Évêque

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Un évêque au Moyen Âge, dalle représentant l'évêque de Laon
Un évêque au Moyen Âge, dalle représentant l'évêque de Laon

Le mot évêque est la transcription française du mot latin episcopus, lui-même adapté du grec Eπίσκοπος / episkopos qui veut dire « surveillant », c'est-à-dire modérateur, tuteur, responsable d'une organisation. C'est un ecclésiastique qui dirige un diocèse.

Sommaire

[modifier] Aux premiers siècles

Avant le christianisme, le terme était utilisé pour désigner toutes sortes d'administrateurs (ce mot est la meilleure traduction) dans les domaines civil, financier, militaire, judiciaire. Dans l'Église luthérienne, on garde le souvenir de cette étymologie en nommant les évêques des « inspecteurs ecclésiastiques ». les évêques seraient pour plusieurs confessions chrétiennes, les successeurs des douze Apôtres institués (selon le Nouveau Testament) par Jésus-Christ.

Les premiers episkopoi étaient élus par les membres de l' Eκκλησία / ekklêsia, l'assemblée des fidèles, à la manière dont une association élit aujourd'hui ses dirigeants. Le dimanche qui suivait, le nouvel évêque était consacré comme évêque par l'ensemble des évêques de la province, au moyen de l'imposition des mains, au sein, bien sûr, de la synaxe eucharistique.

Ce qu'on appelle la succession apostolique consiste en la consécration d'un nouvel évêque par un, ou plusieurs évêques, eux-mêmes validement consacrés. Le concile de Nicée a précisé qu'il fallait la présence d'au moins trois évêques. Mais en cas de nécessité, la présence d'un seul suffit. Cette règle est appliquée par les catholiques, les orthodoxes et d'une façon générale, par l'Église anglicane quoique l'Église catholique romaine dénie à cette dernière la validité de ladite succession, tout comme aux nestoriens.

[modifier] Dans l'Église catholique romaine

Évêque catholique
Évêque catholique
Crosseron d'évêque, Italie du XIIIe siècle, musée du Louvre
Crosseron d'évêque, Italie du XIIIe siècle, musée du Louvre

Dans l'Église catholique, les évêques sont nommés par le pape, à partir de listes transmises à Rome par le nonce apostolique, établies par les évêques d'une même province ou même région ecclésiastique. Chaque évêque a le droit de faire des propositions.

La consécration est un sacrement (ordination épiscopale) conféré par au moins trois évêques ; c'est même le degré supérieur du sacrement de l'ordre (on parle de "plénitude du sacerdoce"). Il doit être conféré dans la communion avec l'évêque de Rome (le pape), c'est-à-dire avec au moins son approbation. Si ce n'était pas le cas, les consacrants comme le consacré encourraient l'excommunication (voir l'affaire de la Fraternité Saint-Pie-X).

L'évêque est le successeur des apôtres, et à ce titre, il est Docteur de la foi, chargé de l'enseigner et de la transmettre avec fidélité.

L'évêque est ministre de Dieu, et vicaire de Jésus-Christ. Il exerce ses fonctions spirituelles au sein d'une circonscription appelée diocèse ; dans l'Église orientale on parle d'éparchie. Il y réside dans la ville où se trouve sa cathédrale ; cette ville et sa demeure épiscopale sont appelées évêché.

L'évêque est avant tout celui qui préside l'assemblée des fidèles et plus précisément l'eucharistie (mais il peut déléguer à cet effet un simple prêtre). Dans son Église locale (ou patriarcale, ou même universelle) il est le principe de l'unité visible des fidèles. Il est chargé de veiller sur son Église locale, d'assurer la liturgie, l'enseignement de la foi catholique et le service aux plus démunis. Il est assisté dans sa tâche par des diacres et des prêtres, ou même des laïcs, dument mandatés. Ses plus proches collaborateurs étaient autrefois les archidiacres ; on les appelle aujourd'hui vicaires épiscopaux et vicaires généraux. L'évêque est également assisté de conseils presbytéraux parmi lesquels se trouve le chapitre cathédral.

Les sacrements que seuls les évêques peuvent pratiquer sont:

  • la confirmation (déléguée aux prêtres diocésains, mais l'onction est effectuée avec l'huile chrismale bénie par l'évêque)
  • le sacrement de l'ordre : ordination diaconale et presbytérale, consécration épiscopale

Dans la théologie de l'épiscopat on peut distinguer trois éléments constitutifs, de droit divin, de la fonction épiscopale, et tous les trois également d'origine apostolique  :

  • la titulature attribuée par l'élection, ou la désignation canonique, qui investit du droit au siège;
  • le pouvoir d'ordre, conféré par l'imposition des mains, ou ordination épiscopale, qui alloue les pouvoirs sacramentels ;
  • la juridiction, assumée au moment de la prise de possession du siège, ou investiture, qui confère l'autorité spirituelle et administrative immédiate sur une portion donnée du peuple de Dieu, l'Église particulière : diocèse, ou éparchie, ou patriarcat, ou même l'ensemble de l'Église universelle (dans le cas précis du pontife romain).

Ces trois éléments, normalement unis et coordonnés l'un à l'autre, peuvent être accidentellement disjoints. La titulature et la juridiction peuvent varier, en cas de démission, ou de mutation de siège, par exemples. Le pouvoir d'ordre est donné pour toujours : sacerdos in aeternum.

La titulature et la juridiction sont distinctes pour chaque évêque ; ce sont elles qui constituent la hiérarchie ecclésiastique. Le pouvoir d'ordre, quant à lui, est unique et identique pour tous les évêques. Il fonde ce qu'on appelle la collégialité épiscopale. Tous trois, titulature, pouvoir d'ordre et juridiction, sont une participation au sacerdoce du Christ, unique vrai prêtre et pasteur.

Certains évêques sont créés cardinaux de la sainte Église romaine, et deviennent alors électeurs du pape dans le cas d'un conclave (s'ils ont moins de 80 ans). Les évêques portent le titre d'archevêque quand ils sont à la tête d'un archidiocèse ; ils arborent alors le pallium. Ils sont appelés archevêques métropolitains si le siège est le chef-lieu d'une province ecclésiastique. D'autres évêques sont patriarches : le pape, évêque de Rome, est patriarche d'Occident (en mars 2006, le pape Benoît XVI a décidé de ne plus faire usage de ce titre, mais en demeure titulaire). Certains évêques catholiques disposaient avant le XIXe siècle de pouvoirs temporels importants, tels les Princes-Évêques dans les pays germaniques, ou le pape dans les États pontificaux. Les deux seuls endroits où subsiste une telle chose sont l'État de la Cité du Vatican, dont le pape est souverain, et la Principauté d'Andorre, qui a deux coprinces, dont l'un est un évêque espagnol, l'évêque d'Urgel.

Dans le passé, la désignation des évêques a souvent donné lieu à des luttes entre les pouvoirs politiques et l'Église romaine, par exemple la fameuse querelle des Investitures, au XIe siècle.

[modifier] Évêque coadjuteur/auxiliaire

Un évêque auxiliaire est un évêque chargé d'aider un autre évêque dans un diocèse important. Il n'a pas de juridiction directe sur le diocèse tout en ayant le caractère épiscopal.

Un coadjuteur est un évêque auxiliaire destiné à succéder à l'évêque appelé à prendre bientôt sa retraite.

Un coadjuteur ou un auxiliaire est évêque ; il reçoit un titre in partibus. Le vicaire général assiste également l'évêque titulaire, mais n'a pas été ordonné évêque.

[modifier] Évêque in partibus

C'est un évêque titulaire d'un ancien évêché, désormais disparu, qui se trouve maintenant in partibus infidelium (« dans les contrées des infidèles » : tels un ancien évêché d'Afrique du Nord comme Hippone, ou des États latins d'Orient, comme Édesse, Tripoli, Amorium, etc), c'est-à-dire autrefois chrétiennes. Cet évêque n'a en fait pas de diocèse propre à gouverner, mais ce titre lui est donné pour justifier son élévation au rang d'évêque. Ainsi, bien que sans fidèles, il peut être ordonné. Il est alors appelé à des fonctions administratives au sein de la curie romaine ou de la diplomatie vaticane. C'est également le cas des évêques auxiliaires. Quant aux évêques retirés, ils portent désormais le titre d'évêque émérite de leur ancien siège.

Quant à Mgr Gaillot, ancien évêque d'Évreux, il a été nommé évêque de Parténia, en Algérie parce que chaque évêque doit être titulaire d'un siège. Le fait d'être évêque (théorique) d'un bout de désert est considéré par certains comme une sanction, d'autant plus qu'il n'a même pas le droit d'y résider. Mgr Gaillot a été transféré à un siège fictif, mais non pas déposé, encore moins excommunié. C'est une sanction, mais adoucie.

[modifier] Évêque émérite

Les évêques et archevêques catholiques ayant dépassé la limite d'âge de 75 ans imposée par le droit canonique (can. 401) pour gouverner leur diocèse deviennent évêque émérite ou archevêque émérite de ce diocèse une fois leur démission officiellement acceptée par le Pape.

À titre d'exemple, on peut citer le cardinal Jean-Marie Lustiger devenu à 78 ans archevêque émérite de Paris dès la nomination de Mgr André Vingt-Trois comme nouvel archevêque de Paris.

[modifier] Dans l'Église orthodoxe

L'évêque occupe le degré suprême de la hiérarchie ecclésiastique. Il est le successeur des apôtres qui préside à l'eucharistie. Il est l'icône du Christ et le pasteur d'une église particulière dont il porte le nom dans sa titulature. Il est le surveillant et le responsable de la doctrine et de l'enseignement de ses ouailles. Il veille à la communion à l'intérieur de son diocèse et à la communion de son église avec les autres églises orthodoxes. Seuls les hiéromoines (moines prêtres) accèdent à l'épiscopat. Il en découle que les évêques orthodoxes sont astreints au célibat, contrairement aux prêtres orthodoxes qui peuvent être mariés (mais seulement avant leur ordination presbytérale).

[modifier] Un évêque peut porter différents titres :

  • Primat, s'il préside une église autocéphale ou autonome.
  • Pape, Patriarche, Catholicos ou Maphrien les plus hauts titres honorifiques de primat.
  • Archevêque, s'il est primat, ou s'il préside d'une province.
  • Métropolite, s'il occupe un siège à la tête d'une province importante (usage russe) ou s'il occupe n'importe quel siège comme titulaire (usage grec).
  • Cathigoumène, s'il est supérieur d'un monastère.
  • Auxiliaire, s'il assiste un titulaire.
  • Chorévèque, s'il est auxiliaire tout en portant comme titre le nom d'une localité du diocèse (usage chypriote).

[modifier] Les vêtements de l'évêque orthodoxe

Les vêtements de l'évêque célébrant à l'autel :

  • Le sakkos, l'ample tunique impériale garnie de grelots.
  • Sur les icônes cependant, les évêques ne portent pas le sakkos mais la chasuble traditionnelle. Si cette chasuble est ornée de croix foncées sur fond clair, on l'appelle le polystavrio.
  • L'omophore, grande écharpe de laine qui est pliée autour de la tête et retombe devant et derrière. Elle symbolise la brebis perdue que le Christ porte sur ses épaules. Elle est le symbole même de l'épiscopat.
  • La Panaghia, un médaillon pectoral représentant la Mère de Dieu, du Signe.
  • Les évêques honorés d'un titre honorifique portent en plus une croix pectorale et une aigle bicéphale.
  • La crosse épiscopale est un bâton surmonté d'une croisette entourée de deux figures de serpents affrontés qui symbolisent la prudence et la sagesse.
  • La mitre épiscopale est une couronne en dôme.
  • Il est accompagné de deux sous-diacres portant chacun un chandelier, l'un à trois branches, l'autre à deux. Ce sont les symboles de la foi orthodoxe, en la Trinité et dans les deux natures du Christ.

La tenue solennelle de l'évêque présidant au chœur :

  • Il est revêtu de la mandia, traîne violette avec des bandes rouges et blanches.

Les vêtements de l'évêque en tenue de ville :

  • Il est habillé en moine avec son kalimaphion surmonté d'un voile.
  • Il porte son médaillon pectoral avec éventuellement la croix et l'aigle.
  • Il a un bâton pastoral.

[modifier] Dans les Églises anglicanes

Les Églises anglicanes (certaines sont appelées "épiscopaliennes") ont conservé l'épiscopat, qui fait partie de leur héritage d'avant la décision d'Henri VIII. L'ordination sacramentale à vie par trois évêques, la conservation de la succession apostolique (souvent dite "historique") et les devoirs et responsabilités de l'évêque suivent les grandes lignes de l'épiscopat catholique et orthodoxe. Les évêques sont, soit nommés, soit élus, suivant le us et coutumes de chacune des trente-huit "provinces" (églises nationales) de la Communion anglicane. Les femmes sont considérées comme idoines à l'épiscopat dans trois provinces (Nouvelle-Zélande, Canada, États-Unis), mais seulement 11 des quelque 850 évêques dans le monde sont des femmes. À part ce développement récent, considéré comme une pierre d'achoppement, la Anglican-Roman Catholic International Consultation a conclu que la théologie et la pratique de l'épiscopat des deux Églises sont identiques.

Certains évêques anglicans dont la succession apostolique était douteuse ont été volontairement réordonnés par des évêques vieux-catholiques.

Les vêtements à l'autel sont semblables à ceux des évêques catholiques. Au chœur, pourtant, les évêques anglicans portent des vêtements très particuliers:

La tenue de l'évêque anglican au chœur :

  • La soutane violette,
  • Le "rochet", comme une aube mais avec des manches très larges resserrées aux poignets,
  • Le "chimère", une espèce de chape légère, noir ou rouge,
  • "L'écharpe" ou "tippet", comme une étole noire très longue,
  • Croix pectorale, anneau, crosse.

[modifier] Dans les Églises protestantes luthero-reformées

Dans le protestantisme (au sens strict, Irvingiens exceptés), seul le luthéranisme (et quelques rares Églises réformées) connait un ministère épiscopal personnel, qui est une fonction de l'Église et non un ordre sacramentel.

Le luthéranisme connait un épiscopat féminin, comme il connait les ministères féminins. Contrairement à l'épiscopat catholique qui est désigné par le Pape ou, dans les pays concordataires, conjointement par le Pape et l'État, ces fonctions sont électives, c'est à dire démocratiques ; le suffrage des fidèles s'exerce soit directement au premier degré, soit au second degré.

Même si les évêques scandinaves et certains évêques allemands[1] sont dans la succession apostolique au sens catholique[2], cette expression est généralement entendue en protestantisme comme signifiant la fidélité à l'enseignement apostolique - une succession spirituelle donc, et non historique.

Dans les autres Églises protestantes, au niveau de l'Église locale, le ministère épiscopal est celui des pasteurs (traditionnellement élus), et collégialement des anciens.

Le consistoire, ou conseil presbytéral est élu par l'assemblée générale qui élit aussi, dans le système presbytéro-synodal, un certain nombre de délégués au synode. Au niveau d'une union nationale, le ministère d'unité est assuré par les synodes et conseils élus par eux, avec parfois une forte concentration sur la personne de leur président. À défaut, il l'est par la collégialité des pasteurs.

[modifier] Dans l'Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours (Mormons)

Chez les Mormons, l'évêque est un homme ordonné et mis à part comme le grand prêtre président d'une paroisse ou d'une assemblée. Il administre les affaires temporelles et spirituelles de l'assemblée.

Un évêque doit être marié, mari d'une seule femme. C'est un membre de l'assemblée dont la désignation est approuvée par le président de l'Eglise. Il est un laïc qui officie dans ce rôle pendant un temps donné (en général environ 5 ans) à titre bénévole en parallèle de ses activités professionnelles et familiales.

Un évêque Saint des Derniers Jours agit sous la direction des apôtres. Son autorité se limite à la paroisse qu'il administre.

[modifier] Notes et références

  1. . En fait tous les évêques luthériens sont dans la succession apostolique car pour les uns, ils se réveillèrent luthériens un beau matin par décision du gouvernement (Suède) ou bien, ils furent ordonnés par un allemand ou un suédois évangélisant la région (USA, Canada, Togo, Cameroun)
  2. qui ne saurait être un étalon de validité, vu le caractère légendaire i.e. sans la moindre base historique, de la succession apostolique depuis Pierre. Cf. Histoire de la papauté, Point, collection histoire

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

wikt:

Voir « évêque » sur le Wiktionnaire.

Les degrés traditionnels du sacrement de l'ordre dans le christianisme
Les ordres mineurs Portier Lecteur Exorciste Acolyte
Les ordres majeurs Sous-diacre Diacre Prêtre Évêque