Raï

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Raï
Origines stylistiques Musique algérienne.
Origines culturelles Début du XXe siècle en Algérie
Instrument(s) typique(s) Bendir, Derbouka, Nay, Accordéon, Synthétiseur, Violon
Popularité Musique traditionnelle populaire dans l'Algérie et dans L'est du Maroc.

Sous-genre(s) {{{sous_genres}}}
Genre(s) dérivé(s) Raï'nb.
Genre(s) associés(s) aucun.
Scènes régionales Oran, Sidi-Bel-Abbès, Alger, Sétif, et un peu partout en Algérie,Oujda(Maroc)

Voir aussi Musique arabo-andalouse

Le Raï est un genre musical Algérien apparu au début du XXe siècle autour d’Oran.

L’origine du mot raï, qui signifie « opinion », « avis » ou « point de vue », viendrait de l’époque où le cheikh (maître), poète de la tradition melhoun, prodiguait sagesse et conseils sous forme de poésies chantées en dialecte local. Cependant, dans le contexte de la complainte populaire, le chanteur qui se plaint de ses propres malheurs sans vouloir accuser personne s'accuse lui même. Et plus exactement, il s'adresse à sa propre faculté de discernement, à son raï qui, cédant aux sentiments, l'a conduit à prendre les mauvaises décisions. Le chant commence ainsi : Ya Raï (ô mon discernement).

A comparer avec d'autres registres tel que le Mawal où le chanteur s'adresse à son maître et seigneur; ou encore les Layali où il s'adresse à la nuit, et Ya 'Ayn, ... le plus cher de ses organes.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Débuts

Depuis les années 1920, les maîtres et maîtresses du raï traditionnel oranais tels Cheikh Khaldi, Cheikh zebi, Cheikh Hamada ou Cheikha Remitti, représentent la culture bédouine traditionnelle. Leur répertoire est double. Le registre officiel célèbre la religion, l'amour et les valeurs morales lors des fêtes des saints des tribus, les mariages ou les circoncisions. Le registre irrévérencieux (une échappatoire aux rigueurs de la morale islamique) est interdit et chanté essentiellement dans les souks et les tavernes. Danseuses et musiciens ambulants y parlent de l'alcool et des plaisirs de la chair. Ces deux formes sont à l’origine du raï moderne.

Dans les années 1930, on chante le wahrani, adaptation du melhoun accompagnée à l’oud, à l’accordéon, au banjo ou au piano. Cette musique se mélange aux autres influences musicales arabes, mais aussi espagnoles, françaises et latino-américaines. C’est ainsi que, vers les années 1950, avec Cheikha Remitti (Charak gataâ), cette musique qui, à l’origine, ne rassemble que quelques chanteurs, finit par s’étendre, après l’indépendance, à l’ensemble de l’Algérie. Les instruments traditionnels du raï (nay, derbouka et bendir) s’accommodent de la guitare électrique et sa pédale wah wah comme chez Mohammed Zargui ou de la trompette et du saxophone comme chez Bellemou Messaoud.

Dans les années 1960 apparaissent deux orchestres qui font bouger la ville d'Oran: l'orchestre « Les Adam's » , et l'orchestre « Les Student's ».

Néanmoins, cet historique ne correspond qu'à une partie du raï " traditionnel "  ; A cela il faut ajouter, les influences des populations judéo-algériennes et d'européens d'Algérie(principalement français) puis d'artistes berbères sur cette musique qui incorporera aussi du châabi ; Entre les années 60 et la fin des années 80, ce raï traditionnel subira encore de nombreuses transformations avant d'arriver à sa première forme connue en France, forme qui permettra le début de son internationalisation.

[modifier] Modernisation et Popularisation

À la fin des années 1970, les synthétiseurs et les boîtes à rythmes font leur apparition, le raï s’imprègne des styles rock, pop, funk, reggae et disco avec notamment Mohammed Maghni, mais aussi Rachid Baba Ahmed et Fethi Baba Ahmed qui développent la production raï.

Il faut rappeler que les premières tentatives de modernisation de la musique dans le "monde arabe" étaient en Algérie par des artistes kabyles comme le groupe Les Abranis(1967), Djamel Allam, Meksa ou idir qui, en 1976, a interprété la chanson célébre A Vava Inouva qui a fait le tour du monde.

Il faut rappeler qu'au début des années 70, des tentatives de modernisation ou d'occidentalisation de la musique arabo-musulmane ont commencé dans des studios de musique égyptiens ( l'Egypte ,avec le Caire La Hollywood du monde arabe, a longtemps été le pays le plus en pointe du monde arabo-musulman dans les domaines musicaux et cinématographiques).Elles donneront le Nubi-shâabi et le Jeel , considérées pour de nombreuses raisons comme les précurseurs du RAÏ ( voir Musique égyptienne). Ces musiques égyptiennes avant-gardistes ( boudées par les médias à ses débuts comme le RAÏ), ne trouveront d'echos favorables qu' auprès de la jeunesse égyptienne citadine et, faute d'atteindre la diaspora arabophile occidentale, contrairement au RAÏ, cette musique n'attisera pas la curiosité des artistes occidentaux et ne s'internationalisera pas dans l'immédiat. Toutefois, quelques années plus tard, elles donneront naissance en Occident à la chanteuse Egypto-belge Natacha Atlas (que certains médias classent en Occident dans la catégorie RAÏ ) soutenue par la diaspora maghrébine francophone et arabophile ; Elle recevra en France une victoire de la musique et une reconnaissance qui dépassera les frontières de la communauté arabo-musulmane d'Europe.

Rappelons que, dans les débuts des années 60, la chanteuse algérienne kabyle Nouara, appuyée par le maitre Chérif Kheddam, a été l'une des premières à introduire de la musique occidentale dans sa musique.

Rappelons que, dans les années 60, la chanteuse libanaise FAÏROUZ a été une des pionnières dans l'introduction de musique occidentale dans certaines de ses chansons qui resteront dans le style savant ou classique (de sensibilité arabo-ottomane).D'autres artistes arabes classiques des années 70 incorporeront des instruments occidentaux dans leur musique ( accordéons, synthétiseurs) mais resteront dans le registre de la musique arabe savante.

C'est seulement à partir du milieu des années 1980 que le raï va véritablement être catapulté au rang de musique nationale avec l'arrivée de nouveaux chanteurs, les Chebs (« jeune », féminin cheba) : Cheb Hasni, Cheba Fadila (You Are Mine, 1988), Cheb Khaled (Kutche, 1989), Cheb Mami (Let Me Rai, 1990), Cheb Sahraoui, Chaba Zahouania, Cheb Kader (From Oran to Paris), Abdel Ali Slimani, Ahmed Saber, Bouchnak Brothers, etc. Il existe également des groupes comme Raïna Raï (Hagda, Zina), très populaire en Algérie, qui colore ses morceaux avec d'autres genres musicaux. Il existe également plusieurs artistes féminines de raï (qui viennent souvent de Meddahates) telles que Chaba Zahouania ou Fadela.

Cette nouvelle musique mélange instruments traditionnels, synthétiseurs, batterie électronique et basse, remettant au goût du jour de vieilles mélodies. Le premier Festival Raï a lieu à Oran en 1985. Face à l’engouement des jeunes Algériens, le gouvernement reconnaît officiellement le raï comme forme musicale nationale, une reconnaissance jugée intolérable par certains groupes islamistes qui vont jusqu’à assassiner certains artistes de raï dont Cheb Hasni.

[modifier] Internationalisation et Naissance d'autres variantes

Arrivé en France à la fin des années 1980, le raï y atteint une forte popularité dans les années 1990 grâce d'une part à son enrichissement et son perfectionnment au contact des artistes et studios d'enregistrement français et d'autre part au soutien des jeunes issus de l'immigration mahgébine à la recherche d'une musique leur ressemblant. Les artistes les plus connus en France sont Cheb Khaled (Didi un tube qui fit le tour du monde), Rachid Taha (reprise de Ya Rayah, musique Chaâbi de Dahmane El Harrachi) et Faudel (Tellement n'brick). Cheb Mami est célèbre à l'échelle internationale avec une chanson en duo avec Sting.

Son succès s'étendra et se renforcera lorsque des compositeurs de styles différents se joignent au mouvement (Jean-Jacques Goldman compose Aïcha pour Khaled) et beaucoup de chansons sont interprétées en français. Le raï en profite pour se mélanger à d’autres formes de musique comme le rap, le reggae, le rock, ou la musique techno. Et plus récemment (été 2004) l'émergence d'une nouvelle vague musicale qui conjugue raï et rhythm and blues, grâce à la compilation Raï'n'B Fever qui a réunit des grands noms des deux genres musicaux.

C'est donc au contact de l'Occident (en France principalement) que le RAÏ, né dans sa forme première à Oran, gagnera ses lettres de noblesse et d'où naitront de nouvelles variantes. Citons par exemple la RAÏ-RnB du chanteur Franco-marocain Amine ou la combinaison RAÏ-Musique indienne de la chanteuse Française Leslie. Le rôle prépondérant de la France principalement( collaborations et influences d'artistes, studios d'orchestration , public ...) explique pourquoi les chanteurs de RAÏ les plus connus à travers le monde ont fait leur révolution ou leur début en France. Le soutien des jeunes de la diaspora maghrébine francophone pour cette musique a été fondamental dans l'expansion de cette musique.

Depuis 2001, en France, le CSA a reconnu le raï comme un genre musical à part entière en lui attribuant deux fréquences en région parisienne pour la radio FM Only raï fondée et lancée par Ahmed Ben Abla. Elle est joignable sur les fréquences 94.6 MHz et 91.5 MHz et diffuse ses programmes 24h/24.

Le RAÏ a participé au succès en Occident du métissage musical Orient-Occident ; citons pour exemple d'orientalisation de musique occidentale : l'album "Arabesque" de la chanteuse Franco-britannique Jane Birkin (en association avec des artistes maghrébins d'Europe contemporains modernistes)qui reçut un excellent écho dans le monde entier.

Toutefois, le terme RAÏ est parfois généralisé à des musiques arabo-musulmanes ou orientales occidentalisées et modernisées d'origine non algérienne : citons le cas de la chanteuse Egypto-Belge Natacha Atlas, Le groupe Hispano-Marocain ALABINA, la Chanson "Salama ya Salama" de la chanteuse Italo-égyptienne Dalida ou encore les tubes de Chanteurs Turco-allemands.

Juillet 2007 c'est la naissance de "Wah'Raï" la premiere radio officielle du Raï en direct d'Oran sur le web "Wah'Raï" ou l'on retrouve les plus grands artistes de Raï comme Cheb Hasni ou l'artiste en vogue actuellement en Algerie : Cheb Abbes

En 2008, Aminoss, célèbre compositeur et arrangeur algérien de jazz et de musique contemporaine reprend avec brio deux chansons incontournables du Raï, en l'occurrence Mazal Galbi Melkiya Ma Bra du regretté Cheb Hasni ainsi que Ma Tejebdoulish composée par Toufik Boumalah et chantée par Chebba Djenet dans sa version originale.

[modifier] Interprètes de raï

[modifier] Liens internes

cheb zinou

[modifier] Liens externes