Fatimides

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Mosquée de al-Hâkim au Caire Commencée sous le règne d'al-Azîz Billâh, elle fut terminée en 1013, sous celui de son fils al-Hâkim, dont elle porte le nom
Mosquée de al-Hâkim au Caire
Commencée sous le règne d'al-Azîz Billâh, elle fut terminée en 1013, sous celui de son fils al-Hâkim, dont elle porte le nom

Les Fâtimides (arabe : al-fātimiyyūn الفاطميون) sont une dynastie d'arabes chiites qui établirent leur autorité en Afrique du Nord à Ikdjane, petite Kabylie, wilaya de Sétif dans l'Est Algérien entre 909 et 1171 et fondèrent un califat dissident des Abbassides de Bagdad.

Sommaire

[modifier] Histoire de la dynastie fâtimide

Le fondateur ‘Ubayd Allâh al-Mahdî était un imam chiite des Ismaéliens venu de Syrie qui se prétendait descendant du prophète Mahomet par sa fille Fâtima az-Zahrâ’, et son gendre `Alî ibn Abî Tâlib, le quatrième calife renversé par les Omeyyades. Son surnom signifie « celui qui est guidé par Dieu ». Les sunnites réfutent le fait que cette dynastie descende de Muhammad. Ainsi, les historiens sunnites ne les appelaient pas Fâtimides mais « ‘Ubaydiyya ».

‘Ubayd Allâh al-Mahdî qui s'était installé au début à Kairouan, parvint à se rallier de nombreux partisans chez les Berbères et à étendre son autorité sur une grande partie du Maghreb, du Maroc à la Libye. Suffisamment puissant pour contester l'autorité du calife de Bagdad, il choisit une autre capitale en fondant la ville de Mahdiyya sur une presqu’île du Sahel tunisien il se proclama lui-même calife en 909. Ceci devait d'ailleurs encourager l'émir de Cordoue à faire de même en 929, établissant un califat omeyyade en Espagne.

Marché aux aulx près de al-Bab Al-Futuh, sur le côté ouest de la Mosquée de al-Hâkim (Le Caire)
Marché aux aulx près de al-Bab Al-Futuh, sur le côté ouest de la Mosquée de al-Hâkim
(Le Caire)

Les Fâtimides conquirent l'Égypte en 969, grâce au général Jawhar al-Siqillî, sur ordre du calife al-Mu‘izz. Le général entra à Al-Fustât le 7 juillet 969, dans un pays désorganisé et en proie à la famine. Ils fonderont, près de cette ville une nouvelle capitale qu'il nommèrent al-Qâhira (Le Caire), ce qui signifie « la Victorieuse ». Ils continuèrent à étendre leurs conquêtes jusqu'à la Syrie et parvinrent à s'établir à Malte et en Sicile, et à mettre temporairement un pied en Italie méridionale. Devenu cité impériale, avec les Deux-Palais et la mosquée al-Azhar. Le Caire est entouré d'un rempart de calcaire, à la fin du XIe siècle, par les architectes byzantins. Un siècle après, miné par la peste et l'inflation, l'empire fâtimide s'effondre sous les coups du royaume franc de Jérusalem.

A la différence des autres autorités musulmanes, les Fâtimides acceptèrent dans leur administration, non sur des critères d'appartenance tribale, ethnique ou même religieuse, mais principalement sur le mérite et la compétence. Les membres des autres obédiences de l'Islam étaient admis aux plus hautes fonctions, et cette tolérance était même étendue aux Juifs et aux Chrétiens qui en étaient capables. Il subsista en Égypte, de ce fait, une importante minorité copte, de religion chrétienne qui a pu s’épanouir.

L'empire continua à prospérer jusqu'au calife al-Hâkim dont le règne commença par l'achèvement au Caire de la grande mosquée entre al-Bâb al-Futuh et al-Bâb an-Nasr (la mosquée d'al-Hâkim), commencée sous le règne de son prédécesseur, al-Azîz Billâh. Contrairement à la tradition, il se mêlait au peuple pour mieux en apprécier les sentiments. On lui doit la fondation de la Maison de la Sagesse, Dâr al-Hikma, ou Dâr al-‘ilm, dans laquelle sera favorisée l'étude des sciences hellénistiques. Juristes, médecins, astronomes, mathématiciens fréquentent son importante bibliothèque.

La seule exception à la politique de tolérance religieuse des Fâtimides était sous le règne d'al-Hâkim. Ce dernier est très mal dépeint dans les sources sunnites (Ibn al-Athîr, Ibn Khallikân, Ibn al-Sayrafî...) souvent comme un dictateur et un tyran ce qui rend l'étude de son règne très difficile. P.K. Hitti dans The Origins of Druze People and Religions, prend une attitude critique vis-à-vis de ces sources qu'il trouve trop négatives pour être entièrement vraies.

Selon l’historien al-Maqrîzî (m. 1442), la vie économique et sociale s’était détériorée à cette époque. Le dâ‘î ismaélien Hamîd al-dîn Kirmânî (m. 1021), dans son traité Al-risâlat al-wâ‘iza, a décrit cette période critique où une grande famine sévissait de 999 à 1005. D'après P.J. Vatikiotis, plusieurs des mesures hostiles prises temporairement par al-Hâkim pouvaient être expliquées par le contexte historique, dans lequel plusieurs membres de la population étaient extrêmement perturbées par la prospérité croissante des Ahl al-Kitâb (Juifs et Chrétiens) et leur puissance démesurée dans l'État. Al-Hâkim voulait probablement contrecarrer l'Empire byzantin, qui menaçait la Syrie nordique. En 1009 (Hégire 400), al-Hâkim ordonnera la destruction de l'Église du Saint-Sépulcre à Jérusalem.

L'attitude rigide d'al-Hâkim prise temporairement vis-à-vis des femmes faisait suite à une intrigue de palais montée principalement par sa sœur Sitt al-Mulk. Selon al-Maqrîzî, en confisquant la propriété des femmes, al-Hâkim désirait restreindre sa mère et sa sœur qui, dépourvues d'argent, ne pourraient fomenter de nouvelles intrigues. Si l’on considère toute la période fâtimide dans son ensemble, on doit souligner que les musulmans, les Juifs, et les Chrétiens ont vécu paisiblement et ont travaillé ensemble pour le bien-être de l'Empire dans tout l'Ifrîqiyyâ.

Al-Hâkim disparaîtra le 13 février 1021, lors d'une promenade nocturne sur le mont Mukattan, après s'être éloigné de deux écuyers auxquels il avait donné l'ordre de l'attendre. Cinq jours après on retrouva ses vêtements lacérés de coups de poignards. Il aurait été assassiné à l'instigation de sa sœur Sittt al-Muk ou assassiné par un inconnu.

Les Druzes, qui de nos jours subsistent au Liban, en Syrie, en Jordanie et en Palestine, croient à une occultation (ghayba) d’al-Hâkim qui est resté célèbre pour le caractère divin que certains de ses partisans lui attribuèrent et qui devint le centre de la foi druze.

Deux persans avaient déjà en 1017 affirmé qu'al-Hâkim était la manifestation de l'intellect divin. Sa disparition renfonça la croyance et c'est ainsi qu'est née la religion des Druzes. Pour eux, al-Hâkim est le Messie (Mahdî) dont on attend le retour.

À partir de 1060, le territoire des Fâtimides se réduisit jusqu'à ne plus comprendre que l'Égypte. En 1098 les Fatimides ont vaincu les Turcs et se sont emparés de Jérusalem. En 1099, les premiers Croisés chassaient les Fatimides de Jérusalem. À la mort du dernier calife fâtimide al-Adîd, le 13 septembre 1171, Saladin annexera le califat à celui de Bagdad, le rendant ainsi au sunnisme.

Icône de détail Article détaillé : Période fatimide de l'Égypte.

[modifier] La culture sous la dynastie fâtimide

L'arrivée de la dynastie fâtimide, est marqué par un renouveau culturel important. Les Fâtimides portaient un grand intérêt aux livres, aux bibliothèques et à la littérature. Ils avaient installé une grande bibliothèque à l'intérieur même de leur palais, où ils accueillaient de nombreux écrivains, historiens, juristes, savants et poètes, qui venaient se documenter pour écrire des ouvrages de littérature, d'histoire, de sciences ou des recueils juridiques. Véritables mécènes, ils entretenaient ainsi un grand nombre d'intellectuels, écrivains ou poètes, à qui ils attribuaient d'importantes sommes d'argent et faisaient de nombreux cadeaux.

L'un des poètes les plus connus de cette époque s'appelait Ibn Hâni’ al-Andalusî (m.973), qui vécut sous le règne du calife al-Mu‘izz. Il était réputé pour faire des descriptions très imagées, ainsi que pour son art des louanges, qu'il exprimait dans des hagiographies, pas très fidèles à la réalité. Un autre poète dont l'histoire a retenu le nom, Emara al-Yamane, vécut à l'époque du calife Al-Fâ’iz, qui régna de 1154 à 1160. Il fit l'éloge du calife, ainsi que celui de son ministre Al-Sâlih Talâ'i‘ Ibn Ruzzîk. Le grammairien ‘Uthmân Ibn al-Wazzin (m. 957), ‘Alî Ibn Muhammad al-Ayadi (m.976), ou encore Muhammad Ibn Ja‘far Al-Kazzaz Tamîmî (m. 956), sont quelques-unes des figures marquantes de cette littérature fâtimide.

[modifier] L'art fâtimide

Icône de détail Article détaillé : Art fatimide.

[modifier] Liste des califes fâtimides

[modifier] Dynastie


[modifier] Bibliographie

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  • 1923 D. L. O'Leary, Short History of the Fâtimid Khalifate.
  • 1930 Tritton, A.S., The Caliphs and Their Non-Muslim Subject, Oxford.
  • 1955 Vatikiotis, P.J.. “Al-Hakim Bi-Amrillah: The God-King Idea Realised”. Islamic Culture. (janvier): 1-8.
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  • 1965 Canard, Marius. "Fâtimides". Encyclopédie de l’Islam , seconde édition, vol. 2: 870-882.
  • 1971 Canard, Marius. "Al-Hâkim bi-Amr Allâh". Encyclopédie de l’Islam , seconde édition, vol. 3 : 79-84.
  • 1974 Assaad, Sadik A., The Reign of al-Hakim bi Amr Allah (966-1021), Beirut.
  • 1974 (1964) Henry Corbin, Histoire de la philosophie Islamique, Paris, Gallimard.
  • 1979 Bosworth, C.E., "The Protected Peoples (Christians and Jews) in Medieval Egypt and Syria", Bulletin of the John Rylands University Library of Manchester, 62, pp.11-36.
  • 1990 Farhad Daftary. The Ismâ‘îlî: Their History and Doctrines. Cambridge University Press.
  • 1991 Lev, Yaacov, State and Society in Fatimid Egypt, Leiden.
  • 1998 Marianne Barrucand, « Fâtimides : les trésors du Caire », dans Muséart, n°81, avril, p. 38-45
  • 1998 Marianne Barrucand, « L’architecture fâtimide et son rayonnement en Afrique du Nord », dans L'Égypte - L’âge d’or des Fâtimides, Les Dossiers d'archéologie, n° 233, mai, p. 42-49.
  • 1999 Marianne Barrucand, L'Égypte fâtimide, son art et son histoire, Presses universitaires de France, Paris, 1999
  • 2002 Diana Steigerwald. « The Multiple Facets of Isma‘ilism. » Sacred Web: A Journal of Tradition and Modernity. Vol. 9, pp. 77-87.
  • 2002 Diana Steigerwald. « The Tolerance of the Fâtimids Toward ‘The People of the Book’ (Ahl al-Kitâb) ». The Ismaili U.S.A. (December 13): 16-17.

[modifier] Articles connexes