Bataille de Tannenberg

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Bataille de Tannenberg

Le front de l’Est
Informations générales
Date Fin août 1914
Lieu Région autour de Tannenberg (Prusse) - Frogenau
Issue Victoire allemande décisive
Belligérants
empire russe empire allemand
Commandants
Alexandre Samsonov
Pavel Rennenkampf
Paul von Hindenburg
Erich Ludendorff
Forces en présence
400 000 hommes 200 000 hommes
Pertes
30 000 tués et blessés
92 000 prisonniers
500 canons pris
20 000 tués et blessés


Première Guerre mondiale
Front de l’Ouest

FrontièresLiègeAnversYserGrande RetraiteMarne (1914)Course à la mer – Neuve Chapelle – Ypres (1915)Artois (05-1915)Artois (09-1915)LoosHartmannswillerkopfVerdunHulluchSommeCôte 70Arras (1917)VimyChemin des DamesMessinesPasschendaeleCambrai (1917)Cambrai (1918) – Michael – LysAisne (1918)Bois BelleauMarne (1918)Château-ThierryHamelCent-Jours


Front de l’Est
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Afrique et Méditerranée
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La bataille de Tannenberg, (de nos jours Stębark en Pologne) a lieu du 17 août au 2 septembre 1914 entre la VIIIe armée allemande et les 1re et 2e armées russes.

Sommaire

[modifier] Introduction

[modifier] La première bataille de Tannenberg

  • Attention! ne pas oublier la première bataille de Tannenberg (ou de Grunwald), bataille décisive de la fin du Moyen Âge qui vit la victoire complète des Polonais et des Lituaniens contre les chevaliers Teutoniques.
La bataille de Grunwald / Tannenberg, 1410
La bataille de Grunwald / Tannenberg, 1410

En effet, cette bataille devait être décisive, l'Ordre teutonique, défait, ne retrouva jamais son ancienne influence : aussi, après un statu-quo de quarante ans, le conflit suivant (Guerre de Treize Ans) confirmait la défaite complète des Teutoniques.

Ces deux batailles, à cinq siècles d'intervalle, (la première et la seconde bataille de Tannenberg) confirment s'il en était besoin, l'importance stratégique de cette localité.

[modifier] La seconde bataille de Tannenberg

  • Les armées russes envahissent la Prusse-Orientale avec Königsberg pour objectif. Le sort des armes est initialement favorable aux Russes. La première contre-attaque allemande est repoussée le 20 août à Gumbinnen. Après cette défaite, le commandant allemand du secteur Maximilian von Prittwitz ordonne la retraite sur la Vistule, concédant ainsi la totalité de la Prusse-Orientale aux Russes. Pour une telle action de fuite devant l'ennemi, il sera limogé. Le 23 août 1914, Paul von Hindenburg prend le commandement de la 8e armée et reprend l'offensive.

Ayant appris que les deux armées russes sont séparées et que les deux généraux se détestent, les Allemands laissent une mince ligne de troupes face à la première armée de Pavel Rennenkampf puis ils coupent les lignes de ravitaillement et de retraite derrière la seconde armée, sous les ordres de Alexandre Samsonov, qu'ils laissent avancer vers le Nord.

[modifier] Plan de bataille

[modifier] Russes

La stratégie des Russes consiste à prendre en tenailles de la 8e armée de Hindenburg. À l'Est, Rennenkampf avance lentement vers l’Ouest et Samsonov referme le piège en remontant vers le nord à partir du « saillant polonais » (situé au sud de la Prusse-Orientale).

Après l’importante victoire à Gumbinen de Rennenkampf, les Allemands sont en déroute sur toute la ligne. Cependant, les troupes de Rennenkampf sont incapables de poursuivre les fuyards. En effet, la campagne en Prusse-Orientale a été montée si rapidement que d’importants problèmes de logistique n'ont pas été réglés : les rations et les munitions peinent à parvenir au front. Les moyens de communications sont très médiocres, et facilitent grandement la tâche des décrypteurs allemands pour percer les codes. Zhilinsky, commandant du front prussien, ne veut pas enlever à Samsonov la possibilité de refermer les tenailles. Il freine Rennenkampf pour ne pas hâter la fuite allemande et demande à la 2e Armée de foncer vers le Nord.

Pour Samsonov, il est impératif de faire le lien avec Rennenkampf sur le flanc droit. Ce faisant il disperse tellement ses forces, qu’il a de la peine à communiquer. Poussant toujours vers le Nord, il ne fait que s'enfoncer davantage dans le piège allemand.

En aucun moment, Rennenkampf ne tourne au Sud pour venir en aide à Samsonov. Il incline plutôt son avance sur Königsberg. Bientôt, la 2e Armée croule sous le poids des Allemands, toujours plus nombreux, qui l’encerclent. Les renforts russes tentent bien de lui venir en aide en attaquant la formation allemande autour de Samsonov, mais sans succès, ils se replient donc vers la frontière polonaise, laissant Samsonov à son triste sort. Le 30 août 1914, la 2e Armée est bel et bien entièrement annihilée. 92 000 soldats russes sont fait prisonniers.

[modifier] Allemands

À l’arrivée de Hindenburg au quartier général de la 8e Armée, le 23 août, il n’y a pas réellement de stratégie. La retraite vers la Vistule est toutefois stoppée devant Rennenkampf. Le général allemand est bien conscient qu’il lui est impossible d’affronter simultanément les forces de Samsonov et de Rennenkampf, c’est pourquoi il met en pratique le principe de Schlieffen : il désengage le plus de troupes possible en face de Rennenkampf et les dirige vers le Sud grâce à un excellent réseau de chemin de fer. Ainsi, il disposera de plus de forces pour affronter Samsonov. Celui-ci défait, il pourra alors se retourner contre Rennenkampf.

Ce dernier, trompé par ce qu'il croit être une retraite de l’ennemi sur Königsberg, tourne au Nord pour poursuivre cette armée fantôme. Les Allemands en profitent pour envoyer trois corps d’armée au Sud contre la 2e Armée russe. Laissant seulement quelques troupes pour garder les arrières de la 1re Armée russe, ils referment ainsi les tenailles.

Un premier message intercepté par les Allemands leur confirme que Rennenkampf monte vers Koenigsberg et est trop loin pour aider Samsonov. Un second message montre que ce dernier croit encore que les Allemands sont en retraite vers la Vistule et qu’il est en train de poursuivre l’arrière-garde allemande. Hindenburg n’a alors qu’à fermer le piège autour de la 2e Armée.

L’avance incessante de Samsonov est telle qu’il s’enfonce lui-même dans les tenailles et facilite le travail des Allemands. Une fois l’encerclement terminé, il ne reste plus qu’à exterminer le reste de la 2e Armée. Le 29 août, avant même que la bataille ne soit terminée, Ludendorff prépare déjà l’assaut au Nord contre Rennenkampf qui n’a toujours pas bougé.

[modifier] Forces en présence

Soldats russes en route pour le front
Soldats russes en route pour le front

Chacune des armées russes comptent 400 000 hommes tandis que les Allemands n'en ont que 200 000 au début de la bataille, renforcés il est vrai, ensuite par les deux corps venant de l'Ouest.

[modifier] Ordre de bataille

[modifier] Russes

[modifier] Première Armée (Rennenkampf)
  • Corps III, IV et XX
  • 5 brigades de fusilliers
  • 5 divisions de cavalerie
  • 1 brigade indépendante de cavalerie

[modifier] Seconde Armée (Samsonov)
  • Corps I,II, VI XIII, XV, XXIII et Garde
  • 1 brigade de fusillier
  • 3 divisions de cavalerie (4,6,15)

Les Russes doivent traverser la Pologne, souvent hostile à leur égard. Ils doivent laisser des unités pour garder les voies de communication. C'est pourquoi les corps d'armée sont bien en deça de leurs effectifs normaux. On estime qu'il en manque 18%, rien que pour l'infanterie

[modifier] Allemands
Hindenburg et Ludendorff
Hindenburg et Ludendorff

[modifier] Huitième Armée (Hindenburg)
  • Corps I, XVII, XX
  • 1er corps de réserve
  • Garnisons des forteresses (notamment Koenigsberg)
  • 1 division de cavalerie

Les ratios d'infériorités face aux Russes:

  • 1: 1.7 pour l'infanterie
  • 1: 2.7 pour la cavalerie

[modifier] Bilan

La victoire de 1914, permet aux Allemands de combattre en position de force l'armée russe de Rennenkampf et de la vaincre une semaine plus tard aux lacs Mazures (lors de la Première bataille des lacs de Mazurie). L'offensive russe est brisée et le front se maintient jusqu'en 1917 Cette victoire s'avère vitale pour la continuité de la guerre puisqu'aucune troupe n'était présente entre Tannenberg et Berlin, ce qui aurait laissé la possibilité aux Russes, s'ils n'avaient pas été vaincus, de prendre Berlin avant la fin du mois du mois d'août et d'achever la guerre.

Au delà, l'on ne peut que constater qu'à cinq siècles d'intervalle, les forces de l'Est et de l'Ouest se rencontrèrent en ce lieu stratégique. Le seul changement, résidant dans la nature et le sort des armes; la victoire ayant changé de camp...

[modifier] Sources

  • Alexandre Soljenitsyne, La Roue rouge. Août 14, Fayard
  • Brissaud,André, « Schlieffen (A. von) », Encyclopædia Universalis version 7, 2001, CD-Rom
  • Churchill, Winston S, The Unknown War, The Eastern Front, Toronto, The Macmillan Company of Canada Ltd.
  • Golovine, Nicolai N., The Russian Campaign of 1914, Londres, Hugh Rees Ltd, 1933,
  • Hindenburg, Gert von, Hindenburg 1847-1934, Soldier and Statesman, Londres, Hutchinson & Co, 1935,
  • Ironside, Edmund, Tannenberg, the First Thirty Days in East Prussia, Londres, William Blackwood and Sons Ltd., 1933,
  • Ludendorff, Erich, My War Memories 1914-1918, Londres, Hutchinson & Co.
  • Neame, Philip, German strategy in the Great War, Londres, Edward Arnold & Co, 1923,
  • Rutherford, Ward, The Russian Army in World War I, Londres, Gordon Cremonesi, 1975

[modifier] Voir aussi