Musique égyptienne

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Sommaire

La musique égyptienne a toujours été une partie inportante de la culture égyptienne. Les premiers instruments de musique remontent à la période prédynastique, mais les preuves sont plus solidement attestées durant l'Ancien Empire lorsque des harpes, flûtes et clarinettes ont été jouées. Instruments à percussion, lyres et luths ont été ajoutés à des groupes musicaux au Moyen Empire. Les cymbales accompagnent souvent les chants et la danse.


[modifier] Renouveau de la musique égyptienne

Au début du XIXe siècle, la musique a connu en Égypte, une sorte de renaissance et gagné en reconnaissance grâce au talent de deux grands maîtres, Chehab Eddine et El Masloub. Le premier a rassemblé, dans un ouvrage, une centaine de muwashshah, d’essence andalouse, et le second, qui a vécu plus de 120 ans, a introduit l’art du dawr comme manière de chanter.

Cependant, la semence des deux cheikhs ne donnera véritablement ses fruits qu’au début du XXe siècle, en un temps où tout savant ou artiste devait obligatoirement effectuer ses études à l’Université al-Azhar (université islamique fondée au Caire au Xe siècle par les Fatimides) pour en sortir avec le titre de cheikh. Parmi les nombreux étudiants, d’aucuns avaient des prédispositions artistiques et littéraires particulières, que ce soit dans le domaine de la poésie et de la composition ou dans celui du chant. C’est à eux que l’on doit d’avoir élevé la musique arabe à un niveau honorable et même d’avoir ouvert le chemin pour les artistes qui leur ont succédé, comme Mohamed Abdel Wahab et bien d’autres.

L’un des plus grands fut Zakaryah Ahmad (1896 - 1961) qui, après avoir versé dans le chant sacré, s’est orienté, à partir de 1922, vers la composition. Ses plus belles chansons, telles Ahl El Hawa (Les gens de l’amour, 1944), El Amal (L’espoir) et Ya salat el-zein (La prière de la beauté), ont été interprétées par Oum Kalsoum.

L’autre immense précurseur se nommait Cheikh Sayyid Darwîsh (1892 - 1923) et il avait bouleversé l’échiquier musical égyptien en octroyant une dimension plus expressive à la forme musicale nommée dawr. Disparu trop jeune, il a chanté et composé 39 muwashshah, 12 dawr, 132 taqtûqa, 22 chants nationaux, 24 monologues et 17 dialogues. Il a également composé la musique et la chanson de 31 pièces de théâtre musical et une de ses œuvres majeures, Bilady (Mon pays), est devenu l’hymne national égyptien.

Toutefois, on ne peut évoquer le chant classique égyptien sans citer la figure emblématique que fut Sâlih Abd El Hayy (1896 - 1962). Il a appris le chant aux côtés de Mohamed Omar, un fabuleux joueur de qânûn (cithare), et, lors de sa première apparition sur scène, sur le registre mawwal, sa belle et forte voix a attiré l’attention du public et celle des grands noms de l’époque comme Zaky Mourad, Sayed El Safaty et Abdellatif Al Bannâ. Sâlih reste dans l’histoire comme la première voix entendue à la radio. Ce fut en 1934 et son plus beau succès populaire demeure Leyh ya banafseg (Pourquoi ô violette ?).

[modifier] Musiciens de la fin du XXe siècle

Depuis quelques années, une nouvelle génération s’active à réanimer le cercle des poètes disparus, à commencer par Cheikh Mohamed Seyam, né en 1960. Après avoir suivi des études religieuses dans l’école islamique de Qaliyubiyah (Delta, nord de l’Egypte), il débute comme récitant du Coran tout en assurant la fonction de muezzin dans la mosquée de son village natal. Son amour pour le chant le pousse vers les moulid (cérémonies religieuses) comme munshid (hymnode) et conteur des miracles du prophète. Plus tard, il se tourne vers le chant arabe classique, avec une préférence pour le répertoire de son idole cheikh Zakaryah Ahmad.

Autre excellente relève, Gamal Darwich, né en 1960, et dont le talent s’est révélé dès l’enfance, à l’école primaire où, à l’occasion des fêtes, il imitait déjà Sayyid Darwîsh, d’où son nom d’artiste à la mémoire du grand maître du dawr. Après des études de musique classique, il s’initie au luth et au violon. Depuis 1980, Gamal Darwich tourne dans toute l’Égypte, en alternant chant classique sur les scènes et chansons populaires quand il anime les fêtes de mariage. Il n’en demeure pas moins fidèle au style des années 1920 incarné par son père spirituel.

Ce n’est pas évident de chanter Sâlih Abd El Hayy mais Gaber Abd El Maksoud, né en 1958, a su parfaitement se rapprocher de son modèle quand, un soir, âgé alors de 15 ans, il a interprété Leyh ya banafseg sur la scène de son école. Il a connu rapidement un grand succès et dès lors, a été invité à animer plusieurs mariages célébrés dans sa ville natale, Beniswif, en Haute-Égypte. On l’a vu ensuite régulièrement à la télévision mais, depuis 1995, il s’est réfugié dans les saisons de mariages tout en donnant quelques concerts privés pour ses amis et ses admirateurs.

Enfin, dans la catégorie éclectique, Cheikh Ahmed El Sayed, né en 1956, se distingue largement. Adepte du chant religieux mais aussi du classique, il est également un brillant compositeur et un magnifique interprète de muwashshah datant de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

Pour accompagner cette jeune garde dans ses vibrants hommages, l’ensemble Chouyoukh El Tarab, qui s’est formé par amour pour la musique et les vieilles chansons égyptiennes, déploie toute sa virtuosité et son penchant pour une époque chargée d’émotion, de poésie et d’extase, loin, très loin du star-system actuel égyptien.

[modifier] Modernisation de la musique égyptienne

Dans le monde arabo-musulman, l'Égypte (avec Le Caire, le Hollywood du monde arabo-musulman) a longtemps été et reste encore pour les artistes arabophones du monde arabo-musulman un pays incontournable sur les plans musicaux et cinématographiques . Ceci est lié à l'héritage anglophone de l'Égypte qui, tout naturellement, a poussé ses studios et ses artistes à voir ce qui se faisait aux États-Unis. Les studios d'enregistrement égyptiens, à la pointe des nouvelles technologies, sons et tendances..., a servi d'exemples et de référence à leurs homologues des autres pays arabo-musulmans.

En Égypte, le shâabi est une chanson des rues du Caire, née au début des années 1970, d’une volonté de moderniser la tradition et de prendre certaines libertés avec le langage des grands chanteurs arabes. Cette musique n’hésite pas à mêler instruments traditionnels avec accordéon, batterie, synthétiseur, saxophones... On parle parfois de nubi-shâabi, chanson moderne de Nubie, une musique souvent étonnante dans son excellente synthèse entre les éléments venant de la tradition et les apports instrumentaux venus d’Occident. Cette nouvelle musique nubienne est une des branches de la musique jeel.

Nouvelle musique égyptienne, le jeel (littéralement «génération») est une sorte de techno-pop arabe née dans la seconde moitié des années 1980 au Caire. Comme le shaabi, le jeel est une réaction à la chanson arabe classique, mélodramatique et théâtralisée, des grands chanteurs égyptiens adulés par le peuple arabe dans son entièreté. Les jeunes des populations urbaines voulurent créer leur musique à l’image de l’Occident, une musique rapide et dansante. Cette musique nouvelle porte en fait le nom de aghâni shabâbiyya (en français chants ou chansons de la jeunesse) ou plus simplement shabâbiyya, soit musique pour les jeunes (cheb au singulier , chabèbe au pluriel ). L’appellation jeel ou al-jeel est la dénomination européenne.

Le jeel est une sorte de fusion entre musiques nubiennes, rythmes égyptiens et bédouins, mélodies et thèmes des musiques populaires, voix arabes utilisant le vibrato et des instruments occidentaux tels que guitare basse et synthétiseur. Les chansons parlent d’amour et du pays et c’est le mouvement lui-même qui apparaît comme une réaction à la tradition plutôt que ce que véhiculent ses chansons. La musique jeel a fortement été bannie par les médias qui la considèrent comme une forme de commerce et non une expression artistique. Un mouvement important est né du flot de musiciens nubiens contraints de venir grossir la population du Caire après la construction du barrage d’Assouan et l’inondation de leurs terres. Ils ont emmené avec eux la tradition nubienne qu’ils ont adroitement modernisée pour un nouveau style urbain. Les musiciens nubiens sont de loin les plus intéressants de cette nouvelle scène, évoluant entre shaabi et jeel avec un fort relent de traditions nubiennes.

Ces musiques sont considérées comme les précurseurs du raï du fait de leur antériorité sur les nombreux points suivants dont se réclamera aussi le raï par la suite : la volonté de rompre avec la musique conventionnelle, les instruments occidentaux choisis (batterie, synthétiseurs, guitares électriques...), la technique et le langage (dialecte populaire) utilisés, les sons obtenus et enfin sa référence à la jeunesse (Cheb).

En France, à la fin des années 1970, ces musiques avant-gardistes issues des studios égyptiens feront l'objet d'un petit reportage télévisuel. Mais ce début d'intérêt médiatique occidental ne permettra pas à ces musiques égyptiennes avant-gardistes (boudées par les médias officiels à ses débuts comme le raï) appréciées par la jeunesse égyptienne citadine, d'atteindre la diaspora arabophile occidentale principalement maghrébine et francophone (contrairement au raï plusieurs décennies plus tard). À défaut d'un public, ces musiques n'attiseront pas la curiosité des artistes occidentaux et ne s'internationaliseront pas dans l'immédiat.

Toutefois, en Occident, plusieurs années plus tard, ces musiques donneront naissance à la chanteuse Égypto-belge Natacha Atlas, classée par certains médias en Occident dans la catégorie raï (en dépit des sons à forte consonance égyptienne de certains de ses titres).

[modifier] Chanteurs et chanteuses

[modifier] Compositeurs et compositrices

[modifier] Liens externes

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