Jules Dumont d'Urville

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Jules-Sébastien-César Dumont d’Urville
Jules-Sébastien-César Dumont d’Urville

Jules Sébastien César Dumont d’Urville, né à Condé-sur-Noireau le 23 mai 1790 et mort à Meudon le 8 mai 1842, fut un explorateur français qui mena de nombreuses expéditions, notamment à bord de l’Astrolabe. La base Antarctique Dumont d'Urville porta son nom en hommage à ses découvertes.

Sommaire

[modifier] Carrière militaire

Né d’une ancienne famille de Normandie, il fit d’assez bonnes études à Caen sous la direction d’un oncle qui était chanoine de cette ville. Il décida d’entrer dans la marine et, après avoir subi avec beaucoup de succès un sévère examen, il fut nommé aspirant de première classe en novembre 1807. À vingt ans (en 1810), il se présenta à l’examen de l’École polytechnique, mais son âge trop avancé ne permit pas qu’il y fût reçu. Il débuta sa carrière dans la marine à Brest en 1811 sur le vaisseau l’Aquilon, puis il passa successivement sur l’Amazone, le Suffren, le Borée et la Ville de Marseille et parvint en 1812 au grade d’enseigne de vaisseau.

Le premier voyage de Dumont d’Urville eut lieu sur la Ville de Marseille, qui conduisit en 1814 le duc d’Orléans à Palerme et qui l’en ramena avec sa famille.

[modifier] La Vénus de Milo

Il fait partie, avec le capitaine Gauthier, d’une expédition scientifique envoyée en 1819 dans l’Archipel, la mer Noire et dans les îles grecques, il est le premier à signaler à l’ambassadeur français à Constantinople, une statue récemment exhumée et dont il perçoit immédiatement l’inestimable valeur. C’est la fameuse Vénus de Milo, sculptée en 130 av. J.-C. et c’est sur la notice qu’il en avait tracée que M. de Marcellus organisa l’achat par la France de cette statue, aujourd’hui exposée au Musée du Louvre, qui est devenue l’une des les plus célèbres au monde.

En 1820, la reconnaissance complète du périple de la mer Noire fut exécutée.

[modifier] La Coquille

Nommé lieutenant de vaisseau en 1821, il s’unit à Louis Isidore Duperrey pour mettre à exécution un voyage de découvertes tracé par ces deux officiers et approuvé par le gouvernement.

Il en résulta le voyage d’exploration scientifique de la Coquille, de 1822 à 1825, le capitaine Louis Isidore Duperrey dans un voyage de circumnavigation autour du monde. Il ramena au Muséum plus de 3.000 espèces de plantes, dont 400 nouvelles et 1 200 espèces d’insectes, dont 300 nouvelles. Il publia à son retour divers mémoires scientifiques et une Flore des Malouines (en latin).

[modifier] L’Astrolabe

Le comte Chabrol de Crousol, ministre de la marine, ayant confié à Dumont d’Urville une nouvelle exploration de la mer du Sud, le commandement de la Coquille, devenue l’Astrolabe, lui fut confié avec le grade de capitaine de frégate ; il remit à la voile en avril 1826.

Il reçut en 1826 le commandement des deux corvettes l’Astrolabe et la Zélée, avec mission d’explorer l’Océanie et fut envoyé dans l’océan Pacifique pour arpenter les côtes de la Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Zélande et d’autres îles. Le 22 avril 1826, Jules Dumont d’Urville appareille de Toulon comme commandant de « l'Astrolabe » (l’ancienne « La Coquille », rebaptisée) pour une deuxième circumnavigation, avec entre autres missions, la recherche de La Pérouse.

Son expédition de 35 mois procura à la géographie et à la navigation la reconnaissance positive de plus de 4 000 lieues de côtes les moins connues du globe sur la Nouvelle-Irlande, la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Guinée ; elle assura la position de près de 200 îles ou îlots, dont une soixantaine n’avaient encore figuré sur aucune carte. Il découvrira les îles Fidji, cartographiera les îles Loyauté, effectuera un relevé des côtes de la Nouvelle-Zélande, entreprendra une exploration des îles Tonga et des Moluques. Ses rapports ont permis la classification des îles en Mélanésie, Polynésie et Micronésie.

Il reconnut après l’explorateur anglais Peter Dillon, dans l’île de Vanikoro le lieu probable du naufrage et de la mort de Jean-François de La Pérouse.

Les immenses récoltes d’histoire naturelle, amassées durant tout le cours de la campagne, furent déposées au retour au Muséum d’histoire naturelle et le Musée maritime s’enrichit d’une foule d’objets des peuples visités.

Il rassembla une foule de matériaux précieux pour la géographie et la botanique, fit paraître, sous le titre de Voyage de l’Astrolabe (13 volumes, in-8, 1830 et années suivantes), le résultat de ses recherches. Il contribue à la cartographie de cette région du globe, notamment en proposant à la Société de Géographie la subdivision devenue traditionnelle de l’Océanie en Polynésie, Micronésie et Mélanésie (dont il crée le nom) - et en Malaisie. Ces subdivisions sont désormais contestées par les géographes et les linguistes mais continuent d’être utilisées.

[modifier] 1830 et la disgrâce

Ce fut lui qui fut chargé du commandement du vaisseau qui transporta Charles X sur la terre étrangère. Il obtint dès lors du gouvernement anglais la reconnaissance du nouveau pavillon français et, à son retour, il fit la proposition de réclamer à l’Angleterre les restes de Napoléon Ier.

Pendant plusieurs années, la monarchie de Juillet laissa Dumont d’Urville dans un repos qui semblait une disgrâce. Il obtint enfin d’exécuter un nouveau voyage depuis longtemps projeté.

[modifier] L’Antarctique

L’Astrolabe en 1838
L’Astrolabe en 1838
Trajet de Dumont d'Urville depuis Hobart (Tasmanie).
Trajet de Dumont d'Urville depuis Hobart (Tasmanie).

Il entreprit en 1837 un nouveau voyage, dans une expédition dans les régions de l’Océan Antarctique.

L’Astrolabe et la Zélée partirent de Toulon le 11 septembre 1837 et le 13 novembre mouillèrent dans la rade de Rio de Janeiro. Le 11 janvier 1838, elles quittèrent la Terre de Feu et s’avancèrent vers les glaces antarctiques.

Il explora les mers australes, poussa fort avant vers le pôle Antarctique, en affrontant les plus grands périls, découvrit quelques nouvelles terres. Les premières rencontrées le furent dès le 59e degré ; au 64e de latitude Sud, ce ne fut plus des montagnes flottantes, mais une barrière compacte qui se prolongeait à perte de vue. À force de travaux, les navires remontèrent vers le nord et découvrirent une côte de 120 milles d’étendue, qu’on nomma la terre Louis-Philippe.

Le 7 mars, ils sortirent des glaces et, le 7 avril, ils firent relâche à Valparaiso.

Dumont d’Urville quitta cette rade le 29 mai, séjourna, du 26 août au 3 septembre, à Nuku Hiva, archipel des Marquises et fit le relèvement complet des îles Salomon du 18 au 26 novembre. Le 6 novembre, il avait revu Vanikoro (îles Nitendi), lieu célèbre par le naufrage de La Pérouse.

Le 1er janvier 1839, l’Astrolabe et la Zélée arrivèrent à Gouaham, le 5 février à Amboine, le 1er juin à la pointe Sud de Bornéo, le 8 juin à Jakarta, le 6 octobre à Lampongs (Sumatra). C’est dans ces parages que les deux équipages éprouvèrent un premier, un cruel désastre : la maladie enleva 17 hommes, contraignant Dumont d’Urville à laisser 16 malades à Hobart vers les premiers jours de décembre.

Ayant appris dans ce port que les capitaines James Clark Ross et Crozier étaient en route pour le pôle Antarctique, le commandant ne voulut pas laisser aux Anglais seuls l’honneur d’une tentative et se décida à faire une nouvelle pointe vers le Sud.

Le 1er janvier 1840, l’Astrolabe et la Zélée remirent à la voile. Le 15, elles coupèrent la route de Cook en 1773 et, depuis ce moment, se trouvèrent dans un espace de mer que jamais navire n’avait sillonné ; le 16, par 60 de latitude et 141 de longitude, on vit la première glace, masse de 50 pieds de hauteur sur 200 d’étendue ; le 17, les glaces avaient de 100 à 130 pieds sur 3 à 400 toises d’étendue. La terre était à 8, à 10 milles de là ; c’était un immense ruban s’étendant à perte de vue du S.S.-E. à l’O. S.-0., haut de 2 à 300 toises, entièrement couvert de glace et de neige ; on était par 66°,38 latitude et 138°,21 longitude Est, sous le cercle polaire antarctique et à peu de distance du pôle magnétique ; c’était une haute et puissante barrière qui fermait la route aux navires.

Dumont d’Urville annonça à son équipage que cette terre porterait désormais le nom de Terre Adélie, du nom de sa femme.

Le 27 janvier, forcé de renoncer à tous projets d’exploration de la terre Adélie, dont on avait tracé environ 150 milles d’étendue, il se porta au Nord, sous toutes voiles possibles, pour s’échapper du labyrinthe où il se trouvait engagé. Ainsi, le 1er février 1840 par 65°,20 latitude et 128°,121 longitude Est, il dit un adieu définitif à ces régions sauvages et mit le cap au Nord pour rallier Hobart-Town, où il arriva le 17 février.

Il visita encore la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie, le détroit Torrès-Tinior, toucha à l’île Maurice et revint en France.

[modifier] L’accident

Tombe de Jules Dumont-d’Urville au cimetière Montparnasse (Paris).
Tombe de Jules Dumont-d’Urville au cimetière Montparnasse (Paris).

Il fut à son retour nommé contre-amiral (décembre 1840) et reçut de la Société de Géographie la grande médaille d’or.

Il s’occupait de publier son Voyage au pôle Sud et dans l’Océanie lorsqu’il périt avec toute sa famille (sa femme et son fils) dans le premier accident de chemin de fer français, qui eut lieu près de Meudon (chemin de fer de Versailles), le 8 mai 1842 lorsqu’un convoi parti de Versailles pour Paris, par le chemin de fer de la rive gauche de la Seine éprouva, à la hauteur de Meudon, un accident épouvantable. L’essieu de la machine qui était en tête vint à se briser (vraisemblablement parce que la maintenance n'en avait pas été effectuée faute de pièces détachées, celles-ci étant bloquées à la douane en raison de tensions diplomatiques entre la France et l'Angleterre), la locomotive s’arrêta court, la seconde locomotive vint lui donner une violente impulsion et la poussa devant elle l’espace de 150 pas. La force de cette impulsion fut telle que la seconde machine monta sur la première, brisa le foyer et couvrit la route de charbons ardents. À leur tour, les wagons arrivèrent sur la seconde locomotive, poussèrent le premier wagon sur elle, le second sur le premier et ainsi de suite jusques et y compris le cinquième. Le convoi était sorti des rails, les voitures se renversèrent les unes sur les autres fermant toutes les issues, enlevant toutes les chances de salut et au-dessous de ces voitures amoncelées se trouvait le foyer de l’incendie que le vent alimentait encore. En peu d’instants, l’incendie s’éleva à une hauteur prodigieuse et l’intérieur des wagons devint une fournaise ardente. Quand le feu eut perdu son intensité, on se précipita au secours des victimes ; trente-neuf cadavres défigurés furent couchés sur le tertre qui borde le chemin; on ne trouva ensuite que des fragments informes de corps humains, des troncs sans membres, des jambes et des bras séparés du tronc. Parmi ces débris, on reconnut les tronçons des corps du contre-amiral d’Urville, de sa femme et de son fils âgé de 14 ans.

Le Voyage au pôle Sud a paru en 1841-1846.

Il est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris.

[modifier] Postérité

Plus tard, en l’honneur de ses cartographies de qualité (Clément Adrien Vincendon-Dumoulin), on donna son nom à la mer d'Urville près de l’Antarctique, au cap d'Urville en Irian Jaya (Indonésie) et à l’île d'Urville en Nouvelle-Zélande. La Base antarctique Dumont d'Urville, fut également nommée en son honneur.

Plusieurs lycées à Caen, Toulon ou Maurepas portent son nom qui a également été donné à une rue du 8e arrondissement de Paris, du Havre et de Condé-sur-Noireau.

Le récit de ses voyages fut publié en 24 volumes avec six volumes d’illustrations.

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources partielles

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d'Urv. est l'abréviation botanique officielle de Jules Dumont d'Urville.
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