Hachémites

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La dynastie des Hachémites (hāšimīy, هاشمي), ou Banû Hâchim (banū hāšim بنو هاشم, le clan d'Hâchim, les descendants d'Hâchim ) désigne traditionnellement un clan de la tribu des Quraychites. Les Hachémites ont longtemps été les gardiens de la ville sainte de la Mecque, ils sont aujourd'hui la famille royale régnant en Jordanie, et ont régné sur l'Irak jusqu'à la révolution républicaine de 1958.

Sommaire

[modifier] Les origines

Originaires de la péninsule arabique, les Hachémites sont, selon la tradition, les descendants en droite ligne de l'arrière grand-père de Mahomet, Hashim ibn Abd al-Manaf (mort en 510), appartenant comme lui à la tribu des Quraychites, riche et commerçante, qui dominait La Mecque au VIIe siècle et à laquelle est dédiée une brève sourate du Coran[1].

Depuis le Xe siècle, les chérifs et émirs de la Mecque furent des Hachémites, voyant se succéder les empires Fatimide, Seldjoukide, Ayyoubide, Mamelouk, et surtout Ottoman, tout en conservant leur autorité.

[modifier] La première guerre mondiale et la révolte arabe

Lors de la Première Guerre mondiale, les français et les britanniques cherchèrent à s'allier avec les arabes pour lutter contre l'empire ottoman. Ce fut l'objet de la correspondance Hussein-Mac-Mahon ; Hussein Ibn Ali étant chérif de la Mecque et Sir Henry Mac-Mahon étant le Haut-commissaire britannique au Caire. Le chérif, qui était de plus en plus en opposition avec les Jeunes-Turcs, déclencha la révolte arabe en 1916 avec l'aide de ses fils (voir à ce sujet le rôle de Thomas Edward Lawrence), contre la promesse d'un royaume arabe après la victoire. Les fils de Hussein, Fayçal en tête, réussirent l'exploit de réunir les tribus arabes du Hedjaz jusqu'à la Syrie pour atteindre Damas le 1er octobre 1918 avec les troupes anglaises du général Allenby. Fayçal devint en 1920 Fayçal Ier, roi de Syrie.

Dès lors, les Hachémites et les Arabes en général furent confrontés aux volontés impérialistes européennes, et furent progressivement marginalisés.

[modifier] De l'après-guerre à nos jours

A la chute de l'empire Ottoman, Hussein devint roi d'un Hedjaz indépendant avec l'accord tacite du Foreign Office. Les anglais continuaient néanmoins à entretenir un autre allié, Ibn Seoud, ennemi de Hussein, à la conquète de la péninsule. En 1925, Ibn Seoud prit La Mecque, mettant fin à presque un millénaire de chérifat Hachémite.

Fayçal fut donc proclamé roi de la Grande Syrie en 1920, mais c'était sans compter sur les accords Sykes-Picot : la conférence de Sanremo plaça la Syrie sous mandat français, ce qui aboutit à la bataille de Maysaloun. Fayçal dut s'exiler en Angleterre. Le gouvernement britannique qui administrait l'Iraq décida d'y établir un royaume et il devint roi d'Iraq en 1921. Il réussit à rendre ce pays pleinement indépendant en 1932, avant de mourir en 1933. Son petit-fils Faycal II fut déposé et assassiné lors du coup d'état du général Kassem le 14 juillet 1958. La dynastie Hachémite d'Iraq est aujourd'hui encore prétendante au trône, le Cheykh Hussein étant le chef du Parti Monarchiste Hachémite Parlementaire Irakien créé après la guerre d'Irak de 2003.

Abdallah Ier de Jordanie, un autre des fils de Hussein Ibn Ali, monta sur le trône de l'émirat de Transjordanie en 1921, qui devint en 1946 le royaume de Jordanie, où les Hachémites règnent encore en 2007, représentés par le roi Abdallah II. La double dynastie hachémite fut mise à mal par l'histoire : la Grande-Bretagne sapa l'autorité d'Abdallah en se vantant de le manipuler (Churchill se vanta un jour d'avoir crée la Jordanie avec un crayon un après-midi au Caire).

C'est dans ce contexte difficile que se situe l'action d'Abdallah, roi de Jordanie, qui, désireux de redonner leur prestige aux Hachémites, résolut de lancer la "Légion arabe" à la conquête de Jérusalem (Al Qods en arabe) lors de la guerre de Palestine de 1948. Il souhaitait que ce lieu saint, le troisième de l'Islam, soit administré par sa dynastie alors que les deux premiers, La Mecque et Médine, étaient désormais aux mains des Séoud. Voilà pourquoi, fort d'avoir pu résister aux assauts de l'armée israëlienne, Abdallah, vainqueur et maître de Jérusalem, mais aussi de la Cisjordanie, proclama la naissance de l'unité palestino-jordanienne, entité rassemblant la Jordanie et la Cisjordanie. Cette initiative lui fut fatale : l'annexion de facto de la Cisjordanie à son royaume souleva la colère des Palestiniens, qui l'assassinèrent à Jérusalem en 1951 alors qu'il visitait la mosquée Al-Aqsa.

Malgré la défaite de la guerre des Six Jours en 1967 et la perte de Jérusalem et de la Cisjordanie qui s'ensuivit, les Hachémites de Jordanie supervisent toujours le Waqf qui gère toutes les mosquées de Palestine, dont celle d'Al-Aqsa à Jérusalem. En 1924, des portions territoriales d'Arabie saoudite relevant du Hedjaz leurs furent cédés : la région de Maan et la ville d'Aqaba.

[modifier] Y a-t-il une vision politique commune aux Hachémites ?

Il est bien évidemment difficile de répondre à une telle question, mais quelques points doivent être soulignés :

  • Les Hachémites ont globalement été favorables à un Islam moderne, pré-schismatique, en opposition par exemple au wahhabisme des Séoud[réf. nécessaire].
  • Lawrence a souligné la vision romantique de Fayçal d'un nouveau prestige arabe ("la nostalgie des jardins de Cordoue", en faisant référence à l'Empire omeyyade qui s'étendait jusqu'à l'Espagne.) Fayçal comme Abdallah Ier ont toujours défendu le panarabisme.
  • Les Hachémites ne s'opposèrent pas à l'arrivée des Juifs en Palestine, massive et officialisée par la déclaration Balfour. A l'occasion d'un accord signé avec Chaim Weizmann, Fayçal lança les bases d'une coexistence et d'une collaboration entre juifs et arabes dans la région. L'accord, reposant sur des engagements réciproques, était un exemple de tolérance religieuse et de bonne volonté des deux parties, et fut même présenté à la conférence de Paris chargée d'organiser l'après-guerre au Proche-Orient. Malheureusement, les rivalités européennes reprirent le dessus, et le document resta lettre morte[réf. nécessaire].

[modifier] Notes et références

  1. Coran, Les Quraych, CVI, 1-4

[modifier] Bibliographie

  • Benoist Méchin, Ibn Seoud ou la naissance d'un royaume. Le loup et le léopard, Albin Michel, Coll. Essais Doc., 1955, ISBN 978-2226041104

[modifier] Liens externes