Adolf Hitler

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Adolf Hitler
Adolf Hitler
Adolf Hitler
Naissance 20 avril 1889
à Braunau am Inn, Autriche-Hongrie
Décès 30 avril 1945 (à 56 ans)
à Berlin, Allemagne
Nationalité Autrichienne jusqu’au 7 avril 1925[1], allemande depuis le 25 février 1932
Occupation Chancelier d’Allemagne (1933-1934)
Reichskanzler,

puis Führer (1934-1945)

Adolf Hitler, né le 20 avril 1889 à Braunau am Inn en Autriche (alors en Autriche-Hongrie) et mort par suicide le 30 avril 1945 à Berlin est un homme politique allemand d’origine autrichienne, fondateur et figure centrale du nazisme, instaurateur de la dictature totalitaire du Troisième Reich.

Porté à la tête de l’Allemagne par le NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei) qu’il reprit en 1921, il est chancelier du Reich le 30 janvier 1933, puis se fait plébisciter en 1934 comme président, titre qu’il délaissa pour celui de Führer (« guide »). Il fut à l’origine de la Seconde Guerre mondiale et, au cours de celle-ci, de très nombreux crimes contre l’humanité, dont le génocide des Juifs d’Europe reste le plus marquant. À la postérité, l’ampleur sans précédent des destructions et des crimes de masse dont il fut le responsable, tout comme l’inhumanité radicale singularisant sa doctrine et les traitements infligés à ses victimes, ont fait de lui une figure particulièrement négative, et de son nom l’objet d’une répulsion quasi-universelle[2].

Sommaire

Jeunes années

Arbre généalogique d’Adolf Hitler
Arbre généalogique d’Adolf Hitler
Alois, le père d’Adolf Hitler
Alois, le père d’Adolf Hitler
Klara, la mère d’Adolf Hitler
Klara, la mère d’Adolf Hitler

Adolf Hitler naît le 20 avril 1889 dans l’auberge Gasthof zum Pommer, Vorstadt Nr. 219, à Braunau am Inn, une petite ville de Haute-Autriche près de la frontière austro-allemande. Il est le quatrième des six enfants d’Alois Hitler et de Klara Pölzl. La plupart des enfants meurent en bas âge ; seule sa sœur cadette Paula († 1960) lui survivra.

Alois Hitler, le père d’Adolf, est douanier. Né hors mariage le 7 juin 1837, Aloïs porte d’abord le nom de famille de sa mère, Maria Anna Schicklgruber, mais le 6 juin 1876, il est légitimé par le mari de sa mère, et obtient un an plus tard le droit de porter le nom « Hitler ». Adolf n’utilisera jamais d’autre patronyme, et « Schicklgruber » ne resurgira que plus tard chez ses opposants politiques.

L’arbre généalogique d’Adolf Hitler laisse cependant planer de fortes suspicions de consanguinité. L’incertitude relative à ses origines n’est pas sans conséquence. Ainsi après l’Anschluss en 1938, il fera détruire Döllersheim, le village natal de son père, en le transformant en champ de tir.

L’enfance d’Adolf se passe sous la stricte discipline d’un père âgé, fonctionnaire retraité dès 1895. Le 3 janvier 1903, son père meurt, suivi le 21 décembre 1907 par sa mère qui succombe à un cancer du sein.

Élève médiocre à partir de son entrée à la Realschule de Linz (lycée), Hitler refuse de suivre la voie paternelle. Devenu orphelin, vivant d’une petite bourse, il échoue par deux fois à l’examen d’entrée de l’Académie des Beaux-Arts de Vienne en 1907 et le 8 octobre 1908. Autodidacte, grand lecteur et admirateur de la musique de Richard Wagner, tout comme son ami August Kubizek, il développe un intérêt profond pour l’architecture. Il enchaîne les petits boulots, vivant dans une misère constante durant cinq ans. Plus tard, dans Mein Kampf, il écrira :

« Cinq années pendant lesquelles je dus, comme manœuvre d’abord, ensuite comme petit peintre, gagner ma subsistance, maigre subsistance, qui ne pouvait même pas apaiser ma faim chronique. Car la faim était alors le gardien fidèle qui ne m’abandonna jamais, la compagne qui partagea tout avec moi. Chaque livre que j’achetai eut sa participation ; une représentation à l’opéra me valait sa compagnie le jour suivant ; c’était une bataille continuelle avec mon amie impitoyable. J’ai appris cependant alors comme jamais avant. Hors mon architecture, hors les rares visites à l’Opéra, fruit de mes jeûnes, je n’avais d’autre joie que des livres toujours plus nombreux. »

Adolf Hitler assiste aux séances du Parlement autrichien, il écrira plus tard son mépris pour la démocratie et le parlementarisme. Il étudie les thèses pangermanistes et observe l’influence de la politique sur les masses.

Au printemps 1913, pour éviter son enrôlement dans l’armée de l’Empire austro-hongrois, État multiethnique qu’il exècre, il s’enfuit à Munich et vit en vendant ses peintures de paysages. Sa tentative d’échapper à la conscription est remarquée, mais, après avoir été refusé lors d’un examen médical à son retour en Autriche (pour constitution « trop faible »), il retourne à Munich.

La Première Guerre mondiale

En 1914, exalté par l’entrée en guerre de l’Allemagne[3], Hitler s’engage comme volontaire. Il se bat sur le front ouest dans le 16e régiment d’infanterie bavarois. Soldat enthousiaste, il est apprécié de ses pairs et supérieurs, qui lui refusent toutefois un avancement, jugeant qu’il ne possède pas les qualités d’un chef. Il remplit pendant presque toute la durée de la guerre la mission d’estafette entre les officiers. Fin septembre 1916, sa division part pour la bataille de la Somme. Hitler est blessé une première fois à la cuisse, le 7 octobre. Il rentre se faire soigner en Allemagne, à l’hôpital de Beelitz, près de Berlin. Après une affectation à Munich, il revient sur le front des Flandres. Dans la nuit du 13 au 14 octobre 1918, sur une colline du sud de Wervicq, près d’Ypres (Belgique), son unité subit un bombardement britannique au gaz moutarde. Touché aux yeux, il est évacué vers l’hôpital de Pasewalk, en Poméranie. Hitler est décoré de la Croix de fer 1re classe (distinction rarement accordée à un soldat engagé mais facilement octroyée à une estafette, du fait de ses contacts avec les officiers) pour avoir accompli le dangereux transport d’une dépêche. Ironiquement, cette décoration lui est remise sur recommandation d’un officier juif[4].

Alors que l’Allemagne est sur le point de capituler, la révolution gagne Berlin et la Kaiserliche Marine se mutine. Le Kaiser Guillaume II abdique et part pour les Pays-Bas avec sa famille. Le socialiste Philipp Scheidemann proclame la République. Deux jours plus tard, le nouveau pouvoir signe l’armistice de 1918. De son lit d’hôpital, Hitler est anéanti par cette annonce. Il affirme dans Mein Kampf y avoir eu une vision patriotique. À sa sortie d’hôpital en novembre 1918, il retourne dans son régiment de Munich. Plus tard, il écrira que la guerre avait été « le temps le plus inoubliable et le plus sublime ».[réf. nécessaire]

Le combat politique

La Bavière est alors entre les mains d’un gouvernement révolutionnaire, la Räterepublik (" République des conseils ") ; sa caserne est dirigée par un Soviet (" conseil "). Dégoûté, Hitler quitte Munich pour Traunstein. Cependant, en 1919, alors que le pouvoir est hésitant entre communistes du KPD et sociaux-démocrates du SPD, Hitler se fait élire délégué de sa caserne, une première fois lorsque le pouvoir en Bavière est aux mains du SPD, puis une seconde fois en tant que délégué adjoint sous l’éphémère régime communiste (avril-mai 1919), juste avant la prise de contrôle de Munich par les troupes. Hitler n’a pas pour autant adhéré à ces partis, et il est probable que les soldats connaissaient ses opinions politiques nationalistes.[5]

Dans Mein Kampf, Hitler donne de cet épisode un récit plutôt elliptique, mais assez clair quant à sa vision du monde :

« En mars 1919, nous étions de retour à Munich. La situation était intenable et poussait à la continuation de la révolution. La mort d’Eisner ne fit qu’accélérer l’évolution et conduisit finalement à la dictature des soviets, pour mieux dire, à une souveraineté passagère des Juifs, ce qui avait été originairement le but des promoteurs de la révolution et l’idéal dont ils se berçaient.
[…]
Au cours de cette nouvelle révolution de soviets, je me démasquai pour la première fois de telle façon que je m’attirai le mauvais œil du soviet central.
Le 27 avril 1919, je devais être arrêté, mais les trois gaillards n’eurent point le courage nécessaire en présence du fusil braqué sur eux et s’en retournèrent comme ils étaient venus.
Quelques jours après la délivrance de Munich, je fus désigné pour faire partie de la Commission chargée de l’enquête sur les événements révolutionnaires dans le 2e régiment d’infanterie.
Ce fut ma première fonction active à caractère politique. »

La montée du NSDAP au Reichstag
La montée du NSDAP au Reichstag

Hitler reste dans l’armée jusqu’au 31 mars 1921 et est chargé de surveiller un groupuscule politique, le Parti ouvrier allemand (Deutsche Arbeiterpartei, DAP).

Remarqué lors de l’une de ses interventions, il finit par y adhérer, et le transforme en NSDAP Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (« Parti national socialiste des travailleurs allemands »). En avril 1921, il devient le chef du parti. Du fait de ses talents d’orateur et d’agitateur politique, le parti gagne rapidement en popularité.

En janvier 1922, Hitler est condamné à trois mois de prison (dont deux avec sursis) pour « troubles à l’ordre public ». Il purgera cette peine entre juin et juillet 1922 à Munich. Hitler est menacé d’être expulsé de Bavière.

Les 8 et 9 novembre 1923, il conduit le coup d'État avorté connu comme le Putsch de la brasserie. Le NSDAP est aussitôt interdit. Arrêté, Hitler est accusé de conspiration contre l’État et condamné le 1er avril 1924 à cinq ans de réclusion criminelle pour « haute trahison », qu’il purge à la prison de Landsberg am Lech.

Pendant sa détention, il dicte à son secrétaire Rudolf Hess son ouvrage Mein Kampf (Mon combat), récit autobiographique, et surtout manifeste politique, appelé à devenir le manifeste du mouvement nazi. Hitler y dévoile sans fard l’idéologie (Weltanschauung) redoutable et très cohérente qu’il a achevé de se constituer depuis 1919, dont il ne variera plus et qu’il cherchera à mettre en pratique[6].

Outre sa haine de la démocratie, de la France « ennemie mortelle du peuple allemand », du socialisme et du « judéo-bolchevisme », sa doctrine repose sur sa conviction intime à base pseudo-scientifique d’une lutte darwinienne entre différentes « races » foncièrement inégales. Au sommet d’une stricte pyramide, se trouverait la race allemande ou « race des Seigneurs », qualifiée tantôt de « race nordique » et tantôt de « race aryenne » (et dont les plus éminents représentants seraient les grands blonds aux yeux bleus, quoiqu’Hitler soit lui-même petit et brun...). Cette race supérieure doit être « purifiée » de tous les éléments étrangers, « non-allemands » (undeutsch), juifs ou malades, et doit dominer le monde par la force brute. Au traditionnel pangermanisme visant à regrouper tous les Allemands ethniques dans un même État, Hitler ajoute la conquête d’un espace vital (Lebensraum) indéfini, à arracher notamment à l’Est aux "sous-hommes" polonais et slaves. Enfin, Hitler parle constamment d’« éradiquer » (ausrotten) ou d’« anéantir » (vernichten) les Juifs, comparés à des vermines ou des poux, qui ne sont pas seulement pour lui une race radicalement inférieure, mais aussi radicalement dangereuse.

Après seulement 13 mois de détention et malgré l’opposition déterminée du procureur Stenglein, il bénéfice d’une libération anticipée le 20 décembre 1924.

Le chômage, terreau fertile pour le NSDAP
Le chômage, terreau fertile pour le NSDAP

Craignant d’être expulsé vers l’Autriche, Hitler renonce à la nationalité autrichienne le 30 avril 1925. Devenu apatride (lui qui fera ultérieurement déporter les apatrides, contraints dans les camps de concentration au port d’un insigne spécifique), et bien qu’il soit interdit de parole en public jusqu’au 5 mars 1927, il reconstruit son parti et retrouve une certaine popularité. Si ses succès électoraux restent modestes avant 1928, le NSDAP rend ses structures plus performantes et s’étend géographiquement. Il diversifie en effet ses organisations de masse en créant des associations qui ciblent chacune une catégorie de la société : étudiants, paysans, ouvriers, femmes, jeunes (la Hitlerjugend ou « Jeunesses hitlériennes »), etc. Le Parti est implanté en Allemagne du Nord par les frères Otto et Gregor Strasser, qui mettent plus qu’Hitler l’accent sur le côté « socialiste » du nazisme et souhaitent l’alliance avec l’URSS contre les « ploutocraties » occidentales. Face à ces derniers, ses seuls concurrents sérieux pour la direction du Parti, Hitler renforce son autorité personnelle.

C’est à partir de cette date qu’il impose comme obligatoire dans le parti le salut nazi prononcé bras tendu - un « Heil Hitler ! » ou, si l’on est face à lui, un « Heil mein Führer! » -, un rappel permanent de sa suprématie. C’est de cette époque aussi que date l’entrée en scène de Joseph Goebbels, Gauleiter de Berlin, l’un de ses plus fidèles soutiens - lequel, proche des frères Strasser au départ, avait d’abord traité Hitler de « petit-bourgeois » et demandé son exclusion du parti, avant de succomber à son charisme (1926). Les SA, la brutale milice du parti qui s’illustre dans les agressions et les combats de rues, posent plus de problèmes à Hitler par leur recrutement plébéien assez large et par leur discipline souvent incertaine. En 1930, confronté à une grave mutinerie de leur part, Hitler rappelle de Bolivie son ancien complice du putsch de 1923, Ernst Röhm, qu’il avait mis lui-même sur la touche en 1925 : ce dernier reprend leur tête et rétablit l’ordre dans leurs rangs. Mais pour permettre à Hitler d’équilibrer la puissance des SA, c’est dès 1925 qu’Heinrich Himmler crée pour lui la SS : chargée de sa garde personnelle, cet "ordre noir", futur instrument de la terreur policière et génocidaire, est une élite beaucoup plus dévouée à la personne même du Führer que les SA. Hitler a toute confiance dans « le fidèle Heinrich » (der treue Heinrich), comme il qualifie cet exécutant à l’obéissance aveugle, qui lui voue une admiration notoirement fanatique.

En 1928, le NSDAP marque le pas et peine à remonter la pente : seuls 2,6  % des votants lui accordent leur confiance aux élections législatives du 28 mai. Mais il n’a plus de concurrent sérieux à l’extrême-droite, car de multiples groupuscules et petits partis de la mouvance völkisch (« nationale-raciste ») ont périclité après 1924-1925, tandis que le vieux maréchal Ludendorff, ancien participant du putsch de la Brasserie qu’Hitler avait habilement poussé à se présenter à la présidentielle de 1925, s’est disqualifié par son score médiocre. Les fruits de la réorganisation portent à partir de cette date.

La faible tradition démocratique en Allemagne, l’instabilité politique (décès de Gustav Stresemann, chute du chancelier Hermann Müller, remplacé par le gouvernement conservateur et autoritaire de Heinrich Brüning du Zentrum) et surtout les conséquences catastrophiques de la crise de 1929 sur l’économie allemande très dépendante des États-Unis, apportent bientôt au NSDAP un succès foudroyant et imprévu aux élections du 14 septembre 1930 : avec 18,3 % des voix et 107 sièges, le parti nazi devient le deuxième parti au Reichstag.

Le septennat du président Hindenburg se terminant le 5 mai 1932, la droite et le Zentrum, afin d’éviter de nouvelles élections, proposent de renouveler tacitement le mandat présidentiel. L’accord des nazis étant nécessaire, Hitler exige la démission du chancelier Heinrich Brüning et de nouvelles élections parlementaires. Hindenburg refuse. Le 22 février 1932, Joseph Goebbels annonce la candidature d’Adolf Hitler à la présidence de la République. Le 26 février, Hitler est opportunément nommé Regierungsrat, fonctionnaire d’État, ce qui lui confère automatiquement la nationalité allemande.

Sa campagne électorale est sans précédent sur le plan de la propagande (en particulier, par l’usage alors inédit et spectaculaire de l’avion dans ses déplacements électoraux, qui permet à Goebbels de placarder des affiches vantant "le Führer vol[ant] au-dessus de l’Allemagne). Hitler obtient 30,1 % des voix au premier tour le 13 mars 1932 et 36,8 % au second tour en avril. Hindenburg est réélu. Lors des scrutins régionaux qui suivent l’élection présidentielle le NSDAP renforce ses positions.

En 1932, la situation se dégrade sur les plans économique et social (plus de 6 millions de chômeurs à la fin de l’année). L’agitation et l’insécurité politique sont à leur comble. Le gouvernement est incapable de réunir une majorité. Engagé dans un bras de fer avec Hitler, le président Hindenburg refuse toujours de le nommer chancelier : le vieux maréchal prussien, ancien chef de l’armée allemande pendant la Grande Guerre, affiche son mépris personnel pour celui qu’il qualifie de « petit caporal bohémien » et dont il affirme qu’il a « tout juste l’envergure pour faire un ministre des Postes ». Toutes les tentatives de conciliation échouent.

Fin 1932, le mouvement nazi traverse une phase difficile : la crise financière devient aiguë, les militants et les électeurs se lassent de l’absence de perspectives et des contradictions internes du programme hitlérien, Gregor Strasser menace de faire scission avec l’appui du chancelier Kurt von Schleicher, enfin les élections législatives de novembre 1932 ont consacrée une baisse de popularité du NSDAP qui perd 2 millions de voix. C’est le moment où Léon Blum, de France, écrit dans Le Populaire que la route du pouvoir est définitivement fermée pour Hitler et que toute espérance d’y accéder est pour lui révolu. Pourtant, ces revers n’entament en rien sa détermination.

L’accession au pouvoir absolu

Icône de détail Article détaillé : Chronologie du Troisième Reich.

La destruction de la démocratie (1933-1934)

Hitler est nommé à la Chancellerie de la République de Weimar le 30 janvier 1933, suite à un mois d’intrigues au sommet organisées par l’ancien Chancelier Franz von Papen, et grâce au soutien de la droite et à l’implication du DNVP, le Deutschnationale Volkspartei, (Parti populaire national allemand). Le DNVP, dirigé par le magnat nationaliste de la presse Alfred Hugenberg, espère être ainsi, avec le Zentrum (parti catholique) de von Papen, en mesure de contrôler le nouveau chancelier - bien que le DNVP ne représente que 8% des voix alors que les nazis en ont 33,1%.

De fait, le premier gouvernement Hitler ne compte, outre le chancelier lui-même, que deux nazis: Göring, en charge en particulier de la Prusse, et Wilhelm Frick à l’Intérieur.

Mais Hitler déborde rapidement ses partenaires et met immédiatement en route la Gleichschaltung (ou « Mise au pas ») de l’Allemagne. Dès le 1er février, il obtient d’Hindenburg la dissolution du Reichstag. Le 3 février, il s’assure le soutien de l’armée. Pendant la campagne électorale, Von Papen, Thyssen et Schacht obtiennent des milieux industriels et financiers, jusque-là plutôt réservés envers Hitler, qu’ils renflouent les caisses du NSDAP et financent sa campagne [7]. La SA et la SS, milices du parti nazi, se voient conférer des pouvoirs d’auxiliaire de police. De nombreux morts marquent les meetings des partis d’opposition, notamment du SPD et du KPD. Des opposants sont déjà brutalisés, torturés voire assassinés.

L’incendie du Reichstag, le 27 février, permet à Hitler de suspendre toutes les libertés civiles garanties par la constitution et de radicaliser l’élimination de ses opposants politiques, notamment des députés communistes du KPD, illégalement arrêtés.

Hitler pose à Berchtesgaden pour le Time Magazine qui l’élit Homme de l’année 1938.
Hitler pose à Berchtesgaden pour le Time Magazine qui l’élit Homme de l’année 1938.

Le NSDAP remporte les élections du 5 mars 1933 avec 43,9 % des suffrages. Dans les jours qui suivent, dans tous les Länder d’Allemagne, les nazis s’emparent par la force des leviers locaux du pouvoir. Le 20 mars, au cours d’une grandiose cérémonie de propagande sur le tombeau de Frédéric II de Prusse à Potsdam, où il s’affiche aux côtés de Hindenburg, Hitler proclame l’avènement du IIIeReich, auquel il promettra ultérieurement un règne de "mille ans". Le 23 mars, le Reichstag vote la Loi des pleins pouvoirs (Ermächtigungsgesetz) qui lui accorde les pouvoirs spéciaux pour quatre ans.

C’est une étape décisive du durcissement du régime. Sans même attendre le vote de la loi, les nazis ont ouvert le premier camp de concentration permanent le 20 mars à Dachau, sous la houlette de Himmler. Ce dernier jette en Allemagne du Sud, tout comme Göring en Prusse, les bases de la redoutable police politique nazie, la Gestapo. Le 2 mai, les syndicats sont dissous et leurs biens saisis. Le 10 mai, le ministre de la Propagande Joseph Goebbels préside à Berlin une nuit d’autodafé où des étudiants nazis brûlent pêle-mêle en public des milliers de « mauvais livres » d’auteurs juifs, pacifistes, marxistes ou psychanalystes. Des milliers d’opposants, de savants et d’intellectuels fuient l’Allemagne. Le 14 juillet, le NSDAP devient le parti unique. Hitler met fin aussi rapidement aux libertés locales. L’autonomie des Länder est définitivement supprimée en 1934 : il devient le chef du premier État centralisé qu’ait connu l’Allemagne.

En tout, entre 1933 et 1939, 150 000 à 200 000 personnes sont internées, et entre 7 000 et 9 000 sont tuées par la violence d’État. Des centaines de milliers d’autres doivent fuir l’Allemagne[8].

Les nazis condamnent l’« art dégénéré » et les « sciences juives », et détruisent ou dispersent de nombreuses œuvres des avant-gardes artistiques. Le programme de Hitler pour "purifier" la race allemande est également très tôt mis en œuvre : les fonctionnaires et les universitaires juifs sont destitués dès le printemps 1933, tandis que les SA déclenchent une campagne brutale de boycott des magasins juifs. Une loi prévoyant la stérilisation forcée des malades et des handicapés est appliquée dès l’été 1933. Détestant particulièrement le mélange des populations (qualifié de Rassenschand ou « honte raciale »), Hitler fera stériliser en particulier, en 1937, les 400 enfants nés dans les années 1920 d’Allemandes et de soldats noirs des troupes françaises d’occupation.

Les SA de Röhm exigent que la "révolution" nationale-socialiste prenne un tour plus anticapitaliste, et rêvent notamment de prendre le contrôle de l’armée, ce qui compromettrait l’alliance nouée entre le chancelier et les élites conservatrices traditionnelles. Le 30 juin 1934, durant la Nuit des Longs Couteaux, fort du soutien bienveillant de l’armée et du président, Hitler fait assassiner plusieurs centaines de ses partisans et de ses anciens ennemis politiques. Parmi eux, Gregor Strasser et Ernst Röhm, chef de la SA, mais aussi le docteur Erich Klausener, chef de l’Action catholique, ou encore son prédécesseur à la chancellerie, Von Schleicher, ainsi que Von Kahr, qui lui avait barré la route lors du putsch de 1923.

La mort du président Hindenburg le 2 août tranche le dernier lien vivant avec la République de Weimar. En vertu de la Constitution, le chancelier exerce temporairement les pouvoirs du président défunt. Le même jour, le Reichstag vote une loi de fusion des deux fonctions en une seule : Hitler devient Führer und Reichskanzler.

Le culte du Führer, pierre angulaire du système totalitaire

Entouré d’un culte de la personnalité intense, qui le célèbre comme le sauveur messianique de l’Allemagne, Hitler exige un serment de fidélité à sa propre personne - il est prêté notamment par les militaires, ce qui rendra très difficile les futures conspirations contre lui au sein de l’armée, beaucoup d’officiers rechignant profondément en conscience à le violer.

L’ambition totalitaire du régime et la primauté du Führer sont symbolisés par la nouvelle devise du régime : "Ein Volk, ein Reich, ein Führer" - "une seule nation (race), un seul Reich, un seul Führer", dans laquelle le titre de Hitler prend de façon idolâtre la place de Dieu dans l’ancienne devise du IIe Reich : "Ein Volk, ein Reich, ein Gott (un seul Dieu)".

Le Führerprinzip devient le nouveau principe de l’autorité non seulement au sommet de l’État, mais aussi, par délégation, à chaque échelon. La loi proclame par exemple officiellement le patron comme Führer de son entreprise, comme le mari est Führer de sa famille, ou le gauleiter Führer du Parti dans sa région.

Hitler entretient son propre culte par ses interventions à la radio : à chaque fois, le pays tout entier doit suspendre son activité et les habitants écouter religieusement dans les rues ou au travail son discours retransmis par les ondes et par les hauts-parleurs. À chaque congrès tenu à Nuremberg, ces « grand’messes » du NSDAP, il bénéficie d’une savante mise en scène orchestrée par son confident, l’architecte et technocrate Albert Speer : son talent oratoire électrise l’assistance, avant que les masses rassemblées n’éclatent en applaudissements et en cris frénétiques pour acclamer le génie de leur chef.

Inversement, la moindre critique, le moindre doute sur le Führer mettent leur auteur en péril. Sur les milliers de condamnations à mort prononcées par le sinistre Tribunal du Peuple du juge Roland Freisler, un bon nombre des personnes envoyées à la guillotine après des parodies de justice l’ont été pour des paroles méprisantes ou sceptiques à l’encontre du dictateur.

Le salut nazi devient obligatoire pour tous les Allemands. Quiconque essaie, par résistance passive, de ne pas faire le "Heil Hitler !" de rigueur est immédiatement singularisé et repéré.

Au printemps 1938, le Führer accentue encore sa prédominance et celle de ses proches dans le régime. Il élimine les généraux Von Fritsch et Von Blomberg, et se soumet la Wehrmacht en plaçant à sa tête les serviles Alfred Jodl et Wilhelm Keitel, connus pour lui être aveuglément dévoués. Aux Affaires Etrangères, il remplace le conservateur Konstantin von Neurath par le nazi Joachim von Ribbentrop, tandis que Göring, qui s’affirme plus que jamais comme le n° 2 officieux du régime, prend en charge l’économie autarcique en évinçant le Dr Hjalmar Schacht.

La population allemande est encadrée de la naissance à la mort, soumise à l’intense propagande orchestrée par son fidèle Joseph Goebbels, pour lequel il crée le premier ministère de la Propagande de l’Histoire. Les loisirs des travailleurs sont organisés - et surveillés - par la Kraft durch Freude du Dr Robert Ley, également chef du syndicat unique, le DAF. La jeunesse subit obligatoirement un endoctrinement intense au sein de la Hitlerjugend qui porte le nom du Führer, et qui devient le 1er décembre 1936 la seule organisation de jeunesse autorisée.

Le Führer dans le système nazi : interprétations et débats

L’école historique allemande dite des « intentionnalistes » insiste sur la primauté de Hitler dans le fonctionnement du régime. La forme extrême de pouvoir personnel et de culte de la personnalité autour du Führer ne serait pas compréhensible sans son « pouvoir charismatique ». Cette notion importante est empruntée au sociologue Max Weber : Hitler se considère depuis 1920 comme investi d’une mission providentielle, et surtout, il est considéré sincèrement comme l’homme providentiel par ses partisans, puis par la masse des Allemands sous le IIIe Reich.

Alors que le culte de Staline a été imposé tardivement et artificiellement au parti bolchevik par un apparatchik victorieux mais dépourvu de charisme et de rôle particulier dans la révolution d'Octobre, le culte de Hitler a existé dès les origines du nazisme, et y occupe une importance primordiale. L’appartenance au Parti nazi signifie avant tout une allégeance absolue à son Führer, et nul n’occupe de place dans le Parti et l’État que dans la mesure où il est plus proche de la personne même de Hitler. Hitler veille d’ailleurs personnellement à renforcer son image de chef inaccessible, solitaire et supérieur, en s’abstenant de toute amitié personnelle, et en interdisant à quiconque de le tutoyer ou de l’appeler par son nom - même sa maîtresse Eva Braun doit s’adresser à lui en lui disant : « mein Führer »...

D’autre part, pour les intentionnalistes, sans le caractère redoutablement cohérent de l’idéologie (Weltanschauung, ou vision du monde) qui anime Hitler, le régime nazi ne se serait pas engagé dans la voie de la guerre et des exterminations de masse, ni dans le reniement de toutes les règles juridiques et administratives élémentaires qui régissent les États modernes et civilisés.

Par exemple, sans son pouvoir charismatique d’un genre inédit, Hitler n’aurait pas pu autoriser l’euthanasie massive de plus de 150 000 handicapés mentaux allemands par quelques simples mots griffonnés sur papier à en-tête de la chancellerie (opération T4, 3 septembre 1939). De même, Hitler aurait pu encore moins déclencher la Shoah sans jamais rédiger un seul ordre écrit. Aucun exécutant du génocide des Juifs ne demanda jamais, justement, à voir un ordre écrit : le simple mot de Führersbefehl (ordre du Führer) était suffisant pour faire taire toute question, et entraînait l’obéissance quasi-religieuse et aveugle des bourreaux.

L’école rivale des « fonctionnalistes » (conduite par Martin Broszat) a cependant nuancé l’idée de la toute-puissance du Führer. Comme elle l’a démontré, le IIIe Reich n’a jamais tranché entre le primat du parti unique et celui de l’État, d’où des rivalités de pouvoir et de compétence interminables entre les hiérarchies doubles du NSDAP et du gouvernement du Reich. Surtout, l’État nazi apparaît comme un singulier enchevêtrement de pouvoirs concurrents aux légitimités comparables. C’est le principe de la « polycratie » (Martin Broszat).

Or, entre ces groupes rivaux, Hitler tranche rarement, et décide peu. Fort peu bureaucratique, ayant hérité de sa jeunesse bohême à Vienne un manque total de goût pour le labeur suivi, travaillant de façon très irrégulière (sauf dans la conduite des opérations militaires), le Führer apparaît comme un « dictateur faible » ou encore un « dictateur paresseux » selon M. Broszat. Il laisse en fait chacun des rivaux libre de se réclamer de lui, et il attend seulement que tous marchent dans le sens de sa volonté.

Dès lors, a démontré son biographe Ian Kershaw, dont les travaux font la synthèse des acquis des écoles intentionnalistes et fonctionnnalistes, chaque individu, chaque clan, chaque bureaucratie, chaque groupe fait de la surenchère, et essaye d’être le premier à réaliser les projets nazis fixés dans leurs grandes lignes par Adolf Hitler. C’est ainsi que la persécution antisémite va s’emballer et passer graduellement de la simple persécution au massacre puis au génocide industriel. Ce qui explique que le IIIe Reich obéit structurellement à la loi de la « radicalisation cumulative », et que le système hitlérien ne peut en aucun cas se stabiliser.

Ce « pouvoir charismatique » de Hitler explique aussi que beaucoup d’Allemands soient spontanément allés au devant du Führer. Ainsi, en 1933, les organisations d’étudiants organisent d’elles-mêmes les autodafés de livres, tandis que les partis et les syndicats se rallient au chancelier et se sabordent d’eux-mêmes après avoir exclu les Juifs et les opposants au nazisme. L’Allemagne se donne largement au Führer dans lequel elle reconnaît ses rêves et ses ambitions, plus que ce dernier ne s’empare d’elle.

Selon Kershaw, le Führer est donc l’homme qui rend possible les plans caressés de longue date à la « base » : sans qu’il ait nullement besoin de donner d’ordres précis, sa simple présence au pouvoir autorise par exemple les nombreux antisémites d’Allemagne à déclencher boycotts et pogroms, ou les médecins d’extrême-droite tels Josef Mengele à pratiquer les atroces expériences pseudo-médicales et les opérations d’euthanasie massive dont l’idée préexistait à 1933.

Ce qui explique aussi, toujours selon Ian Kershaw et la plupart des fonctionnalistes, la tendance du régime hitlérien à l’« autodestruction » (Selbstzerstörung). Le IIIe Reich, retour à l’« anarchie féodale » (Kershaw), se décompose en effet en une multitude chaotique de fiefs rivaux. Hitler ne peut ni ne veut y mettre aucun ordre, car stabiliser le régime selon des règles formelles et fixes rendrait la référence perpétuelle au Führer moins importante. C’est ainsi qu’en 1943, alors que l’existence du Reich est en danger après la bataille de Stalingrad, tous les appareils dirigeants du IIIe Reich se disputent pendant des mois pour savoir s’il faut interdire les courses de chevaux - sans trancher...

Le régime substitue donc aux institutions rationnelles modernes le lien féodal d’allégeance personnelle, d’homme à homme, avec le Führer. Or, aucun dirigeant nazi ne dispose du charisme d’Hitler. Le culte de ce dernier existe dès les origines du nazisme et est consubstantiel au mouvement puis au régime. Chacun ne tire sa légitimité que de son degré de proximité avec le Führer. De ce fait, en l’absence de tout successeur (« En toute modestie, je suis irremplaçable », propos d’Hitler à ses généraux rapporté par Hannah Arendt), la dictature de Hitler n’a aucun avenir et ne peut lui survivre (Kershaw). La mort du IIIe Reich et celle de son dictateur se sont d’ailleurs pratiquement confondues.

Les Allemands et Hitler

L’adhésion des Allemands à sa politique (et plus encore à sa personne) fut importante, surtout au début. La popularité du Führer provient notamment de son opposition au « Diktat » de Versailles, des succès diplomatiques et économiques obtenus (notamment une importante réduction du chômage) et de sa politique de réarmement. Encore qu’il ne faille pas oublier ni les conditions sociales et politiques dans lesquelles les améliorations économiques ont été obtenues, ni les pénibles situations de pénurie alimentaire et le manque de devises dès 1935. En particulier, le pouvoir d’achat des ouvriers a baissé entre 1933 et 1939, les femmes ont été renvoyées de force au foyer (et beaucoup de celles ne présentant pas les garanties de pureté raciale exigées par la loi stérilisées), l’exode rural s’est accéléré et les lois nazies encourageant la concentration des entreprises et du commerce ont conduit à 400 000 fermetures de petites entreprises dès avant-guerre[9]. Les catégories sociales qui avaient mis leurs espoirs en Hitler sont donc loin d’avoir toujours été satisfaites.

Par ailleurs, beaucoup d’Allemands reprennent au profit de Hitler la distinction ancestrale entre le bon monarque et ses mauvais serviteurs. Alors que les "bonzes" - les privilégiés du Parti-État - sont souvent méprisés et haïs pour leurs abus et leur fréquente corruption, on considère spontanément Hitler comme exempt de ces tares, et comme un recours contre eux. Beaucoup d’Allemands ont spontanément cru que le Führer était laissé dans l’ignorance des « excès » de ses hommes ou de son régime[10].

Le 2 janvier 1939, il est élu Homme de l’année 1938 par le Time Magazine.

La diplomatie hitlérienne

La diplomatie du Troisième Reich est essentiellement conçue et dirigée par Hitler en personne. Ses ministres des Affaires étrangères successifs (Konstantin von Neurath puis Joachim von Ribbentrop) relayent ses directives sans faire preuve d’initiatives personnelles. La diplomatie hitlérienne, par son jeu d’alliances, d’audaces, de menaces et de duperies, est un rouage essentiel des buts stratégiques que poursuit le Führer. Ses discours tonitruants au Reichstag ou aux congrès nazis de Nuremberg scandent les crises diplomatiques qu’il provoque successivement ; ils alternent avec ses interviews hypocritement rassurantes aux journaux étrangers, ou avec ses entretiens accordés aux représentants étrangers.

Assimilant complètement son destin personnel au destin de l’Allemagne, et identifiant le cours biologique de sa vie avec la destinée du Reich, Hitler est obsédé par la possibilité de son vieillissement prématuré, et il veut donc pouvoir déclencher sa guerre avant de fêter ses 50 ans. Le regard porté par le dictateur sur lui-même a donc un rôle direct dans l’accélération des événements par lesquels il conduit l’Europe à la Seconde Guerre mondiale.

L’opposition au Traité de Versailles

Le 14 octobre 1933, Hitler retire l’Allemagne de la Société des Nations et de la Conférence de Genève sur le désarmement, tout en prononçant des discours pacifistes. Le 13 janvier 1935, la Sarre plébiscite massivement (90,8 % de Oui) son rattachement à l’Allemagne.

Le 16 mars 1935, Hitler annonce le rétablissement du service militaire obligatoire et décide de porter les effectifs de la Wehrmacht de 100 000 à 500 000 hommes, par la création de 36 divisions supplémentaires. Il s’agit de la première violation flagrante du Traité de Versailles.

En juin de la même année, Londres et Berlin signent un accord naval, qui autorise le Reich à devenir une puissance maritime. Hitler lance alors un programme de réarmement massif, créant notamment des forces navales (Kriegsmarine) et aériennes (Luftwaffe).

« Voyons ! Réfléchissez ! Rendez-vous compte de ce qui est logique ! »

A. Hitler dans le journal du 28/02/1936
A. Hitler dans le journal du 28/02/1936

Les jeux Olympiques d'hiver de 1936 à Garmisch-Partenkirchen ont constitué une formidable vitrine pour la propagande, surtout pour faire oublier sa politique du fait accompli et mettre au pied du mur la Grande-Bretagne et la France dans ce qu’Hitler projetait de faire. En janvier 1936, Bertrand de Jouvenel, jeune journaliste se trouvant aux jeux d’hiver prit l’initiative de contacter Otto Abetz, représentant itinérant du Reich, pour lui demander une interview d’Hitler. Abetz y verra une bonne opportunité de communication pour contrecarrer la ratification du pacte franco-soviétique par un vote de la Chambre des députés devant avoir lieu le 27 février. La veille de la publication, le propriétaire de Paris-Soir, Jean Prouvost interdit la diffusion de l’article, qui sera en fait demandée par le président du conseil Albert Sarraut. Finalement, l’article sera publié, le lendemain du vote dans le journal Paris-Midi du vendredi 28 février[11]. Quel était le but des Allemands? Faire retarder la publication pour ensuite dire que les bonnes intentions d’Hitler avaient été cachées aux Français et ainsi adopter des contres-mesures. Pour cette fois- ci, il s’agira de la violation du traité de Versailles et des accords de Locarno par la remilitarisation de la Rhénanie le 7 mars 1936[12].

Voilà ce que dira Hitler dans son interview dans Paris-Midi, calibré pour le public français :

« ...Vous vous dites : "Hitler nous fait des déclarations pacifiques, mais est-il de bonne foi ? Est-il sincère ?" N’est-ce pas un point de vue puéril que le vôtre ? Est-ce qu’au lieu de vous livrer à des devinettes psychologiques, vous ne feriez pas mieux de raisonner en usant de cette fameuse logique à laquelle les Français se déclarent si attachés ? N’est-il pas évidemment à l’avantage de nos deux pays d’entretenir de bons rapports ? Ne serait-il pas ruineux pour eux de s’entre-choquer sur de nouveaux champs de bataille ? N’est-il pas logique que je veuille ce qui est le plus avantageux à mon pays, et, ce qui est le plus avantageux, n’est-ce pas évidemment la paix ?
...C’est bien étrange que vous jugiez encore possible une agression allemande ! Est-ce que vous ne lisez pas notre presse ? Est-ce que vous ne voyez pas qu’elle s’abstient systématiquement de toute attaque contre la France, qu’elle ne parle de la France qu’avec sympathie ?
...Jamais un dirigeant allemand ne vous a fait de telles ouvertures si répétées. Et ces offres émanent de qui donc ? D’un charlatan pacifiste qui s’est fait une spécialité des relations internationales ? Non pas, mais du plus grand nationaliste que l’Allemagne ait jamais eu à sa tête ! Moi, je vous apporte ce que nul autre n’aurait jamais pu vous apporter : une entente qui sera approuvée par 90 % de la nation allemande, les 90 % qui me suivent ! Je vous prie de prendre garde à ceci :
Il y a dans la vie des peuples des occasions décisives. Aujourd’hui la France peut, si elle le veut, mettre fin à tout jamais à ce "péril allemand" que vos enfants de génération en génération, apprennent à redouter. Vous pouvez lever l’hypothèque redoutable qui pèse sur l’histoire de France. La chance vous est donnée à vous. Si vous ne la saisissez point, songez à votre responsabilité vis-à-vis de vos enfants ! Vous avez devant vous une Allemagne dont les neuf dixièmes font pleine confiance à leur chef, et ce chef vous dit : "Soyons amis !"[13].  »

Les réactions à cette interview sont toutes convergentes à travers l’Europe, de Londres à Rome en passant par Berlin. Tous les commentateurs saluent les paroles de paix d’Hitler et chacun y voit le début d’un rapprochement à quatre. Toutefois, du fait que cette interview intervienne après la ratification du pacte franco-soviétique, certains commentateurs allemands auront des paroles dures à l’égard d’Édouard Herriot, d’Albert Sarraut et Flandrin, leur reprochant d’avoir signé avec les soviétiques[14].

Dès le 7 mars 1936, Hitler revient sur ses paroles de paix en remilitarisant la Rhénanie, violant une nouvelle fois une clause du traité de Versailles ainsi que les accords de Locarno. C’est un coup de bluff : Hitler a donné comme consignes à ses troupes de se retirer en cas de riposte de l’armée française[réf. souhaitée]. Cependant, bien que l’armée allemande, à ce moment-là soit bien plus faible que ses adversaires, ni les Français, ni les Anglais ne jugent utile de s’opposer à la remilitarisation. Le succès est éclatant pour Hitler.

Complaisances à l’étranger

La fascination exercée par Hitler dépasse largement à l’époque les frontières de l’Allemagne. On compte même à l’étranger plusieurs cas de femmes ayant voulu se suicider par amour désespéré pour sa personne.

Pour de nombreux sympathisants du fascisme, il incarne l’« ordre nouveau » qui remplacera les sociétés bourgeoises et démocratiques « décadentes ». Certains intellectuels font ainsi le pèlerinage du congrès de Nuremberg, comme le futur collaborationniste Robert Brasillach. Le journaliste Fernand de Brinon, premier Français à interviewer le nouveau chancelier en 1933, sera un militant proche du nazisme, et le représentant du régime de Vichy en zone nord dans Paris occupé.

Chez les conservateurs de toute l’Europe, beaucoup s’obstinent des années à ne voir en Hitler que le rempart contre le bolchevisme ou le restaurateur de l’ordre et de l’économie en Allemagne. La spécificité et la nouveauté radicales de sa pensée et de son régime ne sont pas perçues ; on ne voit en lui qu’un nationaliste allemand classique, guère plus qu’un nouveau Bismarck. On veut souvent croire aussi que l’auteur de Mein Kampf s’est assagi avec l’exercice des responsabilités. Au printemps 1936, Hitler reçoit spectaculairement à sa résidence secondaire de Berchtesgaden le vieil homme d’État britannique David Lloyd George, un des vainqueurs de 1918, qui ne tarit pas d’éloges sur le Führer et les succès de son régime. En 1937, il reçoit de même la visite du duc de Windsor (l’ex-roi d’Angleterre Édouard VIII).

À l’été 1936, Hitler inaugure les jeux Olympiques de Berlin. C’est l’occasion d’un étalage à peine voilé de propagande nazie, ainsi que de réceptions grandioses destinées à séduire les représentants des establishments étrangers présents sur place, notamment britannique. Le Grec Spyrídon Loúis, vainqueur du marathon aux premiers jeux de 1896, lui remet un rameau d’olivier venu du bois d’Olympie. La France a renoncé à boycotter les jeux, et ses sportifs font polémique en défilant devant Hitler le bras tendu (le salut olympique ressemblant au salut nazi). Par contre, la délégation américaine s’est refusée à tout geste ambigu lors de son passage devant le dictateur. Hitler quitte la tribune officielle pour éviter d’avoir à serrer la main du champion noir américain Jesse Owens, dont les succès aux épreuves d’athlétisme ridiculisent sous ses yeux ses doctrines sur la « supériorité » raciale des Aryens.

Les alliances

Adolf Hitler et Benito Mussolini, Vienne 1939
Adolf Hitler et Benito Mussolini, Vienne 1939
Le prince Yasuhito Chichibu
Hitler et Mussolini durant une visite officielle en Yougoslavie occupée
Hitler et Mussolini durant une visite officielle en Yougoslavie occupée

En juillet 1936, Hitler apporte son soutien aux insurgés nationalistes du général Franco lors de la guerre d’Espagne. Il fait parvenir des avions de transports pour permettre aux troupes coloniales du Maroc espagnol de franchir le détroit de Gibraltar lors des premiers jours cruciaux de l’insurrection. Tout comme Mussolini, il envoie ensuite du matériel militaire ainsi qu’un corps expéditionnaire, la Légion Condor, qui permettra de tester les nouvelles techniques guerrières, notamment les bombardements aériens terroristes sur les populations civiles, lors de la destruction de Guernica en 1937.

L’Allemagne nazie et l’Italie fasciste (initialement hostiles à cause d’un sujet comme l’Anschluss) se rapprochent et concluent une alliance, une relation décrite par Benito Mussolini comme l’Axe Rome-Berlin, lors de la signature du traité d’amitié d’octobre 1936. Ce rapprochement a été accéléré par le départ de l’Italie de la Société des Nations, suite à son agression contre l’Éthiopie.

En novembre 1936, l’Allemagne et le Japon signent le pacte anti-Komintern, traité d’assistance mutuelle contre l’URSS, auquel se joint l’Italie en 1937. Cette même année Hitler rencontre à Nuremberg le prince Yasuhito Chichibu, frère cadet de l’empereur Hirohito, afin de raffermir les liens entre les deux états. En septembre 1940, la signature du Pacte tripartite entre le Troisième Reich, l’Italie et l’Empire du Japon, formalise la coopération entre les puissances de l’Axe pour établir un « nouvel ordre ». Ce pacte obligera Hitler à déclarer la guerre aux États-Unis après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, sans bénéfice aucun pour l’Allemagne, puisque sous-estimant un pays qu’il ne connaît pas, il fait entrer en lice contre le Reich l’immense potentiel économique de l’Amérique, hors d’atteinte.

En mai 1939, l’Allemagne et l’Italie signent un traité d’alliance militaire inconditionnel, le Pacte d'Acier : l’Italie s’engage à aider l’Allemagne même si celle-ci n’est pas l’agressée.

L’Anschluss

Icône de détail Article détaillé : Anschluss.

Afin de réaliser l’Anschluss, rattachement de l’Autriche au Troisième Reich interdit par le traité de Versailles, Hitler s’appuie sur l’organisation nazie locale. Celle-ci tente de déstabiliser le pouvoir autrichien, notamment par des actes terroristes. Un coup d’État échoue en juin 1934, malgré l’assassinat du chancelier Engelbert Dollfuss. L’Italie a avancé ses troupes dans les Alpes pour contrer les velléités expansionnistes allemandes, et les nazis autrichiens sont sévèrement réprimés par un régime autrichien de type fasciste.

Début 1938, l’Allemagne est davantage en position de force et est alliée avec l’Italie. Hitler exerce alors des pressions sur le chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg, le sommant, lors d’une entrevue à Berchtesgaden en février, de faire entrer des nazis dans son gouvernement, dont Arthur Seyss-Inquart au ministère de l’Intérieur. Devant la menace croissante des nazis, Schuschnigg annonce en mars l’organisation d’un référendum pour confirmer l’indépendance de l’Autriche. Hitler lance alors un ultimatum exigeant la remise complète du pouvoir aux nazis autrichiens. Le 12 mars, Seyss-Inquart est nommé chancelier, et la Wehrmacht entre en Autriche. Hitler franchit lui-même la frontière par sa ville natale de Braunau am Inn, puis arrive à Vienne où il est triomphalement acclamé par une foule en délire. Le lendemain, il proclame le rattachement officiel de l’Autriche au Reich, ce qui est approuvé par référendum (99 % de oui) en avril 1938. Le Grossdeutschland (« Grande Allemagne ») était ainsi créé, avec la réunion des deux États à population germanophone. Rares sont alors les Autrichiens à s’opposer à la fin de l’indépendance, à l’image de l’archiduc Otto de Habsbourg, exilé.

En Autriche annexée, la terreur s’abat aussitôt sur les Juifs et sur les ennemis du régime. Un camp de concentration est ouvert à Mauthausen près de Linz, qui acquiert vite la réputation méritée d’être l’un des plus terribles du système nazi. Le pays natal de Hitler, qui se targuera après la guerre d’avoir été la « première victime du nazisme » et refusera longtemps toute indemnisation des victimes du régime, s’est en fait surtout distingué par sa forte contribution aux crimes du IIIe Reich. L’historien britannique Paul Johnson (Une histoire des Juifs, Robert Laffont, 1986) souligne que les Autrichiens sont surreprésentés dans les instances supérieures du régime (outre Hitler lui-même, on peut citer Adolf Eichmann, Ernst Kaltenbrunner, Arthur Seyss-Inquart ou Hans Rautter, chef de la Gestapo aux Pays-Bas occupés) et qu’ils ont en proportion beaucoup plus participé à la Shoah que les Allemands. Un tiers des tueurs des Einsatzgruppen étaient ainsi autrichiens, tout comme quatre des six commandants des principaux camps d'extermination et près de 40 % des gardes des camps. Sur 5 090 criminels de guerre recensés par la Yougoslavie en 1945, on comptera 2 499 Autrichiens.

La crise des Sudètes

Icône de détail Article détaillé : Crise des Sudètes.

Poursuivant ses objectifs pangermanistes, Hitler menace ensuite la Tchécoslovaquie. Les régions de la Bohême et de la Moravie situées le long des frontières du Grossdeutschland, appelé Sudètes, sont majoritairement peuplées par la minorité allemande de Tchécoslovaquie. Comme pour l’Autriche, Hitler affirme ses revendications en s’appuyant sur les agitations de l’organisation nazie locale, menée par Konrad Henlein. Le Führer évoque le « droit des peuples » pour exiger de Prague l’annexion au Reich des Sudètes.

Bien qu’alliée à la France (et à l’Union soviétique), la Tchécoslovaquie ne peut compter sur son soutien. Paris veut absolument éviter le conflit militaire, incitée en cela par le refus britannique de participer à une éventuelle intervention. Le souvenir de la Grande Guerre influence également cette attitude : si les Allemands ont développé le désir de revanche, les Français entretiennent quant à eux une ambiance générale résolument pacifiste.

Le 29 septembre 1938, réunis dans la capitale bavaroise, Adolf Hitler, le président du Conseil français Édouard Daladier, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain et le Duce italien Benito Mussolini, signent les accords de Munich. La France et le Royaume-Uni acceptent que l’Allemagne annexe les Sudètes, pour éviter la guerre. En échange, Hitler, manipulateur, assure que les revendications territoriales du Troisième Reich cesseront. Le lendemain, la Tchécoslovaquie, qui avait commencé à mobiliser ses troupes, est obligée de s’incliner. Parallèlement, le IIIe Reich autorise la Pologne et la Hongrie à s’emparer respectivement de la ville de Teschen et du sud de la Slovaquie.

Maître-d’œuvre de la politique d’« apaisement » avec le Reich, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain a alors ce mot fameux: "Hitler est un gentleman". Mais alors que les opinions publiques française et britannique sont enthousiastes, Winston Churchill commente : « Entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur. Et vous allez avoir la guerre. » De fait, Hitler rompt sa promesse à peine quelques mois plus tard.

En mars 1939, la Slovaquie, encouragée par Berlin, proclame son indépendance ; son leader, Jozef Tiso place son pays sous l’orbite allemande. Hitler, lors d’une entrevue à Berlin avec le président tchécoslovaque Emil Hácha (remplaçant le président démissionnaire Edvard Beneš), menace de bombarder Prague si la Bohême et la Moravie ne sont pas incorporées au Reich. Le 15 mars, Hácha cède, et l’armée allemande entre à Prague sans combat le lendemain. La Bohême et la Moravie deviennent un protectorat du Reich, dirigé par Konstantin von Neurath à partir de novembre 1939, puis de 1941 à son exécution par la résistance tchèque en mai 1942, par le haut chef SS Reinhard Heydrich, surnommé « le boucher de Prague ».

En mettant la main sur la Bohême-Moravie, le Reich s’empare par la même occasion d’une importante industrie sidérurgique et notamment des usines Škoda, qui permettent de construire des chars d’assaut.

L’agression de la Pologne et le Pacte germano-soviétique

Après l’Autriche et la Tchécoslovaquie, vient le tour de la Pologne. Coincée entre deux nations hostiles, la Pologne de Józef Piłsudski a signé avec le Reich un traité de non-agression en janvier 1934, pensant ainsi se prémunir contre l’Union soviétique. L’influence de la France, alliée traditionnelle de la Pologne, en Europe centrale a ainsi considérablement diminué, tendance qui s’est confirmée ensuite avec le démembrement de la Tchécoslovaquie et la désagrégation de la Petite Entente (Prague, Bucarest, Belgrade), alliance placée sous le patronage de Paris.

Au printemps 1939, Hitler revendique l’annexion de la Ville libre de Dantzig. En mars, l’Allemagne a déjà annexé la ville de Memel, possession de la Lituanie. Ensuite, Hitler revendique directement le corridor de Dantzig, territoire polonais perdu par l’Allemagne avec le traité de Versailles en 1919. Cette région donne à la Pologne un accès à la mer Baltique et sépare la Prusse-Orientale du reste du Reich.

Le 23 août 1939, Ribbentrop et Molotov, ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne et l’Union soviétique signent un pacte de non-agression. Ce pacte est un nouveau revers pour la diplomatie française. En mai 1935, le gouvernement de Pierre Laval avait signé avec l’URSS un traité d’assistance mutuelle, ce qui eut pour conséquence de refroidir les relations de la France avec la Pologne, mais aussi avec les Tories au pouvoir à Londres. Avec le pacte de non-agression germano-soviétique, la France ne peut plus compter sur l’URSS pour menacer une Allemagne expansionniste. En outre, la Pologne est prise en tenaille. L’Allemagne et l’URSS ont convenu d’un partage de leurs zones d’influence : Pologne occidentale pour la première, Pologne orientale (Polésie, Volhynie, Galicie orientale) et Pays baltes pour la seconde.

Le 30 août 1939, Hitler lance un ultimatum pour la restitution du corridor de Dantzig. La Pologne refuse. Cette fois-ci, la France et le Royaume-Uni sont décidés à soutenir le pays agressé. C’est le début de la Seconde Guerre mondiale.

La diplomatie hitlérienne pendant la guerre

Une fois la France vaincue en 1940, Hitler satellise les pays d’Europe centrale : Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie. Hitler obtient l’adhésion de la Hongrie et de la Bulgarie, anciens vaincus de la Première Guerre mondiale, en leur offrant respectivement la moitié de la Transylvanie et la Dobroudja, cédées par la Roumanie, où le général pro-hitlérien Ion Antonescu prend le pouvoir en septembre 1940. À partir de juin 1941, Hitler entraîne la Slovaquie, la Hongrie, et la Roumanie dans la guerre contre l’URSS, ainsi que la Finlande, qui y voit une occasion de réparer les torts de la guerre russo-finlandaise.

Cependant, Hitler échoue en ce qui concerne l’Espagne franquiste. Comptant sur la reconnaissance du Caudillo qui a gagné la guerre civile espagnole en grande partie grâce à son soutien, il le rencontre à Hendaye le 23 octobre 1940. Hitler espère notamment pouvoir obtenir l’autorisation de Franco pour conquérir Gibraltar et couper les voies de communications anglaises en Méditerranée. Les contreparties exigées par Franco (notamment des compensations territoriales en Afrique du Nord française), dont le pays est par ailleurs ruiné, sont irréalisables pour Hitler, qui souhaite ménager quelque peu le régime de Vichy pour l’amener sur la voie de la collaboration. Celle-ci sera d’ailleurs officialisée le lendemain par Pétain lors de son entrevue avec le Führer à Montoire.

En novembre 1941, le Grand Mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, rencontre Adolf Hitler et Heinrich Himmler, souhaitant les amener à soutenir la cause nationaliste arabe. Il obtient d’Hitler la promesse « qu’une fois que la guerre contre la Russie et l’Angleterre sera gagnée, l’Allemagne pourra se concentrer sur l’objectif de détruire l’élément juif demeurant dans la sphère arabe sous la protection britannique»[15]. Amin al-Husseini relaie la propagande nazie en Palestine et dans le monde arabe et participe au recrutement de combattants musulmans, concrétisé par la création des divisions de Waffen-SS Handschar, Kama et Skanderberg, majoritairement formées de musulmans des Balkans.

Ce soutien des nazis au Grand Mufti de Jérusalem est contradictoire avec la politique antisémite dans les années 1930, qui a pour conséquence l’émigration d’une grande partie des juifs allemands vers la Palestine. Quant au Grand Mufti, sa stratégie est guidée par le principe selon lequel l’ennemi de ses ennemis (en l’occurrence les Anglais et les Juifs) doit être son allié[16]. Du point de vue hitlérien, il s’agit essentiellement d’ébranler les positions de l’empire britannique au Moyen-Orient devant l’avancée de l’Afrikakorps et de permettre le recrutement d’auxiliaires, notamment pour lutter contre les partisans, alors que l’hémorragie de l’armée allemande devient problématique.

Adolf Hitler en visite à Paris

Le 18 juin 1940, Hitler visite Paris pour la première fois, rapidement. Il passe en revue les troupes des détachements de la Wehrmacht qui défilent devant le maréchal Walther von Brauchitsch et le général Fedor von Bock, commandant en chef du groupe d’armées B. Le soir, il rentre à Munich pour rencontrer Benito Mussolini et examiner la demande de cessation d’hostilités adressée par Philippe Pétain.

Le dimanche 23 juin, il visite une deuxième fois la capitale française, toujours de façon brève et discrète (trois véhicules) en compagnie d’Arno Breker et Albert Speer, essentiellement pour s’inspirer de son urbanisme (il avait donné l’ordre d’épargner la ville lors des opérations militaires). Dès 6 heures du matin, en provenance de l’aérodrome du Bourget, il descend la rue La Fayette, entre à l’Opéra, qu’il visite minutieusement. Il prend le boulevard de la Madeleine et la rue Royale, arrive à la Concorde, puis à l’arc de triomphe. Le cortège descend l’avenue Foch, puis rejoint le Trocadéro. Hitler pose pour les photographes sur l’esplanade du Trocadéro, dos tourné à la tour Eiffel. Ils se dirigent ensuite vers l’École militaire, puis vers les Invalides et il médite longuement devant le tombeau de Napoléon Ier. Ensuite, il remonte vers le jardin du Luxembourg qu’il visite, mais ne souhaite pas visiter le Panthéon. Pour finir, il descend le boulevard Saint-Michel à pied, ses deux gardes du corps à distance. Place Saint-Michel, il remonte en voiture. Ils arrivent alors sur l’île de la Cité, où il admire la Sainte Chapelle et Notre-Dame, puis la rive droite (le Châtelet, l’hôtel de ville, la place des Vosges, les Halles, le Louvre, la place Vendôme). Ils remontent ensuite vers l’Opéra, Pigalle, le Sacré-Cœur, avant de repartir à 8h15. Un survol de la ville complète sa visite. Il ne reviendra plus jamais à Paris[17],[18].

La Seconde Guerre mondiale

Icône de détail Article détaillé : Seconde Guerre mondiale.

Les succès et la domination de l’Europe

Hitler a eu de « brillantes » intuitions, lors de la première phase de la Seconde Guerre mondiale. La Wehrmacht applique la Blitzkrieg (guerre éclair, impliquant un emploi massif et concentré des bombardiers et des blindés), qui lui permet d’occuper successivement la Pologne (septembre 1939), le Danemark (avril 1940), la Norvège (avril-mai 1940), les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique (mai 1940), la France (mai-juin 1940), la Yougoslavie (avril 1941) et la Grèce (avril-mai 1941).

Son mépris total du droit international lui a facilité la tâche, tout comme son absence complète de scrupules, ainsi que la passivité frileuse ou la naïveté de nombre de ses victimes. Ainsi, six de ces pays (Danemark, Norvège, Pays-Bas, Luxembourg, Belgique, Yougoslavie) sont des États neutres, attaqués par surprise, sans même la formalité d’une déclaration de guerre. Hitler a souvent exprimé à ses proches collaborateurs son sentiment selon lequel les traités diplomatiques ou de non-agression qu’il signait au nom de l’Allemagne n’était, pour lui, que des papiers sans réelle valeur, uniquement destinés à endormir la méfiance adverse. Au procès de Nuremberg, le IIIe Reich se verra reprocher la violation de pas moins de 34 traités internationaux.

De même, Hitler n’hésite pas à recourir à des méthodes de terreur pour faire plier l’ennemi. Il ordonne ainsi la destruction par les airs du centre de Rotterdam le 14 mai 1940, ou le terrible bombardement de Belgrade (6-9 avril 1941), en représailles à un putsch anti-hitlérien d’officiers serbes hostiles à l’adhésion à l’Axe. La Wehrmacht s’illustre aussi dans son avancée par un certain nombre de crimes de guerre, ainsi le massacre de 1500 à 3000 soldats noirs des troupes coloniales en France[19], premières victimes dans l’Hexagone du racisme hitlérien.

Autodidacte en matière de culture militaire, Hitler juge que les généraux de la vieille école dominant la Wehrmacht, souvent issus de l’aristocratie prussienne (généralement méprisée par les nazis qui se considèrent révolutionnaires), sont dépassés par les conceptions de la guerre moderne (Blitzkrieg, guerre psychologique) et sont d’un tempérament trop prudent. Les succès militaires sont avant tout ceux de jeunes généraux talentueux tels que Heinz Guderian ou Erwin Rommel, qui savent faire preuve d’audace, d’initiatives et ont une conception de la guerre plus novatrice que leurs adversaires. Toutefois, Hitler lui-même démontre une certaine habileté et audace stratégique. Il est ainsi persuadé que la France ne bougera pas pendant que la Pologne sera envahie, évitant à l’Allemagne de combattre sur deux fronts, ce qui est effectivement le scénario de la drôle de guerre. Il est également en grande partie à l’origine du plan dit « von Manstein », qui permet, en envahissant la Belgique et la Hollande, de piéger les forces franco-britanniques projetées trop en avant et de les prendre à revers par une percée dans les Ardennes dégarnies, pour isoler le meilleur des troupes adverses acculées à Dunkerque en mai-juin 1940. Cependant, Hitler ordonne à ses troupes de marquer un arrêt devant le port d’où rembarquent les troupes anglaises, ordre qualifié plus tard de « miracle de Dunkerque ».

L’invasion de la France en juin 1940 est un véritable triomphe pour Hitler qui est acclamé par une foule massive à son retour à Berlin. Avant l’invasion de la Russie un an plus tard, l’Allemagne hitlérienne domine l’Europe, occupant la Bohême-Moravie, la Pologne, le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, la France, la Yougoslavie et la Grèce. Avec ses succès militaires et la disparition de l’influence française en Europe centrale, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie (dont les champs de pétrole sont une obsession continuelle pour Hitler durant la guerre) et la Bulgarie, en adhérant au Pacte tripartite au cours de l’année 1940, tombent dans l’orbite de l’Allemagne, mettant à sa disposition des bases pour de futures actions.

Entre juin 1940 et juin 1941, le seul adversaire de l’Allemagne nazie est le Royaume-Uni appuyé par le Commonwealth. Hitler, plutôt enclin à des relations cordiales avec les Anglais, considérés racialement comme proches des Germaniques, espère que le gouvernement britannique finira par négocier la paix et qu’il acceptera de se contenter de son empire colonial sans plus intervenir sur le continent. Hitler compte sur l’action de la Luftwaffe, puis les attaques des sous-marins contre les convois de marchandises (bataille de l’Atlantique), pour faire plier le Royaume-Uni.

Mais sur ce point, la détermination de Winston Churchill, arrivé au pouvoir le 10 mai 1940, contraste avec les atermoiements de ses prédécesseurs. Refusant toute paix de compromis, galvanisant la population britannique, il contrarie les plans du Führer. Dès le 15 septembre 1940, la bataille d'Angleterre est virtuellement perdue, l’héroïsme des pilotes de la Royal Air Force ayant fait échec aux rodomontades de Göring, maître de la Luftwaffe, dont la semi-disgrâce auprès du Führer commence.

Furieux, Hitler ajourne dès le 12 septembre l’opération Seelöwe - son plan de débarquement en Angleterre, au demeurant improvisé trop tardivement à l’été 1940, et irréalisable tant que le Royaume-Uni a encore sa flotte navale et aérienne. Il déchaîne alors les bombardements terroristes sur les populations civiles britanniques : le Blitz s’abat chaque jour sur les cités anglaises, en particulier sur Coventry, rasée par l’aviation allemande le 26 novembre 1940, ou sur la vieille City de Londres, incendiée notamment dans les nuits de décembre 1940 et du 10-11 mai 1941. Mais la détermination populaire britannique reste intacte. En 1942, en représailles aux premiers grands raids britanniques sur les cités allemandes, Hitler ordonnera encore de détruire une à une les villes d’art britanniques par les airs (les « raids Bädecker », du nom d’un guide touristique célèbre), de même qu’il déchaînera en 1944 les V1 et les V2 sur l’Angleterre. Sans plus de succès.

Par ailleurs, la guerre sous-marine à outrance rapproche le Royaume-Uni des États-Unis, soucieux de la liberté de commerce et de navigation. Hitler commence à considérer que la guerre avec l’Amérique, foyer du capitalisme juif à ses yeux, devient inéluctable.

Erreurs et échecs

Hitler s’avère aussi et surtout être un commandant en chef brouillon et imprévisible, dédaigneux de l’opinion de son état-major. Il peut compter sur la très grande servilité de celui-ci, et en premier lieu du chef de l’Oberkommando der Wehrmacht (OKW, haut commandement des forces armées), Wilhelm Keitel. Chez Hitler, un manque fréquent de réalisme se double souvent d’impairs stratégiques. Sa première grosse erreur a sans doute été d’ouvrir un deuxième front, en envahissant l’immense Union soviétique sans avoir terminé la guerre contre le Royaume-Uni. Persuadé d’avoir une tâche monumentale qu’il aura du mal à réaliser en une seule vie, il souhaite attaquer l’URSS, adversaire principal et doctrinal, dans des délais rapides. En outre, le Führer est inconscient de bien des problèmes du front. Accueillant très mal les mauvaises nouvelles et tout ce qui ne correspond pas à ses plans, ses subordonnés hésitent à lui transmettre certaines informations.

Au lancement de l’opération Barbarossa contre l’Union soviétique en juin 1941, Hitler, considérant que l’Armée rouge s’écroulera rapidement, envisage d’atteindre avant la fin de l’année une ligne Arkhangelsk-Astrakhan. Il divise son armée en trois groupes : le Groupe d’armée Nord (GAN) ayant pour objectif Leningrad, le Groupe d’armée Centre (GAC) ayant pour objectif Moscou, et le Groupe d’armée Sud (GAS) ayant pour objectif l’Ukraine. À ce dispositif s’ajoutent les alliés finlandais au Nord, hongrois, roumains et italiens au Sud, ces derniers étant considérés comme peu fiables par Hitler et son état-major. En août 1941, Hitler donne la priorité à la conquête de l’Ukraine, objectif économique avec ses terres céréalières et ses mines, par le GAS. Ce faisant, il oblige le GAC à stopper, alors qu’il était parvenu à 300 kilomètres de Moscou et qu’il avait déjà parcouru plus du double en un mois. L’offensive sur ce secteur reprend en octobre, mais ce contretemps fait intervenir un adversaire redoutable : l’hiver russe. Hitler a négligé ce facteur autant qu’il a sous-estimé, du fait de sa haine des Slaves et du communisme, la qualité des troupes soviétiques. L’arrivée de troupes fraîches de Sibérie leur permet de dégager Moscou et de faire reculer des Allemands mal préparés aux dures conditions climatiques. La Wehrmacht a alors perdu 700 000 hommes (tués, blessés, prisonniers), soit un quart de son effectif sur ce front.

Hitler et Mannerheim en Finlande le 4 Juin 1942
Hitler et Mannerheim en Finlande le 4 Juin 1942

En décembre 1941, après l’échec des Allemands devant Moscou, Hitler prend directement le commandement de la Wehrmacht sur le front russe, évinçant le général von Brauchitsch. Pendant l’offensive d’été en Russie du Sud en 1942, il répète l’erreur de l’année précédente en divisant un groupe d’armée en deux, le rendant ainsi plus vulnérable. Le groupe A se dirige vers le Caucase et ses champs de pétrole, le groupe B se dirige vers Stalingrad.

Jusqu’à la débâcle de 1945, Hitler ordonne continuellement à ses troupes, sur quelque front que ce soit, de ne pas reculer, en dépit des rapports de force largement en faveur des Soviétiques ou des Alliés, ou des conditions du terrain, qu’il ne constate jamais sur place. Cette attitude est particulièrement flagrante lors de la bataille de Stalingrad, quand il refuse à l’armée encerclée de Friedrich Paulus la permission d’opérer une retraite. De nouveau, il refuse d’évacuer l’Afrique du Nord, prise en tenaille par les Américains et les Anglais, malgré les conseils de Erwin Rommel lors de la campagne de Tunisie en février-mai 1943. Ces deux refus de retraite coûtent à chaque fois environ 250 000 tués ou prisonniers à l’armée allemande.

Lors de la bataille de Normandie, Hitler retarde l’envoi de Panzerdivisionen pour rejeter les forces alliées, pensant que l’opération Overlord est une diversion et que le vrai débarquement doit avoir lieu dans le Pas-de-Calais, ce qui était d’ailleurs l’objectif de l’opération Fortitude, intoxication des services secrets alliés. En août 1944, il ordonne au général von Kluge d’effectuer une contre-attaque à Mortain pour sectionner la percée des troupes américaines à Avranches. Cependant, les troupes allemandes engagées dans cette opération ne peuvent avancer jusqu’à leurs objectifs en raison des bombardements alliés massifs, et elles sont prises dans une nasse refermée par George Patton et Montgomery, dans la poche de Falaise où 50 000 Allemands sont fait prisonniers. Paris est libérée quelques jours plus tard, intacte, bien que le Führer eut ordonné sa destruction. Le général Dietrich von Choltitz, commandant les troupes allemandes dans la capitale française, a refusé d’obéir à cet ordre. La capitale de la Pologne n’a pas la même chance, car après l’insurrection de Varsovie, en août-septembre 1944, la ville, déjà détruite à 50 % par les combats, est rasée ensuite à 90 % sur ordre personnel d’Hitler ; les civils sont déportés et on relève près de 200 000 morts.

Attentats contre sa personne

Le pouvoir absolu de Hitler ne cesse de se renforcer au cours de la guerre. Ainsi en août 1942, lors d’une cérémonie au Reichstag, il se fait donner officiellement droit de vie et de mort sur chaque citoyen allemand.

Ses victoires de 1939-1941 ont renforcé la croyance de la population dans son infaillibilité, et rendu impossible la tâche de ceux qui voudraient le renverser. Même de futurs résistants comme les martyrs de la Rose blanche à Munich ou comme le comte de Stauffenberg, héros de l’attentat du 20 juillet 1944, ont été initialement séduits par la personne du Führer et par ses succès. Cependant, si le soutien au moins passif des masses reste pratiquement acquis jusqu’à la fin, depuis la crise des Sudètes en 1938, des individus ou des groupes isolés ont compris que seule la mort de Hitler peut encore permettre d’éviter un désastre total à l’Allemagne.

Hitler a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. Le 8 novembre 1939, lors de la commémoration annuelle de son putsch manqué à la brasserie Bürgerbräukeller, Hitler échappe à un attentat orchestré par Johann Georg Elser. La bombe explose 20 minutes après le départ d’Hitler qui avait dû écourter son discours à cause des mauvaises conditions climatiques l’obligeant à prendre le train plutôt que l’avion. Au fur et à mesure que l’issue de la guerre se précisait dans le sens d’une défaite, plusieurs gradés militaires ont comploté avec des civils pour éliminer Hitler. Bien que les Alliés aient exprimé le choix d’une reddition sans conditions lors de la conférence d'Anfa, en janvier 1943, les conjurés espèrent renverser le régime afin de négocier un règlement politique du conflit. Parmi eux, l’amiral Wilhelm Canaris, chef de l’Abwehr (services secrets), Carl Friedrich Goerdeler, l’ancien maire de Leipzig, ou encore le général Ludwig Beck. Ce dernier, après la défaite de Stalingrad, met en marche le complot sous le nom d’opération Flash, mais la bombe placée le 13 mars 1943 dans l’avion de Hitler, en visite sur le front de l’Est, n’explose pas.

Le 20 juillet 1944, à la Wolfsschanze, Hitler est blessé dans un attentat lors d’une tentative de coup d'État d’officiers organisée par Claus Schenk von Stauffenberg, qui est durement réprimée. Compromis, les maréchaux Erwin Rommel et Günther von Kluge sont contraints au suicide, tandis que l’amiral Canaris est envoyé dans un camp de concentration où il sera assassiné par pendaison à l’approche des Alliés.

En tout, plus de 5000 personnes sont arrêtées et assassinées au cours de la répression. En vertu du principe totalitaire de la responsabilité collective, et se référant aux antiques coutumes de vengeance des peuplades germaniques (Sippenhaft), Hitler fait envoyer les familles des conjurés dans des camps de concentration. Les conjurés, maltraités et ridiculisés, sont traînés devant le Tribunal du Peuple de Roland Freisler, qui les abreuve d’injures et d’humiliations au cours de parodies de justice n’essayant même pas de respecter les apparences élémentaires du droit, avant de les envoyer à la mort. Beaucoup périssent pendus à des crocs de boucher à la prison berlinoise de Plotzensee. Hitler fit filmer les exécutions pour pouvoir les visionner avec ses fidèles dans sa salle privée, bien qu’il semble que les films ne furent finalement jamais projetés.

La défaite finale et la mort

Journal américain informant de la mort d’Hitler
Journal américain informant de la mort d’Hitler

Les ordres de Hitler à ses troupes deviennent de plus en plus irréalistes compte tenu de l’écrasante supériorité de l’Armée rouge et des Alliés. Les réunions entre Hitler et son chef d’état-major (depuis juillet 1944) Heinz Guderian sont de plus en plus houleuses et ce dernier finit par être renvoyé le 28 mars 1945.

Devant ses proches, Hitler déclare que les « armes miracles » vont renverser la situation (dont les V1 et V2, les premiers missiles, assemblés notamment dans le tunnel mortifère du camp de concentration de Dora-Mittelbau, ou encore les premiers chasseurs à réaction Messerschmitt Me 262), ou encore que de même que son héros Frédéric II de Prusse avait jadis été sauvé par un retournement d’alliance in extremis, de même les Alliés arrêteront de combattre le IIIe Reich pour s’attaquer à l’Union soviétique.

En fait, depuis la conférence de Casablanca en janvier 1943, les Alliés sont sans ambiguïté sur l’exigence d’une capitulation sans condition et sur la dénazification de l’Allemagne et le châtiment des criminels de guerre. Quant aux "armes nouvelles", elles auraient été tout à fait insuffisantes, et Hitler a lui-même gâché ses dernières chances, en affichant longtemps son mépris pour les "sciences juives" dont la physique nucléaire (une des causes du retard pris aux recherches sur la bombe atomique), ou encore en exigeant, contre l’avis de tous les experts, de construire les avions à réaction non pas comme chasseurs, ce qui aurait pu faire basculer la guerre aérienne, mais comme bombardiers - pour pouvoir reprendre la destruction des villes anglaises.

Dans les derniers mois du conflit, Hitler, dont la santé décline rapidement, n’apparaît plus en public et reste la plupart du temps à Berlin. C’est Joseph Goebbels, le chef de la propagande, par ailleurs commissaire à la défense de Berlin et responsable de la Volksturm, qui se charge d’exhorter les troupes et les foules. Le lien entre les Allemands et le Führer se distend. Hitler n’a jamais visité une ville bombardée ni un hôpital civil, il n’a jamais vu aucun des réfugiés qui fuient l’avancée de l’Armée rouge par millions à partir de janvier 1945, il ne se rend plus de longue date au chevet de soldats blessés, et a cessé depuis fin 1941 de prendre ses repas avec ses officiers ou ses soldats. Sa glissée hors du réel s’accentue.

Convaincu que le peuple allemand ne mérite pas de lui survivre puisqu’il ne s’est pas montré le plus fort, Hitler ordonne le 19 mars 1945 une terre brûlée d’une ampleur inégalée, incluant la destruction des industries, des installations militaires, des magasins et des moyens de transport et de communications, mais aussi des stations thermiques et électriques, des stations d’épuration, et de tout ce qui est indispensable à la survie élémentaire de ses concitoyens. Cet ordre ne sera pas respecté. Albert Speer, ministre de l’armement et architecte du Reich, a prétendu devant le tribunal de Nuremberg qu’il avait pris les mesures nécessaires pour que les directives de Hitler ne soient pas accomplies par les gauleiters.

En avril 1945, le Reich est aux abois : le Rhin franchi par les Occidentaux le 23 mars, les villes matraquées par des bombardements quotidiens, les réfugiés fuyant en masse de l’Est, les Soviétiques approchant de Berlin et de Vienne. Dans les rues assaillies de ces deux villes, les SS pendront encore en public ceux qui parlent de cesser un combat sans espoir. Sur des cadavres de civils pendus à des lampadaires, des pancartes précisent par exemple : « Je pends ici parce que j’ai douté de mon Führer », ou « Je pends ici parce que je suis un traître ». Les dernières images d’Hitler filmées, en pleine bataille de Berlin, le montrent décorant ses derniers défenseurs: des enfants et des pré-adolescents.

Le 30 avril 1945, alors que l’Armée rouge n’est plus qu’à quelques centaines de mètres, Adolf Hitler se suicide en compagnie d’Eva Braun qu’il venait d’épouser, dans le Führerbunker. On suppose généralement que le poison utilisé par Eva Braun était du cyanure de potassium, mais l’historien Ian Kershaw soutient que le poison fourni à tous les occupants du bunker était de l’acide prussique. En ce qui concerne Hitler, on a retrouvé le corps avec son arme de service. On trouve souvent l’affirmation selon laquelle il aurait mordu la capsule juste avant ou presque en même temps qu’il se tira une balle dans la tempe[20], mais Kershaw affirme qu’il est impossible de tirer juste après avoir mordu un tel poison, et conclut à la mort par balle seule ; de nombreuses autres thèses circulent, impliquant parfois qu’un autre ait tiré la balle, mais elles sont classées comme fantaisistes. Dans son testament politique, rédigé la veille de son suicide, il écarte Hermann Göring et Heinrich Himmler, qu’il accuse de trahison. Le premier est accusé d’avoir tenté de le renverser le 25 avril, et le second d’avoir négocié en secret avec les Alliés. Pour Himmler cependant, de récentes recherches amènent à penser qu’il aurait négocié avec les Alliés sur ordre de Hitler lui-même[21]. Il désigne l’amiral Karl Dönitz comme successeur. Son corps est incinéré par son chauffeur Erich Kempka et son aide de camp Otto Günsche, dans un cratère de bombe près du bunker.

Doctrines raciales et crimes contre l’humanité

Théories racistes

Hitler avait présenté ses thèses raciales et antisémites dans son livre Mein Kampf (Mon combat), rédigé en 1924, lors de son incarcération dans la forteresse de Landsberg, après son putsch raté de Munich. Si son succès fut modeste dans un premier temps, il fut tiré à plus de dix millions d’exemplaires et traduit en seize langues jusqu’en 1945 ; il constitue la référence de l’orthodoxie nazie du Troisième Reich.

Dans ce livre, Hitler expose ses théories racistes, impliquant une inégalité et une hiérarchie des races, et son aversion particulière pour les Slaves, les Tsiganes, et surtout les Juifs. Présentés comme des races inférieures, ils sont qualifiés d’Untermenschen (« sous-hommes »). Selon Hitler, les juifs sont une race de « parasites » ou de « vermine » dont il faut débarrasser l’Allemagne. Il les rend responsables des évènements du 9 novembre 1918[22] (abdication de l’empereur et proclamation de la République de Weimar, préludes à l’éphémère révolution spartakiste). Responsables, donc, selon lui, de la défaite allemande, ainsi que de ce qu’il considère la décadence culturelle, physique et sociale de la prétendue civilisation aryenne. Mein Kampf recycle la théorie du complot juif déjà développée dans les Protocoles des Sages de Sion. Hitler nourrit son antisémitisme et ses théories raciales en se référant à des idéologies en vogue en son temps. À Vienne, durant sa jeunesse, les juifs, bien intégrés dans l’élite, sont souvent accusés de la décomposition de l’empire d’Autriche-Hongrie. La haine des juifs est exacerbée par la défaite de la Première Guerre mondiale. Quant à ses idées sur les races humaines, Hitler les tient essentiellement de Die Grundlagen des neunzehnten Jahrhunderts (« Genèse du dix-neuvième siècle », 1899) du Britannique d’expression allemande Houston Stewart Chamberlain, dont les thèses reprenaient elles-mêmes celles de l’Essai sur l'inégalité des races humaines (1853) du racialiste français Gobineau ; il s’inspire également du darwinisme social de Herbert Spencer tel que le prônait la Deutsche Monistbund (« Ligue moniste allemande ») fondée par Ernst Haeckel.

Hitler reprend aussi dans Mein Kampf les vieilles doctrines pangermanistes de création d’un « espace vital » allemand (Lebensraum) en Europe de l’Est. Selon cette doctrine, les territoires habités par des Allemands doivent être unifiés. Ils doivent ensuite être élargis, car jugés trop étroits au regard des besoins matériels de leurs populations et dans une position stratégique inconfortable entre des puissances hostiles à l’ouest et à l’est. Hitler cible également deux adversaires fondamentaux : les communistes et la France, considérée comme dégénérescente (car dirigée par les Juifs et créant un Empire colonial multiethnique), et contre qui l’Allemagne doit se venger de l’humiliant traité de Versailles.

Adolf Hitler est obsédé par l’idée de pureté d’une prétendue race aryenne, la « race supérieure » dont les Allemands sont censés être les dignes représentants, au même titre que les autres peuples nordiques (Norvégiens, Danois, Suédois). Dans le but d’asseoir scientifiquement cette notion de race aryenne, des recherches pseudo-anthropologiques sont entreprises et des cours d’université dispensés. (Himmler crée un institut scientifique, l’Ahnenerbe). En fait, les Aryens étaient un groupe de peuplades nomades vivant en Asie centrale au IIIe  millénaire av. J.-C. et sans liens avec les Allemands. Toujours est-il que la notion d’« aryen » devient avec Hitler un ensemble de valeurs fantasmagoriques que les scientifiques nazis ont tenté de justifier par de prétendues données objectives. La « race aryenne » est assimilée aux canons esthétiques de l’homme germanique: grand, blond et athlétique, tel que le représente Arno Breker, le sculpteur favori d’Hitler. Parallèlement, Hitler développe un intérêt particulier pour le paganisme nordique pré-chrétien, plus conforme à ses théories raciales qu’un christianisme trop humaniste. La religion des dieux Wotan et Thor avait notamment été glorifiée par les opéras de Richard Wagner, dont Hitler était un fervent admirateur. Heinrich Himmler fut le fidèle hitlérien qui poussa le plus loin cette passion, et on retrouve ce symbolisme mythologique dans l’uniforme et les rituels des SS, « chevaliers noirs » du Troisième Reich.

Les victimes de l’euthanasie

Les doctrines raciales nazies impliquaient également d’« améliorer le sang allemand ». Des stérilisations massives, appliquées avec le concours des médecins, furent ainsi entreprises dès 1934, portant sur près de 400 000 « asociaux » et malades héréditaires. Par ailleurs, 5 000 enfants trisomiques, hydrocéphales ou handicapés moteurs disparaissent.

Avec la guerre, un vaste programme d’euthanasie des malades mentaux est lancé sous le nom de code « Action T4 », sous la responsabilité directe de la chancellerie du Reich et de Karl Brandt, médecin personnel d’Hitler. Hitler assure en 1939 l’impunité aux médecins sélectionnant les personnes envoyées à la mort, libérant ainsi des places dans les hôpitaux pour les blessés de guerre. Comme pour les juifs, les victimes sont gazées dans de fausses salles de douche. Malgré le secret entourant ces opérations, l’euthanasie est condamnée publiquement par l’évêque de Münster en août 1941. Elle cesse officiellement mais continue dans les camps de concentration. Environ 200 000 schizophrènes, épileptiques, séniles, paralytiques ont ainsi été exécutés.

De nombreux spécialistes de l’euthanasie sont ensuite réaffectés au gazage massif des Juifs : l’aktion T4 aura donc à la fois préparé et précédé chronologiquement la Shoah.

Persécution antisémite

Dans l’Allemagne nazie, les juifs étaient exclus de la communauté du peuple allemand (Volksgemeinschaft). Le 1er avril 1933, les docteurs, avocats et commerçants juifs sont l’objet d’une vaste campagne de boycott, mise en œuvre notamment par les SA. Ces milices créées par Hitler avaient déjà perpétré, dès le début des années 1920, des actes de violences contre les juifs. Le 7 avril, deux mois après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, la Loi « pour le rétablissement d’une fonction publique professionnelle » exclut les juifs de tout emploi dans les gouvernements (sauf les anciens combattants et ceux qui étaient en service depuis plus de dix ans).

Le 15 septembre 1935, Hitler, officialisant un antisémitisme d’État jusque là modéré, proclame les lois de Nuremberg, comprenant les lois « pour la protection du sang et de l’honneur allemand » et « sur la citoyenneté du Reich ». Celles-ci interdisent aux juifs l’accès aux emplois de la fonction publique et aux postes dans les universités, l’enrôlement dans l’armée ou la pratique de professions libérales. Ils ne peuvent plus avoir de permis de conduire. Les juifs sont déchus de leur nationalité allemande et les mariages mixtes ou les relations sexuelles entre juifs et Allemands sont également interdits. L’objectif est la ségrégation complète entre le peuple allemand et les juifs, ce qui est valable également pour les écoles, le logement ou les transports en commun. En 1937, une « loi d’aryanisation » vise à déposséder les juifs des entreprises qu’ils possèdent. Lourdement frappés par ces mesures discriminatoires, les juifs allemands émigrent massivement : environ 400 000 départs en 1933-1939 en comptant les Autrichiens (sur environ 660 000), vers les Amériques, la Palestine ou l’Europe de l’Ouest.

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, c’est un véritable pogrom, la nuit de Cristal, qu’organise Joseph Goebbels à la demande d’Hitler, le prétexte étant l’assassinat à Paris d’un diplomate du Reich par un juif allemand. Les magasins juifs sont saccagés et la plupart des synagogues sont incendiées. Près de 30 000 juifs sont internés dans des camps de concentration (Dachau, Buchenwald, Sachsenhausen). À la suite de ces évènements, la communauté juive, tenue pour responsable des violences, est sommée de payer une amende d’un (1) milliard de marks. Les biens des juifs sont massivement spoliés.

À noter que parmi les Allemands entrés en résistance, très peu l’ont fait en raison de ces mesures antisémites. La population allemande, embrigadée en cela par la propagande de Goebbels ou Streicher, était convaincue de l’existence d’une « question juive ». Ce conditionnement favorisera la participation de nombre d’entre-eux à l’extermination des juifs.

La « solution finale » : la mise à mort industrielle des Juifs d’Europe

Icône de détail Article détaillé : Shoah.

L’allusion à l’extermination physique des juifs dans Mein Kampf fait encore l’objet d’un débat d’historiens. Pour une partie d’entre-eux, ce projet n’a pas été explicitement décrit dans ce livre, tandis que l’autre partie estime que l’antisémitisme qui s’y exprime est non seulement alarmant, mais s’appuie sur une terminologie (Ausrotung) significative. Le projet d’extermination totale des juifs a pu germer dans l’esprit d’Hitler et de ses séides assez tôt, mais il ne semble pas qu’il ait établi de plan précis ou de méthodologie pour passer à l’acte avant la guerre. Rien ne semble indiquer, qu’initialement, les dirigeants nazis aient prévu que les premières mesures antisémites devaient conduire à une conclusion homicide et a fortiori génocidaire.

Cependant, d’après les mots du procureur général américain Robert Jackson lors du procès de Nuremberg, « la détermination à détruire les juifs a été une force qui, à chaque moment, a cimenté les éléments de la conspiration (nazie) ». De fait, les déclarations d’Adolf Hitler sur les Juifs montrent que, dès le début, il nourrissait le projet de destruction physique des Juifs et que la guerre fut pour lui l’occasion d’annoncer cette destruction, puis d’en commenter la mise en œuvre[23].

Surtout, le 30 janvier 1939, dans un discours retentissant au Reichstag, Hitler a « prophétisé » qu’en cas de guerre, le résultat serait « l’anéantissement de la race juive en Europe ». À cette « prophétie » décisive, lui-même ou Goebbels feront de nombreuses allusions en privé au cours de la guerre : son accomplissement une fois la guerre commencée sera l’une des préoccupations prioritaires.

Hitler n’a toutefois nul besoin de s’investir personnellement beaucoup dans la destruction des Juifs, déléguée à Himmler, qui se contente de lui faire des rapports réguliers. Si divers documents secrets nazis planifiant l’extermination font souvent allusion à « l’ordre du Führer », aucune note manuscrite de lui sur la Shoah n’a jamais été retrouvée ni n’a sans doute jamais existé, signe que son pouvoir absolu lui a permis de déclencher l’un des plus grands crimes de l’Histoire sans même besoin d’un ordre écrit.

Les dirigeants nazis ont longtemps envisagé, parmi d’autres « solutions » comme la création de zones de relégation, d’expulser l’ensemble de la communauté juive allemande sans l’exterminer, mais aucune phase de réalisation concrète n’a été enclenchée. Des projets d’installation des juifs en Afrique (Plan Madagascar) ont notamment été envisagés. Le déclenchement de la guerre radicalise les persécutions antisémites au sein du Troisième Reich. La prolongation de la guerre contre le Royaume-Uni ne permet plus d’envisager ces déportations, de même que l’idée d’un déplacement des juifs d’Europe en Sibérie est abandonnée. L’occupation de la Pologne en septembre 1939 a placé sous contrôle allemand plus de 3 000 000 de juifs. Ceux-ci sont rapidement parqués dans des ghettos, dans les principales villes polonaises, où ils sont spoliés et affamés, et réduits à une misère inimaginable. L’attaque contre l’Union soviétique, à partir du 21 juin 1941, place sur un même plan la conquête du Lebensraum et l’éradication du « judéo-bolchévisme ». Des unités de la SS, les Einsatzgruppen, souvent secondées par des unités de la Wehrmacht, fusilleront sommairement de un et demi à près de deux millions de juifs sur le front de l’Est.

Le 20 janvier 1942, lors de la conférence de Wannsee, quinze responsables du Troisième Reich, sous la présidence du chef du RSHA Reinhard Heydrich, élaborent la « solution finale au problème juif » (Endlösung der Judenfrage), soit l’extermination totale des juifs en Europe. La date précise de la décision prise par Hitler n’a jamais été cernée de façon précise (au cours de l’automne 1941 selon la recherche historique), puisqu’il n’a jamais formellement écrit un ordre. Mais ces décisions entérinées à Wannsee respectaient l’orientation générale de ses objectifs.

Himmler, Heydrich et Göring ont pris la part la plus importante dans la mise en place administrative de la Shoah au sommet de l’État. Sur le terrain, l’extermination des juifs a été souvent le fait d’initiatives locales, d’officiers de la SS. Deux proches collaborateurs d’Hitler, Hans Frank, gouverneur général de la Pologne, et Alfred Rosenberg, ministre des Territoires de l’Est, y ont également pris une part active. Lors de l’été 1942, Himmler retient le procédé d’exécution massive par les chambres à gaz testé à Auschwitz. Au total, près de 1 700 000 juifs, surtout d’Europe centrale et orientale, ont été gazés à Sobibor, Treblinka, Belzec, Chelmno et Maïdanek. Dans le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, 1 000 000 de juifs ont péri.

L’extermination des Tsiganes

Le génocide des Tsiganes ou Porajmos est une autre conséquence des théories raciales nazies. Le Troisième Reich mit sur pied l’Office central pour la lutte contre le péril tsigane. Considérés à la fois comme « asociaux » et racialement inférieurs, les Tsiganes d’Europe furent déportés vers les camps de concentration et d’extermination de la Pologne. Seule la tribu des Sinti échappa à ce sort, étant censée n’être point « abâtardie » (paradoxalement, les Tsiganes sont originaires du nord de l’Inde, berceau de la race aryenne pour les nazis). Pendant la Seconde Guerre mondiale, 240 000 Tsiganes (sur 700 000) furent exterminés en Europe (essentiellement à l’Est et dans les Balkans), en grande partie avec le concours des collaborateurs des territoires occupés.

Les « sous-hommes » slaves : massacres, famine, stérilisation

L’extension du Lebensraum allemand devait fatalement se réaliser aux dépens des populations slaves repoussées vers l’Est. Pour Hitler, la Pologne, les Pays baltes, la Biélorussie et l’Ukraine devaient être traités comme des colonies. À ce sujet, Hitler aurait dit, selon Hermann Rauschning, en 1934 : « Ainsi s’impose à nous le devoir de dépeupler, comme nous avons celui de cultiver méthodiquement l’accroissement de la population allemande. Vous allez me demander ce que signifie « dépeuplement », et si j’ai l’intention de supprimer des nations entières ? Eh bien, oui, c’est à peu près cela. La nature est cruelle, nous avons donc le droit de l’être aussi ».

Les populations non germaniques sont expulsées des territoires annexés par le Troisième Reich après la défaite de Varsovie en 1939, et sont dirigées vers le Gouvernement général de la Pologne, entité totalement vassalisée et placée par Hitler sous le joug de Hans Frank, le juriste du parti nazi. Dès octobre 1939, l’Office central de sécurité du Reich (RSHA), programme la « liquidation physique de tous les éléments polonais qui ont occupé une quelconque responsabilité en Pologne (ou) qui pourront prendre la tête d’une résistance polonaise ». Sont visés les prêtres, les enseignants, les médecins, les officiers, les fonctionnaires et les commerçants importants, les grands propriétaires fonciers, les écrivains, les journalistes, et de manière générale, toute personne ayant effectué des études supérieures. Des commandos SS sont chargés de cette besogne. Ce traitement extrêmement dur aura causé la mort de près de 2 200 000 Polonais. En comptant les 3 000 000 de juifs polonais, exterminés à plus de 90 %, c’est environ 15 % de la population civile polonaise qui a disparu pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les nazis firent aussi fermer les théâtres, les journaux, les séminaires, l’enseignement secondaire, technique et supérieur. Du 1er août au 2 octobre 1944, avec l’accord de Hitler, Himmler orchestra la répression de l’insurrection de Varsovie, avec pour but la destruction totale de la capitale, foyer le plus actif de la résistance polonaise. Avec la complicité passive de l’Armée rouge qui, stoppée par les Allemands aux portes de la ville, ne parachuta aucune aide aux insurgés, les nazis détruisirent la ville à 90 %, et la vidèrent de ses derniers civils après avoir causé la mort d’environ 200 000 personnes.

Avec l’agression de l’URSS, Hitler a prémédité une guerre d’anéantissement contre les populations soviétiques, des experts réunis par Göring ayant notamment prévu que « nos projets devraient entraîner la mort d’environ 10 millions de personnes ». Le but est de piller toutes les ressources du pays, de démanteler toute l’économie, de raser les villes, et de réduire les populations à l’état d’esclavage et de famine. La répression contre les Slaves prend donc une tournure encore plus massive, bien que certaines populations, notamment les nationalistes baltes et ukrainiens aient été initialement disposées à collaborer contre le régime stalinien.

Le traitement des prisonniers soviétiques capturés par les Allemands a été particulièrement inhumain : 3 700 000 d’entre eux sur 5 500 000 meurent de faim, d’épuisement ou de maladie, parfois après avoir été torturés ou suppliciés ; des milliers d’autres sont conduits dans les camps de concentration du Reich pour y être abattus au cours de fusillades massives. Les commissaires politiques sont systématiquement abattus au nom du « décret des commissaires » (Kommissarbefehl) signé par Keitel dès avant l’invasion. Des millions de femmes et d’hommes, parfois des enfants et des adolescents, sont raflés au cours de chasses à l’homme dramatiques pour être transférés dans le Reich comme main-d’œuvre servile.

Les actions des partisans sont l’occasion de représailles impitoyables sur les populations civiles, aussi bien en URSS qu’en Pologne, en Grèce et en Yougoslavie. Environ 11 500 000 civils soviétiques meurent ainsi pendant la Seconde Guerre mondiale.

L’obsession personnelle de Hitler à réduire ces peuples à l’état de sous-hommes a privé la Wehrmacht de nombreuses aides potentielles parmi les populations soumises au joug soviétique. Elle a également eu un rôle mortifère direct, comme lorsque Hitler interdit d’enlever d’assaut la ville de Leningrad, qu’il soumet délibérément à un blocus meurtrier responsable, en mille jours de siège, de plus de 700 000 morts de civils. À ses yeux, la ville qui avait vu naître la révolution de 1917 devait être affamée puis rasée au sol.

De même, Hitler a cautionné les expériences pseudo-médicales visant à mettre au point un programme de stérilisation massive des femmes slaves, perpétré sur des milliers de cobayes humains de Ravensbrück et d’Auschwitz. Et les premières victimes de gazages au Zyklon B à Auschwitz furent des prisonniers soviétiques[24].

Persécution des homosexuels

La déportation méconnue des homosexuels s’estimerait à 75 000 victimes[25]. Mais avec la destruction des dossiers, ce chiffre n’est qu’une estimation et peut être plus important.

Hitler, l’économie et la société allemande

Hitler et le socialisme

Hitler rejetait dans un même mépris capitalisme et marxisme. Son nationalisme raciste transcendait le clivage traditionnel capital/social : il rêvait d’un peuple uni par une race et une culture communes. La propagande hitlérienne est essentiellement guidée par des considérations d’opportunité politique, mais comporte des points de fixation : le nationalisme et l’anti-marxisme, suivis de près par une obsession de la « pureté » raciale.

Il est clairement préoccupé par le problème de cohésion nationale et parle d’« espace vital » pour le développement des Allemands en général. Ayant lui-même enduré des privations à l’époque où il vagabondait à Vienne dans sa jeunesse, il constate amèrement puis avec rage l’impéritie d’une démocratie affaiblie et méprisable.

Pendant les années 1920, il dut louvoyer entre les tendances « droitistes » (de l’armée et de la droite traditionnelle, du patronat qui finançait son parti) et « gauchistes » (de certains de ses partisans, comme Ernst Röhm ou Gregor Strasser qui exigeaient une révolution sociale autant que nationaliste). Après le lamentable échec du putsch de 1923, son problème consiste à capter et conserver un maximum de voix en vue de conquérir électoralement le pouvoir.

Le pragmatisme économique brutal de Hitler est mis en œuvre grâce au pouvoir dictatorial qu’il s’est arrogé par la dissolution de fait de la République de Weimar en 1933-1934. En quelques années, l’économie allemande est remise sur pied entre autres grâce à des emplois publics créés par l’État national-socialiste (autoroutes, travaux d’intérêt général, etc.). Le réarmement n’interviendra que plus tard, après relance de l’économie.

D’après William L. Shirer, dans son livre sur le Troisième Reich, il diminue également de 5% tous les salaires dans le pays, permettant de dégager des ressources pour relancer l’économie. Ce qui semble confirmer, toujours selon Shirer, la nature interventionniste, voire keynésienne de ses directives.

Après la purge de Röhm et la liquidation des SA, Hitler refuse l’idée d’une révolution sociale. Il tient à garder de bons rapports avec ceux qui lui ont permis de prendre le pouvoir, c’est-à-dire les grands industriels, certains financiers et l’armée. On voit là également sa haine de toute idée marxiste. Ainsi, une de ses premières mesures à son arrivée au pouvoir sera la suppression de tous les syndicats.

L’économiste libéral autrichien Ludwig von Mises estimait en 1944 que le nazisme avait appliqué la plupart des mesures préconisées par le Manifeste du Parti communiste de Karl Marx et Friedrich Engels : huit des dix points (du Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels) ont été exécutés par les nazis . Seuls deux points n’ont pas encore été complètement adoptés par les nazis, à savoir l’expropriation de la propriété foncière et l’affectation de la rente foncière aux dépenses de l’État (point n°1 du Manifeste) et l’abolition de l’héritage (point n°3). Cependant, leurs méthodes de taxation, leur planisme agricole et leur politique concernant la limitation des fermages iraient chaque jour dans le sens du marxisme[26].

Ce qui ne saurait faire oublier non plus le rejet radical de la notion de lutte des classes par les nazis, leur absence totale de nationalisation et de réforme agraire, leur entente complexe mais durable avec les milieux industriels et financiers, leur néo-paganisme fort éloigné du matérialisme historique, enfin leur haine absolue du marxisme - et le fait que comme le remarque de son biographe Ian Kershaw, sur les millions de mots de Hitler conservés pour la postérité, aucun ne permet de conclure qu’il ait jamais lu un seul texte de Marx.

La politique sociale et économique hitlérienne

Dès mai 1933, Hitler fait dissoudre les syndicats, pour laisser la place au Deutsche Arbeitsfront (DAF), Front allemand du travail, organisation unitaire nazie, dirigée par Robert Ley. Le DAF permit aux patrons d’exiger davantage de leurs salariés, tout en garantissant à ceux-ci une sécurité de l’emploi et une sécurité sociale. Officiellement volontaire, l’adhésion au DAF est de fait obligatoire pour tout Allemand désirant travailler dans l’industrie et le commerce. Plusieurs sous-organisations dépendaient du DAF, dont Kraft durch Freude (la Force par la joie), chargée des loisirs des travailleurs.

En 1934 est ouverte près de Berlin une nouvelle usine de la Dehomag, en présence d’une sommité du parti nazi, Arthur Görlitzer, membre de l’administration Sturmabteilung. Cette usine procurera de nouveaux moyens à l’industrie allemande grâce à la technologie de la mécanographie et des cartes perforées.

Entre 1934 et 1937, le ministre de l’économie de Hitler, Hjalmar Schacht, ancien directeur de la Reichsbank, a pour mission de soutenir l’intense effort de réarmement du Troisième Reich. Pour atteindre cet objectif, il met en place des montages financiers hasardeux, creusant le déficit de l’État. Par ailleurs une politique de grands travaux, portant notamment sur des autoroutes (déjà planifiées par les précédents gouvernements), est poursuivie, développant ainsi une politique keynésienne d’investissements de l’État.

Le chômage baisse nettement, passant de 3,5 millions de chômeurs en 1930 à 200 000 en 1938. Cependant, Schacht considère que les investissements dans l’industrie militaire menacent à terme l’économie allemande et souhaite infléchir cette politique. Devant le refus de Hitler qui considère le réarmement comme une priorité absolue, Schacht quitte son poste.

Les rêves d’architecte : Hitler et l’art officiel nazi

L’une des obsessions d’Hitler était la transformation complète de Berlin. Dès son accession au pouvoir, il travaille sur des plans d’urbanisme avec son architecte Albert Speer. Il était ainsi prévu une série de grands travaux monumentaux à l’ambition démesurée, d’inspiration néo-classique, en vue de réaliser le « nouveau Berlin » ou Welthauptstadt Germania. La guerre contrariera ces projets, et seule la nouvelle chancellerie, inaugurée en 1939, fut achevée. La coupole du nouveau Palais du Reichstag aurait été 13 fois plus grande que celle de la basilique Saint-Pierre de Rome, l’avenue triomphale deux fois plus large que les Champs-Élysées et l’arche triomphale aurait pu contenir dans son ouverture l’arc de triomphe parisien (40 m de haut). Le biographe de Speer, Joachim Fest, discerne à travers ces projets mégalomanes une « architecture de mort » (Albert Speer, Perrin, 2001).

En pleine guerre, Hitler se réjouira que les ravages des bombardements alliés facilitent pour l’après-guerre ses projets grandioses de reconstruction radicale de Berlin, Hambourg, Munich ou Linz. Dans son bunker, il lui arrivera de rêver de longues heures immobiles devant une maquette de Linz telle qu’il la voulait reconstruite.

Buste d'Hitler réalisé par Arno Breker en 1938
Buste d'Hitler réalisé par Arno Breker en 1938

L’architecture était probablement la plus grande passion de Hitler. S’il se voulait un artiste, il n’a cependant jamais rien compris aux arts de son temps, qu’il méprisait et détestait. À Vienne comme à Munich, foyers actifs de l’art moderne, il est passé complètement à côté des avant-gardes, réservant son admiration aux monuments néo-classiques du XIXe siècle. Dès son arrivée au pouvoir, Hitler disperse les avant-gardes artistiques et culturelles, fait brûler de nombreuses œuvres des avant-gardes et contraint des milliers d’artistes à s’enfuir d’Allemagne. Ceux qui demeurent se voient souvent interdire de peindre ou d’écrire, et sont placés sous surveillance policière. En 1937, Hitler fait circuler à travers toute l’Allemagne une exposition d’« art dégénéré » visant à tourner en dérision ce qu’il qualifie de « gribouillages juifs et cosmopolites ».

Arrivé au pouvoir, il fait surtout valoriser dans les cérémonies nazies la musique de Richard Wagner et celle de Anton Bruckner, ses favorites. Il encourage un « art nazi » conforme aux canons esthétiques et idéologiques du pouvoir au travers des œuvres de son sculpteur préféré Arno Breker, de Leni Riefenstahl au cinéma, ou de Albert Speer, son seul confident personnel, en architecture. Relevant souvent de la propagande monumentale, comme le stade destiné aux jeux Olympiques de Berlin (1936), ces œuvres au style très néo-classique développent aussi souvent l’exaltation de corps « sains », virils et « aryens ».

Legs historique

Anecdotes et rumeurs

  • Adolf Hitler serait aux origines de Volkswagen (« La voiture du peuple » en allemand) et notamment de la Coccinelle. Adolf Hitler aurait rencontré Ferdinand Porsche à ce propos et lui aurait parlé d’une voiture populaire pouvant transporter 5 personnes, atteindre une vitesse de croisière de 100 km/h, consommer environ 7 litres pour 100 km et ne coûtant pas plus de 1 000 Reich Marks dans le but que chacun puisse s’offrir une voiture. Le prototype fut appelé KdF-Wagen (Kraft durch Freude).
  • La propagande alliée répandit l’assertion que Hitler n’aurait eu qu’un seul testicule. À ce propos, les Alliés chantaient « Hitler has only one ball » (« Hitler n’a qu’une couille »), sur l’air de la Marche du Colonel Bogey.
  • Une rumeur récurrente prétend que Hitler était seulement peintre en bâtiment ; une caricature féroce de Sennep a peut-être contribué à ancrer la légende. Il a en fait laissé des aquarelles, estimées au nombre de 2 000, certes sans génie particulier, mais qui témoignent, au moins, du fait qu’il était capable d’en peindre et qu’il possédait en tout cas de très bonnes bases dans cette technique. En revanche, pendant ses années de galère, après avoir échoué à l’examen d’entrée aux Beaux-Arts, Hitler occupa un emploi de manœuvre, comme il l’a mentionné dans Mein Kampf.

Rumeurs post mortem

Nombre de rumeurs circulèrent sur la possibilité que Hitler aurait survécu la fin de la guerre. Le FBI mena des enquêtes jusqu’en 1956 sur des centaines de pistes plus ou moins sérieuses. Mais dès la chute de Berlin, les services secrets soviétiques avaient récupéré une grande partie du corps.

En juin 1946, les témoins, prisonniers du NKVD dirigé par Lavrenti Beria, sont transportés à Berlin, dans le parc du bunker. Ils indiquent l’endroit où ils ont enflammé, puis enterré le corps de Hitler et celui de sa femme.

L’emplacement correspond à l’exhumation réalisée par le SMERSH un an plus tôt. On en profite pour procéder à de nouvelles fouilles et on déterre quatre fragments de crâne. Le plus grand est transpercé par une balle.

L’autopsie réalisée fin 1945 se trouve en partie confirmée : les médecins y notaient en effet l’absence d’une pièce maîtresse du crâne, celle qui justement permet de conclure que Hitler s’est suicidé par arme à feu. Le puzzle est désormais complet.

Ces éléments ne sont toutefois pas diffusés par Beria. Staline lui-même n’en aurait pas été tenu informé [réf. nécessaire], ce qui expliquerait qu’il ait soupçonné les Occidentaux d’avoir recueilli le dictateur déchu. Pour tenter d’expliquer ce surprenant silence des soviétiques sur ces preuves indubitables prouvant la mort d’Hitler, il a été avancé que ce doute aurait pu servir à viser l’Espagne franquiste, dernier bastion du fascisme en Europe après la chute des régimes allemand et italien, laissant insinuer qu’Hitler y aurait trouvé refuge et offrant ainsi à l’Armée rouge un prétexte pour traverser l’Europe de l’Ouest afin de renverser le régime de Franco.

Concernant les restes des époux Hitler, ils sont pudiquement oubliés. Il faut attendre 1970, et l’ère Brejnev, pour que le chef du KGB Youri Andropov les fasse détruire par le feu [réf. souhaitée], toujours sans divulgation de cette incinération.

Mais le crâne et les dents de Hitler, conservés dans les archives, échappent à la crémation. On n’en apprend l’existence qu’après la chute de l’URSS. En 2000, la partie supérieure du crâne du dictateur devient même l’une des curiosités d’une exposition moscovite organisée par le Service fédéral des archives russes pour marquer le cinquante-cinquième anniversaire de la fin de la guerre.

Aspects énigmatiques du personnage

  • Il est établi que Hitler donna des ordres spécifiques pour que Johann Georg Elser, l’auteur de l’attentat de Munich qui aurait pu le tuer ne fût ni exécuté, ni même mis dans une situation où ses jours seraient en danger. Pourquoi ? Peut-être pour organiser un grand procès à la fin de la guerre. Elser fut tout de même interné dans un camp et assassiné peu avant la défaite allemande.
  • Il donna également des ordres pour qu’un certain nombre d’Allemands d’origine juive s’étant distingués pendant la Première Guerre mondiale ne soient pas inquiétés. Ce point était à l’origine une demande de Hindenburg. Ce point de vue est à rapprocher de la phrase de Göring, « Je suis celui qui décide qui est Juif et qui ne l’est pas. »
  • Hitler a pris comme symbole pour son mouvement le svastika (croix gammée), déjà symbole de diverses organisations racistes (en allemand, « Volkisch ») comme la Société de Thulé. Le svastika est à la base indien, et est un signe de vie. Le symbole nationaliste utilisé dès la fin du XIXe siècle l’a repris à l’identique, mais en sens inverse, comme pour en retourner aussi la signification (le « Viva la muerte » des phalanges espagnoles n’était pas loin) ; on remarquera aussi que le salut que Mussolini, repris par la suite par Hitler à partir de 1926, demandait de ses troupes était exactement celui des légionnaires de l’empire romain saluant l’Empereur, mais aussi des gladiateurs qui l’exécutaient avant de mourir (le fameux rite du « Ave Caesar, morituri te salutant »).
  • Point que certains jugent négligé par la plupart des historiens : les doctrines mystiques dans lesquelles Hitler et d’autres responsables du nazisme auraient puisé leur inspiration pour l’élaboration de la politique national-socialiste, et les rapports que le Führer aurait entretenus avec l’univers des sciences occultes (source : Louis Pauwels et Jacques Bergier, Le Matin des Magiciens, introduction au réalisme fantastique, Folio, 1960).
  • Il est souvent fait référence au fait que Hitler était végétarien. Cela serait dû à une prescription d’ordre médicale (qu’il ne respectait pas à la lettre). Albert Speer et Robert Payne, deux des plus importants biographes d’Hitler démontrent dans leurs livres que Hitler n’était pas végétarien. S’il l’était il n’aurait pas fait bannir les organisations végétariennes d’Allemagne quand il est arrivé au pouvoir. Il arrêta leurs responsables et fit cesser la parution de la principale revue végétarienne publiée à Francfort. La persécution nazie força les végétariens allemands soit à quitter le pays, soit à vivre dans la clandestinité. Dione Lucas, qui a travaillé à l’hôtel Hamburg avant la guerre se souvient comment elle devait préparer pour Hitler son plat favori : « Je ne voudrais pas vous couper l’appétit pour le pigeon rôti », écrit-elle dans son livre de cuisine, « mais vous serez intéressé de savoir que c’était le plat favori de monsieur Hitler, qui dînait à l’hôtel très souvent ».
  • Adolf Hitler a choisi le 22 juin 1941 pour débuter l’opération Barbarossa, le jour qui suit le solstice d’été, où le Soleil est à son apogée. Féru d’astrologie, ayant adopté le svastika pour représenter son idéologie, (qui symbolise dans la mythologie nordique le marteau de Thor tournoyant dans le ciel comme étant le Soleil); difficile d’y trouver une simple coïncidence, quand on sait que même durant les derniers jours Adolf Hitler lisait des prévisions astrologiques à Eva Braun dans le Führerbunker.[27]

Hitler et le droit des animaux

« Dans le nouveau Reich, il ne devra plus y avoir de place pour la cruauté envers les bêtes. » (Extrait d’un discours d’Adolf Hitler[28], ces propos inspirant la loi du 24 novembre 1933 sur la protection des animaux : « Tierschutzgesetz »). Selon ses auteurs, Giese et Kahler, cette loi se veut en rupture avec les thèses anthropocentristes de la civilisation chrétienne : l’animal est maintenant protégé en tant qu’être naturel, pour ce qu’il est, et non par rapport aux hommes. Toute une tradition humaniste, voire humanitariste, défendait l’idée qu’il fallait, certes, interdire la cruauté envers les animaux, mais davantage parce qu’elle traduisait une mauvaise disposition de la nature humaine, voire parce qu’elle risquait d’inciter les êtres humains à la violence, que parce qu’elle portait préjudice aux bêtes en tant que telles.[29] Cette loi de protection animale se trouve depuis quelques années au centre d’un débat d’historiens : la paternité nazie de l’écologie profonde a du mal à faire l’unanimité, bien que le IIIe Reich ait promulgué les plus importantes législations qui soient à l’époque touchant la protection de la nature et des animaux[30]. La volonté propagandiste de cette législation ne fait cependant aucun doute, le régime nazi souhaitant soigner son image chez les déjà puissantes associations écologistes allemandes et selon Élisabeth Hardoin-Fugier, qui a écrit l’essai La Protection législative de l’animal sous le nazisme, celle-ci n’était pas vraiment suivie dans la pratique et ne servait qu’à des fins de propagande[31].

Regards des contemporains

  • Benito Mussolini déclara à Ostie, en août 1934 au cours d’un entretien avec la presse et des amis autrichiens :

« Hitler est un affreux dégénéré sexuel et un fou dangereux. Le national-socialisme en Allemagne représente la barbarie sauvage et ce serait la fin de notre civilisation européenne si ce pays d’assassins et de pédérastes devait submerger le continent. Toutefois, je ne puis être toujours le seul à marcher sur le Brenner ».[32].

« Hitler possède un pouvoir magnétique sur les foules ; qui découle de la foi en une mission qui lui aurait été confiée par Dieu. Il se met à parler sur le ton de la prophétie. Il agit sur l’impulsion et rarement sous l’empire de la raison. Il a l’étonnante faculté de rassembler les points essentiels d’une discussion et de lui donner une solution. Une forte intuition lui permet de deviner la pensée des autres. Il sait manier avec habileté la flatterie. Sa mémoire infaillible m’a beaucoup frappé. Il connaît par cœur des livres qu’il a lus. Des pages entières et des chapitres sont photographiés dans son esprit. Son goût des statistiques est étonnamment développé : il peut aligner des chiffres très précis sur les troupes de l’ennemi, les diverses réserves de munitions, avec une réelle maestria qui impressionne l’état-major de l’Armée. »

« Hitler n’était pas un homme comme les autres, il ne ressemblait en rien aux politiciens que j’avais eu l’occasion de rencontrer jusque-là. C’était un homme extrêmement simple, vêtu simplement, parlant simplement, très calme, contrairement à tout ce qu’on a pu raconter. Il était plein d’humour et très drôle dans sa conversation. Sur toutes les questions, politiques, économiques, sociales ou culturelles, il était porteur de vues absolument neuves, qu’il exprimait avec une clarté et une conviction qui entraînaient l’adhésion de ses auditeurs. Il savait conquérir les individus et les foules par le rayonnement étrange de sa personnalité. »

Descriptions et représentation culturelles

Interprétation psychanalytique

Fondateur d’un État totalitaire, doctrinaire raciste et antisémite, responsable de la partie européenne de la seconde guerre mondiale ayant fait entre quarante et soixante millions de morts[34], et inspirateur du génocide des Juifs et de crimes contre l’humanité sans précédent ni équivalent à cette heure dans l’histoire humaine, le personnage d’Hitler a cristallisé une telle animosité qu’il est devenu aux yeux des Occidentaux la figure archétypale du criminel, sinon la figure même du « mal absolu ». Aussi les interprétations de son comportement revêtent-elles nécessairement un enjeu considérable, et aussi est-il nécessaire de les considérer avec beaucoup de recul.

Dans son livre de 1983 Am Anfang war Erziehung (traduit en français sous le titre C'est pour ton bien), Alice Miller analyse les liens entre son éducation « répressive » et la suite de sa biographie et avance l’explication que les comportements violents de Hitler trouveraient leur origine dans ses traumatismes infantiles.

Sa mère avait épousé un homme plus âgé qu’elle de 23 ans, et qu’elle appelait « oncle Aloïs » ; ses trois enfants moururent en quelques années autour de la naissance d’Adolf, amenant ce dernier à être surprotégé. Il aurait été régulièrement battu et ridiculisé par son père ; après une tentative de fugue, il aurait été presque battu à mort. Adolf haït son père durant toute sa vie et on a rapporté qu’il faisait des cauchemars à son sujet à la fin de son existence. Lorsque l’Allemagne nazie annexa l’Autriche, Hitler fit détruire le village où son père avait grandi.

Au cinéma

  • Triumph des Willens (Le Triomphe de la volonté), film datant de l’époque nazie (1935), tourné par Leni Riefenstahl. Film à caractère propagandiste, sans narration, filmé pour donner la meilleure image possible d’Hitler au congrès de Nuremberg, du 30 août au 3 septembre 1933. On y voit des scènes où Hitler est filmé de très bas baignant dans la lumière, lui donnant un air majestueux. Pour l’époque, des innovations y ont été introduites comme les travellings circulaires lors des discours, et de très grands plans lors de parades. Il remporte un prix d’honneur en France comme meilleur documentaire de l’année. Ce film a précédé les lois de Nuremberg et le début de la politique raciale du IIIe Reich, ce qui explique en partie son succès à l’étranger.
  • Parmi les nombreuses représentations au cinéma, Charlie Chaplin ridiculisa Hitler dans son film de 1940 Le Dictateur (The Great Dictator) : le dictateur en question a en effet pour sosie un petit coiffeur juif qui prendra sa place et terminera le film sur un discours humaniste émouvant. Pour la petite histoire, Hitler fit interdire le film en Allemagne, mais s’en procura une copie qu’il se fit projeter en privé à deux reprises. Aux États-Unis, suite à des pressions de la United Artists, ce film ne put sortir que six mois après la fin de son tournage.
  • La Fin d'Hitler, un film de Georg Wilhelm Pabst sorti en 1955, (titre original : "Der Letzte Akt"), une reconstitution des derniers moments vécus par Hitler et ses proches dans l'abri souterrain en avril 1945.
  • Les Dix derniers jours d'Hitler, un film de 1973, où le dictateur est incarné par Alec Guinness.
  • En 1999, le réalisateur russe Alexandre Sokourov place Hitler au début de sa trilogie sur le pouvoir dans le film Moloch, le récit impressionniste d’un week-end au Nid d’aigle du couple Hitler-Eva Braun.
  • Mrs Meitlemeihr, court métrage de 2002 avec Udo Kier dans lequel Hitler a survécu à la guerre et se cache à Londres déguisé en femme.
  • En 2003, Hitler - la naissance du mal (Canada / États-Unis), donne un éclairage sur la jeunesse d’Hitler et sa montée au pouvoir (jusqu’en 1934). Ce film, envers lequel les historiens seront sans doute critiques, a le mérite de montrer la genèse du dictateur, et l’Allemagne telle qu’il l’a connue au moment où il met en place son « combat », alors qu’il n’est encore qu’un « aspirant » en politique. À noter que le film a été censuré par TF1 (environ quarante minutes de scènes coupées) qui a acquis les droits pour la France.
  • En 2003 Max, réalisé par Menno Meyjes, narre l’histoire entre Adolf Hitler (joué par Noah Taylor), à l’époque jeune artiste, et Max, artiste juif amputé du bras droit. Max encourage Hitler à exorciser sur la toile ses colères, ses haines et ses peurs. Petit à petit, Hitler devient haineux envers les juifs ce qui conduira à l’horreur que l’on sait.
  • En 2005 sort La Chute (Der Untergang), réalisé par Oliver Hirschbiegel, avec dans le rôle d’Hitler, l’acteur suisse Bruno Ganz. Ce film narre les derniers jours du Führer dans son bunker.
    Lors de sa sortie, ce film a attisé la polémique. On lui a notamment reproché de montrer un visage trop humain du dictateur de l’Allemagne.
  • Actuellement, le film "Mein Führer" déchaine les passions en Allemagne du fait qu’il présente Hitler comme un sujet comique.

Créations diverses et uchroniques

  • Hitler a souvent été utilisé comme personnage dans des œuvres de fiction. Un exemple précoce en est la description cryptée dans la pièce écrite en 1941 par Bertolt Brecht, La Résistible Ascension d'Arturo Ui, dans laquelle Hitler est transposé en la personne d’un racketteur mafioso sur le marché des choux-fleurs à Chicago.
  • Dans le recueil de nouvelles de Dino Buzzati Le K, la nouvelle nommée Pauvre petit garçon contient une chute assez inattendue…
  • Roald Dahl a également écrit une petite nouvelle sur Adolf Hitler dans Kiss Kiss, recueil de nouvelles à l’humour noir, elle s’intitule Une histoire vraie.
  • Une des plus étranges œuvres tardives de Salvador Dali fut Hitler se masturbant, le représentant au centre d’un paysage désolé.
  • Dans son roman Pompes funèbres, Jean Genet propose une vision homoérotisée du Führer, ainsi qu’un regard poétique sur les rapports qu’entretiennent la violence nazie et l’attirance sexuelle.
  • Rêve de fer (The Iron Dream, 1972) une uchronie de Norman Spinrad : un certain Adolf Hitler, n’arrivant pas à fonder un mouvement politique, émigre aux États-Unis, écrit des romans d’heroic fantasy, dont un, le Seigneur du Swastika, récit enchâssé dans le livre de Spinrad avec ses préface et postface expliquant un monde n’ayant pas connu le régime nazi.
  • Ces garçons qui venaient du Brésil, Franklin J. Schaffner (1976), raconte une tentative de clonage du dictateur défunt par le sinistre Docteur Mengele.
  • Fatherland, de Robert Harris est une uchronie qui met en scène un thriller dans une Europe où le Troisième Reich a triomphé des Alliés en 1944.
  • La Part de l'autre, d’Éric-Emmanuel Schmitt, est un roman uchronique qui nous montre ce qu’aurait pu devenir le monde si, à cet instant précis du 8 octobre 1908, le jury de l’École des Beaux-Arts de Vienne avait prononcé « Adolf Hitler : admis ». Il écrit en parallèle la vie d’Hitler avec celle qu’il aurait eue s’il avait été admis.
  • Un Château en Forêt : Le Fantôme de Hitler, de Norman Mailer est une biographie de Hitler, où un SS posséderait des informations secrètes sur l'enfance et la vie du Führer et les livrerait au lecteur.

Les chanceliers d’Allemagne

Précédé par Adolf Hitler Suivi par
Franz von Papen
Chancelier du Troisième Reich
1933 - 1945
Joseph Goebbels

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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Notes et références

  1. (de) Hitler renonce à sa nationalité autrichienne (7 avril 1925)
  2. Son biographe Ian Kershaw, dans la préface à son Hitler (t. I, Flammarion, 2000), analyse ainsi la singularité historique d’Hitler, dont le nom est devenu de fait dans la conscience universelle un synonyme du « Mal » : outre qu’il a sévi bien au-delà des frontières de son pays, il s’agit d’un conquérant qui « n’a laissé que des ruines derrière lui », ainsi qu’un immense traumatisme moral. L’historien note aussi que même les derniers défenseurs d’Hitler n’osent pas assumer frontalement ses actes (négationnisme). L’historiographie contemporaine a enfin amplement démontré et souligné la singularité de la Shoah, génocide mené contre la totalité d’un peuple désarmé et dispersé, selon des méthodes industrielles et bureaucratiques sans équivalentes à cette heure dans l’Histoire humaine. De même, il a été régulièrement souligné la spécificité de ses projets d’exterminations racistes ou de la destruction méthodique et radicale de la personne humaine dans les camps de concentration. Cf. p. ex. Henry Rousso, « La violence congénitale du nazisme », in Nazisme et stalinisme. Histoire et Mémoire comparées, Complexes, Bruxelles, 2000.
  3. Un cliché pris sur Odeonplatz à Munich le 2 août 1914 le montre dans la foule assemblée voir (en) Pictures of Hitler - Hitler Celebrating the Declaration of WWI
  4. Lionel Richard (dir.), D’où vient Adolf Hitler ?
  5. Cf. Hitler, tome 1 de Ian Kershaw, et 'Hitler de Heiden
  6. François Bédarida, Le Nazisme et le génocide, Pocket, souligne la spécificité de l’idéologie d’Hitler : parfaitement cohérente, sincèrement ressentie, cette Weltanschauung est unique au monde car aucune autre n’a entraîné par son application même de crimes aussi vastes et singuliers.
  7. Philippe Burrin, "Le Grand capital a-t-il soutenu Hitler ?", in L’Histoire, L’Allemagne de Hitler, Points-Seuil, 1994
  8. J.M. Argelès, « La terreur en Allemagne avant 1939 », in Une si longue nuit, dir. St. Courtois, 2003.
  9. Atlas du IIIe Reich, collection Autrement, 1998
  10. Ian Kershaw, Hitler, Flammarion, 2000, passim
  11. Barbara Lambauer, Otto Abetz et les Français, Fayard 2001, page 96
  12. Bertrand de Jouvenel, Un voyageur dans le siècle, Robert Laffont 1979, page 256
  13. Extrait de l’interview de Bertrand de Jouvenel paru dans le journal Paris-Midi du vendredi 28 février 1936 Page 1 et 3/ Ref. BNF MICR D-uc80
  14. Ibid., samedi 29 février 1936, p. 3.
  15. Cité par K. Timmerman, op. cit., p. 109
  16. Compte rendu de l’entretien entre le Führer et le grand Mufti de Jérusalem le 30 novembre 1941, Documents on German Foreign Policy, 1918-1945, cité dans Walter Laqueur, The Israel-Arab Reader, Penguin Books, 1970, pp. 106-107.
  17. Historia hors série N°13, juin 1969 ; Paris ville ouverte par Pierre Bourget / Charles Lacretelle
  18. Le choc de 1940 / Jean Cau
  19. Une saison noire Le massacre des tirailleurs sénégalais mai-juin 1940 par Raffael Scheck
  20. Les derniers jours de Hitler, par Édouard Husson; c’est également ce que présente le film La Chute
  21. Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, tome 3, p. 205. et les travaux de François Delpla.
  22. Mémorandum de Walter Hevel, fonctionnaire du ministère des affaires étrangères du Reich, 21 janvier 1940. Akten zur deutschen auswärtigen Politik, vol. 158, p. 170., cité par Gerald Fleming, Hitler and the Final Solution, University of California Press, 1994, p. 14.
  23. Voir la longue liste des propos d’Hitler rapportés par PHDN : L’antisémitisme mortifère d’Hitler. Paroles et documents
  24. Le 3 septembre 1941, d’après Rudolf Hoess, commandant du camp. Voir Pierre Vidal-Naquet, Les assassins de la mémoire, 2005, p. 143.
  25. Mémorial de la déportation homosexuelle
  26. (Ludwig von Mises, Omnipotent Government, The Rise of the Total State and Total War)
  27. voir le film Der Untergang
  28. Discours radiodiffusé de Hitler, le 1er février 1933
  29. Texte officiel dans le Reichsgesetzblatt, Journal Officiel du Reich, n°132, du 25 novembre 1933, pp. 987-988, une colonne p. 989. Traduction du Bulletin juridique du Comité International, BJCI, 1933, pp. 33-37.
  30. « Le Point » du 6 avril 2001
  31. voir La Protection législative de l’animal sous le nazisme par Élisabeth Hardoin-Fugier
  32. Chroniques de l’histoire, (ISBN 290596992X)
  33. Interview recueillie par Jean Kapel, Histoire magazine, n° 19, septembre 1981.
  34. Marc Nouschi, Bilan de la Seconde Guerre mondiale, Le Seuil, 1996