Mao Zedong

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Mao Zedong est un nom chinois ; le nom de famille, Mao, précède donc le prénom.
Mao Zedong
Portrait officiel de Mao Zedong.
Portrait officiel de Mao Zedong.
Nom Máo Zédōng
毛泽东
Surnom Le grand timonier
Naissance 26 décembre 1893
à Shaoshan, Hunan, Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Décès 9 septembre 1976 (à 83 ans)
à Pékin, Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Nationalité Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Profession Homme politique
Théoricien
Révolutionnaire
Occupation 1er Dirigeant de la République populaire de Chine(1949-1959)
Famille Yang Kaihui (1920–1930)
He Zizhen (1930–1937)
Jiang Qing (1939–1976)

Mao ZedongÉcouter la prononciation en mandarin écouter ou Mao Tsé-toung ( Máo Zédōng) est un révolutionnaire, théoricien, guerillero et homme d'État chinois, fondateur et dirigeant de la République populaire de Chine. Fils de paysans aisés, il est né à Shaoshan (韶山 Sháo Shān) dans la province du Hunan (湖南 Hú'nán) le 26 décembre 1893, et décédé à Pékin le 9 septembre 1976.

Un des cofondateurs du Parti communiste chinois (Shanghai 1921), il parvint progressivement à s'en faire reconnaître comme le dirigeant suprême, notamment à l'occasion de l'épisode célèbre de la Longue Marche (1934-1935) (fuyant les troupes nationalistes de Tchang Kaï-Chek, Mao entreprend la Longue Marche vers Yan'an, au nord-ouest du pays, où il gagne petit à petit les paysans à la cause révolutionnaire). Après de longues années de guérilla contre les nationalistes du Guomindang dirigés par Tchang Kaï-chek, ainsi que contre l'envahisseur japonais pendant la guerre sino-japonaise (1937-1945), Mao sortit vainqueur de l'ultime phase de la guerre civile chinoise (1949) : cette année-là connut la victoire de l'Armée populaire de libération. Mao Zedong proclame la République populaire de Chine, le 1er octobre à Pékin. Il en sera président de 1949 à 1959. Il fut ainsi le fondateur et l'un des plus hauts dirigeants de la République populaire de Chine, jusqu’à sa mort en 1976.

Mao restaura l'unité et l'indépendance nationale de la Chine, au terme de décennies de divisions intestines et de « semi-colonisation » par l'Occident. Il imposa à la population le collectivisme communiste et la dictature du parti unique, en suivant d'abord de très près le modèle soviétique. Au nom de la définition d'une « voie chinoise vers le socialisme », Mao rompit ensuite avec l'URSS et fut l'inspirateur direct du Grand Bond en avant (1958-1960), échec radical soldé dans les campagnes par la plus vaste et la plus meurtrière famine qu'ait connu le XXe siècle. Mis dès lors sur la touche par ses collègues, il souleva les étudiants chinois contre la direction du Parti pour reprendre le pouvoir, livrant la Chine à la violence effrénée des gardes rouges au cours de la confuse Révolution culturelle (1966-1969): le Petit Livre Rouge résume la pensée de Mao. Ayant éliminé ses rivaux, disgrâcié les gardes rouges et rétabli l'ordre à son profit, il fit l'objet d'un culte de la personnalité porté à son paroxysme et rapprocha alors le plus la Chine populaire d'un État de type totalitaire (1969-1976). Il entama cependant une détente internationale et un rapprochement avec l'Occident, qui permit la réintégration de la Chine dans le concert mondial (entrée à l'ONU, 1971), et laissa son fidèle Premier Ministre Zhou Enlaï décréter le programme des « Quatre Modernisations » (1975). Il mourut sans avoir désigné de successeur, et la Chine réhabilita peu après un certain nombre de ses victimes, tout en diminuant considérablement le contrôle politique sur la société et en s'ouvrant à une certaine forme d'économie de marché.

Mao Zedong reste un des personnages les plus connus et les plus passionnément controversés du XXe siècle et de l'histoire de Chine.

C'est lui qui en définitive a rendu à la Chine moderne son indépendance et son unité, suite à la lutte pour le pouvoir avec le Guomindang. Mais les carences des programmes les plus significatifs de Mao – le Grand Bond en avant et la Révolution culturelle surtout - ont été vivement mises en avant. Leur coût exorbitant se chiffre de fait aujourd'hui en dizaines de millions de morts[1] et en pas moins de vies gâchées et de destins brisés, sans oublier le gaspillage énorme de ressources et d'énergies, d'incontestables régressions économiques, écologiques et techniques, l'étouffement à terme de la créativité culturelle chinoise et de l'identité des minorités ethniques (Tibet en tête), ou les déchaînements de vandalisme. Il reste délicat aussi d'évaluer dans son action et ses idées la part de l'idéologie socialiste, souvent largement utilisée comme propagande de façade, et la part des jeux de pouvoir en sa faveur, qui semblent avoir dominé ses choix politiques pour la Chine.

Il reste enfin difficile de juger de la place de Mao dans la continuité de la très longue histoire chinoise : rupture radicale avec le passé, ou règne d'un nouvel empereur de Chine d'une nature inédite ? Presque jamais sorti de Chine, nourri de la culture classique de l'ancien Empire du Milieu, lui-même poète, calligraphe et écrivain à ses heures, Mao Zedong semble à beaucoup avoir souvent autant puisé dans l'héritage de Confucius que dans celui de Karl Marx. Il entendit d'ailleurs adapter le marxisme à la situation chinoise, en faisant dès les années 1920 de la paysannerie et non plus de la classe ouvrière le moteur du combat révolutionnaire et de la transformation sociale.

Bien que toujours officiellement respecté en Chine, il n’est plus une référence pour un régime dont les politiques ont divergé de celles préconisées par Mao. Des partis et groupuscules maoïstes à travers le monde continuent à révérer Mao comme un grand révolutionnaire dont la pensée serait la quintessence du marxisme. Dans le monde, des hommes souvent à mille lieues du marxisme et du maoïsme ont salué en lui un stratège militaire de génie, un patriote ayant su rendre sa dignité à son pays, un leader du Tiers-Monde et un personnage d'une envergure historique peu commune, dont l'épopée fascine encore aujourd'hui. Mais de plus en plus d'historiens démontent la légende et insistent sur les travers de l'homme et sur le dictateur aux choix souvent malencontreux et ayant causé la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes en Chine (65 millions selon Le Livre noir du communisme, 70 millions selon Mao. L'histoire inconnue).

Voir également l'article sur l'Histoire de la République populaire de Chine.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Enfance et formation révolutionnaire

Mao Zedong dans sa jeunesse.
Mao Zedong dans sa jeunesse.

Mao est le fils aîné d'une famille relativement prospère de Shaoshan dans le département de Xiangtan, province de Hunan. Ses ancêtres étaient venus de la province du Jiangxi sous la dynastie Ming et s’étaient installés comme paysans. Sa langue natale était le xiang et non le mandarin, dialecte en grande partie intelligible des autres chinois mais qui restera caractéristique de ses discours, mais aussi de ses faibles capacités en langues : il ne maîtrisera jamais le putonghua, la langue standard chinoise que son propre régime a mis en place.

En 1908, son père le maria à une de ses nièces, Luo, de quatre ans son aînée. En 1936, Mao prétendit à Edgar Snow n'avoir jamais vécu avec elle. Elle mourut en 1910. De ce mariage, Mao devint un adversaire acharné des mariages arrangés.

Durant la révolution chinoise de 1911, Mao s’engagea dans un régiment local du Hunan. Cependant son aversion pour le service militaire le conduisit à retourner à l’école à Changsha.

En 1918, il fut diplômé de la première école normale provinciale du Hunan. Il se mit à voyager avec son professeur Yang Changji, son futur beau-père, jusqu’à Pékin où il passa les événements du mouvement du 4 mai en 1919.

Yang était professeur à l’université de Pékin. Grâce à la recommandation de Yang, Mao travailla comme aide bibliothécaire à l’université sous les ordres de Li Dazhao. Mao s’enregistra comme étudiant à temps partiel à l’université et suivi des cours et séminaires dispensés par des intellectuels célèbres comme Chen Duxiu, Hu Shi, Qian Xuantong, etc. Durant son séjour à Pékin, il lut énormément ce qui lui permit de se familiariser avec les théories communistes. Il se maria avec son condisciple Yang Kaihui, la fille du professeur Yang.

Employé à la bibliothèque de Pékin, Mao Zedong révéla par la suite sa rancune envers les lettrés chinois, qui méprisaient son origine paysanne. Il garda toutefois un goût pour la poésie et la calligraphie, devenu célèbre par la suite.

À l'inverse de certains de ses éminents contemporains révolutionnaires, tels que Zhou Enlai, Mao rejeta l'idée d'aller étudier en France : hors l'aspect financier du périple, l'idée a été avancée que les faibles capacités linguistiques de Mao l'avaient découragé : la langue chinoise étant déjà un obstacle (le dialecte du Hunan étant sa référence principale). On remarque qu'il ne s'est jamais rendu par la suite en Union soviétique par exemple. Plus tard, il déclara que c’était parce qu’il croyait fermement que les problèmes de la Chine pouvaient être étudiés et résolus en Chine. Il est souvent avancé que Mao s'est très tôt penché sur les problèmes de la paysannerie. Il apparaît au contraire que c'est assez tard que le problème paysan est devenu un point important pour lui : c'est quand le Guomindang lui a commandé des articles pour des revues consacrés au monde paysan qu'un semblant d'intérêt, n'étant même pas à son initiative, a laissé des traces dans sa biographie.

Le 23 juillet 1921, à l’âge de 27 ans, Mao participa à la première session du congrès du parti communiste chinois à Shanghai : il semble qu'il n'ait pris aucune part active aux débats, face aux autres participants impliqués depuis plus longtemps que lui dans la cause révolutionnaire. Deux ans plus tard, il fut élu un des cinq commissaires du comité central du parti au cours de la session du troisième congrès.

Mao resta un certain temps à Shanghai, une ville importante où le PCC essayait de promouvoir la révolution. Mais après que le parti eut rencontré des difficultés majeures en essayant d'organiser les mouvements syndicalistes et que ses relations avec son allié nationaliste, le Guomindang se furent détériorées, Mao perdit ses illusions de faire la révolution à Shanghai et retourna à Shaoshan. Durant son retour à la maison, Mao réanima son intérêt dans la révolution après avoir été mis au courant des soulèvements de 1925 à Shanghai et Canton. Il s'en fut alors dans le Guangdong, la base du Guomindang, et prit part à la préparation du deuxième congrès national du Guomindang.

Il y travailla activement pour le Guomindang, obéissant à cet égard aux directives du Kremlin, qui souhaitait développer un réseau étendu de taupes communistes déclarées ou officielles ; cependant son engagement au sein du Guomindang, opportuniste, lui a valu d'être taxé de traître par les autres communistes. C'est une période de sa vie qui est largement oblitérée de l'histoire officielle chinoise.

Au début 1927, Mao retourna dans la province du Hunan où, dans une réunion du parti communiste, il fit un rapport sur les conclusions qu'il tirait des soulèvements paysans à la suite de l'expédition du Nord. Ceci est considéré comme le point de départ initial mais décisif vers l'application des théories révolutionnaires de Mao.

[modifier] De la guérilla à la révolution

Dans la première partie de sa vie politique, Mao Zedong a été influencé par le Mouvement du 4 mai 1919, le rejet de la culture classique, de l'impérialisme et l'apport d'idées socialistes. En 1927, Mao conduisit le soulèvement de la récolte d’automne à Changsha, Hunan, en tant que commandant en chef. Mao était à la tête d’une armée, appelée l’ « armée révolutionnaire des travailleurs et des paysans », mais fut vaincu et isolé après des batailles violentes. Ensuite, les troupes épuisées furent forcées de quitter la province du Hunan pour Sanwan, Jiangxi, où Mao re-organisa les soldats isolés, réorganisant les divisions militaires en régiments plus petits. Mao demanda aussi que chaque compagnie ait une cellule du parti avec un commissaire qui puisse donner des instructions politiques sur la base d’instructions supérieures. Ce réarrangement militaire à Sanwan, province du Jiangxi, initia le contrôle absolu du PCC sur ses forces militaires et a été considéré comme ayant eu l'impact le plus fondamental sur la révolution chinoise. Ultérieurement, Mao se déplaça dans les Jinggang Shan, Jiangxi

Dans les Jinggang Shan, Mao persuada deux chefs rebelles locaux de se soumettre. Mao fut rejoint par l’armée de Zhu De, créant ainsi l’"armée rouge des travailleurs et des paysans de Chine", mieux connue sous le nom d’Armée rouge.

De 1931 à 1934, Mao établit la République soviétique chinoise du Jiangxi et fut élu président de cette petite république dans les régions montagneuses du Jiangxi. C’est là qu'il se maria avec He Zizhen - sa précédente épouse Yang Kaihui avait été arrêtée et exécutée en 1930.

Au Jiangxi, la domination autoritaire de Mao, en particulier dans le domaine militaire, fut défiée par la branche du PCC du Jiangxi et par des officiers. Les opposants de Mao, parmi lesquels le plus important était Li Wenlin, le fondateur de la branche du PCC et de l’armée rouge au Jiangxi, s’opposaient aux politiques agraires de Mao et à ses propositions de réforme de la branche locale du parti et des dirigeants de l’armée. Mao réagit d’abord en accusant ses opposants d’opportunisme et de koulakisme et les supprima d’une manière systématique. Le nombre de victimes est estimé à plusieurs milliers et pourrait atteindre 186 000 (ref : Chine: L'archipel oublié by Jean-Luc Domenach, pg 47.) Grâce à ce terrorisme, l’autorité de Mao et sa domination du Jiangxi fut renforcée. Jung Chang et Jon Halliday estiment qu'à son apogée, la république soviétique chinoise couvrait quelques 150 000 km² pour une population de dix millions d'habitants. Ils indiquent également que, rien que sur la zone centrale du Jiangxi et du Fujian, le régime communiste fit, en trois ans, sept cent mille victimes (assassinats, suicides, travaux forcés,...), soit 20 % de la population.

Mao, avec l’aide de Zhu De, construisit une armée modeste mais efficace, et entreprit des expériences de réforme rurale et de gouvernement, et offrit un refuge aux communistes qui fuyaient les purges droitistes dans les villes. Les méthodes de Mao sont normalement considérées comme celles d’une guérilla ; mais Mao faisait une distinction entre guérilla (youji zhan) et guerre mobile (yundong zhan).

La guérilla de Mao ou sa guerre mobile se reposait sur une armée rouge qui avait un armement et une formation dérisoire mais comprenait des paysans pauvres encouragés par des passions révolutionnaires et ayant foi dans l'utopie communiste.

Dans les années 1930, Il n’y avait pas moins de dix régions considérées comme “régions soviétiques” sous le contrôle du PCC et le nombre de soldats de l’armée rouge avoisinait les cent mille. La prospérité des “région soviétiques” étonnait et ennuyait Chiang Kai-shek, président du Guomindang, qui lança cinq campagnes contre ces « régions soviétiques ». Plus d’un million de soldats du Guomindang furent impliqués dans ces campagnes, quatre d’entre elles ayant été repoussées par l’armée rouge conduite par Mao.

[modifier] La Longue Marche, un mythe moderne

Mao Zedong en 1946.
Mao Zedong en 1946.

Après la fondation du soviet du Jiangxi sur le modèle russe, Mao Zedong peine à s'imposer dans la hiérarchie du Parti. Considéré comme un modéré, voire un droitiste, il découvre une méthode soviétique qu'il n'oubliera plus par la suite : les purges. Il parvient à asseoir une certaine autorité en procédant ainsi à un régime de la terreur, s'appuyant sur le prétexte de contrecarrer des "AB" (anti-bolchéviques), ou sous d'autres étiquettes.

Déconsidéré du fait de ses choix stratégiques toujours pris en fonction de son intérêt personnel, au risques de milliers de morts inutiles, il est déconsidéré par ses pairs, et ce n'est qu'à grand-peine qu'il serait parvenu à rejoindre le contingent des troupes de l'Armée populaire, dans ce qui sera pompeusement appelé plus tard la Longue Marche.

Manœuvrant sans cesse pour grimper dans la hiérarchie militaire et politique, en menaçant ses proches collaborateurs de leur faire porter la responsabilité de ses propres erreurs, il parvient à faire tourner en rond le contingent des troupes devant opérer la jonction avec le contingent du Nord, sous la direction d'un chef plus puissant et donc menaçant pour son autorité. Les troupes conduites par Mao Zedong pratiquaient couramment le pillage pour assurer leur approvisionnement, aussi il semble tout à fait faux de considérer la Longue Marche comme un mouvement fédérateur du monde paysan : ceux-ci étaient terrorisés, et préféraient la domination du parti nationaliste de Tchang Kaï-chek, moins violent.

Il semble aussi falloir considérer le fait que Tchang Kaï-chek ait toléré dans un large mesure le mouvement des troupes de l'Armée populaire, d'une part à cause du soutien théorique de l'Union soviétique, mais aussi parce que le Kremlin retenait en otage le fils du leader nationaliste. Tchang aurait ainsi sciemment permis aux troupes communistes de réaliser la jonction avec les troupes du nord.

[modifier] Avènement de la République populaire de Chine

Le 1er octobre 1949, à Pékin, du balcon de la Cité interdite des anciens empereurs, Mao Zedong proclame l'avènement de la République populaire de Chine. Cette prise de pouvoir met fin à une longue période de guerre civile marquée par l'invasion japonaise et la Longue Marche, le Guomindang s'étant exilé à Taiwan.

[modifier] Du leader désavoué au culte de la personnalité

Après son accession au pouvoir, Mao répéta les erreurs de gestion économique, le plus souvent catastrophiques pour son pays ; son intelligence des rouages du pouvoir est en revanche hors du commun, ce qui lui permit de rester en place jusqu'à sa mort.

[modifier] Les Cent fleurs

La campagne des Cent Fleurs (symbole de « cent écoles, cent opinions qui s'expriment ») : en 1957, Mao encourage la liberté d'expression de la population, exhortant en particulier les intellectuels à critiquer le Parti. Mais le mouvement prend rapidement une ampleur qu'il n'avait pas envisagée : les critiques explosent littéralement, échappant bien vite à son contrôle et le menant à une violente campagne de répression.

[modifier] Le « Grand Bond en avant »

Entre 1958 et 1960, Mao Zedong met en œuvre un mouvement de réformes industrielles qui devait permettre de "rattraper le niveau de production d'acier de l'Angleterre" en seulement 15 ans. Des communes de production sont organisées au niveau local, et toute la population, et par dessus tout le monde paysan, est sommée d'y apporter sa contribution. Mao place dans la force du peuple, du "prolétariat" des espoirs démesurés: durant le "grand bond en avant", les paysans seront surexploités, on leur demandera de tout faire en même temps, des récoltes à la production sidérurgique. Malgré les efforts surhumains déployés, c'est une catastrophe, la main d'œuvre inexpérimentée produit des biens d'une qualité exécrable tandis que les récoltes, faute de temps, pourrissent sur pied. Le "grand bond en avant" se solde donc par un échec cuisant et une famine d'une ampleur désastreuse, peut-être la plus meurtrière que la terre ait jamais portée. Mao Zedong, après avoir longtemps ignoré le désastre ou rejeté la cause de la non-efficacité de son programme sur des éléments extérieurs (par exemple des contre-révolutionnaires voulant enrayer son pouvoir) se retrouve en minorité au Comité de direction du Parti. De plus, la confiance du peuple en l'idéologie de Mao est fortement ébranlée.,

[modifier] La Révolution culturelle

La Révolution culturelle (1966-1976) durant la période de troubles et de contestations qui suit le catastrophique "grand bond en avant", lui permet de reprendre le pouvoir et les rênes du pays. Entamée afin de réhabiliter Mao dans son pouvoir, elle commence à la suite d'une polémique que lance son épouse Jiang Qing. La "révolution culturelle" incite les jeunes à prendre le pouvoir, à se révolter contre les fonctionnaires corrompus, désormais "ennemis du peuple"- les gardes rouges (qui ne sont autres que les étudiants "révolutionnaires") sont créés à cette occasion. Mais, comme lors du mouvement des "cent fleurs", la polémique échappe au contrôle de Mao et le tout se soldera une fois de plus par une violente répression armée, un massacre sanglant. Suite à cela, beaucoup d'intellectuels seront envoyés en rééducation, soit forcés à quitter les villes pour partir vivre à la campagne où ils subiront un dur apprentissage du métier de paysan et une partie considérable du patrimoine culturel chinois est détruit à cette occasion. Au sortir de cette nouvelle crise, le peuple chinois sera définitivement traumatisé, tant par les atrocités physiques que par les incroyables violences morales (telles que les fameuses "autocritiques", humiliations publiques d'une cruauté morale traumatisante). Le goulag chinois, le "Laogai" est bien plus peuplé que son équivalent russe ; ses conditions de détention n'y sont pas meilleures.

À la fin de son règne, Mao Zedong changea sa stratégie d'autarcie en invitant le président américain Richard Nixon en Chine, préfigurant la politique d'ouverture de Deng Xiaoping. Par cette rencontre, les deux leaders entendaient contrebalancer la puissance de l'Union Soviétique.

Par la suite, la politique idéologique extrême menée par Mao Zedong a fait l'objet de critiques ouvertes au sein du Parti Communiste Chinois, qui met fin au culte de la personnalité et à l'idolâtrie qu'il avait lui-même organisée et intensifiée à la fin de sa vie. Le limogeage de la Bande des Quatre, dont son épouse, Jiang Qing, qui a eu lieu rapidement après sa mort prouve bien à quel point sa politique était tombée en disgrâce, tant dans les hautes sphères du parti que dans l'esprit populaire.

Pour la majorité des Chinois, il reste néanmoins le grand libérateur de la Chine et le constructeur de la Chine moderne. Malgré les conséquences catastrophiques de ses réformes spectaculaires, il aura laissé le souvenir d'une période d'égalité et d'unité et il reste révéré par le peuple comme le dernier des empereurs chinois. Les historiens occidentaux ont beaucoup critiqué ses choix politiques et son autoritarisme, toujours sujets à controverse.

[modifier] Conclusion

Il est très difficile de porter un jugement sur l'œuvre de Mao Zedong, dont les « bienfaits » (la création d'une Chine moderne et indépendante) sont contrebalancés par la répression d'un régime totalitaire : parti unique (et donc régime autoritaire et anti-démocratique), propagande, primauté du militaire, état policier (arrestations arbitraires, tortures, ...), endoctrinement politique dès l'enfance, autocritiques obligatoires, laogai, répression des minorités (Ouïghours), expansion territoriale (occupation du Tibet, dont l'occupation fut lancée en octobre 1950), eugénisme ... Ce trait ultra-répressif, commun à la plupart des pays ayant adopté un régime stalinien (URSS, Cambodge, Corée du Nord...) est à replacer dans le contexte du déclin de l'impérialisme colonial, puis de la guerre froide.

[modifier] La propagande de Mao Zedong

[modifier] Le culte de la personnalité

Bas reliefs symbolisant la Longue Marche sous l'étendard de Mao Zedong devant son mausolée à Pékin, place Tian'anmen.
Bas reliefs symbolisant la Longue Marche sous l'étendard de Mao Zedong devant son mausolée à Pékin, place Tian'anmen.
Autel avec les portraits de Mao Zedong et du 10e Panchen Lama, dans une taverne tibétaine en 2007, au Yunnan
Autel avec les portraits de Mao Zedong et du 10e Panchen Lama, dans une taverne tibétaine en 2007, au Yunnan

Le culte de la personnalité de Mao Zedong prend ses racines dans la Longue Marche, lors de laquelle il s'est imposé comme leader charismatique. À l'instar de Staline, le style de propagande réaliste-socialiste original de l'art officiel a évolué ensuite vers une déification marquée de Mao, à l'opposé des premières représentations où il est situé aux côtés des paysans et ouvriers, dans une relation d'égal à égal. À partir de la révolution culturelle, date de son retour au pouvoir, l'effigie de Mao, idéalisée, est située dans le ciel, détachée du commun des mortels.

Le village natal de Mao Zedong, Shaoshan dans le Hunan, est toujours le lieu de pèlerinage pour de nombreux Chinois, donnant lieu à ce que l'on appelle parfois un « tourisme rouge ».

[modifier] Le Petit Livre rouge

Badge à l'effigie de Mao Zedong.
Badge à l'effigie de Mao Zedong.

Des citations choisies ont été rassemblées et publiées dans les années 1960 sous le nom de Petit Livre rouge, très en vogue pendant la Révolution culturelle. Les premières éditions étaient préfacées par une calligraphie de Lin Biao et furent mises au pilon lorsque ce compagnon de Mao tomba en disgrâce. Les éditions qui circulaient en France au moment de Mai 68 étaient munies de cette préface.

Ce livre a beaucoup apporté à ceux qui ne croyaient plus en l'URSS et qui voyaient un paradis communiste en la Chine.

Il est le deuxième livre le plus lu au monde après la bible.

[modifier] Œuvres

En plus du Petit Livre rouge, Mao est l'auteur de plusieurs autres traités philosophiques, rédigés avant et après son accession au pouvoir. On peut citer :

  • De la pratique, 1937 ;
  • De la contradiction, 1937 ;
  • De la nouvelle démocratie, 1940 ;
  • De la littérature et de l'art, 1942 ;
  • De la juste solution des contradictions au sein du peuple, 1957 ;
  • La guerre révolutionnaire, recueil de 2 textes :
    • Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine, 1936 ;
    • Questions de stratégie dans la guerre de partisans antijaponaise, 1938 ;
  • À la mémoire de Norman Bethune ;
  • Servir le Peuple.

Mao a écrit de la poésie, principalement dans les formes ci et shi. Son mérite littéraire est difficile à évaluer à la lumière de son statut politique controversé.

[modifier] Notes et références

  1. Source List and Detailed Death Tolls for the Twentieth Century Hemoclysm, Historical Atlas of the Twentieth Century. Consulté le 2007-02-27

[modifier] Bibliographie

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

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