Exode rural

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L’exode rural est le déplacement de population des zones rurales vers les zones urbaines. Ce phénomène est caractéristique de l’époque de la Révolution industrielle, dès le XVIIIe siècle en Grande-Bretagne, le XIXe siècle dans de nombreux pays en voie d’industrialisation, comme l’Allemagne puis la France. L’exode rural s’est généralisé aux pays en voie de développement dans la seconde moitié du XXe siècle.

L’exode rural est lié à l’urbanisation croissante de la population mondiale.

Sommaire

[modifier] Origines

[modifier] Causes de l’exode rural

La population mondiale était, au départ, majoritairement rurale. L’urbanisation s’est développée au Moyen Âge en ce qui concerne l’Europe. À la veille de la Révolution industrielle, 90% de la population française vivait en zone rurale.

L’exode rural a pour causes :

  • l’augmentation de la population rurale consécutive à la transition démographique,
  • l’augmentation de la productivité agricole, qui diminue la main-d’œuvre nécessaire : en conséquence, un sous-emploi rural très fort,
  • le besoin de main-d’œuvre grandissant des zones urbaines (domesticité, usines),
  • les conditions de vie meilleures en ville.

La Révolution industrielle nécessitait, pour se mettre en place, de la force de travail regroupée en un seul lieu, l’usine. Auparavant, l’industrie rurale était fondamentale, notamment par le biais du travail à façon (dans le textile ou l’horlogerie par exemple). Cependant, l’industrialisation nécessite des capitaux et des infrastructures de plus en plus importantes et l’emploi industriel rural décline rapidement au XIXe siècle.

La confrontation entre les urbains, salariés, mangeant du pain blanc, bénéficiant d’un jour de repos hebdomadaire et les paysans, aux revenus stagnants, mal nourris, était souvent au désavantage de ces derniers.

Le clergé s’était opposé à l’exode rural en considérant que le mode de vie chrétien était mieux préservé dans les régions agricoles traditionnelles. Mgr Louis-Nazaire Bégin a fondé plusieurs journaux pour contrer cette tendance.

[modifier] En France

La période de population rurale maximale (en valeur absolue) se situe en France vers 1850. A partir de ce moment, la population rurale commence à décroître, mais avec des décalages entre les régions, suivant leur richesse et les rapports sociaux de production existants.

L’exode rural touche en premier les zones de faible productivité, marginales, menant à une déprise agricole. Mais la baisse de population entraîne la disparition des services et de l’artisanat.

Les premiers à partir sont les ouvriers agricoles, journaliers, petits paysans. Les artisans de village, très nombreux au XIXe siècle, disparaissent également, victimes de l’industrialisation et de la baisse de la clientèle. La diminution de la population entraîne une baisse de la main-d’œuvre disponible, qui pousse les exploitants agricoles à investir plus pour compenser ce déficit. Les investissements réalisés augmentent la productivité agricole et diminuent d’autant les besoins de main-d’œuvre.

La crise agricole très grave (céréales, phylloxera) des années 1880 a accéléré le processus. La Grande Guerre, qui fit des centaines de milliers de victimes parmi les ruraux, a également joué un rôle prépondérant dans l’exode rural en confrontant les jeunes ruraux à des citadins. Les droits progressivement obtenus par les ouvriers (semaine de 40 heures, congés payés) furent également vécus comme des injustices fortes par la population rurale, qui en était exclue.

L’exode des jeunes et des femmes conduit également au vieillissement de la population et aux problèmes de célibat, ce qui fait baisser le taux de natalité.

La population urbaine a dépassé en France les 50% en 1937.

[modifier] Exodes connus

[modifier] Exemples d’exode rural

  • Le cas du Massif Central est assez emblématique, car la population décrût tôt et durablement. Le village de Saint-Germain-l'Herm,a vu sa population divisée par cinq entre 1850 et aujourd’hui ( année ?), passant de 2 447 habitants en 1846 à 515 aujourd’hui ( année ? ), soit une baisse quasiment continue depuis 160 ans.

[modifier] Après 1945

En France, le dernier mouvement d’exode rural a commencé après 1945. Ce dernier courant a contribué à l’exode rural des régions de l’Ouest (Vendée, Anjou, Bretagne), qui avaient réussi à garder plus longtemps leurs populations, par l’effet conjugué de structures familiales très encadrées par l’Église, et d’une agriculture vivrière très autarcique.

D’après l’Insee, l’exode rural s’est grosso modo terminé en France en 1975 après le remembrement de 1965. Depuis cette date, le solde migratoire campagne/ville s’est stabilisé, voire depuis le début des années 1990 s’est inversé aux alentours des grandes régions urbanisées. On parle maintenant de rurbanisation : des citadins s’installent à la campagne, mais gardent un mode de vie urbain, un travail en ville. Ce phénomène produit un « mitage » du paysage par un bâti parsemé, ou au mieux réparti en lotissements.

Après avoir concerné essentiellement les pays occidentaux, l’exode rural s’est étendu au XXe siècle aux pays du tiers monde.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sources

  • Histoire de la France rurale, tomes 3 (1789-1914) et 4 (1914-1974), sous la direction de Georges Duby et A. Wallon, Seuil, 1981.