Côlon irritable

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Côlon irritable
CIM-10 : K58

En médecine, le côlon irritable (appelé également troubles fonctionnels intestinaux) est un groupe d'états du côlon et, dans certains cas, de l'intestin grêle. C'est une affection extrêmement fréquente.

Sommaire

[modifier] Diagnostic

Des critères diagnostiques ont été développés (appelés ROME III)[1] : douleurs abdominales récidivantes au moins trois jours par mois pendant au moins les trois derniers mois, ces douleurs étant soulagées par la défécation et s'accompagnant d'une modification du rythme des selles et de leur consistance.

De nombreux autres symptômes peuvent accompagner les signes digestifs[2] : maux de tête, fatigue, irritabilité, symptômes urinaires ou règles difficiles, dépression...

L'examen clinique est sensiblement normal mais se doit de rechercher une cause autre aux douleurs décrites.

[modifier] Mécanisme

Les causes précises restent inconnues même si le stress, en particulier dans l'enfance, pourrait jouer un rôle[3].

[modifier] Épidémiologie

Cette maladie concerne près de 10 % de la population mondiale[4], le plus souvent des femmes entre 20 et 40 ans (deux fois plus atteintes que les hommes[5]), se répartissant de manière à peu près égales entre les formes à constipation prédominante et celle à diarrhée prédominante (le passage entre ces formes est fréquent).

Les symptômes peuvent apparaître dès l'enfance.

Dans 10% des cas, le syndrome apparaît à la suite d'une gastro-entérite[6].

Elle a un coût économique important[7], de par les multiples consultations nécessaires, et parfois, de par les erreurs de diagnostic conduisant à un traitement inapproprié.

[modifier] Traitement

Il n'existe aucun traitement curatif, mais la prise de probiotiques peut prévenir les éventuelles crises[réf. nécessaire].

La relation médecin-malade reste un élément important du soin et la seule consultation peut avoir une réelle efficacité[8].

Une approche, s'inspirant d'un volet de la médecine chinoise, consiste à pratiquer des exercices internes pour évacuer les ballonnements, les flatulences, le stress et l'anxiété. Le patient pour qui cela convient peut ainsi devenir autonome et améliorer sa qualité de vie sans médicament ou intervention thérapeutique onéreuse.[9]. D'autres types de psychothérapies comportementales peuvent améliorer les symptômes[10].

Sur le plan pharmacologique, le médecin pourra prescrire des antiacides, des prokinétiques, des antispasmodiques, des inhibiteurs de pompes à proton, un antidiarrhéique ou un médicament contre la constipation, ou un antidépresseur à faible dose selon les symptômes les plus incommodants.

Le Tegasorod a prouvé une efficacité modérée en cas de constipation mais son utilisation a été restreinte du fait de l'augmentation d'accidents cardiaques[11].

Dans les formes diarrhéiques, l'Alosetron, un inhibiteur des récepteurs 5-hydroxytryptamine3, semble avoir une certaine efficacité[12]


[modifier] Pour les formes de colite simple

En premier lieu, il s'agit de rétablir les fonctions digestives ; certains extraits de son (enveloppe du grain de blé) ont depuis longtemps prouvé une certaine efficacité, pour partie liée à son contenu en fibres. Il peut cependant exister une exacerbation des douleurs au début du traitement.

Sa composition en enzymes, vitamines et autres constituants en font un bon complément lorsque l'alimentation est peu équilibrée. Le produit amorce une prédigestion, ce qui le rend très utile dans tous les syndromes d'insuffisance digestive et les colites. Cet extrait de son de blé micronisé est vendu en pharmacie et magasin diététique sous forme de sachets de poudre.

[modifier] Pronostic

La gêne est souvent prolongée, pouvant atteindre plusieurs années, dépassant 7 ans dans plus de la moitié des cas[13]. Il n' y a pas, en règle, d'évolution vers d'autres maladies. Une résolution spontanée des symptômes est toutefois assez fréquente avec le temps[14].

[modifier] Note et références

  1. Longstreth GF, Thompson WG, CheyWD et Als. Functional bowel disorders, Gastroenterology, 2006;130:1480–1491
  2. Whitehead WE, Palsson O, Jones KR, Systematic review of the comorbidity of irritable bowel syndrome with other disorders: what are the causes and implications?, Gastroenterology, 2002;122:1140–1156
  3. Autotraitement du mal de ventre ou Trucs pour ne plus se tordre de douleur, Larry Tremblay, éditeur, Québec, 2007, pp 13-18. http://www.makisoft.net/autotraitement aussi Devroede, Ghislain, Ce que les maux de ventre disent du passé, Payot, Paris, février 2003, 311 p.
  4. Drossman DA, Camilleri M, Mayer EA, Whitehead WE, AGA technical review on irritable bowel syndrome, Gastroenterology, 2002;123:2108-2131
  5. Whitehead WE, Palsson O, Jones KR, Systemic review of the comorbidity of irritable bowel syndrome with other disorders: what are the causes and implications?, Gastroenterology, 2002;122:1140-1156
  6. Spiller R, Campbell E, Post-infectious irritable bowel syndrome, Curr Opin Gastroenterol, 2006;22:13-17
  7. Leong SA, Barghout V, Birnbaum HG et als. The economic consequences of irritable bowel syndrome: a US employer perspective, Arch Intern Med, 2003;163:929–935
  8. Ilnyckyj A, Graff LA, Blanchard JF, Bernstein CN, Therapeutic value of a gastroenterology consultation in irritable bowel syndrome, Aliment Pharmacol Ther, 2003;17:871-880
  9. Tremblay, Larry, Autotraitement du mal de ventre ou Soulager les troubles digestifs fonctionnels et les symptômes associés : diarrhée, constipation, migraine, insomnie, anxiété, etc., Larry Tremblay, éditeur, Québec, 2007, 188 p. http://www.makisoft.net/autotraitement ; Chang, Stephen T. Le livre des exercices internes, SIP, Stuyvesant Publishing Co. 1984, 183 p.
  10. Lackner JM, Mesmer C, Morley S, Dowzer C, Hamilton S, Psychological treatments for irritable bowel syndrome: a systematic review and meta-analysis, J Consult Clin Psychol, 2004;72:1100-1113
  11. FDA permits restricted use of Zelnorm for qualifying patients, News release of the Food and Drug Administration, Rockville, 27 juillet 2007
  12. Bradesi S, Tillisch K, Mayer E, Emerging drugs for irritable bowel syndrome, Expert Opin Emerg Drugs, 2006;11:293-313
  13. Agreus L, Svardsudd K, Talley NJ et Als. Natural history of gastroesophageal reflux disease and functional abdominal disorders: a population-based study, Am J Gastroenterol, 2001;96:2905–2914
  14. Halder SL, Locke GR III, Schleck CD, Zinsmeister AR, Melton LJ III, Talley NJ, Natural history of functional gastrointestinal disorders: a 12-year longitudinal population-based study, Gastroenterology, 2007;133:799-807
  • Pour une description clinique des critères de Rome III en français et autres ressources voir le site de l'Association des maladies gastro-intestinales fonctionnelles, seul organisme francophone de patients souffrant de troubles digestifs fonctionnels (TDF) http://www.amgif.qc.ca
  • (en) Summers RW, Elliott DE, Qadir K, Urban JF Jr, Thompson R, Weinstock JV. Trichuris suis seems to be safe and possibly effective in the treatment of inflammatory bowel disease. Am J Gastroenterol 2003;98:2034-41. PMID 14499784.
  • Ordre professionnel des diététistes du Québec, Manuel de nutrition clinique, Régime restreint en fibres et en résidus, chap. 16.6, p. 1-3, 2e édition, Montréal, 1991.
  • Ordre professionnel des diététistes du Québec, Manuel de nutrition clinique, Maladies inflammatoires de l'intestin, chap. 5.7, p. 1-5, 2e édition, Montréal, 1991.

[modifier] Liens externes