctrine sociale, qui a été mise en pratique dans le catholicisme social.

L'environnement est au cœur des interrogations sur la vision du monde et de sa création ou Création[12]. Sur ces questions, le bouddhisme a été en avance dans ses réflexions. Il existe aujourd'hui des réunions sur le thème de l'environnement et du développement durable entre les grandes religions et spiritualités.

Quand elles sortent du domaine purement spirituel, les doctrines d'inspiration religieuse sont un objet de critique souvent polémique pour les tenants de la liberté de pensée et de la liberté de conscience. La justification spirituelle de ces doctrines est considérée comme étrangère au domaine traité, qui revendique sa propre autonomie cognitive; et cette origine religieuse est perçue comme un argument d'autorité, obstacle à la liberté individuelle et à l'autonomie de la raison.

Les croyances ne sont pas toujours liées à une religion, comme la croyance aux OVNI, par exemple. Inversement, certains dogmes ou croyances religieuses, comme la réincarnation, peuvent être acceptés isolément sans adhérer au système religieux d’où ils sont empruntés.

[modifier] Religion et société

[modifier] Peut-on séparer la religion du social ?

La reine Élisabeth II, comme tous les souverains du Royaume-Uni, est à la fois chef de l’État et de l’Église anglicane.
La reine Élisabeth II, comme tous les souverains du Royaume-Uni, est à la fois chef de l’État et de l’Église anglicane.

Quand il paraît naturel à un occidental de se questionner sur la place que la religion doit avoir dans la société, cette seule distinction des deux termes religion et société peut paraître absurde dans d’autres aires culturelles. En effet, la distinction du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel, initiée lorsque le christianisme a remplacé la religion d’État à Rome, n’a pas cours dans la plupart des sociétés traditionnelles où l’on peut dire que le social en son entier est religieux. L’appartenance à une caste, l’exercice d’une profession, la manière dont on prépare la nourriture, les personnes que l’on fréquente, celles avec lesquelles on se marie, la manière dont on s’habille, tout, dans les sociétés traditionnelles, renvoie de droit à une signification religieuse. Mais si la religion, en tant qu’ensemble de règles ou système de discours, imprègne les actes les plus quotidiens (jusqu’aux décorations de l’habitat) et détermine les rapports hiérarchiques, cela n’empêche pas l’existence de tâches dédiées, plus particulièrement religieuses, et de tâches plus quotidiennes, moins chargées de ce scrupule et de cette attention que réclame dans toutes les sociétés la manipulation du sacré. Ces tâches sont effectuées par des personnes consacrées, dont la position peut faire penser à celle du clergé chez nous. Ainsi, tout en se gardant de confondre le fonctionnement de notre société sécularisée avec des fonctionnements radicalement différents, on peut se questionner sur les différents types de clergé, et la place qu’ils peuvent avoir dans les différentes organisation sociales que l’on peut rencontrer.

[modifier] Religion et pouvoir politique

La tour d’un campanile est à la fois un monument religieux et un symbole de domination politique sur la cité.
La tour d’un campanile est à la fois un monument religieux et un symbole de domination politique sur la cité.

La question des relations entre la religion et le pouvoir sur la société (pouvoir politique) est apparue à différentes époques, notamment dans le monde occidental. Dans l’organisation des sociétés, le pouvoir spirituel est mêlé plus ou moins fortement au pouvoir temporel, voire assimilé comme une entité indissociable (où n’existerait pas une telle distinction). Historiquement, le clergé a constitué dans certaines religions et suivant les époques une force politique, un instrument de pouvoir politique, voire un État dans l’État. Ces relations entre ces pouvoirs distincts peuvent s’exprimer plus ou moins fortement : d’une exclusion ou influence mineure du pouvoir religieux (et des valeurs religieuses) sur l’organisation et le gouvernement d’une société, jusqu’à la domination de l’organisation de la société par la religion et ses représentants (théocratie, par exemple).

Cette question est celle du cléricalisme: dans quelle mesure les clercs, c’est-à-dire les membres de l’institution religieuse, peuvent ou doivent-ils avoir en même temps un pouvoir politique? La pensée catholique en fait remonter l’origine à la parole de Jésus-Christ, « il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mat 22:21). Cette question se prolonge traditionnellement dans la pensée occidentale, à travers la distinction entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, ou bien la distinction entre pouvoir religieux et politique (par exemple au XIIIe siècle, chez Thomas d'Aquin) ou bien plus récemment autour des concepts modernes de « laïcité », de séparation de l’Église et de l’État, (loi de 1905 en France, sous la IIIe République).

Le lien entre religion et pouvoir politique peut prendre un aspect répressif dans les sociétés où la norme est d’appartenir à un groupe religieux: une attaque contre la religion peut alors être sanctionnée comme blasphème, et quand l’hérésie est pénalement sanctionnée, des tribunaux spécialisés[13] peuvent être amenés à juger de l’orthodoxie des membres du groupe par rapport à des critères purement religieux.

Icône de détail Articles détaillés : Temporel et spirituel, Laïcité et Cléricalisme.

[modifier] Identité religieuse

Femme voilée.
Femme voilée.

La socialisation d’un individu repose toujours sur une appropriation des normes et des valeurs d’un groupe auquel il se rattache. Quand ce groupe est religieux, la religion fournit une identité collective : une manière de se comporter en groupe, de se reconnaître.

La socialisation qui se produit par l’appartenance et l’identification à un groupe conduit parfois à rejeter et dévaloriser ceux qui ne sont pas membres du groupe; et quand la socialisation se fait autour d’une identité religieuse, le rejet et la condamnation de l’autre peut parfois prendre le caractère d’un extrémisme religieux.

Dans certains cas, les religions peuvent interférer avec les nations (et de façon plus générale avec tout groupe d’hommes) de telle sorte qu’elles ont souvent besoin d’un ennemi pour se fédérer et se construire. Cette logique identitaire est capable d’alimenter des conflits pouvant aboutir à une guerre de religion. Les civilisations ont entre elles des relations quelquefois conflictuelles, l’une des raisons pouvant être religieuse du fait des différences de croyances. [14]

Le dialogue inter-religieux vise à harmoniser les relations entre religions.

[modifier] Art

Le développement spectaculaire de la calligraphie arabe est dû à un interdit religieux.
Le développement spectaculaire de la calligraphie arabe est dû à un interdit religieux.
« L’art et la religion ne sont pas deux choses, mais plutôt l’envers et l’endroit d’une même étoffe. » Alain, Préliminaires à la mythologie.

Les relations qui unissent l’art et la religion sont aussi complexes, voire contradictoires, que celles qui unissent la religion et la science.

Dans certaines sociétés, le concept d’art est indissociable de celui de religion, l’art se définissant en partie par des fonctions rituelles dans la pratique religieuse : on peut prendre comme exemple les œuvres de l’art africain traditionnel (arts premiers). En réalité, l’art religieux (musique sacrée, peinture religieuse, architecture religieuse, danse sacrée…) ne se construit pas par rapport à un art profane indépendant. Historiquement, la situation a toujours été inverse: les différents arts apparaissent associés à des pratiques rituelles. La technique artistique y est utilisée pour évoquer et renforcer tel ou tel type de sentiment religieux. Dans ce cadre, elle acquiert une certaine maturité, et prend par la suite son autonomie en devenant un art profane.

L’art véhicule une partie des traditions, valeurs et concepts religieux, contribuant à les entretenir et les répandre. En effet, la religion, dans toutes ses manifestations, est mêlée d’art : poèmes mystiques, églises, mosquées et temples, danses, objets sacrés, représentations picturales, tout ce qui touche à la religion a été, à un moment ou à un autre, sujet pour un artiste. De ce fait, les thèmes religieux ont toujours été une inspiration pour les artistes et celui-ci véhicule une partie des traditions, valeurs et concepts religieux, contribuant à les entretenir et les répandre, parfois à les façonner.

La religion influence l’art (littérature, peinture, sculpture…), l’inspire (par exemple à travers des icônes religieuses) ou en restreint l’expression (ce qui est par exemple à l’origine des arabesques). La pratique artistique a dû subir des limitations du fait des autorités religieuses, parfois simplement du fait de leur statut de mécène et de clients. Ces limitations ont pu être vécues comme des contraintes, mais ont parfois été tournées à leur avantage par les artistes : l’interdiction de l’opéra a créé l’oratorio, et l’interdit de représentation des êtres vivants dans l’islam a provoqué un développement spectaculaire de la calligraphie. L’usage de l’art comme moyen de critiquer les religions ou leurs abus ont parfois eu des conséquences dramatiques du fait d’extrémistes, comme l’assassinat du réalisateur Théo Van Gogh.

Icône de détail Article détaillé : Art sacré.

[modifier] Les fonctions du religieux

La vision des sociologues sur la religion lie phénomènes religieux et structures des sociétés.

[modifier] La caractérisation du fait religieux selon Durkheim : un créateur de lien social

Emile Durkheim, sociologue français du début du XXe siècle, définit la religion comme « un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y adhèrent" (Les formes élémentaires de la vie religieuse », 1912) En fait, pour Durkheim, le religieux n’est en fait que l’expression collective de l’attachement au social. Ce qui est sacré dans le religieux n’est rien d’autre que l’expression de la société en elle-même. Les manifestations du sacré qu’incarnent les objets de cultes, les rites ainsi que les représentations de natures collectives sont vus comme la vénération du lien social. Dès lors, la religion ne résulte que de la société. « Le principe sacré n’est autre chose que la société hypostasiée et transfigurée », toujours selon Durkheim.

[modifier] Critique de la religion

[modifier] Critiques classiques

Icône de détail Article détaillé : Critique de la religion.

Les religions laissent rarement indifférent, et peuvent faire l’objet de critiques sur leurs dogmes, leur mode de fonctionnement, leur éventuelle intolérance, etc.

Dans l’Antiquité gréco-romaine, les philosophes tentaient déjà d’expliquer l’origine des croyances. Ainsi, Lucrèce, dans De natura rerum, émet l’hypothèse que les hommes ont inventé les dieux pour expliquer les merveilles et les mystères de la nature : pour comprendre ce qu’ils ne maîtrisaient pas. Critias pensait que la religion (et la crainte des dieux) avait été inventée pour imposer à chacun le respect de la société : discipline, morale, sens du bien et du mal. Les anthropologues, psychologues et sociologues s’en tiennent encore pour la plupart à ces deux explications. Pascal Boyer, [15] s’appuyant entre autres sur les sciences cognitives et la biologie évolutionniste, y ajoute une explication naturaliste.

[modifier] Religion et philosophie

Portrait de Jean-Jacques Rousseau par Allan Ramsay. L’écrivain genevois se revendiquait « philosophe chrétien ».
Portrait de Jean-Jacques Rousseau par Allan Ramsay. L’écrivain genevois se revendiquait « philosophe chrétien ».

La réflexion philosophique entretient des rapports complexes avec les différentes pensées religieuses. Les philosophes, selon leur présupposés méthodologiques ou personnels, ont été amenés à soutenir des positions allant de l’adhésion à une religion, comme Malebranche, au rejet de toute forme de croyance, comme ce fut le cas du baron d'Holbach. Un certain nombre de domaines sur lesquels la philosophie travaille font aussi partie du champ religieux, comme l’éthique ou la métaphysique, ce qui a posé des problèmes de cohabitation, en particulier dans l’Europe catholique de la renaissance[16].

Le point de désaccord entre la philosophie et la religion est principalement celui du statut de la vérité : elle est l’objet d’une recherche purement rationnelle pour le philosophe tandis que le croyant pense que la vérité se transmet, et qu’elle a été, tout au moins en partie, révélée, et qu’on peut la trouver dans les textes sacrés qu’il reconnaît[17]. Ce qui n’empêche pas le croyant de se livrer à une réflexion utilisant les concepts des philosophes, la théologie chrétienne étant née de la rencontre du christianisme naissant et des concepts des philosophes grecs et romains. Malgré cette dichotomie, pendant tout le Moyen Âge européen, il n’y a eu de philosophie que chrétienne. Est-ce à dire que la théologie et la philosophie sont solubles l’une dans l’autre ? Assurément non. Mais comme la philosophie peut s’intéresser à des problèmes religieux, la religion peut s’intéresser à des problèmes proprement philosophiques, comme le rapport du langage à la réalité et la possibilité de la connaissance humaine[18]. La philosophie restera d’ailleurs longtemps tributaire de la manière dont les théologiens ont posé les questions avant qu’elle ne retrouve une certaine autonomie. On notera donc l’importance pour la philosophie d’auteurs comme Anselme de Cantorbery, Duns Scot, Guillaume d'Occam ou Thomas d'Aquin.

Par ailleurs, certains courants philosophiques ont eu tendance à vouloir remplacer le fait religieux. Le déisme pose un dieu créateur mais en refuse l’institution religieuse. Le culte de la Raison (voire de la déesse Raison entendue comme allégorie) fut proposé durant la Révolution française. Le saint-simonisme athée, se nommait lui-même « nouveau christianisme »[19] ou « religion saint-simonienne ». La « religion de l’humanité » (religion positiviste) d’Auguste Comte, était quant à elle sans dieu mais dotée d’un catéchisme et d’un calendrier. Comte prédisait le remplacement définitif des religions par la science, du fait de la loi des trois états.

[modifier] Critiques scientifiques

Icône de détail Article détaillé : Relation entre science et religion.

La religion, lorsqu’elle se présente sous la forme de dogmes, a été et est l’objet de plusieurs types de critiques philosophiques et scientifiques.

Les critiques rationalistes, comme celle de Bertrand Russell ou de Lucrèce, estiment que toute religion répond en premier lieu à un sentiment de peur (peur de la nature, de la mort), qu’elle est favorisée par l’ignorance, et qu’elle se construit sur des valeurs qui conduisent à des pratiques cruelles et arbitraires qui entravent tout progrès dans le bien-être de l’humanité.

La plupart des grandes religions ont été conçues à des époques qui ne disposaient pas des connaissances qui ont été acquises depuis lors. Certaines connaissances que l’on trouve par exemple dans le Bible (le lapin rumine, le soleil tourne autour de la Terre, l’univers a été crée en 6 jours et est âgé de quelques milliers d’années) sont depuis devenues obsolètes ou fausses. Or, dans certains cas, ce sont des textes considérés comme sacrés, donc vrais, qui sont ainsi remis en cause par les sciences : en conséquence de quoi, la validité de ces textes devient sujette à caution.

Une autre difficulté, soulevée par les sceptiques,[20] est que si les dogmes des différentes religions ne sont pas compatibles entre eux, il s’en suit que toutes les religions sont fausses, sauf peut-être une. Dans tous les cas, la conclusion de ce raisonnement rationaliste est que des milliards d’êtres humains sont ou ont été dans l’erreur du fait de leurs croyances religieuses.

En tant qu’ensemble de croyances qui doivent être crues, la religion est une source d’intolérance morale et scientifique : elle ne connaît pas le doute, et fonde parfois sur son caractère absolu son rejet des connaissances nouvelles. Cette disposition d’esprit, qui s’oppose dans certains cas à la recherche (par exemple, le christianisme s’est opposé à un grand nombre de sciences des temps modernes : interdiction de l’anatomie, refus de l’héliocentrisme et de l’évolutionnisme) peut conduire à brûler ses adversaires, à les torturer ou à les contraindre à se rétracter. (cf. Vanini, Galilée). Pour les rationalistes comme Bertrand Russell, ou pour des critiques de la religion comme Nietzsche, si les religions contemporaines se présentent sous des formes plus tolérantes, ce n’est pas du fait de progrès voulus, mais parce que les sciences les ont contraintes à réviser leurs dogmes.[21]

Du point de vue de l’éducation et des sociétés, quand une religion repose sur des dogmes que l’on ne peut remettre en cause sous peine d’hérésie, elle tend à maintenir des populations dans l’ignorance : le libre examen et l’instruction sont proscrits (par exemple l’étude de la médecine ou de la météorologie est assimilée à de la sorcellerie) au profit du seul apprentissage de textes dits sacrés (Bible, Coran). Cet obscurantisme favorise les mouvements de foules hystériques, comme les chasses aux sorcières ou l’interprétation de faits naturels, aujourd’hui expliqués par les sciences, comme des châtiments divins ou des interventions diaboliques (exemple de la comète de Halley).

Du point de vue de la psychologie, dans certaines religions qui tendent à contrôler la sexualité des croyants, de fortes souffrances morales sont associées aux pulsions, ces souffrances étant appelées culpabilité. Quand des comportements déviants sont menacés de peines infernales et éternelles, la religion nourrit un climat de terreur psychologique.[22] C’est pourquoi, les religions qui favorisent la culpabilité sont accusées d’entretenir la misère terrestre et de refuser tout bonheur à l’être humain.[23]

[modifier] Liberté de religion

Icône de détail Article détaillé : Liberté de religion.

La liberté de religion est le droit de choisir et de pratiquer sa religion. Il implique également le droit de changer de religion. On la distingue parfois de la liberté de conscience qui comprend également le droit à l’athéisme. Le fait de pouvoir choisir sa religion est considéré aujourd’hui comme un droit fondamental. Le respect de ce droit est un indicateur du respect des libertés individuelles. Dans certains pays, les principes de la liberté de conscience, bien qu’affichés, peuvent être plus ou moins entravés. En Malaisie, par exemple, la liberté de religion est inscrite dans la constitution, mais des dispositions légales interdisent en fait aux musulmans d’abandonner l’islam.

Les apostats seraient (10 millions[réf. nécessaire]) dans le monde. Ils peuvent être des non-croyants ou des convertis à une autre religion. Le phénomène serait en expansion en Europe : s’appuyant sur les lois [24] issues des directives européennes, un nombre de plus en plus important de personnes ayant été baptisées enfants adressent à leur paroisse de baptême une déclaration d’apostasie pour être débaptisés ou parce qu’elles ne veulent plus « cautionner les propos des dirigeants de ces mouvements religieux ». L’Église catholique romaine est de très loin la principale visée.

Voir aussi : Apostasie dans le christianisme - Apostasie dans l'islam

[modifier] Voir aussi

[modifier] Portails de Wikipédia

La complexité du fait religieux fait l'objet de nombreux "portails" sur wikipédia :

  • Portail:Spiritualité
  • Portail:Théopédia Le portail Théopédia est consacré aux religions et croyances.
  • Portail:Christianisme Ce portail est destiné à faciliter la navigation entre tous les articles consacrés à la religion chrétienne comme à ses différentes branches.
  • Portail:Monde arabo-musulman La civilisation arabo-musulmane est une des plus grandes civilisations de l'histoire de l'humanité.
  • Portail:Bouddhisme Le bouddhisme est l'un des grands systèmes de pensée et d'action orientaux, né en Inde au VIe siècle av. J.-C.

[modifier] Liens internes

Pages sur ce thème sur les projets Wikimedia :

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Bien que ce soit un sujet de débat, on ne réserve plus exclusivement le terme de culture aux êtres humains. Voir Whiten et Boesch, La culture des chimpanzés, in Pour la science, dossier n°57, octobre/décembre 2007.
  2. (en)Critical Terms for Religious Studies (Jonathan Smith)
  3. Maureille, B. Les premières sépultures, Le Pommier / Cité des sciences et de l'industrie, (2004)
  4. Pour plus de détails, on peut également consulter cette carte des religions dans le monde
  5. World Christian Encyclopedia (Oxford University Press), sur laquelle s’appuie l’Encyclopedia Britannica et en grande partie Adherents.com
  6. Brève présentation de D.B.Barrett et de son travail (anglais)
  7. David B. Barrett
  8. adherents.com
  9. ab mormonisme.com
  10. L'état de la Religion, National geographic (France), numéro 102, mars 2008, source : World Christian Database
  11. Ignace de Loyola, Exercices spirituels, 1548, « Annotations préalables », 1.
  12. Création avec une majuscule n'est utilisé que quand la création est envisagée sous l'hypothèse d'une intervention « divine ».
  13. C’est le cas historiquement de l’inquisition ou de tribunal islamique.
  14. C’est dans cette mesure que Daniel Lindenberg en vient à se poser la question de savoir si les religions « sont naturellement intolérantes ». Dans pratiquement toutes les grandes religions, la doctrine et les responsables religieux condamnent officiellement toute forme de violence commise au nom de la religion; mais inversement, il est fréquent de trouver des arguments à caractère religieux dans les discours de meneurs. Le caractère véritablement religieux de tels troubles prête donc à discussion, suivant que l’on retient que la composante religieuse est présente dans les troubles, ou qu’elle n’a été qu’instrumentalisée pour une fin qui lui est en réalité étrangère.
  15. Et l'homme créa les dieux
  16. Les philosophes Grecs eurent eux aussi maille à partir avec les croyances de leur temps, sous le chef du crime d’impiété dont plus d’un a dû se défendre.
  17. La lettre encyclique Fides et Ratio de Jean-Paul II se veut un argumentaire du point de vue catholique sur cette épineuse question du statut de la vérité : Texte de l’encyclique en français.
  18. On se souvient que la question « Que puis-je connaître ? » est une des trois grandes questions de la philosophie pour Kant.
  19. Claude Henri de Saint-Simon, Nouveau christianisme, éditions de l’aube, Paris, 2006, 87 p., (ISBN 2752602669).
  20. Ceux de l’Antiquité (cf. Sextus Empiricus), comme les modernes).
  21. cf. Bertrand Russell, La religion a-t-elle contribué à la civilisation ?
  22. cf. Nietzsche, L’Antéchrist.
  23. cf. Bertrand Russell, Science et religion.
  24. Article 40 de la loi du 6 janvier 1978 modifiée relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés

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