Hans Bellmer

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Hans Bellmer, né le 13 mars 1902 à Katowice et mort le 23 février 1975 à Paris d'un cancer de la vessie, est un peintre, photographe, graveur, dessinateur et sculpteur allemand ayant pratiquement toujours travaillé en France. Il fut une des figures majeures du surréalisme.

À l'arrivée au pouvoir des nazis en 1933, Bellmer décida ne plus rien faire qui puisse être utile à l'État nazi. Il confectionna alors, en 1934, son œuvre la plus connue : La Poupée.

Sommaire

[modifier] La Poupée

C'est une sculpture représentant en taille quasi-réelle (1,40 m) une jeune fille multiforme, aux cheveux foncés, coupés en frange sur le front, ornés sur le haut de la tête par un grand nœud raide, seulement vêtue de chaussettes blanches et d'escarpins de vernis noir, une grande poupée composée de nombreux membres pouvant être articulés les uns aux autres par des boules, une grosse boule, le ventre, sur laquelle peuvent s'articuler encore deux bas-ventres, quatre hanches articulées aux quatre cuisses, celles-ci articulées aux quatre jambes, et un buste à plusieurs seins, la tête et le cou amovibles. Hans Bellmer joue avec sa Poupée et multiplie les variations avec les différents éléments de son corps; tantôt, par exemple, amputée aux genoux, la tête, décapitée, posée en arrière des deux boules des hanches figurant jeune arbre; ou, autre exemple, devenu monstre à quatre jambes, deux en haut, deux en bas, articulées à la boule centrale du ventre, mobile et suggérant la danse et la provocation du désir d'autrui, photographiée ici dans les bois, là sur un parquet, dans un grenier, vautrée tordue sur un matelas, deux jambes habillées d'un pantalon noir d'homme; ou à moitié démantelée, amputée d'une jambe, jetée dans un duvet, froissé par sa chute et son poids. Les photos étaient polychromes, Bellmer les coloriait de teintes changeantes sur la même photo, tantôt pastel, chair, rose pâle, rose plus soutenu, mauve, bleu clair, mais aussi de couleurs vives, rouge, jaune, bleu canard. La Poupée est érotique, c'est une « créature artificielle aux multiples potentialités anatomiques », par laquelle Bellmer entend découvrir la « mécanique du désir » et démasquer « l'inconscient physique » qui nous gouverne; elle est enfantine, mais également victime de perversions sadiques; ainsi démembrée, violentée, violée, elle correspond au désir de l'artiste de voir la femme accéder « au niveau de sa vocation expérimentale ».

Bellmer fut évidemment conspué par le Troisième Reich, son art fut qualifié de « dégénéré », et finalement c'est bien là ce qu'il voulait : provoquer la population pour l'amener à se réveiller.

La femme selon l'artiste serait comme une anagramme. Les photographies de la poupée séduiront les surréalistes à Paris qui décideront de les publier dans la revue Minotaure. Dès lors, il sera un membre important du surréalisme parisien et s'établit en France dès 1938 jusqu'à sa mort en 1975. Pendant la seconde Guerre Mondiale, Hans Bellmer se réfugie dans la clandestinité n'ayant pas eu la possibilité, comme d'autres, de s'exiler aux États-Unis. Suite à un contrôle de la police française, Bellmer fut emprisonné au Camp des Milles près de Marseille jusqu'en 1940 en compagnie de Max Ernst, Springer et Wols. En 1949, il constitue la seconde Poupée, et publie les photographies dans un ouvrage intitulé les Jeux de la poupée accompagné d'un poème de Paul Éluard. L'ensemble de ces photographies sont peintes à l'aniline par son ami Christian d'Orgeix et lui-même. Bellmer publie un texte-traité en 1957 qui entend témoigner de sa démarche et qui s'intitule Petite anatomie de l'inconscient physique ou petite anatomie de l'image. Sa dernière Femme, Unica Zürn, travaillera à ses côtés l'anagramme plastique jusqu'en 1975, date de sa mort.

[modifier] Portée de l'œuvre

L'œuvre de Bellmer, souvent associée par une dérive psychanalytique au vocabulaire de la perversion, reste une affirmation poétique du surréalisme dans ce qu'il a de plus pur. La relative proximité qu'entretiennent les photographies de la Poupée avec l'Unheimliche freudien place cette œuvre à la frontière entre l'érotisme et la mort, entre l'animé et l'inanimé. Le corps de la poupée, mais aussi les dessins et les gravures expriment des univers oniriques dans lesquels la conciliation des contraires est possible conformément au Manifeste du surréalisme de Breton. Bellmer illustrera aussi le Marquis de Sade, Georges Bataille, Lautréamont etc.

Bellmer poursuivit ensuite ses travaux sur l'érotisme avec de nombreux dessins et gravures.

Bellmer a été influencé dans le choix de la forme de son art par la lecture de lettres publiées d'Oskar Kokoschka (Der Fetish, 1925).

[modifier] Annexes

Dans le jeu vidéo Silent Hill 2, l'un des monstres se prénommant « Mannequin » porte une très forte ressemblance avec La Poupée de Bellmer, en effet comme elle, le monstre comporte deux jambes au lieu de ses deux bras, une possible référence délibérée

On trouve de nettes références à la poupée de Bellmer dans le film d'animation japonais Innocence : Ghost in the Shell 2.

[modifier] Références

  • Hans Bellmer. Petite anatomie de l'image (2002, Éditions Allia, Paris).
  • Hans Bellmer : Anatomie du Désir (2006, Éditions Gallimard / Centre Pompidou).
  • Pierre Dourthe. Hans Bellmer: Le Principe de Perversion. (1999, France).

[modifier] Liens externes