Critique des croyances des Témoins de Jéhovah

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Différents mouvements religieux, d'anciens fidèles ainsi que des organismes de lutte contre les sectes émettent des critiques vis-à-vis des croyances des Témoins de Jéhovah. Cette page aborde quelques-unes de ces doctrines controversées.

Sommaire 1 Exclusivité du salut et critique des autres religions 2 Critique de la Traduction du Monde Nouveau 3 Fausses prédictions et changements doctrinaux 4 Doctrines particulières 4.1 'Esclave fidèle et avisé' 4.2 'Poteau de supplice' plutôt que 'croix' 4.3 607 avant notre ère et les signes des 'derniers jours' 4.4 144 000 et 'grande foule' 5 Voir aussi 5.1 Liens internes 5.2 Bibliographie 5.3 Références

[modifier] Exclusivité du salut et critique des autres religions

La Société Watchtower estime être la seule véritable religion, à l'exclusion de toute autre forme de culte. Elle pense être d'origine divine et ainsi se démarquer très nettement de toutes les autres organisations^[1]. Dans cette optique, les autres religions - y compris celles de la chrétienté - sont considérées par elle comme fausses et apostates^[2]et sont, selon le mouvement, identifiées sous les traits d'une prostituée (connue sous le nom de 'Babylone La Grande' dans la Bible) assise sur une bête sauvage, à qui il est reproché de se compromettre avec les nations du monde des humains, d'enseigner de fausses doctrines, et de combattre les vrais chrétiens (c'est-à-dire les Témoins de Jéhovah)^[3]. Ces prétentions de la Société Watchtower sont critiquées par d'anciens membres qui voient dans cette organisation le type même du culte de l'autosatisfaction^[4].

Il s'ensuit que les religions dans leur ensemble font l'objet d'une profonde hostilité de la part de la Société Watchtower, sentiment qui transparaît dans ses publications à tel point qu'un détracteur du mouvement a pu écrire que l'« une des critiques les plus communes des Témoins de Jéhovah au fil des années a trait à leurs dénonciations directes des autres fois, chefs religieux et ecclésiastiques »^[5]. Dans les années 1930 et 1940, les publications des Témoins de Jéhovah ont été décrites comme « notoirement anti-catholiques »^[6], comprenant des images très fortes caricaturant le clergé. La Société Watchtower critiquait alors ouvertement les Églises et leur clergé qu'elle considérait comme étant des conspirateurs dans l'effort de guerre. Le livre Ennemis, édité en 1938, a inclus certaines des dénonciations les plus virulentes principalement contre l'Église catholique, mais également contre les Protestants et des Juifs. En 1948, dans la première édition du livre Que Dieu soit reconnu pour vrai, il est écrit à propos des Juifs ^[7]: « La plus grande part de leurs souffrances a pour cause la rébellion et la cupidité. Ils seront criblés par Satan et ses agents jusqu’à ce qu’Armaguédon débarrasse la terre de tous les adversaires du Messie ». Aujourd'hui encore, les publications continuent de contenir des éléments que la Catholic League des États-Unis (Ligue catholique pour des droits religieux et civil) considère comme des sentiments anti-catholiques. Un exemple en est donné dans le rapport de 1998 de cette association, qui a cité une publication des Témoins de Jéhovah dépeignant une personne se mettant à genoux dans la prière devant une statue de la Vierge Marie, avec la légende : « [Voici] certaines des idoles de culte. Dieu dit que vous ne devez pas employer des idoles ou des images dans culte^[8]». En 2006, les Témoins de Jéhovah ont provoqué le vif mécontentement d'une dizaine d'organisations hindoues de l’île Maurice, suite à la diffusion de leur tract La fin de la fausse religion est proche ! ^[9] . Son contenu et ses illustrations ont été jugés par celles-ci, hautement insultantes et blasphématoires à l'égard de la déesse Durga et, par extension, à l'hindouisme. La direction des Témoins de Jéhovah s'est dit désolée que les membres de la communauté hindoue se soient sentis offensés par la publication en question, elle a aussi affirmé que l'illustration présentée dans ce dépliant, représentant une prostituée chevauchant une bête sauvage, n'est qu'une reproduction « non pas d'une quelconque divinité hindoue, mais d'une allégorie » vieille de près de 2000 ans et a précisé que le tract a été distribué dans le monde entier et cela quelles que soient les religions dominantes^[10]. En France, l'association de lutte contre les sectes ADFI a estimé que ce tract confirme l'intolérance et le sectarisme du mouvement^[11].

Du fait de l'hostilité de la Société Watchtower à l'encontre des autres religions, le fidèle Témoin de Jéhovah doit se tenir résolument séparé des autres religions et refuse de participer à toutes les relations interconfessionnelles ou œcuméniques. Il ne doit pas en principe entrer dans une Église lors d'un service religieux et ne doit pas effectuer un rituel d'un autre culte (faire le signe de croix, brûler de l'encens à des fins religieuses, pratiquer le yoga...).

Afin de bien faire comprendre à ses fidèles qu'ils ne sont pas simplement des chrétiens mais qu'ils appartiennent à son organisation, la Société Watchtower a en 1985 modifié les vœux baptismaux des nouveaux adeptes^[12]. Dans ces vœux, la Société Watchtower insiste désormais sur le fait qu'en se faisant baptiser on se voue à elle et on s'identifie à un membre de l'organisation des Témoins de Jéhovah (ce label d'appartenance n'ayant jamais été mentionnée dans les versions précédentes), tout en précisant que l'organisation est 'divine' et 'dirigée par l'esprit-saint'. Des opposants déclarent que ces changements dans les questions du baptême sont dus à une volonté de la part de la Société Watchtower de se protéger légalement contre d'anciens fidèles qui avaient souhaité quitter l'organisation sans toutefois devoir subir le traitement réservé aux excommuniés^[13].

Toutefois, le mouvement n'a pas toujours rejeté ceux qui ne pensaient différemment, comme le prouve La Tour de Garde (éd. angl.) du 1^er avril 1920, pp. 100, 101 :

« Nous ne refuserions pas de traiter quelqu’un comme un frère parce qu’il ne croirait pas que la Société est le canal de communication du Seigneur. (...) Si d’autres voient les choses différemment, c’est leur privilège. Il doit y avoir une totale liberté de conscience. »

[modifier] Critique de la Traduction du Monde Nouveau

Les membres du comité qui a traduit la Traduction du Monde Nouveau (TMN) ont souhaité demeurer anonymes, avec le but indiqué de s'assurer que la gloire va à Dieu et non pas à eux^[14]. Cette façon de procéder a toutefois été critiquée, car cela signifie que les qualifications des traducteurs ne pourraient jamais être vérifiées. En 1950, ce comité a déclaré que la vraie valeur de la TMN se fera connaître, non par la révélation des noms du comité de traduction, mais plutôt par la fidélité de la traduction au texte grec et par l'aide fiable qu'elle apporte pour ce qui est de faire comprendre la Parole de Dieu aux humains^[15]. Un ancien membre du Collège Central, Raymond Franz, a déclaré que le comité de traduction s'est composé de Frederick William Franz, de George Gangas, de Karl Klein, de Nathan Knorr et d'Albert Schroeder^[16].

La Traduction du Monde Nouveau a également été critiquée par des opposants parce qu'ils estiment qu'elle traduit de façon partisane certains versets de la Bible afin de les conformer aux doctrines édictées par la Société Watchtower. Les passages en question concernent principalement la divinité du Christ, mais également d'autres sujets tels que l'immortalité de l'âme ou la seconde venue de Jésus. De plus, la présence du nom 'Jéhovah' dans le Nouveau Testament de cette traduction (237 fois) suscite également une polémique, étant donné que les manuscrits grecs du NT ne contiennent pas 'Jéhovah', mais 'Seigneur'. Sur Internet, la TMN fait l'objet d'une dénonciation de la part de certains qui l'estiment orientée théologiquement^[17].

La Société des Témoins de Jéhovah s'est référée à Johannes Greber lorsqu'il a s'agit de défendre la Traduction du Monde­ Nouveau. Johannes Greber, ancien prêtre catholique, adepte du spiritisme, prétendait qu’il avait traduit le Nouveau Testament "avec l’aide des esprits de Dieu". Ses expériences et communications avec les esprits sont raportées dans son livre : "Communication With the Spirit World" publié en 1932. La traduction de Greber a été imprimée en 1937, treize ans avant que les Témoins de Jéhovah publient leur traduction du Nouveau Testament en 1950.^[18],[19] Les Témoins de Jéhovah ont utilisé la traduction du spirite Greber pour défendre leur propre traduction de la Bible, bien qu'étant au courant des pratiques occultes du médium.^[20]

[modifier] Fausses prédictions et changements doctrinaux

La Société Watchtower précise qu'aucune personne ne peut comprendre entièrement et exactement la Bible sans les explications fournies par elle^[21], et encourage ses fidèles à parvenir à l' « unité dans la foi » selon Éphésiens 4:13, c'est-à-dire à ne pas défendre ou imposer des opinions personnelles ou des conjectures en rapport avec la compréhension de la Bible, mais plutôt à avoir « totalement confiance dans la vérité que Jéhovah révèle par l'intermédiaire de son Fils, Jésus Christ, et de l'esclave fidèle et avisé », autrement dit de croire tout ce que la Société Watchtower déclare dans ses publications^[22].

Pourtant, des opposants au mouvement révèlent que celui-ci a énoncé au fil du temps de très nombreuses prédictions qui ne se sont pas réalisées, ou bien sur lesquelles il a donné ultérieurement une interprétation différente. Du fait de nombreux changements doctrinaux ou organisationnels, des critiques du mouvement estiment que les Témoins de Jéhovah actuels sont très différents des Étudiants de la Bible des années 1870^[23]. De plus, à cause de leurs prédictions erronées, des évangéliques qualifient les Témoins de Jéhovah de « faux prophètes »^[24], en se basant sur Deutéronome 18:22 qui déclare :

« Quand le prophète parlera au nom de Jéhovah et que sa parole ne se réalisera pas et n'arrivera pas, ce sera une parole que Jéhovah n'aura pas dite. C'est par audace que le prophète l'aura dite : tu ne le craindras pas. »

À cette accusation, les Témoins de Jéhovah ont répondu^[25] qu'ils se sont parfois trompés dans l'annonce de certaines dates, mais qu'ils n'ont jamais prétendu être des prophètes parlant au nom de Dieu :

« Dans leur attente impatiente de la seconde venue de Jésus, les Témoins de Jéhovah ont envisagé des dates qui se sont avérées inexactes. Certains les ont alors traités de faux prophètes. Toutefois, à aucun moment les Témoins de Jéhovah ne se sont permis de faire ces prédictions 'au nom de Jéhovah'. Jamais ils n'ont dit: 'Ce sont là les paroles de Jéhovah.' Voici au contraire ce qu'on a pu lire dans La Tour de Garde, leur organe officiel : « Nous n'avons pas le don de prophétie » (Janvier 1883, page 425, édition anglaise). « Nous ne demandons pas que nos écrits soient révérés ou regardés comme étant infaillibles » (15 décembre 1896, page 306, édition anglaise). La Tour de Garde a également précisé que si certains reçoivent l'esprit de Jéhovah cela « ne signifie pas que ceux qui servent actuellement comme témoins de Jéhovah seraient inspirés. Cela ne veut pas dire non plus que les écrits du périodique La Tour de Garde seraient inspirés, infaillibles et sans erreur » (1^er novembre 1947, page 333). « La Tour de Garde ne prétend pas que ses déclarations sont inspirées, et elle n'est pas non plus dogmatique » (15 août 1950, page 263, édition anglaise). « Les frères qui préparent les publications ne sont pas infaillibles. Leurs écrits ne sont pas inspirés comme l'étaient ceux de Paul et des autres écrivains bibliques (II Tim. 3:16). C'est pourquoi il a été nécessaire, à diverses reprises, parce que la compréhension devenait meilleure, de corriger certains points de vue (Prov. 4:18) ». - 15 mai 1981, page 19. »

Voici les principales prédictions des Témoins de Jéhovah qui ne se sont pas accomplies ou qui ont été radicalement révisées :

• Russell prédit avec Barbour l'enlèvement au ciel des chrétiens pour 1878, une fois la date passée Russell spiritualise cet évènement quand Barbour reconnait son erreur (Three World, 1876) ;
• À partir notamment de calculs émanant des dimensions de la Grande Pyramide de Gizeh et des prophéties de Daniel, Russell déclare que le temps de la fin a débuté en 1799, le temps de la seconde présence du Seigneur ayant commencé en 1874, la résurrection céleste ayant commencée en 1878. Ces dates ont été par la suite déplacées à 1914 pour les deux premières et 1918 pour la dernière (La Harpe de Dieu, p. 208, 1921) ;
• L'établissement de l'État d'Israël était prédit dans la Bible (Vie, 1929), ce qui est récusé par la suite (Que Dieu soit reconnu pour vrai, p. 136, 1948) ;
• L'annonce d'Harmaguédôn pour 1914 (L'Aurore du millénium, vol II, pp. 73-74 et 99) ;
• La destruction de toutes les religions pour 1918 (Le Mystère Accompli, 1917);
• La destruction de toutes les républiques pour 1920 suivi d'une anarchie mondiale (Le Mystère Accompli, 1917);
• Le retour des patriarches bibliques pour 1925, une villa ayant été construite à San Diego en Californie grâce à l'argent des fidèles pour les accueillir (Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais, 1920) ;
• L'annonce de l'Alliance victorieuse entre le Vatican et les états fascistes (Allemagne, Italie) qui seraient gouvernés par le pape et domineraient le monde jusqu'à Harmaguédôn (Ennemis, 1937) ;
• L'annonce d'Harmaguédôn pour 1975, cette année-là marquant les 6 000 ans de création de l'Homme^[26] (Bulletin intérieur n°7, p. 21, 1970 ; La vie éternelle dans la liberté des fils de Dieu, p. 30, 1969) ;
• Des personnes de la génération qui a vu les évènements de 1914 seraient toujours présents lors du début de la 'grande tribulation', enseignement rejeté depuis 1995, la génération désignant à présent ceux qui sont témoins des signes des derniers jours sans pour autant embrasser le vrai christianisme.

Face à ces critiques, la Société Watchtower a réagi de la manière suivante :

• Elle a d'abord refusé pendant longtemps de reconnaître ses torts, avant de le faire par la force des choses - ses errements prophétiques étant largement propagés par d'anciens membres - et de manière circonstanciée aux début des années 90 avec la parution du livre Prédicateurs qui relate l'histoire du mouvement vu par lui-même ;
• Elle minimise néanmoins ses erreurs, prétendant être une organisation absolument véridique, et n'hésitant pas à critiquer de manière virulente les autres religions ayant annoncé de fausses prédictions ;
• Elle prétend que, puisque la « lumière va croissant » selon Proverbes 4:18, il est nécessaire parfois de réajuster ses attentes, sachant que l'essentiel des croyances est préservé ;
• Elle évoque aussi à sa décharge le fait que les apôtres du Christ au I^er siècle ont nourri des espérances qui ne se sont pas réalisées ;
• De plus, elle préfère se décharger de la responsabilité de l'annonce de ces prophéties erronées en l'attribuant à des rumeurs propagées par les Témoins de Jéhovah de base^[27] ;
• Elle affirme en outre que de tels réajustements permet d'éprouver la fidélité des adeptes, ceux qui d'après elle servent Dieu avec de mauvais mobiles quittant l'organisation après la non-réalisation de la prophétie (par exemple, l'échec de la prédiction pour 1975 a fait diminuer les effectifs mondiaux d'environ 1,5 % d'après l'Annuaire de cette année-là) ;
• Elle refuse néanmoins d'envoyer à ceux qui le lui demandent une copie des pages des livres anciens qu'elle a édités et qui contiennent les prophéties non réalisées - des opposants avancent l'idée que leur contenu pourrait ébranler la foi des fidèles - ^[28], et encourage plutôt ses membres à consulter ses publications récentes. À ce sujet, le mouvement invoque la notion de droits d'auteur. Chaque Témoin peut avoir accès à toutes les publications jusqu'en 1970 et toutes les Tour de Garde jusqu'en 1950 sur CD-ROM quand le contenu n'a pas été modifié^[29]. À cela s'ajoute la présence d'une bonne partie des anciennes éditions dans les bibliothèques des salles du Royaume.

L'annonce d'Harmaguédôn pour certaines dates ou toujours annoncé comme imminent depuis la création du mouvement a eu parfois, selon d'anciens membres, des conséquences douloureuses encouragées par le mouvement : arrêt des études scolaires, renoncement à fonder une famille dans le monde actuel, donations importantes à la Société Watchtower, vente de ses biens pour se consacrer aux activités d'évangélisation au détriment de projets personnels, etc. La notion d'urgence n'a pas changée, encadré par des rappels réguliers appelant à s'investir plus, chaque Témoin de Jéhovah est encouragé à "ne pas repousser mentalement la venue du jour de Jéhovah" et à voir pour lui-même à quel point il s'implique dans l'œuvre de prédication ; cette « soumission librement consentie » est typique de la manipulation décrite dans la « théorie de l'engagement » de Kiesler. En ce qui concerne l'année 1975, malgré une baisse des effectifs au point de vue mondial, la majorité des Témoins de Jéhovah ont continué à servir de la même manière, fidèle en cela à la théorie de la dissonance cognitive de Léon Festinger.

[modifier] Doctrines particulières

[modifier] 'Esclave fidèle et avisé'

La Société Watchtower - et en particulier le Collège Central - s'identifie elle-même à « l'esclave fidèle et avisé », mentionné par le Christ en Matthieu 24:45-47, lequel a reçu comme mission de fournir la « nourriture spirituelle en temps voulu » aux Témoins de Jéhovah.

Cet enseignement suscite plusieurs critiques :

• L'explication théologique est toutefois réfutée par des opposants au mouvement qui estiment qu'il n'y a jamais eu de collège central à Jérusalem au I^er siècle qui aurait supervisé l'œuvre des premiers chrétiens et aurait énoncé la bonne compréhension des écrits bibliques^[30].
• Des critiques font remarquer qu'il n'y a pas eu de chaîne continue d’une classe d’esclaves proches et soudés qui aurait pris naissance au I^er siècle et qui, de génération en génération, se serait perpétué jusqu'à l'époque de Charles Taze Russell et de la Société Watchtower que celui-ci a fondée^[31].
• Dans la pratique, le Collège Central ne consulte jamais les autres membres oints pour prendre une décision sur la doctrine ou l'organisation, alors qu'en théorie la classe des membres oints dans leur ensemble constitue l' 'esclave fidèle et avisé'.
• Les décisions prises (à la majorité des deux tiers) par cet 'esclave fidèle et avisé' ne sont pas contestables, sous peine d'excommunication ; tous les fidèles sont tenus de s'y soumettre, quand bien même il s'agit de décisions graves touchant à leur vie (soins médicaux, neutralité politique...), ou contradictoires au fil du temps.
• L' 'esclave' estime que les interprétations bibliques qu'il fournit sont absolument indispensables aux fidèles, car celui qui étudierait la Bible seule ne pourrait pas, d'après lui, la comprendre sans ces explications ^[32].
• Bien que fondamentale, cette doctrine n'est pas accentuée dans le discours prosélyte des Témoins de Jéhovah, en un temps où l'œcuménisme s'oppose aux attitudes sectaires.

[modifier] 'Poteau de supplice' plutôt que 'croix'

Selon la Société Watchtower, « un faisceau de preuves indique que Jésus est mort sur un poteau dressé, et non sur une croix, comme le veut la tradition »^[33]. Pour défendre cette croyance, les Témoins de Jéhovah font remarquer que le mot grec stauros rendu par 'croix' dans les Bibles actuelles désigne essentiellement un 'poteau' ou 'pieu', sans barre transversale, et que ce n'est que plus tard qu'il en est venu à s'appliquer à une croix^[34]. Ils notent aussi que parfois la Bible désigne l'instrument de torture du Christ sous le mot grec xulon qui désignerait un « bois coupé et prêt à être utilisé (...), poutre, pieu, (...) bâton, (...) poteau sur lequel les criminels étaient empalés »^[35]. Par ailleurs, ils affirment que la croix trouve son origine dans le paganisme^[36]. Des fidèles défendent ce point de vue sur Internet^[37].

Des opposants religieux émettent différentes critiques^[38] sur cet enseignement , car ils disent que :

• s'il est vrai que la croix est bien un symbole païen, Jésus a été mis à mort par des Romains selon le récit des Évangiles (en Matthieu 27:27-38,54), donc des païens ;
• le mot stauros utilisé dans la Bible peut également vouloir dire 'croix', même si le sens premier est effectivement 'pieu', les grecs n'ayant qu'un seul terme pour 'croix' et 'poteau' ;
• les découvertes archéologiques démontreraient que les gens étaient bien crucifiés au I^er siècle^[39] ;
• le passage de Jean 20:25 parle de la marque 'des' clous dans les mains de Jésus, ce qui supposerait la présence d'une barre transversale.

[modifier] 607 avant notre ère et les signes des 'derniers jours'

D'après la doctrine des Témoins de Jéhovah, les 'derniers jours' désignent la période de temps qui a commencé après l'intronisation invisible de Jésus Christ dans les cieux en 1914 et qui s'étale jusqu'à la venue de la grande bataille d'Har-Maguédon. Cette date de 1914 est obtenue après un calcul prophétique réalisé à partir du livre biblique de Daniel où il est question de 'sept temps' prophétiques, et prenant comme point de départ 607 avant notre ère, date à laquelle, selon la Société Watchtower, Jérusalem a été détruite par les armées babyloniennes. Les 'derniers jours' sont décrits dans leurs publications comme des temps difficiles, en se basant sur 2 Timothée 3:1-5, où l'on trouve une description des traits de caractère indésirables des humains durant cette période. D'après les Témoins de Jéhovah, Jésus a énoncé en Matthieu 24:1-13 un 'signe composé' pour permettre de reconnaître ces 'derniers jours'. En effet, des signes avertisseurs caractéristiques sont censés être reconnaissables par tous les humains comme étant la preuve du règne invisible du Christ ainsi que de son intervention imminente sur terre : guerres, séismes, famines, pestes, etc, censées ravager le monde comme jamais auparavant et se produire dans un lieu après l'autre. Régulièrement, les périodiques du mouvement affirment que cette prophétie trouve incontestablement sa réalisation depuis 1914.

Ces enseignements ont été l'objet de plusieurs critiques de la part d'opposants :

• D'après eux, rien dans le livre de Daniel n'indiquerait que la prophétie relative aux 'sept temps' avait une autre application que celle sur Nebucodonosor^[40] ;
• L'élaboration du calcul des 'sept temps' n'est pas des plus convaincants d'après certains^[41] ; par exemple, le commentateur biblique John Peter Lange a rejeté le principe d'un jour prophétique correspondant à une année^[42] (les Témoins de Jéhovah associent ces 'sept temps' à une période de 2 520 jours en se basant sur Révélation 11:2,3 et 12:6,14, et transforment ensuite ces jours en années en se fondant sur deux versets de l'Ancien Testament, à savoir Ezékiel 4:6 et Nombres 14:34) ;
• Ils font remarquer que 607 avant notre ère, date supposée de la destruction de Jérusalem par Nabucodonosor et point de départ de la prophétie des 'sept temps' permettant de discerner quand les derniers jours ont commencé, n'est validée ni par les découvertes archéologiques, ni par certains versets bibliques, qui indiquent plutôt 587 avant notre ère^[43], ^[44]. Par exemple, dans son ouvrage sur les « Temps des Gentils »^[45], Carl O. Jonsson, lui-même ex-Témoin, présente 18 points pour appuyer la vue traditionnelle de la chronologie néo-Babylonienne. Il accuse la Société Watchtower de citer des sources de façon incorrecte dans le but délibéré de soutenir sa position. Inversement, dans le livre du Témoin de Jéhovah Rolf Furuli^[46], il est présenté une étude très détaillée de cette date et qui soutient les vues de la Société Watchtower. Des sites de fidèles défendent également cet enseignement^[47] ;
• La Société Watchtower ferait, d'après eux, une mauvaise interprétation des paroles de Jésus en voyant dans celles-ci un 'signe composé'^[48], car elle citerait Matthieu 24:3-7 indépendemment du contexte, lequel semblerait indiquer le contraire des affirmations de la Société Watchtower. D'après des opposants, Jésus mettait en garde contre le fait d'être trompé par des événements dramatiques et a donné cet avertissement avant de répondre à leur question au sujet du signe : ainsi, les versets 7 à 12 (dans lesquels le mouvement voit une description du signe de la venue de Jésus) feraient donc logiquement et textuellement partis de l'avertissement de Jésus au sujet des événements qui pourraient induire en erreur les disciples, et ce ne serait qu'à partir du verset 30 que Jésus décrirait réellement le signe demandé par les disciples. De ce fait, Matthieu 24:4-12 ne serait pas une description faite par Jésus sur la façon d’identifier le 'signe', mais plutôt sur comment ne pas être trompé au sujet de choses que certains pourraient interpréter comme étant un 'signe'. À cet égard, le fondateur des Témoins de Jéhovah, Charles Taze Russell, avait exactement le point de vue opposé à celui de la Société Watchtower aujourd'hui : il identifiait le temps de la fin, non sur les paroles contenues en Matthieu 24, mais sur sa propre compréhension de la chronologie biblique ; d'ailleurs, des publications de l'époque déclaraient clairement que les événements dramatiques énoncés par Jésus ne constituaient pas des signes permettant d'identifier les 'derniers jours'^[49].
• De plus, certaines données chiffrées ne corroboreraient pas le constat selon lequel les guerres, famines, pestes et tremblements de terre seraient plus nombreux et/ou plus meurtriers depuis 1914^[50]. Par exemple, selon un rapport du Human Security Center, le nombre de guerres, de génocides et de violations des droits de l'homme s'est réduit au cours des douze dernières années, le nombre de conflits armés a été réduit de 40 % depuis 1992, le nombre de génocides et autres massacres d'ampleur a chuté de 80 % depuis la fin de la guerre froide. Presque partout, les violations graves des droits de l'homme seraient en recul. Au cours des dix dernières années, le nombre de réfugiés aurait chuté de 30 % et les tentatives de coups d'État se raréfieraient (25 en 1963, 10 en 2004). Moins nombreuses, les guerres sont aussi moins meurtrières : en 1950, une guerre faisait en moyenne 38 000 morts, contre 600 morts en 2002^[51].

[modifier] 144 000 et 'grande foule'

En se référant à Révélation 7:4 et 14:1,3,("Révélation" plus connue sous le nom d'Apocalypse et dernier livre de la bible) les Témoins de Jéhovah pensent que seuls 144 000 individus^[52] (chiffre pris au sens littéral) bénéficieront de la vie immortelle dans les cieux, en tant que rois et prêtres aux côtés de Jésus Christ. Le choix de ces oints par Jéhovah se serait échelonné, selon les Témoins de Jéhovah, sur une période de vingt siècles, allant de l'effusion de l'esprit saint sur 120 disciples lors de la Pentecôte de l'an 33 de notre ère jusqu'à aujourd'hui (avant mai 2007, cet appel pour la vie céleste avait cessé en 1935^[53]). Ils croient que la majorité de ces oints sont déjà morts et enseignent qu'au printemps 1918 Jésus a ressuscité en tant que créatures spirituelles tous ceux des 144 000 qui étaient déjà morts, tandis que ceux de ce groupe qui décèdent depuis cette date sont instantanément ressuscités à la vie immortelle. En cela, ils diffèrent de la majorité des croyances au sein de la plupart des Églises.

Enseignement traditionnel des Églises	Enseignement des Témoins de Jéhovah
1) Les 12 000 et les 144 000 sont des nombres symboliques représentant l'ensemble du peuple de Dieu ; ou bien 2) Littéralement 144 000 personnes (12 000 de chaque tribu) qui vont être choisies parmi les tribus d'Israël.	Le nombre 12 000 est un symbole d'équilibre[54]. Littéralement, 144 000 personnes forment l'"Israël spirituel" (c'est-à-dire l'"esclave fidèle et avisé")[55].
Tous les chrétiens sont nés de nouveau et vont ainsi passer l'éternité aux côtés de Dieu.	Seulement 144 000 croyants sont nés de nouveau et vont ainsi passer l'éternité aux côtés de Dieu[56].
Personne ne peut voir le Royaume de Dieu ou y entrer sans être né de nouveau.	Ceux qui ne sont pas nés de nouveau ont une espérance terrestre du paradis et n'ont pas besoin d'être nés de nouveau[57].

Ces enseignements ont suscité de nombreuses critiques par d'autres groupes religieux (principalement évangéliques), parmi lesquelles^[58] :

• Les Témoins de Jéhovah prennent le chiffre de 144 000 au sens littéral, alors que dans les versets ce chiffre résulte de la multiplication de deux chiffres (12 * 12 000) qu'ils prennent pourtant au sens symbolique ;

• Les oints ont vécus sur une période de 2 000 ans d'après l'enseignement du mouvement, alors que Révélation 7 les présente comme un groupe vivant au même moment, à la veille du jugement divin ;

• Les membres oints chez les Témoins de Jéhovah sont aujourd'hui issus des Gentils, sont parfois mariés et aussi de sexe féminin, alors qu'il est précisé dans les versets bibliques que les 144 000 sont « de toute tribu des fils d'Israël », que 12 000 d'entre eux composent chaque tribu, et que ceux-ci ne se sont « pas souillés avec des femmes ». Dans leurs explications, les Témoins prennent toutes ces informations dans un sens symbolique : la liste des 12 tribus ne correspond pas à celle des 12 tribus selon la chair donnée dans l'Ancien Testament, preuve d'une application non littérale, le nombre de 12 000 dans chaque tribu serait le signe que ce groupe est bien équilibré, et la virginité des membres serait d'ordre spirituel^[59] ;

• Selon la Société Watchtower, la majorité des oints ont été ressuscités en 1918 et les autres à leur mort, alors que 1 Thessaloniciens 4:17 déclare que les chrétiens morts et les vivants au retour du Christ iront « 'ensemble' à la rencontre du Seigneur dans les airs » ;

• Puisque d'après les Témoins de Jéhovah, les écrits de l'apôtre Jean ont été les derniers du canon biblique, cela signifierait que les autres apôtres et tous les chrétiens du I^er siècle auraient ignoré cet enseignement capital (selon lequel seul un nombre relativement de chrétiens iraient au ciel), ce qui peut paraître étrange ;

• Puisque d'après le mouvement, les oints ont commencé à être choisis au I^er siècle, pourquoi certains versets disent qu'Abraham désirait une « patrie céleste » (Hébreux 11:13-16), et qu'Isaac et Jacob seraient « assis dans le royaume des cieux » (Matthieu 8:11) alors que tous trois sont des fidèles des temps préchrétiens ? ;

• le nombre de membre oints (c'est-à-dire ceux qui prennent les emblèmes lors du Mémorial) ne diminue pas depuis près de vingt ans^[60], alors que ces membres sont censés être très âgés ; de surcroît, aucune preuve matérielle ne vient attester que ces personnes sont effectivement ointes, sachant aussi que d'autres groupes (tels que les Amis de l'homme) prétendent également avoir chacun les 144 000 dans leur sein ;

• un calcul effectué par un ex-Témoin de Jéhovah tendrait à montrer que si le nombre de 144 000 est à prendre au sens littéral, alors il ne devrait plus y avoir depuis longtemps de oints encore vivants^[61], à quoi le mouvement a répondu que les premiers martyrs étaient certainement de faux chrétiens, donc des non-oints^[62].

D'après les Témoins de Jéhovah, la 'grande foule' dont il est ensuite fait mention en Révélation 7:9-15, qui « sert Dieu dans son temple » par un « service sacré jour et nuit », constituerait les millions de fidèles du mouvement qui ne font pas partie du groupe des 144 000 et qui auraient l'espérance de vivre dans le paradis sur la terre^[63].

Toutefois, cette croyance a fait l'objet d'une vive controverse au sein même du siège du mouvement au début des années 1980, comme le rapporte Raymond Franz, ex-membre du Collège Central. En effet, le 'temple' où sert cette classe de personnes selon Révélation 7:15 est la traduction du mot grec naos qui se réfère au cœur du temple, à l'endroit le plus sacré^[64] ; or, la Société Watchtower enseigne que cette 'grande foule' se trouve sur terre et qu'elle sert dans les cours extérieures du temple, affirmant que naos peut parfois désigner le temple dans son intégralité. Cet conception théologique, qui a été vigoureusement défendue dans les publications du mouvement^[65], fait l'objet sur Internet d'une dénoncitation de la part d'opposants^[66], et d'une défense de la part de certains fidèles^[67].

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

• Témoins de Jéhovah
• Doctrine des Témoins de Jéhovah
• Raymond Franz
• James Penton
• Critique du christianisme

[modifier] Bibliographie

• Le Défi des Témoins de Jéhovah, Guy Baret, La Maison de la Bible, Genève, 1992
• La Bible dénonce les erreurs des Témoins de Jéhovah, Barry Clark, Viens et Vois, Craponne, 1983
• Si des Témoins de Jéhovah viennent vous voir, Jean-François Blanchet & Nicoles Hesse, édition Téqui, Paris, 1991
• Les Témoins de Jéhovah et leur ré-interprétation déformante systématisée de la Parole révélée, Yves Menga, Résiac, Montsûrs, 1989
• Les Témoins de Jéhovah ont-ils raison ?, Jules-Marcel Nicole, éditions Emmaüs, Lausanne, sd
• Lumière sur les Témoins de Jéhovah, Christian Piette, éditions de Littérature biblique, Braine-l'Alleud, 1982
• Réponse biblique aux Témoins de Jéhovah, David A. Reed, Vida Floride, 1991 (ISBN 0-8297-1108-2)
• (en)Jehovah Himself Has Become King, Robert King, 2005, États-Unis (ISBN 1-4208-5498-4) (examen critique des croyances TJ)

[modifier] Références

• Portail du christianisme