École polytechnique (France)

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École polytechnique
X

Devise : Pour la Patrie, les sciences et la gloire
Fondation 1794
Type établissement public d'enseignement et de recherche
Budget 71,3 M€ (2006)
Dotation 56,3 M€ (2006)
Localisation Palaiseau, France
Campus Campus polytechnique de Palaiseau
Fondateur Lazare Carnot, Jacques-Élie Lamblardie et Gaspard Monge
Président Marion Guillou (X73)
Directeur général Xavier Michel (X72)
Enseignants 400
Étudiants 1660
Deuxième cycle 1000 + 210
Troisième cycle 450
Site web www.polytechnique.fr

L’École polytechnique est l’une des plus célèbres écoles d’ingénieurs françaises, surnommée l’« X » depuis le milieu du XIXe siècle en raison de la prééminence des mathématiques dans la formation des polytechniciens[1]. L'école bénéficie depuis sa création d'une place à part dans le paysage de l'enseignement supérieur en France et est associée à l'image d'excellence scientifique et de méritocratie. L'École polytechnique est réputée pour son concours d’admission très difficile. Une partie de ses élèves, en fonction du classement de sortie, accèdent aux « Grands corps de l'État ».

Fondée en 1794 sous le nom d'École centrale des travaux publics, l'école est un établissement public d'enseignement et de recherche[2] sous tutelle du ministère de la Défense[3].

L'École délivre des diplômes d'ingénieur depuis 1937 (titre d'ingénieur diplômé de l'École polytechnique, les diplômés sont surnommés polytechniciens) et, depuis plus récemment, des masters (2005) et des doctorats (1985). Elle est membre de ParisTech.

Sommaire

[modifier] Histoire

Polytechniciens marchant au pas.
Polytechniciens marchant au pas.

Le décret du 21 ventôse an II (11 mars 1794) confie à Jacques-Elie Lamblardie, Gaspard Monge, et Lazare Carnot la mission d'organiser une nouvelle École centrale des travaux publics, qui est renommée École polytechnique par la loi du 15 fructidor an III (1er septembre 1795). La nouvelle école est installée à l'hôtel de Lassay jusqu'en 1805.

En 1805, Napoléon Bonaparte, afin de lutter contre les écarts de discipline trop fréquents des élèves[citation nécessaire], donne à l'école un statut militaire et l’installe sur la montagne Sainte-Geneviève à Paris dans les anciens locaux des collèges de Navarre, Tournai et Boncourt.

Le 13 avril 1816, l'École est congédiée pour indiscipline par Louis XVIII, par l'intermédiaire de son ministre de l'intérieur, le comte de Vaublanc. Elle est recréée le 17 janvier 1817 sous le nom d'école royale polytechnique, puis d'école impériale polytechnique.

En 1937 est créé le titre d'ingénieur diplômé de l'École polytechnique. L'École délivre des diplômes de docteur en son nom propre depuis 1985 et des diplômes de master depuis 2005.

En 1970, elle reçoit un statut civil tout en restant rattachée au ministère de la Défense. Les élèves français sont élèves officiers puis officiers, sous statut militaire. L’école est dirigée par un général d’active.

1972 vit pour la première fois l’admission de sept femmes, dont le major de promotion (Anne Chopinet). En 1976, l’école déménage à Palaiseau (Essonne) où elle occupe un campus de 186 hectares avec une surface bâtie de 155 000 m^2. 3 200 personnes travaillent sur le site dont la moitié dans le Centre de recherche.

Le patrimoine de l'École polytechnique est conservé, communiqué et valorisé par le Centre de Ressources Historiques de la Bibliothèque, appuyé par la Société des amis de la Bibliothèque de l'X (SABIX).

[modifier] Étudiants

Elle reçoit simultanément deux promotions de 500 élèves ingénieurs (dont 100 étrangers) chacune, plus de 450 doctorants et plus de 100 étudiants en master[4]. Les élèves ingénieurs français sont pour l’essentiel recrutés par un concours en sortie des classes préparatoires aux grandes écoles MP, PC, PSI, PT, et TSI, mais aussi sur dossier et concours pour quelques élèves de la filière universitaire en sortie de licence. Les élèves ingénieurs internationaux sont recrutés soit par le même biais que les élèves français (première voie) pour les élèves issus de classes préparatoires, soit par sélection sur dossier et examen oral (seconde voie), ce qui permet de recruter des universitaires internationaux.

Deux places sont proposées aux ingénieurs de nationalité française qui viennent d'obtenir leur diplôme de l'ENSAM, avec une médaille d'or ou d'argent. Les conditions d'admission sont les mêmes que les autres filières, à l'exception de la limite d'âge supérieure ; les candidats doivent être âgés de moins de 23 ans au premier janvier de l'année du concours.

Les étudiants en master et en doctorat sont recrutés principalement sur dossier, complété au besoin par des entretiens ; environ la moitié des étudiants en master sont élèves en cycle ingénieur et une part non négligeable des doctorants proviennent du cycle ingénieur ou des masters de l'École. Par ailleurs, 50 % des mastériens et 35 % des doctorants sont de nationalité étrangère. Contrairement à la majorité des écoles d'ingénieur, l'année de la promotion correspond à l'année d'entrée et non à l'année d'obtention du diplôme. En revanche, les masters et docteurs sont répertoriés par l'année d'obtention du diplôme.

[modifier] Enseignement

Fronton des bâtiments historiques.
Fronton des bâtiments historiques.

[modifier] Enseignement scientifique

L'École polytechnique délivre à ses élèves une forte culture scientifique générale qui fait partie d'une longue tradition. Pendant les quatre années d’étude, Les élèves ingénieurs français sont d’abord élèves officiers (les trois premiers mois) puis officiers d'active.

Le cycle de formation d'ingénieur se déroule sur quatre ans :

  • Année 1 :
    • Formation humaine et militaire de septembre à avril
    • Tronc commun de mai à mi-juillet.
  • Année 2 :
    • Formation pluridisciplinaire
    • Stage ouvrier
  • Année 3 :
    • Approfondissement scientifique (choix de deux majeures scientifiques),
    • Stage de recherche.
  • Année 4 :
    • Spécialisation : dans une École partenaire (voir liste ci-dessous), comme élève ingénieur « classique » ou comme ingénieur d'un corps technique de l'État, en seconde année de master, ou dans une université étrangère (Harvard, MIT, Stanford, Oxford, Imperial College, ETH Zurich, etc.).

Les matières fondamentales incluent des modules dans les sciences suivantes : les mathématiques, les mathématiques appliquées, la physique, la mécanique, la chimie, la biologie, l'informatique et l'économie. Les langues font également partie des enseignements.

La « dynamique de l'univers » était une matière obligatoire jusqu'en 1968. À cette date, les élèves ont réclamé le remplacement de cet enseignement par un enseignement en informatique. L'astrophysique continue de faire partie des enseignements, sous forme d'option en troisième année.

Des professeurs renommés délivrent ces enseignements. Parmi les professeurs qui ont enseigné, peuvent être cités : Laurent Schwartz (mathématiques, décédé en 2002), Pierre-Louis Lions (mathématiques appliquées), Jean Audouze (astrophysique), Alain Devaquet (chimie), Thierry de Montbrial (économie), Nicole El Karoui (mathématiques financières),…

L'École polytechnique forme également des docteurs dans l'ensemble des domaines couverts par les 22 laboratoires de son Centre de recherche. Ces domaines sont regroupés en cinq filières (Mathématiques et informatique ; Mécanique ; Molécules, du solide au vivant ; Physique ; Économie et sciences sociales). Plus de cent thèses sont ainsi soutenues chaque année au sein de l'École Doctorale de l'École polytechnique. Les doctorants de l'École sont d'origines très diversifiées : universités et grandes Écoles françaises, universités européennes et extra-européennes. Quelques-unes des meilleures thèses soutenues chaque année sont distinguées par le Prix de thèse de l'École Polytechnique.

Outre les doctorats, la Graduate School de l'École polytechnique propose également une gamme complète de masters dans l'ensemble des matières fondamentales de l'établissement. D'une durée de deux ans, ces masters recrutent pour moitié parmi les élèves de l'École polytechnique (ils constituent alors les années 3 et 4 de la formation) et pour moitié parmi les étudiants issus d'autres grandes écoles et universités françaises et étrangères. Ils sont, pour la plupart, réalisés en partenariat avec d'autres établissements d'enseignement supérieur en Île-de-France (notamment l'ENS de la rue d’Ulm, d'autres grandes Écoles de ParisTech, les universités de Paris 6 et Paris-Sud) ou à l'étranger. Si la majorité des diplômés des masters de l'École polytechnique poursuivent par une thèse de doctorat, un certain nombre (notamment en ingénierie des systèmes complexes, en management de l'innovation ou en mathématiques financières) décident de rejoindre directement l'entreprise en fin de master.

[modifier] Activités de culture générale

Les disciplines de culture générale entrent depuis quelques décennies dans le cursus de formation. Les élèves reçoivent ainsi des enseignements en Humanités et Sciences Sociales, dénommées familièrement par les élèves et l'administration H2S (comme le symbole chimique du sulfure d'hydrogène). Ces enseignements sont obligatoires. Les choix proposés incluent des enseignements sur l'Histoire, la musique, l'architecture, l'art, la politique, le monde de l'entreprise…

Des professeurs renommés délivrent ces enseignements, parmi lesquels Alain Finkielkraut. Jean Delumeau est un ancien professeur.

Il existe aussi depuis 1979 une association de polytechniciens artistes (peintres et sculpteurs), Arplastix.

[modifier] Laboratoires de recherche

L'école abrite plus de vingt laboratoires de recherche, sur le site même ou à Paris. Ces laboratoires sont tous mixtes entre l'École polytechnique et de grands organismes de recherche (CNRS, CEA, INRIA, INRA…).

Le Centre de Recherche en Gestion de l'École polytechnique a été créé en 1972 et est associé au CNRS depuis 1980[5].

[modifier] Traditions

Polytechniciens défilant lors des cérémonies du 8 mai 2005.
Polytechniciens défilant lors des cérémonies du 8 mai 2005.

Le symbole de l’école, le X, vient de l'importance des mathématiques dans son enseignement. D'après certains, il viendrait également des deux canons croisés, symboles de l'artillerie, qui figurent sur le blason de l'école : mais cette explication n'est pas attestée par des sources vérifiables. Selon une autre explication, bien moins populaire parmi les intéressés, les polytechniciens sont appelés X car ce sont des « têtes à X » (ils sont forts en mathématiques). Dans leur livre L'argot de l'X (1894), Lévy et Pinet le confirment :

« C'est de l'importance même donnée à l'enseignement de l'ana [comprendre analyse], dont toute la langue est faite d'x et d'y qu'est venu le surnom d'X, universellement admis pour désigner les polytechniciens. Tous ne sont pas des mathématiciens, mais tous possèdent une connaissance du calcul différentiel et intégral suffisante pour les applications des services publics. Disons de plus qu'aux époques troublées de notre histoire, en 1830 et en 1848, cette connaissance leur a particulièrement servi à ne pas être confondus avec tous les individus qui se déguisaient en polytechniciens pour se donner l'apparence de défenseurs de l'ordre. À ceux-là, quand on les rencontrait, on leur demandait la différentielle de sin x ou de log x, et, s'ils ne répondaient pas, on les faisait immédiatement coffrer. »

Cependant, dans l'édition de 1994, l'origine de ce sobriquet est de nouveau rapportée au croisement des canons sur le blason, et au sein de l'école, c'est cette explication qui fait l'unanimité malgré l'absence de sources littéraires. La Khômiss elle-même, garante des traditions de l'école depuis le XIXe siècle, défend cette interprétation.

En fait, le dictionnaire moderne d'argot de l'X affirme : « Selon certains grimoires poussiéreux, la lettre x des mathématiciens aurait été adoptée comme symbole d'une école scientifique. Mais d'autres philosophes pensent que les deux canons entrecroisés sur le blason de l'École seraient la véritable explication : ces canons rappellent qu'autrefois les X servaient uniquement dans l'artillerie. Quelques iconoclastes dissidents suggèrent plus prosaïquement que les X artilleurs se servaient pour tirer au canon de cibles marquées d'un énorme X... »
Cet article montre bien que cette question est un thème de plaisanterie, et les explications fantaisistes ne manquent pas. La Khômiss, garante des traditions et des calembredaines polytechniciennes, se doit de diffuser une explication fantaisiste de l'origine de l'X. Cela ne doit pas détourner de la vérité historique : la formation des polytechniciens est imprégnée de mathématiques.

Sa devise, « Pour la Patrie, les sciences et la gloire » énoncée par Napoléon, marque l’attachement de l’École polytechnique au service de l’État et à l’excellence scientifique.

Les élèves de l’X de nationalité française ont un statut militaire d’officier durant leur scolarité. À ce titre, ils perçoivent une solde. Ils doivent suivre une formation initiale d’élèves officiers (notamment à Barcelonnette, au CIECM) et un service militaire ou civil au cours de leur première année scolaire (la durée de ce service a été réduite à 7 mois et demi, formation initiale inclue, suite à la suspension du service national et à la réforme « X2000 » de la scolarité).

Tous les élèves ingénieurs (français ou non) possèdent un uniforme spécifique à l’X, appelé « Grand Uniforme » (ou GU). Celui-ci comporte notamment un bicorne et une épée (appelée tangente). Il est revêtu pour les cérémonies militaires et d’autres manifestations comme le bal de l’X. Les élèves ne portent plus l’uniforme lors des enseignements, sauf lors de conférences importantes où sont invités des intervenants extérieurs.

Une règle de savoir-vivre veut que le tutoiement soit de rigueur entre anciens élèves appartenant à des promotions de moins de dix ans d’écart, ou à l'initiative du plus ancien en cas d'écart supérieur.

[modifier] Gags de défilés

Une délégation d’élèves de l’École polytechnique défile le 14 juillet, le 8 mai ou le 11 novembre en tête de l'Armée française sur les Champs-Élysées. Jusqu’à une époque récente, ce défilé était l’occasion d’un gag, souvent en forme de clin d'œil à l’actualité. La tradition rapporte en outre que divers objets pouvaient être lâchés, dans le but de perturber la cadence des élèves de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, défilant juste derrière (une autre école, l'École des officiers de la gendarmerie nationale, est de nos jours intercalée, pour éviter ces incidents). L'encadrement met tout en œuvre pour empêcher ces perturbations.

  • 11 novembre 1983 : port de lunettes de soleil
  • 14 juillet 1991 : botte de cresson dans les poches (Édith Cresson était alors Premier Ministre)
  • 14 juillet 1992 : port d'un foulard bleu (Référendum sur la ratification du traité de Maastricht)

[modifier] Quelques polytechniciens célèbres

Articles principaux :

[modifier] Scientifiques

La médaille du centenaire rappelle le décret d'origine et les noms des quatre fondateurs : Lamblardie, Monge, Carnot, Prieur.
La médaille du centenaire rappelle le décret d'origine et les noms des quatre fondateurs : Lamblardie, Monge, Carnot, Prieur.

[modifier] Personnalités politiques

[modifier] Industriels et PDG

Les polytechniciens défendirent Paris contre l’invasion étrangère en 1814. Une statue dans la cour d’honneur de l’école rappelle leur participation. Une réplique se trouve à l'école militaire de West Point aux États-Unis
Les polytechniciens défendirent Paris contre l’invasion étrangère en 1814. Une statue dans la cour d’honneur de l’école rappelle leur participation. Une réplique se trouve à l'école militaire de West Point aux États-Unis

[modifier] Militaires

[modifier] Autres polytechniciens célèbres

[modifier] Citations typiques

  • « Bon sens et logique : un chef. Bon sens sans logique : un employé. Logique sans bon sens : une catastrophe. D’où l’échec de beaucoup de polytechniciens. » Auguste Detœuf, polytechnicien, dans Propos de O. L. Barenton, confiseur.
  • « Un polytechnicien n’est ni de droite, ni de gauche : il est dans l’axe. » Auguste Comte, entré à l'École polytechnique en 1814.
  • « Quelle est la différence entre Dieu et un polytechnicien ? Dieu ne s'est jamais pris pour un polytechnicien. » (auteur inconnu)
  • « Quelle est la différence entre un polytechnicien et Dieu ? Dieu conçoit et il réalise ! » (auteur inconnu)
  • « Le plus difficile, ce n'est pas de sortir de Polytechnique, c'est de sortir de l'ordinaire. » Charles de Gaulle
  • À propos d'un polytechnicien : « Il sait tout, c'est tout. » Jean d'Ormesson
  • « Le polytechnicien sait tout. Mais rien d'autre. » Georges Clemenceau

[modifier] Anecdotes

  • Deux promotions d’élèves ingénieurs se trouvent simultanément à l’École polytechnique. Il était autrefois possible de savoir à quelle promotion appartenait un élève en regardant la couleur du liseré de son uniforme d’intérieur : il était jaune pour ceux entrés une année impaire et rouge pour ceux entrés une année paire. Si les uniformes d’intérieur ont depuis longtemps disparu, l’habitude d’appeler jônes les élèves issus de promotions impaires et roujes ceux de promotions paires s’est maintenue : la promotion d'un élève correspond à son année d'entrée à l'École, contrairement à de nombreuses autres écoles d'ingénieur. Les deux couleurs rouge et jaune font désormais partie de l'identité de l’X et on les retrouve notamment sur le logo officiel de l’École. La couleur de la promotion quant à elle figure à l'intérieur du bicorne, sur le ruban sur lequel figure le classement d'entrée.
  • La revue des anciens élèves changeait d’ailleurs initialement de nom tous les ans, devenant La rouge et la jaune ou La jaune et la rouge au fil des années. Cette habitude s’est avérée être une source de multiples casse-têtes administratifs, notamment au moment de l’attribution d’un numéro ISSN et a été abandonnée : la revue s’appelle désormais La jaune et la rouge quelle que soit l’année.
  • Les élèves de classe préparatoire scientifique de première année sont appelés « 1/2 » (appellation désuète), les élèves de deuxième année « 3/2 », les redoublants de cette deuxième année sont appelés « 5/2 » et les triplants « 7/2 » (cas très rare).
Avant 1935, les appellations étaient respectivement bizut, carré, cube, bicarré, ce qui a été conservé dans les classes littéraires. Les bizuts devaient le respect aux puissances (carrés, cubes, bicarrés). Au début des années 30, professeurs et examinateurs ont observé un accroissement de la différence de niveau entre la classe de première année (qui était la classe de mathématiques spéciales préparatoires dite hypotaupe) et la classe de seconde année (la vraie classe de mathématiques spéciales dite taupe). Peu à peu, une distinction s'est opérée entre élèves de première année (hypotaupins ou hypos) et de seconde année (taupins).
Le moment décisif a été l'année 1936 quand l'École polytechnique décida de modifier le calcul de la puissance moyenne des candidats admis. Elle affecta la valeur 1/2 au lieu de 1 aux élèves de mathématiques spéciales préparatoires, 3/2 au lieu de 2 aux carrés et ainsi de suite : en quelque sorte, une dévaluation de l'hypotaupe ! À partir de cette date, les élèves de mathématiques spéciales préparatoires, puis de mathématiques supérieures à partir des années 40, furent appelés demis (au sens demi-taupins). Comme ce sont des puissances 1/2, on les appelle racines dans certains lycées. Dans cette logique, les 3/2 sont les élèves qui ont fait une hypotaupe puis une taupe, tandis que les 5/2 sont ceux qui ont fait une hypotaupe puis deux taupes. Sur leur calot, les élèves indiquaient leur puissance : une barrette argentée pour une hypotaupe, et une barrette dorée par année de taupe.
Il pouvait y avoir des cas particuliers : jusque dans les années 50, un élève qui entrait directement en taupe et redoublait recevait l'ancienne appellation de carré; un élève qui redoublait son hypotaupe était un deux-demis; quand il entrait ensuite en taupe, il devenait quatre-demis.
C'est dans les années 60 qu'un élève découvre une façon révolutionnaire de calculer certaines intégrales. Que vaut \int_1^2 x\, \mathrm{d}x ? Évidemment 3/2 puisque pour intégrer l'X entre 1 et 2 (entre la première et la deuxième année de taupe), il faut être 3/2 ! On obtient de même la valeur 5/2 pour l'intégrale de l'X entre 2 et 3.
  • Évariste Galois, qui fut peut-être le mathématicien le plus brillant de son temps, échoua par deux fois au concours d'entrée (concours 1828 et 1829), n'hésitant pas à jeter une éponge à la tête de l'examinateur, certains racontant que ce dernier était incapable de comprendre une démonstration proposée par le futur mathématicien. Il finit par entrer à l'École normale supérieure (ENS), d'un niveau considéré comme inférieur à l'époque.
  • Le mathématicien Charles Hermite fut reçu mais fut réformé à cause d'un pied bot[6].
  • Des générations de polytechniciens ont maudit le célèbre Lefébure de Fourcy, toujours grognant, toujours caustique, s'attirant parfois de vives répliques. Un élève ayant ânonné sa réponse, Lefébure s'adresse à l'appariteur :
- Garçon, apportez une botte de foin pour le déjeuner de monsieur !
- Garçon, répond le candidat, apportez-en deux ; monsieur l'examinateur déjeune avec moi !
  • Le sigle X pour désigner l'école et ses élèves n'a pas d'origine véritablement attestée. La Khômiss, garante des traditions, soutient comme la quasi-totalité des élèves aujourd'hui que l'X provient de la forme des canons croisés sur le blason. Cependant, le dictionnaire de l'argot de l'X édité en 1894 mentionne une origine mathématique : x est une variable utilisée partout en analyse, et comme les élèves sont très portés sur les mathématiques, ils auraient pris ce surnom. Cette explication est abandonnée dans l'édition de 1994, au profit de l'interprétation du blason. Il est à remarquer que l'enseignement à l'École Polytechnique ayant fortement évolué depuis plus de deux siècles, les mathématiques occupent une place bien moindre aujourd'hui qu'en 1894 ; l'explication au blason convient donc mieux au contexte moderne.
  • À une certaine époque, les mesures pour le grand uniforme étaient prises dès le résultat du concours. Seuls les candidats susceptibles d'être admis passaient voir le tailleur. Le nombre de points requis était appelé « la barre du tailleur » : ceux qui avaient un total supérieur à la barre pouvaient aller chez le tailleur pour se faire faire le prestigieux grand uniforme.

[modifier] La vie à l'école

Le grand hall vu du lac.
Le grand hall vu du lac.

[modifier] Sport

Le sport occupe une place essentielle dans la vie des deux promotions d'élèves ingénieurs qui se côtoient sur le campus.

Les élèves ont 6 heures de sport hebdomadaires et sont regroupés en 16 sections sportives (athlétisme, aviron, basket-ball, course d'orientation, équitation, escalade, escrime, football, golf, hand-ball, judo, natation, raid (depuis la promotion 2006), rugby, tennis et volley-ball ; les sections voile et badminton ont disparu avec la promotion 2004).

Une association d'élèves organise tous les ans la Coupe du Monde de Voile des Étudiants, ou Student Yachting World Cup.

De nombreuses manifestations sportives ouvertes à d'autres universités sont organisées par les sections : le prestigieux Challenge international d'escrime de l'École polytechnique, le tournoi de judo de l'École polytechnique, le Raid Polytechnique, les 24 heures Natation, le Jumping international de l'X, le Tournoi Sportif des Grandes Écoles de la Defense

[modifier] Vie associative

L'association qui fédère les activités associatives de l'école s'appelle la Kès. En son sein existent plus d'une centaine de binets, nom que les élèves donnent traditionnellement à leurs associations. Par exemple, on peut noter un grand nombre d'actions sociales regroupées dans l'ASK (Action Sociale de la Kès), comme par exemple l'Association Tremplin qui agit en faveur de l'ouverture sociale des Grandes Écoles. On peut noter également un grand nombre d'activités ludiques comme le BôBar (bar des élèves), le Styx (soirées de l'école), l'Atelier des Ondes (ADO, s'occupant de la sonorisation des concerts) ou la chorale...

Les doctorants possèdent leur propre association, appelée X'Doc ; les mastériens possèdent également la leur. Ces associations développent des liens avec la Kès pour créer une vie de campus commune aux trois populations d'étudiants.

[modifier] Point Gamma

Chaque année au moins de juin est organisée sur le campus de l'école une soirée appelée "Point Gamma", qui regroupe entre 3 000 et 8 000 étudiants venus d'Île-de-France pour la plupart. Intégralement organisée par des élèves de l'école, cette soirée est souvent considérée comme un des plus grands bals étudiants de France.

Historiquement, le "Point Gamma" est le nom du moment où le soleil passe sur l'équateur à l'occasion de l’équinoxe de printemps. Émile Lemoine, élève en 1861, est le premier à avoir alors imaginé un rite consistant à faire un défilé dans la cour de l'école en l'honneur du soleil. Désormais cette tradition est oubliée et ne reste du "Point Gamma" initial que le nom.

[modifier] Bal de l’X

Tous les ans, la Société amicale des anciens élèves de l'École polytechnique organise conjointement avec des élèves le bal de l'X. Le bal a généralement lieu sous les dorures de l'Opéra Garnier, et est organisé sous le haut patronage du président de la République. Événement important de la vie nocturne parisienne, il attire chaque année de nombreuses personnalités. C'est une tradition de longue date de l'école puisque le premier bal remonte à 1879.

[modifier] Jumping de l’X

Tous les ans depuis 26 ans, la Société hippique de l'X organise le Jumping de l'X sur le magnifique terrain en gazon au bord du lac de l'École Polytechnique. Depuis trois ans, le Jumping est international (CSI**).

Le Jumping de l'X est le seul Concours de saut d'obstacles international organisé uniquement par des étudiants (et dont l'équipe d'organisation change d'une année à l'autre, ce qui constitue un défi supplémentaire). Les meilleurs cavaliers internationaux ont déjà participé à cet événement (Alexandra Ledermann, Éric Navet, Roger-Yves Bost…) à la dotation considérable (50 000 €).

[modifier] SYWoC

La Coupe du Monde de Voile des Étudiants (Student Yachting World Cup en anglais, ancienne Course de l'Europe) est organisée chaque année depuis 1979 par des étudiants de l'École Polytechnique. Elle réunit chaque année les meilleurs équipages de voile des universités du monde entier pour des régates excitantes.

[modifier] Junior-Entreprise

XProjets est la Junior-Entreprise de l'école.

Elle est membre de la Confédération Nationale des Junior Entreprises. XProjets réalise des missions dans des domaines variés (ingénierie, informatique, conseil…) afin de permettre aux élèves d'appliquer leurs connaissances théoriques à des cas concrets.

Elle a été créée en 1981. Elle a créé X-Entreprises, association devenue par la suite indépendante et qui organise l'X-Forum, un des plus grands salons étudiants des grandes écoles.

[modifier] Le Raid Polytechnique

Le Raid Polytechnique est un raid nature multisports par équipes de deux. Il est ouvert à tous les publics, étudiants ou non. Il est organisé depuis 2003 par une équipe d'étudiants de l'École polytechnique.

Le Raid Polytechnique propose un programme d'épreuves sur deux jours pour un parcours total d'environ 100 km. Épreuves : VTT, course à pied, course d'orientation, run and bike, rappel et tir à l'arc. Une épreuve de nuit est également organisée. Le niveau des épreuves les destine à un public sportif mais non spécialiste des raids. Une formule particulièrement destinée aux débutants permet de ne participer qu'un seul jour.

[modifier] Challenge international d'escrime de l’X

Le challenge international d’escrime de l’X existe depuis 1993. Entièrement organisé par des élèves de l’école, il s’agit d’une compétition d’un niveau international.

Le challenge dure trois jours et se déroule intégralement sur le campus de Polytechnique. En marge des combats entre escrimeurs de haut niveau, il y a également un tournoi universitaire ouvert aux étudiants français, et un tournoi réservé aux cadres militaires de l’école. À cette occasion sont organisées des exhibitions d’escrime handisport et de rapides initiations à ce sport pour les spectateurs curieux. Traditionnellement le challenge se termine par une soirée étudiante dans Paris.

[modifier] X-Passion

X-Passion est une revue éclectique entièrement conçue par les élèves : les articles sont rédigés et mis en page par eux. Ces articles évoquent des sujets divers ayant trait à la vie des élèves ou abordent des thèmes plus généraux. X-Passion paraît trois fois par an et chaque numéro comporte un ou plusieurs dossiers. Au cours des dernières années, René Girard, le mal, la Méditerranée, le cinéma, et l'opéra ont par exemple été traités. Cette revue offre ainsi un panel étendu d’informations et d’analyses en matière d’histoire, de littérature, de philosophie, d’art mais aussi de sport et de sciences. Elle reflète les passions des élèves, variées et parfois spécialisées. X-Passion propose aussi à ses lecteurs d’aller à la rencontre de personnalités politiques, intellectuelles ou artistiques.

[modifier] Autres

[modifier] Bibliothèque centrale de l’X (BCX)

La bibliothèque assure une triple mission, documentaire, culturelle et patrimoniale. Elle fournit aux enseignants, aux élèves, aux étudiants et aux chercheurs les documents nécessaires à leurs activités et offre à l'ensemble des personnels les moyens d'une pratique culturelle individuelle ou collective. Par dérogation, elle conserve les archives de l’établissement depuis 1794, ainsi que les collections muséographiques. La bibliothèque présente également durant l’année des expositions scientifiques et culturelles.

Les collections comportent environ 300 000 volumes, dont 2 230 titres de périodiques sur support papier. Il y a 622 titres de périodiques vivants auxquels il faut ajouter l’accès à 7 000 périodiques en ligne.

La coopération avec les laboratoires, qui participent à l'enrichissement de la base de données bibliographiques, permet d'avoir actuellement 220 986 monographies et 2 500 périodiques décrits, recensés et localisés dans toute l'École. Tous les domaines sont représentés, des sciences pures à la littérature et aux loisirs en passant par les langues, les sciences humaines et économiques. Près de 60 000 documents de ces domaines sont en libre accès dans les différents niveaux de la bibliothèque. Une grande partie du fonds documentaire de la bibliothèque est conservée dans des magasins fermés et est empruntable.

[modifier] Centre de Ressources Historiques

Le Centre de Ressources Historiques (CRH), est le service de la bibliothèque chargé du fonds de livres anciens (16 000 livres datés de 1456 à 1850), des archives historiques et scientifiques de l'école, ainsi que des collections muséographiques et iconographiques. Les collections du Centre de Ressources Historiques sont consultables sur rendez-vous.

[modifier] Centre Poly-Média (CPM)

C'est le centre de création, de production, de diffusion et de stockage des documents contribuant à l'enseignement, à la recherche ou à la communication et à la vie de l'École, quels que soient les supports utilisés (livres, polycopiés de cours, livrets, plaquettes, affiches, CD Rom…). Il met en ligne et diffuse les documents officiels de l'École. Il en assure l'archivage et la gestion juridique et graphique. Il est communément appelé "l'imprimerie".

[modifier] Éditions de l’École polytechnique

Les éditions de l'École polytechnique mettent à la disposition d'un large public une partie des ouvrages édités pour un usage interne et proposent ainsi une sélection de cours, d'actes de séminaires, d'ouvrages divers, de CD Rom, de vidéocassettes.

[modifier] Directeurs généraux de l’école

gravure, armes de l'École polytechnique
gravure, armes de l'École polytechnique
  • Pierre Brisac (X 1919 SP) ; 1945-1950
  • Marcel Jouvet (X 1919 SP) : 1950-1953
  • général Gustave Leroy (X 1925) : 1953-1957
  • général Jacques de Guillebon (X 1930) : 1957-1959
  • général Raymond Tissier (X 1927) : 1959-1962
  • général Bernard Cazelles (X 1931) : 1962-1965
  • général de brigade Ernest Mahieux (X 1930) : 1965-1968
  • général François Buttner (X 1937) : 1969-1972
  • général Pierre Briquet (X 1938) : 1973-1976
  • général Jean Augier (X 1942) : 1976-1978
  • général Jacques Saunier : 1978-1982
  • général Daniel Guillon (X 1951) : 1982-1985
  • général Dominique Chavanat : 1985-1988
  • général Paul Parraud (X 1958) : 1988-31 juillet 1993
  • général de brigade Henri Marescaux (X 1963) : 1er août 1993 - 31 janvier 1997
  • général de brigade Jean Novacq (X 1967) : 1er février 1997 - 31 juillet 2000
  • général de corps d'armée aérien Gabriel Berger de Nomazy : 1er août 2000 - 31 juillet 2005
  • général de division Xavier Michel (X 1972) : depuis le 1er août 2005 (général de division depuis le 1er août 2006)

[modifier] Groupes d’anciens élèves

L'association des anciens élèves dénommée société amicale des anciens élèves de l'école polytechnique est désignée en abrégé par le terme "AX". Les anciens élèves se regroupent selon des centres d'intérêt, quelquefois avec d'autres écoles. Certains groupes sont très actifs : voir liste des groupes.

L'AX est aussi l'éditeur de la revue mensuelle de la communauté et du réseau Polytechnique, La Jaune et la Rouge, le titre faisant référence aux couleurs historiques de l'Ecole.

[modifier] Notes et références

  1. Voir Lévy-Pinet, L'argot de l'X, 1894 :
    X : Caractère emprunté à l'algèbre, qui désigne à la fois le polytechnicien et l'École polytechnique elle-même. Un X est pour tous les taupins un être en quelque sorte supérieur, pour lequel ils professent le respect et l'admiration. L'étude presque exclusive des mathématiques, son état d'abstraction dans les x et les y, lui ont valu depuis longtemps d'être désigné par ce symbole. Un jour, Charlet, pendant une séance du conseil, s'amusa à représenter un polytechnicien frappé d'apoplexie. Le médecin accourt, lui ouvre la veine : il n'en sort pas une goutte de sang... seulement des x et des y.
    L'X désigne aussi l'école. La renommée, la popularité de l'institution sont encore si grandes que dans les collèges et les pensionnats, presque tous les bambins de la classe de huitième déclarent qu'ils se destinent à l'X.
  2. Code de l'éducation
  3. Arrêté du 12 septembre 2005 relatif à l'exercice de la tutelle du ministre de la défense sur divers organismes publics confié à la délégation générale pour l'armement (J.O. du 7 octobre 2005)
  4. hors élèves-ingénieurs. A la rentrée 2007, 58 en 1re année et 69 en 2e année. 95 élèves ingénieurs sont en outre inscrits en 2e année de master dans le cadre de leur 4e année. ([1] Rapport d'activité 2007, pages 39-40)
  5. Site du Centre de Recherche en Gestion
  6. Voir par exemple biographie sur bibmath, et mention R pour "réformé" en 1843 sur le site de la bibliothèque de l'X, rubrique famille polytechnicienne

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur École polytechnique .

Quelques anciens élèves célèbres :

Les formations supérieures françaises :

Les Écoles d'ingénieur françaises :

Formations d'ingénieur en partenariat pour la spécialisation de 4e année:

Corps de fonctionnaires recrutant à la sortie de l'école (entre parenthèses écoles de formation) :

[modifier] Bibliographie

  • Jean-Pierre Callot, Histoire de l'école polytechnique, ses légendes, ses traditions, sa gloire, Les Presses Modernes, 1958.
  • Paul Tuffrau, École polytechnique, Livre d'Or, Raymond Lacour, éditeur, 1962.
  • Ambroise Fourcy et Jean Dhombres, Histoire de l'École polytechnique, Belin, 1987.

[modifier] Liens externes