Direction de la surveillance du territoire

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La Direction de la surveillance du territoire (DST) est un service de renseignements du ministère de l'Intérieur chargé historiquement du contre-espionnage en France. Cette dernière compétence n’est plus la seule qui soit dévolue à la DST ; depuis la disparition du bloc soviétique, s’y ajoutent la lutte anti-terroriste, la lutte contre la prolifération (matériels sensibles ou militaires) et la protection du patrimoine économique et scientifique français. Cette dernière spécialité relève de l’intelligence économique. Elle est membre de la communauté française de renseignement. Elle constitue sans doute la structure la moins visible et l'une des plus discrètes de la police nationale. C'est que sa mission de contre-espionnage civil et militaire ne concerne pas le grand public et requiert une confidentialité particulière. L'identité des personnels ainsi que la nature des opérations auxquelles ils participent relèvent d'ailleurs du secret-Défense et du confidentiel Défense.

Selon un projet de loi présenté actuellement par le gouvernement, la DST va être fusionnée avec la Direction centrale des Renseignements généraux, sous le nouveau nom : Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).

Sommaire

[modifier] Histoire de la DST

La Surveillance du Territoire (ST) est un service de police créé en 1934 par le gouvernement de Gaston Doumergue et renforcé en 1937 par le Front populaire. Il a permis l'arrestation de nombreux espions allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs de ses membres rejoindront d'ailleurs la Résistance.

La DST succède à la ST par une ordonnance du 16 novembre 1944, signée du général de Gaulle et relative à l'organisation du ministère de l'Intérieur, que vint compléter un arrêté du 22 novembre 1944. Elle est confiée à Roger Wybot, qui avait dirigé à Londres, à partir de décembre 1941, la section de contre-espionnage du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA).

Le Général de Gaulle établit la DST cette même année, fixant ses attributions et ses structures internes. Selon Phillipe Bernert, la création de la direction marquait une petite révolution car, pour la première fois en France, le contre-espionnage échappait au contrôle de l'armée. Roger Wybot prit soin de lui assurer une indépendance totale et mit l'accent sur l'exploitation du renseignement qu'il confia à un service de documentation créé à son initiative.

La tâche dévolue aux "documentalistes" de ce service nouveau et interne à la DST consistait principalement à exploiter les informations transmises par les agents de terrain et à mettre à jour un fichier nominatif. Il leur revenait en outre d'identifier par recoupement les résidents étrangers suspectés de se livrer à des activités d'espionnage et de terrorisme ainsi que, en cas d'arrestation d'un suspect, de préparer les schémas d'interrogatoires.

Les succès majeurs de la DST sont l'exploitation de Farewell (cf. infra) et l'arrestation du terroriste international Ilich Ramírez Sánchez dit Carlos.


[modifier] Missions

Actuellement, les grandes missions de la DST sont le contre-espionnage intérieur, la protection du patrimoine industriel, scientifique et technologique ainsi que la lutte contre le terrorisme intérieur. La DST s'articule autour de quatre grandes divisions :

  • Division de la surveillance du Monde musulman et contre-terrorisme
  • Division sécurité, protection du patrimoine et prolifération
  • Division contre-espionnage intérieur
  • Division des services techniques et de l'informatique

Les liens traditionnels que la France entretient avec l'Afrique, le Proche-Orient et le Moyen-Orient ont contribué à faire de la DST l'un des services de renseignements occidentaux les plus performants en matière de contre-terrorisme islamiste radical.

La DST assure des missions se rapportant à la défense, dirigées sur la recherche, la prévention et la lutte contre toutes les activités inspirées ou soutenues par des puissances étrangères et de nature à menacer la sécurité et la souveraineté du pays et de son patrimoine à tous les niveaux. Elle est organisée en services centraux (de compétence nationale) et en services territoriaux. Elle entretient également des antennes dans certains pays étrangers.

La DST à en charge la police des communications radio (PCR), c'est-à-dire la recherche d'émetteurs clandestins grâce à des stations d'écoute. Un plan national des fréquences est programmé sur un ordinateur, et toute émission non répertoriée provoque ainsi un état d'alerte. Il est alors procédé à l'enregistrement du contenu de l'émission puis à sa localisation.

La DST de par ses attributions est chargée de protéger les entreprises françaises contre l'espionnage économique, scientifique et industriel. Ces cas d'espionnage se sont considérablement développés au cours des dernières années, ils constituent désormais 60% des cas détectés, contre 40% pour l'espionnage politique, diplomatique et de défense.

Un nombre important d'entreprises françaises font l'objet d'espionnage de la part de puissances étrangères.

[modifier] Localisation et effectifs

Le siège de la DST se trouve à Paris au 84, rue de Villiers à Levallois-Perret (7 rue Nélaton-75015 PARIS selon le site officiel). L'organisation exacte de la Direction ainsi que l'identité des agents qui y travaillent sont couverts par le secret défense (avis du Conseil d'État du 19 juillet et du 29 août 1974). Ses effectifs sont de 1419 fonctionnaires au 1er Janvier 2000. Mais depuis le 11 septembre 2001, ses effectifs et ses moyens spéciaux et techniques dans la lutte anti-terroriste ont augmenté de façon significative.

Selon une communication en conseil des ministres du 20 juin 2007 sur « la revue générale des politiques publiques », « la fusion des services de renseignement » fait partie des chantiers prioritaires fixés par le Premier ministre.

[modifier] Organisation

La DST dépend du Premier ministre, via le ministre de l'Intérieur, mais aussi de la Direction générale de la police nationale (DGPN).

[modifier] Services

Parmi les autres services centraux, on trouve un service de documentation et d'exploitation qui assure la centralisation de tous les renseignements recueillis par les fonctionnaires du service et qui bénéficie de sections spécialisées en province. Le but de ce service est d'assurer un contrôle total des documents liés aux informateurs et aux agents (simples ou doubles), depuis leur recrutement jusqu'à la cessation de leurs rapports avec le service.

En ce qui concerne les activités dans le domaine de l'informatique, la DST a aussi créé un département des systèmes informatiques en 1986.

Le 27 juin 1975, la division Moyen-Orient de la DST s'est vu attribuer des moyens humains et matériels supplémentaires afin de lui permettre de s'impliquer plus sérieusement dans les affaires de terrorisme. Elle dispose de moyens plus importants que les autres divisions de la DST : voitures rapides, matériel de photographie très sophistiqué pour l'époque, et des moyens permettant de réaliser des écoutes téléphoniques, des récepteurs et émetteurs pour marquer et suivre des véhicules ou des personnes. Ces techniques étaient à l'avant-garde de nombre de services de contre-espionnage en Europe et dans le monde à cette époque.

[modifier] Organisation territoriale

Il existe une antenne de la DST par région militaire et par zone de défense répartie sur l'ensemble du territoire :

  • Direction régionale Lille
  • Direction régionale Rennes
  • Direction régionale Bordeaux
  • Direction régionale Marseille
  • Direction régionale Metz
  • Direction régionale Lyon
  • Direction régionale Tours
  • Détachement Antilles-Guyane
  • Détachement Réunion
  • Détachement Polynésie
  • Détachement Nouvelle-Calédonie

[modifier] Groupe de soutien opérationel et d'interpellations

La DST bénéficie d'un groupe d'opérateurs du RAID. les fonctionnaires de ce corps d'élite de la police nationale assistent les enquêteurs de la DST pour les interpellations et leurs protections depuis 1987. À savoir que dans Paris et en Île-de-France, le RAID a une astreinte pour la DST de 8 à 24 opérateurs du groupement d'intervention, pour sécuriser les lieux et procéder à l'effraction et à l'interpellation des individus incriminés.

Pour les directions régionales en province, la DST est aidée et soutenue par le GIPN et la BREC de la DCPJ décentralisé par les SRPJ ainsi que des corps d'élites de la police nationale pour les mêmes taches de sécurité et de protection que le groupement d'intervention RAID.

Les BREC sont des unités de police judiciaire, les fonctionnaires de ces brigades sont habitués aux interpellations difficiles et travaillent en tenue civile uniquement, elles disposent en l'occurrence des meilleurs enquêteurs liés au grand banditisme et aux trafics d'armes et de drogues.

[modifier] Directeurs de la DST

[modifier] « Affaires »

[modifier] Affaire du Canard enchaîné

Le 3 décembre 1973, des agents de la DST, déguisés en plombiers, ont été surpris en train d'installer un micro espion dans les bureaux du journal Le Canard enchaîné. Ce scandale entraîna la démission du ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin.

[modifier] Affaire Farewell

Qui était Farewell ? On présente généralement Vladimir Ippolitovitch Vetrov comme un étudiant doué, fréquentant assidûment les salles de sport et en outre père de famille attentionné. Toutes ces qualités le firent remarquer par les sergents recruteurs du KGB qui écumaient régulièrement les campus moscovites à la recherche de nouveaux talents. Ayant intégré les rangs de la principale centrale d'espionnage soviétique, sa carrière le vit tout d'abord opérer en France où il se montra à son avantage. Il séjourna ensuite au Canada avant de se voir attribuer un poste d'analyste à Moscou, affectation qu'il ressentit comme un désaveu. Il en conçut une certaine rancœur qui déborda tant dans sa vie professionnelle que dans sa vie personnelle : naguère officier de renseignement émérite, il finit par douter de tout, y compris de lui-même. La suite fut ainsi résumée par Serguei Kostine : Vladimir Ippolitovitch Vetrov se décide à faire le saut : au printemps 1980, il contacte le contre-espionnage français, la DST. L'aventure commence. Vetrov devint Farewell. Il semble que, dès le départ, le Soviétique entendait agir dans la durée, il se préoccupait donc en priorité de sa sécurité personnelle et tenant les services occidentaux d'espionnage extérieur comme tous pénétrés par le KGB, il les évita soigneusement. Ayant en outre résidé dans la capitale française, il connaissait bien les méthodes de la DST. Enfin Vetrov avait été en relation avec un Français répondant au nom de Jacques Prévost qui assurait le suivi des contrats signés par Thomson-CSF en Union soviétique notamment dans le domaine des télécommunications. Contredisant les propos tenus par Marcel Chalet, la DST s'avéra tétanisée par la crainte des opérations de manipulation dans la mise en œuvre desquelles les Soviétiques étaient passés maîtres. Cependant, et sur l'insistance de l'officier du KGB, le service français demanda à un cadre commercial d'une grande entreprise d'accepter de jouer au cheval de Troie. Ce que livra Vladimir Ippolitovitch Vetrov à l'espion de rencontre acheva de convaincre les fins limiers du contre-espionnage : c'était des informations de tout premier ordre. Au point, quelques mois plus tard , d'avoir inspiré à Ronald Reagan ce jugement aussi dithyrambique que lapidaire : « c'est l'une des plus grandes affaires d'espionnage du XXe siècle ».

Effectivement le bilan apparaît exceptionnel : selon Marcel Chalet, Vladimir Ippolitovitch Vetrov dit Farewell a remis exactement 2997 pages de documents émanant pour la plupart du KGB, la majeure partie de ses documents est frappée du cachet indiquant le niveau de classification maximal, Farewell a aussi donné à la DST la liste d'environ 250 noms de membres de ligne X du KGB c'est-à-dire les officiers de renseignement chargés de recueillir les renseignements scientifiques et techniques à travers le monde, et 170 agents du KGB appartenant à d'autres directions du KGB et du GRU. Le 5 avril 1983 la France demanda à 47 Soviétiques de quitter le territoire, sur ce total 40 étaient investis de fonctions diplomatiques, deux exerçaient le métier de journaliste et cinq officiaient dans différents organismes commerciaux.

[modifier] Regroupement avec les RG

Dès le 1er juillet 2008, les effectifs de la DST devraient fusionner avec la plus grande partie du personnel des RG au sein de la direction du renseignement intérieur.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe

[modifier] Bibliographie

  • Roger Faligot et Pascal Krop, DST: Police secrète, ed. Flammarion, 1999, ISBN 2080676202,
  • Philippe Bernert, Roger Wybot et la bataille pour la DST, Presses de la Cité, 1975
  • Jean Rochet, 5 ans à la tête de la DST, Plon, 1985
  • Éric Merlen et Frédéric Ploquin, Carnets intimes de la DST, Fayard, 2003