Démocide

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Génocides et Politicides de 1955 à 2001 Extrait de No Lessons Learned from the Holocaust?, Barbara Harff, 2003, [1]. Les estimations sont disputées.
Soudan Soudan 10/56-3/72 400,000-600,000
Sud Viêt Nam 1/65-4/75 400,000-500,000
Drapeau de la République populaire de Chine Chine 3/59-12/59 65,000
Irak Irak 6/63-3/75 30,000-60,000
Algérie Algérie 7/62-12/62 9,000-30,000
Rwanda Rwanda 12/63-6/64 12,000-20,000
République démocratique du Congo République démocratique du Congo 2/64-1/65 1,000-10,000
 Burundi 10/65-12/73 140,000
Indonésie Indonésie 11/65-7/66 500,000-1,000,000
Drapeau de la République populaire de Chine Chine 5/66-3/75 400,000-850,000
Guatemala Guatemala 7/78-12/96 60,000-200,000
Pakistan Pakistan 3/71-12/71 1,000,000-3,000,000
Ouganda Ouganda 2/72-4/79 50,000-400,000
 Philippines 9/72-6/76 60,000
Pakistan Pakistan 2/73-7/77 5,000-10,000
Chili Chili 9/73-12/76 5,000-10,000
Angola Angola 11/75-2001 500,000
Cambodge Cambodge 4/75-1/79 1,900,000-3,500,000
Indonésie Indonésie 12/75-7/92 100,000-200,000
Argentine Argentine 3/76-12/80 9,000-20,000
Éthiopie Éthiopie 7/76-12/79 10,000
République démocratique du Congo République démocratique du Congo 3/77-12/79 3,000-4,000
Afghanistan Afghanistan 4/78-4/92 1,800,000
 Birmanie 1/78-12/78 5,000
Salvador Salvador 1/80-12/89 40,000-60,000
Ouganda Ouganda 12/80-1/86 200,000-500,000
Syrie Syrie 4/81-2/82 5,000-30,000
Iran Iran 6/81-12/92 10,000-20,000
Soudan Soudan 9/83-2003 2,000,000
Irak Irak 3/88-6/91 180,000
Somalie Somalie 5/88-1/91 15,000-50,000
 Burundi 1988 5,000-20,000
Sri Lanka Sri Lanka 9/89-1/90 13,000-30,000
Bosnie-Herzégovine Bosnie-Herzégovine 5/92-11/95 225,000
 Burundi 10/93-5/94 50,000
Rwanda Rwanda 4/94-7/94 500,000-1,000,000
Serbie Serbie 12/98-7/99 10,000
Les démocides du XXe siècle ont causé plus de 250 millions de morts. Extrait de Death by Government, Rummel, 1987 [2]. Plusieurs estimations ont été révisées après la première publication. [3] [4] [5]. Les estimations de Rummel ne sont pas unanimement admises.
Cambodge Cambodge 1975-1979 2,035,000
Chine 1928-1949 10,075,000
Drapeau de la République populaire de Chine Chine 1949-1987 77,277,000
Chine (Mao) 1923-1949 3,465,000
Colonialisme 1900-Indépendance 50,000,000
Congo 1885-1908 XXe siècle: 3,480,000
total de 10,000,000
Allemagne Allemagne 1933-1945 20,946,000
Japon Japon 1936-1945 5,964,000
Pakistan Pakistan 1958-1987 1,503,000
 Pologne 1945-1948 1,585,000
Mexique Mexique 1900-1920 1,417,000
Corée du Nord Corée du Nord 1948 à aujourd'hui 1,563,000
Russie Russie 1900-1917 1,066,000
Turquie Turquie 1909-1918 1,883,000
Viêt Nam Viêt Nam 1945-1987 1,670,000
Yougoslavie Yougoslavie (Tito) 1944-1980 1,072,000
URSS URSS 1917-1991 61,911,000
Démocides particuliers antérieurs au XXe siècle. Extrait de Death by Government, Rummel, 1987 [6].
Croisades chrétiennes 1095-1272 1,000,000
Croisade des Albigeois 1208-1249 200,000
Par l'invasion des Mongoles 14e-15e siècle 29,927,000
Par l'occupation des Aztèques Plusieurs siècles >1,000,000
Guerre de Trente Ans 1618-1648 5,750,000
Chasse aux sorcières 15e-17e siècle 100,000
Inquisition espagnole 16e-18e siècle 350,000
En Chine 221 Av. J.-C.-19e siècle 33,519,000
En Iran 5e-19e siècle >2,000,000
En Russie 10e-19e siècle >1,007,000
Dans l'Empire ottoman 12e-19e siècle >2,000,000
En Inde 13e-19e siècle >4,511,000
Esclavage des Africains 1451-1870 17,267,000
Au Japon 1570-19e siècle >1,500,000
Génocide indien 16e-19e siècle 13,778,000
Révolution française 1793-1794 263,000
Dictateurs les plus sanglants du millénaire.Rummel, [7][8][9]. Les estimations de Rummel ne sont pas unanimement admises.
Dynastie Qing,
principalement l'Impératrice Cixi
1859-64,
Rébellion Taiping
12,000,000
Genghis Khan 1215-1233 4,000,000
Adolf Hitler 1933-1945 7,000,000
Tchang Kaï-chek 1927-1949 10,000,000
Kubilai Khan 1252-1279 19,000,000
Vladimir Lénine 1917-1924 4,000,000
Léopold II de Belgique 1885-1908 10,000,000
Pol Pot 1975-1979 2,000,000
Joseph Staline 1929-1953 11,000,000
Hideki Tojo 1941-1945 4,000,000
Mao Zedong 1949-1976 50,000,000 à 70,000,000

Démocide est un terme créé par le spécialiste de la Science politique R. J. Rummel pour disposer d'un concept plus large que la seule définition légale de génocide.

Sommaire

[modifier] Définition

Pour Rummel, le génocide a trois sens différents. Le sens commun est le meurtre par le gouvernement d'une population en raison de son appartenance nationale, ethnique, raciale, ou religieuse. Le sens légal de génocide est celui du traité international de la Convention sur la Prévention et la Punition du Crime de Génocide. Il inclut aussi les actes non fatals qui finissent par entraîner la mort du groupe, comme les avortements ou stérilisations forcés, ou qui transfère de force les enfants de cette population à une autre. Le sens plus général du génocide est identique au sens commun mais inclut aussi les assassinats politiques ou meurtres intentionnels par le gouvernement. C'est pour éviter la confusion entre ces trois significations que Rummel a créé le mot démocide désignant ce dernier sens.

Rummel définit explicitement le démocide comme "Le meurtre d'une personne ou d'une population par un gouvernement, y compris le génocide, le politicide, et les exécutions de masse". Par exemple, le meurtre initié ou ordonné par un gouvernement pour des raisons politiques serait considéré comme un démocide. Le démocide peut aussi inclure les morts induites par "l'irrespect intentionnel, ou consciemment cruel et ignoble pour la vie humaine"; ce qui permet de prendre en compte de nombreuses morts dues à des abus divers et à des négligences volontaires, comme les famines organisées. Rummel exclut les batailles entre soldats explicitement. La peine capitale, les actions entreprises contre les civils armés lors des répressions d'émeutes ou de manifestations violentes, et les morts de non-combattants lors des attaques sur des cibles stratégiques militaires (dommage collatéral), ne rentrent pas dans sa définition du démocide[1].

Rummel ajoute: "J'utilise la définition civile du meurtre, qui dit que quelqu'un peut être coupable de meurtre s'il est responsable de la perte d'une vie à cause d'un irrespect conscient pour cette vie, comme lors de l'enfermement de gens dans des camps où ils meurent rapidement de malnutrition, de maladies non soignées, et d'épuisement dans des travaux forcés, ou par la déportation vers des terres désolées où ils risquent de mourir rapidement d'exposition aux intempéries et de maladie."

Les exemples de démocide proposés incluent les Grandes Purges perpétrées par Joseph Staline en Union soviétique, les morts dues aux politiques coloniales dans l'État indépendant du Congo, et le Grand Bond en Avant de Mao Zedong résultant en une famine qui tua des millions de Chinois. Ces exemples ne sont pas des génocides, car les victimes n'en ont pas été sélectionnées suivant un critère racial ou ethnique, mais ont été tués en grand nombre par l'exercice des politiques gouvernementales. La famine est classée comme démocide si elle remplit la définition ci-dessus.

En fait, Rummel n'avait pas classé le Grand Bond en Avant comme démocide jusqu'à récemment. Il pensait que les politiques de Mao étaient bien largement responsables de la famine, mais de manière involontaire ou par erreur, et avait changé de politique après avoir appris leur résultat. Donc une famine non-intentionnelle ne constitue pas un démocide. Des révélations nouvelles tirées de Mao: the Unknown Story indiquent que Mao anticipait la famine depuis le début de l'application de son programme politique. Il n'avait été convaincu de changer de politique que par la réunion de 7,000 hauts-membres du Parti Communiste, donc la famine était bien intentionnelle et peut être qualifiée de démocide.

[modifier] Recherche sur le démocide

Les accusations d'exécutions de masse par un gouvernement sont assez courantes. Les cas moins courants sont les accusations documentées et appuyées par des preuves tangibles. Pratiquement toutes les accusations de démocide sont disputées, mais la solidité des preuves varie au cas par cas.

Les sources utilisées par Rummel incluent des études académiques, des témoignages de réfugiés, des mémoires, des biographies, des analyses historiques, des décomptes d'exhumations de corps, des traces écrites tenues par les meurtriers eux-même, etc. En bref les données utilisées sont toutes les estimations disponibles en Anglais pour toutes les nations sur la durée d'un siècle, et accessibles dans les bibliothèques que Rummel a exploré, y compris la Bibliothèque du Congrès.

Le résultat de cette analyse est l'estimation la plus probable avec une fourchette décrivant les maxima et minima plausibles de morts, et encadrent donc probablement le véritable décompte. Afin de définir ces maxima et minima, Rummel a inclus des estimations qui peuvent parfois être considérées comme fantaisistes. De nombreuses sources historiques ont été ajoutées après la publication de ses livres sur le sujet.

Le compte de 43 millions de morts par démocide pendant le régime de Staline comprend les morts en Union Soviétique et en dehors. C'est un nombre bien plus élevé que le chiffre plus souvent avancé académiquement de 20 millions. Rummel a expliqué cette large différence par l'utilisation d'une estimation tirée du livre de Robert Conquest, The Great Terror publié en 1968 et qu'il n'a pas tenu compte du qualificatif "très certainement en dessous de la vérité" utilisé fréquemment par Conquest. Les décomptes de Conquest excluent les morts des camps après 1950, et avant 1936; les exécutions de 1939-53, les vastes déportations des populations des nations sous domination soviétique et leurs morts sur la période 1939-1953, la déportation massive de membres de minorités à l'intérieur de l'Union Soviétique dans les années 1941-1944 et leurs exécutions, et les assassinats perpétrés par l'Armée Rouge et la Police Secrète en Europe de l'Est sur les années 1944-1945. De plus, l'Holodomor qui a tué 5 millions de gens de 1932 à 1934 n'est pas compté.

Sa recherche montre que le nombre de morts par démocide est bien plus important que le nombre de morts dues aux guerres. Après avoir analysé 8,000 rapports de morts causées par des gouvernements, Rummel estime qu'il y a eu 262 millions de victimes de démocide au cours du XXesiècle. D'après ces chiffres, six fois plus de gens sont morts de causes dues aux actions des personnes travaillant pour un gouvernement que n'en sont morts lors des batailles.

Une des observations de Rummel est que les démocraties libérales ont causé moins de démocides que les régimes autoritaires[2]. Il explique qu'il y a une relation entre pouvoir politique et démocide: le meurtre de masse pour raison politique devient de plus en plus fréquent à mesure que le pouvoir politique devient important. A l'opposé, plus ce pouvoir est limité, diffus, et contre-balancé, plus la violence est rare. D'après Rummel, "Plus un régime politique a de pouvoir, plus son peuple risque d'être tué. C'est une raison majeure de promouvoir la liberté." Rummel conclut: "La concentration des pouvoirs politiques est la plus grande cause de meurtre sur Terre."

Plusieurs autres chercheurs ont obtenu des résultats similaires. "De nombreux chercheurs indiquent que les normes et les structures politiques démocratiques limitent les décisions que peuvent prendre l'élite quant à l'utilisation de la répression contre leurs citoyens alors que les élites autocratiques ne sont pas soumises à ces limitations." "Une fois en place, les institutions démocratiques - même partielles - réduisent le risque de conflit armé et de génocide / politicide."[3]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. Définition du démocide.
  2. Les démocraties libérales moins meurtrières que les régimes autoritaires
  3. La démocratie réduit le risque de démocide

[modifier] Liens externes