Direction générale de la sécurité extérieure

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La Direction générale de la sécurité extérieure, couramment connue sous le sigle DGSE, qui s’appelait Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) avant 1982, est le service de renseignement extérieur de la France.

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Sa devise est « Partout où nécessité fait loi », qui traduit la raison d'État[1].

Sommaire

[modifier] Fonctionnement

Sous l’autorité du ministre français de la Défense, elle est chargée, selon les termes du décret du 2 avril 1982[2] qui a procédé à sa refondation, « de rechercher et d’exploiter les renseignements intéressant la sécurité de la France, ainsi que de détecter et d'entraver, hors du territoire national, les activités d’espionnage dirigées contre les intérêts français afin d’en prévenir les conséquences ». Avant ce décret, ce service s’appelait le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE).

La DGSE est membre de la Communauté française de renseignement.

[modifier] Organisation

La DGSE comprend les services suivants :

  • la direction de l’administration ;
  • la direction des opérations (dont le Service action ou SA est une composante), chargée des opérations clandestines ;
  • la direction du renseignement ;
  • la direction de la stratégie ;
  • la direction technique, qui recherche et exploite les renseignements d’origine technique, propose et met en œuvre les orientations de la DGSE dans les domaines techniques ;
  • Alliance Base, service de contre-terrorisme mis en place par Jacques Chirac, alors président de la République, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, qui s’occupe d’opérations conjointes avec la CIA et d’autres services étrangers.

[modifier] La Division action

La Division action est chargée de la planification et de la mise en œuvre des opérations clandestines.

La Division action remplit aussi des missions d’évaluation de la sécurité de divers bâtiments comme les centrales nucléaires d’EDF (comme l'a dévoilé Le Canard enchaîné dans son article « Quand la DGSE posait de fausses bombes à Bugey » du 25 avril 1990), ainsi que des bâtiments militaires comme des installations de réparation des sous-marins nucléaires de Brest.

Son quartier général (QG) est au fort de Noisy-le-Sec.

Chefs du Service action et de la Division action :

  • 1971-1976 : colonel André Devigny
  • 1976-1980 : colonel Gaigneron de Marolles
  • 1980-1982 : colonel (puis général) Georges Grillot
  • 1982 – novembre 1984 : colonel Jean-Pol Desgrees du Lou
  • novembre 1984 - 1986 : colonel Jean-Claude Lesquier
  • 1986 – septembre 1987 : colonel (puis général de brigade) Jean Heinrich
  • septembre 1987 – décembre 1989 : colonel Pierre-Jacques Costedoat
  • décembre 1989 - ? : Christian Vie

L’actuelle Division action de la DGSE est issue du Service action du SDECE. Le bras armé du Service action était le 11e bataillon parachutiste de choc (11e BPC ou « 11e Choc »).

Il fusionne avec le 12e BPC de Calvi en octobre 1955 pour donner naissance à la 11e demi-brigade parachutiste de choc (11e DBPC), qui mènera un grand nombre d’opérations pendant la guerre d'Algérie. Le 16 avril 1956 est créé le Centre d’instruction des nageurs de combat (CINC), intégré à la 11e DBPC. Le 26 octobre 1960, le CINC est transféré à Aspretto (Corse).

En réalité, le CINC est l’unité des nageurs de combat de la DGSE, leur formation est assurée par l’école de plongée (CNC : cours nageurs de combat) de Saint-Mandrier.

La 11e DBPC est dissoute le 31 décembre 1963 suite à la fin de la guerre d'Algérie, et ses missions sont en partie reprises par les soldats du 13e régiment de dragons parachutistes (13e RDP) et du GO (groupement opérationnel) du 1er régiment parachutiste d'infanterie de marine (1er RPIMa), généralement pour des opérations contre des guérillas d’idéologie plus ou moins marxistes en Afrique.

Le Service action, très réduit depuis la dissolution de la 11e DBPC, est reformé et redynamisé à partir de 1971 sous la direction d’Alexandre de Marenches.

En 1981, le Service action est renommé Division action, même si le nom de Service action perdure.

Le 4 avril 1982, le SDECE est remplacé par la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). La Division action se fait rapidement mal voir du nouveau gouvernement socialiste, avec ses échecs au Liban en riposte à l’attentat du Drakkar en 1983, et surtout le sabotage du Rainbow Warrior de Greenpeace le 10 juillet 1985 et l’affaire des « époux Turenge ».

Cette affaire a deux conséquences majeures. D’abord, le CINC est dissous et sa mission est reprise par le centre parachutiste d'entraînement aux opérations maritimes (CPEOM) à Quélern (Bretagne), mais cette restructuration hâtive dégrade les capacités des nageurs de combat de la DGSE, car des cadres expérimentés ne veulent pas déménager vers le CPEOM, et les conditions de sécurité entourant la base de l’île Longue (base des SNLE de la Force océanique stratégique) réduisent largement les occasions d’entraînement à la plongée sous-marine.

Ensuite, le 1er novembre 1985, le 11e BPC est recréé sous le nom de 11e régiment parachutiste de choc (11e RPC), basé à Cercottes (Loiret) au CIRP (Centre d’instruction des réserves parachutistes) et ayant repris les traditions de la 11e DBPC.

Le « 11e choc » n’est ni confondu ni intégré à la Division action, mais sert plutôt de réservoir de spécialistes qui sont prélevés individuellement à chaque opération. Jusqu’en 1988, les hommes du 11e RPC utilisaient comme couverture le 89e bataillon des services.

Le « 11e choc » participera notamment à l’assaut de la grotte d'Ouvéa le 5 mai 1988, au cours duquel deux de ses hommes, l’adjudant Pedrazza et le soldat Veron, seront tués.

En 1992, le 11e RPC est conservé malgré les réformes des services de renseignement et des forces spéciales consécutives à la fin de la guerre froide, qui se traduisent notamment par la création du Commandement des opérations spéciales (COS), dans lequel le « 11e choc » n’est pas intégré.

Il est finalement dissout le 30 juin 1993, dans une grande discrétion. Ses fonctions sont reprises par trois centres d’entraînement : le CPES (Cercottes[réf. nécessaire]), le CPIS (Perpignan[réf. nécessaire]) et le CPEOM (Quelern[réf. nécessaire]). Le Service action est doté d'une unité aérienne clandestine appelée Groupe aérien mixte 56 (GAM 56). Basé à Évreux, il est doté d’hélicoptères Cougar et d’avions de transport tactiques de type Transall et Twin Otter[réf. nécessaire].

[modifier] Installations

Le siège de la DGSE, officiellement désigné Centre administratif des Tourelles (CAT), se trouve en partie à Paris, au 141 boulevard Mortier, à proximité de la Porte des Lilas, dans le 20e arrondissement (48°52′28″N 2°24′25″E / 48.87444, 2.40694). Ses membres la désigneraient sous le nom de « centrale » ou de « Mortier » en raison de son adresse. Le grand public l'a surnommé la « piscine » en raison de sa proximité avec la piscine des Tourelles.

Le QG de la Division action est au fort de Romainville à Noisy-le-Sec.

Le projet « Fort 2000 », lancé en 1992, devait permettre de déménager le siège de la DGSE à Noisy-le-Sec, où se trouvait déjà le QG de la Division action.

Ce projet a été perturbé par le manque de budget : les crédits d’études n’ont été débloqués dans le budget de la défense qu’en 1994, suivis des crédits des premiers travaux en 1995.

Le financement du projet a été revu à la baisse, passant de 2 milliards de francs à 1 milliard, et a subi l'opposition des riverains du fort qui craignaient les nuisances sonores dues à l’augmentation des survols d’hélicoptères, ainsi que de mouvements écologiques car la zone du fort abrite une espèce rare de crapauds.

Le projet a été abandonné en mai 1996. À la place, la DGSE a reçu des locaux supplémentaires, ceux occupés auparavant par une unité du train en face de la « piscine ». Le boulevard Mortier où se situent les principaux locaux administratifs étant dangereux pour les piétons, un tunnel a été mis en place pour faciliter les mouvements du personnel d'un côté à l'autre du boulevard.

La DGSE partage en outre certaines de ses bases avec le Service fédéral de renseignement allemand (Bundesnachritendienst ou BND), comme à Kourou, en Guyane française, et gère certaines de ses installations avec la Direction du renseignement militaire (DRM).

[modifier] Effectifs

En 2007 la DGSE avait un effectif total théorique de 4 620 agents[3]. En 1999, la DGSE employait 2 700 civils et 1 300 officiers et sous-officiers. Elle bénéficie également d’un réseau de correspondants bénévoles, basés en France ou à l’étranger, appelés « honorables correspondants ». La DGSE est directement gérée par le ministère de la Défense.

Dans les faits, les effectifs de la DGSE seraient voisins de 4 400 agents, hors Division action (de 800 à 1 000 hommes).

[modifier] Budget

Il se compose d’un budget officiel, constitué d'une part du budget de la défense de l'État français (voté par le Parlement) qui se chiffre aux environs de 270 millions d’euros et de crédits provenant des fonds spéciaux des services du Premier ministre (et dont l’objet est de financer certaines activités opérationnelles de la Division action) dont le montant n’est connu que globalement (son usage est secret).

Quelques budgets ont été connus :

  • 1991 : 0,9 milliard de francs ;
  • 1992 : 1 milliard de francs ;
  • 1997 : 1,36 milliard de francs ;
  • 1998 : 1,29 milliard de francs ;
  • 2007 : 450 millions d'euros plus 36 millions de fonds spéciaux[3].

Selon Claude Silberzahn, un des anciens directeurs, le budget se répartirait comme suit : 25 % renseignement militaire, 25 % renseignement économique et 50 % renseignement diplomatique.

Additionnellement, des officiers de la DGSE se voient chargés de la gestion d'un patrimoine clandestin constitué au lendemain de la Première Guerre mondiale par une partie des indemnités que l'Allemagne a versées à la France en application du Traité de Versailles de 1919. Ce patrimoine n'est en principe pas destiné à financer des opérations de la DGSE, mais à rester disponible pour pouvoir assurer la continuité de l'État en cas de crise, notamment financer un gouvernement en exil si le territoire national venait à être mis en danger, par exemple en cas d'invasion.

[modifier] Activités

Les activités de la DGSE sont diverses :

Le contre-espionnage sur le territoire français n’est pas assuré par la DGSE mais par la Direction de la surveillance du territoire (DST), placée sous l’autorité du ministre de l’Intérieur. Par conséquent, la DGSE n’est pas censée agir sur le territoire français (de même que la DST n’est pas censée intervenir à l’étranger).

[modifier] Opérations connues

[modifier] Directeurs généraux du SDECE (1944-1981)

[modifier] Directeurs généraux de la DGSE (1981-aujourd'hui)

Le directeur général de la DGSE peut être un haut fonctionnaire civil ou militaire.

[modifier] Agents connus ou supposés

Icône de détail Voir aussi la catégorie Personnalité de la DGSE

En raison des activités secrètes des agents de la DGSE (et avant du Sdece), il n'est pas toujours facile d'établir l'appartenance de certaines personnes à ce service :

  • Pierre Martinet dit Florent (alias Vincent Cassard et Vincent Seyriès) (cf. bibliographie) ;
  • Françoise Claustre, otage au Tchad, fait l’objet d’âpres négociations. Son officier traitant, le commandant Pierre Galopin est exécuté le 4 déc. 1975.
  • Philippe de Dieuleveult agent disparu en 1985 lors de l’expédition Africa-Raft au Zaïre. Les conditions de sa disparition n’ont toujours pas été élucidées. On évoque que le fait d'avoir été un agent de la DGSE aurait été le motif de son assassinat ;
  • Colonel Alain Mafart (alias Alain Turenge), nageur de combat ayant aidé à poser les charges explosives sous le Rainbow Warrior, aujourd’hui photographe animalier (cf. bibliographie) ;
  • Ludovic Noel, agent supposé, né en 1966, ancien des Commandos de recherche et d'action en profondeur (Crap) et du CPA 20 de Villacoublay, officier de la DGSE sous IF (identité fictive) depuis 1989. Remarqué dans l’entourage de Meir Dagan (Mossad), il semble être lié à l'assassinat de Gérard Bull par le Mossad en mars 1990 à Bruxelles[réf. nécessaire] ;
  • Boillin Alexandre dit Don Boillini, agent supposé disparu au large de la Sicile en 1994 ;
  • Lieutenant-colonel Dominique Prieur (alias Sophie Turenge) : les faux époux Turenge sont impliqués dans l’affaire du Rainbow Warrior (cf. bibliographie) ;
  • Jamet Stanislas dit Staz Never, agent supposé depuis 1950 disparu en 1970. Les conditions de sa disparition n’ont toujours pas été élucidées ;
  • Gérard Royal, frère de Ségolène Royal. Il a participé à l’opération Modèle:Gui contre le Rainbow Warrior ;
  • Lieutenant-colonel Bernard Nut, chef de mission, mort en service à Rigaud, le 15 février 1983 ;
  • Jean-Claude Bedossa, ancien officier de la DGSE, agent depuis 1945, mort en 1992 ;
  • Alain Rodier, ancien officier de la DGSE.
  • Guillaume Didier, ancien officier de la Division action de la DGSE, disparu sans laisser de traces en 2003 après l'échec d'une opération-homo au Maroc. Les conditions de sa disparition n'ont toujours pas été élucidées.

[modifier] La DGSE dans la fiction

[modifier] Au cinéma

[modifier] À la télévision

[modifier] Dans les romans

[modifier] Références

  1. Cours 9 : Le renseignement et la sécurité nationale
  2. Décret n°82-306 du 2 avril 1982 portant création et fixant les attributions de la direction générale de la sécurité extérieure, sur Légifrance.
  3. ab Travaux de la commission des affaires étrangères du Sénat, 29 novembre 2006.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Articles connexes

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[modifier] Liens externes

  • La DGSE sur le site du Ministère de la Défense
  • La DGSE sur le site Service-public.fr