Utilisateur:Ceedjee/Guerre israélo arabe de 1948

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Guerre israélo-arabe de 1948

Disposition des troupes et offensive lors de la 3ème phase
Informations générales
Date 30 novembre 1947 -
20 juillet 1949
Lieu Palestine mandataire
Issue Victoire israélienne décisive
Victoire jordanienne partielle
Défaite palestinienne totale
Défaite arabe
Belligérants
Haganah
Palmach
Irgoun
Jihad al-Muqadas
Légion arabe
Armée de libération arabe
Contingent égyptien
Contingent irakien
Contingent syrien
Commandants
Israël Galili
Yaakov Dori
Yigal Yadin
Yigal Allon
Abdel Kader al-Husseini
Glubb Pacha
Fawzi al-Qawuqji
Taryk Bey
Forces en présence
850 000 soldats
8 800 canons
500 chars
700 avions[1]
1 253 000 soldats
20 640 canons
1 430 chars
1 100 avions[2]
Pertes
~200 000-250 000 tués, blessés ou prisonniers[3] 450 000 tués, blessés ou prisonniers[4]
Conflit israélo-arabe
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La Guerre israélo-arabe de 1948 est appelée Guerre d'Indépendance par les Israéliens et al Naqba, « la catastrophe », par les Palestiniens et les Arabes[5].

La guerre démarre début décembre 1947. Les dernières opérations ont lieu en mars 1949 et le dernier armistice est signé le 20 juillet 1949.[6] Elle implique militairement juifs palestiniens (le Yichouv) et arabes palestiniens, les pays arabes voisins ainsi que dans une moindre mesure les Britanniques. Ces derniers, la Ligue arabe, l'ONU, l'URSS et les USA en sont des acteurs politiques fondamentaux.

Les historiens divisent cette période en 5 étapes entrecoupées de 2 trêves. On considère parfois à tort que le conflit a commencé les 14 ou 15 mai 1948 qui en restent d'ailleurs des dates clé auxquelles il est commémoré par Israéliens et Palestiniens.[7]

Cette première guerre d'une série de conflits israélo-arabes a établi l'indépendance de l'État d'Israël et a divisé les terres restantes du mandat britannique sur la Palestine entre l'Égypte et la Transjordanie. Elle est aussi à la base de l'exode et des réfugiés palestiniens.


Sommaire

[modifier] Contexte historique

Emblème d'Israël Sionisme Drapeau d'Israël
Définitions

Sionisme
Peuple d'Israël · Terre d'Israël
État juif

Histoire du sionisme

Chronologie
Congrès de Bâle
Plan Balfour · Légion juive
Accord Fayçal-Weizmann
Palestine mandataire · Les livres blancs
Plan de partage · Indépendance d'Israël · Guerre d'indépendance

Immigration juive

La Aliyah avant le sionisme · Le Yichouv
Première Aliyah · Seconde Aliyah · Durant la première guerre mondiale · Troisième Aliyah · Quatrième Aliyah · Cinquième Aliyah · Durant la seconde guerre mondiale · Aliyah Bet
Loi du retour
Opération Tapis Volant · Opération Ezra et Néhémie · Réfugiés juifs des pays arabes · Aliyah polonaise de 1968 · Aliyah d'Union soviétique dans les années 1970 · Opération Josué · Opération Moïse · Opération Salomon · Aliyah d'Union soviétique dans les années 1990 · Aliyah d'Amérique latine dans les années 2000 · Aliyah de France en 2006

Partis, organisations et idéologies

Territorialisme · Hapoel Hatzaïr · Hachomer Hatzaïr · Poale sion et Achdut Ha'avoda · Mapai · Anarcho-sionisme · Mapam · Sionisme religieux · Colonies · Kach et Kahane Chai · Agoudat Israel · Sionisme chrétien · Sionisme révisionniste · Irgoun · Lehi · Betar · Hérout · Sionisme général · Likoud · Lobby sioniste . Postsionisme · Antisionisme · Partis politiques israéliens

Institutions sionistes

Organisation sioniste mondiale · Agence juive · Asefat ha-nivharim · Aipac . Histadrout · Haganah · Kibboutz · Moshav

Personnalités sionistes

Theodor Herzl · Haïm Weizmann · David Ben Gourion · Vladimir Jabotinsky · Joseph Trumpeldor · Golda Meïr · Menahem Begin · Yitzhak Rabin · Shimon Peres · Ariel Sharon

Voir aussi

Catégorie:sionisme · Portail:Israël
Portail:Conflit israélo-arabe · Portail:Palestine

v · d · m

[modifier] Sionisme

Dès la fin du XIXe siècle, la Palestine connaît une immigration de Juifs venant de la diaspora et rassemblés au sein du mouvement sioniste. Ces derniers considèrent que les territoires du Royaume d'Israël biblique sont l'endroit où la nation juive pourra s'autodéterminer et se protéger de l'antisémitisme[8]. Les Arabes, majoritaires en Palestine, s'opposent à cette immigration croissante[9].

[modifier] Contrôle et promesses britanniques

En 1914, le Royaume-Uni et l'Empire ottoman entrent en guerre dans le cadre de la Première Guerre mondiale.

En 1915, le Haut Commissaire britannique d'Égypte, sir Henri McMahon, promet au roi Hussein ibn Ali l'indépendance et le contrôle arabe sur les territoires qui seront libérés de la mainmise ottomane. En 1917, la déclaration Balfour officialise le soutien du gouvernement britannique à l'établissement d'un foyer national juif en Palestine. En décembre 1917, le général Allenby prend Jérusalem. En 1918, le Royaume-Uni achève sa prise de contrôle de la Palestine et défait les armées ottomanes.

En juillet 1922, la Société des Nations confie au Royaume-Uni un mandat sur la Palestine et en septembre, les Britanniques fondent l'Émirat arabe de Transjordanie sur la rive est du Jourdain[10].

[modifier] Conflit inter-palestinien

Dès la fin des années 1920, l'immigration s'intensifie de par l'arrivée des Juifs fuyant les persécutions en Europe. De nombreux conflits éclatent entres Juifs et Arabes. Notamment, les émeutes de 1929 qui font 133 morts côté juif et 116 côté arabe et la Grande Insurrection de 1936 à 1939 au cours de laquelle les Arabes entament une grève générale qui se solde par plus de 5000 morts côté arabe et 500 morts côté juif[11] et qui voit l'arrestation, l'exil ou la mort de la plupart des leaders politiques arabes palestiniens[12].

Suite à cette insurrection, les Britanniques envisagent tout d'abord une partition entre les populations juive et arabe. Une commission est désignée, dirigée par Peel. Ses travaux aboutissent en 1937 à un plan de partage qui n'est finalement pas retenu. En lieu et place, les Britanniques adoptent, en 1939, le troisième Livre Blanc qui abandonne l'idée de la partition des territoires du mandat en faveur d'un État indépendant palestinien gouverné par les Arabes et les Juifs et limitent drastiquement l'immigration juive vers la Palestine[13].

[modifier] Shoah

En 1945, on compte environ 600 000 Juifs pour 1 200 000 Arabes en Palestine[14] tandis que 250 000 Juifs, survivants de l'Holocauste, attendent dans les camps de réfugiés en Europe et à Chypre[15].

[modifier] Tentatives de solution diplomatique

Durant la période 1945-1947, plusieurs plans vont être proposés pour apporter une solution au problème de la Palestine. Au niveau local, les représentants juifs et arabes adoptent des positions nationalistes inconciliables et refusent l'un et l'autre toute idée d'un état bi-national. Les positions internationales ne sont pas plus conciliables : en juillet 1946, les Britanniques proposent un plan de division de la Palestine en provinces autonomes dont les intérêts collectifs seraient gérés par une puissance mandataire (rapport Morrison-Grady). Le 4 octobre, le président Truman fait une déclaration favorable à un partage de la Palestine entre Juifs et Arabes. En février 1947, le ministre des Affaires étrangères britanniques, Ernest Bevin, propose une libre immigration juive contre l'indépendance de la Palestine dans un délai de cinq ans. En réponse, les Sionistes avancent leur propre projet de partage, tandis que les Arabes demandent l'indépendance immédiate de la Palestine[16].

Le 18 février 1947, faute de pouvoir apporter une solution aux troubles dans le pays, Ernest Bevin annonce officiellement la transmission du dossier à l'ONU. Le 28 avril, celle-ci confie à une commission spéciale, l'UNSCOP, le soin d'étudier le problème. Celle-ci remet son rapport fin août.

Le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale des Nations unies approuve un plan de partage de la Palestine mandataire en deux États : l'un juif, et l'autre arabe; La ville de Jérusalem[17] relevant quant à elle d'un statut de ville internationale. Le plan est accepté par les Juifs qui ont milité en ce sens mais il est rejeté par les Arabes palestiniens et par l'ensemble des pays arabes qui exigent la création d'un État indépendant arabe sur l'ensemble de la Palestine. La guerre civile éclate dès le lendemain.

[modifier] Situations politique et militaire au 30 novembre 1947

Plan de partage de 1947 - Voir aussi carte détaillée (ONU)
Plan de partage de 1947 - Voir aussi carte détaillée (ONU)

A la différence de la plupart des conflits modernes, les parties n'étaient pas divisées en deux camps distincts. Militairement, le Yichouv et les Arabes se sont opposés sous l'oeil des Britanniques jusqu'à leur départ le 14 mai 1948. Diplomatiquement et politiquement, les divisions étaient bien plus grandes, chacun mettant en avant des objectifs et des intérêts divergents.

La politique et les intérêts des parties au conflit (le Yishouv, les Arabes, les Britanniques et dans une moindre mesure les USA et l'URSS) ont joué un rôle fondamental dans l'issue de la guerre, tout comme ils avaient déjà joué un rôle dans la bataille diplomatique qui mena au vote du Plan de Partage de la Palestine ([III], pp.34-72).

Les parties disposaient également de moyens militaires différents pour mettre en oeuvre leurs ambitions et leurs objectifs politiques.

[modifier] Centralisation des opérations du Yichouv autour de David Ben Gourion

[modifier] Structure politique du Yichouv

Depuis la fin des années 1930, la communauté juive en Palestine, appelée le Yichouv, s'est construite une structure politique puissante et efficace dont les pratiques et les dirigeants sont soumis aux principes démocratiques ([III], pp.74-79). La majorité des partis sionistes, à l'exception de la droite nationaliste du parti Révisionniste se trouvent représentés dans deux organisations dirigeantes principales : l’Agence juive en Palestine et l'Organisation sioniste mondiale au niveau international. Au sein de ces deux organisations, la gauche sioniste représentée par le Mapaï de David Ben Gourion est majoritaire en alliance avec les centristes représentés par les Sionistes généraux de Chaïm Weizmann.

En novembre 1947, tout le pouvoir de décision est concentré au sein de deux comités, l’un militaire et l’autre politique, auxquels sont transférés les pouvoirs du Comité exécutif national et qui sont dirigés par David Ben Gourion ([III], p.79).

Les deux organisations armées clandestines issues de la droite nationaliste, l'Irgoun de Menahem Begin et le Lehi d'Yitzhak Shamir conservent leur autonomie vis-à-vis de l'Agence juive. Elles gardent le droit d'acheter des armes[18] de leur côté mais se « soumettent à Ben Gourion » ([III], p.79). Elles sont considérées comme terroristes par les autorités britanniques ([IX], p.74) et l'Agence Juive s'en dissocie, tout en les tolérant[19].

[modifier] Forces militaires et paramilitaires

  • Organisation

L’organisation en milices de la Haganah est transformée pour se rapprocher de celle d'une véritable armée. Dès novembre 1947, elle est placée sous le commandement militaire unifié d'un état-major (Hamifkada Haarzit), avec à sa tête Yaakov Dori et son second Yigael Yadin (en réalité le général en chef de facto ([VII], p.4)). L'état-major est lui-même placé sous l’autorité directe du cabinet politique dirigé par David Ben Gourion ([III], p.79).

En novembre 1947, la Haganah est une force paramilitaire clandestine. Elle se structure autour d'une force mobile, le Hish, comportant 2 000 hommes et 10 000 réservistes (âges entre 18 et 25 ans) et une force d'élite, le Palmach, comportant 2 100 hommes et 1 000 réservistes. Les réservistes effectuent un entraînement de 3-4 jours / mois et retournent à la vie civile le reste du temps. Ces forces mobiles peuvent s'appuyer sur une force de garnison, le Him, totalisant 20 000[20] âgés de plus de 25 ans et sur le Gadna, regroupant 9 500 jeunes de 14 à 17 ans. La Haganah dispose d'une « force navale », le Palyam, qui compte 350 hommes. Tous comptes faits, cela donne une force mobile comprenant entre 15 000 et 18 000 hommes mobilisables qui peuvent s'appuyer sur 20 000 hommes en garnison[21] ([II], p.73; [VI], pp.540-541; [VII], p.16; [VI], p.25).

Le Yishouv s'est également doté de deux services de renseignements : un intérieur, le SHAY, dirigé par David Shealtiel et Iser Beeri avec une section arabe fondée par Ezra Danin et un extérieur, le Da'at avec sa section arabe, le Da'at/A dirigée par Joshua Palmon ([II], pp.393-410).

  • Qualité des troupes

Selon Gresh et Vidal, « la liste [des troupes] s'avère [toutefois] trompeuse car, en pratique, seul le Palmach dispose de recrues entraînées, expérimentées et donc à même d'assurer d'autres missions que la traditionnelle protection des colonies » ([V], p.146). Sur la wikipedia anglophone, on note cependant qu'une forte proportion des membres du Palmach et de la Haganah sont des vétérans qui ont fait partie des 28 000 soldats ayant servi dans l'armée britannique au sein de la Brigade juive ([VII], p.12) ou des 20 000 hommes qui ont servi dans la police ou dans des unités mandataires (Le Notrim et la police auxiliaire juive, les SNS -Special Night Squads-, le FOSH plus tard fusionné dans le FISH).

Toutefois, même si certains de ses membres ont l'expérience des armées modernes, la Haganah en tant que telle n'a jamais mené, du fait de la clandestinité, d'opérations d'envergure comme nécessaire en période de guerre. Sa plus grande unité tactique est la compagnie et sa plus grande unité opérationnelle est la section ([VII], p.16). Fin 1947, la Haganah ne comporte qu'une brigade d'infanterie[22] ([III], p.80).

Le Palmach est une unité d'élite constituée de commandos. Il a pour mission principale de tenir les kibboutzim avancés et isolés comme en Galilée, le long de la frontière syrienne, aux alentours de Jérusalem (Kfar Etzion) et dans le Néguev. Cette utilisation des unités d'élites s'inscrit dans politique de Ben Gourion qui « interdit » l'abandon de toute terre sous contrôle juif.

  • Irgoun et Lehi

L'Irgoun et le Lehi conservent leur autonomie militaire mais gardent des contacts informels avec la Haganah. L'objectif de création d'un état juif les rapproche. L'Irgoun compte de 2 000 à 4 000 combattants et le Lehi entre 500 et 800 ([IV], p.25 ; Gresh et Vidal [V], parlent de 4000 et 1000 respectivement).

L'Irgoun avait mené une campagne d'attentats contre les civils arabes entre 1937 et 1939, avant de décréter un cessez-le-feu en 1940. Une faction de l'Irgoun a refusé ce cessez-le-feu et créé le Lehi dès 1940. Les actions du Lehi ont alors visé les Britanniques. En février 1944, l'Irgoun met fin à son cessez-le-feu et prend les armes contre les Britanniques. Cette campagne des deux organisations durera jusqu'en 1947, et explique en partie le retrait britannique[23].

De novembre 1947 à leur dissolution (mai-juin 1948) le Lehi et l'Irgoun reprendront leurs attentats contre les civils arabes. Bien que les Britanniques soient en phase de retrait, on note encore des actions ponctuelles de l'Irgoun contre ceux-ci[24] accusés de favoriser les Arabes[25].

[modifier] Armement et équipement

L'armement et l'équipement font défaut aux forces juives[26] du fait de l'opposition des autorités mandataires à la présence de toute milice armée sur le territoire sous son contrôle. Dans le cadre du maintien de l'ordre, les Britanniques effectuent des inspections régulières le long de routes et dans les implantations juives. Toutes les armes trouvées sont confisquées. Les forces juives sont en conséquence très mal équipées, ne disposent que d'armes légères et de véhicules blindés artisanaux[27].

« En avril 1947, dans les stocks de la Haganah, on dénombre très exactement 10 073 fusils, 1.900 mitraillettes, 444 mitrailleuses légères, 186 mitrailleuses moyennes, 676 mortiers de 2 pouces, 96 mortiers de 3 pouces, 93 738 grenades à main et 4 896 603 cartouches. Pas de mitrailleuses lourdes, pas de canons, et a fortiori ni char, ni avion, ni navire de guerre » ([V], p.146 ; [IV], p.25 ; Gelber [II], p.13 confirme ces chiffres mais les considère sous-estimés). Ce stock d'armes est clandestin, le port d'armes étant un crime passible de la peine de mort ([IV], p.25) et à mettre en parallèle avec le nombre de combattants disponibles : environ 35 000. En pratique, seul 1 combattant sur 3 est armé et cette proportion se monte à 2 sur 3 au sein du Palmach ([IV], p.25).

Le Yichouv s'est néanmoins organisé pour pallier ces manques. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, plusieurs ateliers clandestins de fabrication d'armes ont été installés sur le territoire du mandat. Entre octobre 1947 et juillet 1948, ils fabriqueront plus de 3 000 000 cartouches, 150 000 grenades, 16 000 mitraillettes stens et 210 mortiers de 3 pouces ([VII], p.16).

Les Juifs ne manquent pas non plus d'audace. Sous la direction de Yehuda Arazi, un ancien membre de la police palestinienne mandataire, la Haganah pille des convois de munitions et des entrepôts d'armes britanniques. Sa tête est mise à prix à 2 000 livres sterling par les Autorités Mandataires ([VI], p.110).

Yehuda Arazi achète également des armes en Europe. Pour les acheminer, il utilise la couverture d'une fabrique de matériel agricole qu'il a racheté à Varsovie. Entre 1945 et 1948, ce sont près de 3 000 fusils, 226 mitrailleuses, 10 000 grenades, 3 000 000 de cartouches, des centaines d'obus de mortiers et 3 avions de tourisme qu'il a réussi à introduire en Palestine ([VI], p.110).

Deux anecdotes illustrent la pauvreté de l'armement dont dispose le Yichouv :

  • À Jérusalem, un faux couple d'amoureux de l’Irgoun dépouille de leurs armes les soldats britanniques qui ont le tort de se promener seuls. Ce sont près de 80 revolvers qui sont ainsi rassemblés ([VI], p.229).
  • Deux vieux canons turcs entreposés au Menorah Club de Jérusalem sont dérobés une nuit et sciés. David Leibovitch, un ingénieur agronome d’origine sibérienne en fera les premières armes lourdes de la Haganah : les Davidka. ([VI], p.226).

À partir de 1947, la Haganah se procure armes, munitions et un peu d'armement lourd (principalement des avions) dans les surplus laissés par la Seconde Guerre mondiale, en Europe et en Amérique du Nord. L'approvisionnement prendra une ampleur nettement plus importante par la suite (voir le § : le problème du matériel)[28].

[modifier] Dissensions au sein du camp arabe

Les camps palestiniens et arabes sont divisés par des intérêts divergents accentués par au minimum de la méfiance voire une hostilité ouverte qui les « rendent incapables d’un effort concerté d’organisation interne ». ([IX], p.71).

Une description complète des ambitions de chaque camp est compliquée et fastidieuse. Pappé résume la situation en ces termes : « (…) il n’est guère intéressant de s’attarder sur les subtilités de leurs divergences. (…) Mais ils ne pouvaient pas faire grand choses pour sauver les Palestiniens du désastre où allaient les conduire la suffisance des politiciens et l’incompétence des généraux. » ([III], p.103).

En synthèse, il y a 3 factions principales dans le camp arabe :

La Ligue Arabe jouant quant à elle un rôle de porte-parole.

[modifier] Structures politiques et militaires palestiniennes

  • La représentativité réelle du Haut Comité Arabe

La structure politique palestinienne de l'époque est de double nature : à côté d’une féodalité rurale basée sur les clans, les centres urbains et en particulier Jérusalem sont dirigés par de grandes familles rivales parmi lesquelles les Nashashibis et les Husseinis.

Suite à la Grande Révolte de 1936-1939, les Husseinis, rassemblés au sein du Haut Comité Arabe et avec à leur tête le Grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini, ont pris le pas sur les Nashashibis.

Toutefois, ce dernier ne fait pas l'unanimité et son autorité n'est pas reconnue partout. De plus, il n'a pas encore su organiser les relais permettant de garantir une véritable structure nationale en dehors des grandes agglomérations. Localement, les « comités nationaux » agiront la plupart du temps de manière indépendante.

Ainsi, tandis que les intentions du Haut Comité Arabe sont claires et opposées à toute négociation avec le Yishouv, les pouvoirs locaux ont la plupart du temps négocié des accords séparés avec les autorités sionistes ([IX], p.82).

Le Haut Comité Arabe annonce de son côté, et sans ambiguïté, qu'il s'opposera à la partition de la Palestine et à la création d'un État juif par tous les moyens, dont l'usage de la force ([XVI], §II.6).

Dans les faits, la classe politique palestinienne abandonne ses responsabilités. « En juillet 1947, sur les 12 membres du Haut Comité arabe, il n’en reste que 3 en Palestine. Les autres sont à Damas tandis que le chef du mouvement, le Mufti Hadj Amin Al Hussein, est au Caire. Les Anglais lui ont interdit de se rendre en Palestine mais alors que cette interdiction a été réduite à la région de Jérusalem, jamais il ne se rendra dans les villes et villages de la Palestine du mandat » ([III], p.99). La plupart des dirigeants locaux seront également les premiers à quitter le pays une fois que la violence éclatera ([II], p.77).

Le Mufti n'a pas non plus de reconnaissance internationale. Les Britanniques le considèrent comme un ennemi ([IX], p.72) notamment suite à son implication dans la Grande Révolte. Enfin, sa collaboration avec le régime Nazi durant la Seconde Guerre mondiale ne lui attire pas la sympathie internationale. Dans le contexte de la Shoah, ces liens font de lui une figure d'ennemi emblématique voire mythique aux yeux de la communauté juive[29].

« Même ses "alliés" arabes se méfient de lui. Il est devenu persona non grata dans les sommets arabes qui se succèdent pour préparer la lutte contre le plan de partition » ([III], p.104). Il parviendra toutefois à imposer sur le terrain deux de ses représentants : son neveu, Abdel Kader al-Husseini ainsi qu'Hassan Salameh, mais les conflits entre politiciens se retrouveront entre généraux sur le terrain.

  • Jihad al-Muqadas (Armée de la Guerre Sainte)

Les troupes palestiniennes sont rassemblées au sein de l'Armée de la Guerre Sainte mais il s'agit plus de l'armée personnelle des Husseinis que d'une véritable armée palestinienne.

Initialement composée de quelques centaines d'hommes, cette force se montera fin mai 1948 à 4 000 hommes, dont de nombreux Frères Musulmans, et sera renforcée plus tard par 8 000 volontaires, dont seulement entre 1/10 et 1/4 de Palestiniens ([III] p.98).

Parmi ces volontaires, se trouveront des mercenaires européens. A la mi-février, plusieurs centaines de Bosniaques Musulmans, anciens de la Wehrmacht ([VI], p.230), rejoindront les Arabes de Haïfa et les forces de Salameh à Lydda où ils serviront d'instructeurs aux Palestiniens. Abdel Kader al-Husseini accueillera également une trentaine d'Allemands et des déserteurs britanniques ([II] p.43).

La Jihad al-Muqadas sera active principalement dans le siège de Jérusalem en attaquant les convois de ravitaillement en provenance de Tel-Aviv ainsi que dans le siège des implantations juives du Néguev.

Toutefois, « ils seront trop peu et trop faibles pour avoir un impact sur le rapport des forces dans le pays » ([II] p.37).

  • Forces locales

Des milices locales sont instaurées dès le début des hostilités et rassemblent d'anciens soldats palestiniens de l'armée britannique dans laquelle environ 12 000 d'entre eux ont servi, les membres d'organisations paramilitaires d'avant la guerre (telles que Najada et Futuwa) et d'anciens policiers ou des déserteurs des Forces frontalières transjordaniennes. Sur l'ensemble de la Palestine, leur nombre se montera entre 11 000 et 12 000 hommes. Leur rôle dans le conflit restera toutefois limité et passif ([III], p.78 ; [IV], p.26 ; [II], p.5).

  • L'armement

Les Arabes palestiniens sont soumis au même problème que les Juifs. Pendant la rébellion de 1936-39, les Britanniques ont confisqué une large portion des armes que les Arabes possédaient. Toutefois, en 1942, le SHAY a calculé que les Arabes palestiniens disposaient de 50 000 armes à feu. Cette « estimation très exagérée » augmente encore après la guerre suite aux rapports de vol dans les camps militaires et les achats d'armes dans les pays arabes voisins ([II], p.39).

Tout comme les Juifs, ils vont faire appel à l'improvisation en dérobant munitions, armes et pièces de rechange dans les dépôts britanniques, ou en dérobant des camions chargés d’armes avec la complicité de certains Britanniques. Le 14 décembre 1947, des militants arabes volent ainsi 400 fusils et mitraillettes ainsi qu'un stock important de munitions dans les dépôts des auxiliaires de police arabes à Ramleh. Toutefois, ces méthodes sont limitées. Elles ne suffisent pas à constituer des stocks d’armes assez importants pour mener une guerre ([II], p.38).

En synthèse, la direction palestinienne n'a clairement pas les moyens de ses ambitions. Elle « ne dispose pas de véritable force militaire et (…) sans appui extérieur, elle n’a absolument aucune chance de succès contre les Juifs » ([III], pp.97-99).

[modifier] Le Roi Abdallah de (Trans)Jordanie

Carte de la Palestine et de la Transjordanie (1922 - 1948)
Carte de la Palestine et de la Transjordanie (1922 - 1948)

La Transjordanie est certes un petit État de moins de 500 000 habitants, mais les Hachémites ont toujours été fidèles aux Britanniques et sont leurs alliés les plus solides au Moyen-Orient. Ils sont donc soutenus par le Foreign Office dans le chef d'Ernest Bevin ([IX], p.55).

  • Politique

Le roi Abdallah Ier de Jordanie a été un allié des Nashashibis, ce qui fait du Mufti son ennemi en Palestine ([III], p.105). Mais ce sont surtout les divergences d'objectifs politiques qui vont opposer les deux hommes.

En 1945, Abdallah a fait part au Foreign Office de son ambition de constituer une « Grande Syrie » dont il aurait assuré la direction, regroupant la Syrie, le Liban, la Palestine et la Transjordanie ([IX], p.55). Le Mufti et son projet d'état palestinien indépendant sont donc ses adversaires naturels.

« L’absence chez lui d’antisémitisme –ce qui le différenciait beaucoup de dirigeants arabes de l’époque– et une communauté d’intérêts avec les sionistes pour s’opposer au mouvement national palestinien » le poussèrent donc à se rapprocher des autorités sionistes dès l'époque de la Grande Révolte ([III], pp.158-169 - l’accord entre Juifs et Hachémites, le partage des dépouilles).

En novembre 1947, quelques jours avant le vote à l’ONU sur le plan de partition, lors d’une rencontre secrète entre Golda Meir et le roi Abdallah organisée dans une centrale électrique juive de Transjordanie, ce dernier confirme à Golda Meïr son amitié pour la cause sioniste. Il se montre favorable au plan de partage et déclare que si l’ONU le vote, il annexera le territoire accordé aux Arabes. ([VI], p.143)[30].

Abdallah Ier de Jordanie
Abdallah Ier de Jordanie

Il n'est pas clair de savoir dans quelle mesure les intentions d'Abdallah étaient connues des autres dirigeants arabes.

  • Légion Arabe

Grâce au soutien Britannique, la Transjordanie dispose de l'armée la plus moderne du Moyen-Orient, ce qui donne au roi Abdallah les moyens de sa politique.

En 1947, elle compte 8 000 hommes, et passe à 10 000 hommes au début de l'année 1948 lors du démantèlement des Forces frontalières transjordaniennes dont beaucoup des 3 000 hommes la rejoindront ([IV], p.27). Elle est équipée, entraînée et encadrée par 37 officiers britanniques, avec à leur tête le célèbre Glubb Pacha. Elle a participé à plusieurs campagnes en Irak et en Syrie en 1941.[31] Elle servira aussi de force de police mandataire en Palestine et aura des garnisons dans le pays jusqu'au départ des Britanniques ([II], p.22).

La Légion Arabe est organisée en 4 régiments d'infanterie mécanisés soutenus par 75 véhicules blindés et 40 pièces d'artillerie répartis en 4 bataillons et plusieurs compagnies d'artillerie ([IV], p.27).

Les véhicules blindés sont des blindés légers de type Marmon-Herrington Armoured Car[32] disposant notamment d'un canon anti-chars de calibre 40 mm capable de tirer des obus de 1 kg à un rythme d'environ 15 coups à la minute et de percer un blindage de 35 mm à 1000 m. A titre de comparaison, les véhicules blindés artisanaux utilisés par la Haganah disposent d'un double blindage de 2 x 4 mm. ([VI], p.228)

A ceux-ci viennent s'ajouter des véhicules de reconnaissance de type Otter canadien et le soutien d'artillerie aux brigades est fourni au moyen de canons de montagneHowitzer de 3,7 pouces pouvant tirer des obus de 20 kg à 5,5 km.

[modifier] L'Irak hachémite

À l'époque du conflit, l'Irak compte une population de l'ordre de 5 000 000 habitants. Les Britanniques ont placé les Hachémites à la tête de l'État et ces derniers essaient d'y imposer un pouvoir politique fort. Le pays connaît la pire situation interne des États du Moyen-Orient : une situation socio-économique déplorable (le taux de mortalité par exemple est 10 fois supérieur à celui des pays industrialisés à l'époque), une rébellion kurde qui vient d'être matée et des conflits politico-religieux entre Arabes sunnites (minoritaires) au pouvoir et la majorité chiite. ([IX], pp.52-54).

  • Politique

Le conflit israélo-palestinien est d'autant plus problématique pour l'Irak que la source principale de revenus du pays, le pétrole, est dépendante de l'oléoduc qui aboutit à Haïfa. De fait, la fermeture de cet oléoduc provoquera après la guerre une grave crise financière. ([IX], p.55)

Sous la poussée de sa population, tout en étant soupçonné de collusion avec la Transjordanie (deux branches de la famille hachémite sont ou pouvoir dans les deux pays), l'Irak enverra un des plus gros contingents arabes en Palestine.

  • Armée irakienne

Les forces militaires irakiennes ont une taille équivalente aux forces égyptiennes mais sont mieux équipées, organisées et entraînées. Elles sont structurées en 3 divisions soutenues par un bataillon de 15 à 20 chars, 200 véhicules blindés et entre 70 à 80 pièces d'artillerie. Les forces aériennes irakiennes disposent de 80 appareils dont la moitié sont opérationnels ([IV], p.27).

Toutes ces forces ne seront pas impliquées dans le conflit. La contribution irakienne initiale sera de 3 000 hommes ([IX], p.91) et culminera à 20 000 hommes fin 1948 ([II], p.251).

[modifier] L'Égypte du roi Farouk

Carte de l'Egypte
Carte de l'Egypte

À l'époque des événements, l'Égypte est une monarchie constitutionnelle et compte environ 20 000 000 habitants. Elle vient d'acquérir son indépendance, et dispose aux Nations unies d'un statut équivalent aux autres pays alliés de la Seconde Guerre mondiale.

  • Politique

La politique égyptienne est dominée par les questions relatives au nationalisme arabe qui secouent le Moyen-Orient depuis la fin des années 1930. Elle est en conflit diplomatique et politique avec le Royaume-Uni sur la question du sud de la vallée du Nil (Soudan) et sur la question de la présence de troupes et de bases britanniques sur son territoire.[33] Le 8 juillet 1947, elle porte d'ailleurs l'affaire devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

Au niveau de la politique intérieure, le gouvernement en place doit faire face au nationalisme islamiste des Frères musulmans ainsi qu'à une pression populaire très favorable à la cause palestinienne.

Le gouvernement égyptien a entretenu des relations avec les mouvements sionistes jusqu'en novembre 1947. Il soutient bien entendu la cause palestinienne et en particulier le Grand Mufti qui est réfugié au Caire, mais c'est principalement pour contrecarrer les visées du Roi Abdallah sur la Palestine.

Toutefois, l'Égypte n'est pas disposée à entrer en guerre ou à s'opposer militairement au Plan de Partage, et ne se prépare donc pas à une intervention. Les troupes sont gardées en réserve pour maintenir l'ordre intérieur et garder les voies de communications.

  • Armée égyptienne

L'état-major égyptien est confiant. Dans un entretien avec le roi Farouk, le général Haïdar certifiera que l'armée est prête à se battre. « Il n'y aura pas de guerre avec les Juifs. Ce sera une parade sans le moindre risque et notre armée sera à Tel-Aviv en moins de 2 semaines » alors qu'en réalité, celle-ci n'a pas du tout été préparée et ne dispose même pas de cartes de la Palestine !([VI], p.453)

L'Égypte dispose d'une armée régulière comprise entre 35 000 et 45 000 hommes ([IV], p.27 ; [VI], p.517) formée par les Britanniques. Toutefois, selon ces derniers, l'armée égyptienne est de piètre qualité et « ne peut pas être sérieusement considérée comme une force d'invasion » ([III], p.153).

Les troupes sont réparties en 3 brigades d'infanterie, 1 brigade blindée qui comprend environ 50 chars et 3 bataillons d'artillerie équipés de canons Hutziwer de 65 ([IV], p.27). Elle dispose également d'une force aérienne répartie en 5 escadrons ([IV], p.27) et comportant : 12 Spitfire LF9, 8 Spitfire V, 9 Anson, 7 C-47, 12 Harvard, 2 Dove, 10 Magister et 10 vieux Westland Lysenders utilisés pour des attaques au sol et la communication entre QG. A cela vient s'ajouter environ autant d'avions de chaque type mais non opérationnels ([10]).

Ce n'est que quelques jours avant le 14 mai 1948 que sans prendre l'avis de son gouvernement le roi Farouk Ier d'Égypte ordonnera l'implication de l'Égypte dans la guerre en transmettant ses ordres directement aux généraux. Le contingent égyptien comprendra initialement 6 000 hommes organisés en 2 brigades ainsi que plusieurs contingents de volontaires totalisant environ 2 000 hommes ([IV], p.56). Ses effectifs se monteront à 22 000 hommes au moment de l'opération YOAV ([II], p.203).

[modifier] La Syrie, le Liban, l'Arabie saoudite et le Yémen

Carte de la Syrie et du Liban
Carte de la Syrie et du Liban

La Syrie compte à l'époque un peu moins de 3 000 000 habitants. Le 17 juillet 1946, elle accède à l'indépendance suite à la fin du mandat français sur le pays.

  • Politique

Sa situation est fort similaire de celle de l'Égypte : sa politique intérieure est également dominée par des questions liées au mouvement nationaliste arabe. Elle se méfie toutefois nettement plus des visées expansionnistes des Hachémites, tant vis-à-vis de la Palestine que vis-à-vis d'elle-même. Son Président Shukri al-Kuwatli est un proche de l'Arabie saoudite et du Grand Mufti et fait partie de la tendance nationaliste arabe anti-hachémite ([IX], pp.43-49, p.45).

La Syrie est décidée à intervenir dans le conflit et s'implique particulièrement ([IV], p.28). Elle abrite sur son territoire, dans la banlieue de Damas, les camps d'entraînements des troupes de l'Armée de libération arabe et utilisera son statut d'État souverain pour leur acheter des armes sur le marché international. ([VI], p.97).

Le Liban compte environ 1 200 000 habitants et l'Arabie saoudite moins de 500 000 ([IX], pp.43-49). Leur intervention dans le conflit s'inscrit dans la logique de leurs engagements arabes mais, du fait de leur petite armée, ils ne joueront qu'un rôle mineur dans les combats.

  • Forces militaires

Les armées syriennes et libanaises ont été formées par les Français lors de leur récent protectorat sur la région. Elles sont à l'époque fort peu développée. L'armée libanaise totalise environ 3500 hommes répartis en 4 brigades d'infanterie et un régiment mécanisé soutenus par des unités de cavalerie et quelques pièces d'artillerie. Les forces syriennes totalisent environ 10 000 hommes mais sont dans une phase transition venant d'une organisation désuète sous forme de forces de gendarmerie et cavalerie vers la formation d'une division d'infanterie. En conséquences, seules 2 des 3 brigades de la division sont opérationnelles. Les forces syriennes sont appuyées par un bataillon mécanisé composé de chars (obsolètes) d'origine française et par une vingtaine d'avions d'entraînement convertis en bombardiers et chasseurs ([IV], p.28).

La Syrie enverra une brigade d'infanterie soutenue par une compagnie de chars, deux compagnies de véhicules blindés et 24 pièces d'artillerie ([II], p.141), soit environ 5000 hommes.

Le 10 mai le gouvernement libanais annoncera qu'il ne prendrait pas part aux opérations militaires, obligeant les généraux syriens et irakiens à redéfinir leurs plans ([II], p.132).

L'Arabie saoudite enverra un contingent de 800 hommes répartis en 3 bataillons ([II], p.200), qui attendront à Aqaba pour se joindre aux forces égyptiennes lors de leur offensive ([II], p.55).

[modifier] La Ligue Arabe

Drapeau de la Ligue arabe
Drapeau de la Ligue arabe
  • Puissance potentielle

La création de la Ligue arabe le 22 mars 1945 s'inscrit dans le courant nationaliste panarabique. Elle rassemble initialement l'Égypte, l'Irak, la Syrie, la Transjordanie, le Liban, le Yémen et l'Arabie saoudite dans un but commun de défense des intérêts arabe sur le plan international[34]. Son secrétaire général est l'Égyptien Abdul Rahman Hassan Azzam, dit aussi Azzam Pacha

« La puissance potentielle qu'elle représente est considérable. Ensemble, ces 7 pays règnent sur 45 000 000 d'hommes », dont une importante communauté juive, « dispersés sur 5 000 000 de km², une entité 30 fois plus peuplée et 200 fois plus étendue que la Palestine. Sous leurs immensités désertiques se trouvent les plus importantes réserves de pétrole du monde. Ils commandent à 5 armées régulières dont 3, celles de l'Égypte, de la Transjordanie et de l'Irak sont loin d'être négligeables ». ([VI], p.131). Selon les services de renseignements israéliens de l'époque, la totalité des forces militaires des membres de la Ligue Arabe se monte à 165 000 soldats avec un budget militaire de 28 000 000 de livres sterling. ([III], p.153).

« Si cette force avait été massivement jetée dans la bataille, malgré le pessimisme des Anglais sur sa valeur opérationnelle, elle aurait pu orienter la guerre d'une façon moins favorable aux Juifs qu'elle ne l'a été » ([III], p.153-154). Mais cette image de puissance et d'unité cache en réalité des dissensions internes évidentes au vu des relations qui lient ses membres.

  • Politique

La Ligue arabe est en toute logique directement concernée par le dossier palestinien qu'elle prend en charge dès 1946 est parlant au nom du peuple arabe palestinien devant les différentes commissions créées pour étudier le dossier ainsi qu'avec les délégations sionistes. « L’un des premiers actes de l’organisation a donc été de proclamer le soutien général des Arabes à la cause de la Palestine. Mais chacun des dirigeants arabes a ses propres idées sur la meilleure façon de servir cette cause. Et le plus souvent, l’idée est de saisir l’occasion pour servir les intérêts des dirigeants eux-mêmes, ou du moins de leurs pays ». ([III], p.102).

Elle est décidée à s'opposer au plan de partage : le mémorandum de la réunion de la Ligue au Caire en décembre 1947 stipule que « la Ligue arabe est résolue à empêcher la création d'un État juif et à protéger l'intégrité de la Palestine en tant qu'État arabe uni et indépendant » ([VI], p.137).

Dans les faits c'est principalement par des déclarations tonitruantes qu'elle se distingue. « toute une semaine de débat n'avait pu dégager la volonté commune dont les Arabes avaient besoin pour appliquer une telle résolution, le flot des communiqués enflammés qui avaient, jour après jour, proclamé leurs intentions belliqueuses les rendait prisonniers de leur propre rhétorique » ([VI], p.137).

Le 16 septembre 1947, lors d’une réunion entre des représentants de l’Agence juive et Azzam Pacha, le secrétaire de la Ligue arabe, ce dernier déclarait :

« Le monde arabe n’est pas d’humeur à faire des compromis. Il est possible, M. Horowitz, que votre plan soit rationnel et logique ; mais le destin de nations ne se décide pas sur des critères de logique rationnelle. Les nations ne concèdent jamais, elles combattent. Vous n’obtiendrez rien par la paix ou le compromis. Vous obtiendrez peut-être quelque chose, mais seulement par la force des armes. Nous essaierons de vous battre. Je ne suis pas sûr que nous réussirons, mais nous essaierons. Nous avons été capables de nous débarrasser des Croisés, mais en revanche nous avons perdu l’Espagne et la Perse. Peut-être perdrons-nous la Palestine. Mais il est trop tard pour parler de solutions pacifiques »[35].
  • l'Armée de libération arabe

La Ligue arabe décide de financer et d'entraîner une armée de volontaires qui iront combattre en Palestine. Le mémorandum du Caire ratifie la décision de fournir 10 000 fusils, 3 000 volontaires et 1 000 000 de livres sterling pour permettre un déclenchement immédiat des opérations de guérilla en Palestine ([VI], p.137).

L'Armée de libération est ainsi créée. On place à sa tête le Libanais ([II], p.46) Al Qawukji, un héros de la lutte pour l'indépendance arabe. Il a notamment participé à la révolte palestinienne en 1937-1938 au côté des Nashashibis ([III] p.104), ce qui fait de lui le candidat des 2 royaumes Hachémites ([III] p.105) et un ennemi des Husseini. C'est aussi un proche la Syrie, où il espère obtenir le poste de ministre de la Défense ([II] p.46). Lors d'une entrevue avec Joshua Palmon, chef de la section arabe du Da'at ([II], p.405), il déclarera :

« Il m'est indifférent que vous vous battiez contre Abdel Kader. J'espère même que vous lui donnerez une bonne leçon. Et il ne faudra pas qu'il compte sur mon aide » ([VI], p.370).

L'Armée de libération et l'Armée de la guerre sainte « entreront en collision plus qu’à leur tour. Leurs heurts deviendront vraiment graves en mars 1948, juste au moment où l’unité d’action sera plus nécessaire que jamais et toutes les tentatives de médiation de la ligue resteront infructueuses » ([III], p.105 se référant à Shmuel Seger). En définitive, on confiera le Nord à Al Qawukjî, la région de Jérusalem à Abdel Kader Husseini et le secteur de Lydda et Ramle à Hassan Salameh, ce qui « soulagera la pression sur la principale concentration juive, en Palestine centrale ». ([III], p.106). La région du Néguev sera confiée au colonel égyptien Taryq Bey ([II], p.53).

Les quartiers généraux de l'Armée de libération arabe sont établis à Damas pour l'approvisionnement et la logistique. Un comité militaire, dirigé par le général irakien à la retraite Isla'il Safwat, supervise les opérations ([II], p.11; p.58). Sur le terrain, plusieurs officiers syriens en assureront le commandement des différents bataillons ([II], p.49).

Les volontaires de l'armée ont des origines hétéroclites : anciens officiers ou soldats, étudiants, fonctionnaires du gouvernement, fermiers… Syriens, Libanais, Irakiens, Transjordaniens, Frères Musulmans d'Égypte. Il y a également quelques Yougoslaves, Allemands, Turcs ou encore des déserteurs britanniques ([II], p.51).

L'Armée de libération arabe comptabilisera environ 10 000 hommes ([II], p.51). Avant le 15 mai, ils interviendront principalement dans le nord de la Palestine : 3 000 à 4 000 en Samarie, 1 000 répartis en petits groupes de guérilla en Galilée, 200-300 à Haïfa, 200 à Jaffa, environ 700 dans la région de Jérusalem et une centaine dans le district de Gaza.

Les nouveaux historiens les décrivent comme mal équipés, mal entraînés et indisciplinés mais les rapports britanniques de l'époque font état de forces bien organisées et bien équipées, notamment en transports mécanisés ([XVI], §II.7). Selon Lapierre et Collins, « contrairement aux Palestiniens, ces volontaires étrangers disposent d'un armement correct. Leurs transmissions et leurs transports restent toutefois primitifs (…). Quant à l'intendance, (…) El Qawukji laissera l'armée vivre du pillage des colonies juives. Que son stock de médicaments ne comprenne que des laxatifs et de l'aspirine ne l'inquiète pas davantage. Il ne prévoit pas de longue campagne ni des pertes graves ». ([VI], p.305)

[modifier] La démission britannique

  • Situation internationale

L'Empire britannique est en période de crise, notamment avec l'indépendance de l'Inde et du Pakistan et la chute de son influence au Moyen-Orient. Le Royaume-Uni connaît également des soucis avec les autorités égyptiennes, qui ont porté le contentieux sur les base militaires britanniques devant l'ONU. Enfin, le dossier palestinien empoisonne les relations de l'Empire avec les États-Unis, dont l'aide est indispensable au maintien du niveau de vie de la population du pays dans la difficile période de l'après-guerre ([IX], p.80).

  • Politique locale

Au niveau local palestinien, les Britanniques ont proposé plusieurs plans pour apporter une solution au problème : sans succès. Sur le terrain, le coût économique de leur maintien en Palestine est élevé, tant pour y maintenir l'ordre que pour administrer le pays. Les pertes en vies humaines suite à la lutte que leur mènent les groupes sionistes de droite passe difficilement au sein de l'opinion publique. Enfin, Londres ne veut pas voir le Mufti prendre le pouvoir en Palestine ([IX], p.81).

Le Royaume-Uni va donc jouer la carte de son dernier allié au Moyen-Orient : le roi Abdallah de Jordanie.

La solution de partage de la Palestine entre les sionistes et le royaume Hachémite avait déjà été envisagé par la Commission Peel en 1937. « Par bien des points, elle avait adopté la solution d’Abdallah. Un journal de Jaffa, Filastin, la qualifia alors de la solution de la "grande Transjordanie", expression adoptée ensuite par le Foreign Office pour désigner sa propre solution à la question palestinienne ». ([III], p.166).

En septembre 1947, le Royaume-Uni n'émet aucune objection à la suggestion d'Abdallah de s'emparer de la partie arabe de la Palestine mais refuse toutefois sa proposition de laisser entrer la Légion Arabe en Palestine pour les y aider à maintenir l'ordre (Laurens)[36]. La possibilité de voir le contrôle du Néguev tomber dans les mains d'un de leurs alliés sera également au centre de discussions futures ([III]).

Le 20 septembre 1947, peu après la remise des conclusions de l'UNSCOP en faveur de la fin du mandat britannique et du partage en deux états, le Royaume-Uni décide d'évacuer la Palestine sans aucun transfert organisé de compétence aux Arabes, aux Juifs ou à l'ONU. Cette dernière en est officiellement avertie le 27 septembre. La position officielle du Royaume-Uni sera de ne donner son soutien qu'à une solution acceptée par les deux parties. Elle interdit par ailleurs l'entrée en Palestine à la commission des Nations unies chargée d'organiser la dévolution des pouvoirs. Le départ britannique laissera donc une situation conflictuelle et désorganisée.

Sir Alek Kirkbride, ambassadeur du Royaume-Uni à Amman ayant en charge le dossier diplomatique jouera un rôle central dans les discussions entre les parties arabes tandis que le Haut-Commissaire du Mandat, Sir Alan Cunningham organisera l'évacuation des soldats britanniques présents en Palestine.

  • Forces britanniques

À l'époque des troubles les Britanniques sont de loin la première force militaire présente au Moyen-Orient.

En Palestine même, ils disposent de 100 000 hommes, soit près du double des autres protagonistes réunis. Ils sont répartis en 2 divisions terrestres, 2 brigades d'infanteries, 2 régiments mécanisés, des unités d'artillerie et plusieurs escadrons de la RAF. La 6e division aéroportée, une troupe d'élite, est déployée dans le nord de la Palestine. La 1ère division d'infanterie est en charge de la zone centrale et du sud. La 61e brigade d'infanterie est également déployée dans le Néguev tandis que Jérusalem est sous la responsabilité de la 8e brigade d'infanterie. Le Commandement britannique peut également s'appuyer sur la Légion arabe dont certaines troupes sont en garnison en Palestine, sur la Force frontalière tranjordanienne forte de 3000 hommes ainsi que sur la police palestinienne comprenant 4000 membres britanniques. Ils disposent aussi de l'appui de la Flotte de Méditerranée ([IV], p.28).

Le déploiement culminera en juillet 1947 avec 70 200 Britanniques stationnés en Palestine secondés par une logistique de 1 277 conducteurs et 28 155 employés civils.[37]

Les Britanniques disposent également de forces très importantes en Égypte qui interviendront sporadiquement à la fin de la guerre, ainsi que du contrôle de fait de la Légion arabe commandée par Sir John Glubb Pacha et entièrement encadrée par des officiers britanniques.

[modifier] L'implication des USA et de l'URSS

Les deux grandes puissances émergentes de la Seconde Guerre mondiale ont eu également une influence importante dans le conflit.

La politique internationale des États-Unis est marquée à la fois par son opposition au colonialisme et par une nécessité du contrôle des ressources énergétiques et en particulier du pétrole. Dans ce cadre, le département d'État a toutes les raisons d'être favorable aux Arabes.

Dès les années 30, plusieurs sociétés pétrolières américaines ont des intérêts grandissant au Moyen-Orient et y sont en concurrence avec les sociétés française, britannique ou hollandaise. De plus, le mouvement sioniste est perçu -notamment- comme un mouvement colonialiste; ce qui s'inscrit mal dans le contexte de l'émancipation et du nationalisme arabe face aux colonialismes français et britannique ([IX], p.31-36).

Sur le plan intérieur, toutefois, le président Truman a besoin du vote de la communauté juive des États-Unis et est sujet aux pressions du lobby sioniste. De plus, il a été marqué par le drame de l'Holocauste et sa sympathie pour le mouvement sioniste est sincère ([III]). Il intervient à plusieurs reprises pour prendre le parti des Juifs de Palestine, y compris contre son propre département d'état.

Dans le même temps, la traditionnelle politique soviétique à l'encontre du sionisme a subi un revirement total. On explique ce revirement par le souci de contrecarrer la politique britannique au Moyen-Orient, voire l'espoir secret de voir le futur État d'Israël devenir une tête de pont socialiste au Moyen-Orient. Quoi qu'il en soit, l'URSS a été un allié essentiel des sionistes à l'ONU pour le vote du plan de partage. Et dans le cadre de la préparation à la guerre, le bloc de l'Est sera le pourvoyeur de l'armement qui fait cruellement défaut à l'État juif.

[modifier] Déroulement du conflit

Les historiens scindent le conflit en cinq phases successives séparées par 2 trêves, commençant avec le vote du partage de la Palestine à l'ONU, en novembre 1947 et se terminant avec les accords d'armistice de Rhodes en 1949.

Les deux premières phases se déroulent alors que les Britanniques ont toujours la tutelle de la Palestine. Elles voient l'opposition du Yichouv aux arabes palestiniens renforcés par des volontaires étrangers de l'Armée de libération arabe et de l'Armée de la Guerre Sainte. La période voit aussi la préparation des différents camps à l'attaque annoncée des pays arabes voisins, ainsi que les prémisses du problème des réfugiés palestiniens.

Les trois phases suivantes se déroulent après le départ des Britanniques et la proclamation de l'indépendance de l'État d'Israël par les Juifs (15 mai 1948). Elles concernent le conflit entre les États arabes voisins et les Israéliens et voient la montée en puissance de l'armée israélienne, l'exode massif palestinien et la prise de contrôle de la Palestine mandataire par Israël, la Transjordanie et l'Égypte. Elles s'accompagnent ou sont suivies de près par la fuite de la plupart des Juifs vivant dans les pays arabes.

[modifier] Première phase : 30 novembre 1947 - 1er avril 1948

Dès le lendemain de l'adoption du Plan de Partage par l'ONU, les manifestations de joie de la communauté juive sont contrebalancées par les manifestations d'opposition arabes dans tout le pays[38] et dès le 1er décembre, le Haut Comité Arabe décrète une grève générale de 3 jours ([II], p.17).

Un « vent de violence » ([III], p.111) va rapidement et spontanément s'installer, annonciateur de la « guerre civile » ([VII], p.65).

[modifier] Montée de la violence

Dès le lendemain de l'annonce de l'adoption du plan de partage, des échauffourées isolées se produisent à Jérusalem ([II], p.17). Le 1er décembre, deux bus sont attaqués sur la route Tel-Aviv - Jérusalem, près de Lydda. 7 passagers juifs sont tués ce jour-là. Le 2 décembre, un centre commercial juif situé dans la Vieille Ville de Jérusalem est ravagé par des manifestants ([VII], p.65 ; [II], p.17 ; [III], p.111). Des tireurs isolés échangent des tirs à Haïfa et des attaques sont lancées dans les faubourgs entre Tel-Aviv et Jaffa ([VII], p.65). Pendant les deux premières semaines de décembre, des attaques sont menées contre les colonies juives dans le Nord, sur la côte ainsi que sur les routes reliant les grandes villes ([III], p.111).

En date du 11 décembre, le correspondant du Times à Jérusalem fait état de 130 morts suite aux manifestations à Jaffa, 70 Juifs, 50 Arabes, 3 soldats et 1 policier britanniques[39]. Des tentatives d'appel au calme ont lieu. Ainsi, le 9 décembre, un cessez-le-feu est conclu entre les maires des deux villes mitoyennes de Jaffa et Tel-Aviv mais il n'est pas respecté sur le terrain ([III], p.115).

La situation s'emballe. On assiste à une « spirale de représailles et de contre-représailles » ([III], p.112 citant Ben Gourion). Le 12 décembre, l'explosion d'une voiture piégée dans la Vieille Ville de Jérusalem tue 20 Arabes et en blesse 5 ([IV], p.10). Le 14 décembre, la Légion Arabe attaque un convoi de bus transportant des civils à Beit Nabala, tuant 12 Juifs ([IV], p.10) ou 14 (New York Times[40]). Le 18 décembre, la Haganah lance une action de représailles contre le village d'Al-Khisas, tuant 8 Arabes ([IV], p.10) ou 10 dont 5 enfants (New York Times[41]).

Le 30 décembre, à Haifa, des membres de l'Irgoun lancent deux bombes dans une foule d'ouvriers arabes faisant la file devant une raffinerie, tuant 6 d'entre eux et en blessant 42. La foule en colère tuera en représailles 39 Juifs avant que les soldats britanniques ne rétablissent le calme ([IV], p.30 ; Palestine Post [42]). En représailles, le 31 décembre, des soldats du Palmach et de la brigade Carmel attaquent le village de Balad-al-Sheikh et de Hawassa et y font entre 21 et 70 morts ([VII], p.101), en chassent beaucoup d'habitants ([II], p.77), tuent tous les hommes des 2 villages ainsi que bon nombre de femmes et d'enfants ([III], p.117) [43]. D'autres sources parlent de 60 victimes dont « vraisemblablement » 12 morts (mideastweb.org[44]).

Alors que la situation s'était calmée à Jaffa, le 4 janvier le Lehi organise un attentat à la voiture piégée près du quartier général du Najada (en fait maison communale ou Saraya), tuant 15 Arabes et en blessant 80 dont 20 gravement ([II], p.20).

Dans la nuit du 5 au 6 janvier, une section de la Haganah composée de 4 artificiers couverts par 10 combattants fait exploser l'hôtel Semiramis à Qatamon, dans la banlieue de Jérusalem. La Haganah pense que plusieurs commandants irréguliers y vivent et que la milice locale y a établi son quartier général. 24 personnes dont peut-être des irréguliers irakiens ([VII], p.123), 36 personnes dont des civils et au moins un enfant ([VI], p.197) trouvent la mort dans l'explosion. Le vice-consul espagnol, Manuel Allende Salazar figure au nombre des victimes. Les autorités mandataires condamnent l'attentat en le qualifiant d'« offense à la civilisation » et Ben Gourion annonce le retrait de son commandement à l'officier responsable des opérations à Jérusalem : Mishael Shechter ([VII], p.123 ; [VI], pp.189-197 ; Palestine Post [45]).

Le 7 janvier, à un arrêt de bus, Porte de Jaffa à Jérusalem, 4 membres de l'Irgoun lancent une bombe dans la foule et tuent 17 personnes. Ils s'enfuient au moyen d'une voiture blindée volée aux Britanniques mais accidentent le véhicule et doivent continuer à pied. 3 sont tués par les Britanniques et le dernier, blessé est fait prisonnier. ([VI], pp.200-204).

Le 22 février, à Jérusalem, les hommes d'Al-Husseini organisent à l'aide de déserteurs britanniques un triple attentat à la voiture piégée qui vise les bureaux du Palestine Post, le marché de la rue Ben Yehuda et l'arrière-cour des bureaux de l'Agence juive, faisant respectivement 22, 53 et 13 morts Juifs ainsi que des centaines de blessés ([II], p.24 ; [IV], p.36).

Un Rapport Special de la Commission des Nations unies pour la Palestine ([XVI]) destiné au Conseil de sécurité et daté du 16 février 1948 fait état de « l'extrême gravité de la situation et de la dégradation des conditions en Palestine. (…) Tant le futur du bien-être du peuple de Palestine que l'autorité et l'efficacité des Nations unies sont concernés ». Les auteurs craignent une intensification des troubles ([XVI], § I.1.3), qualifient les attentats de l'Irgoun et du Lehi d' « actes irresponsables de violence » ([XVI], § II.9.b) et notent la complexification du problème par le fait que les Autorités Mandataires sont engagées dans la liquidation de l'administration et l'évacuation de leurs troupes ([XVI], § II.9.c).

Sur la période de décembre 1947 et janvier 1948, le rapport décompte de 869 morts (46 Britanniques, 427 Arabes, 381 Juifs et 15 autres) et 1909 blessés (135 Britanniques, 1035 Arabes, 725 Juifs et 14[46] autres ([XVI], § II.5)). La violence va encore franchir un pas avec le déclenchement de la « guerre des routes » et l'entrée de l'Armée de Libération Arabe en Palestine. Fin mars, un rapport fait état de 895 Juifs, 991 Arabes, 113 soldats et policiers britanniques tués et 38 autres ou non identifiés. Le nombre total de blessés se monte à 4275 ([II], p.85).

[modifier] La guerre des routes

  • Situation géographique des zones juives

En dehors de la zone côtière, les zones d'implantations du Yichouv en Palestine sont très dispersées (cfr carte de l'implantation juive en 1947). La communication avec la zone centrale la plus développée et l'approvisionnement des zones périphériques s'effectuent par des liaisons routières. Elles constituent une cible d'autant plus facile que la plupart traversent ou longent des localités arabes, voire parfois des zones entièrement arabes.

Dans cette configuration, l’« isolement » des 100 000 Juifs de Jérusalem et alentours (comme le Gush Etzion, à mi-chemin sur la route stratégique entre Jérusalem et Hébron), celui des 27 villages et implantations du Néguev ([IV], p.34) et celui de ceux du Nord de la Galilée constituent un point faible stratégique pour le Yichouv.

La possibilité d'évacuer ces zones difficilement défendables est envisagée mais « à Jérusalem comme dans toute la Palestine, la politique de la Haganah a été fixée par Ben Gourion. Elle est simple. "Ce que tiennent les Juifs doit être conservé. Aucun Juif ne doit abandonner son domicile, sa ferme, son kibboutz ou son travail sans autorisation. Chaque avant-poste, chaque colonie, chaque village, quel qu’en fut l’isolement, doit être occupé comme s’il s’agissait de Tel-Aviv même" » ([VI], p.163). Dans les faits, aucune implantation juive ne sera évacuée avant l'invasion de mai 1948. Seuls une douzaine de Kibboutzim de Galilée ainsi que ceux de Gush Etzion enverront femmes et enfants dans les zones plus sûres de l'intérieur ([II], p.8).

David Ben Gourion|Ben Gourion]] donne des instructions pour renforcer les implantations du Néguev en hommes et matériel ([IV], p.34), notamment dans les kibboutz de Kfar Darom ou Yad Mordechain (bande de Gaza), Revivim (sud de Beer-Sheva) et au Gush Etzion. Conscient du danger qui pèse sur le Néguev, le Commandement Suprême de la Haganah y assigne un bataillon entier du Palmach ([II], p.28).

Le cas de Jérusalem est encore plus critique. De par l'importance de sa population juive (1/6e du total) et de la grande difficulté d'accès de la ville. La route Tel-Aviv - Jérusalem est longue et escarpée. Elle quitte la zone juive à Houlda puis suit les contreforts de Latroun [11]. Ensuite, le parcours des 28 kilomètres entre Bab el-Oued et Jérusalem prend pas moins de 3 heures ([VI], p.214) et la route traverse ou passe à proximité de villages arabes tels Saris, Qastel, Qaluniya ou Deir Yassin ([VI], pp.122-123), ce qui leur confère une importance stratégique.

  • Stratégie d'Abdel Kaser al-Husseini

Abdel Kader al-Husseini arrive à Jérusalem en décembre 1947 avec l’objectif d’« étouffer » la communauté juive de la ville ([VI], chap.7, pp.131-153).

Il s'installe à Tzurif, un village au sud-ouest de Jérusalem avec ses hommes : une centaine de combattants qui se sont entraînés en Syrie avant la guerre et qui serviront de cadres à son armée, la Jihad al-Muqadas. Il est rejoint par une centaine de jeunes villageois et de vétérans de l'armée britannique ([II], pp.36-37). L'armée passe rapidement à plusieurs milliers d'hommes ([IV], p.27) et transfère son quartier général et son centre d'entraînement à Bir Zeit, près de Ramalah. Sa zone d'influence s'étend jusque Lydda et Ramleh ([II], p.37) où Hassan Salameh, un vétéran de la Grande Révolte de 1936-39 à la tête de 1000 hommes ([IV], p.26) coordonne ses actions avec Abdel Kader al-Husseini dans le harcèlement du trafic ([II], p.26).

Le 10 décembre, la première attaque organisée se produit sur un convoi entre Bethléem et Gush Etzion. 10 passagers et membres de l'escorte sont tués ([II], p.26).

Le 14 janvier, Abdel Kader mène personnellement une attaque contre Kfar Etzion et dans laquelle 1 000 hommes sont impliqués. L'attaque est un échec et il laisse 200 morts derrière lui. Toutefois, une section de 35 hommes du Palmach cherchant à renforcer l'implantation se fait surprendre puis encercler et massacrer ([IV], p.38).

Le 25 janvier, une attaque d'envergure a lieu dans le village arabe de Qastel. Suite à un appel d'Abdel Kader al-Husseini, plusieurs villages du nord-est de Jérusalem vont se joindre à l'attaque. D'autres préféreront ne pas s'y joindre de peur des représailles ou s'excuseront auprès de leurs voisins juifs arguant que l'appel ne concernait pas l'attaque du convoi mais la défense du village voisin de Bet Suriq ([II], p.27).

La campagne pour le contrôle des routes prend un caractère militaire croissant et focalise l'effort de guerre arabe ([II], p.27).

À partir du 22 mars, les convois de ravitaillement vers Jérusalem ne passent plus. Ce jour-là, un convoi d'une trentaine de véhicules est anéanti aux gorges de Bab el-Oued ([XIV], p.66). Le 27 mars, un important convoi de ravitaillement de retour de Kfar Etzion est pris dans une embuscade aux sud de Jérusalem. Encerclés par plusieurs milliers d'Arabes et à court de munition, ils demanderont l'assistance des Britanniques après 24 heures de combats. Ils doivent néanmoins abandonner armes et munitions mais surtout tous les véhicules aux Arabes. Selon un rapport britannique, la situation de Jérusalem où un rationnement en nourriture est déjà d'application risque de devenir désespérée après le 16 mai ([IV], p.40).

À la même période, la situation est tout aussi critique pour les juifs à d'autres endroits du pays. Le 26 mars, les colonies du Néguev sont isolées de par l'impossibilité d'utiliser la route côtière du sud qui passe par des zones denses de population arabe ([IV], p.40). Le 27 mars, un convoi est attaqué dans la région de Haïfa. Entre 42 et 47 combattants de la Haganah et une centaine de l'Armée de libération arabe sont tués. Tous les véhicules sont détruits ([XIV], p.66 ; [IV], p.40).

Cette situation, la nécessité de préparation du Yichouv à l'attaque prévue des Etats arabes en mai et l'avancée dans le départ des Britanniques va pousser la Haganah à passer à l'offensive et à appliquer le Guerre israélo-arabe de 1948#Le plan Daleth (mars 1948) dès avril.

[modifier] Entrée de forces étrangères en Palestine

La violence s'intensifie et certaines opérations font intervenir les militaires. Bien que responsables de l'ordre et de la loi jusqu'à la fin du mandat, les Autorités Mandataires n'essaient pas de reprendre le contrôle de la situation. Elles sont plus impliquées dans la liquidation de l'administration et l'évacuation de leurs troupes ([XVI], § II.9.c ; [VI], p.185). Elles estiment également avoir perdu suffisamment d’hommes dans ce conflit.

Les Britanniques ne peuvent pas (ou ne veulent pas) empêcher l'entrée en Palestine de forces étrangères[47]. Suivant le Rapport Spécial de la Commission sur la Palestine ([XVI], § II.7) :

  • Dans la nuit du 20 au 21 janvier, une troupe composée de 700 Syriens, en tenue de combat, bien équipée et disposant de transports mécanisés entre en Palestine « via la TransJordanie ».
  • Le 27 janvier, une « bande de 300 hommes, venant de l'extérieur de la Palestine, s'est établie dans la région de Safed en Galilée et est probablement responsable des attaques intensives au mortier et à l'arme lourde de la semaine contre la colonie de Yechiam. »
  • Dans la nuit du 29 au 30 janvier, une troupe de 950 hommes de l'Armée de libération arabe, commandée par Fawzi al-Qawuqji, transportée dans 19 véhicules et constituée d'Arabes non Palestiniens entrent en Palestine « via le pont de Jisr Djamiyeh et se dispersent dans les villages de Naplouse, Jenin et Tulkarem ».

C'est bien les troupes l'Armée de Libération Arabe (ALA) qui entrent en Palestine entre le 10 janvier et début mars ([II], pp.51-56) :

  • le 2ème régiment Yarmouk sous les ordres de Shishakli[48] entre en Galilée via le Liban dans la nuit du 11 au 12 janvier, passe par Safed puis s'installera dans le village de Sasa. Il est composé d'un tiers de Palestiniens et d'un quart de Syriens;
  • le 1er régiment Yarmouk sous les ordres de Muhammad Tzafa entre en Palestine dans la nuit du 20 au 21 janvier via le pont de Damia sur le Jourdain et se disperse en Samarie. Il établit son QG dans le nord de la Samarie, à Tubas. Il est composé principalement de Palestiniens et d'Irakiens;
  • le régiment Hittin, sous les ordres de Madlul Abbas s'installe à l'ouest de la Samarie avec son QG à Tulkarem;
  • le régiment Hussayn ibn Ali renforce Haïfa, Jaffa, Jérusalem et plusieurs autres villes;
  • le régiment Qadassia et une unité circassienne restent en réserve à Jab'a

Qawukji arrive quant à lui le 4 mars avec le reste de la logistique et une centaine de volontaires bosniaques et installe son QG dans le village de Jab'a, sur la route Naplouse-Jénine. Il monte aussi un centre d'entraînement pour les volontaires palestiniens.

Alan Cunningham, le Haut Commissaire britannique en Palestine proteste vivement auprès du gouvernement jordanien contre ces incursions avec pour seule réaction de voir Alek Kirkbride se plaindre de « son ton hostile et de ses menaces » au Ministre Bevin. « Aucun effort sérieux n'est fait pour empêcher l'incursion. » ([II], p.51).

Les Britanniques et les services de renseignement du Yishouv s'attendent à une offensive pour le 15 février qui finalement n'aura pas lieu; semble-t-il parce que les troupes du Mufti ne sont pas encore prêtes ([II], p.55).

En mars, un détachement irakien de l'ALA vient renforcer les forces palestiniennes de Salameh dans la région de Lydda et Ramle pour entraîner les recrues tandis que suite à la présence de Qawukji en Samarie, Abdel Kader installe son QG à Bir Zeit, à 10 km au nord de Ramallah ([II], p.56).

Au même moment, des volontaires nord-africains, principalement Libyens, et plusieurs centaines de Frères Musulmans entrent en Palestine. En mars, un premier contingent arrive à Gaza et certains s'infiltrent jusqu'à Jaffa. Des habitants de Khan Yunis et de Deir-al Balah attaquent sans succès le kibboutz isolé de Kfar Darom ([II], p.57).

[modifier] Moral des combattants

Les premières victoires sont du côté arabe : près de Tzurif, les Arabes d'Hébron liquident une colonne de la Haganah et déjouent un attentat visant à faire exploser un camion piégé dans une localité arabe. Ces victoires renforcent le moral des combattants arabes ([XVI], § II.7.3).

Le Haut Comité Arabe est confiant et décidé à s'opposer à l'accomplissement du plan de partage. Dans un communiqué du 6 février au secrétaire général, il déclare ([XVI], § II.7.3) :

(…)Les Arabes de Palestine considèrent que toute tentative des Juifs ou de n'importe quelle puissance ou groupe de puissance d'établir un État juif dans un territoire arabe est un acte d'agression auquel on résistera par la force.
(…)Le Prestige des Nations unies sera mieux servi en abandonnant et en n'imposant pas une telle injustice.
(…)Les Arabes de Palestine firent la déclaration solennelle devant les Nations unies, devant Dieu et devant l'histoire qu'ils ne se soumettraient jamais à une quelconque puissance venant en Palestine pour imposer une partition. Le seul moyen pour établir une partition est tout d'abord de les éliminer : hommes, femmes et enfants.

Au début du mois février de 1948, le moral des dirigeants juifs n'est cependant pas élevé : « le désarroi et le désespoir ressortent clairement des notes prises lors des réunions du parti Mapai » ([III], p.113). « Les attaques contre les colonies et les grandes routes ont pris au dépourvu la direction juive, qui avait sous-évalué l'intensité de la réaction arabe » ([III], p.113, citant Milstein, Milhemet, vol.2, p.47). La situation des 100 000 Juifs de Jérusalem est précaire et le ravitaillement de la ville risque d'être interrompu.

Malgré les revers sur le terrain, les forces juives et en particulier la Haganah, restent supérieures en nombre et en qualité par rapport aux forces arabes, tant palestiniennes du Haut Comité Arabe que de l’Armée de libération. « La Haganah est restée sur des positions statiques de crainte de voir les Britanniques prendre la défense des Arabes en cas d’offensive sioniste. Il faut attendre que le retrait des Britanniques soit suffisamment important pour que tout risque d’intervention de ces derniers soit écarté » ([IX], p.83).

[modifier] Première vague de réfugiés arabes

voir aussi : réfugiés palestiniens

Le moral des combattants et des politiciens n'est pas partagé par la population : la « panique grandit dans les classes aisées arabes et on assiste à un exode régulier de la part de ceux qui peuvent s'offrir de quitter le pays ». ([XVI], § II.7.3). De décembre 1947 à janvier 1948, 70 000 Arabes environ vont fuir les agglomérations ([III], p.125). Fin mars, le total des réfugiés se montera à 100 000 environ ([VII], p.67).

Ces gens constituent la première vague, celle-là principalement volontaire, des réfugiés palestiniens du conflit. Les combats entre Juifs et Arabes ne sont qu'un aspect. Le chaos qui s'installe suite à l'effondrement graduel des services publics, à l'insécurité et la disparition de l'État de droit en conséquence de la démission des Britanniques ne font qu'empirer les choses. La fuite des classes moyennes et supérieures entraîne la fermeture des écoles, des cliniques, des hôpitaux, des commerces… et engendre chômage et appauvrissement. Cette vague est à la base, avec le départ des Britanniques, de l'effondrement de la structure sociale palestinienne qui annonce la deuxième vague de réfugiés ([II], p.98; [VIII], pp.252-258).

Parmi ceux-ci on trouve principalement les membres des classes moyennes et supérieures, dont la plupart des familles des représentants du Haut Comité Arabe ou des dirigeants locaux ([VII], p.67). Partent également les étrangers Arabes installés en Palestine. Via les ports d'Haïfa et de Jaffa ou l'aéroport de Lydda ([II], p.77), toutes ces familles vont s'installer dans les capitales voisines (Le Caire, Amman, Beyrouth) ou dans les grandes villes situées dans la partie arabe de la Palestine (Naplouse, Nazareth) ([II], chap.5). Elles espèrent certainement retourner une fois les hostilités terminées comme ce fut le cas lors de la Grande Révolte de 1936-1939[49] ([II], p.77).

Ces chiffres sont néanmoins trop importants pour ne concerner que les étrangers Arabes et les riches Palestiniens. Il faut y rajouter les fallahin ayant récemment migré depuis leurs villages voisins et non encore complètement installés ([II], p.76) ainsi que les habitants de certains villages situés dans la zone attribuée aux Juifs par le plan de partage.

Répartition des populations à Jérusalem en 1947
Répartition des populations à Jérusalem en 1947

Jérusalem est une ville mixte d'environ 100 000 Juifs et 50 000 Arabes. Elle est isolée des autres agglomérations juives et entourée de villages et de bourgs arabes totalisant 35 000 à 40 000 habitants arabes ([VII], p.116). Elle sera un enjeu majeur de la guerre de 1948[50].

Les habitants arabes y quittent principalement les combats (voir ci-dessous) et les conditions de vie qui découlent de la guerre civile, dont le rationnement et la corruption ([VII], pp.117-118).

Le quartier arménien ainsi que les maisons bordant le quartier juif de la Vieille Ville et certains villages des alentours de la ville[51] sont évacués tandis que des miliciens arabes ou des hommes d'Abdel Kader Husseini viennent les occuper ou y combattre ([II], p.75 ; [VII], pp.118-120).

À Qatamon, les habitants juifs partent au tout début de la guerre puis, suite aux combats incessants depuis décembre et surtout suite à l'explosion de l'hôtel Semiramis, cause principale de la fuite des habitants ([VII], p.123). Lifta, au nord sur la route de Ramallah et Romema, à l'ouest sur la route vers Tel-Aviv sont le théâtre de combats journaliers entre miliciens arabes et juifs ([VII], p.120). Fin décembre, ils font l'objet de nombreux raids de la part de la Haganah, de l'Irgoun et du Lehi et seront totalement évacués par leurs habitants ([VII], p.120). Sheikh Badr est évacué le 19 janvier par les Britanniques suite à des raids de représailles provoqués par des tirs de snipers ([VII], p.121). En février, toujours suite aux combats, seules 3 familles arabes restent à Talbiye sur les 60-70 qui y ont vécu ([VII], p.122). Le 13 février, les habitants de Beit Safafa abandonnent le village quelques jours après un raid de la Haganah ou le chef de la milice locale est tué ([VII], p.123). A Sheikh Jarrha, les habitants fuient suite à des attaques de la Haganah et de l'Irgoun. A Musrara et Abu Tor, ils fuient lors de l'arrivée de volontaires syriens et de combattants [arabes] d'Hébron qui les rançonnent ([VII], p.123).

Haïfa est une ville côtière mixte d'une importance économique et stratégique importante. Elle compte 145 000 habitants parmi lesquels 71 000 Arabes dont 41 000 musulmans et 30 000 chrétiens ([II], p.75). Elle fait partie des villes attribuée aux Juifs par le plan de partition et entourée d'implantations juives.

L'exode commence dès les premiers jours de décembre. Les habitants fuient principalement l'insécurité due aux combats (tirs de francs-tireurs, explosions) et la dégradation de la situation économique qui en découle ([VII], p.100). Début janvier, les Britanniques estiment le nombre d'Arabes ayant quitté Haïfa entre 15 000 et 20 000 ([II], p.76); chiffre également rapporté par un rapport du 23 décembre des services de renseignements de la Haganah ([VII], p.100).

Les Arabes sont paniqués par les attentats organisés par l'Irgoun et le Lehi ([II], p.76; [VII], p.100). Dès la fin décembre des troupes de l'Armée de libération s'infiltrent en ville ([II], p.42). Des attentats sont organisés au coeur du « territoire ennemi » par les 2 camps ([II], p.22). La Haganah organise des représailles de plus en plus importantes et mortelles ([VII], p.106). Elles provoquent l'intervention de troupes de la Légion arabe en garnison dans la ville ([II], p.22). Le calme est rétabli par les Britanniques pour qui la ville est un point pivot dans leurs plans de retrait ([VII], p.102).

Les dirigeants arabes locaux (Comité national) prennent à plusieurs reprises l'initiative de négocier des trêves. Ils envoient une délégation au Caire auprès de Hadj Amin al-Husseini pour qu'il ordonne à ses hommes de stopper leurs attaques mais celui-ci leur fait comprendre que la situation globale du pays doit prendre le pas sur la situation locale ([VII], p.103). Ils se tournent également vers les autorités juives qui les refusent, déclarant que les autorités arabes n'ont pas le pouvoir de le faire respecter et estimant qu'il ne s'agit que d'un prétexte pour temporiser car la situation militaire est défavorable aux Arabes sur le terrain ([VII], p.107). Morris estime aussi que Ben Gourion pense à ce moment qu'une trêve pourrait stopper l'exode ([VII], p.107). Il y a également des tensions importantes entre Musulmans et Chrétiens. Ces derniers reprochent la poursuite des combats et la mainmise des quartiers arabes par des gangs [de Musulmans] ([VII], p.104).

Fin janvier 1948, le représentant de l'Agence juive à Haïfa estime le nombre de fuyards à 20 000; les représentants arabes à 25 000 ([II], p.76). À la fin mars, les estimations se montent à 5 000 personnes supplémentaires ([II], p.102 ; [IX], pp.85-86).

Parmi ceux-ci, on trouve la quasi-totalité des représentants du Comité National. En date du 28 mars, 11 parmi les 15 membres sont partis et les efforts du Président du Comité pour les faire revenir sont vains. Celui-ci quittera lui-même la Palestine début avril ([VII], p.109). Morris souligne à plusieurs reprises l'impact des événements sur le moral de la population palestinienne ([VII], p.104) et notamment le [mauvais] exemple donné par les dirigeants arabes. Gelber, d'une manière générale, fait de l'effondrement de la société palestinienne la cause principale de la seconde vague des réfugiés ([II], chap.7).

Jaffa est une ville côtière arabe prospère de 70 000 à 80 000 habitants. ([IX], p.86). Elle est située juste au Sud de Tel-Aviv et a été attribuée aux Arabes par le Plan de Partage[52]. C'est en conséquence une enclave arabe au milieu de territoires sous le contrôle du Yishouv.

Des combattants de l'Armée de Libération et des volontaires des Frères Musulmans ont renforcé la ville ([II], p.51).

En février, les estimations du nombre de fuyards varient entre 15 000 et 25 000. Le comité national local essayera d'arrêter l'exode, notamment en imposant une taxe de départ qui sera collectée au port par les Frères Musulmans. Les milices locales iront jusqu'à menacer les fuyards d'expropriation voire de mort ([II], p.80).

Le départ commence en décembre dans quelques villages pour devenir constant en janvier et février bien que toujours de faible envergure. En mars, dans certaines localités comme au nord de Tel Aviv, il se transforme en un véritable exode. La plupart du temps, l'émigration est confinée aux zones adjacentes aux centres de concentrations juives principales.

Les causes sont les attaques de représailles de la Haganah (et dans une faible mesure de l'Irgoun et du Lehi) ou bien la peur de telles attaques. Les ordres des autorités arabes (ALA) d'évacuer certains villages contribuent également aux départs. Plusieurs communautés sont aussi encerclées et expulsées par des unités de la Haganah bien que la politique de la Haganah est de ne pas expulser ([VII], p.129). Des intimidations venant de troupes de l'Irgoun ainsi que d'irréguliers arabes précipitent aussi certains départs ([VII], p.125).

Durant cette période, l'exode rural se produit principalement le long de la plaine côtière. Il concerne particulièrement les bédouins dont plusieurs dizaines de campements sont évacués [53], ainsi que plusieurs villages [54] (voir [VII], pp.125-133 pour une liste exhaustive).

En février, Yossef Weiz, une personnalité controversée, prend des initiatives avec les pouvoirs militaires et civils locaux dans la vallée de Beyssan pour favoriser l'expulsion de bédouins qui y squattent des terres possédées par les Juifs. Fin mars, il fait pression sur Galili et Ben Gourion pour implémenter une politique nationale d'expulsion sur le territoire attribué aux Juifs par le plan de partage mais ses propositions sont rejetées ([VII], pp.130-132).

Durant cette période, une expulsion est autorisée. Le 31 décembre, suite à une attaque du Lehi qui fait 2 morts et 8 blessés, les habitants de Qisarya (Césarée) au sud de Haïfa quittent le village. La Haganah décide alors d'occuper le site (dont les terres sont propriétés juives et de l'Eglise orthodoxe). Néanmoins, les commandants craignent d'être chassés par les Britanniques et demandent l'autorisation de raser le village. Yitzhak Rabin, le chef des opérations du Palmach local s'y oppose mais son avis n'est pas suivi par le commandement. Le 20 février, le 4e bataillon du Palmach démolit les maisons après que les 20 derniers habitants du village soient évacués ([VII], p.130). En 1947, le village comptait plus d'un millier d'habitants [55].

[modifier] Décisions politiques étrangères

Plusieurs décisions politiques prises à l'étranger vont avoir une influence importante sur la tournure du conflit.

  • Le choix britannique de l'option jordanienne.

Les Britanniques ne veulent pas d'un État palestinien dirigé par le Mufti. La décision définitive des Britanniques de soutenir l'annexion de la partie arabe de la Palestine par le roi Abdallah est prise officiellement le 7 février 1948 ([IX], p.83).

Lors d'un réunion à Londres entre responsables jordaniens, Glubb Pacha et Ernest Bevin, les parties se mettent d'accord pour que les Britanniques facilitent l'entrée de la Légion Arabe en Palestine le 15 mai et que celle-ci en occupe la partie arabe. Toutefois, elle est tenue de pas entrer dans la région de Jérusalem ni dans l'État juif ([IX], p.83).

Il n'y aura donc pas d'État palestinien arabe.

Si les ambitions du roi Abdallah sont connues, rien n'indique dans quelle mesure les autorités du Yishouv, le Haut Comité Arabe ou la Ligue Arabe sont au courant de cette décision.

  • Le revirement américain

À la mi-mars, devant l'extension des troubles et face à une crainte -bien que jugée infondée- de voir les Etats Arabes avancer l'arme de l'embargo pétrolier ([IX], p.84), l'administration américaine annonce le retrait possible de son soutien au plan de Partage et à l'envoi d'une force internationale pour en garantir l'implémentation mais suggère de mettre la Palestine sous tutelle onusienne ([II], p.71 ; [VII], p.13).

Ce revirement suscite inquiétudes et débats au sein des autorités du Yishouv.

L'inquiétude de devoir affronter les armées arabes sans le soutien des États-Unis après le départ des Britanniques est d'autant plus grande qu'à cette époque, les forces de Husseini, pourtant des milices, ont réussi à isoler Jérusalem et à prendre le pas sur la Haganah.

Dans ce contexte, Elias Sasson, le directeur de la section arabe de l'Agence juive, et plusieurs autres personnalités, finissent par convaincre David Ben Gourion et Golda Meyerson d'avancer une initiative diplomatique vers les Arabes. Ils délèguent à Joshua Palmon, le chef du Da'at/A le soin de contacter al-Qawukji en vue de négocier, lui interdisant toutefois d'accepter tout ce qui pourrait limiter la « liberté d'action de la Haganah » mais l'autorisant à déclarer que « les Juifs sont prêts à une trêve » ([II], pp.71-73).

  • Le soutien logistique du bloc de l'Est
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Joseph Staline

Dans le contexte de l'embargo imposé par les pays occidentaux aux belligérants palestiniens, juifs comme arabes, et dans le contexte du manque important de matériel, le non-respect de l'embargo et le soutien logistique tchécoslovaque (décidé par Staline) ont joué dans la guerre un rôle d'importance différemment appréciée.

Les motivations avancées sont le soutien soviétique au plan de Partage et un soutien financier destiné à diminuer la frustration tchécoslovaque à devoir renoncer au plan Marshall[56].

Whalid Khalidi rapporte que dans le cadre des accords signés entre Ehoud Avriel et le gouvernement tchécoslovaque, 10 740 fusils, 1200 mitrailleuses, 26 canons et 11 000 000 de cartouches vont être vendus au Yishouv et acheminés en Palestine via l'aéroport de Zatec avant la fin du mandat [57].

L'ampleur et le rôle concret de ce soutien est controversé. Les chiffres avancés par Lapierre & Collins sont inférieurs et les Tchèques avancent aujourd'hui des chiffres bien plus grands (voir le sur le problème de l'armement). Gelber parle de « petites livraisons arrivées par air de Tchécoslovaquie (…) à partir d'avril 1948 » ([II], p.14). On peut mettre ces chiffres en parallèle avec les forces alignées par Tsahal tout au long du conflit, étant donné qu'il s'agit de la source principale d'armement du Yishouv puis d'Israël à l'exception de la production interne et des armes prises à l'adversaire.

Les historiens et les commentateurs (pro-)palestiniens y voient un soutien déséquilibré en faveur du Yishouv étant donné que les Arabes palestiniens n'ont pas bénéficié d'un soutien équivalent[58]. Ce à quoi les historiens et commentateurs (pro-)israéliens répondent que cet embargo ne concernait pas les États arabes souverains qui constituaient la plus grande menace pour le Yishouv.

Toutefois cet embargo leur est étendu en mai par le Conseil de sécurité de l'ONU, ce qui leur cause de gros problèmes ([II], p.13). En plusieurs circonstances, cet embargo ne sera d'ailleurs pas respecté par les Britanniques ([II], p.424 - 7 références)[59].

On peut souligner également que par l'intermédiaire du capitaine syrien Abdel Aziz Kerine, la Syrie achètera en Tchécoslovaquie, auprès du même fabriquant qu'Ehoud Avriel des armes pour l'Armée de libération arabe. Ces armes ne parviendront néanmoins pas aux combattants car des agents juifs feront couler le bateau dans le port italien de Bari. Après son renflouage, le bateau partira pour la Syrie en août 1948 mais sera intercepté par la marine israélienne qui en saisira le contenu ([II], p.50).

  • Refus d'implication directe des dirigeants arabes

Au contraire de ce que peuvent faire penser leurs déclarations belliqueuses, les leaders arabes « firent tout pour éviter de se trouver directement »[60] impliqués dans le soutien à la cause palestinienne ([III], p.146).

Au sommet de la Ligue arabe d'octobre 1947, à Aley (Liban), le général irakien Safwat brosse un portrait réaliste de la situation. Il souligne la meilleure organisation et le plus grand soutien financier dont dispose les Juifs par rapport aux Palestiniens et préconise le déploiement immédiat des armées arabes aux frontières de la Palestine, l'envoi d'armes et de munitions aux Palestiniens ainsi qu'une contribution financière à hauteur d'un million de livres. Ses propositions sont rejetées à l'exception du soutien financier qui toutefois, n'est pas suivi dans les faits. On vote malgré tout la formation d'un comité technico-militaire pour coordonner l'« assistance » aux Palestiniens. Il est basé au Caire et dirigé par Sawfat qui est secondé par des officiers syriens et libanais et des représentants du Haut Comité Arabe. Un délégué transjordanien est également nommé mais il ne participera pas aux réunions ([III], p.146).

Au sommet de décembre au Caire, en Égypte, sous la pression de leur opinion publique, les dirigeants arabes décident de créer un commandement militaire unifié rassemblant tous les chefs d'état-major arabes et placent Safwat à sa tête mais ils restent sourds à la réitération de ses demandes d'octobre, préférant reporter toute décision pour la fin du Mandat ([III], p.147). Ils décident toutefois de la formation de l'Armée de libération arabe qui entre en Palestine dès les semaines suivantes. ([II], p.5).

En février, au Caire, lors d'une réunion du comité de Safwat, celui-ci répète encore ses demandes mais les gouvernements arabes espèrent que les Palestiniens, aidés par les troupes de l'ALA parviendront à faire en sorte que la communauté internationale renonce au plan de partition. Le conseil suivant est prévu pour début avril ([III], p.147).

De son côté, la Haganah interprète mal les plans arabes. Suite à l'entrée de l'ALA, elle postule que la date de la réunion du Caire est en fait la date du Jour J de l'offensive des troupes de Qawukji en Palestine ([II], p.56).

Ce refus à s'engager directement fera que les armées arabes ne se seront pas préparées à la guerre.

[modifier] Le problème du matériel

L'armement, mais aussi l'équipement, l'approvisionnement et la logistique sont au cœur de tout conflit. C'est d'autant plus vrai pour celui-ci qui voit s'affronter des protagonistes, juifs et palestiniens, qui ne disposent pas de l'infrastructure et de la reconnaissance d'un pays établi pour l'établissement d'une véritable armée.

  • dans le camp du Yichouv

David Ben Gourion est conscient de l’importance essentielle de préparer le Yichouv à la guerre qui suivra le départ des Britanniques. Pour s’y préparer plusieurs missions sont mises en place.

Opération Balak

Dès le lendemain du vote à l'ONU, Ben Gourion confie à Ehoud Avriel la mission d’aller en Europe se procurer des armes pour la Haganah. Ehud Avriel est un agent juif dont l’organisation a contribué durant la Seconde Guerre mondiale à sauver des mains des nazis plusieurs dizaines de milliers de Juifs. Dans un premier temps, l'objectif est de se procurer 10 000 fusils, 1 000 000 de cartouches, 1 000 mitraillettes et 1 500 mitrailleuses. Il dispose pour cela d’un budget de 1 000 000 $ à l’Union des banques suisses ([VI], p.99-100). En utilisant de faux documents à l’en-tête officiel de l’Éthiopie, tels que ceux qu’il avait utilisé pour organiser l’envoi en Palestine de clandestins, il acquiert des armes en Tchécoslovaquie ([VI], et pp.108-109). Le 14 janvier, il signe un contrat d'un montant de 12 280 000 $ incluant l'achat de 24 500 fusils, 5 000 mitrailleuses légères, 200 mitrailleuses lourdes, 54 000 000 de cartouches et 25 Messerschmitts[61]. Le journal israélien Haaretz du 09/05/2006 cite des chiffres encore plus importants en rapportant une exposition tchèque sur cet épisode de l'histoire il aurait s'agit de 50 000 fusils, 6 000 mitrailleuses, 90 millions de cartouches, 25 Messerschmitts avec dans la seconde moitié de l'année 1948, 56 Spitfire[62].

Avriel acquiert également un Douglas DC-4, au nom de code « Balak-1 » qui permettra d'acheminer début avril un premier lot comprenant 140 mitrailleuses MG34 et plusieurs dizaines de milliers de cartouches ([VI], pp.375-376). Le reste suivra et se révélera essentiel dans le cadre de l'opération Nachshon. Après la déclaration d'indépendance, dans leur soutien à la cause sioniste, les Soviétiques mettent l'aérodrome de Zatec (Tchécoslovaquie) et son personnel au service d'Israël. Le 13 mars, un C-69 Constellation après le 15 mai deux DC-4 supplémentaires acquis officiellement par l'État d'Israël[63] participeront au pont aérien de l'opération Balak [64]. Le 20 mai, le même DC-4 transportera un Messerschmitt 109, le premier avion de la future force aérienne israélienne ([VI], pp.690-692).

Matériel

Les armes ne suffisent pas. Ben Gourion confie à Xiel Federman, un jeune businessman très débrouillard qui a fait fortune dans la région de Haïfa, la mission d’acquérir le reste de l’équipement et du matériel indispensable pour mettre sur pied une armée de 16 000 hommes. Le 25 décembre 1947, à Anvers, il achète dans les surplus militaires de l’armée américaine : « half-tracks, ambulances, camions-citernes, remorques, jeeps, transports de munitions, tentes, casques, fils, câbles, tuyaux, radios, téléphones de campagnes, talkie-walkies, générateurs, cartouchières, caleçons, chaussettes, brodequins, chandails, treillis, lampes de poches, trousses de secours, produits prophylactiques… » ([VI], p.182). Un équipement essentiel dans le cadre de l'équipement d'une armée.

Finances

Il faut aussi payer ce matériel. Or, vers fin décembre 1947, Eliezer Kaplan, le trésorier de l'Agence juive, revient avec de mauvaises nouvelles des États-Unis dont la communauté juive est le principal bailleur de fonds du mouvement sioniste. Ceux-ci sont lassés des appels incessants du Yichouv. Devant l’importance du problème, David Ben Gourion veut se rendre en personne aux États-Unis. Lors d’une réunion avec les membres de l’Agence juive, c’est finalement Golda Meir qui est choisie pour cette mission. Elle reviendra avec des résultats qualifiés d’inespérés, suite notamment à un discours qui enflamma la communauté juive de Chicago [12] et résumé par Lapierre et Collins ([VI], pp.244-245) :

« Il faut me croire si je vous dis que je ne suis pas venue aux États-Unis dans la seule intention d’empêcher que sept cent mille Juifs soient rayés de la surface du globe. Durant ces dernières années, les Juifs ont perdu six millions des leurs et ce serait, de notre part, une grande présomption que de rappeler aux Juifs du monde entier que quelques centaines de milliers de leurs frères sont en danger de mort. Mais si ces sept cent mille Juifs viennent à disparaître, il n’est pas douteux que pendant des siècles il n’y aura plus de peuple juif, plus de nation juive et que ce sera la fin de toutes nos espérances. Dans quelques mois, un État juif doit exister en Palestine. Nous luttons pour qu’il voie le jour. C’est naturel. Il nous faut payer pour cela et verser notre sang. C’est normal. Les meilleurs d’entre nous tomberont. C’est certain. Mais ce qui est également certain, c’est que notre moral, quel que soit le nombre de nos envahisseurs ne flanchera pas. »
Elle indique alors à ses auditeurs que les envahisseurs viendraient avec de l’artillerie et des blindés.
« Contre de telles armes, notre courage, tôt ou tard, n’aura plus de raison d’être puisque nous aurons cessé d’exister… Mes amis, nous vivons un présent très bref. Lorsque je vous dis que nous avons immédiatement besoin de cette somme, ce n’est pas le mois prochain ou dans deux mois. C’est tout de suite ! Il ne vous appartient pas de décider si nous devons ou non poursuivre le combat. Nous nous battrons. Jamais la communauté juive de Palestine ne hissera le drapeau blanc devant le Grand Mufti de Jérusalem. Mais il vous appartient de décider qui remportera la victoire, nous ou le Mufti. »

Ce sont 25 000 000 $ que Golda Meir rapportera des États-Unis ([VI], Chap.12).

Autres

Un Hotchkiss H-39 au Yad la-Shiryon Museum, Israël.
Un Hotchkiss H-39 au Yad la-Shiryon Museum, Israël.

D’autres agents agissent en parallèle. Grâce à des fonds fournis par Rudolph Sonnenbor, Chaim Slavine se procure aux États-Unis du matériel d’occasion qui permettra, une fois les Britanniques partis, de produire 50 000 cartouches par jour ainsi que des mitrailleuses et certains composants pour obus de mortiers de 88. Ceux-ci sont complètement démontés et les pièces mélangées puis envoyées en Palestine en tant que pièces détachées pour matériel agricole de manière à ne pas éveiller les soupçons des douaniers ([VI], pp.109-113). Ces machines seront utilisées dans les ateliers clandestins de Joseph Avidar dans le kibboutz de Maagan Michel pour produire plus de 3 000 000 de cartouches avant juillet 1948 ([VI], p.227). Ses ateliers fabriqueront également 600 voitures blindées, dont la majeure partie seront détruites lors de la guerre civile, mais qui permettront le ravitaillement de Jérusalem ([VI],. p.541).

Malgré l'embargo, la France livre 10 chars Hotchkiss H-39 dans le courant du mois de juin ([XIV], p.79 et p.523). Cette décision est entérinée par le Conseil des ministres du 16 mars 1948.

  • dans le camp arabe

Le Haut Comité Arabe est nettement moins bien organisé que le Yishouv. Tout au long de la guerre [civile], il se procurera 6000 petites pièces d'armement, 500 mitrailleuses, 124 bazookas [65], 23 mortiers, 66 pièces d'artillerie et anti-aériennes de calibres divers et 7 000 000 de cartouches mais celles-ci n'arriveront qu'après l'entrée des forces arabes régulières en Palestine et finiront par être confisquées par la Légion arabe ([II], p.39). Lapierre et Collins relatent la vente par deux policiers britanniques de leur automitrailleuse pour la somme de 1000 livres ([VI], p.229).

L'armement de l'Armée de libération arabe est fourni par la Syrie et financé par la Ligue arabe. En décembre 1947, le capitaine Abdel Aziz Kerine signe un contrat avec la Tchécoslovaquie pour l'achat d'armes et de munitions. Le bateau devant transporter les armes est coulé dans le port de Bari. Le navire sera renfloué en août 1948 mais cette fois à destination des combattants palestiniens mais la marine israélienne intercepte le navire et en saisit la cargaison [II], p.50).

[modifier] Réorganisation de la Haganah

Avec le fait d'avoir « amené les Juifs, de Palestine et d'ailleurs à tout faire, personnellement et financièrement pour aider le Yishouv », le second grand succès de Ben Gourion est de transformer la Haganah d'une organisation paramilitaire clandestine en une véritable armée ([III], p.79). Avant le vote du plan de partage, il espérait disposer de plusieurs années pour y parvenir [réf. nécessaire].

Ben Gourion nomme Israël Galili à la tête du comité d'état-major de la Haganah et scinde celle-ci en 6 brigades d'infanterie - numérotées 1 à 6 - qui se voient attribuer un théâtre d'opération précis. Yaakov Dori est nommé chef des opérations mais c'est Yigal Yadin qui en assume la responsabilité sur le terrain. Le Palmach commandé par Yigal Allon est scindé en 3 brigades d'élites - numérotées 10 à 12 - et constitue la force mobile de la Haganah ([XIV], p.63 ; [IV], p.31).

Le 19 novembre 1947, la conscription devient obligatoire et hommes et femmes reçoivent un entraînement militaire ([III], p.80).

Fin novembre, l'unité tactique est la compagnie et l'unité opérationnelle la section. Vers mars-avril, l'unité tactique passe au niveau de la brigade. Ces unités opèrent au niveau opérationnel à partir d'avril-mai lors de la 2ème phase de la guerre mais restent sous-équipées. Dès avril, la Haganah mène des opérations au niveau de la brigade. À partir de juillet, elle mènera des opérations coordonnées regroupant plusieurs brigades et à partir d'octobre, opérera au niveau de la division avec des offensives sur plusieurs fronts simultanément ([VII], pp.16-17).

  • Ordre de bataille

Front nord :

  • 1ère brigade, Golani, commandée par Moshe Peled (« Musa »)
opère dans l'Est de la Galilée et la Vallée du Jourdain;
opère dans la zone de Haïfa et l'ouest de la Galilée;
  • 11ème brigade, Yiftach, commandée par le Colonel Mula Cohen
opère en Galilée avec la Golani.

Front central :

  • 3ème brigade, Alexandroni, commandée par Dan Even
opère dans la plaine de Sharon entre Tel-Avis et Haïfa;
  • 4ème brigade, Kiryati, commandée par Michael Ben-Gal
opère dans la zone de Tel-Aviv;
  • 5ème brigade, Guivati, commandée par Shimon Avidam
opère dans le nord du Néguev, dans le corridor de Jérusalem et à des troupes disséminées dans les implantations du Néguev.
Elle totalise 3000 hommes répartis en 5 bataillons.

Secteur de Jérusalem :

opère dans le secteur de Jérusalem (assiégée);
opère dans le secteur du corridor de Jérusalem, dans les implantations de Kfar Etzion et dans l'escorte des convois de ravitaillement de la ville.

Front sud :

  • la 12ème brigade, HaNeguev, commandée par le Colonel Nahum Sarig
opère dans le nord du Néguev et a été disséminée dans les différentes implantations.

Renforts : Après le 15 mai, notamment suite à l'arrivée de matériel, la Haganah est renforcée par 3 brigades supplémentaires :

  • la 7e brigade mécanisée, Sheva commandée par Shlomo Shamir,
opère dans le corridor de Jérusalem.
Plus tard elle est commandée par Ben Dukelman, lors de l'opération Dekem.
  • la 8e brigade blindée opère dans le corridor de Jérusalem.
Elle est composée du 82e bataillon de chars (une quinzaine de chars, des half-tracks équipés de canons et des véhicules de reconnaissance) commandé par Felix Beatus et du 89ème bataillon mécanisé (unité de commandos sur jeep) commandé par Moshe Dayan.
  • la 9ème brigade, Oded, commandée par Uri Yoffe,
opère initialement sur le front nord.

[modifier] Le plan Daleth (mars 1948)

  • Introduction

Le plan Daleth est un document de 75 pages rédigé par Israel Ber et Moshe Pasternak, sous la supervision de Yigal Yadin. Il a fait l'objet de plusieurs mois de travail et est finalisé le 10 mars 1948. D'un point de vue militaire, il organise les missions des différentes structures armées de la Haganah, et prépare la contre-offensive.

Initialement Yadin pense le mettre en œuvre aux alentours du 15 mai, avec le départ des Britanniques. Néanmoins, étant donné les réalités militaires sur le terrain, dont le blocus de Jérusalem et des implantations isolées et au vu du retrait avancé des troupes britanniques et des attaques et des menaces arabes, la mise en œuvre du Plan Daleth est avancée au mois d'avril ([VII], p.164).

La Haganah passe à l'offensive et la 2ème phase de la guerre commence.

  • Controverse

Avant d'introduire le Plan Daleth, il est utile d'en rapporter la controverse autour de son interprétation. Les débats ne portent pas vraiment sur la dimension purement militaire du plan, mais plutôt sur son rôle dans l'exode des réfugiés palestiniens.

Pour comprendre la controverse, il faut se rappeler le contexte général dans lequel chaque partie place le Plan et le contenu qu'elles mettent en avant.

Une directive d'expulsion

Dans un article intitulé « Plan Daleth : Master Plan for the Conquest of Palestine » [66], Walid Khalidi présente le Plan comme une ligne de conduite donnée à la Haganah pour l'expulsion des villages palestiniens. D'autres historiens palestiniens partagent ce point de vue, tels Sharif Kan'ana, Nur Massalha et Rashid Khalidi ([II], p.302).

Ces derniers placent le Plan dans le contexte des débats récurrents au sein des autorités sionistes (et autres) autour du problème du « transfert nécessaire » de la population palestinienne pour assurer la viabilité d'un État juif [67].

Ils tirent ensuite leur conclusion du paragraphe suivant tiré de la section 3b du Plan et qui explique comment traiter les « centres de populations ennemis occupés » :

« destruction de villages (y bouter le feu, les faire exploser et planter des mines dans les débris), en particulier les centres de population dont le contrôle continu est difficile. (...) Réaliser des opérations de recherche et de contrôle en fonction des lignes de conduite suivante : encerclement de village et fouille de ceux-ci. En cas de résistance, les forces armées doivent être détruites et la population expulsée en dehors des frontières de l'Etat hébreu »[68].

Ilan Pappé considère également le Plan Daleth comme un « plan global d'expulsion » ([III], p.139), voire comme un plan de « nettoyage ethnique » ([II], p.303). Il considère que « le plan est le reflet d'un état d'esprit des soldats juifs avant, pendant et après la guerre, parfaitement résumé par les propos d'Ezra Danin (...) : les Arabes sur la terre d'Israël, il ne leur reste qu'une chose à faire, partir en courant » ([II], p.139).

Un Plan de préparation à l'offensive arabe à venir

Yoav Gelber place le plan dans le contexte de la guerre avec les arabes palestiniens et y voit une réponse à la présence et aux incursions de l'Armée de Libération Arabe. A ce moment, suivant Gelber, Yigal Yadin n'envisage pas l'invasion des armées arabes mais des incidents équivalents à ceux qui se produisirent au cours de la Grande Révolte Arabe de 1936-39. En se fondant sur son contenu, il y voit avant tout un plan de défense formulant les principes et les procédures d'actions ainsi que les missions et les objectifs à donner aux brigades de la Haganah ([II], pp.304-5).

Il critique l'interprétation du plan en tant que politique d'expulsion en soulignant que cette interprétation ne se base que sur un seul paragraphe tiré d'un document de 75 pages, pris hors de son contexte et ignorant les objectifs réels du plan : la défense face à l'ALA. De plus, il souligne que le plan a été rédigé par des militaires tandis que la politique vis-à-vis des populations arabes était décidée soit localement, par les commandants sur le terrain et leurs conseillers au sujet des affaires arabes, ou encore par les « arabistes » du cercle proche de Ben Gourion ([II], p.303-6).

Benny Morris partage globalement l'analyse de Gelber. Il décrit le plan Daleth comme « une directive pour sécuriser l'Etat Juif émergent et les blocs d'implantation en dehors du territoire de l'État en vue de l'invasion attendue pour ou après le 15 mai » ([VII], p.163). Il précise que « le plan Daleth n'était pas une directive politique pour l'expulsion des Arabes de Palestine. Il était gouverné par des considérations militaires et dirigés vers la réalisation d'objectifs militaires » ([VII]), p.164).

  • Description

La traduction de l'introduction générale du plan Daleth est reprise sur le site mideastweb. En voici une synthèse.

« L'objectif de ce plan est de prendre le contrôle des zones de l'état hébreu, et de défendre ses frontières. Il vise également à gagner le contrôle des zones d'implantation et de concentration juives qui sont situées en dehors des frontières [de l'état hébreu] contre les forces régulières, semi-régulières, et les petits groupes [arabes] opérant à partir des bases extérieures ou intérieures à l'État » ([XV]-Introduction).

Les forces ennemies que l'état juif doit ou risque de devoir affronter sont : « les forces semi-régulières de l'Armée de libération (...), les forces régulières des pays voisins (...), de petites forces locales » ([XV]-Principes de base). A cette date, les « forces régulières des pays voisins » ne sont pas encore entrées dans la guerre.

Les objectifs du Yishouv et de la Haganah sont au nombre de 6 ([XV]-Principes de base) :

  1. « auto défense contre l'invasion (...) protection de nos implantations, projets économiques vitaux et propriétés (...) lancer des contre-attaques pré-planifiées sur les bases et les lignes de ravitaillement ennemies au coeur des ses territoires, que ce soit à l'intérieur des frontières du pays ou dans les pays voisins »;
  2. « Assurer la liberté des activités militaires et économiques à l'intérieur des frontières de l'état [juif] et dans les implantations juives à l'extérieur de ses frontières, en occupant et en contrôlant d'importantes positions en altitude au-dessus d'un certain nombre d'artères de communication »;
  3. « Empêcher l'ennemi d'utiliser des positions à l'intérieur de son territoire qui pourraient aisément être utilisées pour lancer des attaques. Ce sera obtenu en les occupant et en les contrôlant »;
  4. « Appliquer une pression économique sur l'ennemi en assiégeant certaines de ses villes afin de le forcer à abandonner certaines de ses activités dans certains secteurs du pays »;
  5. « Restreindre les possibilités de l'ennemi en menant des opérations limitées : occupation et contrôle d'un certain nombre de ses bases rurales et urbaines à l'intérieur des frontières de l'état [juif] »;
  6. « Contrôler les Services et propriété du gouvernement dans les frontières de l'état et assurer la fourniture en services publics essentiels d'une façon efficace ».

Pour atteindre ces objectifs, le plan Daleth confie les missions suivantes aux « différents services armés » :

  1. « Renforcement du système défensif fixe conçu pour défendre les zones [juives] »;
  2. « Consolidation de l'appareil de défense »;
  3. « Déploiement dans les principales villes »;
  4. « Contrôle des principales artères de transport nationales »;
  5. « Encerclement des villes ennemies »;
  6. « Occupation et contrôle des positions ennemies »;
  7. « Contre-attaques à l'intérieur et à l'extérieur des frontières du pays ».

Dans le chapitre détaillant ce que signifie « Consolidation de l'appareil de défense », il est indiqué qu'il faut « organiser des opérations contre les centres de population ennemie localisés à l'intérieur ou près de notre système de défense, afin d'empêcher qu'ils ne soient utilisés comme base par une force armée active. Ces opérations peuvent être réparties dans les catégories suivantes ([XV]-Répartition des missions) :

  • Destruction des villages (en y mettant le feu, en les faisant sauter, et en plaçant des mines dans les débris), particulièrement ces centres de population qu'il est difficile de contrôler en permanence.
  • Organisation d'opérations de recherche et de contrôle suivant les directives suivantes : encerclement du village et recherche à l'intérieur de celui-ci. Dans l'éventualité d'une résistance, la force armée [ennemie] doit être détruite et la population doit être expulsée en dehors des frontières de l'état.

Les villages vidés de la façon décrite ci-dessus doivent être inclus dans le système défensif fixe et doivent être fortifiés si nécessaires. » Les villages qui ne résisteront pas seront occupés, et il n'est pas demandé l'expulsion de leur population.

Dans le chapitre détaillant ce que signifie « Déploiement dans les principales villes », il est indiqué que les même principes seront appliqués que dans les villages arabes, mais il est ajouté, sans qu'il soit fait mention d'une éventuelle résistance, qu'il faut procéder à l'« Encerclement du secteur municipal arabe central et à son isolement des voies d'accès, ainsi qu'à l'arrêt de ses services essentiels (l'eau, l'électricité, le carburant, etc), aussi complètement que possible » ([XV]-Répartition des missions).

Dans le chapitre détaillant ce que signifie « Occupation et contrôle des positions ennemies », il est indiqué : « d'un point de vue général, le but de ce plan n'est pas de mener une opération d'occupation en dehors des frontières de l'état hébreu. Cependant, au sujet des bases ennemies se trouvant près des frontières et qui peuvent être employées comme tremplins pour une infiltration dans le territoire de l'état, celles-ci doivent être temporairement occupées [...] et doivent donc être incorporées à notre système défensif jusqu'à ce que les opérations cessent. »

Un chapitre « missions des services armés » définit le rôle des différentes structures de la Haganah :

  • Le Lehi et l'Irgoun ne sont pas cités.
  • Le Him (force de garnison peu mobile de la Haganah) est en charge de la « défense des zones [juives], des postes isolés et fortifiés, et de la formation des réserves ». Soit un rôle essentiellement défensif, visant à libérer les forces mobiles qui mèneront les offensives.
  • Le Hish (force mobile de la Haganah) est chargé à l'intérieur du système de défense juif, des « opérations pour bloquer les voies de communications ennemies ». « Dans des circonstances spéciales et exceptionnelles », le Hish pourra renforcer le Him dans son rôle défensif. « Des efforts devront être faits pour diminuer le nombre de ces cas ». L'objectif du Hish est donc prioritairement offensif, du moins dans le périmètre défensif juif. Il devra ainsi « organiser des contre-attaques locales impliquant des unités non-inférieures à une compagnie (des unités plus importantes doivent être utilisées si possible). »
  • Le Palmach « est responsable des contre-attaques à l'intérieur et à l'extérieur des frontières du pays ». Il pourra être renforcé dans cette tâche par des unités du Hish.

En bref, le Palmach est en charge des contre-offensives de grande envergure, et le Him de la défense locale. Le Hish a un rôle charnière : il est surtout en charge des contre-offensives régionales, Mais il peut aussi renforcer localement le Him dans ses fonctions défensives, ou le Palmach dans ses grandes opérations nationales. Il est à noter que cette répartition des missions est surtout valable de mars à juin. Ensuite, la création de Tsahal modifie l’organisation du système de défense, et la répartition des unités militaires entre 3 forces (locales, régionales et nationales) devient caduque ([XV]-Missions des services armés).

[modifier] Seconde phase : 1er avril 1948 - 15 mai 1948

La seconde phase qui débute en avril marque le tournant dans la politique de la Haganah qui passe d'une position défensive à l'offensive. Les groupes armés palestiniens sont vaincus. Le siège de Jérusalem est temporairement levé et la ville ravitaillée. Le Yichouv prend le contrôle des routes principales qui lient les différentes implantations ainsi que des localités mixtes et de Jaffa. La société palestinienne s'effondre. Un exode massif s'enclenche.

[modifier] Opération Nachshon (5 - 20 avril 1948)

Fin mars, les troupes d'Abdel Kader Husseini empêchent les convois de ravitaillement d'atteindre Jérusalem. La ville est assiégée et la population juive est rationnée. Dans le contexte du plan Daleth, David Ben Gourion décide de lancer l'opération Nachshon pour désenclaver et ravitailler la ville ([VI], p.369).

Il confie le commandement de la partie militaire de l'opération à Shimon Avidan et engage dans l'opération 1500 hommes des brigades Guivati de la Haganah et Harel du Palmach ([VI], p.372).

La responsabilité du ravitaillement et de son acheminement est confiée à Dov Joseph qui doit rassembler 3000 tonnes de denrées diverses représentant de quoi approvisionner pendant 3 mois les 100 000 Juifs de Jérusalem. Il réquisitionne pour cela les contenus des entrepôts de Tel-Aviv ainsi que 300 camions lourds qu'il rassemble à Kfar Bilou, un ancien camp britannique choisi comme centre de chargement ([VI], p.379).

  • Chronologie

Le déclenchement de l'opération correspond avec l'arrivée des premières armes de Tchécoslovaquie. Le 1er avril, le Nora, un cargo affrété par Ehoud Avriel accoste à Tel-Aviv avec une importante cargaison clandestine d'armes ([VI], p.387).

Le 2 avril, la brigade Guivati lance un raid de diversion sur les positions de Salameh près de Safarand, dans la région de Ramleh ([III], p.85).

Dans la nuit du 2 au 3 avril, le 4ème bataillon du Palmach, composé de 180 hommes ([VI], p.381) prend le village de Qastel, sur la route de Jérusalem. ([VII], p.234).

L'offensive prend son ampleur le 5 avril à 9 h avec l'engagement des 1500 hommes répartis en 3 bataillons. Le premier bataillon occupe les villages arabes situés dans la zone de départ des convois. Le second bataillon s'attaque aux villages surplombant la route à partir de Bab el Oued mais ne parvient pas à prendre Beit Mahsir et Saris. Le premier convoi part cette nuit-là et arrive au petit matin à Jérusalem ([VI], p.389).

Le 6 avril, la Haganah occupe les villages au sud-ouest de Latroun (le site restant occupé par les Britanniques) ([II], p.87).

Le 7 avril à 10 h du soir, Abdel Kader Husseini, de retour de Damas, riposte en contre-attaquant Qastel avec une force initiale de 300 hommes ([VI], p.396). Le village est repris le 8 avril mais Abdel Kader Husseini est tué dans la bataille. Sa mort suscite le désarroi dans le camp palestinien. Le 9 avril, la position de Qastel n'est tenue que par une quarantaine d'hommes car la plupart sont partis assister aux funérailles de leur leader à Jérusalem. 2 compagnies du Palmach dirigées par David Eleazar reprennent alors le village et le rasent ([VI], p.406; [II], p.87).

Le 9 avril, le village de Deir Yaçine est attaqué par des hommes de l'Irgoun et du Lehi. Ils massacrent 110 personnes dont une majorité de civils, femmes et enfants. Cet événement aura un rôle majeur dans la suite mais quitte le cadre de l'opération Nachshon. Il est présenté dans le paragraphe suivant.

Le 11 avril, Qaluniya est pris par la Haganah ([VII], p.234).

Le 13 avril, un convoi médical juif se dirigeant vers l'hôpital Hadassah du Mont Scopus à Jérusalem est attaqué par les Palestiniens. 75 médecins et infirmières sont massacrés ([VI], pp.422-449).

À partir du 14 avril, ordre est donné aux hommes du Palmach et de la Haganah de « détruire et conquérir bases et forces ennemies ». Le 15 avril, l'ordre est donné d'annihiler et détruire Beit Suriq. Le 16 avril, Saris est pris et détruit. Le 20 avril, Khulda est rasé au bulldozer ([VII], p.235).

L'opération prend fin le 20 avril ([VII], p.235).

[modifier] Siège de Jérusalem et mort d'Abdel Kader al-Husseini

L'opération Nachshon a permis à 3 (ou 4 [69]) convois de ravitailler Jérusalem. Les objectifs ne sont pas atteints car seules 1800 tonnes sur le 3000 prévues sont acheminées, soit de quoi « assumer deux mois d'un sévère rationnement » ([VI], p.457).

La perte du leader charismatique palestinien, Abdel Kader Husseini « bouleverse la stratégie et l'organisation arabes dans le secteur de Jérusalem » ([VI], p.455). Son successeur, Emil Ghuri change de tactique pour bloquer la ville. Au lieu de provoquer une série d'embuscades tout au long du parcours, il fait ériger le 20 avril un « énorme » barrage à Bab el Oued et Jérusalem est à nouveau isolée ([VI], p.456). Yoav Gelber le décrit néanmoins comme un politicien manquant de la moindre compétence ou expérience militaire ([II], p.89). Enfin, la disparition d'Abdel Kader Husseini accentuera encore les discordes dans le camp palestinien ([II], p.89).

L'opération Nachshon aura montré également la très mauvaise organisation arabe palestinienne face à la guerre. Faute de logistique, notamment pour l'approvisionnement en nourriture et munitions, ils sont incapables de maintenir des combats plus de quelques heures en dehors de leurs bases permanentes ([II], p.89).

Face aux événements, le Haut Comité Arabe demande au Commissaire Cunningham d'autoriser le retour du Mufti, seul capable de redresser la situation. Malgré l'autorisation donnée, ce dernier ne se rend pas à Jérusalem. Sa chute de prestige ouvre la voie à l'expansion de l'influence de l'Armée de Libération Arabe et de Qawukji dans le secteur de Jérusalem ([II], p.89).

[modifier] Massacres de Deir Yaçine et du convoi de l'Hôpital Hadassah (9 et 13 avril 1948)

Voir aussi : Massacre de Deir Yaçine

  • Evenements

Deir Yaçine est un village arabe situé à 5 km à l'est de Jérusalem. Il compte 610 habitants, tous Musulmans([III], p.309).[70] En janvier, ses habitants ont conclu des accords avec leurs voisins juifs de Givat Saul et ont signé un pacte de bon voisinage avec eux après avoir chassé des hommes du Najada hors du village. À plusieurs reprises, les habitants empêcheront des Moudjhadines ou des hommes de l'Armée de libération arabe d'utiliser leur village comme base ([III], p.306).

Le village de Deir Yaçine ne fait pas partie des villages à prendre dans le cadre de l'opération Nachshon. Néanmoins, malgré les réticences de David Shealtiel et finalement avec son accord, l'Irgoun et le Lehi rassemblent 110 combattants pour attaquer le village. Selon Gelber, les motivations de l'Irgoun et du Lehi pour l'attaque de ce village stratégiquement insignifiant étaient de montrer qu'ils étaient eux aussi capables d'occuper un village arabe (en rapport avec les succès de la Haganah dans l'opération Nachshon); cela toutefois sur fond de vengeance suite à la crise des convois ([III], p.309).

L'attaque est lancée le 9 avril au matin. L'opération est mal préparée et de nombreux incidents se produisent. Les combattants palestiniens offrent une résistance plus importante que prévue. Les combattants de l'Irgoun et du Léhi ne sont pas entraînés pour une opération qui consiste à prendre un village en plein jour. Ils comptabilisent rapidement 5 morts et 35 blessés dont plusieurs « officiers ». Ils font alors appel à la Haganah pour évacuer leurs blessés. Une section du Palmach intervient aux alentours de midi et tire au mortier de 2 pouces sur la maison du Moukhtar dans l'espoir de faire cesser la riposte palestinienne. Mais ces tirs sont sans effet et les combattants continuent à se battre même après que le reste du village ait été pris ou que les villageois se soient rendus. Les hommes de l'Irgoun et du Lehi prennent dès lors les habitations une par une, les nettoyant souvent à la grenade ([III], p.310).

Bien que conscient de la situation, aucun renfort n'est envoyé de Jérusalem par le Comité National. Les Palestiniens sont occupés par les préparatifs de l'enterrement d'Abdel Kader Husseini. Les Britanniques sont également approchés pour intervenir mais sans réelle insistance. Ce n'est qu'à la fin de l'après-midi, quand des premiers réfugiés -des femmes et des enfants- arrivent à Jérusalem que le comité d'urgence presse l'armée britannique d'intervenir ([III], p.310). A l'époque, La presse relayera le chiffre de 254 victimes civiles. Les historiens évaluent aujourd'hui le massacre aux alentours de 100 personnes mais avec une majorité de civils, femmes et enfants ([III], pp.311-312)[71]. Ce massacre suscite l'indignation de la communauté internationale.[réf. nécessaire] Ben Gourion le condamne, mais n'engage aucune poursuite judiciaire.[réf. nécessaire]

La nouvelle du massacre et son exagération par une double propagande[72] va être une des causes de l'exode palestinien. Sa répercussion au sein de la population arabe des États voisins empêchera ceux-ci de reculer sur leur promesse de venir « au secours » des Palestiniens.

Menahem Begin niera tout massacre, parlant d’une « propagande mensongère ». « Ce ne fut pas ce qui s’est passé à Deir Yaçine, mais bien ce qui a été inventé […] qui nous a aidé à nous ouvrir un chemin vers des victoires décisives […] Les Arabes pris de panique s’enfuirent aux cris de « Deir Yaçine » »[73].

En représailles, le 13 avril, un convoi médical se dirigeant vers l'hôpital Hadassah du Mont Scopus à Jérusalem sera attaqué par les Arabes. Quatre-vingt médecins et infirmières seront massacrés. Quelques soldats britanniques essayeront d'intervenir pour arrêter le massacre, mais sans succès.

[modifier] Siège et attaque des localités mixtes (avril - mai 1948)

Dans le cadre du plan Daleth, les localités mixtes situées dans la zone allouée à l'État juif par le plan de partage vont être attaquées ou assiégées par les Juifs. Leur conquête s'accompagnera de l'exode d'une grande partie de la population palestinienne.

Tibériade tombe le 17 avril et 6 000 h arabes seront évacués par les Britanniques (Lorens p.85 ; Myths and Facts, p.127)

L'attaque de Haïfa est brève. Elle débute le 21 avril et voit la reddition arabe le lendemain. Quarante milles arabes (musulmans et chrétiens) quitteront la ville les jours qui suivront (Lorens p.85).

Jaffa est attaqué par l'Irgoun le 27 avril mais l'armée britannique intervient. Elle ne tombera que le 13 mai suite à leur départ. 50 000 à 60 000 arabes s'enfuient (Laurens p.86)

Safed est attaquée et tombe le 10 mai. 10 000 à 12 000 arabes s'enfuient [http://www.palestineremembered.com/Jaffa/Jaffa/Story151.html).

Beisan tombe le 11 mai. La Légion arabe en évacue 6 000 habitants arabes (Myths and Facts, p.130).

[modifier] Deuxième vague de réfugiés arabes

Cette deuxième vague prend place d'avril à juin 1948 et est nettement plus massive que la première.

Yossef Weiz prend à cette époque la direction du Comité de transfert pour organiser la « judaïsation » des villes et villages arabes. Il prend l'initiative d'expulsions locales, n'ayant pas à ce moment d'autorisation au niveau national d'expulsion des habitants arabes du territoire.

[modifier] Les préparatifs de la Ligue arabe (février - mai 1948)

Le 13 mai, la Ligue Arabe se réunit et s'accorde pour envoyer les troupes d'État en Palestine dès l'expiration du mandat britannique. Abdallah de Transjordanie est nommé commandant en chef des forces arabes, cependant les différentes armées arabes resteront sans coordination véritable tout au long de la guerre.

[modifier] La rencontre du 10 mai 1948 entre le roi Abdallah et Golda Meyerson

Golda Meir en 1973
Golda Meir en 1973

Le 10 mai, Golda Meyerson (Golda Meir) et Ezra Danin se rendent secrètement à Amman au palais d'Abdallah pour discuter de la situation avec lui.

La position d'Abdallah est difficile. Il est pris entre d'un côté ses ambitions personnelles, les promesses faites au Yichouv en novembre et le feu vert britannique, et de l'autre, la pression de son peuple en réaction au massacre de Deir Yassin, au problème des réfugiés et à ses accords avec les autres membres de la Ligue Arabe ([III], p.167).

Dans son journal, David Ben Gourion [74] relate le rapport de l'entrevue fait par Golda Meyerson :

« We met [on 10 May] amicably. He was very worried and looks terrible. He did not deny that there had been talk and understanding between us about a desirable arrangement, namely that he would take the Arab part [of Palestine]. (...) But Abdallah had said that he could now, on 10 May, only offer the Jews "autonomy" within an enlarged Hashemite kingdom. He added that while he was not interested in invading the areas allocated for Jewish statehood, the situation was volatile. But he voiced the hope that Jordan and the Yishuv would conclude a peace agreement once the dust had settled ».

Les analyses concernant les motivations et les conclusions de cette réunion sont controversées.

Selon Dominique Lapierre et Larry Collins ([VI], pp.525-530) et l'historiographie israélienne, l'objectif des négociateurs du Yichouv est de proposer un ultime accord de paix et éviter l'attaque des armées arabes. A ce moment, la balance des forces ne leur est théoriquement pas favorable mais Meyerson ne parvient pas à convaincre le roi.

Selon Morris (Righteous Victims, p.221), Abdallah revient sur ses promesses de novembre de ne pas s'opposer au plan de partage en laissant toutefois à Meyerson l'impression qu'il fera la paix avec l'Etat juif une fois la guerre en cours terminée.

Avi Shlaim[75] parle lui d'un accord « tacite » pour empêcher le partage de la Palestine avec les palestiniens ([IX], p.83).

Pierre Razoux indique que « la plupart des experts estiment qu'il est probable » que Ben Gourion et le roi Abdallah s'étaient entendus pour partager la Palestine mais que ce n'est que sous la pression des pays arabes qu'Abdallah fut contraint de rompre sa promesse. Selon lui, cette thèse permet d'expliquer l'attitude britannique qui suivant cette option aurait répondu à la fois aux promesses faite par Balfour au Yishouv et à celles faites aux Hachémites à l'époque de Lawrence d'Arabie. Il souligne que « la présence (...) de détachements de la Légion arabe [avant le 15 mai] près des positions stratégiques tenues par les Britanniques prend ainsi tout son sens » ([XIV], p.523). Il est important de souligner ici qu'il indique que Latroun fut ainsi « donné » à la Légion Arabe ([XIV], p.73 ; voir § Batailles de Latroun).

Pappé (pp.168-169) souligne que ni les ministres d'Abdallah, ni le monde arabe ne semblent être au courant des discussions entre lui et le Yichouv, même si ses ambitions sur la Palestine, par contre, sont connues. Il indique également que Sir Alec Kirkbride et Glubb Pacha pensent à l'époque qu'au moins le Secrétaire de la Ligue Arabe, Azzam Pacha, doit être au courant du double-jeu du roi Abdallah.

Il est certain par contre que Golda Meyerson et le roi Abdallah ne trouvent pas d'accord sur le statut de Jérusalem : le 13 mai la Légion Arabe prend Kfar Etzion ([IV], p.51) situé à mi-chemin sur la route stratégique entre Hébron et Jérusalem et où seront massacrés plus de 15 prisonniers juifs tandis que le 17 mai Abdallah ordonnera à Glubb Pacha de lancer l'assaut contre la ville sainte.

[modifier] Troisième phase : 15 mai 1948 - 11 juin 1948

déclaration d'indépendance d'Israël
déclaration d'indépendance d'Israël

Le mandat britannique arrive à expiration le 14 mai. David Ben Gourion, président du Conseil national juif, proclame l'indépendance de l'État d'Israël. Ce nouvel état est reconnu par l'Union soviétique et les États-Unis ainsi que par de nombreux autres pays.

Dans les jours qui s'ensuivent, des armées composées d'environ 1 000 Libanais, 6 000 Syriens, 4 500 Irakiens, 10 000 Égyptiens et entre 6 000 et 9 000 Transjordaniens se joignent aux forces arabes civiles (12 000 hommes) et à l'Armée de Libération (3 800 hommes d'après Gresh et Vidal [V], P. 145) et font face à une armée israélienne de 30 000 à 35 000 hommes. Au cours des mois suivants, chaque partie voit s'accroître ses forces mais les armées arabes restent devancées par les Israéliens, notamment du fait de leur organisation supérieure et de leur meilleure préparation.

Voici le tableau des forces en présence au 15 mai 1948, présenté par Jon et David Kimché [I].

FRONTS ISRAELIENS ARABES
Sud 5 000 5 000 Égyptiens
Sud profond et Hebron 1 500 4 000 Égyptiens
Jérusalem et corridor 4 500 4 000 Légion arabe transjordanienne et 1 000 Égyptiens
Front central, Tel-Aviv, Natanaya 3 000 3 000 Irakiens
Nord 5 000 3 000 Syriens, 1 000 Libanais et 2 000 Armée du Salut[76]
TOTAL 19 000 23 000

On voit qu'à part la zone d'Hébron (qui de fait sera perdue) la situation n'est numériquement pas mauvaise pour Israël. Elle est plus délicate en terme d'armement lourd. Mais, « à partir du 14 mai, l'état désormais officiel importe au grand jour. Et un matériel plus conséquent se déverse : des premiers canons de campagne le 15 mai, d'autres canons et des mortiers de 120 mm une semaine plus tard, des canons de 75 mm et des mitrailleuses de tous calibres le 28 mai, et peu après les fameux Messerschmitt vendus par Prague » ([V], P. 177). Ces armes avaient été achetées antérieurement, et pour certaines se trouvaient déjà en mer au moment de la création de l'état.

[modifier] Front central (Jérusalem)
Situation des forces en présence au 1er juin 1948
Situation des forces en présence au 1er juin 1948

C'est le front le plus actif. C'est en effet le principal objectif d'Abdallah de Transjordanie, qui veut à tout prix du contrôle des lieux saints musulmans (mosquée Al-Aqsa). C'est aussi un objectif essentiel pour les Israéliens : c'est la plus grande ville juive de Palestine, c'est le premier lieu saint du Judaïsme, et c'est la capitale historique du royaume de Judée. L'affrontement le plus décisif a lieu à Jérusalem même et sur la route Jérusalem / Tel-Aviv. Abdallah donne l'ordre à Glubb Pacha, officier britannique et chef de la Légion arabe transjordanienne, de prendre Jérusalem d'assaut le 17 mai.
Entre le 19 mai et le 28 mai, la légion arabe mène des opérations à Jérusalem. Le 19, le quartier juif de la Vieille Ville est encerclé. Le 28, il tombe. Les Transjordaniens expulsent la population civile du quartier. La perte est symboliquement importante, car c'est le quartier où se situe le mur des lamentations. Les autres quartiers juifs de Jérusalem résistent par contre. Il est à noter que les groupes armés de l’Irgoun et du Lehi sont encore actifs à cette époque (Tsahal n’est créé que le 26 mai), et ont combattu de façon autonome (mais coordonnée) au coté de la Haganah.

Voir les Actualités Françaises du 24/06/1948 sur le site de l'INA (nécessite un lecteur Quicktime). [13]

De durs affrontements opposent à Latroun (nord-ouest de Jérusalem) des forces juives offensives et les Transjordaniens qui défendent la ville. Pour les israéliens, Latroun est le verrou de la route entre Tel-Aviv et Jérusalem. Les israéliens alignent donc contre Latroun 4 brigades : une brigade fraîchement constituée de nouveaux immigrants, la brigade Alexandroni, la Givati et la Yiftah. Il y aura 3 attaques majeures israéliennes, dont la dernière à la veille de la trêve du 11 juin. Toutes échouent, et les israéliens subissent des pertes importantes.

L'arrière garde de l'Armée de libération arabe (ALA) (qui se retire vers le nord) aura encore le temps de combattre à Latroun et de bombarder la Vieille Ville de Jérusalem ([II], p.140)

Latroun ne tombera pas de toute la guerre, et les israéliens devront construire une nouvelle route Tel-Aviv - Jérusalem-ouest, dite « route de Birmanie ». Celle-ci[77] sera construite « avec les ongles » (l'expression est de Elie Barnavi) avant la trêve du 11 Juin, en élargissant « un sentier parallèle à la grande route, dans la montagne, pour le rendre carrossable » ([XIII], P. 197). Il fallait pour les israéliens rétablir une voie de communication pour les camions de ravitaillement entre la bande côtière et Jérusalem-ouest avant cette date, faute de quoi la ville serait devenue une enclave juive en zone arabe. La « route de Birmanie » sera très sommairement terminée le 9 juin, dans des conditions difficiles et d'extrême justesse, 2 jours avant la trêve. C'est le colonel juif américain David (Mickey) Marcus qui se chargera de la route. Il deviendra ainsi le premier général de Tsahal, peu avant d'être tué par erreur par une sentinelle.

À compter du 21 mai, une colonne égyptienne atteint Bethléem après avoir traversée le Néguev et être passée par Beersheba. Le 22 mai, elle mitraille les faubourgs sud de Jérusalem[78]. « Des combats sanglants se déroulent [...] au sud, contre les forces combinés de la Légion »[79] et de la 4e brigades égyptienne, pour le contrôle du kibboutz Ramath-Rahel qui commande l'accès de la nouvelle ville[80]. « Cinq fois pris et repris, le kibboutz finira par rester aux mains des hommes de l'Irgoun. » ([XIII], P. 197). Malgré cette présence, les Égyptiens joueront un rôle bien moins actif que les Transjordaniens dans la bataille de Jérusalem.

[modifier] Front nord (lac de Tibériade)

« Autour du lac de Tibériade, l’armée juive l’a également échappé belle. Trois jours après leur irruption, les Syriens enlèvent Samakh et trois colonies juives évacuées . Mais leur chance tourne, le 20 mai, devant le premier des kibboutzim, Degania, dont ils forcent l’entrée, mais sans le réduire.[…] Repliées de leur côté du Jourdain, les troupes de Damas le retraversent pour écraser, le 10 juin, la colonie de Mishmar Hayarden : une tête de pont durable en territoire israélien. Plus au sud, les Irakiens, moins fortunés, essuient un échec devant le Kibboutz Gesher, avant de partir, les uns pour le front de Jérusalem, d’autres, le 24 mai, pour le triangle » (nord-ouest de la Cisjordanie) ([V], P.177). Les Irakiens sont alors remplacés par une partie des troupes de l’Armée arabe de libération (ALA). A partir de la fin mai, le front syrien, tenu par les syriens eux-même et les renforts de l’ALA, sera relativement peu actif.

[modifier] Front nord (Galilée)

Le conflit a lieu en fait sur 2 fronts : le « doigt de Galilée » (extrême nord-est de la Palestine mandataire), et la Galilée elle-même.

A l’ouest du « doigt de Galilée », « la brigade Yiftah […] contenait les Libanais sur leur propre territoire, pour une guerre de position sanglante, chaque ville et village passant et repassant, au gré des combats, d’une armée à l’autre » ([V], P.178).

En Galilée même, les forces libanaises se montrent plus passives. Elles ne pénétreront que d'une centaine de mètres en territoire palestinien. La Galilée est surtout tenue par des éléments secondaires de l’ALA. Les Israéliens ont donc un certain avantage dans cette zone, eu égard à la faiblesse des forces qu'ils rencontrent. La ville d'Acre (Nord de la bande côtière) a ainsi été prise par la brigade Carmeli le 21 mai, ainsi que d'autres villages le long de la côte : al-Zib, Samaria et Zaba ([II], p.152 ; p.360). Mais les besoins de troupes sur d'autres fronts (en particulier Jérusalem) les empêchent d'exploiter pleinement la faiblesse de leurs opposants, et leur progression reste limitée.

Consciente de cette faiblesse, et parallèlement à son déploiement au sud du lac de Tibériade, l'ALA s'est réorganisée en vue de renforcer le front de la Galilée via le Liban, en rejoignant ce qui restait de ses forces en Galilée. L'ALA pénétra assez facilement en Galilée suite au déplacement de la brigade Yiftah vers le front central ([II], p.145). Ce sont ces troupes que les Israéliens affronteront lors de l'opération Hiram, du 29 au 31 octobre 1948.

Après le retrait de la brigade Yiftah, « son successeur, la brigade Oded – formée de colons, d’immigrants et d’un bataillon de la Haganah de Haïfa – se heurtera le 6 juin, à une fulgurante opération arabe. Syriens, Libanais, et soldats de Fawzi Al Qawuqji[81] briserons le verrou israélien, rétablissant ainsi le passage vers la Galilée » ([V], P.178).

[modifier] Front central (Samarie)

Les troupes transjordaniennes se sont surtout concentrées autour de Jérusalem, ou ont lieux de durs combats, et en Samarie centrale (à l’écart de la ligne de front), pour prendre le contrôle politique de la zone (prélude à l’annexion). Les troupes irakiennes se déploient dans les villes arabes du nord de la Samarie : Jénine, Naplouse et Tulkarem. Les troupes irakiennes se retirent du lac de Tibériade le 24 mai pour venir renforcer les unités de Samarie. « le 25 mai, les Irakiens dévalent vers Natanya, encerclant plusieurs Kibboutzim, et en ravissant un. Mais l’Alexandroni récupère la colonie et endigue la percée, préparant ainsi le terrain pour la contre-offensive dont la Givati se charge. Entrée dans le triangle par le Nord, le 29 mai, la brigade récolte une série de villages arabes et de fortification d’où elle se rue, […] sur Jénin. Mais elle abdique, le 4 juin, tant l’artillerie irakienne décime les unités réclamées ailleurs » ([V], P.178). Après cette date, et jusqu’au 11 juin, les forces en présence sont en pratique surtout en position défensive.

Si des forces arabes se massent contre Israël après le 15 mai, l'Armée de libération arabe (ALA) se retire. Elle était essentiellement basée en Samarie (nord de la Cisjordanie), depuis janvier 1948, avec un QG établi entre Naplouse et Ramallah ([II]). Suite à l'entrée en Cisjordanie des troupes transjordaniennes et irakiennes, l'ALA quitte la Palestine sur ordre de la Ligue Arabe, officiellement pour se réorganiser ([II], p.140).
Tandis que les Irakiens relevaient la Légion en Samarie, l'ALA remplaçait les Irakiens à Samakh et à Gesher (kibboutzim au sud du lac de Tibériade [14] ) ([II], p.143), vers le 24 mai.

[modifier] Front sud (Néguev)

Au sud, l'armée égyptienne rencontre une faible opposition. Elle se déploie dans 3 directions.

La deuxième brigade du général Muhammad Naguib remonte facilement le long de la côte à travers l’actuelle bande de Gaza, jusqu’au-dessus d’Ashdod, avant d’être arrêtée fin mai par le barrage commun de la brigade Givati, de la Brigade HaNeguev (ou Néguev) et de l’aviation.

Dans le Nord-Néguev, les colonies juives résistent. Les égyptiens se déplacent entre elles, les isolent partiellement, mais ne les submergent pas. Le Nord-Néguev est égyptien, mais de façon partielle.

En Judée, la quatrième brigade de l’armée égyptienne prend position entre Beersheba et le sud de Jérusalem, en particulier à Hébron. L’absence de communautés juives dans cette zone rend le déploiement aisé.

[modifier] La création de Tsahal

Le 26 mai 1948, Tsahal (l'armée israélienne) est officiellement crée, et absorbe immédiatement la Haganah.

Menahem Begin « s'est engagé le 1er juin 1948 à mettre ses hommes et ses équipements à la disposition de l'armée israélienne au sein de laquelle les membres de l'IZL [Irgoun] vont constituer leurs propres bataillons » (Histoire de la droite israéliennes, P.246, Voire Bibliographie). Le Lehi rejoint aussi rapidement Tsahal.

L'Irgoun et le Lehi n’alignent respectivement que 4.000 et 1.000 combattants ([V], P.146[82]), qui plus est tenus en suspicion par le nouveau gouvernement de David Ben Gourion pour leurs activités « terroristes » passées et leurs sympathies politiques. La nouvelle armée israélienne est donc constituée essentiellement autour de l'ancienne Haganah.

L'Irgoun et le Lehi continueront à exister jusqu'en septembre à Jérusalem, ville prévue par l'ONU pour être séparée d'Israël et devenir une « zone internationale ». Les accords nationaux d'intégration de ces organisations à Tsahal ne s'y appliquent donc pas.

[modifier] Synthèse

Entre le 15 mai et le 11 juin, les troupes juives réussissent à maintenir leur contrôle sur les territoires entre leurs mains avant le 15 mai, mais pas encore à les étendre de façon importante.
Les Israéliens ont constitué une véritable armée, et ont renforcé leur armement, en particulier leur armement lourd. Contrairement aux forces arabes, ils ont un commandement centralisé et peuvent faire passer des troupes d’un bout du front à l’autre.
La carte des positions au 11 juin donne une impression de force arabe et de faiblesse israélienne, mais cette impression sera démentie après la rupture de la trêve, le 8 juillet 1948.

Voir les actualités françaises du 03/06/1948 sur le site de l'INA (nécessite un lecteur Quicktime) [15].

[modifier] Première trêve : 11 juin 1948 - 8 juillet 1948

Le 29 mai, les Nations unies déclarent une trêve. Celle-ci est acceptée par les israéliens le 24 mai. Les états arabes, dont l'avancée est bloquée, l'acceptent le 11 juin. Les forces arabes contrôlent alors environs le tiers du territoire que l'ONU avait attribué à l'état juif en Novembre 1947, et la quasi-totalité du territoire attribué à l'état palestinien.

Voir les Actualités Françaises du 24/06/1948 sur le site de l'INA (nécessite un lecteur Quicktime) [16].

La trêve durera 28 jours. Le cessez-le-feu est supervisé par le médiateur de l'ONU Folke Bernadotte, nommé le 20 mai. Un embargo sur l'armement est décidé par l'ONU afin qu'aucune des parties ne profite de la trêve. Le roi de Transjordanie visite la partie de Jérusalem contrôlée par ses troupes.

Voir les Actualités Françaises du 24/06/1948 sur le site de l'INA (nécessite un lecteur Quicktime) [17].

Mais les israéliens ont des sources d'approvisionnement clandestines depuis 1947 auprès du bloc de l'Est, et vont grâce à elles pouvoir se procurer illégalement (du point de vue de l'ONU) des armes auprès de la Tchécoslovaquie, mais aussi en faire venir de France ([XIII], P. 197). Parmi elles, des armes lourdes : « des avions, des pièces d'artilleries et des véhicules blindés. La mobilisation intensive porte les effectifs de l'armée à 60.000 hommes » ([XIII], P. 197).

Les forces arabes, elles, sont dépendantes de leurs fournisseurs officiels (Britanniques, surtout) et ne peuvent donc contourner l'embargo. Celui-ci se révèle donc essentiellement favorable aux israéliens, qui renforcent leur potentiel militaire, tandis que celui des armées arabes stagne.

Si la trêve permet à Tsahal de s'armer, elle permet aussi à Ben Gourion de la réorganiser. Entre le 11 juin et le 8 juillet 1948, le Premier ministre décide en effet de dissoudre les 3 brigades du Palmach (forces d'élites de la Haganah), qu'il considère être trop à gauche (proches du Mapam).

De son coté, l'Irgoun avait obtenu après le 1er juin [83] de conserver des unités spécifiques au sein de l'armée israélienne. Mais le gouvernement, et surtout David Ben Gourion, ne souhaitaient pas plus permettre à des unités « de droite » que « de gauche » de continuer à exister au sein de l'armée. Ces unités seront également dissoutes pendant la trêve, après l'incident de l'Altalena, les 21 et 22 Juin. « Au lendemain du 22 juin, l'Irgoun a virtuellement cessé d'exister comme force militaire autonome sauf à Jérusalem. Ses bataillons ont été dissous dans l'armée et des mandats d'arrêts ont été lancés contre plusieurs de ses chefs » (Histoire de la droite israélienne P.249, Voire Bibliographie). Les membres des unités dissoutes sont répartis dans les autres unités de Tsahal.

Avec la dissolution des unités proches de l'extrême gauche et de celles favorables à la droite, Ben Gourion assure la pleine autorité du gouvernement civil sur la nouvelle armée. « Unifié, discipliné, convenablement armé et entraîné, Tsahal devient une force de frappe redoutable » ([XIII], P. 198) de 60.000 combattants.

Progression numérique des Forces Israéliennes
(Source: Bregman, [XI], p. 24, citant le journal de David Ben Gourion
Tableau importé de Wikipedia Anglophone)

4 juin 40 825
17 juillet 63 586
7 octobre 88 033
28 octobre 92 275
2 décembre 106 900
23 décembre 107 652
30 décembre 108 300

À la fin de la trêve, Folke Bernadotte présente un nouveau plan de partage accordant la Galilée aux juifs, et le Néguev aux Arabes. Le plan est rejeté par les deux parties. Le 8 juillet, les forces égyptiennes reprennent le combat dans le sud et relancent la guerre.

[modifier] Quatrième phase : 8 juillet 1948 - 18 juillet 1948

Après les premières attaques égyptiennes, les dix jours entre les deux trêves sont dominés par une vague d'attaques des Israéliens et une attitude défensive des Arabes. Les trois offensives israéliennes qui ont lieu ont été préparées durant la première trêve. L'Opération Dani, la plus importante, vise à sécuriser et élargir le couloir israélien entre Jérusalem et Tel-Aviv en capturant les villes étapes Ramle et Lydda (renommée plus tard Lod).

La seconde offensive, l'Opération Dekel, a pour objectif la capture de la Galilée, incluant la ville arabe de Nazareth.

Enfin l'Opération Kedem, qui se voit attribuer le moins de ressources, vise à sécuriser les vieux quartiers de Jérusalem. (plan des attaques)

[modifier] Opération Dani

Lydda est protégée principalement par l'armée transjordanienne, mais dispose aussi de milices palestiniennes et de l'Armée de Libération Arabe. La ville est attaquée au nord via Majdal al-Sadiq et al-Muzayri'a et à l'est par Khulda, al-Qubab, Jimzu et Danyal. Pour la première fois dans le conflit, des bombardiers sont utilisés dans l'attaque de la ville. Le 11 juillet 1948, la ville est aux mains des Israéliens.

Ramle est capturée le jour suivant, le 12 juillet 1948.

Les 15 et 16 juillet, une première attaque contre Latroun échoue. Le 18 juillet, la Brigade Yiftach mène une seconde attaque désespérée avec des véhicules armés (dont deux chars Cromwell) mais aboutit à nouveau sur un échec. Malgré la seconde trêve prenant place le 18 juillet, les forces israéliennes continuent leurs attaques contre Latroun jusqu'au 20 juillet.

Une fois Ramle et Lydda capturée, les habitants surprennent les dirigeants israéliens en ne fuyant pas la ville. Considérant qu'ils ne peuvent se permettre de laisser là une si importante population ennemie, les forces armées israéliennes expulsent 60.000 habitants de leurs foyers à partir du 14 juillet.

[modifier] Opération Dekel

Pendant que l'opération Dani prend place dans le centre du pays, l'opération Dekel est menée au nord. Nazareth est capturée le 16 juillet. Le 18 juillet à 19h, alors que la seconde trêve est déclarée, Israël capture le sud de la Galilée, de la baie d'Haïfa au lac Kinneret.

L'opération est dirigée par Ben Dunkelman, un juif canadien, vétéran de la Seconde Guerre mondiale qui a pris le commandement de la 7ème brigade lors de son arrivée en Israël. Il est soutenu par le 13ème bataillon de la brigade Golani, sous les ordres d'Avraham Yaffe. ([réf. nécessaire] - en.wikipedia.org)

[modifier] Opération Kedem

L'opération Kedem visait à prendre toute la ville de Jérusalem, et surtout la vieille ville.

Prévue dans un premier temps pour être menée par Irgoun et Lehi le 8 juillet, juste après la première trêve, l'opération Kedem est reportée par David Shaltiel. En effet celui-ci met en doute leurs chances de succès suite à l'échec de la capture de Deir Yassin sans l'aide de la Haganah.

Le plan est prévu comme suit : les forces de l'Irgoun, commandée par Yehouda Lapidot (Nimrod), doivent entrer par la porte Bab al Jedid, le Lehi passant par le mur partant de Bab al Jedid et par la porte de Jaffa, enfin le bataillon Beit Hiron passant par le mont Sion.

La bataille est prévue pour débuter au Chabbat, le vendredi 16 juillet à 20h, un jour avant le second cessez-le-feu. Cependant l'organisation tourne mal et l'opération est reportée à 23h puis à minuit, pour en fin de compte commencer à 2h30 du matin. L'Irgoun réussit à se frayer un chemin par la porte Bab al Jedid mais les autres escouades échouent dans leurs objectifs. À 5h45, David Shaltiel est contraint d'ordonner la cessation des hostilités et de replier ses troupes.

[modifier] Seconde trêve : 18 juillet 1948 - 15 octobre 1948

Le « 15 juillet, le Conseil de Sécurité condamne en des termes d'une grande sévérité l'agression arabe, ordonne un cessez-le-feu immédiat et menace d'appliquer à la partie récalcitrante les sanctions prévues par l'article VII de la charte des Nations unies ». Sur le terrain, les défaites militaires s'accumulent pour la partie arabe : « cette fois, les Arabes prennent l'exacte mesure de leur échec, de même que les Britanniques qui, affolés, pressent à la trêve. Effectif le 17 juillet à Jérusalem » (seul échec israélien - NDLA) « le cessez-le-feu est étendu dès le lendemain à l'ensemble du pays. Vu du coté juif de la barricade, la "guerre des Dix Jours", comme on a appelé la campagne de juillet, est un franc succès » ([XIII], P.198).

Folk Bernadotte, émissaire des nations Unies
Folk Bernadotte, émissaire des nations Unies

Le 16 septembre, Folke Bernadotte propose un nouveau plan de partage de la Palestine dans lequel la Transjordanie annexerait les zones arabes comprenant le Néguev, Ramle et Lydda. Ce plan prévoit également un état juif occupant l'entière Galilée, le passage de Jérusalem sous contrôle international et le rapatriement (ou dédommagement) des réfugiés. À nouveau le plan est refusé par les deux parties.

Le lendemain, 17 septembre, Bernadotte est assassiné par le Lehi et est remplacé par le député américain Ralph Bunche. On sait aujourd'hui que « Le meurtre a été planifié par Zettler, le commandant de la section de Jérusalem (la dernière en activité et la plus dure), qu'il a été décidé au plus haut niveau par les trois responsables du centre »[84] : Nathan Yalin Mor, Yitzhak Shamir et Israël Eldad, et que l'exécution en a été confiée à un vétéran du Lehi, Yéhochua Cohen. [...] En 24 heures, plus de 250 membres du Lehi sont interpellés dans tout le pays. Le gouvernement en profite pour dissoudre les unités de l'IZL[85] à Jérusalem, bien qu'il sache qu'elles n'ont pas été mêlées au crime. Le surlendemain « le Lehi est officiellement dissout au titre d'une loi "pour la prévention du terrorisme" » (Histoire de la droite israélienne, P.253). L'entreprise d'intégration du Lehi et de l'Irgoun à Tsahal, largement entamée pendant la première trêve, est donc achevée avec la seconde. « Zettler affirmera avoir reçu une promesse explicite du ministre de l'intérieur Yitzhak Günbaum : "vous serez condamnés pour satisfaire l'opinion mondiale. Après quoi vous serez amnistiés" ». De fait, Yalin Mor et son adjoint, condamnés le 2 février 1949 à plusieurs années de prison, non pour meurtre mais pour appartenance à une organisation terroriste, seront relâchés deux semaines après [...] tous les autres détenus du Lehi bénéficieront d'une amnistie générale (Histoire de la droite israélienne, P.254).

Voir les Actualités françaises du 23/09/1948 sur le site de l'INA (nécessite un lecteur Quicktime) [18] et [19].

Durant cette seconde trêve, les Israéliens nettoient les villages capturés encore peuplés et de nombreuses habitations sont dynamitées pour raisons militaires.

[modifier] Cinquième phase : 15 octobre 1948 - 20 juillet 1949

Carte des positions militaires au début octobre 1948
Carte des positions militaires au début octobre 1948

Cette période voit se clore le conflit, et se consolider l'emprise territoriale d'Israël et de la Transjordanie.

[modifier] L'opération Yoav sur le Nord Néguev (15-22 octobre 1948)

Profitant d'une attaque égyptienne sur un convoi de ravitaillement israélien envoyé vers les colonies encerclées du Nord-Néguev, les Israéliens lancent une offensive contre les Égyptiens. Du 15 au 22 octobre 1948, trois brigades d'infanterie (Néguev, Yiftach et Givati) et la 8ème brigade blindée - assistées d'une artillerie fortement concentrée, du soutien de la totalité de la petite marine et d'une solide couverture aérienne offerte par la totalité de la nouvelle armée de l'air - s'enfonce dans le Néguev. Les brigades Harel et Oded renforceront le front sud en cours d'opération ([V], p.191 ; [II], p.203). Ygal Allon commande l'opération, originellement appelée « Dix plaies », puis rebaptisée Yoav.

L'aviation israélienne « endommage gravement les appareils égyptiens posés sur l'aérodrome d'El Arish » ([V], p.191).

La résistance égyptienne, environ 11 000 hommes[86] est vigoureuse, et plusieurs compagnies de Tsahal sont même « étrillées » ([V], p.191).

Une partie du Nord-Néguev tombe quand même entre les mains de Tsahal, et sa capitale, Beersheba elle-même, est capturée dans une opération surprise le 21 octobre. ([II], p. [réf. nécessaire] et [V], P.191). « Le vaisseau amiral de la flotte égyptienne, l'Emir Farouk, coulé avec 700 hommes, la 4e brigade du général Taha Bey - trois milles combattants d'élite - encerclés dans la poche de Falouja[87]. La réaction des alliés de l'Egypte est caractéristique : au lieu d'ouvrir un second front, la Légion du roi Abdallah fait mouvement vers Bethléem et Hébron pour combler le vide laissé par les Égyptiens » ([XIII], P.199). Si Israël élargit son territoire, la Transjordanie en fait autant. Jusqu'alors, elle tenait la Samarie (Nord de la Cisjordanie). Grâce à l'offensive israélienne, elle tient maintenant aussi la Judée (sud de la Cisjordanie).

Le 22 octobre, un nouveau cessez-le-feu est imposé aux belligérants, et surtout aux Israéliens, qui souhaitaient pousser leur avantage. Yitzhak Rabin écrira : « Nous menions de front la lutte contre les Égyptiens et une course contre la montre face à une trêve proposée par les Nations unies » ([X],p.36). Cette réticence à stopper une offensive victorieuse explique « pendant la trêve, les attaques successives des soldats hébreux, qui refoulent progressivement les Egyptiens. A la mi-novembre, seuls s'obstinent encore, prisonniers dans la nasse de Falouja, 2.000 à 3.000 officiers et soldats du Caire » ([V], P.192).

Voir les actualités cinéma sur le site de l'INA (nécessite un lecteur Quicktime) [20].

[modifier] L'opération Hiram en Galilée (29-31 octobre 1948)

Du 29 au 31 octobre 1948, l'opération Hiram est menée par 4 brigades israéliennes, dont Carmeli, Golani et Oded.

Elle chasse les 3.500 hommes de l'Armée de libération arabe vers le Liban, et achève ainsi la conquête de tout le Nord de l'ancienne Palestine mandataire.

L'armée Israélienne passe même de l'autre coté de la frontière avec le Liban, pour poursuivre les fuyards, et progresse ainsi jusqu'au fleuve Litani, avant de se retirer et de quitter le Liban.

[modifier] L'opération Horev et la conquête du Nord Néguev (22 décembre - 7 janvier 1949)

L'opération Horev
L'opération Horev

« Dans le Néguev, l'opération Horev se déclenche le 22 décembre, suite à diverses violations égyptiennes du cessez-le-feu. (...) L'aviation se donne pleinement, effectuant 243 sorties et répandant 226 tonnes de bombes. Non seulement les soldats juifs assomment les ultimes défenses égyptiennes et réduisent la poche de Falouja, mais ils pénètrent également dans l'actuelle bande de gaza. Diversion, dans le but de cacher, plus au Sud, l'entrée des troupes israéliennes dans le Sinaï égyptien à travers Al Auja, tombé le 27. Violant la frontière, elles fouleront les pistes de l'aéroport d'El Arish, quand les pressions diplomatiques, incessantes depuis le début de la manoeuvre, se feront insoutenables » ([V], p.192).

Londres menace en particulier d'intervenir militairement, au titre de son traité de défense avec l'Égypte.

« L'armée juive évacue donc le Sinaï, abattant au passage 5 avions de reconnaissance anglais » ([V], p.193).

Tout le nord du Néguev est maintenant israélien, sauf la poche égyptienne de Falouja, qui a résisté vigoureusement, infligeant des pertes sévères à Tsahal. Les égyptiens l'évacueront le 24 février 1949, après l'armistice israélo-égyptien.

[modifier] L'opération Ouvda et la prise du Néguev central et méridional (mars 1949)

Le Nord-Néguev occidental était passé sous contrôle israélien complet en janvier 1949. Le désert lui-même (Nord-Ouest, Centre et Sud du Néguev), quasiment sans population, était resté un no-man’s land, avec quelques rares troupes transjordaniennes.

La zone était majoritairement attribuée à Israël par le plan de partage de 1947. Mais pendant plusieurs mois, Israël s'est abstenu d'y pénétrer, même après la victoire sur les Égyptiens, début janvier 1949. La zone n'était pas prioritaire, et l'engagement de Tsahal dans une région toute en longueur, coincée entre les armées égyptiennes et transjordaniennes, n'était pas sans risque.

Le 24 février, Israël signe un cessez-le-feu avec l'Égypte qui neutralise l'armée égyptienne.

Après avoir tenté d'obtenir sans succès des Transjordaniens qu'ils se retirent d'eux-mêmes, Israël décida d'occuper la zone, et lança le 5 mars l'opération Ouvda, ou Uvda (« fait accompli »), avec les brigades Golani et Néguev. Les Transjordaniens se retireront alors sans combattre.

Les deux points culminant de Ouvda furent la prise d'Ein Guedi, sur les rives ouest de la mer Morte, le 7 mars 1949, en face de la Transjordanie (Nord-Ouest du Néguev), et la prise de Um Rashrash le 10 mai, sur la mer rouge, où sera construit à partir de 1950 le port de Eilat (extrême-Sud du Néguev).

Avec cette dernière opération, le désert devenait israélien, et Israël finissait de tracer les frontières qui seront les siennes jusqu'en 1967.

[modifier] Conséquences

Carte des évolutions territoriales entre 1947 et 1949 : l'état palestinien prévu par le plan de partage de 1947 n'est pas créé. Israël, l'Égypte et la Jordanie se partagent son territoire
Carte des évolutions territoriales entre 1947 et 1949 : l'état palestinien prévu par le plan de partage de 1947 n'est pas créé. Israël, l'Égypte et la Jordanie se partagent son territoire

[modifier] Jérusalem

Le 1er février 1949, Israël annexe officiellement la parti juive de Jérusalem et en fait sa capitale, rejetant ainsi le projet Onusien d'une Jérusalem unifiée placée sous tutelle internationale. La Transjordanie annexera également la partie de Jérusalem qu'elle contrôle.

[modifier] Accords d'armistice de 1949

Voir article principal : Accords d'armistice israélo-arabes de 1949

En 1949, Israël signe des accords de cessez-le-feu avec l'Égypte (le 24 février), le Liban (le 23 mars), la Transjordanie (le 3 avril) et la Syrie (le 20 juillet).

L'état israélien occupe alors 77 % de la Palestine mandataire, soit 50% de plus que ce que l'ONU lui avait alloué. Les frontières issues des accords de cessez-le-feu seront par la suite connues sous le nom de « Ligne Verte »[88]. Tant la partie arabe que la partie israélienne ont refusé de considérer les frontières issues du cessez-le-feu comme étant des frontières définitives : « Aucune disposition du présent accord ne préjugera en aucune manière des droits, revendications et positions des parties quant aux règlements territoriaux ultérieurs, du tracé des frontières ou des revendications de chacune des parties à ce sujet » (Article II de l'accord d'armistice signé par Israël et la Tansjordanie le 3 avril 1949). Certains membres du gouvernement Israélien proposeront de déclarer unilatéralement que les frontières de 1949 étaient les frontières définitives d'Israël, mais d'autres, dont David Ben Gourion, s'y opposeront. Les termes de l'accord de cessez-le-feu avec la Transjordanie sont une des bases sur lesquelles Israël fondera ses revendications territoriales sur la Cisjordanie après la guerre des six jours de 1967.

La Bande de Gaza et la Cisjordanie sont occupées respectivement par l'Égypte et la Transjordanie. La Transjordanie devient officiellement la Jordanie le 26 avril 1949, et annexe la Cisjordanie le 24 avril 1950. L'Egypte administre la Bande de Gaza, mais sans l'annexer, officiellement dans l'attente de la création d'un état palestinien.

[modifier] Conséquences politiques

Dans le monde arabe : La défaite des armées arabes (« al Naqba », la catastrophe) a entraîné en quelques années des émeutes anti-juives, une forte poussée du nationalisme arabe, des coups d'État (Syrie en 1949, Égypte en 1952), et des assassinats politiques (le Premier ministre égyptien Nokrachy Pacha est assassiné fin décembre 1948 par un Frère musulman ; Abdallah de Transjordanie est assassiné le 20 juillet 1951 par un Palestinien...).

En Israël : Le Mapaï (parti travailliste) était le parti dominant au sein du Yichouv depuis 1931. La victoire militaire a encore conforté son prestige. Il restera au pouvoir pendant encore presque 30 ans, jusqu'à la victoire électorale du Likoud en 1977.

[modifier] Démographie

Ce conflit engendra environ 750 000 réfugiés palestiniens (carte), qui constituent finalement une véritable diaspora, mais aussi plus de 600 000 réfugiés juifs des pays arabes(carte). Alors que les réfugiés juifs originaires des terres arabes migrèrent en Israël, les réfugiés arabes furent contraints de rester dans des camps, qu'ils occupent parfois encore à l'heure actuelle.

[modifier] La résolution de l'ONU sur les réfugiés (décembre 1948)

En décembre 1948, l'Assemblée générale de l'ONU fait passer la résolution 194 qui déclare « qu'il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables. »

Cette résolution (qui contrairement aux résolutions du conseil de sécurité n'est qu'une recommandation) est par la suite sommairement ignorée par les belligérants. En particulier, l'Égypte, l'Irak, le Liban, l'Arabie saoudite, la Syrie et le Yémen ont voté contre cette résolution.

En dépit de la Résolution 194 des Nations unies, les négociations entre Israël et les pays arabes qui se tinrent à Genève en 1951 n'aboutirent à aucun accord. Israël refusa le droit au retour des réfugiés (à l'exception de 75.000 personnes, propositions refusée par les pays arabes), tandis que les pays arabes (à l'exception de la Jordanie) refusèrent de les intégrer.

L'Égypte proposa de céder la bande de Gaza à Israël pour que les 200 000 réfugiés qui y vivaient puissent réintégrer leurs maisons. La Syrie proposa également d'accueillir 200 000 réfugiés pour les installer dans le nord du pays. Toutefois, aucune de ces propositions n'aboutit.

Les Arabes palestiniens établirent une marche de protestation (commémoration de la Nakba) le 15 mai de chaque année, un jour après l'anniversaire de la déclaration d'indépendance d'Israël. Le nombre de participants à ces manifestations varia au cours des années, bien que la montée du sentiment anti-israélien au sein du Moyen Orient fit récemment grimper le taux de participation. Lors de la seconde Intifada, après l'échec du sommet de Camp David II en 2000, l'intensité de ces protestations contre Israël monta de manière exponentielle.

[modifier] Le départ des Juifs des pays arabes

Le statut des Juifs dans les états arabes évolua et devint très hétérogène. Leurs libertés individuelles furent réduites et devinrent souvent bien inférieures à celles des citoyens musulmans. Par exemple, au Yémen, on leur interdit le port d'arme, y compris les couteaux traditionnels portés par une grande partie des Yéménites.

Entre l'intérêt pour la création d'Israël, les troubles politiques dans le monde arabe et la dégradation de leur situation, après avoir vécu pendant plus de deux mille ans parmi les Arabes, les communautés juives orientales eurent soudain le sentiment de n'avoir pas d'autre choix que de quitter leurs foyers pour rejoindre Israël.

[modifier] Nombre de morts

La guerre « a coûté au jeune état [Israël] six mille morts, dont deux mille civils - soit un centième de sa population » ([XIII], p.200).

« Le Caire annonce 5.731 victimes, dont 1.500 morts » ([V], p.193).

« Pour les arabes palestiniens eux-même [...], selon plusieurs auteurs, jusqu'à 15.000 morts » ([V], p.193).

La Transjordanie, la Syrie et le Liban n'ont pas publié de décompte de leurs victimes ([V], p.193).

[modifier] Voir aussi

Israël

[modifier] Bibliographie

  • I - Jon et David Kimché, A clash of destinies, The Arab-Jewish War and the founding of the state of Israel, Praeger, New-York, 1960.
  • II - Yoav Gelber, Palestine 1948, Sussex Academic Press, Brighton, 2006, ISBN1845190750
  • III - Ilan Pappé, La guerre de 1948 en Palestine, La fabrique éditions, 2000, ISBN226404036X
  • IV - Efraïm Karsh, The Arab-Israeli Conflit - The Palestine War 1948, Osprey Publishing, 2002, ISBN1841763721
  • V - Alain Gresh et Dominique Vidal, Palestine 47, un partage avorté, Editions Complexe, 1994, ISBN2870275218.
  • VI - Dominique Lapierre et Larry Collins, O Jérusalem, Robert Laffont, 1971, ISBN2266106988
  • VII - Benny Morris, The Birth Of The Palestinian Refugee Problem Revisited, Cambridge University Press, UK 2003, ISBN0521009677
  • VIII - Benny Morris, Righteous Victims, A History of the Zionist-Arab Conflict, 1881-2001, Vintage, 2001, ISBN0679744754
  • IX - Henry Laurens, Paix et guerre au Moyen-Orient, Armand Colin, Paris, 2005, ISBN2200269773
  • X - Yitzhak Rabin, Mémoires, Buchet/Chastel, 1980.
  • XII - Bregman, Ahron (2002). Israel's Wars: A History Since 1947. London: Routledge. ISBN0415287162
  • XIII – Elie Barnavi, Une histoire moderne d'Israël, Champs / Flammarion, 1988, ISBN2080812467
  • XIV - Pierre Razoux, Tsahal, nouvelle histoire de l'armée israélienne, Perrin, 2006, ISBN226202328X
  • XV - L'introduction générale du plan Daleth, traduite par Walid Khalidi et publiée par Yehuda Slutsky, Sefer Toldot Hahaganah (Histoire de la Haganah), Volume 3, Appendice 48, Tel Aviv, Zionist Library, 1972, pp.1956-1960, est reprise sur mideastweb.org
  • XVI - United Nations Special Commission, First special Report to the Security Council : The Problem of Security in Palestine, 16 avril 1948 disponible sur le site des Nations unies..

[modifier] Notes et références

  1. Histoire de la Seconde Guerre mondiale, Moscou, 1973-1979, tome 7, p. 241
  2. Histoire de la Seconde Guerre mondiale, Moscou, 1973-1979, tome 7, p. 241
  3. La Grande guerre patriotique de 1945-1945, Moscou, 1998, t.2 p. 473 et suivantes
  4. Nikolai Shefov, Les Combats de la Russie, Bib. Histoire Militaire, Moscou, 2002
  5. Voir, pour illustration, le site pro-palestinien alnakba.org et le site pro-israélien palestinefacts.org
  6. Le dernier armistice signé fut celui entre Israël et la Syrie le 20 avril 1949 mais aucun ne fut signé entre Israël et l'Irak ni entre Israël et le Haut Comité Arabe
  7. Le 14 mai 1948 marque la fin du mandat britannique, la déclaration d'indépendance d'Israël et le passage d'une guerre civile entre principalement palestiniens juifs et arabes vers une guerre entre Israël, les Palestiniens et les pays arabes voisins. Les Palestiniens commémorent la Naqba le 15 mai.
  8. Voir les articles : Theodor Herzl et sionisme
  9. Voir Laurens, Paix et guerre au Moyen-Orient, pp.63-70
  10. Pappé, La guerre de 1948 en Palestine, pp.23-24 et l'article Palestine mandataire
  11. Voir le paragraphe « casualities » de cet article Arab Revolt (in Palestine) pour les références sur le nombres de victimes arabes; le nombre de victimes juives est décrit plus haut.
  12. Voir par exemple : Benny Morris, « The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited », Background : a brief history, p.11.
  13. Voir par exemple : Karsh, The Palestine War 1948, Background to War, pp.13-21.
  14. Voir le site israelipalestinianprocon.org présentant une étude démographique recoupant plusieurs sources [1]
  15. Voir le site de l'United States Holocaust Memorial Museum [2]
  16. Voir par exemple : Laurens, « Paix et guerre au Moyen-Orient », pp.74-76.
  17. La ville de Jérusalem, de par sa symbolique, jouera un rôle central dans le conflit. Voir par exemple, Lapierre et Collins, O Jérusalem.
  18. Voir l'incident de l'Altalena
  19. Voir l'article Haganah
  20. [V], p.146 en compte 30 000 hommes
  21. [V], p.146 parle de 56 000 hommes. Cela s'explique par la prise en compte du Gadna, ce que les autres historiens ne font pas et l'évaluation du Him à 30 000 hommes
  22. Fin 1948, elle en comportera 12, dont une blindée et une mécanisée. En 2005, Tsahal comportait 56 brigades, dont 35 blindées, 17 mécanisées et 4 de parachutistes
  23. « Les opérations contre les troupes d’occupation, de plus en plus audacieuses, rendent le pays ingouvernable (…). Désemparé, Bevin, [Ministre des Affaires Etrangères britannique] décide en février 1947 de porter l’affaire devant l’ONU, non sans espérer un échec des Nations unies qui permettrait le retour en force de la Grande-Bretagne » [XIII], p.188
  24. « Continuing IZL-LHI attacks on British troops resulted in increasing British inability (and reluctance) to protect jewish traffic » ; « Des attaques continuelles de l'Irgoun et du Lehi contre les troupes britanniques eurent pour conséquence l'incapacité (et les réticences) croissantes des Britanniques à protéger le trafic [routier] juif » ([VII], p.66).
  25. Il y aura ainsi des représailles suite à l'arrestation par les Britanniques de 4 membres de la Haganah, et surtout suite à leur libération porte de Damas, en zone arabe, pour semble-t-il y être lynchés ([II], p.24). Le 22 février 1948, l'Irgoun et le Lehi, lors de 5 incidents séparés, tueront 10 Britanniques et en blesseront gravement 8 autres en représailles à un attentat arabe à la voiture piégée rue Ben Yehuda à Jérusalem, qui avait coûté la vie à plus de 60 Juifs et dans lequel étaient impliqués des déserteurs britanniques au service de Hadj Amin al-Husseini ([II], p.24).
  26. C'est vrai également en ce qui concerne les forces arabes palestiniennes.
  27. Ces véhicules blindés seront utilisés pour former les convois de ravitaillement de Jérusalem, au 1er semestre 1948
  28. Les sources sont diverses, mais la source la plus importante et la plus fiable sera constituée par les pays de l'Est. Staline n'a pas de sympathie particulière pour le sionisme, mais sa priorité est en 1947 le départ des Britanniques du Moyen-Orient, et la défaite des états arabes qui sont leurs alliés (Égypte, Transjordanie et Irak). Il favorise le vote de novembre 1947 qui crée l'État juif, et il favorise l'armement de la Haganah. La Haganah aura donc des armes lourdes, mais pas avant avril 1948. De plus, même après le vote de novembre 1947, les Britanniques interdisent toute entrée d'armement dans le pays. Les armes achetées à l'étranger sont donc stockées en Europe ou acheminées clandestinement. Elles n'entreront véritablement qu'après le 15 mai 1948. Elles serviront dans la guerre contre les États Arabes (après le 15 mai 1948), mais pas au cours de la guerre civile (entre décembre 1947 et le 15 mai 1948).
  29. Voir par exemple, La nation et la mort, d'Idith Zertal
  30. Cette rencontre est décrite en détail dans le livre d'Avi Shlaim, collusion au-delà du Jourdain
  31. site force9.net citant James Lunz, The Arab Legion 1922-1957)
  32. Voir aussi Marmon Herrington Mk IV)
  33. La base militaire des environs du Caire est considérée comme la plus importante du monde à l'époque. Elle constitue de plus un enjeu géostratégique mondial dans le cadre de la guerre froide entre le bloc occidental et le bloc communiste. En cas de guerre, la stratégie britannique est de laisser les Soviétiques s'emparer du continent et de lancer des contre-attaques aériennes avec les Américains à partir des différentes bases périphériques. Celle du Caire met les bombardiers à portée des zones industrielles d'Ukraine et couvre la Grèce et la Turquie. Dans le même contexte géostratégique, le Sinaï est considéré par les experts comme une zone où une offensive communiste potentielle pourrait être stoppée.
  34. Voir la charte de la Ligue Arabe lors de sa création [3]
  35. David Harowitz, State in the Making, p.233
  36. Ce refus officiel n'est pas marqué dans les faits car la Légion Arabe sera postée dans la plupart des garnisons de Palestine et y interviendra dans plusieurs opérations d'envergure comme l'évacuation de Bessan ou l'attaque de Kfar Etzion.
  37. citant Levenberg, 1993, p. 94.
  38. Extraits du Time de l'époque [4]
  39. en.wikpedia.org se référant à Fighting in Jerusalem, The Times, 12 décembre 1947, p.4)
  40. « Arab Legion Force in Palestine kills 14 Jews in convoy » (New York Times du 15 décembre)
  41. « Ten Arabs, reported to include five small children, were killed and five injured during the night in a Haganah reprisal raid » (New-York Time du 19 décembre)
  42. Palestine Post du 31 décembre 1947 : Archives du Palestine Post
  43. [Morris], p.XV indique que les habitants ont quitté le village le 25 avril 1948 et recense 2 causes : la chute d'Haïfa et un assaut militaire; Pappé ne donne aucune référence ; voir également Palestine remembered - Balad-al-Shaykh)
  44. http://www.mideastweb.org/refriots.htm
  45. Palestine Post du 6 janvier 1948 [5]
  46. Il est indiqué 15 dans le rapport mais on peut déduire des autres chiffres que c'est une erreur et que le nombre exact est 14.
  47. Cette politique évoluera. À la fin du mandat, le Haut-Commissaire Alec Cunningham s'opposera au déploiement de la Légion arabe sur le territoire et menacera les pays arabes d'intervention de la RAF s'ils venaient à grouper des forces le long de la frontière ou à la traverser ([II], p.115)
  48. Shishakli prendra le pouvoir en Syrie entre le 29 octobre 1951 et le 25 février 1954 (Henry Laurens, pp.115-116)
  49. C'est le cas de la famille du célèbre Edward Said (Singh, Amritjit (2004). Interviews With Edward W. Said, (pp. 19 and 219), University Press of Mississippi)
  50. Comme l'illustre bien le livre de Lapierre et Collins, « O Jérusalem » ou encore toutes les controverses actuelles autour de la Ville Sainte.
  51. En particulier : Qatamon, Lifta, Romema, Sheik Badr, Talbiye
  52. Ce qui est parfois « oublié » sur certaines cartes du Plan de Partage de 1947
  53. Arab al Balawina, Arab al Sawalima...
  54. Summeil, Abu Kishk, Sheik Muwannis, Jalil al Qibliya, Jalil al Shamaliya…
  55. Voir le site palestineremembered qui donne une vision palestinienne des faits de 1948 et en particulier de l'exode [6].
  56. Voir par exemple, ce résumé d'un article d'Arnold Krammer L'aide militaire tchèque à Israël, 1948
  57. Walid Khalidi, Before Their Diaspora, Institute for Palestine Studies, Washington DC, 1991, p.316 selon ce site [7]
  58. Voir par exemple, ce résumé d'un article d'Arnold Krammer L'aide militaire tchèque à Israël, 1948
  59. Voir la résolution du 17 avril 1948 [8]
  60. Le terme est important. Pappé souligne ici qu'ils n'étaient pas chauds à faire intervenir « leurs propres troupes » dans le conflit mais qu'ils préféraient d'autres solutions, comme déléguer la tâche à une armée de volontaire, l'Armée de libération arabe qu'ils financeraient.
  61. Walid Khalidi, Before Their Diaspora, Institute for Palestine Studies, Washington DC, 1991, p.316 rapporté par http://www.canpalnet-ottawa.org/canpalissafahel.html]
  62.  : The communists who saved the Jewish state, By Aryeh Dayan : As part of the deal signed in January, Czechoslovakia supplied some 50,000 rifles (that remained in use in the IDF for around 30 years), some 6,000 machine guns and around 90 million bullets. But the most important contracts were signed in late April and early May. They promised to supply 25 Messerschmitt fighter planes and arranged for the training - on Czech soil and in Czech military facilities - of Israeli pilots and technicians who would fly and maintain them. The planes, which were disassembled and flown to Israel on large transport planes, after their reassembly played a very important role in halting the Egypt Army's advance south of Ashdod, at a place now called the Ad Halom Junction. The assistance to the air force continued to flow in during the second half of 1948 - when it consisted of 56 Spitfire fighter planes. These were flown to Israel, some of them by Israeli pilots.
  63. Les premiers appareils dont disposent la Heyl'Ha Avir (l'aviation israélienne) sont décrits sur ce site [Lockheed C-69 Constellation]
  64. Le terme « pont aérien » est repris à Dominique Vidal et Alain Gresh [9]
  65. « AT projectors »
  66. Walid Khalidi, « Plan Daleth : Master Plan for the conquest of Palestine, Middle East Forum, November 1961 », reédité dans le Journal of Palestine Studies, Beyrouth, vol.XVIII, n°69, 1988, pp.4-37
  67. Le problème du « transfert » a été présenté de manière exhaustive dans [VII], "The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited, pp.39-64).
  68. Destruction of village (setting fire to, blowing up, and planting mines in the debris), especially those population centers which are difficult to control continuously. ... Mounting search and control operations according to the following guidelines: encirclement of the village and conducting a search inside it. In the event of resistance, the armed force must be destroyed and the population expelled outside the borders of the state.
  69. Benny Morris ([VII], p.236) parle de 3 convois de ravitaillement mais Lapierre et Collins ([VI], p.456) parle d'un 4ème convoi de 300 camions quittant Kfar Biou à l'aube du 20 avril.
  70. Les estimations par d'autres sources vont de 400 à 1200 habitants ([III], p.309).
  71. Gelber relate que Kan'ana comptabilise un total de 11 morts parmi les 100 villageois qui disposaient d'armes tandis que 70% des victimes étaient non combattantes.
  72. Ben Gourion veut discréditer l'Irgoun et le Léhi qui s'opposent à son autorité; tandis que les Arabes cherchent l'appui de la communauté internationale.
  73. Menahem Begin, La révolte d’Israël, p.200
  74. War Diary 1948-1949, ed. Elhanan Orren and Gershon Rivlin, Israël Defence Ministry Press, Tel Aviv, 1982, p.409
  75. Collusion Across the Jordan : King Abdallah, 1988
  76. les effectifs de l'Armée de libération arabe sont de 3 800 hommes (dont 1.500 palestiniens) au 15 mai 1948, d'après Palestine 47, un partage avorté, P.145. Ils sont au 15 mai un peu présents en Galilée, mais sont surtout concentrés en Samarie (Nord de la Cisjordanie). Ils se retirent de Samarie dès l'arrivée des troupes irakiennes et transjordaniennes, après le 15 mai 1948. Ils se redéploient vers Gesher (sud du lac de Tibériade. Après la première trêve (11 juin-8 juillet), ils seront surtout présents en Galilée
  77. la véritable « route de Birmanie » avait été construite par les Britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale dans des conditions très difficiles. Elle partait de Birmanie et traversait les montagnes pour ravitailler la Chine contre le Japon.
  78. Palestine 47, un partage avorté P.177
  79. La Légion Arabe de Transjordanie
  80. On appelle « nouvelle ville » les quartiers juifs de l'ouest de Jérusalem développés à partir de la fin du XIX-e{{{2}}} siècle
  81. Fawzi Al Qawuqji est le chef de l’Armée Arabe de Libération.
  82. d’autres auteurs, comme Karsh, donnent pour l’Irgoun des chiffres inférieurs, entre 2.000 et 4.000
  83. date de l'accord de Begin sur l'intégration de l'Irgoun à Tsahal
  84. Le « Centre » est le nom donné à la direction du Lehi
  85. IZL = Irgoun - L'Irgoun et le Lehi n'avaient plus d'unité combattantes qu'à Jérusalem. La ville n'avait en effet pas encore été officiellement annexée à Israël, et les deux organisations n'y appliquaient pas les accords nationaux d'intégration à Tsahal
  86. D'après le « Department of History at the United States Military Academy »
  87. Dont un jeune commandant de 30 ans, Gamal Abdel Nasser, futur chef de l'état
  88. A cause de la végétation qui avait poussé dans le no man’s land

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