Mosquée Al-Aqsa

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Mosquée Al-Aqsa de Jérusalem
Nom local
المسجد الأقصى (Al-Masjid Al-Aqsa)
Ville Jérusalem
Pays Palestine
Culte Islam
Type Mosquée
Début de la
construction
1035
Fin des travaux
Style(s)
dominant(s)
Architecture islamique
Classé(e) Patrimoine mondial (1981, vieille ville de Jérusalem)

La Mosquée Al-Aqsa (en arabe : المسجد الاقصى, Al-Masjid Al-Aqsa) est une mosquée construite dès le VIIe siècle à Jérusalem. Elle fait partie d'un ensemble de bâtiments religieux construit sur le Haram al-Sharif, ou Har Ha-Bayit (aussi appelé le Mont du Temple). Il s'agit de la plus grande mosquée de Jérusalem, où cinq mille fidèles peuvent prier, le site dans sa totalité peut accueillir plusieurs centaines de milliers de musulmans[1]. L'ensemble du Haram al-Sharif est actuellement le troisième lieu saint de l'islam, après La Mecque et Médine.

Sommaire

[modifier] Un emplacement symbolique

La mosquée al-Aqsa est située sur un lieu très symbolique, puisqu'il s'agit, selon la tradition juive, de l'emplacement du temple de Salomon, reconstruit par Hérode au Ier siècle av. J.-C., avant d'être détruit en 70 par les Romains. Le mur des lamentations témoigne de ce passé, et certains éléments montrent que la mosquée fut construite sur les ruines du bâtiment annexe (le Chanuyos) de l'ancien Temple[réf. nécessaire]. Durant la période chrétienne, le lieu fut laissé à l'abandon, sans doute pour marquer le triomphe du chritianisme sur l'ancienne religion[2]. Ce n'est qu'avec l'arrivée de l'Islam que le haram al-Sharif fut à nouveau utilisé pour des édifices religieux.

La tradition musulmane associe le haram al-Sharif à la masjid al-Aqsa mentionnée dans le Coran, que Mahomet aurait atteint suite au "voyage noctune" Al Isra, et depuis laquelle il aurait vécu le Al Mi'raj, l'ascension aux 7 ciels.

[modifier] Les différentes phases de construction

Dès 680, on trouve dans les sources mention d'un édifice de bois rudimentaire, remployant des matériaux du temple hérodien. C'est notamment le pèlerin Arculf qui nous en livre la description, entre 679 et 688. Mais c'est sans doute sur l'impulsion du calife 'Abd al-Malik (r. 685 - 705), constructeur du dôme du Rocher, ou de son fils Al-Walid Ier (r. 705 - 715) qu'est créée la première mosquée en dur[3]. Si l'on en croît l'historien Muqaddasi, le calife aurait souhaité cette reconstruction pour éviter le contraste entre la mosquée et le dôme.

Selon Myriam Rosen Ayalon, cette première phase était fort différente de la construction actuelle, puisqu'il s'agissait d'un plan à trois nefs parallèles à la qibla, comme à la Grande mosquée des Omeyyades de Damas, quelques années plus tard[4]. A cette époque, la mosquée devait être directement reliée au palais de la ville, le dar al-imarat (découvert dans les années 1970) par un passage voûté derrière le mihrab principal. Un premier séïsme la détruira presque totalement.

Ce n'est que sous la dynastie Abbasside que les nefs de la mosquée changent d'orientation. Avec la construction d'al-Mahdien 780, ce sont désormais quinze travées perpendiculaires au mihrab qui composent le lieu de prière, dont une magnifiée au centre.

De nouvelles reprises, sous les croisades, puis en 614h/1217 - 1218, donnent plus ou moins à l'édifice son aspect actuel : une nef centrale, surmontée d'un dôme et bordée de part et d'autre de trois travées. Ne reste d'ancien que le mur qibli, toujours préservé dans les siècles, puisqu'il remployait déjà le mur pré-islamique du sud de l'esplanade du temple.

[modifier] Le décor de bois sculpté

Ensemble exceptionnel conservé au plafond de l'édifice, les bois sculptés de la mosquée al-Aqsa datent sans doute de la période Umayyade. Il constituent donc l'un des seuls témoignages de l'art du bois à cette époque, avec ceux du Khirbat al-Mafjar. Constitués de motifs végétaux traités avec naturalisme, ils rapellent notamment les mosaïques voisines du dôme du Rocher, et les sculptures du château de Mshatta.

Les bois sculptés participaient sans doute d'un décor bien plus vaste, avec des mosaïques et du marbre, comme on en voit encore au dôme du Rocher ou à Damas. Néanmoins, ceux-ci n'ont pas été conservés.

[modifier] Les tensions actuelles

La mosquée al-Aqsa entre 1890 et 1900
La mosquée al-Aqsa entre 1890 et 1900

Le 21 août 1969, un chrétien australien, Michael Denis Rohan, mit le feu à l'édifice afin de faire place au Troisième Temple. Les dégâts furent importants mais purent être réparés.

Le Mur des Lamentations, lieu saint de la religion juive, faisant partie du mur d'enceinte de la mosquée, cette zone relativement restreinte de Jérusalem peut être source de tensions entre communautés. Ainsi la visite controversée d'Ariel Sharon sur l'Esplanade des mosquées le 28 septembre 2000 s'est suivie de nombreuses manifestations de réprobations de la part des Palestiniens, qui ont marquées le début de la seconde Intifada.

Si la Mosquée Al-Aqsa comme le reste de la vieille ville de Jérusalem est sous souveraineté israélienne depuis 1967, sa gestion a été laissée à une organisation palestinienne, le waqf. Les Palestiniens disposent d'une unique route pour accéder à la Mosquée, dont l'accès est interdit aux non-musulmans.

[modifier] Notes et références

  1. Le 31 décembre 1999, plus de 400 000 musulmans ont assisté à la prière du vendredi [1]. Voir aussi [2] et [3]
  2. Oleg Grabar, Le dôme du Rocher, joyau du monde islamique, 1997.
  3. Bacharach, Jere L. "Marwanid umayyad building activities : speculations on patronage". Muqarnas, 1996. Myriam Rosen-Ayalon estime quant à elle que le projet est bien d' 'Abd al-Malik, mais que la majeure partie de la réalisation s'est effectuée sous sn successeur
  4. Rosen Ayalon, Myriam. Art et archéologie islamiques en Palestine. PUF, 2002