Première bataille de la Marne

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Bataille de la Marne

Carte de la bataille
Informations générales
Date du 5 septembre au 12 septembre, 1914
Lieu Marne proximité de Paris, (France)
Issue Victoire stratégique alliée décisive
Belligérants
France France
Royaume-Uni Royaume-Uni
Empire Allemand
Commandants
Joseph Joffre
John French
Helmuth von Moltke
Karl von Bülow
Alexandre von Kluck
Forces en présence
1 071 000 1 485 000
Pertes
Environ 80000 Français et 1701 Britanniques inconnue
Première Guerre mondiale
Front de l’Ouest

FrontièresLiègeAnversYserGrande RetraiteMarne (1914)Course à la mer – Neuve Chapelle – Ypres (1915)Artois (05-1915)Artois (09-1915)LoosHartmannswillerkopfVerdunHulluchSommeCôte 70Arras (1917)VimyChemin des DamesMessinesPasschendaeleCambrai (1917)Cambrai (1918) – Michael – LysAisne (1918)Bois BelleauMarne (1918)Château-ThierryHamelCent-Jours


Front de l’Est
StalluponenGumbinnenTannenbergLemberg – Krasnik – Lacs de Mazurie (I) – Przemyśl – VistuleŁódźBolimovLacs de Mazurie (II) – Gorlice-Tarnów – VarsovieLac NarochOffensive BrusilovOffensive Kerensky


Afrique et Méditerranée
LaiSandfonteinTangaDardanellesNaulilaJassinGibeonBukobaSalaitaNegomano

Il y eut deux batailles de la Marne, toutes deux au cours de la Première Guerre mondiale. Cependant, le nom se réfère en général à la première, qui eut lieu du 5 au 12 septembre 1914 ; la seconde bataille de la Marne, quant à elle, se déroula du 15 au 18 juillet 1918. Au cours de cette première bataille décisive, les troupes franco-anglaises réussissent à repousser les Allemands et de fait de mettre en échec le plan Schlieffen qui prévoyait l'invasion de la France en six semaines pour ensuite se porter vers la Russie.

Sommaire

[modifier] Cadre historique et combats initiaux

Suite à l'attentat de Sarajevo, l'Autriche-Hongrie déclare, le 28 juillet 1914, la guerre à la Serbie. Par le jeu des alliances, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie le 1 août. Le 3 août, elle viole le territoire belge et déclare la guerre à la France. La Première Guerre Mondiale commence.
La France espère prendre sa revanche contre l'Allemagne car elle n'a pas oublié sa défaite de 1871 et l'occupation des territoires de l'est de la France.

[modifier] Le mois d'août 1914

[modifier] L'invasion de la Belgique

Au début de la guerre, la France tente d'attaquer son adversaire en Alsace-Lorraine en respectant sa doctrine de l'offensive à outrance mais après quelques succès initiaux comme la prise de Mulhouse, les Allemands réussissent à repousser les offensives françaises grâce notamment à une solide ligne défensive dans les Vosges. Pendant ce temps plus à l'Ouest, les Allemands mettent en place le plan Schlieffen qui doit permettre de vaincre les armées franco-anglaises en six semaines pour pouvoir ensuite se retourner vers la Russie dont l'immensité ne permet pas une mobilisation rapide des troupes. L'idée stratégique était d'éviter d'avoir a gérer simultanément deux fronts distants de deux mille kilomètres. Pour mettre en place leur plan, les troupes allemandes, sous la direction de von Moltke, doivent pénétrer en Belgique, ce qui entraîne inévitablement l'entrée en guerre des Anglais. L'intention est de déborder les Français qui ont massé leurs troupes à l'est pour ensuite les envelopper et les obliger à un armistice. La progression allemande est rapide. Le Général Joffre qui s'attend à ce que les Allemands le déborde par le Nord, n'imagine pas qu'ils puissent le faire aussi largement. L'armée belge en infériorité numérique et matérielle ne peut résister aux troupes adverses qui envahissent l'est du territoire. Les Belges espèrent tenir à Anvers et à Liège grâce à leurs ensembles fortifiés qui sont censés résister à n'importe quel obus. Mais les industries Krupp ont récemment fabriqué des mortiers de 420 mm qui en viennent à bout. Malgré cette artillerie très lourde, les Belges réussissent à immobiliser une partie de l'armée allemande qui à cette époque progresse de 30 à 50 km par jour[1].

Pour parer cette avance qui menace tout son flanc gauche, Joffre décide d'attaquer le centre allemand qu'il croît dégarni. Mais Moltke a renforcé ses VIe et VIIe Armées par six divisions en prévision d'une attaque française. De fait, l'offensive française sur Morhange menée par la 2 e armée du général de Castelnau est un échec et les divisions françaises doivent se replier vers Nancy sous la pression allemande. L'offensive en direction du Luxembourg du 22 août échoue tout autant et le lendemain, de Langle de Cary le chef de la 4e Armée ordonne lui aussi la retraite.

[modifier] La bataille de la Sambre et de Charleroi

Dans le même temps, les Allemands continuent d'avancer en Belgique, débordant les places fortes. Leur IIe armée entre en contact avec la Ve Armée du général Lanrezac qui tiennent le front de Maubeuge à Dinant en passant par Charleroi avec à leur gauche le Corps expéditionnaire britannique et quelques unités belges. Après d'âpres combats de rencontre sur la Sambre entre le 20 et le 21 août, où se manifestent les errements les plus excessifs de la doctrine française et la supériorité de l'artillerie moyenne et lourde allemande, le général Lanrezac décide de se replier , le 22 août. En effet, ses deux ailes sont en passe d'être submergées. A sa gauche le Corps expéditionnaire britannique qui a rencontré la Ie armée allemande à Mons, s'est replié après un combat de rencontre aussi vif que sanglant. A sa droite, les Belges lâchent Namur et la III e armée de Von Hausen franchit la Meuse près de Dinant à droite[2]. La IIe armée allemande qui n'a plus d'opposition franchit alors la Sambre. Malgré 4 000 prisonniers, Lanrezac a sauvé son armée d'un encerclement qui aurait probablement eu des conséquences dramatiques pour la situation des Français.

[modifier] La retraite française et la poursuite allemande

Moltke, devant cette retraite générale, ordonne la poursuite, il ne laisse que quatre divisions face à Maubeuge encerclée qui tient sous le commandement du général Fournier jusqu'au 7 septembre. Cette manoeuvre fixe une partie des troupes allemandes jusqu'au 9 septembre[3]. Au soir du 24 août toutes les armées Alliées battent en retraite à l'exception des Ie et IIe Armées qui tiennent leurs positions en Alsace et en Lorraine. La Ve Armée, marque cependant un coup d'arrêt à Guise qui relève la pression sur le Corps expéditionnaire britannique et lui permet de se rétablir puis se replier sur Cambrai. À l'est les IIIe et IVe Armées qui ont échoué dans leurs contre-offensives se replient elles aussi en suivant le mouvement. Le 26 août, la Ie armée allemande du général von Klück prend la ville de Cambrai puis celle de Crèvecœur. À l'ouest, du côté de Lille, alors que l'évacuation de la cité jugée indéfendable avait été ordonnée le 12 août le général Herment, gouverneur militaire de la place, reçoit l'ordre de tenir. Le 24 août, la population lilloise et ses élus demandent à ce qu'on n'engage pas le combat dans la ville. Les fortifications n'ont plus été mises en état depuis 1910. Peu à peu, la garnison composée de la 88e division territoriale abandonne la ville qui est finalement occupé par les Allemands le 2 septembre.

[modifier] La préparation à la bataille de la Marne

Joffre garde malgré tout le moral, et dans son rapport au ministre Adolphe Messimy, il affirme que l'armée française peut encore lancer une contre-attaque victorieuse[4]. Toutefois, il est aussi conscient du fait qu'il doit d'abord céder du terrain pour la réussir.

Dans un premier temps et face à tous ces replis, il critique vertement ses généraux qu'il estime ne pas avoir été assez offensifs. Il prend des sanctions et limoge, parfois un peu trop hâtivement, ceux qu'il juge incompétents dont le général Lanrezac.

Dans un deuxième temps, il prévoit une première ligne de résistance sur la Somme et l'Aisne et il demande aux généraux de mener des combats de retardements pour ralentir l'ennemi et lui permettre de mettre en place à temps ces nouvelles positions.

  • Pour préparer sa contre-attaque, Joffre crée la La VIe Armée dans la région parisienne, elle est placée sous le commandement du général Maunoury. Les hommes qui la compose viennent principalement de Lorraine[5]. Son intention est d'utiliser cette armée pour porter un coup d'arrêt à la Ie armée du général von Kluck.
  • Au centre du dispositif français, une nouvelle armée (la IXe) est créée et placée sous le commandement du général Foch. Elle doit empêcher les allemands de percer entre Ve et IVe armée dans la région des Marais de St Gond.
  • Le chef français demande aussi aux Corps expéditionnaire britannique de constituer une ligne de résistance sur la Marne pour se préparer à une contre-offensive lorsque le coup d'arrêt aura été porté.

Entre temps, les combats de retardement continuent. Von Bülow (IIe armée) et le duc de Wurtemberg progressent à l'ouest du dispositif allemand. Cependant, ils doivent prendre en compte les difficultés de von Hausen (IIIe armée) qui progresse plus lentement dans la région de la Meuse.

[modifier] La bataille de la Marne

Malgré la surprise et la fatigue, les troupes alliées retraitent en ordre après leur défaite sur les frontières, le Corps expéditionnaire britannique planifie déjà son repli vers les ports de la Manche, pour un éventuel ré-embarquement. Le général Gallieni, gouverneur militaire de Paris, rencontre alors Lord Kitchener pour proposer une contre-attaque commune généralisée lorsque les Allemands arriveront sur la Marne.

Le 2 septembre des aviateurs découvrent que la Ie armée allemande, la plus à l'ouest, celle de Alexandre von Klück, infléchit son offensive vers l'Est et n'effectue pas le mouvement prévu par le plan Schlieffen d'enveloppement de Paris par l'Ouest. L'idée stratégique est d'envelopper les cinq armées étalées des Vosges à la Brie pour les contourner par le Sud sans avoir à effectuer un mouvement tournant trop large et trop coûteux pour des armées allemandes éprouvées et aux lignes de commandement et logistiques trop étirées. La VIe Armée se concentre le long de la Marne, entre Nanteuil-le-Haudouin et Meaux dans l'après-midi du 5 septembre. Elle prend contact avec les Allemands à partir du 7 septembre et soutient son effort jusqu'au 9, grâce, entre autres, à l'envoi d'urgence de 10 000 hommes de la garnison de Paris, dont près de 6 000 sont transportés par six cents taxis de la capitale réquisitionnés par le général Gallieni.

Finalement, le 9 septembre, bien que sa progression ne soit pas significative, elle oblige von Kluck (Ie armée allemande) à utiliser une trop grand partie de son potentiel sur son flanc ouest et ralentit sensiblement sa progression vers le sud. Une brèche d'environ 50 km avec la IIe armée de Karl von Bülow, située sur sa droite et qui continue à progresser s'ouvre. Profitant de cette ouverture, la Ve Armée française et le Corps expéditionnaire britannique attaquent les deux armées allemandes sur leurs flancs exposés. Désorganisées par cette manœuvre, épuisées par leurs précédentes avancées et légèrement inférieures en nombre, elles sont contraintes à l'arrêt puis au repli, jusqu'au 13 septembre.

[modifier] Suites et conséquences

Ce coup d'arrêt marque l'échec de la manœuvre Schlieffen. Mais, selon le mot du Général Chambe, alors jeune officier de cavalerie, "ce fut une bataille gagnée mais une victoire perdue". En effet, si les armées franco-britanniques mirent alors un terme à l'avancée irrésistible des armées allemandes commandées par von Klück, von Bülow et von Moltke, elles ne purent ou ne surent exploiter cet avantage en repoussant ces armées hors du territoire français. En effet, d'une part, elles étaient trop épuisées pour reprendre une quelconque offensive. D'autre part, les Allemands avaient, dès les premiers signes d'un repli, constitué des lignes de défense sur des points tactiquement favorables à quelques dizaines de kilomètres au nord, induisant dans un premier temps une stabilisation durable du front, et, dans un deuxième temps, la manoeuvre connue sous le nom de course à la mer.

[modifier] Anecdotes et faits historiques

[modifier] Notes et références

  1. 14-18: Hors-série n°1: La Bataille de la Marne, Frédéric Guelton, p.14
  2. La Grande Guerre, Pierre Miquel, p.138
  3. Le gâchis des généraux, Pierre Miquel, p. 92-94
  4. 14-18 Hors série n°1, La bataille de la Marne, Frédéric Guelton, p.19
  5. La Grande Guerre, p.140, Pierre Miquel

[modifier] Liens externes

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