Philippe de Dieuleveult

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Philippe de Dieuleveult (4 juillet 1951 à Versailles - disparu le 6 août 1985 aux environs d'Inga, Zaïre) était l'animateur de la fameuse émission de télévision française la Chasse aux trésors, « un aventurier des temps modernes ».

Sommaire

[modifier] Biographie

Marié en 1977 avec Diane de Torquat, il a eu trois enfants : Erwann (1978), Tugdual (1981) et une fille Anaïd née le 14 août 1985, quelques jours après sa disparition. Il a également six frères : Yves (1938), Jacques (1939-1989), Guy (1941-1973), Jean (1942), Hugues (1946) et Éric (1950-1991).

Successivement caméraman puis pigiste à Antenne 2, il se destinera assez vite vers le reportage. En mars 1978, il se classe troisième à l'émission des télévisions francophones La Course autour du monde qui permettait aux candidats en échange d'un reportage par semaine, diffusé sur les télévisions francophones organisatrices, de partir à la découverte du monde pendant quatre mois, caméra Super 8 au poing.

Philippe de Dieuleveult a été engagé en 1979, comme journaliste reporter d'images (JRI) par Jean-Claude Criton, journaliste, producteur et réalisateur d'une émission spéciale pour FR3 (Le Nouveau Vendredi de Jean-Marie Cavada) sur le Tchad.

Il anime l'émission d'Antenne 2 La Chasse aux trésors le 15 mars 1981, qui passionnera la France pendant plus de quatre ans. Enregistrant l'émission chaque semaine dans un pays différent aux quatre coins du globe, il marque alors les Français par sa sympathie, son humour, et ses prises de risques (chute depuis un hélicoptère, plongée sous marine, saut en parachute en direct…). L'émission diffusée le dimanche soir arrivera souvent en tête des audiences. La Chasse aux Trésors reste pour beaucoup de téléspectateurs une extraordinaire émission à ce jour inégalée.

Dans le même temps que ses activités télévisuelles, il enregistre un disque, Los Angeles 84, en 1984 à l'occasion des JO, puis paraît son autobiographie J'ai du ciel bleu dans mon passeport (Grasset), qui en l'espace de cinq semaines devient un best-seller avec plus de 300 000 exemplaires vendus.

[modifier] Disparition

En 1985, Philippe de Dieuleveult entreprend la descente du fleuve Zaïre, deuxième fleuve du monde en terme de débit derrière l'Amazone avec ses 50 000 m3∙s-1, avec une dizaine de compagnons en raft. C'est l'expédition « Africa-Raft », comprenant deux radeaux pneumatiques. Le 6 août 1985, sa radio cesse d'émettre. Il disparaît mystérieusement avec six autres membres de l'opération aux environs du barrage hydroélectrique d'Inga. François Laurenceau et Jean-Louis Amblard ont survécu à l'expédition car ils ont estimé que les rapides d'Inga, réputés infranchissables, étaient trop dangereux et ont momentanément quitté l'expédition, le matin de la tragédie, sur l'Île aux Hippopotames. À cet endroit, le fleuve n'est pas navigable. Ce qui a justifié la construction du chemin de fer Matadi-Kinshasa entre 1890 et 1898.

À leur arrivée au barrage, le point de rendez-vous avec l'équipage, le 6 août à 14h00, les rescapés n'ont pas été harcelés, mais semblent avoir été tenus à l'écart du fleuve.

Les conditions de la disparition de Philippe de Dieuleveult n'ont toujours pas été éclaircies, laissant ouvertes les hypothèses de l'accident, la noyade, un assassinat ou une bavure de l'armée zaïroise.

[modifier] Hypothèse de l'assassinat

L'hypothèse de son assassinat a été évoquée en 1994 par un ex-officier des services secrets zaïrois qui affirme dans un livre intitulé "J’ai vu mourir Philippe de Dieuleveult" chez Michel Lafon, que Philippe de Dieuleveult a été assassiné. Dans ce livre, Okito Bene-Bene, ancien officier des services secrets du Zaïre, réfugié en Belgique en 1990, aujourd'hui décédé, dit avoir assisté à l'exécution de Philippe de Dieuleveult. Il décrit en détail les dernières heures de Philippe de Dieuleveult qui, mis au cachot et subissant des heures d'interrogatoire dans un camp militaire, aurait été exécuté avec quatre de ses compagnons dans la nuit du 9 août[1]. Cette hypothèse, qui ne semble s'appuyer sur rien d'autre que la parole de son rédacteur, semble plutôt tenir du fantasme et est rejetée par Tugdual de Dieuleveult qui privilégie la thèse de la bavure.

[modifier] Hypothèse de la bavure et de la noyade

Une enquête réalisée en 2006 par Tugdual de Dieuleveult pour une émission télévisée présente en effet un autre point de vue[2]. Selon ce reportage, la version la plus crédible est celle soutenue par Jean-Louis Amblard, à savoir une bavure de l'armée zairoise sur trois des participants (Philippe de Dieuleveult, Angelini, Lucien Blockmans) et d'une noyade pour les quatre autres (André Herault, Richard Janelle, Guy Colette et Nelson Bastos). Cette version est aussi soutenue par l'Amiral Lacoste (Chef de la DGSE à l'époque) et Gérard d'Aboville dans le reportage de Tugdual, mais l'absence d'indice de bavure laisse planer le doute.

Certains supposent que les autorités zaïroises et françaises auraient couvert l'accident en supportant la thèse de noyade avant d'avoir cherché à comprendre ce qui avait pu se passer. Les raisons de cette réaction de l'Etat auraient été d'ordre diplomatique et peut-être liées à l'appartenance supposée de Philippe de Dieuleveult à la DGSE. Cette appartenance a été formellement confirmée par Tugdual, le fils de Philippe de Dieuleveult, à la RTBF le 30 septembre 2007 (émission Bonnie & Clyde).

[modifier] Hypothèse de l'accident

Enfin, selon le journal Le Soir du 20 août 1985, c'est la thèse de l'accident qui est la plus vraisemblable[3]. Le journal relève que plusieurs employés du barrage ont regardé les radeaux pneumatiques dévaler les rapides. Ken Selman, un conseiller américain, raconte que le raft de Philippe de Dieuleveult a dérivé sur le fleuve avant le virage en tête d’épingle[4], puis a été happé par les courants vers l’Ouest devant le barrage. Il a vu plonger l’embarcation cinq secondes, sauter en l’air en se retournant et sombrer de nouveau avant de réapparaître. Salman et son collègue n’ont vu personne à bord. Ils ont aperçu une pagaie qui a effectivement été retrouvée sur le bateau échoué. Il ne croit pas qu’un équipage non attaché comme celui de Philippe de Dieuleveult, ait pu se maintenir sur le radeau au moment du looping. Le second raft aurait sans doute chaviré dès les premiers mètres des terribles rapides.

Néanmoins, certains éléments sèment le doute : un pot de café, une bouteille d’huile et une grande partie de l’équipement du radeau de Philippe de Dieuleveult semblent avoir été cachés ou rangés sous un rocher d’une crique de sable à côté du bateau. Il a été retrouvé dans une crique située à un kilomètre et demi en aval de l’aérodrome, sans trace de choc (contrairement à l’autre embarcation de l’expédition, retrouvée déchiquetée en amont, plus près du barrage), l’antenne radio intacte et le piquet d’amarrage dans l’eau au bout d’une corde.

De plus, le 12 août 1985, un ingénieur zaïrois, Tunasi Atanga et un ami affirment au journal Le Soir avoir vu le lendemain de la tragédie, le mercredi 7 août, vers 11h00, depuis un escarpement près du bout de l’aéroport[5], trois hommes blancs aller et venir autour du bateau intact. Ils « paraissaient ranger des sacs jaunes sur le bateau ». Les sacs de l’expédition étaient en effet jaunes vif. Il précise avoir allumé un feu et fait des signes avec une chemise blanche, mais, affirme-t-il, « ils ne semblaient pas en danger. » Vers 16h00, ces trois hommes blancs auraient disparu (partis dans la montagne ?)

Une semaine plus tard, Atanga n’est plus aussi formel sur la couleur de la peau des trois hommes, estimant qu’à cette distance d’environ un kilomètre et demi, à la jumelle, « on ne pouvait pas reconnaître la couleur de la peau .» Son ami affirme encore avoir vu trois hommes blancs.

Ce témoignage est capital et constituait, à l’époque de la disparition de Philippe de Dieuleveult et selon le journal Le Soir, « la clé du mystère ».

S’il peut sembler curieux qu’un seul des corps des sept membres de l’expédition ait été récupéré (celui de Guy Collette), cela pourrait s’expliquer par les tourbillons qui peuvent entraîner un corps vers le fond, le plaquer sous un rocher et par la présence de prédateurs (crocodiles de trois mètres de long et poissons carnivores mbenga.)

[modifier] Références

  1. Lire cet entretien avec Okito Bene-Bene
  2. Philippe De Dieuleveult : enquête sur un mystère. Une enquête de Tugdual de Dieuleveult et Jérôme Pin[pdf], Canal + dans Lundi Investigation, le 13 décembre 2006
  3. La disparition de l'expédition Dieuleveult : l'accident, thèse la plus vraisemblable article paru le 20 août 1985 dans le journal Le Soir
  4. Voir image satellite du site en lien externe
  5. Voir carte géographique en lien externe

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens externes