1934 (Chronologie de Dada et du surréalisme)

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Sommaire

[modifier] Éphéméride

Salvador Dali et Man Ray à Paris en 1934 (photographie de Carl Van Vechten)
Salvador Dali et Man Ray à Paris en 1934 (photographie de Carl Van Vechten)

[modifier] Février

  • 5 février
    Salvador Dalí frôle l'exclusion du groupe surréaliste pour son tableau « L'Énigme de Guillaume Tell »[1] représentant un Lénine avec une fesse molle, et aussi, pour avoir tenu des propos réactionnaires.
    Convoqué chez André Breton, Dalí, accompagné de Gala, arrive fiévreux, un thermomètre dans la bouche qu'il consulte dès que la discussion s'échauffe, et couvert de plusieurs couches de vêtements qu'il enlève une à une au fur et à mesure de sa plaidoire qu'il termine torse nu.[2]
  • 6 février
    Violentes manifestations fascistes à Paris autour de l'Assemblée nationale.
  • 10 février
    Breton prend l'initiative de réunir un grand nombre d'intellectuels autour du texte « Appel à la lutte » et rend visite à Léon Blum pour lui demander son appui. Ce dernier lui refuse tout débat politique. « Toute une matinée, dans son cabinet de travail de l'île Saint-Louis, je m'efforçai en vain de détourner la conversation du plan littéraire où il se mouvait d'ailleurs avec une aisance et une finesse extrêmes : malheureusement, ce n'était pas pour cela que j'étais venu. Il m'accabla de gentillesses, mais chaque fois que j'entrepris de le ramener à l'objet de ma visite, il s'en tint à des propos dilatoires. »[3]

[modifier] Avril

  • Affaire Violette Nozière : jeune femme poursuivie pour le meurtre de son père.
    Convaincus de l'inceste, les surréalistes écrivent la plaquette « Violette Nozières ».[5]
    Pour échapper à la censure, l'instruction étant en cours, le texte est édité en Belgique.

[modifier] Mai

  • 12 mai
    Invité par Messens et Paul Nougé à l'occasion de l'exposition « Minotaure » au musée royal des Beaux-Arts de Bruxelles, Breton donne une conférence : « Qu'est-ce que le surréalisme ? » :
    « Les propos malséants qu'on nous impute, les attaques soi-disant inconsidérées, les injures, les ruptures, les scandales - tout ce qu'on nous reproche tant - nous les avons trouvés sur la même route que les poèmes [...] Aujourd'hui plus que jamais la libération de l'esprit, fin expresse du surréalisme, aux yeux des surréalistes, exige pour première condition la libération de l'homme, ce qui implique que toute entrave à celle-ci doit être combattue avec l'énergie du désespoir, qu'aujourd'hui plus que jamais les surréalistes comptent pour cette libération de l'homme en tout et pour tout sur la Révolution prolétarienne. »[6]
  • 29 mai
    Breton rencontre Jacqueline Lamba.
    Écrit en 1923, le poème « Tournesol » évoque, à peu de choses près, les circonstances de cette rencontre à l'ombre de la tour Saint-Jacques.[7]

[modifier] Juin

  • 8 juin
    Rupture entre Artaud et Roger Vitrac suite à la création au Théâtre de l'Atelier de la pièce de « Le Coup de Trafalgar » dont la mise en scène est confiée à Marcel Herrand.
    Artaud : « Entre le surréalisme gratuit mais poétique des « Mystères de l'amour » et la satire explicite d'une pièce de boulevard ordinaire, Roger Vitrac n'a pas su choisir ; et sa pièce sent le parisianisme, l'actualité, le boulevard. […] La pièce porte la peine d'appartenir à un système et à un monde condamné, et elle doit disparaître avec ce monde. »[8]

[modifier] Juillet

  • René Char
    « Le Marteau sans maître »[10] :
    «Mains obscures mains si terribles
    Filles d'excommuniées
    Faites saigner les têtes chastes
    Derrière les embruns on a nommé le sang
    La chair toute puissante ranimée dans les rêves
    Nourricière du phénix
    Mort minuscule de l'été
    Détèle-moi mort éclairante
    À présent je sais vivre »
  • Publication à Bruxelles du premier numéro de "Documents 34" consacré au surréalisme. Nombreux dessins d'Yves Tanguy et un dialogue avec Breton : « B. Qu'est-ce que ta peinture ? T. C'est une petite fumée blanche. B. Qu'est-ce que la Bretagne ? T. C'est un fruit mangé par les guêpes. B. Qu'est-ce que tu préfères ? T. C'est un reflet sur l'eau. B. Qu'est-ce que l'amour physique ? T. C'est la moitié du plaisir. B. Qu'est-ce que la vieillesse ? T. C'est un lâche. »[11]

[modifier] Août

[modifier] Septembre

[modifier] Octobre

  • Antonin Artaud
    « Appel à la jeunesse » :
    « Je ne peux rien avec de l'opium qui est bien la plus abominable tromperie, la plus redoutable invention de néant qui ait fécondé des sensibilités humaines. Mais je ne peux rien sans à un moment donné en moi-même cette culture de néant. »
    « Le Théâtre et la peste »[15] publié dans la "NRF",

[modifier] Décembre

  • 5 décembre
    Hans Bellmer
    « Poupée : variations sur le montage d'une mineure articulée »,[16]
    série de photos parues dans la revue "Le Minotaure".

[modifier] Cette année-là

  • Robert Desnos adhère et participe à divers mouvements d'intellectuels antifascistes.
  • Adhésion de Pierre Mabille.
  • Adhésion au surréalisme du peintre et écrivain suisse Kurt Seligmann.
  • Les peintres Jindrich Styrsky et Toyen adhèrent au groupe surréaliste tchécoslovaque.

[modifier] Œuvres

  • Vilhelm Bjerke-Petersen
    « L'Animalité dans la femme appartient à la nuit », huile sur toile
  • Maurice Blanchard
    « Malebolge », poèmes :
    « La plus belle sculpture / C'est le pavé de grès / C'est le pavé cubique / Le lourd pavé qu'on jette
    Sur la gueule des flics / Par les chants et le prières / Par le sang le fer et l'art / De s'en servir »[21]
  • Victor Brauner
    « L'Étrange K de Monsieur K »,
    Breton : « La grande marmite nocturne et immémoriale gronde au loin et à chaque coup de gong frappé - c'est son couvercle qui bat - glissent par l'entrebâillement toutes sortes d'êtres et d'objets douteux qui se répandent dans la campagne mentale. »,[22]
    « Portrait d'André Breton »,[23]
    huiles sur toile
  • Salvador Dalí
    « Méditation sur la harpe »[24]
    « La Tartane fantôme »,
    huiles sur toile
  • Paul Delvaux
    « Femmes en dentelle »,
    « Le Paravent »,
    huiles sur toile
  • Max Ernst
    « Habakuk », sculpture>/br>« Les Sept éléments capitaux »,
    « Une semaine de bonté »,
    huiles sur toile
  • Alberto Giacometti
    « La Femme qui marche »,
    « L'Objet invisible ou Mains tenant le vide »,[26],
    sculptures
  • René Magritte
    « L'Invention collective »,
    huile sur toile : poisson aux jambes de femme, échouée sur une plage
  • Picasso
    « Composition (au papillon) »,[28] collage,
    « Nu dans un jardin », huile sur toile
  • Kurt Seligmann
    « Vagabondages héraldiques »
  • Yves Tanguy
    « La Fin de la rampe »,
    « Je vous attends »[30]
    « Les Otages »,[31]
    huiles sur toile

[modifier] Notes et références

  1. ↑ René Passeron « Surréalisme », Terrail, 2005, p. 114
  2. ↑ Béhar, p. 303
  3. ↑ Breton, OC III, p. 541
  4. ↑ Grossman, p. 1741
  5. ↑ Par une erreur constante, les surréalistes ajoutent systématiquement un S à la fin du nom. Béhar, p. 299
  6. ↑ Béhar, p. 305 et Breton, OC 2, p. 230
  7. ↑ Béhar, p. 311
  8. ↑ Grossman, p. 1741
  9. ↑ Béhar, p. 305
  10. ↑ Scheler, p. LXVIII
  11. ↑ Angliviel, p. 201
  12. ↑ Biro, p.279
  13. ↑ Scheler, p. LXVIII
  14. ↑ Béhar, p. 305
  15. ↑ Grossman, p.1742
  16. ↑ Spies, p.76
  17. ↑ Scheler, p. LXVIII
  18. ↑ Scheler, p. LXVIII
  19. ↑ Biro, p.205
  20. ↑ Biro, p.57
  21. ↑ Bédouin, p. 53
  22. ↑ Breton, SP, p. 120
  23. ↑ Audoin, p. 48
  24. ↑ René Passeron « Surréalisme », Terrail, 2005, p. 113
  25. ↑ Breton, "SP", p. 81
  26. ↑ Breton, "SP", p.70
  27. ↑ Biro, p.183
  28. ↑ Breton, "SP", p.102
  29. ↑ "Autour des thèmes de l'enfance et de la mort, c'est l'histoire d'une poursuite inscrite dans une géographie parisienne, qui en fait le plus surréaliste de tous les poèmes cinématographiques", Biro, p.
  30. ↑ Angliviel, p.111
  31. ↑ Angliviel, p.55

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