Utilisateur:Gustave Graetzlin

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Sommaire

[modifier] MES PRINCIPES SUR WIKIPÉDIA

  • Le vrai souci de la neutralité n'est pas de se demander si on pourra choquer un imbécile qui n'y connaît rien mais veut absolument donner son avis sur ce qu'il est incapable de comprendre, mais si un spécialiste pourrait avoir une opinion différente.
  • Sur presque tout je suis un grand ignorant, c'est inévitable car on ne peut pas tout savoir ; je n'ai aucune honte à l'avouer et on ne m'insulte pas en me le disant. Par contre je serais un imbécile si je voulais trancher en dernier ressort là où je suis incompétent, mais cela je peux l'éviter.
  • Pour partager ses connaissances il faut d'abord avoir des connaissances.
  • Celui à qui je pense toujours en écrivant sur Wikipédia c'est l'étudiant : il faut qu'il trouve des renseignements sûrs et qu'il ne se fasse pas coller à un examen pour avoir répété ce qu'il a lu.
  • Jacques Faizant nous montrait une vieille dame dont le mari était malade ; elle disait au médecin qui l'examinait : « Donnez votre avis, Docteur, après je vous donnerai le mien. » À l'époque cela faisait rire ; beaucoup de wikipédiens penseraient maintenant qu'elle a raison, que tout le monde a le droit de délivrer des ordonnances et de prescrire des médicaments : cela ne doit pas rester la propriété des médecins.
  • Un Anglo-Saxon et un Français n'interprètent pas les mots de la même manière. Quand Jimmy Wales parle du droit de modifier et de partager librement, il précise ailleurs son souhait : « Thousands of people, all over the world, from all cultures, working together in harmony to freely share clear, factual, unbiased information… a simple and pure desire to make the world a better place. » Une fois que vous estimez en conscience que votre information est claire, fondée sur les faits et non déformée, alors vous devez avoir le droit de la communiquer librement. Trop de gens chez nous y voient la permission d'écrire et de sabrer selon leur caprice.
  • À l'évêque Wilberforce qui lui avait demandé s'il descendait du singe par son grand-père ou par sa grand-mère Huxley a répondu, selon la légende, qu'il aurait mieux aimé descendre d'un singe que d'un homme qui s'immisçait dans des questions qui lui étaient complètement étrangères. Il n'aurait pas aimé descendre d'un certain nombre de Wikipédiens.
  • Rien de plus idiot (et donc rien de plus courant) que cette plainte : « L'article ne parle pas assez de ceci ou de cela ». J'ai envie de répondre : « Mais, cher lecteur, de deux choses l'une : ou bien vous êtes un expert dans la partie qui n'a pas été traitée, et alors qu'est-ce qui vous empêche de compléter vous-même ? Ou bien vous n'y connaissez rien, et alors dites-vous que peut-être les contributeurs n'en savaient pas plus que vous et qu'ils ont préféré se taire plutôt qu'écrire des sottises. Il est ridicule de vous imaginer qu'ils étaient parfaitement au fait de la question mais que, par mauvaise volonté ou par oubli, ils ont négligé de le faire ; mais vous croyez qu'il vous suffira de leur crier : “Allez, au travail feignants !” pour qu'immédiatement ils vous répondent : “Mais c'est vrai. Où avions-nous la tête ? Comment n'avons-nous pas remarqué plus tôt cette lacune ? Merci, chef, nous nous mettons immédiatement à l'ouvrage” et que sur-le-champ ils vous servent sur un plateau quelque chose de parfait. »
  • Je n'ai jamais considéré comme une insulte personnelle le simple fait de me contredire, je n'ai jamais effacé aucune contribution d'un autre wikipédien dans les pages de discussion : si j'ai des arguments il m'est facile de répondre, si je n'en ai pas je ne sens aucune honte à m'incliner. Tout le monde n'agit pas de la même manière mais tout le monde n'a pas été élevé correctement.
  • On reconnaît un article sur Citizendium à ce que tous les verbes sont au futur. La supériorité de Wikipédia est celle du « Tiens » sur « Tu l'auras ».

[modifier] Biographie minimale

Retraité, je ne suis presque plus capable de vous dire dans quelle branche je me suis ennuyé (plus que copieusement, hélas !) avant cet heureux moment où je n’ai plus eu à revenir à mon lieu de travail ; tout cela me paraît un cauchemar, heureusement de plus en plus lointain. J’étais fait pour vivre à la fin du XIXe siècle, comme rentier et propriétaire (Rentner und Hausbesitzer) dans le paisible Strasbourg wilhelmien. Mais la cigogne est venue me chercher trop tard et ne m’a pas déposé dans un milieu assez huppé, si bien que c’est seulement maintenant que je profite de la vie ; c’est bien tard, j’en conviens, mais combien d’autres n’en auront jamais profité ?

En ce qui concerne le français, j’ai été un excellent élève jusqu’en Troisième et j’adorais les rédactions ; je m’y suis effondré en Seconde quand on m’a obligé à commenter Molière dans le vocabulaire de Trissotin, ou à expliquer pourquoi j’aimais tel ou tel auteur ennuyeux, avec la même sincérité que les pauvres écoliers soviétiques contraints de dire pourquoi ils aimaient Staline. Je m’enivrais dans mon adolescence à apprendre par centaines les vers de nos poètes romantiques et les professeurs me regardaient avec suspicion, comme dans une Faculté de théologie on regarde un élève qui a la foi.

Avec cela j’ajoute que j’étais d’une santé mauvaise et que je me suis fait réformer à une époque où ce n’était aussi facile que par la suite. Tout cela ne vous favorise pas dans vos études ; enfin, j’ai pu nager jusqu’à mon arrivée au port, je suis maintenant au sec et je profite de mes dernières années.

[modifier] Wikipédia

Retraité, j'occupe une grande partie de mon temps à relire bénévolement des traductions, essentiellement techniques, et à proposer des corrections. C'est dans cette besogne, souvent fastidieuse, que j'ai découvert Wikipédia et toute l'aide qu'elle pouvait m'apporter ; je n'en reviens pas en pensant à tous les renseignements utiles et exacts que j'ai pu y trouver ; on n'imagine pas la somme d'heures de travail que cette encyclopédie m'a épargnées. Des esprits chagrins assurent qu'elle fourmille d'erreurs et de parti pris ; de fait on n'en trouvera pas plus que dans les manuels de géographie dont les plus de quarante ans ont dû se servir et qui portaient l'URSS aux nues en y voyant une réussite économique prodigieuse. Et puis il n'existe qu'un tout petit nombre de ces sujets délicats qui attirent comme des mouches le vandalisme, l'incompétence et les guerres d'éditions, et ils n'ont rien à voir avec la vie de tous les jours : il s'agit en fait de questions métaphysiques auxquelles personne ne comprend rien mais pour lesquelles certains imbéciles sont prêts à égorger le reste du monde, ou de querelles entre le préjugé et l'expérience (cette dernière ayant rarement le dernier mot). J'avoue que, lorsqu'il s'agit de traduire un mode d'emploi ou un questionnaire d'enquête on n'a jamais besoin d'articles portant sur de pareils sujets.

Entre deux traductions je traduis encore mais seulement pour me détendre ; les articles me viennent au hasard, je choisis ceux qui me plaisent et le temps n'a plus d'importance. J'avais commencé à les compter mais j'y renonce puisqu'aujourd'hui tout cela s'élèverait à plusieurs centaines. La plupart viennent bien sûr de l'anglais et de l'allemand, qui sont très communs sur Wikipédia, et quelques-uns de l'espagnol, les trois langues dont j'ai une teinture scolaire. Mais je me suis aventuré aussi à traduire à partir du portugais, que je devine grâce à l'espagnol, et du néerlandais, que je devine grâce à l'allemand. À l'occasion je m'essaie même dans l'italien et le russe. C'est qu'il est beaucoup plus facile de comprendre une langue étrangère que de la parler : quand j'ai rencontré pour la première fois les mots « Mittlesteinzeit » ou « Kaiserschnitt », je n'ai pas eu besoin d'un dixième de seconde pour les comprendre : c'était « mésolithique » (âge de la pierre moyen) ou « césarienne » (coupure de César), mais s'il m'avait fallu traduire les mots français en allemand, je me serais précipité sur un dictionnaire.

Des théoriciens vous assurent qu'un traducteur se doit de connaître à fond la « langue source » et la « langue cible », mais c'est une bonne blague car à ce compte personne ne traduirait. Quand je veux me consoler et me dire que je ne suis pas plus idiot que les autres, je lis la traduction en allemand d'un livre français dont j'ai apprécié les subtilités dans l'écriture : presque toujours je constate que soit le traducteur n'a rien compris aux finesses, soit il a renoncé à en trouver l'équivalent et il est passé à côté. Ce qui n'empêche pas les lecteurs, dans leurs commentaires sur Amazon.de, de s'attarder sur les merveilles que la lecture leur a fait découvrir.

[modifier] Parler en langues

De tout cela je me suis aperçu bien tard. Mon père le savait d'instinct puisqu'il arrivait à traduire une foule de langues alors qu'il n'était capable d'en parler aucune : il faisait tout à l'intuition. Quand j'étais encore bien jeune il m'appelait quelquefois lorsqu'il devait traduire un texte hollandais (il ne disait jamais néerlandais) et me faisait convenir que, si l'on dispose d'une teinture d'anglais et d'allemand, il faut vraiment être un Wallon pour refuser de comprendre quelque chose. Les écailles auraient dû me tomber des yeux dès les années soixante où j'ai lu l'Introduction au russe scientifique du professeur Kourganoff ; cet excellent homme avait ouvert pour ses étudiants de Faculté des Sciences des cours où il leur apprenait seulement à lire le russe, à la grande fureur de ses collègues littéraires pour qui il n'était pas question d'étudier la langue si l'on ne comptait pas devenir un spécialiste de la littérature. Le livre était fort bon et il m'en est resté quelque chose, mais je n'étais pas en état d'en comprendre la philosophie.

Enfin, dans les années quatre-vingt-dix, j'ai dévoré Le Défi des langues de Claude Piron, un ancien traducteur à l'OMS, recruté au terme d'un concours où six candidats étaient reçus sur deux cent cinquante ; on imagine sa compétence : eh bien il n'hésitait pas à avouer que si l'on fixait à 100 le niveau d'expression de l'anglais moyen, le sien atteindrait peut-être 85. Vouloir parler une langue étrangère avec la même aisance que sa langue maternelle c'est, sauf exceptions rarissimes, rechercher la pierre philosophale : on n'y arrivera jamais.

[modifier] Récompenses

Récompense Grand traducteur !
DocteurCosmos - 16 septembre 2007 à 20:46 (CEST)
Récompense Le grand métier d'un grand traducteur.
Addacat (d) 21 février 2008 à 20:27 (CET)