Abel Bonnard

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Abel Bonnard, né le 19 décembre 1883 à Poitiers et mort le 31 mai 1968 en Espagne, est un poète, romancier, essayiste et homme politique français. Maurrassien, il évolua vers le fascisme dans les années 1930.

Sommaire

Biographie

Corse par sa filiation il a fait ses études à Marseille, puis au lycée Louis-le-Grand à Paris. Ayant obtenu une licence de lettres, il devient élève de l’École du Louvre puis membre de l’École française de Rome. À 22 ans il publie un recueil de vers, Les Familiers, couronné par l’Académie française en 1906. Il écrit ensuite et publie deux autres volumes de poésie, Les Royautés et Les Histoires, puis un roman, La Vie et l’Amour (1913).

Journaliste, publiciste il écrit pour plusieurs journaux : Le Figaro, Le Journal, Comœdia, ou encore Paris-Midi. D'un long voyage en Extrême-Orient, il tire un ouvrage Notes de voyage : en Chine, que l’Académie française couronne en 1924. Il publiera bien d'autres livres, sur la littérature, les civilisations, la philosophie : La Vie amoureuse d’Henri Beyle, La Vie de saint François d’Assise, Au Maroc, Rome, L’Enfance, Éloge de l’ignorance, L’Argent, L’Amitié, etc. En 1932, il est élu membre de l'Académie française.

Il se fait connaître des milieux politiques nationalistes à partir de 1925 par sa collaboration au quotidien de Georges Valois, Le Nouveau Siècle, puis au Courrier royal avec Henry Bordeaux et Georges Bernanos. Sa pensée politique est celle d'un nationalisme maurrassien, antiparlementariste et antisémite ; en 1935, il signe le Manifeste pour la défense de l’Occident et de la Paix en Europe. Rompant de plus en plus avec l'Action française dont il était jusqu'alors proche, il s'inscrit au Parti populaire français de Jacques Doriot. Son œuvre politique majeure reste Les Modérés (1936).

Sous l'occupation, l'attitude d'Abel Bonnard sera davantage collaborationniste que maréchaliste: membre du Groupe Collaboration, il soutiendra des initiatives comme la création de la LVF, et sera l'auteur d'éditoriaux dans Je suis partout dans lesquels il marqua sa rupture avec le royalisme et l'antigermanisme de Maurras qu'il ne devait plus revoir[1]. En avril 1942, il est appelé à Vichy par Laval qui le nomme ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse. Le chroniqueur Jean Galtier-Boissière devait méchamment le surnommer « la gestapette[2] », en raison de son homosexualité notoire[3] et de sa proximité avec les nazis.

Après sa fuite à Sigmaringen en 1944, il est mis à l'index par le CNE pendant l'épuration, il sera exclu de l'Académie française, comme Philippe Pétain et Charles Maurras ; contrairement de ces deux derniers, son fauteuil fut à pourvoir de son vivant. Condamné à mort par contumace, Bonnard se réfugie en Espagne où il obtient l'asile politique après un an passé dans les geôles de Franco. En 1960, il revient en France, est rejugé et condamné à dix ans ans de bannissement avec effet à partir de 1945. La peine était donc symbolique et déjà purgée mais, n'acceptant pas cette « flétrissure morale », Abel Bonnard préféra retourner en Espagne.

Œuvre

  • 1906 : Les Familiers
  • 1908 : Les Histoires
  • 1908 : Les Royautés
  • 1913 : La Vie et l’Amour
  • 1914 : Le Palais Palmacamini
  • 1918 : La France et ses morts
  • 1924 : Notes de voyage : En Chine (1920-1921), 2 vol.
  • 1926 : Éloge de l’ignorance
  • 1926 : La vie amoureuse d’Henri Beyle
  • 1927 : L’Enfance
  • 1928 : L’Amitié
  • 1928 : L’Argent
  • 1929 : Saint François d’Assise. Rééditions : 1992, 2005.
  • 1931 : Rome
  • 1936 : Les Modérés: Le drame du présent. Réédition: 1986.
  • 1937 : Savoir aimer
  • 1939 : L’Amour et l’Amitié
  • 1941 : Pensées dans l’action
  • 1992 : Ce monde et moi (recueil d’aphorismes, posthume)

Certaines de ses œuvres sont disponibles sur le site Gallica[4]

Bibliographie

  • Olivier Mathieu, Abel Bonnard, une aventure inachevée, postface de Léon Degrelle, Éditions Avalon, 1989.
  • Olivier Mathieu, Les Deux cortèges (Abel Bonnard et Louis-Ferdinand Céline), Éditions Van Bagaden de Monsieur Marc Laudelout, 1989.

Lien externe

Notes et références

  1. Eugen Weber, L'Action française, Hachette Littérature, 1990, p.556
  2. Olivier Mathieu, Abel Bonnard, une aventure inachevée, Mercure, 1988, p. 188.
  3. [1]
  4. Le Palais Palmacamini (à partir de la page 61) ;
    La Vie et l'Amour (parties 1 à 4, à partir de la page 5 ; parties 5 et 6; à partir de la page 131)


Précédé par
Jérôme Carcopino
Secrétaire d'État de l'Education nationale et de la Jeunesse
25 février 1942 - 18 avril 1944
Suivi par
René Capitant



Précédé par
Charles Le Goffic
Fauteuil 12 de l’Académie française
1932-1945
Suivi par
Jules Romains