Élèves non scolarisés antérieurement

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Primaire et secondaire en France
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Lycée

   Filières générales : ES, L, S
      technologiques : ST2S, STI, STG, STL, STAV, Hôtellerie, TMD
      professionnelles : BEP, CAP    Classes de lycée
      Terminale : ES, L, S
      1re : ES, L, S
      2de générale ou technologique

Collège
    3e, 4e, 5e, 6e.

Enseignement adapté : CLA, UPI, SEGPA

École élémentaire
    CM2, CM1, CE2, CE1, CP.

Enseignement adapté : CLIN, CLIS

École maternelle
    GS, MS, PS, TPS
Voir aussi
Articles : Éducation nationale - Cned - Système éducatif - Diplômes

Portails : Éducation - Grandes écoles - France

Les classes d'Élèves non scolarisés antérieurement (NSA ou ENSA) sont des classes à effectif restreint et à profil, organisés par les casnav de l'Éducation nationale, au sein de collèges. Il s'agit en fait de classe d'accueil (CLA) réservées aux élèves non scolarisés antérieurement : on les nomme officiellement CLA-NSA, par opposition aux CLA habituelles.

Sommaire

[modifier] Public cible

Les classes ENSA accueillent exclusivement des élèves non scolarisés ou très peu scolarisés dans leur pays d'origine (les cas de non scolarisation d'élèves ayant toujours résidés en France sont très rares, la scolarisation en France étant obligatoire dès 6 ans). L'enseignement qui y est dispensé a peu à voir avec le FLS, le FLE ou même l'alphabétisation telle qu'on peut la concevoir dans une association de quartier. Il s'agit en effet de classes d'adolescents, devant à la fois apprendre à lire, écrire, etc., mais devant aussi apprendre à apprendre ; en outre ils connaissent pour la première fois les règles de vie occidentales dans un collège et dans un groupe.

Les élèves de ces classes ont l'âge d'aller au collège. Plus jeunes, ils sont scolarisés en CLIN au niveau de l'école élémentaire. Plus âgés (plus de 16 ans), ils ne sont pas scolarisés. Des structures bénévoles (alphabétisation à la Croix-Rouge par exemple) peuvent alors leur donner les bases de la culture écrite.

[modifier] Les contenus d'enseignement

Les élèves reçoivent principalement des cours d'alphabétisation et de calcul ; ils suivent aussi les cours d'EPS voire d'Arts plastiques et de musique (ces cours nécessitent en effet moins de connaissances en lecture et écriture). Les cours de technologie peuvent être un lieu de projet, et d'une première approche de l'informatique (et du clavier), par exemple, ou encore l'occasion d'apprendre à organiser son travail, à répartir les tâches ou les planifier dans un tableau, manipuler quelques outils, les ranger à la bonne place : autant de connaissances précieuses pour des élèves n'ayant jamais vraiment connu ce qu'est l'organisation.

[modifier] Différence avec l'alphabétisation pour adultes

Les NSA doivent apprendre les bases de la culture écrite : matériel, méthode, rigueur.
Les NSA doivent apprendre les bases de la culture écrite : matériel, méthode, rigueur.

[modifier] Différences d'objectifs d'enseignement

Les cours d'alphabétisation, dans une association bénévole pour adultes, est d'un contenu enseigné beaucoup plus restreint que les cours de NSA. En effet, l'élève NSA doit par exemple avoir son matériel chaque jour, composé de tout un attirail de compas, stylos, ardoises, etc., lorsque l'association bénévole n'exige souvent rien, pouvant à la limite prêter un stylo et une feuille à l'apprenant adulte : les bénévoles ont en général des objectifs très éloignés des enjeux scolaires propres aux collégiens. Ce sont aussi des objectifs plus rapprochés dans le temps, correspondant en fait à des mesures d'urgence pour un public éphémère. A l'inverse, les élèves NSA sont présents au collège d'un bout à l'autre de l'année, comme les autres collégiens.

[modifier] Différences de profils

Le profil des élèves adultes en association est donc très différent de celui des NSA. Ainsi les NSA, comme tous les collégiens, doivent apporter leur matériel, en prendre soin, etc., sous peine de punition. Mais surtout, une association bénévole pour adultes enseigne rarement à se servir d'un compas, par exemple, d'une règle, ou d'un cahier de texte : l'enseignement des NSA a pour but, même lointain, l'intégration dans une scolarité (même post-collégienne).

[modifier] Apprendre à apprendre : une tâche difficile à un âge avancé

Le stylo, un objet étrange et inutile pour celui qui ne sait pas écrire.
Le stylo, un objet étrange et inutile pour celui qui ne sait pas écrire.

Une particularité des élèves NSA est qu'ils n'ont jamais appris à apprendre. À l'âge où les élèves normaux ont suivi plusieurs années de scolarisation, le fait d'apprendre, de mémoriser est pour les élèves NSA une chose nouvelle et qui reste longtemps difficile et souvent laborieuse. Le but d'une classe de NSA est donc aussi que les élèves apprennent les mots et les rituels de l'école, et, chose tellement importante dans une société moderne et organisée, la méthodologie.

C'est pourquoi les parents d'un élève NSA, lorsqu'il a la chance d'en avoir, considère souvent ces premiers apprentissages comme une chance inouïe d'ascension sociale et culturelle. Cette motivation entraîne celle des élèves, qui sont absents pour des raisons autres que celles de l'absentéisme des collégiens normaux : mendicité, travail des enfants, enfants battus, frères et sœurs à garder la journée, etc.

Les élèves normalement scolarisés en France ont appris à apprendre pendant en général 8 ans avant le collège, lentement, correctement, guidés par des professeurs des écoles qualifiés et spécialisés dans leur niveau. Ces élèves, lorsqu'ils arrivent au collège, ont derrière eux toute une culture de méthode, une culture scientifique, qui leur permet de comprendre les implicites d'un cours de 6e. Les NSA, eux, n'ont rien de cette culture. S'ils ont été un peu scolarisés, c'est souvent dans de mauvaises conditions ; par ailleurs leur parcours chaotique (et l'état de leur pays d'origine) fait qu'ils ont pu rester plusieurs années sans aller à l'école.

Ces élèves apprennent donc à apprendre une leçon, un poème par cœur, découvrent les enjeux symboliques d'une note, d'un bulletin, etc. La politesse, très différente dans leur pays d'origine, est une priorité car sources de nombreux malentendus conflictuels entre élèves ou avec les adultes : par exemple le respect des autres dans la classe, ne pas parler sur la voix des autres, se lever face à un adulte, vouvoyer le professeur, comment interpeller les gens, etc. Le professeur doit alors faire la part de ce qui relève de l'ignorance authentique et de ce qui relève de la transgression.

D'un point de vue technique, tenir un stylo constitue souvent la première leçon. Ce choc n'est pas toujours bien vécu par les élèves ayant connu une ébauche ratée de scolarisation dans leur pays d'origine. Au cours de l'année, apprendre à lire, écrire, calculer, tracer des figures, mais aussi colorier, découper, plier, etc., se fait différemment d'à l'école primaire, car dans un but d'intégration au collège ; d'autre part les adolescents n'ont pas les mêmes préoccupations que les enfants. Le professeur de NSA doit donc fabriquer lui-même ses leçons et ses exercices, les manuels de primaire se révélant totalement inadaptés aux NSA.

[modifier] Apprendre à tenir une fourchette, objet jamais vu avant

Ainsi, scolariser les élèves signifient leur donner les moyens d'apprendre des contenus : apprendre à apprendre, mais aussi apprendre à être un élève, c’est-à-dire à jouer dans la cour, à sortir malgré le froid (inconnu en Afrique à ce degré), à faire la queue à la cantine, à tenir une fourchette, un couteau, lire l'heure, prévoir l'heure, ne pas être en retard, être propre sur soi, savoir ce qu'est une poubelle, etc.

Ces lacunes entraînent parfois un rejet de la part des collègiens du cursus normal.

[modifier] Cursus de ce type d'élèves

En général, après une année en classe ENSA, les élèves suivent une année en CLA (cours de FLS) afin de renforcer leur niveau de français. Ces élèves venant souvent d'Afrique, ils sont parfois francophones : l'organisation spécifique les CLA s'adaptent à ce genre de profil (voir l'article). Un élève ne doit pas rester plus d'un an en classe NSA, et, de même, pas plus d'un an en classe CLA. Cependant des dérogations à ces règles existent et sont nécessaires, notamment lorsque l'élève est arrivé au milieu de l'année, au gré du flux migratoire : quelques mois dans une classe NSA ne sont parfois pas suffisants. Par ailleurs il existe encore (2007) des classes NSA où les élèves « redoublent », parfois « retriplent », étant considérés incapables de passer en CLA. Officiellement, on considère que ce genre de redoublement, pour ce type d'élèves, est stérile.

Le cursus habituel de ces élèves est donc de rester un an en NSA ; puis, après une année de CLA, ils peuvent intégrer les classes de niveau (6e, 5e, etc.). Deux ans d'adaptations minimum sont ainsi donnés aux élèves non scolarisés antérieurement dans leur pays d'origine.

Cependant, rares sont ceux qui réussiront à atteindre le niveau normal de leur classe de rattachement. Ils garderont leur handicap pendant encore des années, parfois toute la vie.

Série Éducation en France
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