Secte

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le mot secte a d'abord désigné soit un ensemble d'hommes et de femmes partageant une même doctrine philosophique, religieuse, etc. soit un groupe plus ou moins important de fidèles qui se sont détachés de l'enseignement officiel d'une Église et qui ont créé leur propre doctrine.

Il est devenu un terme polémique, qui désigne un groupe ou une organisation le plus souvent à connotation religieuse dont les croyances ou le comportement sont jugés obscurs ou dévoyés. Généralement les responsables de ces groupes sont accusés d'une part de brimer les libertés individuelles au sein du groupe ou de manipuler mentalement leurs disciples afin de s'approprier leurs biens, de les maintenir sous contrôle, etc. et d'autre part d'être une menace pour l'ordre social.

Ce terme devenu injurieux est récusé par la plupart des groupes visés, ainsi que par certains juristes et sociologues. Pour exprimer le coté éventuellement néfaste de certains groupes et pratiques, on parle alors plutôt de dérive sectaire.

Sommaire

[modifier] Historique

[modifier] Étymologie

D'un point de vue étymologique, le mot secte vient du latin secta, défini comme une voie qu'on suit, une doctrine philosophique, une secte (religieuse)[1]. Ce terme est dérivé du verbe sequi, qui signifie « suivre ». Toutefois, certains étymologistes le font dériver du latin "secare", qui signifie « couper », par opposition à religion, qui pourrait venir du latin religare, « relier ») désignait soit une sous-branche d'une religion reconnue et bien établie, soit un groupe de personnes qui se regroupent autour d'un maître de pensée.

Le mot secte en grec, équivalent de la secta latine est hairesis. Une hérésie est une école de pensée. Le jardin d'Épicure était une hairesis.

C'est dans le sens de sous-branche de religion que l'on peut parler de secte pour les groupements issus du bouddhisme, de l'hindouisme, du shintoïsme ou du taoïsme. Mais autant ces religions ont toujours été plus ou moins ouvertes à la dissidence, autant le christianisme, se voulant par nature universel, l'a longtemps combattue : dans les pays catholiques, toute dissidence, qualifiée d'hérésie, a donc toujours eu une connotation péjorative.

Dans d'autres cultures que la française, les connotations du mot 'secte' sont beaucoup moins négatives; le mot 'sect' en anglais, par exemple, est plutôt neutre, néanmoins le mot 'cult' se rapporte à notre définition du mot secte. L'emploi indépendant de deux mots différents permet de lever une partie de l'ambiguïté du terme français. sect tend à correspondre à la définition étymologique (comme pour les sectes protestantes qui n'a alors guère de portée négative), alors que cult tend à correspondre à la définition sociologique du terme français secte (comme pour cargo cult ou cultes du cargo qui décrivent péjorativement un groupe aux croyances farfelues et parfois dangereuses).

En dehors de la France et la Belgique, le désir de catégoriser ce qu'est une 'secte' est beaucoup moins en évidence.

[modifier] Sectes historiques et hérésies

Certaines grandes religions actuelles furent à l'origine des sectes de religions plus anciennes et déjà bien implantées. Ainsi, le christianisme s'est d'abord développé comme une secte au sein du judaïsme, dont il a repris une partie des enseignements. Néanmoins, ces religions ont acquis au fil du temps un grand nombre d'adeptes et une reconnaissance officielle importante.

L'Antiquité ne donne pas de valeur négative aux termes de secte ou hérésie, mais fait par contre une disctinction entre religion licite, ou pas. C'est en tant que religion illicite que les premiers chrétiens, lors des persécutions du IIe siècle, se verront qualifier par Pline le Jeune de « superstition déraisonnable et sans mesure » [2] et que Celse leur reproche des dérives telles que de viser à « miner l'ordre social et former un État dans l'État » ou de nuire « à la santé publique en détournant les adeptes des médecins attitrés au profit des promesses illusoires de guérison »[3]. Par la suite, par volonté d'établir un monopole religieux, l'association de ces doctrines au pouvoir politique (après Constantin Ier) va faire apparaître la notion d'orthodoxie. Selon certains auteurs, la religion ne serait que la secte du roi.

C'est ainsi que le protestantisme a longtemps été considéré comme une hérésie par l'Église catholique et a entraîné une grande répression de ses membres à la Renaissance, qui débouchera sur de longues guerres en Europe (guerres civiles en France et Allemagne, guerre entre pays de religions différentes) et des massacres, notamment lors de la nuit qui suivit la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572 ou lors de la prise de Magdebourg. Quelques siècles plus tôt, les persécutions de l'Inquisition Église catholique avaient été encore plus fortes contre ce qui était appelé l'hérésie cathare.

Dans son Dictionnaire philosophique, Voltaire classe comme sectaire toute croyance non acceptée universellement ou non prouvée de façon évidente.[4]

Au XIXe siècle, les sociologues Max Weber et Ernst Troeltsch définissent la secte comme un groupement religieux, intransigeant et en rupture avec la société. L'Église est alors l'alternative sociale de la religion qui prend sa place au milieu des institutions profanes.

Certains considèrent que cette définition, qui perdura jusqu'à la fin du XXe siècle, est aujourd'hui inadaptée au changement sémantique du mot secte. Les polémiques sur le sujet ne facilitent pas l'accord sur le sens du mot et donc sa définition. Dans ces conditions, la définition sociologique est encore considérée par certains intellectuels comme la meilleure.

Dans cette définition sociologique, la rupture entre la secte et la société est fondamentale. Cette rupture est pratiquement toujours considérée comme un dommage, qui selon les points de vue sera imputée aux membres de la secte ou au contraire à la société. Qui dit dommage dit rétribution, avec là encore des interprétations variables : prévention et juste punition pour les uns, persécution pour les autres. L'affaire peut dégénérer en conflit ouvert et guerre civile, comme cité plus haut pour le protestantisme.

Des sociologues de religion comme Sabrina Pastorelli [5] ou Danièle Hervieu-Léger ont travaillé sur ce thème. Dans son livre Approche de la sociologie religieuse, [6] cette dernière, après une brève présentation de l’incapacité de la justice à offrir une définition convenable et un historique des politiques gouvernementales de lutte contre les « menaces » sectaires, résume la vision symbolique française du phénomène sectaire : celui-ci serait en fait identifié à une maladie qui attaquerait le corps social. Le rôle de l’État serait de détruire cette maladie et de venir en aide aux victimes. Hervieu-Léger note au passage le rôle des associations antisectes dans l’élaboration de cette vision, en particulier avec le « délit de manipulation mentale ».

Elle présente sous la forme d’un marché de biens symboliques un portrait de la religion (qu'elle définit comme une inscription dans une lignée croyante) et de la spiritualité (bricolage symbolique, au sens de Roger Bastide de manière individuelle).

[modifier] Les sectes de nos jours

Dans la seconde moitié du XXe siècle apparaissent de nouveaux mouvements qui ne correspondent plus à la définition classique de Weber et Troeltsch. Suivant les causes possibles de leur émergence, on cite la baisse de fréquentation des religions traditionnelles et l'effondrement des idéologies comme le communisme qui amènent à une perte de valeurs et de repères[7]. Par ailleurs, certains sociologues et théologiens estiment que le phénomène de mondialisation a permis l'apparition d'un véritable « supermarché du religieux » [8] où le choix des croyances est plus vaste.

Dans les années 1980, suite à des scandales qui ont alarmé l'opinion publique, tels que suicides collectifs, affaires politico-financières, infractions au code du travail[réf. nécessaire] ou exercice illégal de la médecine, le terme secte a pris une forte connotation péjorative, devenant synonyme de groupe totalitaire et dangereux, ou en tout cas, de système aliénant et forçant ses adeptes à se placer en position de rupture avec la société et ses normes.

[modifier] Tentatives de définition

Le seul fait d'être en rupture avec les normes de la société ne suffit pas à définir une secte. Par exemple, certains mouvements politiques, sans être forcément dangereux, ont des visions politiques bien différentes de celle qui est pratiquée.

L'expression « mouvement coercitif » avait, un temps, été préférée au terme secte, mais son utilisation aurait permis d'englober dans cette définition, certains groupes politiques totalitaires.

En France, fin 1993, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme proposait cette définition : "Groupement se présentant ou non comme une religion, dont les pratiques constatées sont susceptibles de tomber sous le coup de la législation protectrice des droits des personnes ou du fonctionnement de l'État de droit ; comportement sectaire : refus des lois, en exerçant des voies de fait, en accomplissant des détournements, des abus de confiance, des infractions financières et fiscales, des mauvais traitements, de la non-assistance à personne en danger, des incitations à la haine raciale, des trafics de stupéfiants."[9]

Le rapport de 1999 de la MILS donnait la définition plus brève : "Association de structure totalitaire, déclarant ou non des objectifs religieux, dont le comportement porte atteinte aux droits de l'Homme et à l'équilibre social."

Les associations antisectes, les commissions parlementaires et les missions du gouvernement disent étudier aujourd'hui le comportement d'un groupe vis-à-vis de ses membres plutôt que les préceptes du groupe (évaluation des actes plutôt que des croyances). Divers critères tels que la manipulation mentale des adeptes, l'organisation pyramidale et la centralisation du pouvoir aux mains d'une personne avec autorité charismatique, comme un gourou, ou d'un collège restreint de dirigeants, l'extorsion de fonds ou encore le fait que la doctrine se présente comme exclusive sont employés pour cette étude.

Ces critères ne font pas l'unanimité et ne s'appliquent pas dans leur totalité à tous les mouvements parfois considérés comme sectaires. En outre, ce ne sont pas les seuls critères permettant de qualifier une organisation de secte. De ce fait, les acteurs de la lutte anti-sectes ne sont parfois pas tous d'accord pour combattre certains groupes en particulier, comme par exemple l'Office culturel de Cluny, les mormons ou l'anthroposophie. Lors d'une commission parlementaire belge, Anne Morelli, historienne Belge s'est inquiétée du risque que la relative nouveauté d'un groupement religieux ou sa petite taille le désigne automatiquement comme une secte[10].

Jean-François Mayer relève qu'il existe de nombreuses similitudes entre les accusations faites au début du XXe siècle contre des nouveaux mouvements religieux, comme l'Armée du Salut, et les critiques actuelles contre les groupes qualifiés de sectaires.

Selon le professeur de théologie Harvey Cox, quatre mythes sont récurrents dans la mise à l'index de ces mouvements, le mot mythe ne signifiant pas ici que ces aspects ne puissent pas être présents dans un groupe, mais plutôt que ces thèmes reviennent invariablement, quand bien même ils n'existeraient pas dans ce groupe :

  • le mythe de la subversion (la secte représente une menace pour la société),
  • le mythe sexuel (la secte se livre à des pratiques sexuelles perverties : orgies ou abstinence totale),
  • le mythe de la dissimulation (la secte est volontairement trompeuse),
  • le mythe du mauvais œil (la secte a recruté ses adeptes par la manipulation mentale, car personne n'y aurait adhéré volontairement).

Ken Wilber[11] distingue les groupes problématiques voire destructeurs de ceux qui peuvent être clarificateurs voire bénéfiques, en utilisant comme critères:

  • Degré de maturité
  • Intégration dans la société
  • Le type de l'autorité dans le groupe

[modifier] Sectes et religions

La plus grande partie des polémiques autour du terme secte ont leur source dans le fait que ce terme recouvre plusieurs définitions et opinions. On peut observer, suivant les personnes qui l’utilisent :

  • Le sens étymologique : la nouvelle branche d’une religion installée.
  • Le sens de nouveau mouvement religieux (groupe d'individus libres exerçant ensemble une activité dans le champ de la spiritualité comme d'autres s'associent dans le domaine artistique), avec son système de croyances ou sa philosophie originale, plus ou moins perfectionné et des adeptes apparemment non mentalement manipulés.
  • Le sens négatif fort : toute organisation, y compris les sociétés secrètes, ayant été condamnée pour préjudice sur ses adeptes manipulés mentalement.
  • Le sens négatif étendu : toute organisation soupçonnée d’exercer une manipulation mentale sur ses adeptes afin de les exploiter.

Les deux sens à connotation négative ont été adoptés par les médias et ensuite par la population. Les militants antireligieux auront tendance à minimiser toute différence entre le terme secte et le terme religion (ou spiritualité) et emploieront donc le sens négatif étendu. Les membres ou défenseurs des grandes religions auront, pour certains, tendance à adopter le sens négatif fort, afin de désigner par secte tous les mouvements qu’ils jugent dangereux (et seulement ceux-là) et, pour d'autres, appliqueront de manière générale le sens de nouveau mouvement religieux a priori positif. Hors du cadre des religions, les défenseurs des libertés spirituelles ont choisi également de le limiter au sens négatif fort à partir de critères objectifs (jugements des tribunaux par exemple), afin d’éviter que la dénomination secte n'entraîne une méfiance injustifiée vis-à-vis de groupes religieux ou philosophiques qui ne pratiquent manifestement pas la manipulation mentale (Pas plus, au demeurant, que dans n'importe quel groupe humain).

Ces différentes positions sont essentiellement fondées sur la notion de manipulation mentale, difficile à identifier et, plus particulièrement, à distinguer de l’endoctrinement "religieux".

Selon l'historienne belge Anne Morelli[12], les grandes religions présentent des caractéristiques qui peuvent laisser penser qu'elles ne diffèrent pas essentiellement des mouvements sectaires.

D'autres auteurs apportent un point de vue différent, en considérant que les « grandes religions » ne peuvent être assimilées aux sectes, en tout ou en partie, parce qu'elles sont reconnues, admises et intégrées à la société[13]. Toujours selon Anne Morelli, c'est le label descerné par le gouvernement du pays qui les héberge qui donnerait aux groupes religieux la qualification de secte ou non[14]. Par ailleurs, des communautés appartenant à des Églises des religions installées sont également considérées comme des "sectes" (au sens péjoratif du terme) par les mouvements antisectes, ainsi que par les médias comme par exemple la Communauté Saint Jean [15]chez les catholiques.

[modifier] Scandales autour des sectes et médiatisation

Des affaires de suicides collectifs ou d'agressions sexuelles ont défrayé la chronique depuis 1978 entrainant une importante médiatisation du phénomène,provoquant de profondes inquiétudes.

Ainsi des suicides collectifs ou des massacres dont certains sont restés inexpliqués, ont choqué l'opinion publique, d'autant plus qu'une partie des victimes étaient des enfants .

  • Le 18 novembre 1978, 914 adeptes du Temple du Peuple (People's Temple), dont 260 enfants, meurent par absorption de cyanure lors d'un suicide collectif ou assassinés dans leur temple de Jonestown au Guyana ; le Gourou, Jim Jones, fut retrouvé mort d'une blessure à la tête par arme à feu.
  • Le 19 septembre 1985, 60 adeptes de Datu Mangayanon se suicident à Mindanao aux Philippines ;
  • Le 1er septembre 1986, 7 adeptes de l'Église des amis de la vérité se suicident à Wokayama au Japon ;
  • Le 28 août 1987, 32 adeptes de Park Soon Ja se suicident à Séoul en Corée du Sud ;
  • En 1993 72 adeptes davidiens meurent dans l'incendie de leur ferme lors du Siège de Waco au Texas alors que la police les assiégeait depuis plusieurs semaines. ;
  • À trois reprises de 1994 à 1997, des adeptes de l'Ordre du Temple solaire sont retrouvés morts, suicidés ou assassinés : le 4 octobre 1994 53 adeptes (dont 16 enfants) dans deux villages de Suisse, Cheiry et Salvan ; le 23 décembre 1995, 16 adeptes parmi lesquels 3 enfants, retrouvés carbonisés dans le Vercors en France et le 24 mars 1997, 5 autres adeptes sont retrouvés morts au Québec ;
  • Le 26 mars 1997, 39 adeptes de la secte Heaven's gate (Porte du Paradis) se suicident par ingestion de phénobarbital, dans une villa de Rancho Santa Fé, en Californie ;
  • Le 18 mars 2000 : À Kanungu, En Ouganda, près de 500 adeptes de la secte apocalyptique de Joseph Kibwetere, le "mouvement pour la restauration des Dix Commandements de Dieu", s'immolent par le feu ou sont brûlés vifs dans leur église ; un charnier de près de 500 personnes est découvert ensuite dans les environs.

D'autres affaires ont également marqué l'opinion :

La forte médiatisation du « phénomène sectaire » est interprétée par les défenseurs des sectes comme une recherche de sensationnalisme afin de mieux imprégner une opinion publique. Elle a pu conduire à amalgamer entre elles des organisations aux aspirations pourtant très différentes. Ainsi, par le même terme générique de « secte », on a désigné autant des groupes criminels, dangereux, pédophiles, totalitaires que des nouveaux groupements religieux, ésotériques ou simplement excentriques (en décalage avec la société) qui n'ont jamais été coupables de tels crimes.

Si cette médiatisation a eu pour effet de mettre en lumière des abus au sein de certains groupements, elles ont parfois été très préjudiciables à des personnes ou des organisations[16].
Les défenseurs des mouvements dit sectaires mettent en avant le fait que certaines personnes, suite à la découverte de leur appartenance à des groupements considérés comme sectaires, ont été licenciées, se sont vues refuser la garde d'un enfant[17] ou ont subi la rupture de leurs contrats commerciaux.

[modifier] Lutte contre les sectes

Ce qui est communément appelé "les sectes" pose un épineux problème d'ordre public en même temps que cela pose le problème des libertés. En effet, évaluer l'influence et la dangerosité sectaire est difficile . Un débat oppose depuis longtemps ceux qui pensent que, face aux mouvements considérés comme sectaires et dangereux, l'autorité se doit d'intervenir pour protéger les citoyens et, de l'autre côté, ceux qui estiment que l'État n'a pas le droit d'enfreindre les libertés de religion et d'association des citoyens. C'est l'opinion qu'exprime le sociologue canadien Daniel G. Hill :

« La société qui apprécie ses libertés doit accepter de ne pas pouvoir toujours protéger ceux qui renoncent volontairement à leur indépendance, consacrent leur biens à des causes vaines ou s'engagent dans des pratiques qui leur sont nuisibles. Là où les questions de foi et d'association sont en cause, l'individu qui est vraiment libre n'est pas seulement libre de jouir de ses choix mais aussi d'en souffrir. » [18].

Selon Mme Hervieu-Leger, si l'on présuppose que l’État doive intervenir pour « réguler » les comportements religieux, il est nécessaire de connaître le nouveau contexte religieux contemporain (pluriel, individuel, etc.) afin d’« assurer la protection des personnes et protéger le droit à la radicalité religieuse ». Elle rappelle l'aberration conceptuelle qui fait croire qu'un individu choisissant d'entrer dans une secte n'exercerait en fait aucune volonté autonome.

Les états sont donc contraints d'osciller entre la tolérance applicable à toutes formes de religion et d'adhésion à un dogme, et la protection des individus et de la société. En fonction de leur propre définition du terme secte et des organisations classées comme sectes dans leur pays, certains gouvernements ont mis en place des procédés de lutte contre certaines pratiques et certaines organisations.

[modifier] En Europe

En Europe, les gouvernements français, belges et allemands ont réuni des commissions de travail qui ont déterminé de manière différente l'opportunité de publier des listes non exhaustives de sectes.

[modifier] En France

Dans ce contexte, la France s'est engagée dans une lutte dont l'objectif fut d'abord de "lutter contre les sectes" puis "de réprimer les dérives sectaires". La France est un pays laïc dont l'État doit respecter tous les cultes et n'en reconnaître aucun, ces mouvements sont donc à priori considérés comme licites et seuls leurs délits sont répréhensibles.

Plusieurs commissions d'enquêtes ont été initiées depuis le début des années 80 à l'Assemblée nationale afin d'enquêter de manière plus approfondie sur le phénomène sectaire. Le gouvernement s'est également doté d'un nouvel organisme interministériel appelé "MILS" quand il était question de "lutte contre les sectes" puis "MIVILUDES" pour "réprimer les dérives sectaires".

En 1995, une commission parlementaire à publié une une liste de 173 mouvements jugés sectaires et proposé des modifications de législation qui ont mené au vote de la loi About-Picard en 2001. La liste de sectes, très controversée, a été officiellement abandonnée en 2005.

En 2001, la loi About-Picard a renforcé la législation sur la notion d'abus de faiblesse[19] et a déterminé les cas où une organisation convaincue de dérives sectaires peut être dissoute. Elle accorde à certaines associations anti-sectes, très actives, le droit de se porter partie civile dans les procès.

La France est un des pays les plus engagés dans cette lutte en Europe et à l'origine de positions controversées qui lui valent quelques critiques, y compris de l’Assemblée parlementaire européenne [20].

Icône de détail Article détaillé : Lutte anti-sectes en France.

[modifier] En Belgique

En Belgique, la publication d'un rapport similaire en 1997 [21] a provoqué une violente controverse au Parlement, qui a dû renoncer à définir une liste de sectes, et a valu à l'État belge une condamnation en justice en 2005 [22] .

[modifier] En Suisse

En Suisse, le Conseil Fédéral se garde de tout amalgame entre des groupes « sans lien entre eux » et se prévaut que « la liberté de conscience et de croyance ainsi que le droit d'association sont des droits ancrés dans la Constitution fédérale ». Ainsi mis à part les actions pénales, l'État suisse n'intervient pas directement contre les sectes, terme qui n'a pas de définition légale[23]. Le Conseil fédéral a estimé en 2000 que la législation en vigueur était suffisante, mais que des études sur ces mouvements seraient nécessaires. Les compétences religieuses se situant au niveau de chaque canton, certains d'entre eux ont créé en 2002 un « Centre d'information sur les croyances » pour répondre au besoin d'information sur les mouvements qualifiés de secte. [24].

[modifier] En Chine

Le gouvernement chinois réprime certains mouvements dénoncés comme "sectes hérétiques" (xiejiao), dont le plus connu est le Falun Gong[25]. Ce mouvement a été perçu par les autorités chinoises comme une menace contre la suprématie politique du parti communiste chinois. Les autorités chinoises affirment que le Falun Gong a répliqué sous l'impulsion de son fondateur, Li Hongzhi, aujourd'hui réfugié aux États-Unis, par des manifestations d'opposition massives et pacifiques de désobéissance civile. Les autorités chinoises expliquent que le Falun Gong ferait courir des risques graves à la santé de ses adeptes et qu'il inciterait même ses membres à se suicider par immolation par le feu.

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Livres adoptant une position neutre

  • Jean-Pierre Chantin, Des sectes dans la France contemporaine. 1905-2000. Contestations ou innovations religieuses ?, Editeur Privat, 2004
  • Danielle Hervieu-Léger, La religion en miettes ou la question des sectes, Paris, Calmann-Lévy, 2001
  • Arnaud Esquerre, Lutter contre les sectes : l’invention d’un psycho-pouvoir, revue Le Banquet, n°24, février 2007, pp. 199-212.
  • Jean-Paul Willaime, Les « sectes » et le droit en France, Paris, PUF, 1999
  • Vassilis Saroglou, L.-L. Christians, C. Buxant, S. Casalfiore, Mouvements religieux contestés. Psychologie, droit et politiques de précaution, Bruxelles, Gand, Politique scientifique fédérale, Academia Press, 2005, 216 pp
  • Françoise Champion et Martine Cohen (sous la direction de), Sectes et démocratie, Éditions Seuil, 1999
  • Nathalie Luca et Frédéric Lenoir, Sectes, mensonges et idéaux, Éditions Bayard, 1998
  • Daniel Hourès, Les Sectes, Editions Service International de Presse, 2001

[modifier] Livres favorables aux mouvements spirituels minoritaires

  • Erick Dietrich et Stéphanie Griguer, Il est interdit d’interdire, Censure et Répression, Éditeur Jacques-Marie Laffon, 2005.
  • Alain Garay, L'activisme anti-sectes de l'assistance à l'amalgame, Éditions Edwin Mellen Press, 1999.
  • Joël Labruyère, L'État inquisiteur, Éditions des trois monts, 1999.
  • Joël Labruyère, La sectophobie, éditions des 3 Monts, 2001 (Témoignage de la chasse aux sorcières en France à l'aube du XXIe siècle).
  • Bernard Lempert, Le retour de l'intolérance, Sectarisme et chasse aux sorcières, Éditions Bayard, 2002.
  • Anne Morelli, Lettre ouverte à la secte des adversaires des sectes, Labor, Bruxelles, 1997, EPO, Berchem-Anvers, 1997.
  • Christian Cotten, Mafia ou Démocratie, Louise Courteau Éditrice, 2003.
  • Massimo Introvigne (dir.), Pour en finir avec les sectes, CESNUR diGiovanni, 1996.
  • Serge Toussaint, Secte sur ordonnance - Les Rose-Croix témoignent, grand Maître de l'AMORC, livre sur les dérives sectaires en France, préfacé par Jeanine Tavernier, ex-présidente de l'UNADFI.
  • Laurent Hincker, Sectes, rumeurs et tribunaux, la république menacée par la chasse aux sorcières ?, Éditions La nuée bleue, 2003.
  • Dick Anthony et Massimo Introvigne, Le lavage de cerveau: Mythe ou réalité?, édition de l'Harmattan 2006.
  • Christian Paturel, La pensée unique face aux spiritualités - Le choc des mondes, Éditions L'Harmattan, Paris, 2007.

[modifier] Livres axés sur une problématique "Dangers et Sectes"

  • M. Colinon, Faux prophètes et sectes d'aujourd'hui, Plon, 1953, coll. Présences.
  • Les sectes : état d'urgence, CCMM, Albin Michel, 1995. ISBN 2-226-07711-1
  • Roger Gonnet, La Secte - Secte armée pour la guerre - Chroniques d'une "religion" commerciale à irresponsabilité illimitée, Alban, 1998
  • Rapport d'A. Gest au nom de la commission parlementaire d'enquête sur les sectes, La documentation française, 1996.
  • Baffoy Thierry, Antoine Delestre et Jean-Paul Sauzet, Les Naufragés de l'Esprit - Des sectes dans l'Église catholique, Seuil, Paris, 1996
  • A. Drogou, Le dico des sectes, CCMM, Milan, 1998, coll. Les essentiels.
  • Jean-Marie Abgrall, Les charlatans de la santé. Payot 10/1998
  • Jean-Marie Abgrall, Les sectes de l'Apocalypse, gourous de l'an 2000. Calmann-Levy 1999
  • Jean-Marie Abgrall, La mécanique des sectes-Manipulations mentales et pratiques coercitives, Payot & Rivages, 1996. ISBN 2-228-89505-9
  • Dominique Biton, Sectes, gourous, etc.-Eviter aux ados de se laisser piéger. Albin Michel, 2003.
  • Paul Ranc, Une secte dangereuse : La Scientologie.Edition Contrastes, 1993.
  • Richard Bessière, Sectes et sociétés secrètes, reconnaître, se défendre et combattre.Edition Chiron, 2001.
  • Tobie Nathan et Jean-Luc Swertvaegher, Sortir d'une secte. Les Empêcheurs de penser en rond, 2003.
  • Arnaud Palisson, Grande enquête sur la Scientologie, une secte hors la loi. Favre, 2003.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Rapports d'enquête officiels

[modifier] Notes et références

  1. Dictionnaire Garnier-Flammarion latin-français, 1966
  2. Correspondance de Pline le Jeune et de Tajan sur les chrétiens de Bithynie - Cité dans L'empire romain et le christianisme, Claude Lepelley, Questions d'histoire/Flammarion page 29 et 90
  3. Cité par Nathalie Luca, Les sectes, Que sais-je page 14
  4. Voltaire, « Secte - Dictionnaire philosophique » sur http://www.voltaire-integral.com, 1770, Voltaire - Oeuvres complètes en ligne. Mis en ligne le 1998, consulté le 2008-02-23
  5. Logique instituante et logique instituée dans le rapport entre « religion » et « sectes »
  6. Approche de la sociologie religieuse, Danièle Hervieu-Léger
  7. Théorie soutenue par exemple par N.Luca ou Jean Vernette dans l'introduction du Dictionnaire des groupes religieux aujourd'hui
  8. Cette expression est employée par plusieurs auteurs comme Jean Vernette, ou Nathalie Luca et Frédéric Lenoir qui intitulent ainsi un chapitre de Sectes, mensonges et idéaux"
  9. Avis concernant le phénomène dit des sectes Commission nationale consultative des droits de l’homme - 10 décembre 1993
  10. « Par ailleurs, Mme Morelli estime que les critères appliqués par la commission d’enquête française présidée par M. Gest ne sont pas objectifs. En effet, certaines affirmations comme, par exemple, “ les sectes sont d’apparition récente ” ou “ ce sont des mouvements religieux de petite taille ”, sont dénuées de pertinence ». Extrait de l’ enquête parlementaire (Belgique) visant à élaborer une politique en vue de lutter contre les pratiques illégales des sectes et le danger qu'elles représentent pour la société et pour les personnes, particulièrement les mineurs d'âge Rapport de MM. Duquesne et Willems
  11. Ken Wilber: «Légitimité, authenticité et autorité dans les nouvelles religions» dans Les trois yeux de la connaissance. Monaco: Rocher, 1987.
  12. Anne Morelli développe par exemple cet argument dans son ouvrage: Morelli, A. (1997). Lettre ouverte à la secte des adversaires des sectes, Bruxelles: Labor.
  13. Régis Dericquebourg,sociologue : http://www.cicns-news.net/sociologues-nouvelles-spiritualites-08.htm « (Les religions) ont passé des compromis avec le monde, elles ont adouci leurs exigences vis-à-vis des fidèles, et leur emprise s'en est trouvée amoindrie. En revanche ce qui caractérise la secte, c'est son indifférence à l'égard de l'État, son animosité ou son hostilité à son endroit. Certaines sectes refusent le vote, on rend "à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu", autrement dit on ne se mêle pas des affaires de l'État. Ce n'est pas le cas des églises qui sont engagées dans le monde, et qui pour certaines ont passé des compromis avec l'État. »
  14. Interview d'Anne Morelli sur un site Belge
  15. communiqué Avref unadfi 2004 la sur Communauté Saint Jean, et Article lors le décès du Père Dominique sur le site du CCMM
  16. PNucléaire : un scientologue muté loin des réacteurs, par exemple.
  17. Mils 2001p 106
  18. Cité par J.F. Mayer, dans Sectes nouvelles, un regard neuf, Cerf, Paris, 1985
  19. La création d'un délit de manipulation mentale initialement prévu, a été rejeté
  20. L'Assemblée parlementaire européenne a demandé en 2002 au Gouvernement français de revoir la loi About-Picard. Voir la Résolution 1309 (2002) Liberté de religion et minorités religieuses en France sur le site du Conseil de l'Europe
  21. Enquête parlementaire 1ere partie & 2e partie sur le site du parlement belge.
  22. Sectarisme parlementaire La Libre Belgique 28/10/2005
  23. http://www.parlament.ch/afs/data/f/gesch/1998/f_gesch_19983136.htm
  24. Suisse: un bilan de l'expérience du Centre d'information sur les croyances - Entretien avec Nathalie Narbel - Religioscope 28 Sep 2004.
  25. Rapport Amnesty international 2007