Ardoise

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L'ardoise est une roche métamorphique qui s'est formée dans de faibles conditions de pression et de température. Elle appartient à la famille des schistes dont elle se distingue par la qualité de son grain, très fin, et sa fissilité. Ces propriétés font qu'on a pu l'utiliser comme matériau de couverture.

L'ardoise est résistante et sa couleur peut varier du blanc au noir, en passant par toutes sortes de gris, de rouges sombres et de verts. L'ardoise peut être droite (rectangulaire) ou en forme d'écaille. Son épaisseur varie de 3 mm à 9 mm. Entre 20 mm et 40 mm, il s'agit de lauze, autre schiste plus massif et moins plissé. La pose à l'ancienne est la pose au clou (plus onéreuse car il faut des ardoises percées), fin XIXe siècle apparaît la pose sur crochet (l'ardoise est simplement appuyée en pied).

déchets d'ardoise à Fumay, Ardennes
déchets d'ardoise à Fumay, Ardennes

Sommaire

[modifier] Gisements ardoisiers en France

[modifier] Statut juridique des ardoisières

Le code minier, établi en 1810, a classé les ardoisières dans la famille des carrières (souterraines). Depuis 1946, les ardoisiers sont assimilés au statut de mineur.

[modifier] Quelques repères historiques

Autrefois, le département des Ardennes possédait également d'importantes exploitations (Fumay, Haybes, Rimogne, ...) qui ont toutes cessé leur activité à la fin du XXe siècle (1971). On trouve aussi des bassins ardoisiers en Bretagne (ardoisières de Maël-Carhaix), en Corrèze (Allassac et Travassac), dans les Alpes et dans les Pyrénées.

[modifier] Répartition géographique des différents bassins

On trouve de l'ardoise dans les départements suivants:

répartition des sites ardoisiers français
répartition des sites ardoisiers français
Numéro sur la carte Département Quelques sites
1 Ardennes Rimogne, Fumay, Haybes, Deville
2 Corrèze Travassac (Donzenac)
3 Côtes d'Armor Maël-Carhaix, Plévin
4 Finistère Châteaulin,Saint-Goazec
5 Maine et Loire Trélazé, Noyant la Gravoyère
6 Mayenne Renazé
7 Morbihan Gourin
8 Hautes Pyrénées région de Lourdes
9 Savoie Saint Jean de Maurienne

Actuellement, le gisement le plus important en France se situe sur le territoire de la ville de Trélazé jouxtant Angers, en Maine-et-Loire. On y produit entre 15 et 20 000 tonnes d'ardoise par an au sein de deux exploitations souterraines.

[modifier] Quelques données géochimiques sur l'ardoisière angevine

Composition chimique moyenne de l'ardoise angevine (d'après Marty) :

Silice 50 %, Alumine 30,1 %, Oxyde de Fer 8 %, Magnésie 2,3 %, Potasse 3 %, Soude 1,3 %, Eau 3,3 % et Divers 2 %

L'ardoise angevine s'est formée il y a 460 million d'années, à l'ordovicien et est issue de la transformation d'argiles océaniques compactées, peu à peu métamorphisées en schiste très pur: c'est l'ardoise que nous connaissons.

[modifier] Extraction et fabrication

Un ardoisier découpant une ardoise avant de la poser
Un ardoisier découpant une ardoise avant de la poser

L'extraction peut s'effectuer à ciel ouvert ou bien de manière souterraine. Certaines régions, Corrèze et Anjou, ont vu les deux techniques co-exister. Dans d'autres, comme dans les Ardennes, la Savoie, elle est ou fut exclusivement souterraine. Le principal facteur qui conditionne le mode d'extraction repose sur le pendage de la veine.

Ensuite, les blocs sont découpés en blocs proches des formats d'ardoises à fabriquer étape au cours de laquelle le fendeur veille à placer le longrain, qui correspond à la direction selon laquelle la roche a été plissée, dans le sens de la longueur de la future ardoise. Ensuite, vient l'étape du fendage qui consiste à diviser le bloc dans son épaisseur, en désolidarisant les feuillets de la roche. La dernière étape, la taille, consiste à donner à l'ardoise sa forme définitive.

[modifier] Gisements ardoisiers en Amérique du Nord

À Saint-Marc-du-Lac-Long, au Québec, se trouve une importante exploitation ardoisière, à ciel ouvert, comparable aux exploitations françaises.

[modifier] Utilisation

L'ardoise constitue le matériau employé pour la couverture des bâtiments (on parle alors d'ardoises). Les régions traditionnelles de production sont aussi les régions où ce type de couverture est privilégié : il s'agit par exemple, en France du Maine-et-Loire et des Ardennes ainsi qu'en altitude dans les Pyrénées.

En règle générale, l'ardoise est aujourd'hui moins utilisée, du fait de l'apparition de matériaux de constructions synthétiques moins onéreux, dont certains imitant l'ardoise (et contenant de l'amiante parfois).

L'ardoise fut aussi largement utilisée sous forme de plaque mince en tant que support d'écriture effaçable.

Toits en ardoise, Loches, France
Toits en ardoise, Loches, France
Les ardoises peuvent aussi servir de parement protecteur (Gare de Wuppertal)
Les ardoises peuvent aussi servir de parement protecteur (Gare de Wuppertal)

[modifier] Durée de vie

La durée de vie d'une ardoise est de 70 ans à 300 ans. La qualité du gisement, le type d'extraction (machine ou main) et bien sûr l'épaisseur, le type de pose (sur crochet ou cloutée), le pureau, ont une incidence sur cette durée. Il n'y a pratiquement pas d'entretien (démoussage) sur les ardoises. Pour les plus fiables, il faudra changer le support avant l'ardoise (changement de volige ou même de charpente). C'est pour cela qu'il y a un marché d'occasion pour les ardoises, et que les monuments historiques (leurs architectes et artisans spécialisés) préconisent en rénovation des ardoises à longue durée de vie.

Les ardoises de mauvaise qualité sont sujettes à la rouille. Ce défaut provient de la présence de minerai de fer (la forme la plus connue est celle de la pyrite, mais on rencontre également des grenats, de la magnétite) contenu dans certaines veines du gisement ou dispersée. C'est donc après l'extraction que les lots défectueux peuvent être mis de côté systématiquement par un test à l'acide. Le traitement des ardoises sur le toit est possible avec le passage d'un produit chimique (réaction acide-base)

[modifier] L'ardoise autrement

L'ardoise ne se contente plus de couvrir les toits, elle sert à l'extérieur en dallage, mais aussi à l'intérieur comme plan de travail en cuisine ou salle de bains. L'ardoise se sculpte ou se grave. Des plaques commémoratives, ou funéraires, des plaques de rues ou décoratives sont réalisées par des artisans.

[modifier] Importance économique

Selon les enquètes de l'UNICEM, en 2005, le chiffre d'affaire global des producteurs français est de 41 147 000 euros dont 20 383 000 euros à l'exportation, dans 39 entreprises ou sections d'entreprises.

[modifier] Musées

Les communes suivantes abritent chacune un musée dédié à l'ardoise et à son exploitation locale :

[modifier] Divers

  • « Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine » : extrait du poème publié en 1558 Heureux qui comme Ulysse, de Joachim du Bellay
  • Une gravure sur l'extraction de l'ardoise apparaît dans L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, à la moitié du XVIIIe siècle.
  • Dans la fabrication des billards, la table comprend une (ou plusieurs) plaque en ardoise assemblée sur un châssis métallique. Cette ardoise est rectifiée, opération de précision qui ajuste au 20e de millimètre le plan (gage de qualité du billard). Aucun autre matériau n'a pu remplacer à ce jour l'ardoise pour la qualité du roulement. La densité et l'effet de masse évite les déformations de la table dans le temps.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles de Wikipédia

[modifier] Liens externes

wikt:

Voir « ardoise » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Sources