Robert Falcon Scott

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Robert Falcon Scott

Portrait
Naissance 6 juin 1868
Devonport ()
Décès 29 mars 1912
(Retour d'expédition)
Fonction(s) Explorateur polaire

Robert Falcon Scott (Devonport 6 juin 1868-29 mars 1912) était un explorateur polaire britannique qui mena deux expéditions en Antarctique.

Scott et ses quatre compagnons périrent au retour dans une tempête. Les cadavres et le journal de l'expédition furent retrouvés le 12 novembre 1912 par une expédition de secours. Le journal est conservé par le British Museum de Londres.

Sommaire

[modifier] Histoire

L'erreur de Scott dans cette expédition fut sans conteste d'avoir ignoré, à l'inverse de Amundsen, l'apport prépondérant des chiens de traîneaux groenlandais dont la résistance, la force de traction et la rapidité assurèrent le succès du Norvégien. Il avait opté pour des poneys qu'il fallut abattre rapidement, le contraignant alors à poursuivre sa route en utilisant la traction humaine. Il disait que c'est ainsi que la victoire est la plus humaine et la plus noblement accomplie, mais cette conception lui aura finalement coûté très cher.

Très démoralisé par le fait d'être arrivé après l'expédition norvégienne, Scott fut en prime terriblement ulcèré en apprenant que Amundsen lui demandait dans une lettre de transmettre au Roi Haakon VII de Norvège la nouvelle de sa victoire. Amundsen n'avait aucune intention blessante, la lettre était uniquement prévue au cas où il lui arriverait malheur, mais Scott ne l'entendit pas de cette oreille, il se sentit ravalé du rang d'explorateur à celui de facteur. Les britanniques prirent ainsi le chemin du retour hagards d'épuisement. Sans chien pour flairer leur trace de l'aller, ils perdirent un temps précieux pour retrouver le chemin du retour alors que l'hiver approchait très rapidement.

Edgar Evans, qui avait aussi participé à l'expédition Discovery, mourut le 17 février 1912. Un mois plus tard, le 17 mars 1912, Lawrence Oates, atteint de gangrène, se laissa mourir de froid afin de ne pas compromettre la survie de ses compagnons en les retardant. Scott, Edward Adrian Wilson et Henry Robertson Bowers restèrent bloqués par un blizzard à 20 km à peine d'un dépôt de vivres. Scott écrivit: "Tous les jours nous nous sommes préparés pour nous rendre à ce dépôt mais en dehors de la tente ce n'est que neige tourbillonnante, je ne crois pas que nous puissions espérer grand chose à présent." Les trois hommes restèrent au moins neuf jours sous leur tente tandis que leur vie s'en allait lentement. Ses dernières forces, Scott les consacra à tenir son journal et à écrire lettres sur lettres, à sa femme (à qui il s'adressait en écrivant ma veuve), à ses vieux amis, et aussi un message au grand public: "Je ne pense pas que des êtres humains aient déjà vécu un mois comme celui que nous venons de vivre mais pour ma part je ne regrette pas ce voyage". À Sir James Barrie, l'auteur dramatique à qui l'on doit Peter Pan, Scott rendit ce témoignage: "Nous administrons en ce moment la preuve que des Anglais peuvent encore mourir courageusement, en se battant jusqu'au bout". La dernière note date du 29 mars 1912 : "Aurions-nous survécu que je pourrais écrire des ouvrages entiers dont il serait impossible d'épuiser les richesses sur l'immense courage et l'endurance de mes compagnons qui auraient probablement fait tressaillir le cœur de n'importe quel anglais", avant de conclure: "Nous tiendrons jusqu'au bout mais nous devenons de plus en plus faibles et évidemment la fin ne peut pas être loin. C'est vraiment dommage mais je ne pense pas pouvoir écrire davantage. Robert F Scott, 29 mars 1912. PS: Pour l'amour de Dieu, prenez soin des nôtres".

L'expédition de secours découvrira sous une congère la tente avec les trois corps congelés, Scott toujours penché sur son journal.

L'échec de Scott eut finalement plus de retentissement que la victoire de Amundsen, cela tint moins aux circonstances tragiques de sa disparition qu'à l'éloquence avec laquelle il relata son périple. Son journal et ses lettres créèrent autour de lui une véritable légende de noblesse, de bravoure et d'héroïsme.

Interrogé sur cette rivalité légendaire, une des plus mémorables de tout le XXe siècle, et au dénouement tragique, Amundsen, le vainqueur, à qui un critique mal intentionné demandait s'il n'avait pas eu tout simplement de la chance alors qu'elle avait manqué à Scott, répondit: "La victoire sourit à ceux qui ont pris les dispositions nécessaires, on appelle cela la chance, la défaite attend ceux qui n'ont pas pris les précautions nécessaires, on nomme cela la malchance". La vie si soigneusement organisée d'Amundsen connut elle aussi une fin tragique ; en 1928, Amundsen périt dans l'Arctique à la recherche de l'explorateur italien Umberto Nobile. Certains virent un symbole poignant dans la sépulture que le sort réserva, aux deux extrêmes de la planète, aux deux grands rivaux de l'Antarctique, Scott et Amundsen.

[modifier] Sa vie

Né d'un père brasseur, Robert Scott se dirigea très jeune vers l'école de la marine où il entra à 13 ans. Devenu officier de la Royal Navy, il reçut, en 1900, le commandement de l'expédition nationale en Antarctique.

Il était franc-maçon et était marié à la sculpteur renommée Kathleen Bruce qui lui donna un fils, Peter, en 1909, juste avant son dernier départ pour l'Antarctique. Plusieurs sculptures de Kathleen Scott sont présentées au National Portrait Gallery à Londres; un buste de Robert Scott est aussi exposé sur la place Waterloo[1] dans la même ville. De son côté, Peter Markham Scott sera un ornithologue et un sportif reconnu, médaillé de bronze aux JO de Berlin en 1936 et co-fondateur de l'organisation mondiale pour la protection de l'environnement (World Wide Fund for Nature), c'est lui qui est à l'origine du fameux logo du WWF, le panda.

[modifier] La dernière lettre

Dans sa dernière lettre exposée au British Museum de Londres, Scott écrit, au bord de la mort, pour donner sa version de l'échec de l'expédition[2]. Pour lui, c'est une accumulation de malchances plutôt qu'une mauvaise organisation. Cette lettre destinée au peuple anglais est le dernier écrit de Scott lorsqu'il est au Last Camp[2].

[modifier] Éponymie

Une rue de Uccle (Région de Bruxelles-Capitale) porte son nom.

[modifier] Notes et références

  1. La place Waterloo se trouve à proximité de St-James's Square, entre Picadilly Circus et St-James Park
  2. ab Bertrand Imbert et Claude Lorius, Le grand défi des pôles, Découvertes Gallimard, série histoire, 1987, réédition 2006. Page 130 et 131.

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Bibliographie

  • Pour un récit complet de l'aventure d'Amundsen et Scott pour la découverte du pôle Sud, lire Les Très Riches Heures de l'humanité de Stefan Zweig, écrit et paru en Autriche au début des années 1920.

[modifier] Lien externe

TRANSPOL'AIR : L'aventure polaire