Damas

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33° 30′ 47″ N 36° 17′ 31″ E / 33.513, 36.292

Damas
دمشق الشام
Damas est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO
Damas est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO
Pays Syrie Syrie
Latitude 33° 30’ 47 N
Longitude 36° 17’ 31 E
Altitude 600 m
Population (2005)  4 500 000 hab.
Superficie 249 km²
Densité 18 072 hab./km²
Gouverneur Bishr Al Assad

Damas est la capitale de la Syrie. En arabe la ville s'appelle Dimashq ach-Cham ou simplement ach-Cham [1]. La ville compte plus de 2 millions d'habitants, 4 millions en comptant l'agglomération (« Le grand Damas »). Les habitants s'appellent les Damascènes.

Sommaire

[modifier] Géographie

Arche restante du temple de Zeus à Damas, laquelle fait maintenant partie des murs du souq al-Hamidiyyah
Arche restante du temple de Zeus à Damas, laquelle fait maintenant partie des murs du souq al-Hamidiyyah
Damas vu par le satellite SPOT
Damas vu par le satellite SPOT

La ville est située sur une ancienne oasis aux portes du désert en direction de l'est et sur les premiers contreforts du massif de l'Anti-Liban vers l'ouest. Elle est arrosée par une rivière, le Barada, qui s'écoule de l'Anti-Liban pour se perdre dans un marécage à l'Est de la ville.

Autrefois entourée d'une "ceinture verte" de cultures irriguées, Damas n'a cessé de s'accroître (de façon anarchique par endroits) aux dépens de sa Ghouta. C'est ainsi que le havre de verdure initial de la ville a progressivement disparu. À une altitude d'environ 700m, elle est située à vol d'oiseau à 60 km de la mer Méditerranée (située de l'autre côté de l'Anti-Liban). Les quartiers ouest escaladent le flanc du mont Kassioun.

La subdivision de Damas appelée Rif Dimashq a une superficie de 18 018 km².

Damas, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, est la plus grande ville de Syrie.

[modifier] Histoire

Il s'agit de l'une des plus anciennes villes connues et toujours habitées (des traces archéologiques remontent au IVème millénaire avant notre ère). Elle est citée dans la Bible, dans le livre de la Genèse (XIV, 15; XV, 2), et plusieurs fois dans les Livres des Rois et des Prophètes.


La ville de Damas est d'une grande beauté et toute description, si longue soit-elle, est toujours trop courte pour ses belles qualités.
Ibn Battûta (1304-1368) Voyages, Editions FM / La Découverte.


Damas connut l'influence de nombreuses civilisations dont celles des assyriens, perses, grecs, séleucides, romains et arabes.

Elle fut l'un des berceaux du christianisme et vit saint Paul prononcer ses premières prédications, notamment dans l'église Hanania, la plus vieille de Syrie (aujourd'hui dans le quartier chrétien de Bab Touma).

En 635, Damas se soumit aux musulmans et devint la capitale de la dynastie des Omeyyades de 661 à 750. Avec l'adoption de la langue arabe, elle devint le centre culturel et administratif de l'empire musulman durant près d'un siècle. Par la suite, elle resta une place culturelle majeure et un pôle économique de premier plan profitant de sa situation géographique privilégiée, à la croisée des chemins de La Mecque, l'Afrique, l'Anatolie, la mer Méditerranée et l'Asie (route de la soie en direction de la Chine et commerce des épices avec l'Inde).

Les Croisés l'assiégèrent en 1148.

La ville fut saccagée par les Mongols de Tamerlan en 1401.

Elle fut intégrée à l'Empire ottoman de 1516 à 1918.

Suite au Traité de Versailles (1919) et après la bataille de Khan Meiseloun qui permit l'entrée des troupes du général Mariano Goybet dans la ville Sainte, celle-ci fut placée, avec la Syrie, sous mandat français en 1920, jusqu'à son indépendance en 1946.

Vue panoramique de la cour de la résidence du Général Sarrail
Vue panoramique de la cour de la résidence du Général Sarrail

Depuis les années 1970 l'exode rural et l’urbanisation intense ont profondément transformé le paysage de la ville qui était autrefois une oasis avec des marécages, de nombreux vergers et de nombreux espaces verts.

[modifier] Les traditions

  • Le « damasquinage » consiste à incruster de petits filets d'or ou d'argent dans un objet de métal. Cette technique s'est répandue de Damas à Tolède et en Inde.
  • Le « damas soudé » consiste à forger des barres de fer pour constituer l'âme à la fois résistante et souple d'épées, dont les tranchants étaient rapportés par soudure : les lames de Damas. Des barres de fer doux et carburé, disposées alternativement étaient soudées, martelées, repliées sur elles-mêmes comme pour faire une pâte feuilletée. Après polissage, le métal était plongé dans un bain d'acide pour faire apparaître l'effet de moirage des couches de métal blanc et noir, appelé le « damassé ».
  • Damas est réputée pour ses étoffes de soie et surtout pour ses brocarts tramés d'or que l'on appelle des « damas ».
  • Il y a aussi le linge « damassé » sur lequel apparaissent des dessins par des procédés, de tissage. Cet art existe encore, mais avec des métiers Jacquard.
  • Dans les souks, on voit beaucoup de tapis, mais ce sont principalement des importations d'Iran, d'Afghanistan ou d'Ouzbékistan.
  • On trouve aussi à Damas de nombreuses confiseries offrant des fruits confits entiers : abricots, poires, mandarines, etc. en piles impressionnantes. Au Moyen Âge, la région était le premier producteur de sucre, les croisades en ont rapporté l'usage en occident (confitures et fruits confits).

[modifier] La ville

La grande mosquée, actuellement Grande mosquée des Omeyyades, a été construite vers 705. C'est la plus ancienne avec le Dôme du Rocher de Jérusalem à être pratiquement dans son état initial.

Fait exceptionnel, la salle de prière contient un tombeau : celui de Jean-Baptiste (Sidi Yahya pour les musulmans), cousin de Jésus. La présence d'un tombeau dans la salle de prière d'une mosquée est un cas pratiquement unique. Les chrétiens du quartier Est de Damas viennent y faire des prières. On voit donc dans cette salle à la fois les prosternations des musulmans, et les signes de croix et les génuflexions des chrétiens. La présence de ce tombeau s'explique historiquement. Lorsque les Arabes conquirent la ville en 635, ils y trouvèrent en plein centre la grande basilique Saint-Jean Baptiste, fierté des chrétiens, qui abritait le tombeau du Précurseur. Un dignitaire chrétien de la ville qui devait à ses origines arabes de s'exprimer en arabe, Sarjoun, le père de saint Jean Damascène, vint demander au calife qu'il épargne ce sanctuaire chrétien. Par respect pour Sidi Yahya, les califes successifs préservèrent durant soixante-dix ans le grand sanctuaire chrétien. Et lorsque Al-Walid Ier décida de transformer l'église en mosquée, en 705, il épargna le tombeau du Baptiste et fit construire la mosquée autour.

La mosquée est très fréquentée durant toute la journée. On y entre pour prier, pour admirer et on y vient aussi tout simplement pour faire la sieste, allongé sur le tapis ou adossé à une colonne, car c'est un lieu frais et calme dans le centre de la ville. Véritable lieu de vie, on y voit même des enfants jouer, parfois avec des trottinettes.

Le plus haut minaret de cette mosquée est le minaret de Jésus : c'est là que selon la tradition locale Jésus, le Messie, reviendra sur terre au moment du jugement dernier.

Ibn Battûta cite:

«  C'est la plus sublime mosquée du monde par sa pompe, la plus artistement construite, la plus admirable par sa beauté, sa grâce et sa perfection. On n'en connaît pas une semblable, et l'on n'en trouve pas une seconde qui puisse soutenir la comparaison avec elle. Celui qui a présidé à sa construction et à son arrangement fut le commandeur des croyants, [...]
Il fit partir une ambassade vers l'empereur des Grecs, à Constantinople, pour intimer à ce prince l'ordre de lui envoyer des artisans, et ce dernier lui en expédia douze mille. Le lieu où se trouve la mosquée était d'abord une église. [...]
Au milieu de la mosquée est le tombeau de Zacharie, au-dessus duquel se voit un cercueil placé obliquement entre deux colonnes, et recouvert d'une étoffe de soie noire et brodée. On y voit écrit, en lettres de couleur blanche, ce qui suit: “ Ô Zacharie! nous t'annonçons la naissance d'un garçon, dont le nom sera Yahia.”
La renommée de cette mosquée et de ses mérites est très répandue; et j'ai lu à ce sujet, dans l'ouvrage qui a pour titre Les Qualités excellentes de Damas, l'assertion suivante: “ La prière dans la mosquée de Damas équivaut à trente mille prières ”. Et dans les traditions du prophète j'ai trouvé ces paroles de Muhammad : “ On adorera Dieu, dans la mosquée de Damas, durant quarante années après la destruction du monde. ”[2] »

Curieusement Ibn Battûta voit le tombeau de Zacharie, père de Jean-Baptiste, là où la tradition actuelle situe le tombeau du second.

Dans une annexe, hors de l'enceinte de la mosquée se trouve le mausolée de Husayn qui est supposé avoir contenu (ou contenir ?) le crâne du troisième Imam des chiites décapité à la bataille de Kerbala (Achoura : 10 de muharram 61H; 10 octobre 680) le corps de Husayn se trouve à Nadjaf (au sud de l'Irak) et la tête tranchée a été enterrée au Caire.

«  Lorsque Khawalî, portant la tête de Husayn, arriva auprès d'Obaïdallah, fils de Ziyâd, il lui dit: Tu dois me combler de cadeaux, car je t'apporte la tête du meilleur de tous les hommes ! [...]
Puis il (Obaïdallah) toucha avec une baguette la bouche de Husayn, en récitant ce vers: “ Nous tranchons les têtes des hommes qui nous sont chers, mais qui sont devenus rebelles et insolents.” [3]  »

Damas comprend aussi de très beaux monuments de la période Ottomane, le Palais Azem, de nombreux caravansérails dont le Khan Assa'd Pacha du XVIIIe siècle, et un musée témoignant de la richesse historique et archéologique exceptionnelle du pays.)

[modifier] Etat actuel de l'ancienne ville de Damas

Malgré les recommandations de l'UNESCO, Centre du Patrimoine Mondial,

  • SOUK EL ATIK dans la zone tampon protégée a été détruit en 3 jours en novembre 2006.
  • LA RUE DU ROI FAYSAL, une région d'artisanat traditionnel de Damas, dans la zone tampon protégée tout près des murs d'enceinte de la vielle ville, entre la citadelle et Bab Touma, est menacée de destruction par un projet de voie rapide.

http://www.britishsyriansociety.org/dam2020/recommendations.asp

[modifier] Personnalités

[modifier] Divers

  • L'expression chemin de Damas évoque un parcours provoquant un changement radical d'attitude chez celui qui le vit (cf. Retournement). Elle évoque l'expérience de saint Paul, persécuteur des chrétiens quelques années après la mort de Jésus : selon les Actes des Apôtres, se rendant à Damas, il eut une illumination et une révélation qui en firent le principal prosélyte des premières heures du Christianisme.

[modifier] Notes

  1. arabe: dimašq aš-šam, دمشق الشاَّم
  2. Dans Ibn Battûta : Voyages, I De l'Afrique du Nord à La Mecque, Editions FM / La Découverte, p. 217 (ISBN 2-7071-1302-6)
  3. Dans Tabari : La Chronique (Volume II, Les Omayyades), Actes-Sud, p. 49 (ISBN 2-7427-3318-3)

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes


 
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