Rectocolite hémorragique

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La colite ulcéreuse ou recto-colite hémorragique (RCH) est une maladie inflammatoire chronique de l'appareil digestif qui affecte l'extrémité distale du tube digestif, c’est-à-dire le côlon et le rectum (qui est toujours touché). Son étiologie est inconnue, bien qu'une composante génétique soit probable.

Son diagnostic repose essentiellement sur la coloscopie et un certain nombre d'examens complémentaires.

Tout comme la maladie de Crohn, elle peut s'accompagner de manifestations extra-intestinales (articulaires, cutanées, oculaires...).

Son code CIM-10 peut être selon les formes cliniques, K51.0 à K51.9

Sommaire

[modifier] Symptômes

Image endoscopique d'une RCH affectant la partie gauche du côlon
Image endoscopique d'une RCH affectant la partie gauche du côlon

Les symptômes sont principalement constitués d'une diarrhée sanglante (plusieurs semaines à plusieurs mois), douloureuse et accompagnée fréquemment de glaires mélangées ou non aux selles. Les patients souffrent souvent de brulures rectales, de coliques expulsives et se plaignent également de faux besoins.

Il peut exister des manifestations extra-intestinales, principalement osteo-articulaires mais aussi hépato-biliaires, oculaires ou cutanées.

[modifier] Incidence - Prévalence

En France, de nombreux nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année (probablement de l'ordre de 2000 à 2500 cas). La RCH est une maladie peu fréquente, et on estime à 40 000 le nombre de patients touchés en France. Elle concerne préférentiellement les jeunes adultes (pic à 20 ans pour les premières poussées de la maladie).

[modifier] Causes

Les causes de cette maladie sont encore en grande partie inconnues.

Les dernières hypothèses évoquent une prédisposition génétique (plusieurs gènes identifiés), un facteur déclenchant environnemental (bactérie ?), l'arrêt du tabagisme chez certaines personnes et la survenue d'une cascade inflammatoire non contrôlée. A noter que 42% des femmes ont une poussée de la maladie pendant leur grossesse.[1]. On est donc en présence d'une maladie multifactorielle au même titre que la maladie de Crohn ou la polyarthrite rhumatoïde, autres maladies proches.

[modifier] Complications

[modifier] À court terme

On craint surtout une colectasie (dilatation toxique du colon) ou une colite aiguë grave (poussée très sévère d'emblée).

[modifier] Risques à long terme

Il existe, après 10 ans d'évolution, une majoration du risque de cancer colorectal. Ce risque est surtout important en cas d'atteinte étendue et nécessite une surveillance régulière par coloscopie.

[modifier] Traitement

Le traitement d'attaque repose surtout sur les salicylés (5ASA ou mesalazine) à forte dose.

Le traitement préventif utilise également les salicylés (généralement à mi-dose).


Dans les formes corticodépendantes (si on diminue la dose de corticoïde les signes cliniques réapparaissent) ou corticorésistantes (même les corticoïdes ne permettent pas de faire disparaitre les signes cliniques), et aussi dans les formes sévères de la maladie on introduit de plus en plus un traitement par immunosuppresseur (Azathioprine ou methotrexate).

[modifier] Traitement aigu

Pour les poussées légères à modérées, on utilise des salicylés. Pour les poussées moyennes et sévères, on prescrit plutôt des corticoïdes par voie générale (orale ou injectable). Pour les poussées graves ou en cas d'échec des précédents traitements, on peut utiliser la ciclosporine (immunosuppresseur) ou la chirurgie.

Nouveau traitement depuis fin 2005 : Infliximab (immunomodulateur, Immunosuppresseur sélectif, anti-TNF alpha) pour les poussées graves et/ou en cas d'échec des précédents traitements.

[modifier] Traitement d'entretien (préventif)

Le traitement d'entretien utilise les salicylés (5ASA ou mesalazine) et l'azathioprine (immunosuppresseur).

[modifier] Chirurgie

Utilisée en dernier recours, c'est le seul traitement permettant de guérir la maladie (si le rectum et le colon sont enlevés).

[modifier] Régime

Le régime est d'un intérêt discuté. Certains probiotiques pourraient être utiles en particulier après la chirurgie. En cas de poussée le regime alimentaire doit etre adapté comme ci dessous en dehors des poussées l'alimentation peut redevenir normale. Le régime sans fibre est conseillé. Ce régime doit être relativement riche en protéines dont les besoins sont souvent augmentés chez les patients atteints de rectocolite ulcéro-hémorragique. Il faut également savoir compenser les pertes en eau et en sels minéraux, tout particulièrement en fer et en calcium. Les pertes en sodium et en potassium sont également quelquefois élevées. Enfin, des carences en vitamines sont également possibles. À ce propos, certaines préparations polyvitaminées vendues dans le commerce ne contiennent pas de vitamine B 12, de vitamine K ou d'acide folique. Ces éléments doivent être administrés par ailleurs. Aliments autorisés : Potage ou consommé de farine (gruau d'avoine, tapioca, semoule) Pâtes Riz Maïs Pomme de terre sous forme de purée ou bouillie Œufs à la coque, pochés ou brouillés Viande hachée (toutes les viandes sont à peu près autorisées) Légumes et fruits, plutôt cuits, suivant les individus Compote de coing Certains fruits riches en tanins Carottes sous forme de purée Caroube sous forme de farine Jus de fruits allongés d’eau

Aliments déconseillés Excitants (thé, café). Bien que le tabac ne soit pas un aliment, il rentre dans cette catégorie de produits déconseillés. Épices : paprika, piment, moutarde, ketch-up, pickles (légumes conservés dans du vinaigre), etc... Eau gazeuse Fritures Alcool Boissons glacées Pain complet Pâtisseries contenant des fruits secs (voir ci-après) Crudités Fruits secs (figues sèches, raisins secs, noisettes, amandes et noix) Fruits pas mûrs Certains légumes, particulièrement ceux contenant des fibres, même cuits comme les endives, la laitue, le chou, le chou-fleur Certains féculents : haricots secs, lentilles, pois Charcuterie Gibier Viandes grasses Jus de fruits purs

Autres conseils : Le lait entier et écrémé est autorisé. Néanmoins, il existe des personnes présentant des intolérances à cet aliment. Les aliments sucrés ne sont pas interdits dans la limite où il n’existe pas de ballonnements intestinaux qui quelquefois viennent se surajouter à cette affection. Les légumes doivent être tendres, sans fils et plutôt en purée ou à l'étuvée. Il est conseillé de consommer des légumes riches en potassium étant donné l'hypokaliémie possible (baisse du taux de potassium dans le sang) dans cette affection. Dans ce cas, on peut conseiller également la consommation de céleri, de fenouil, d'avocat et de carotte. Il est nécessaire de consommer les fruits bien mûrs, notamment l'abricot, l’orange et la banane qui sont riches en potassium. Le pain doit être le consommé grillé ou rassis

[modifier] Diagnostic différentiel

Le diagnostic de la RCH peut être difficile à faire car la maladie peut avoir, à tort, été étiquetée comme un trouble fonctionnel digestif, intestinal (TFD, TFI ou colopathie fonctionnelle).

On peut facilement la confondre avec la maladie de Crohn (pouvant toucher tout le tube digestif), car la RCH est aussi une MICI (maladie inflammatoire chronique intestinale).

Le diagnostic peut ne pas être porté avec certitude entre ces deux entités lors des premières poussées, on parle alors de colite indéterminée. Dans la plupart des cas, l'évolution de la pathologie et de ses signes cliniques permet, après plusieurs mois ou années, de finir par déterminer avec précision la maladie concernée et donc d'adapter au mieux la stratégie thérapeutique. Il arrive cependant que la colite reste indéterminée, le débat actuel étant de savoir si ce n'est pas une troisième entité des MICI !

Certaines colites infectieuses peuvent aussi présenter un tableau trompeur.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Références