Arabes

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Arabes
عرب
De gauche à droite, de haut en bas : Ibn al-Haytham, Abd al-Rahman III, Abu Al-Qasim, Ibn Rushd, May Ziade, Philippe l'Arabe, Gamal Abdel Nasser et Fairuz.
Population totale
Entre 350 et 422 millions[1]
Populations significatives par régions
Monde arabe
Brésil Brésil 10 à 12 millions
 Europe
États-Unis États-Unis 3,5 millions
Langues
Arabe, Méhri et variantes de l'arabe
Religions
Islam, Christianisme.
Groupes ethniques reliés
Autres peuples sémites
Voir aussi : Liste

Les Arabes sont un groupe ethnique de personnes anthropologiquement différents les uns des autres, qui s’identifient par des liens entre autres linguistiques ou culturels, réparties sur une vaste zone qui s’étend d’Oman à la Mauritanie. Les arabes font partie des peuples sémites.

« Au point de vue de la civilisation, bien peu de peuples ont dépassé les Arabes et l'on n'en citerait pas qui ait réalisé des progrès si grands dans un temps si court. Au point de vue religieux, ils ont fondé une des plus puissantes religions qui aient régné sur le monde, une de celles dont l'influence est la plus vivante encore. Au point de vue politique, ils ont créé un des plus gigantesques empires qu'ait connus l'histoire. Au point de vue intellectuel et moral ils ont civilisé l'Europe. »
    — Gustave Le Bon, La Civilisation des Arabes (1884)

Sommaire

[modifier] Étymologie

Le radical ʿarab, en arabe, pourrait désigner « l’homme du désert » ou encore « l’homme qui a traversé le desert » ; dans cette acception il représenterait l’identité bédouine, au sens strict, c’est-à-dire l’ensemble des tribus nomades vivant de pastoralisme en Arabie[réf. nécessaire]. Ce radical pourrait également désigner « le lieu où le soleil se couche » (cf. Érèbe, la ténèbre), c’est-à-dire l’Occident[réf. nécessaire]. Arabe et Europe pourraient provenir du sémitique ereb, qui signifie « coucher du soleil » (donc occident) ; cette hypothèse n’est aujourd’hui plus retenue.

[modifier] Définitions du terme

En bleu : pays où l'arabe est une langue officielle.
En bleu : pays où l'arabe est une langue officielle.

L’identité arabe peut reposer sur un ou plusieurs critères.

Selon Mohammed Benrabah, certaines personnes arabophones ne se reconnaissent pas dans ces définitions, notamment au Maroc et en Algérie, et se considèrent comme des Berbères arabisés[2].

Selon Sati al Housri, un des pères du nationalisme arabe, « est Arabe celui qui parle arabe, qui se veut Arabe et qui se dit Arabe. »

[modifier] Utilisations exonymiques du terme arabe

Le nom est souvent employé pour se rapporter à toute personne originaire du Moyen-Orient ou de l’Afrique du Nord dont la langue maternelle est la langue arabe. De ce fait, ni les Turcs ni les Iraniens ne sont arabes, puisque les Turcs parlent le turc (langue altaïque comme le mongol) et les Iraniens parlent le persan (une langue indo-européenne).

Par extension, le terme se rapporte à n’importe quelle personne originaire d’une ethnie qui a adopté cette langue sémitique. De telles personnes peuvent n’avoir aucun autre lien avec l’Arabie, que de vivre dans un pays qui fut annexé pendant l’expansion arabe (Syrie, Liban) ou vivre dans un État membre de la Ligue arabe, laquelle comporte des États à majorité non arabe,comme la Mauritanie, ou non-arabophone comme la Somalie, les Comores et Djibouti, ou à majorité arabophone mais où il existe de fortes minorités non arabes comme le Soudan.

Par exemple, les Berbères d’Afrique du Nord sont souvent appelés « Arabes » par méconnaissance en Occident, alors qu’ils ne sont reliés avec l’Arabie en tant que telle que par le fait qu’ils parlent souvent la langue arabe en plus du berbère, leur langue maternelle, l’arabe étant une des langues officielles du pays dans lequel ils vivent et, surtout, la langue liturgique.

[modifier] Arabes non arabophones

Les Arabes d’Asie centrale et les Arabes d’Indonésie constituent des groupes ethniques distincts, recensés comme tels, mais les recensements ont montré que la majorité des personnes se déclarant « arabes » dans ces pays ne parlent pour la majorité d’entre eux pas cette langue, ou ne la connaissent que comme langue liturgique, non comme langue usuelle, qu’elle soit intra-familiale ou non.

[modifier] Arabophones non arabes

Les Maltais parlent le maltais, une langue qui au départ est un dialecte arabe proche des dialectes tunisiens, mais ils ne se considèrent pas comme arabes. En effet, le mouvement nationaliste maltais, au XIXe siècle, a construit une origine mythique phénicienne à la langue et à la nation maltaise pour contrer les partisans de l’annexion de Malte à l’Italie en processus d’unification, ces derniers utilisant notamment pour argument que l’arabe était la « langue des musulmans ».

Il existe également des Juifs arabophones pour lesquels l’appellation « Arabes juifs » n’est pas utilisée, sauf parfois pour désigner des tribus arabes de confession juive à l’époque antéislamique ou au début de l’ère islamique (Hégire), ou dans un sens idéologique, pour désigner par exemple des Juifs non sionistes se considérant comme Judéo-arabes, par exemple Abraham Serfaty au Maroc ou Ilan Halévi, membre de l’Organisation de Libération de la Palestine.

Nombre de Somaliens et de Djiboutiens ont pour seconde langue l’arabe qui est langue officielle dans leur pays.

Parmi les populations berbères des pays dont l’arabe est la langue officielle, il existe des mouvements identitaires berbéristes (Parti démocrate amazigh au Maroc, Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie et Mouvement citoyen des Aarchs en Kabylie, Algérie) qui militent pour la reconnaissance de l’identité berbère. Les populations berbères d’Afrique du Nord, de cultures distinctes et de langues propres (tamazight, chleuh,…) ne sont pas considérées comme arabes. La langue arabe est d’ailleurs fortement rejetée par une partie des populations berbérophones qui la considèrent comme une langue d’oppression politique et culturelle[3].

[modifier] Peuplement arabe

Famille arabe de Ramallah, en 1905.
Famille arabe de Ramallah, en 1905.

Le peuplement originel de la péninsule arabique et du désert s’étendant de la Mésopotamie jusqu’en Syrie est de souche sémite, mais son origine ethnique même est sujette à de nombreux débats. De fait, la présence de ces populations bédouines est très ancienne, puisqu’on retrouve mention de leurs existences dans des textes assyriens et babyloniens datant du IXe siècle av. J.-C. mais aussi dans la Bible. Selon la Bible, ils seraient issus d’une scission des hébreux, leur ancêtre mythique étant Ismaël, frère d’Isaac ancêtre mythique des hébreux.

L’historien Marc Bergé écrivit :

« Les Arabes font leur première apparition dans l’histoire en 854 avant Jésus-Christ : l’arabe Gindibu soutint Bin Idri de Damas (le Ben Hadad II de la Bible) en lui amenant mille chameliers du pays d’Aribi à l’occasion de la bataille de Qarqar […] Peut-être le camp de Gindibu était-il situé au sud-est de Damas. Il est certain que les éléments bédouins de la péninsule arabique - qu’on appelait probablement indifféremment Aram, Eber ou Haribu - devaient être installés à l’origine, dans la région qui s’étend entre la Syrie et la Mésopotamie et qui fut, avec la Syrie le berceau le plus ancien des Sémites"[4]. »

Présents dans la péninsule arabique jusqu’au VIIe siècle, ils ont alors connu une expansion vers le reste du Moyen-Orient, vers l’Afrique du Nord et la péninsule Ibérique portés par leur foi en l’islam qui s’est transmise jusqu’en andalousie.

[modifier] Conquêtes musulmanes

Toile de Gustave Boulanger Un cavalier arabe
Toile de Gustave Boulanger Un cavalier arabe
Icône de détail Article détaillé : Histoire de la conquête musulmane.

Avant le début de la conquête musulmane, les tribus arabes étaient donc essentiellement nomades, à l’exception notable de quelques régions où les Arabes avaient développé des civilisations urbaines, comme au sud de la péninsule arabique, en Mésopotamie, sur le territoire araméen, où ils avaient créé autant de petits royaumes (Palmyre, Pétra, etc.).

Après la conquête de la péninsule arabique par l’Islam, les Arabes ont conquis aux VIIe et VIIIe siècles les régions voisines du Proche-Orient, de l’Afrique du Nord. Après leur conversion à l’islam, les Berbères conquirent l’Espagne où ils se sont maintenus près de huit siècles. Ils ont également occupé une petite partie du Sud de la France où ils se sont maintenus un siècle.

La Sicile fut également mulsulmane pendant près de 250 ans et la majeure partie de ses habitants se convertirent à l’islam jusqu’à ce que les armées chrétiennes et normandes ne récupèrent l’île, fondant le royaume de Sicile. Cette islamisation et cette arabisation furent d’autant plus radicales qu’une immigration berbère importante suivit les famines qui ravagèrent l’Afrique du Nord de 1004-1005 à 1040[5].

Après avoir fondé al-Andalus, les « maures » furent repoussés de la péninsule ibérique lors de la Reconquista. Le Proche-Orient demeure aujourd’hui majoritairement peuplés d’arabes.

[modifier] Arabes et religions

Si la plupart des Arabes ont embrassé la religion musulmane sunnite, les Arabes restent minoritaires dans l’islam. Les six pays les plus importants, en terme de population majoritairement musulmane, sont l’Indonésie, le Pakistan, le Bengladesh, le Nigeria, la Turquie et l’Iran ; six pays non arabes.

Il existe également près de quinze millions d’Arabes chrétiens dans l’aire géographique arabo-musulmane : en Égypte (de 8 à 16 %), en Syrie (10 %), au Liban (41 %), en Palestine (6 % (11 % avant la diaspora palestinienne)), en Israël, en Jordanie (2,7 %), en Irak (3 %) et en Iran (0,5 %)[6].

Parmi les Arabes du Brésil qui constituent environ 7 % de la population[7] la communauté chrétienne compte environ dix millions d’individus[réf. nécessaire].

Aux États-Unis, la communauté arabe compte environ 3,5 millions, dont environ 63 % des membres sont chrétiens et 24 % musulmans[8]. Leur communauté qui s’est installée dès le début du XXe siècle en provenance de Syrie, du Liban et d’Égypte, regroupe une population peu nombreuse mais très bien intégrée, avec de nombreux exemples de réussites personnelles, tels John Sununu et Ralph Nader dans la politique, Bobby Rahal dans le sport, ou Paul Anka et Frank Zappa dans la musique. Ces dernières années un certain nombres de nouveaux immigrants sont arrivés depuis l’Iran, l’Afghanistan et l’Irak.

[modifier] Filiations traditionnelles

Selon les traditions biblique et coranique, les Arabes sont un ensemble de tribus de souches sémite (c’est-à-dire descendant de Sem), et chamitique.

Certaines descendent de Qahtan (Yoktan), fils d’Éber, appelés « al-ʿArabu’l-ʿAriba », (c’est-à-dire « les Arabes arabes » ou « Purs Arabes ») ou « mutʿarib ». Les poèmes arabes préislamiques évoquent différentes tribus arabes. C’est par ces poèmes qui ont traversés les siècles grâce à la tradition orale que l’on connaît aujourd’hui les deux grandes tribus fondatrices de la culture arabe : ’Abs et Doubian. D’autres tribus, présentes plus tardive, les Ismaélites - d’où sont issus les Banu Quraych selon la tradition arabe, descendent d’Ismaël, le fils aîné du patriarche Abraham, qui s’installa dans le pays. Sa mère Agar lui procura une épouse égyptienne (descendant donc de Cham par Mistraïm, selon la Bible). Ils furent appelés par les premiers « mustʿarib » (مستعرب), c’est-à-dire « arabisants ».

La tradition affirme l’existence d’anciennes tribus arabes disparues à l’époque des deux précédentes, appelés « Al-Arabu’l-Baida », c’est-à-dire « les Arabes disparus ».

[modifier] Citations

« Le génie propre de ces hommes les a portés à fournir [...] les premiers astronomes, des philosophes profonds et de grands médecins :on connait au reste leurs travaux et leurs conquêtes. La perfection que nous avons reconnue dans tous les organes de la vie intérieure et dans ceux de la vie de relation chez les Arabes, annonce en effet une intelligence innée proportionnée à cette perfection physique, et sans doute supérieure, toutes choses égales d'ailleurs, à celle, par exemple, des peuples du nord de la terre. [...] D'après cela, je me persuade que le berceau du genre humain se trouve dans le pays que nous avons désigné [...]. J'ai trouvé chez les Espagnols, les Basques et les Catalans une grande analogie dans les qualités physiques et instinctives avec les Arabes desquels sans doute la plupart des habitants de l'Espagne et de nos montagnes pyrénéennes sont descendus; je pourrais y ajouter les habitants de la Corse et ceux de plusieurs autres îles de la Méditerranée. Les peuples ou les individus des autres contrées de la terre, dont les formes de la tête et la structure des organes s'approchent le plus de l'état physique des vrais Arabes, ont nécessairement une perfectibilité proportionnée dans leurs fonctions sensitives et dans leurs facultés intellectuelles. »
    — Dominique-Jean Larrey, Remarques sur la constitution physique des Arabes (1838) dans Relation médicale de campagnes et voyages de 1815 à 1840

[modifier] Notes et références

[modifier] Bibliographie

  • Les Arabes d’hier à demain, Jacques Berque, Paris, Seuil, 1960
  • La pensée arabe, Mohammed Arkoun, Paris, PUF, 1975
  • Histoire des Arabes, Dominique Sourdel, Paris, PUF (collection « Que sais-je ? », n°915), 1976
  • Les Arabes, Maxime Rodinson, PUF, 1979
  • Les Arabes du message à l’Histoire, sous la direction de Dominique Chevalier et André Miquel, Fayard, 1995

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes