Arianisme

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L’arianisme est un courant de pensée des débuts du christianisme, dû au théologien Arius (256 - 336) dont le point central est la nature de la trinité chrétienne et des positions respectives des concepts de « Dieu le père et de son fils Jésus ». L'arianisme, défendant la position que la divinité du Très-Haut est supérieure à celle de son fils fait homme, est entré en conflit avec le trinitarisme qui défend l'indivisibilité de la trinité.

Sommaire

[modifier] Christologies

Au IVe siècle, l'arianisme joue un rôle important dans le développement du dogme de la trinité chrétienne et conduit à sa formulation. À l'époque, il n'existe pas encore de représentation obligatoire de la relation entre le Père et le Fils. Les ariens adoptent le point de vue d'Origène, le subordinatianisme, selon lequel le Fils n'est pas de la même substance que Dieu, lequel est incréé et intemporel. Si le Fils témoigne de Dieu, il n'est pas Dieu, si le Fils a une position divine, elle est de moindre importance que celle de Dieu Lui-même. Pour Arius, le Père seul est éternel, le Fils et l'Esprit ont été créés.

Les ariens professent donc une absence de consubstantialité.

Les arguments de l'arianisme philosophique sont issus du moyen platonisme sur l'absolu et la transcendance divine et suivent une théologie négative pour s'orienter vers un Dieu hors d'atteinte par les seules forces de l'homme et vers un strict monothéisme.

Le second arianisme, celui de Arius considère que Jésus est un homme dans lequel s'incarne la Parole de Dieu, suivant le prologue de l'évangile selon Jean.

Les anti-subordinationistes trinitaires s'opposent à cette vision pour affirmer que « L'arianisme enseigne deux dieux, un incréé et un créé, un élevé et un subordonné ; on tombe ainsi dans le polythéisme. De même, l'arianisme remet l'enseignement du salut chrétien en question, puisque, outre dieu pouvant sauver la création, une créature le peut aussi. Si Jésus est seulement de même nature que le Père ou si Jésus n'est pas consubstantiel au Père, en somme si Jésus n'est pas Dieu, les hommes ne peuvent devenir des enfants de Dieu. »

Aux côtés d'Arius, les penseurs de l'arianisme sont Eusèbe de Nicomédie, Eunomius, l'antipape Félix II (353-365), l'archevêque Wulfila et le patriarche de Constantinople Macédonius (342-346 et 351-360), le pape Eudoxe d'Antioche (360-370), Démophile (370-379).

[modifier] Histoire

La christologie arienne est développée pour la première fois au milieu du IIIe siècle chez Paul de Samosate. Cet enseignement est condamné par plusieurs synodes locaux, en particulier à Antioche, en 319, mais il garde des partisans.

La contestation entre trinitaires et ariens évolue vite vers le domaine politique. L'arianisme domine l'histoire de l'Église institutionnelle au IVe siècle. Il est bien implanté dans la maison impériale et soutient le pouvoir, les anti-subordinationistes trinitaires, tels qu'Athanase, tentent de se placer, puis obtiennent le siège d'Alexandrie, c'est-à-dire le pouvoir sur l'Égypte, grenier à blé de l'empire romain.

Le second arianisme voit s'opposer les conciliateurs orientaux — Basile de Césarée, Grégoire de Nysse et Grégoire de Nazianze — aux boute-feu occidentaux, comme Ambroise de Milan.

La crise se subdivise en trois phases.

Entre 318 et 325, une polémique locale entre le pape Alexandre d'Alexandrie et Arius, s'envenime au point que l'empereur Constantin Ier, après avoir constaté l'impuissance des conciles locaux, prend le parti de réunir un concile œcuménique à Nicée, qui établira la première version d'une confession de foi. L'hérésie arienne, lors du concile de Nicée de 325, se décline en deux camps. D'un côté, les homéens, arianistes au sens strict, pensent que le Père est Dieu, le Fils, homme, et qu'il est subordonné au Père. Certains vont plus loin, avançant que le Père et le Fils n'ont absolument rien à voir : ils se disent anoméens. Face à eux, la tendance orthodoxe est elle-même divisée, entre les Nicéens stricts, dits homoousiens (d'un terme grec qui signifie « substance » avec le préfixe homo- « même ») pour qui Père et Fils sont consubstanciels, et Nicéens modérés, dits homoïousiens, (le préfixe homoios signifiant « ressemblant ») selon qui Père et Fils sont semblables mais non consubstantiels.

Entre 325 et 361, les ariens rétablissent leur position dominante, politique et religieuse — Saturnin d'Arles, évêque d'Arles, en est le porte-drapeau en Gaule, de 353 (date du concile d'Arles) jusqu'au concile de Paris en 361.

Enfin, de 361 à 381, les trinitaires contre-attaquent. La polémique est éteinte au premier concile de Constantinople, lequel donnera la forme définitive au credo connu comme le Symbole de Nicée.

Ce n'est qu'après le concile de Constantinople que l'enseignement de l'Église est uniformément anti-subordinationniste et trinitaire.

[modifier] Diffusion

L'empereur Constantin Ier souhaite éviter les désordres religieux et aide à la tenue du Concile de Nicée I en 325 pour que l'Église unifie sa position. Il favorisa ensuite le parti d'Athanase d'Alexandrie qui avait procédé à l'excommunication d'Arius. C'est à l'occasion de ce concile que le mot hérésie trouva un sens péjoratif. Mais le même empereur se fait (peut-être) baptiser sur son lit de mort par Eusèbe de Nicomédie, évêque arien.

Les successeurs de Constantin varièrent entre le soutien aux orthodoxes et aux ariens.

Constance II soutient l'arianisme, probablement plus pour des raisons politiques que religieuses : se trouvant à Arles en Provence, il décide qu'un concile s’y tiendrait pour mettre au pas le patriarche Athanase d'Alexandrie qui s’oppose peut-être à l’arianisme mais surtout à son autorité. Il en arbitre les séances et réclame la condamnation d’Athanase. C’est le concile d’Arles de 353 présidé par l'évêque d'Arles Saturnin.

Julien l'Apostat n’apprécie pas la religion chrétienne et n’est sans doute pas fâché d’envenimer les relations dans l’Église. Il revient sur ces dispositions.

Quelques années plus tard, l'empereur dOrient, Valens, favorise à l'inverse certains évêques ariens. Au milieu du IVe siècle, les évêques Photin à Sirmium, Valens à Mursa en Pannonie et son voisin Ursace à Singidunum en Mésie, sont ariens. Cet ancrage arien proche du Danube concourut à la conversion à l'arianisme des Wisigoths et des Vandales par l'évêque goth Wulfila. Les Wisigoths convertissent à leur tour les Suèves, et probablement les Burgondes, au Ve siècle lors de leur domination en Hispanie et en Gaule.

L'opposition farouche des chrétiens orthodoxes romains contre l'arianisme est un obstacle à l'assimilation des peuples fédérés installés sur les marges de l'Empire romain. Comme ils ont besoin de collaborer avec les élites romaines, ces peuples germaniques se rallient au christianisme orthodoxe. Les Burgondes se convertissent les premiers au Ve siècle, puis les Wisigoths d'Hispanie et le Royaume suève au siècle suivant. Les derniers foyers ariens — le Royaume vandale d'Afrique et le Royaume ostrogoth en Italie — disparaissent lors des reconquêtes sous Justinien Ier au VIe siècle.

[modifier] Postérité

De plusieurs façons, le conflit autour des croyances d'Arius durant les quatrième, cinquième et sixième siècles contribue à définir le caractère central de la trinité chrétienne dans le flux principal de la théologie chrétienne. En tant que premier conflit majeur interne après la légalisation du christianisme, la lutte entre Nicéens et partisans d'Arius laisse une profonde impression sur la mémoire institutionnelle des églises. Ainsi, au cours des 1 500 années passées, le terme « arien » est utilisé pour désigner les groupes qui se voient eux-mêmes comme adorateurs ou disciples de Jésus-Christ, mais n'embrassant pas le credo nicéen.

En 1553, le savant espagnol et réformateur protestant Michel Servet — vu par beaucoup d'unitariens [réf. nécessaire] comme une figure fondatrice de leur mouvement — est condamné à mort et brûlé par ses camarades réformateurs, dont Jean Calvin, pour l'hérésie d'antitrinitarisme, une christologie similaire à l'arianisme.

[modifier] Une épithète polémique

À l'instar d'Arius, plusieurs groupes ont adopté la croyance que Jésus n'est pas le Dieu, mais une personne distincte et subordonnée au Père, et qu'il fut un temps ou Jésus n'existait pas. Certaines de ces confessions, comme l'arianisme, enseignent que Dieu a créé toutes choses par son intermédiaire. Certaines professent que Jésus devient de condition divine à travers l'exaltation, tout comme croyaient les ariens. Établir un parallèle entre ces groupes et les ariens peut être pour distinguer les antitrinitarismes entre eux. Malgré la fréquence de l'emploi du terme en une étiquette polémique, il n'y a pas de survivance historique continue de l'arianisme jusqu'à notre époque. Ces groupes ainsi étiquetés n'ont pas des croyances identiques à l'arianisme. Pour cette raison, ils n'utilisent pas ce nom quand ils se décrivent eux-mêmes, même s'ils reconnaissent que leurs croyances sont en accord sur certains points, ou globalement semblables à l'arianisme.

Ceux dont les croyances religieuses ont été comparées ou faussement étiquetées comme étant arianistes incluent :

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Lire aussi

  • Richard E. Rubenstein, Le jour où Jésus devint Dieu, Bayard, 2000

[modifier] Références

  1. "D'après la Bible... Qui est l'angé Mikaël ?", Réveillez-vous !, 8 février 2002, pp. 16-7