Roger Vitrac

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Roger Vitrac (1899-1952) est un poète et dramaturge français, surréaliste de la première heure qui a produit une œuvre iconoclaste et subversive.

Sommaire

[modifier] L'attirance pour les « avant-gardes »

Né à Pinsac dans le Lot, Roger Vitrac arrive en 1910 à Paris. Il fait ses études secondaires au lycée Buffon et commence à se passionner pour la poésie et le théâtre à travers la lecture de Lautréamont et d’Alfred Jarry tout en subissant l’influence du symbolisme.

Durant son service militaire, il rencontre Marcel Arland, René Crevel, André Dhôtel et Georges Limbour, avec qui il anime la revue Aventure (1921-1922) où seront publiées nombre de ses pièces. Il participe aux dernières manifestations dadaïstes et se lie d’amitié avec André Breton en 1922. Rallié au mouvement surréaliste, il collabore aux premiers numéros de la Révolution surréaliste. C’est par la poésie qu’il aborde la littérature : dans certains de ses recueils (Cruautés de la nuit, Connaissance de la mort et Humoristiques, 1927 ; la Lanterne noire, posthume, 1964), la dimension onirique, déjà, donne lieu à une écriture ciselée, baroque, mue par un désir d’inattendu et de rareté dont son style portera toujours le sceau.

[modifier] Des spectacles novateurs

Aux côtés d'Antonin Artaud, il fonde pour « satisfaire aux exigences les plus extrêmes de l'imagination et de l'esprit » le théâtre Alfred-Jarry (1926-1930) qui fait son ouverture sur une représentation de Ventre brûlé ou la Mère folle (Antonin Artaud) au théâtre de Grenelle. Ses rapports avec les surréalistes se distendent et il est exclu du groupe, en même temps qu’Antonin Artaud, à la fin des années 1920.

Sur le ton de la parodie, voire de la provocation, Roger Vitrac poursuit en solo son exploration de l’inconscient, élaborant une œuvre aérienne, tantôt classique dans son expression, tantôt résolument moderne mais toujours nourrie d’énigmes.

Ainsi, plusieurs de ses pièces, créées au théâtre Alfred-Jarry — comme les Mystères de l'amour (1927), drame à trente-huit personnages, mélange d’ironie et d’érotisme, ou Victor ou les Enfants au pouvoir, satire corrosive du conformisme bourgeois montée à la Comédie des Champs-Élysées en 1928 par Artaud et Vitrac lui-même — passent communément pour des chefs-d'œuvre du théâtre surréaliste. À partir de 1931, il devient journaliste pour pouvoir continuer à mener sa carrière de dramaturge et mieux explorer le burlesque de ses mondes en dislocation.

En effet, entre comédies de boulevard et tragédies intimes, ses pièces sont beaucoup plus que de simples curiosités ; elles mettent à mal les principes d’ordre et d’unité incompatibles avec la « logique » des abîmes irrationnels. En outre, prenant le parti de la coexistence radicale du cocasse et de l’horrible, il « décroche » vite, sur la scène de l’Histoire littéraire, le rôle de précurseur du théâtre de l’absurde.

[modifier] Des canulars au vitriol

Dans le Coup de Trafalgar (1934), il stigmatise tous azimuts la science, le mariage, l'armée, la religion, le travail, la famille, la patrie tels que les véhicule la société ; les Demoiselles du large (1938) est un drame centré sur l’analyse psychologique. Il revient à la bouffonnerie avec le Loup-Garou (1939) ou le Sabre de mon père (1951) ; mais les représentations se succèdent sans rencontrer de véritable succès. Ce n'est que grâce à la reprise posthume de Victor ou les Enfants au pouvoir dans une mise en scène de Jean Anouilh au théâtre de l’Ambigu (1962), qu’il obtient la notoriété auprès du grand public, cette pièce devenant même un classique du répertoire.

Au risque de produire une œuvre trop souvent incomprise, Roger Vitrac, véritable homme des métamorphoses, fasciné par l’univers de l’enfance, a su transgresser les diktats d’école, donnant libre cours à sa personnalité originale, d’une intemporelle fraîcheur.

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